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  1. May 2024
    1. Dans les EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) ladépendance est liée à la nécessité d’un tiers pour effectuer des gestes de la vie courante(s’habiller, faire sa toilette, manger, se déplacer). Cette forme de handicap et le placementdans ces institutions induit un enclavement social fort pour les personnes âgées.L’utilisation des technologies de l’information et de la communication peut être unesolution pour pallier cet enclavement. La stimulation intellectuelle et l'importance desrelations interpersonnelles que procurent les nouvelles technologies peuvent s'avérer êtrede puissants mécanismes d'adaptation pour aider les personnes à retrouver une intégritécognitive, physique mais aussi psychologique et sociale (Brangier et Pino, 2001).

      Nous avons ici le cadre contextuel de l'étude et le constat général qui s'appuient sur la pensée de deux auteurs, Brangier et Pino (2001)

    2. Les TIC sont-elles un mode de reliance sociale ?

      Le sous-titre de l'article nous donne déjà l'aperçu sur la problématique de la recherche.

    3. l'objectif de notre recherche dans le cadre du projet MNESIS est d'examiner comment etdans quelle mesure un logiciel de stimulation cognitive peut contribuer à mieux faireaccepter, reconnaître et intégrer l'usager dans son environnement social, familial etmédical.

      L'objectif de l'étude et les auteurs précisent en même temps la question du départ.

    4. En confrontant l’ensemble des résultats il semble donc qu'il y ait bien une incidence plutôtpositive de l'usage de l'environnement technologique sur les PA. Cet usage permet decompenser, d'estomper ou de pallier certains déficits ou de réactiver certaines capacités etcertains potentiels que les PA utilisent dans leur vie quotidienne. Ces capacités peuvent sesituer à un niveau psychologique (reconnaissance et valorisation par les autres), cognitif(stimulation), social (maintien/accroissement du lien social et de l'intégration sociale) oumoteur (par l'ouverture virtuelle que les TIC apportent sur l'environnement).Elles leur donnent également accès à une maîtrise du monde, mais peuvent aussi évoquerune émotion plus profonde liée à l’idée qu’on est en train de découvrir, d’apprendre unnouveau monde, et au final de s'adapter et de s'intégrer à ce nouveau monde(reconnaissance sociale).On a également pu se rendre compte dans les entretiens que le rapport à la technologie nelaisse pas indifférent : Comme (Eve et Smoreda, 2001) l'avait déjà signalé, il y a une forteimplication émotionnelle et personnelle qui accompagne et même précède la décision desuivre les formations. Le discours est imprégné par une vision personnelle du monde oùinformatique et Internet riment avec modernité, innovation et monde contemporain. Latechnologie est ainsi vue comme une ouverture vers un progrès mais aussi comme laprésentation de soi, d'un esprit jeune qui peut étonner et captiver son entourage(reconnaissance sociale et estime de soi).En définitive, il semble donc bien que les séances d'informatique ont contribué à une(re)construction identitaire effective de la PA d'abord par "une image positive de soi" ;par le sentiment d'exister via la maîtrise d'un dispositif à priori complexe et perçu parcertains comme inaccessible pour "des gens comme eux" et via aussi la reconnaissance queleur porte subitement leur environnement social et familial ; par le fait de retrouver de laconfiance dans leurs actes, en faisant preuve d'autonomie et d'initiative. Puisque beaucoupse disent capables soit d'accéder seul à l'informatique, soit de s'équiper d'un posteinformatique à leur chambre ; par la mobilisation individuelle vers et dans un collectifd'orientation (cas du journal informatisé) où chacun, dans un travail coopératif apporte sacontribution à la composition finale et enfin par l'acquisition ou la remobilisation decompétences à partir de la pratique (technique, d'organisation, dextérité sensori- motrice,rédactionnelle, de planification pour la préparation du journal).Mais le rôle le plus prégnant du dispositif technique est assurément symbolique. En effet,ce n’est pas tant l’usage effectif possible qui est valorisé et valorisant que tous leschangements annexes qui lui sont liés

      Conclusion générale qui répond en quelque sorte aux différentes hypothèses. La recherche montre enfin qu'on devrait se défaire de l'idée selon laquelle les personnes âgées ne seraient pas aptes à l'usage des technologies. En effet, quel que soit l'âge, les technologies seraient susceptibles d'apporter des changements dans la vie quotidienne tant au niveau psychologique, cognitif, social que physique, tout en suscitant positivement des nouvelles manières de vivre ensemble qui permettraient de maintenir le lien social.

    5. Comme nous le disions précédemment, l'usage del'objet technologique donne un nouveau statut à la PA et cette reconnaissance lui permet deredevenir attractive, d'être en quelque sorte un sujet d'intérêt et de "curiosité" pourl'entourage. Celui-ci lui accorde plus d'attention et la sollicite davantage pour connaître sonparcours et son évolution dans la formation. Les sujets de conversation (en présentiel) sevoient ainsi enrichis de thèmes liés à l'informatique. En outre, l'activité informatique apermis à la PA d'acquérir une certaine culture technique (bases informatiques, vocabulaireminimal, manipulation de matériels innovants : jeux, écrans plats tactiles...) qui lui permetde partager un référentiel commun avec ses petits (ou arrières petits) enfants qui ladélaissaient généralement. Ils montrent ainsi qu'ils peuvent être encore "dans le coût" etqu'ils n'ont plus à être dépréciés et/ou sous-estimés par la jeune génération. « Au début, jepensais que ce n’était pas de mon âge mais maintenant on me dit que je suis une "mamiemoderne ».Enfin, la messagerie donne un moyen virtuel de renforcer les liens sociauxexistants ou d'augmenter ceux qui avaient quelques difficultés à s'accomplir en raisond'obstacles géographiques ou personnels (activités professionnelles qui rend ladisponibilité de la fille ou du fils difficile, contraintes de mobilité...

      La confirmation des hypothèses

    6. Le fait également quela formation se soit déroulée dans un espace clos, fermé du public, n'a pas non plus permisde favoriser les interactions possibles entre les apprenants et d'éventuels curieux (commeon avait déjà pu l'indiquer plus haut

      Ce qui renforce l'enferment des initiés dans une bulle et contribue davantage à la fracture social entre personnes âgées en EHPAD.

    7. Un phénomène de différenciation-intégration. Pour autant, si une "dynamique sociale"s'est développée au sein des ateliers, il semble que cette émulation se soit arrêtée au cercledes initiés de l'informatique, laissant (volontairement ?) de côté les autres résidents. A partde rares exceptions près, les séances informatiques n'ont pas suscité l'intérêt ou l'attrait quel'on aurait pu attendre auprès du reste des personnes âgées des maisons. Les entretienstémoignent d'une sorte de désintérêt, voire de rejet réciproque entre les personnes forméeset le reste de la résidence. Deux hypothèses peuvent être avancées pour expliquer cestensions.Du côté des apprenants : La différencia tion tient principalement à la difficulté, pour ceuxqui suivent la formation, d'échanger et de partager, avec les autres personnes de larésidence, des expériences aussi uniques et spécifiques que l'informatique. Sans référentielset vocabulaires communs, il leur est en effet difficile d'entamer des discussions pourexpliquer ce qu'ils font et ressentent aux autres résidents. « De quoi voulez vous qu'on leurparle, ils ne comprennent pas ce qu'on fait ». Renforcés par cette constatation, les résidentqui participèrent à l'activité informatique ont de plus eu l'impression de s'éleverintellectuellement et « statutairement » par rapport au reste des personnes de la résidence ;en tout cas de tout faire pour ne pas régresser. Certains se considèrent d'ailleurs commefaisant partie des pionniers, voire de l' « élite ». Reprochant aux autres de se laisser dépérir,ils sont devenus très critiques à l'encontre de tous ceux qui, d'une manière générale, necherchaient pas à s'investir dans les divers ateliers proposés ou à s'intéresser aux activitésnouvelles (telle l'informatique). Un système « paradoxant » et pervers que l'on retrouvedans la dynamique des groupes (Mucchielli, 1992) s'est développé : plus les participantsressentaient un sentiment de confiance et d'estime de soi personnel et construisaient unsystème fondé sur la cohésion sociale du groupe, plus ils développaient un sentiment dedépréciation et de mépris à l'encontre des plus faibles. « Les autres ne suivent pas, ils sontdes boulets, trop lents. Je choisis mes activités pour ne pas me retrouver avec eux. Sinon,ça ne suit pas et je ne réussis pas ! »Du côté des autres résidents : La sélection3 que nous avons effectuée sur les PA pourdéfinir celles qui étaient en mesure de suivre la formation informatique a instauré, bien

      Il ressort dans ce paragraphe que la domestication des technologies ne va pas de soi, elle nécessite des apprentissages et la mobilisation des compétences cognitives. Mais le fait que certains soient laissés de côté lors de la sélection créerait peut-être des groupes ésotériques, ce qui pourrait davantage contribuer non seulement à la fracture social, mais aussi à l'isolement des uns et des autres, enfermant ainsi des initiés comme dans une bulle. Loin de viser un usage de plus en plus individualiste, avec une place grandissante faite à l'intimité, les technologies pourraient se comprendre comme la conjugaison du"je" et du "nous". Cela signifierait que l'impératif d'autonomie de l'individu ne devrait pas s'écarter du besoin d'appartenir à un groupe social et de s'y retrouver.

    8. Un (petit) collectif s'estnéanmoins formé dans le cadre de l'atelier l'informatique et des contacts et liens sociaux sesont donc noués. C'est un lieu où les personnes pouvaient se parler, échanger, se découvriret s'entraider. Une certaine complicité s'est ainsi installée, favorisée très certainement par lefait qu'ils avaient l'impression d'être des pionniers dans cette aventure technologique. Lacohésion du groupe s'en est trouvée renforcée. « Depuis les séances, je parle égalementplus avec les gens qui sont en formation avec moi. Alors qu'avant, on se parlait pasforcément puisque on n'était pas du même étage. On se croisait beaucoup moins, à partdans les ascenseurs. » De nouvelles pratiques sociales -basées sur l'entraide, lacoopération- se sont ainsi mises en place. Les PA ont ainsi (ré)appris à échanger, àtravailler ensemble en mettant en place des systèmes de collaboration. C'est par exemple lecas du journal informatisé dans le cadre duquel le collectif a dû se coordonner pour sedistribuer les rôles et les tâches nécessaires à la rédaction finale de l'édition. Cettecoopération est également nécessaire dans la mesure où elle leur permet de pallier le déficitde compétences et de connaissances du groupe. « On s'est même dit qu'en venant à deux,on pourrait se compléter et se débrouiller seuls pour faire marcher l'informatique.

      La création d'un petit groupe d'appartenance (groupe primaire) dont émerge le sentiment de solidarité entre les membres.

    9. Résultats des entretiens semi-directifsL'analyse thématique des entretiens semi-directifs effectués auprès de 14 résidents (8 dugroupe 1 et 6 du groupe 2) permet de montrer des évolutions notables sur les diversregistres et dimensions psychosociales de la PA. Les phrases entre guillemet et italiques dece paragraphe sont des citations de résidents

      Les différents entretiens réalisés montrent qu'il y aurait des effets positifs des technologies sur la vie des personnes âgées en EHPAD, qui sont d'ordre psychologique, social, cognitif ou encore physique, et pourraient concerner plusieurs niveaux intra-individuel, inter-individuel, représentationnel ainsi que positionnel.

    10. Les réactions de l'entouragejoueraient ainsi comme une sorte d'effet miroir qui fournirait des feed-back motivants etgratifiants aux personnes âgées. Mais cette valorisation n'est pas unilatérale, c'est-à-direqu'elle ne bénéficie pas uniquement aux PA. En effet par le biais d'identification et deprojections croisées, l'entourage en ressort également valorisé et reconnu. D'une certainefaçon, la réussite de leurs aînés est, par assimilation, un peu leur réussite aussi... Et c'estégalement un moyen d'appréhender leur avenir et leur vieillesse avec davantage desérénité. « Ils ont un autre regard sur nous, y compris avec les petits-enfants : Je vois parexemple ma petite fille qui dit « MA mémé fait de l'informatique ». Elle était très fière demoi et moi aussi. Cela l'a étonné et elle a été contente. »

      La satisfaction des familles et de l'entourage

    11. Les observations de suivi des personnes sur une journée (relevés d'activité) ainsi que lesobservations par pointage de présence et d’attitude des tableaux d’activité indiquent(Oudart, 2005) (Michel et Al, 2006) globalement que l'activité informatique n'a pasmodifié la dynamique d'action des PA sur la journée (deux pic d'activité : au moment durepas de midi et entre 15 et 17 h) mais qu'ils s'orientent sur des activités plus collectives.Les observations montrent également que les résidents pratiquent équitablement lesactivités individuelles et collectives.En ce qui concerne les pointages de présence et d’attitude des tableaux d’activité(participation des résidents aux ateliers de l’EHPAD), on observe (Michel et Al, 2006)(Oudart, 2005):?? Avant la stimulation ; de très fortes participations aux activitésd'expression/communication et socioculturelles ; et très peu aux activitésmanuelles, cognitives et physiques.?? Après la stimulation ; une répartition globalement conservée à la différence prèsque les participants sont beaucoup plus actifs (au début 8,17 participations parmois aux activités pour les résidents Mnésis pour 13,36 après les stimulationsinformatiques). L'augmentation est particulièrement marquée sur les atelierssocioculturels, expression & communication, mais aussi, et c'est une nouveauté,sur les activités manuelles et physiques.

      Suivant les conclusions des observations, les auteurs font remarquer une participation active tant au niveau individuel que collectif aux activités proposées, surtout à celles d'expression/communication et socioculturelles.

    12. Deux explications peuvent être avancées : soit de nouveaux liens sociaux se sont crééesdans le cadre de l'activité informatique et cela induit le regroupement des PA dans cesactivités, soit c'est la confiance qu'elles retrouvent par la réussite aux activitésinformatiques qui les incite à davantage s'investir dans des activités où elles ont desdéficits, handicaps, avérés

      Les auteurs donnent leur point de vue à la suite de les enquêtes.

    13. Pour cette raison, nous avons souhaité prendre pardéfaut tous les sujets qui voulaient bien participer aux formations informatiques avec,cependant, trois pré requis : (1) Réussite au test MMS qui permet de repérer et de prévenird'éventuelles déficiences cognitives ; (2) Aptitudes motrices et perceptives minimales afind'interagir avec l'environnement informatique ; et (3) capacité à s'exprimer et rendrecompte d'un vécu (personnel, social, psychologique...).

      Les critères pour participer à l'étude.

    14. Les caractéristiques générales de la population sont décrites quantitativement dans (Michelet Al, 2006). Notre population se compose majoritairement de femmes de la régionlyonnaise avec une moyenne d’âge de 84 ans, souvent veuve, ayant entre 2 et 3 enfantssouvent habitant dans la régio n. Ces personnes ont souvent exercé une profession avant laretraite. Elles déclarent avoir un handicap physique, visuel ou de mémorisation mais lamajorité est actuellement autonome en ce qui concerne la toilette, l’habillement,l’alimentation et la gestion de leurs affaires. Elles vivaient seuls en appartement ou enmaison avant de venir dans l’établissement, mais ont fait un séjour à l’hôpital juste avantl’entrée en résidence et la venue dans l’établissement n’était généralement pas désirée ; elles’est faite pour raison de santé et de dépendance.

      Les traits caractéristiques de la population étudiée.

    15. Le logiciel de stimulation cognitive induirait donc aussi une stimulation d'ordre social. Ilserait porteur d’artefacts susceptibles d’agir sur la structure sociale, familiale et médicaledans lequel le résident se trouve et plus généralement sur la recomposition du lien social.Plus précisément, on peut supposer que l'usage du système va donner la possibilité à lapersonne de modifier la nature et le niveau de son lien social au travers de :?? sa définition de soi définie comme l’ensemble des idées qu’un individu a de lui-même, y compris sur son rôle, ses traits de caractère et son corps (Moscovici,1994). L’outil peut permettre d'évaluer la nature et l'évolution de ses compétencessociales, de ses compétences cognitives et ainsi développer une meilleure estimede soi. Cette estime de soi sera un facteur motivationnel très important dans lamesure où elle peut favoriser la réalisation personnelle et l'intégration sociale dela PA. A l'opposé, la dépréciation de soi favorisera la diminution du niveaud'aspiration du sujet. Avec diverses conséquences, notamment surl'affaiblissement des projets de vie et de l'investissement personnel de la PA,ainsi que sur son désir d'intégration sociale.?? sa reconnaissance sociale (notons que plus les individus se sentent en positiond’insécurité, d’infériorité, plus le besoin de reconnaissance est important afind’être pris en compte) : le système peut donner l'occasion à l'individu d'êtreidentifié et pris en compte par autrui grâce à l'usage d'un dispositif innovant. Ilpeut également se comparer et se définir par rapport aux autres et ainsi se situerdans le champ social. Il peut de nouveau exister et être pris en considération parrapport à cette nouvelle activité par sa famille, ses amis, etc... qui lui apporterontun meilleur soutien social. La nature des relations, dans ses formes et dans sesmodalités, peut également prendre à cette occasion une nouvelle dimension : leséchanges virtuels par le biais de l'internet (messagerie, groupe de discussion...)vont permettre d'instaurer une plus grande proximité avec ses proches ; les sujetsde discussion peuvent s'enrichir de nouveaux thèmes et contribuer ainsi à

      Les effets du logiciel (l'outil) utilisé. L'accent est principalement mis sur l'estime de soi et le besoin d'être reconnu socialement.

    16. Déroulement de l'étudeLa méthodologie d’étude longitudinale en trois phases est très précisément décrite dans(Oudart, 2005) (Michel et Al, 2005A) (Michel et Al, 2005B) (Michel et Al, 2006) nous nela présenterons ici que très rapidement. Deux types de méthodes complémentaires serontutilisés :?? des méthodes quantitatives sur l'ensemble de la population sous la forme : dequestionnaires, d’observations par relevé d’activité journalière (suivi despersonnes âgées sur une personne pour identifier leurs occupations et activités),d’observation par pointage de présence et d’attitude lors des activité encadréesde l’EHPAD et pour finir par observation continue de l’usage du dispositif pardes enregistrements (log, trace d’usage) de toutes les interactions des utilisateursavec le dispositif sur les 6 mois.?? des méthodes qualitatives sur un échantillon plus restreint pour préciser,compléter et illustrer les différentes données, sous la forme d’entretiens semi-directifs (enregistrés et intégralement retranscrits pour permettre l'analysethématique de contenu).

      La description de la méthode utilisée.

    17. Dans cette perspective, on peut donc s'attendre à ce que l'environnement technologique quenous proposons favorise sinon encourage les interactions de l'usage r avec sonenvironnement (en suscitant par exemple, des discussions ou des pratiques collectivesautour de l'outil), et qu'il permette aussi à la personne d'obtenir en retour des signes delégitimité, de valorisation par l'utilisation d'un dispositif innovant. Et c’est à partir de cesdifférents apports qu’il pourra ajuster, faire évoluer son rôle, sa fonction et sa contributiondans l'institution et dans le champ social.

      Ce paragraphe pourrait être considéré comme l'hypothèse 2 de la recherche.

    18. Nous concluons de la manière suivante : « Il ressortde ces études qu'on ne peut parler de déterminisme générationnel quant à l'adoption ou aurejet des technologies. Des facteurs ergonomiques et d'accessibilité (Spérandio & al.,1997), sociaux (le rôle de l'entourage-médiateur, l'écho identitaire que suscite le dispositifchez l'usager, etc. Caradec, 2004) ou encore personnels et "expérientiels" (l'expériencepréalable ou de la perception de l'utilité du dispositif) (Marquié, 2001) peuvent affecterl'adoption et l'usage des dispositifs techniques.

      La thèse (l'idée maitresse) de la recherche.

    19. L'apport des technologies aux personnes âgéesDiverses recherches se sont ainsi développées pour cerner le rôle que pouvaient jouer les2 http://www.journaldunet.com/cc/01_internautes/inter_profil_fr.shtml

      Le deuxième argument qui analyse l'apport des technologies sur la vie des personnes âgées en EHPAD.

    20. Quelques données sur la situation des personnes âgéesEn vieillissant, les PA accumulent les "handicaps" : sociaux, physiques, psychologiques,cognitifs et numériques (Gorgeon et Léridon, 2001, Plonton, 2003).Il s'agit d'abord d'un déclin cognitif (avec la réduction des possibilités d'adaptation, desdésapprentissages, de la démotivation, des difficultés de mémorisation...) et dedégradations psychologiques importantes (marquées par une plus grande vulnérabilitépsychologique, l'absence de nouveaux investissements, une atteinte de l'estime de soi, ladépression ....). Les pertes physiques sont significatives, symbolisées notamment par uneplus grande préoccupation sur la santé, des pathologies fonctionnelles importantes et uneperte de la dextérité physique et de la coordination sensori- motrice.L'effritement de l'identité et du lien social est également spécifique de cette génération(Meire, 1992, David & Starzec, 1996). Avec le grand âge, on observe ainsi un repli de lapersonne sur le domicile et un affaiblissement significatif de ses rôles sociaux et familiaux,une vie par procuration, des conduites régressives (alimentation, hygiène, usages sociaux),une perte de but et d'identité conduisant à un état d'anomie (Atchley, 1980). Cedésengagement social s'exprime notamment par la diminution du niveau d'interactionsociale tant par la fréquentation que par le degré d'implication. Ainsi près de 65% des plusde 75 ans vivent une situation d'isolement, c'est-à-dire qu'ils n’ont ni sorties, ni relations, nicontacts téléphoniques avec des tiers (famille, amis...) (David & Starzec, 1996).Or, cette marginalisation sociale se trouve actuellement (et plus encore demain) accentuéepar la fracture numérique dans la mesure où la plupart des services (administratifs,bancaires, d'achat, médicaux...), des modalités d'interaction, des ressources (d'information)sont de plus en plus délivrés par des supports virtuels et médiatisés. Selon l'enquêteMédiamétrie2 (2005), parmi les 27 millions d'internautes recensés, seulement 3,8 % ont 65ans et plus. Pour les ménages de plus de 70 ans‚ 9% d'entre eux disposent d'un micro–ordinateur à leur domicile et 5% d'Internet : c'est 7 fois moins que les 50–59 ans. Et mêmesi la prochaine génération semble être davantage sensibilisée aux technologies, le rythmeeffréné des changements qui caractérisent les innovations techniques risque de perpétuer leproblème de l'adaptation au-delà des générations actuelles (Marquié & Baccarat, 2001). Ensomme, la technologie risque d'accentuer l'exclusion sociale des PA, alors même qu'ellelaissait entrevoir de formidables opportunités pour l'amélioration de leur qualité de vie

      Le premier argument analyse la situation des personnes âgées.

    21. Cadre théorique

      Ce cadre présente les arguments des auteurs.

    22. Pour évaluer si le dispositif amélioreou non la reliance sociale nous avons observé pendant six mois des personnes très âgées(84 ans en moyenne), résidents dans 7 maisons de retraite de type EHPAD. Trois groupesde résidents ont été constitués. Le groupe I dispose d’un équipement informatique et utiliselors de séances encadrées par un animateur les fonctions de jeu et messagerie. Le groupe IIa la même configuration technique mais utilise les fonctions de messagerie et journal. Legroupe III ne dispose d’aucun dispositif informatique et réalise avec l’animateur desateliers d’écriture ou de jeux dont le contenu est équivalent à ceux d’ActivitalTM.L’ensemble des résidents représente un groupe de 45 personnes environ, pratiquant lesactivités à raison de 2 séances par semaine.

      Les modalités des enquêtes basées sur une méthode d'étude longitudinale, faite à partir de l'observation et d'entretiens semi-directifs.

    23. Le logiciel de stimulation construit dans le cadre du projet MNESIS1 est ActivitalTM(Activital, 2006). Développé par la société Scientific Brain Training pour un public1 Nous tenons à remercier le ministère de la recherche qui a financé cette étude dans le cadre du l’appel à projet « Usage de l’Internet », ainsi que les autrespartenaires ayant travaillé dans ce projet à savoir le laboratoire EMC (Université Lyon 2) et la société Médica Fra,nce.

      La description de l'outil (logiciel) utilisé dans le cadre de la recherche.

    24. Iljouerait aussi, et c’est notre hypothèse, un rôle d'environnement de stimulation sociale.

      L'hypothèse principale de la recherche

    25. Plus spécifiquement, nous étudierons la recomposition du lien social, définicomme un réseau d'échanges qui permet de situer l'individu dans une société, qui seproduit dans de tels contextes. Nous nous attacherons à étudier ce lien, sur un groupe derésidents choisi et stimulé par un dispositif technique dans le cadre d’une expérimentation,au travers des formes de définition de soi, reconnaissance sociale, intégration sociale etpratiques sociales.

      Nous avons ici le fil conducteur de l'étude, c'est-à-dire le plan de la recherche.