on libère en quelque sorte leur potentiel calculatoire mais au prix d’une coupure radicale avec le sens.
C’est le propos de Bruno Bachimont au moins dans le début de son ouvrage <cite>Ingénierie des connaissances et des contenus : le numérique entre ontologies et documents</cite> (2007).
Le numérique introduit en effet une manière particulière d’aborder l’instrumentation technique des contenus et de leur exploitation. C’est ce que nous appelons la «tendance technique» du numérique à en empruntant ce concept à André Leoi-Gourhan. Le numérique possède une double tendance: fragmenter les contenus pour les recomposer d’une part, dé-sémantiser les contenus pour les ré-investir de sens d’autre part. En effet, le numérique permet de rapporter des contenus à des entités primitives discrètes manipulables et vides de sens. Puisqu’elles sont manipulables, on peut donc recombiner les primitives librement, et transformer les contenus en ne se limitant qu’aux possibilités calculatoires et non aux prescriptions liées à leur nature culturelle ou sémantique. <mark>Puisqu’elles sont vides de sens, les recombinaisons peuvent être totalement arbitraires par rapport aux contenus initiaux et introduire des ruptures radicales.</mark> On a donc une dé-sémiotisation qui peut parfois se monnayer par de nouvelles sémantisations, mais pas obligatoirement. L’évolution de l’ingénierie des contenus audiovisuels en fournit des exemples contemporains tout à fait illustratifs. (p. 24)