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En cause, une étude américaine publiée en 2002, faisant le lien entre traitement hormonal et augmentation du cancer du sein et des pathologies cardio-vasculaires, ce qui avait entraîné une défiance généralisée des médecins et des femmes envers les hormones.
Cette présentation laisse entendre qu'UNE seule étude de 2002 est en cause. C'est inexact. De nombreuses autres études ont mis en évidence ce risque. L'une des dernières en date a rassemblé plus de 50 études sur le sujet (https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)31709-X/fulltext) et les données poolées montrent qu'environ 1 million de femmes ont contracté un cancer du sein dans les pays occidentaux depuis le lancement des THM et que le risque perdure jusqu'à 10 ans après l'arrêt des traitements.
Cette revue systématique avec méta-analyse est considérée comme la preuve définitive du lien causal entre THM et cancer du sein. (cf. ce commentaire dans le Lancet https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)31901-4/fulltext)
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La revue médicale indépendante Prescrire, intransigeante sur les médicaments, recommande de son côté « un traitement hormonal à la dose minimale efficace et pendant la plus courte durée possible en cas de gêne majeure non soulagée par d’autres traitements ou mesures (hypnose, yoga, acupuncture, gel vaginal non hormonal…) ». Comme la HAS.
La revue Prescrire n'est pas "intransigeante sur les médicaments", elle est simplement indépendante. Je trouve que ces précisions sur la position de Prescrire et de la HAS auraient du être explicitées. S'il n'y a aucun problème, comme le laisse entendre le ton général de l'article, pourquoi des recommdations aussi strictes et prudentes ??
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Enfin, l’étude était basée sur le traitement hormonal américain (synthétique), alors que la France avait fait le choix des hormones dites « naturelles », plus sûres et administrées par voie cutanée.
Cette mention est trompeuse car elle suggère que la France serait épargnée par les risques. Or le coup d'arrêt aux THM en 2002 a été suivi par une baisse rapide et spectaculaire des cancers du sein chez les Françaises de 50-64 ans : https://gco.iarc.fr/overtime/en/dataviz/trends?populations=250&sexes=1_2&types=0&multiple_populations=1&cancers=14&age_start=10&age_end=12
En seulement 7 ans, l'incidence standardisée des cancers du sein dans cette tranche d'âge est passée de 346 cas à 295 cas. Soit une réduction de 16% sur l'ensemble de cette classe d'âge. Soit une baisse de 32% pour les 50% de femmes de cet âge suivant une THM. Cela représente un surrisque de cancer du sein de 50% environ pour les femmes traitées, cohérent avec les résultats des études épidémiologiques.
L'attribution de cette chute à la fin des traitements est sans équivoque. Dans la classe d'âge 35-50 ans, aucune baisse de l'incidence n'est observable en 2003:
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Pourtant, selon l’étude française E3N, « aucune augmentation significative du risque n’était mise en évidence chez les utilisatrices de l’estradiol combiné à de la progestérone ou à de la dydrogestérone » pour des durées de cinq à sept ans.
En cliquant sur le lien donné dans l'article on remarque que la phrase citée est assortie d'une réserve importante qui n'est pas citée dans l'article : "Il serait prématuré d’affirmer, à partir de ces résultats, que les associations d’estrogène et de progestérone, ou d’estrogène et de dydrogestérone n’augmentent pas le risque de cancer du sein. D’une part, parce que E3N est la seule étude à avoir évalué le lien entre ces traitements et le risque de cancer du sein. Or, en épidémiologie, les résultats doivent s’inscrire dans un faisceau de preuves avant de pouvoir être admis."
Un examen de la page en question montre en outre qu'elle s'appuie sur des études vieilles de plus de 15 ans ! c'est particulièrement problématique car les dernières données, relayées par l'INCa disent l'exact inverse : l'oestradiol combiné à la progestérone est bien une cause de cancer du sein et de l'endomètre.
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« plusieurs études mettent en évidence que, lorsque le THM est débuté moins de dix ans après la ménopause, il existe une diminution de 30 % à 50 % du risque de mourir d’une maladie coronarienne, ainsi qu’une diminution significative de la mortalité toutes causes confondues »
Affirmation non-étayée et en contradiction avec la dernière revue systématique de Cochrane (2015), cf. supra.
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une réduction du risque de cancer du côlon et des autres cancers digestifs.
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Le lien donné dans l'article pointe vers une étude qui ne montre pas la réduction du risque de cancer colorectal chez les femmes THM, mais cherche à évaluer l'effet de la génétique combiné à celui des THM. En outre les scores polygéniques de risque utilisés par les auteurs n'ont aucune valeur probante.
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La dernière revue systématique publiée sur le sujet remonte à 2021. Sa conclusion est à l'inverse : "La synthèse des données probantes a montré ce qui suit : (1) le THM a montré une hétérogénéité dans les résultats concernant le risque de cancer colorectal avec une légère tendance à un effet neutre ou protecteur ; (2) l'effet du THM était soit neutre soit protecteur sur l'adénome colorectal ; (3) le THM n'avait pas d'impact sur le grade de la tumeur, le sous-site et les types histologiques ; (4) le THM n'était pas associé à la mortalité due au cancer colorectal ; et (5) le THM a montré des effets hétérogènes sur le stade du cancer colorectal et sur son caractère invasif, respectivement. En résumé, malgré certaines données indiquant un effet protecteur de THM sur le cancer colorectal, le THM n'est actuellement pas recommandé par les lignes directrices internationales pour la prévention primaire du cancer colorectal, en raison de plusieurs effets importants et potentiellement nocifs."
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Quelques années plus tard, les auteurs ont revu leurs conclusions et fait leur mea culpa.
Cette formulation suggère que l'étude a été rétractée, ce qui n'est pas le cas. Elle demeure citée dans la littérature.
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Pourtant, un consensus semble se dégager sur l’efficacité du THM contre les symptômes de la ménopause, mais aussi comme protecteur contre de futures maladies, qu’elles soient osseuses ou cardio-vasculaires. Etudes à l’appui.
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Il aurait été bien de rappeler que l'étude de 2002 du WHI ne montre pas de bénéfices en termes de fractures chez les femmes THM par rapport aux femmes témoins.
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Pour le risque cardio-vasculaire, le consensus est inverse de ce qui est écrit dans l'article. Conclusion de la dernière review Cochrane (2015) sur le sujet :
"Les résultats de notre revue fournissent des preuves solides que le traitement hormonal des femmes post‐ménopausées dans l'ensemble, que ce soit pour la prévention primaire ou secondaire des événements cardiovasculaires, apporte peu ou pas de bénéfice et provoque une augmentation du risque d'AVC et d'événements thromboemboliques veineux."
cf. https://www.cochranelibrary.com/es/cdsr/doi/10.1002/14651858.CD002229.pub4/full/fr#CD002229-abs-0003
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« Ce surrisque de cancer du sein, dont on a appris a posteriori qu’il n’était pas constaté chez les femmes naïves de tout traitement hormonal de la ménopause lors de l’inclusion dans cette étude, mais qui pour autant a été médiatisé à l’extrême, a conduit à une diminution très importante de l’utilisation du traitement hormonal »
Cette citation est mensongère à deux niveaux. FT veut faire croire que les auteurs de ce papier auraient raté quelque chose dans leur analyse. C'est inexact. Voici la phrase de l'étude en question :
"(among never users, 114 vs 102; HR, 1.06; 95% CI, 0.81-1.38; for women with <5 years of prior use, 32 vs 15; HR, 2.13; 95% CI, 1.15-3.94; for women with 5-10 years of prior use, 11 vs 2; HR, 4.61; 95% CI, 1.01-21.02; and for women with ≥10 years of prior use, 9 vs 5; HR, 1.81; 95% CI, 0.60-5.43; test for trend, z = 2.17)"
On voit donc que pour les femmes "naïves" du traitement à l'inclusion, le risque est augmenté de 6% mais n'est pas retenu faute de puissance statistique. C'est parfaitement identifié comme non statistiquement significatif par les auteurs.
Deuxième mensonge : FT veut faire croire que cette absence de significativité statistique équivaut à une preuve d'absence ce qui est faux et évident quand on voit la progressivité linéaire de l'effet (cf. phrase supra).
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la peur
Il ne s'agit pas de "peur" mais de précaution, justifiée par la nature des risques.
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Alors qu’au début des années 2000, une Française ménopausée sur deux suivait un traitement hormonal, elles sont moins de 10 % aujourd’hui. Pourtant, l’administration d’estradiol et de progestérone, sauf contre-indications, réduit les symptômes tels que les bouffées de chaleur et peut prévenir des complications osseuses.
La titraille ne mentionne que les bénéfices potentiels, et non les risques avérés des THM. La référence à un "tabou" dans leur usage est à mon avis problématique: ce n'est pas un tabou moral qui a conduit à la réduction de leur prescription mais l'existence de risques importants de cancer du sein, en particulier.
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