- Jan 2020
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A ce sujet, l’anthropologie nousenseigne qu’il est essentiel d’inscrire la perte dansle temps et l’espace des vivants. La sociologie,elle, nous éclaire sur la compréhension du vécudu deuil aujourd’hui: prendre soin de ne pas im-poser, mais de suggérer des initiatives et de res-pecter le temps du deuil, nécessairement long etparfois peu visible, car intime
Ici l'auteur apporte une sorte de conclusion à la fois à ce chapitre sur l'école et à son article. Il reprend des éléments cités précédemment mais n'apporte pas de nouveaux points ni de questionnement plus poussé sur le sujet.
De manière générale, l'auteur ne prend pas une position ferme sur cette problématique mais synthétise des résultats de recherche et énonce des faits observés. En ce sens, les arguments épistémiques abductifs cités ci-dessus pourraient aussi être des arguments rhétoriques basés sur la logique
Il aurait peut-être été intéressant d'intégrer la notion du numérique dans le milieu scolaire.
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Le décès d’un adolescent ou d’un de ses prochesrenvoie l’école à sa responsabilité de cercle d’ap-partenance primordial pour les élèves.
Dans ce chapitre, l'auteur se dégage du thème du numérique pour aborder celui de l'école et de la manière dont celle-ci prend en charge le deuil auprès des adolescents.
On peut se poser la question, non de la pertinence du propos, mais de son emplacement. L'auteur a mentionné l'école plus tôt dans l'article, mais pourquoi le clore sur ce thème ? Nous pouvons supposer que le type de revue pour laquelle cet article est destiné explique ce choix. L'auteur doit peut-être transmettre des outils pédagogiques précis pour le lecteur.
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Elle est alors le signe d’un passage, plus ou moins précoce, à l’âge adulte,particulièrement visible à l’évocation des photos,lorsqu’ils réalisent que leur ami restera définitive-ment jeune et qu’eux vieillissent
L'auteur utilise l'exemple des photos afin de montrer que le deuil permet à l'adolescent de mûrir plus rapidement.
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Cependant, ces usages du numérique et d’inter-net ne sont pas entièrement spécifiques aux ado-lescents qui, comme souvent, mettent en exerguedes phénomènes identifiables et valables aussipour d’autres classes d’âge. Une des caractéris-tiques principales du décès d’un ami à l’adoles-cence est la violence de la mort (accidents et sui-cides) qui rend souvent impossible le fait de voirle corps, trop abîmé.
Pas de contre-argument de l'auteur ici mais il élargit ces pratiques à d'autres générations.
Peut-être aurait-il été intéressant de placer ces éléments dans l'introduction pour présenter et situer son groupe spécifique d'étude au sein d'un champs plus large ? La violence de l'expérience de la mort pour un adolescent est un point interessant qui peut justifier le choix de cette période de la vie.
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Ils créent et archivent donc destraces numériques qu’ils consultent à leur gré, si-gnifiant ainsi leur volonté d’assumer un travail demémoire,
Autre argument épistémique abductif. Mais n'y aurait-il pas une dérive possible à cette "volonté d'assumer un travail de mémoire" ? Le déni peut-il exister ou se créer à travers l'alimentation de la page Facebook du mort, ou de manière plus générale à travers les liens entretenus grâce au numérique ? Ou, à l'inverse, on peut se demander si le partage à travers les outils numériques ne permettraient pas, dans son intemporalité, l'expression plus immédiate de la souffrance.
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Une illustra-tion récente est la diffusion sur la toile de selfiesparticuliers: les selfies at funerals. Se photogra-phiant avant les obsèques ou pendant avec la per-sonne défunte (ou sa photo) en fond d’écran, cesadolescents s’associent symboliquement au mort
Argument épistémique abductif.
Peut-on par contre s'interroger sur le caractère transgressif de ce comportement ? A l'ère des selfies, peut-on se demander quels sont les comportements acceptables ou non, en société et sur les réseaux sociaux ?
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pratique universelle et souvent réactualisée avecl’arrivée de nouveaux outils techniques
Ici, l'auteur fait tomber la validité de son argumentation quand il parle de "pratique universelle". Les "selfies at funerals" est certes une pratique sociale existante, mais sur quoi s'appuie-t-il pour l'universaliser ? Il s'agit là d'un argument purement rhétorique.
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Pour tenter d’y répondre, je prendrai appui sur untravail doctoral portant sur les réactions du groupedes pairs face à la perte d’une amie ou d’un ami,actualisé par une recherche en cours sur le deuilet le numérique
Présentation des sources utilisées par l'auteur pour construire son argumentation.
1- Source restreinte (étude d'un groupe)- Etude sociologique
2- Source théorique large ( recherche sur le deuil et le numérique) - Le sujet précis de recherche n'est pas donné ?
Les deux sources sont complémentaires et ne sont pas publiées. Elles sont des recherches universitaires en cours. D'ailleurs l'auteur écrit "tenter d'y répondre" et avance donc l'idée qu'il n'a aucune certitude (théorie vérifiée) sur le sujet.
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Le sens n’estaccessible que par eux et pour eux-mêmes, avantd’être éventuellement partagé avec des personnesde confiance.
On peut se poser ici la question de la pertinence de la notion de l'intime dans un contexte de réseaux sociaux. L'auteur dit: "...avant d'être éventuellement partagé avec des personnes de confiance" L'intime peut-il être collectif par essence ? L'intime et les réseaux sociaux sont-ils conjugables ? Les réseaux sociaux ne sont-ils pas justement par nature la perte de l'intimité au profit du partage et du dévoilement ?
L'intimité ici est-elle comprise comme l'intimité du groupe ou l'intimité personnelle dans l'esprit de l'auteur ? A ce stade ce n'est pas très précis et il est difficile de sélectionner l'interrogation.
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Il per-met d’individualiser la perte à l’intérieur d’un es-pace collectif partagé, rendant ainsi le deuil pu-blic puisqu’il est possible d’y accéder.
Autre élément d'argumentation : La double dimension de l'espace publique et privé. Facebook permet à l'individu d'exister individuellement dans l'espace public. Mais on peut se poser la question suivante: ce qui prime dans l'utilisation du numérique, est-ce l'individu ou l'unité du groupe qu'il entretient à travers des codes et pratiques partagées ?
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peu seront capables de suppri-mer totalement son contact, même plusieurs moisaprès.
Cette phrase fait référence à l'idée que les adolescents sont maîtres de la temporalité dans le deuil.
On peut d'ailleurs se poser la question de savoir si le fait d'être maître de cette temporalité adoucit ou renforce la sensation de perte ? En effet, l'adolescent a un accès constant au numérique et l'espace numérique est omniprésent (ce qui n'est pas le cas d'une tombe). Cette maitrise de la temporalité rend-elle justement possible le fait de faire son deuil dès lors que des liens avec le mort (son image, sa voix) peuvent ne pas être détruits?
De ce fait, on peut également se poser la question de savoir qui est réellement en charge de la temporalité? On peut poser la question: quand cela s'arrêtera t-il ? Sont-ils maîtres de cette temporalité dans la mesure ou peut-être rien de les poussera à rompre ce lien ? Mais aussi dans la mesure ou la personne responsable de la page numérique peut à tout moment la fermer. Ce moment de rupture numérique ne sera -t-il pas un deuxième deuil à vivre pour l'adolescent ?
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La page Facebookdu défunt, transformable en-suite en mémorial, ou une autre page créée àcette occasion, est inondée de messages, adres-sés aux proches, mais surtout au défunt. Ainsi uti-lisé, le profil Facebooka la même fonction qu’unetombe, mais se situe dans un autre espace.
Ici, l'auteur avance deux raisonnements épistémiques comparatifs intéressants. La page Facebook est comparée successivement à un mémorial et à une tombe, et il s'appuie sur cette comparaison pour son point d'argumentation suivant.
Le numérique n'apporte pas de nouveauté sur le vécu du deuil dans le fond mais dans la forme ("un autres espace"), d'où ces éléments de comparaison. Les besoins liés au deuil restent les mêmes mais s'expriment de manière différente avec le numérique .
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généralement afin des’assurer de leur soutien mutuel et de maintenirune continuité des liens avec le défunt, là où pré-vaut justement un sentiment de rupture.
Argument rhétorique basé sur la logique. L'emploi de "généralement" confirme l'écriture rhétorique ici. L'auteur explique que le numérique permet aux proches de se soutenir mutuellement et de faire perdurer le lien qui les unit au mort. Ici on comprend donc que l'intimité dont parle l'auteur est une intimité collective. Le numérique serait un moyen de resserrer les liens entre les adolescents après la mort pour compenser ce "sentiment de rupture".
L'auteur fait suite à cet argument par des exemples d'utilisation du numérique par les adolescents dans le deuil: -Partage de vidéos -Messages sur Facebook -Appels et messages laissés au mort -Consultation de photos
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En s’infligeant de passer par l’intime poursurmonter l’épreuve que représente le décès deleur ami, les adolescents cherchent à maîtriser latemporalité du deuil et se revendiquent commemaîtres d’œuvre du sens à lui attribuer.
Premier point d'argumentation de l'auteur: le numérique permet aux proches du mort le contrôle de la temporalité du deuil grâce à cet outil qu'ils maîtrisent, et les rends acteurs du "sens" donné au deuil.<br> L'auteur n'apporte pas d'éléments de recherche ou de résultats précis des études sur lesquelles il s'appuie.
C'est un argument rhétorique basé sur la logique. L'auteur n'a pas non plus présenté son cas ni défini son groupe (il parle des adolescents en général, et non d'une tranche d'âge en particulier). Nous ne pouvons que supposer qu'il est dans son domaine de recherche.
Par ailleurs, l'auteur a soutenu en 2010 une thèse intitulée: Socio-anthropologie des socialisations funéraires juvéniles et du vécu intime du deuil: les jeunes face à la mort d'un(e) ami(e)
Nous pouvons donc également supposer qu'il conduit lui-même cette recherche qui partage la même thématique, et que par sa forme et son ton, cet article serait une sorte de résumé d'un de ses chapitres de thèse. De plus, cet article est tiré de la revue pédagogique Prismes. Son argumentation est certainement plus appuyée et développée dans sa thèse, mais l'objectif pédagogique de la revue peut expliquer le caractère concis de l'écriture et l'appui sur la rhétorique à travers lesquels l'auteur délivre directement les conclusions de son analyse.
Note à part: pourquoi l'auteur utilise-t-il le verbe "s'infliger" ? Signifie-t-il que ce n'est pas un processus nécéssaire et naturel de deuil que de passer par l'intime ? Pourtant il écrit un peu plus loin qu'ils ont "besoin d'exprimer leur souffrance". Il ne précise d'ailleurs pas ce qu'il entend par l'intime à ce stade.
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L’impact de la mort d’un adolescent peut s’obser-ver à travers trois dimensions: les ritualisations funéraires instituées et instituantes et le vécu intime du deuil3
L'auteur présente ici les trois éléments sociologiques qui constituent les comportements et réactions des adolescents face à la mort.
1- Les ritualisations funéraires collectives et traditionnelles
2 -Les événements divers organisés suite au décès en plus petits comités
3 - Les différentes façons personnelles que chacun a de gérer une perte dans l'intime et à travers les échanges sur les réseaux
On peut tout de même se poser la question suivante: est ce que "l'impact" de la mort d'un adolescent est réellement visible ? Peut on évaluer cet impact en fonction de ce que l'on observe lors de cérémonies funéraires ou lors de partages sur les réseaux sociaux ? Les réseaux sociaux ne sont-ils pas considérés parfois comme une vitrine enjolivée de la vie de chacun ? Et dans ce cas, peut-on considérer ce que l'on observe sur ces réseaux comme reflétant la réalité de ce que l'on ressent ?
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D’une part, l’anthropologie nousapprend que lorsque la mort frappe les vivants,ces derniers oscillent toujours entre désordre etremise en ordre des liens qui les unissent2
Notion très vaste en comparaison avec sa présentation de l'approche sociologique qui suit. Quand il dit : "...les liens qui les unissent", l'auteur parle-t-il des liens entre les adolescents et les morts ou entre les adolescents entre eux ?
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L’approche socio-anthropologique est ici privilé-giée
L'auteur nomme précisément son choix des deux champs d'études à partir desquels il va former son argumentation (Sociologie et anthropologie) et présentés clairement plus bas dans le paragraphe : "D'une part, l'anthropologie...", puis plus loin "D'autre part, la sociologie..." Il évoque donc aussi l'existence d'autres approches possible
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La mort est un événement rare à cet âge, maislorsqu’elle survient, il est essentiel de la signifieraussi à l’école. Les initiatives existent, mais sontpeu relayées et peu connues des professionnels.Elles sont parfois très simples: une attention par-ticulière, un temps d’échanges en classe, un cour-rier personnalisé, une rencontre avec les parents,la participation aux obsèques ou encore un tempsde recueillement.
Cette écriture ne relève pas réellement de la rhétorique ni de la dialectique. L'auteur donne simplement son point de vue pour apporter, comme mentionné dans l'annotation précédente, des outils pédagogiques au lecteur. Il ne souhaite pas convaincre mais créer une sorte de "mode d'emploi" du deuil à l'école.
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Beaucoup d’adolescents téléphonent au mortjusqu’à l’annulation de la ligne téléphonique et/ouenvoient des SMS et des messages vocaux sur samessagerie. Ils y écoutent sa voix, vont consulterdes messages écrits et des photos archivés dansleur smartphone,
Dans ces exemples par contre le deuil n'est pas public mais privé. L'auteur parle de l'individuel non public, du seul moment ou le deuil devient personnel. Cela tranche avec l'idée de "deuil public" du paragraphe précédent mais sans transition de la part de l'auteur.
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le numérique, met en formece que l’anthropologie énonce comme des réac-tions universelles des humains face à la mort: ras-sembler les vivants, garder des traces du mort, lelocaliser et maintenir des liens avec lui
Thèse de l'auteur, qui répond à sa problématique.
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Enchevêtrées dans la trajectoire de deuil des ado-lescents, ces trois dimensions mettent en lumièreune multiplicité de temporalités et d’espaces avecdes individus différemment affectés, notammenten fonction des cercles d’appartenance auxquelsils appartiennent (famille, pairs, école, établisse-ment d’accueil, sport, internet). Ensemble, ils for-ment un collectif qui se réunit lors de la cérémo-nie funéraire (si elle est publique), mais aussi enplus petit comité à d’autres occasions et dans d’au-tres lieux. Les seules funérailles n’épuisent doncpas le besoin des jeunes d’exprimer leur souffrancequi peut se manifester à la maison, dans leurs ac-tivités sportives, musicales et/ou associatives, maisaussi à l’école, ou encore par l’usage du numérique(photos, vidéos) et d’internet, espace privilégié etsource d’expérimentations.
Argument dialectique neutre. L'auteur reprend ce qu'il vient de dire précédemment en une sorte de résumé .
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Comme les veuves qui traditionnelle-ment portaient symboliquement le mort sur ellespar des bijoux et des habits, les adolescents d’au-jourd’hui se baladent avec des traces de leur amidéfunt dans leur smartphone
Ici encore auteur utilise un argument épistémique comparatif. Cet exemple traduit l'évolution des pratiques sociales au cours du temps.
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Comment les adolescents d’aujourd’hui vivent-ils la perte d’unproche et quelle place revêt le numérique dans leur expé-rience du deuil ?
Problématique de l'auteur clairement ennoncée
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