Note d'information : Analyse du système éducatif français et propositions de réforme
Source : Extraits de "L'école en France : un système qui reproduit les inégalités sociales" (Interview de Christophe Querrero, Recteur démissionnaire)
Date : [À préciser si la date est disponible dans la source originale complète]
Sujet : Diagnostic du système éducatif français, identification des problèmes majeurs et propositions de pistes de réforme.
Intervenant principal : Christophe Querrero, ancien Recteur, auteur de "L'école n'a pas dit son dernier mot".
Thèmes principaux :
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Reproduction des inégalités sociales : Le système éducatif français est perçu comme un mécanisme qui renforce les inégalités sociales plutôt que de les corriger.
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L'élitisme républicain détourné : L'idéal initial de l'élitisme républicain (accès aux plus hautes fonctions par le mérite et le travail, quelle que soit l'origine) ne fonctionne pas dans la pratique, conduisant à une reproduction sociale.
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Le Collège unique et son "péché originel" : Malgré sa massification, le Collège unique n'a pas fusionné les écoles du peuple et de la bourgeoisie, en raison de son alignement sur les savoirs abstraits du lycée bourgeois.
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Perte massive d'élèves : Le système actuel basé sur le tri et la compétition, axé sur les savoirs académiques abstraits, conduit à la perte d'un quart de chaque classe d'âge.
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La nécessité d'investir dans l'éducation : L'éducation doit être considérée comme un investissement et non comme une dépense, car investir tôt permet d'éviter des dépenses de rattrapage social plus tard.
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Propositions de réforme : L'auteur plaide pour une refonte profonde du système, notamment via l'idée d'un "lycée unique" basé sur des savoirs intégrés et une individualisation des parcours par le biais de certifications.
Idées et faits importants :
- L'éducation est un investissement, pas une dépense : Christophe Querrero souligne qu'il n'a pas réussi à convaincre les politiques que l'éducation est "de l'investissement c'est pas de la dépense c'est de l'investissement".
Les économistes confirment que "plus on met d'argent tôt moins on en met tard pour le rattrapage social".
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Le système français est une école de la reproduction sociale : Bien que l'idée de l'élitisme républicain soit "belle idée très généreuse", "dans les faits on le sait et PISA nous le rappelle depuis 25 ans cela ne fonctionne pas en France qui est l'école de la reproduction sociale".
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L'élite française est en déclin et peu diverse : Les "très bons élèves" sont moins nombreux en France (3%) qu'en Europe (9%) ou à Singapour (50%). De plus, cette élite est "infime immuablement choisie dans le même visier parisien très bourgeois sur des épreuves académiques tout aussi immuables".
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Le système actuel mène à une hypersélection inefficace : Malgré le manque de professionnels dans certains domaines (médecins, ingénieurs), le système maintient une "hypersélection" qui est "perdant perdant avec des problèmes de cohésion nationale très importants".
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La perte d'élèves est une conséquence directe du système : L'école du tri et de la compétition, fondée sur "des savoirs uniquement académiques et abstraits", fait que "tous ceux qui chez eux n'ont pas l'aide nécessaire ou les petits cours nécessaires se perdent en route". L'auteur affirme que l'on est "à perdre (...) un quart de chaque classe d'âge".
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Le Collège unique n'a pas atteint son objectif démocratique : Le "péché originel" du Collège unique est d'avoir été "aligné (...) sur le petit lycée de la bourgeoisie qui a été fondé uniquement sur ses savoirs abstraits". Contrairement à l'école primaire de Jules Ferry, qui utilisait des "savoirs concret" et "accrochait les élèves", le Collège unique n'a pas réussi à "fusionner" l'école du peuple et de la bourgeoisie.
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Proposition d'un "lycée unique" et de certifications : L'auteur propose, comme une "utopie à ce stade", un système basé sur "des savoirs plus intégrés" et la fin des filières actuelles (général, technologique, professionnel).
L'idée serait de permettre aux élèves de progresser à leur rythme et d'obtenir des "certificats dans différentes disciplines" ou domaines d'expertise, "au gré de sa progression", pour s'adapter aux différences des enfants et aux besoins de la société en "tous les talents".
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Le décloisonnement des savoirs est nécessaire : Il faut repenser la manière d'enseigner pour donner "le goût des sciences le goût de l'esprit critique" et "le goût de la lecture", en envisageant le mélange de disciplines (ex: histoire et français).
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Repenser les classes préparatoires : Dans le système proposé, les classes préparatoires seraient réservées aux étudiants nécessitant un "accompagnement et d'un encadrement renforcé" et se destinant à des "métiers en tension".
Conclusion :
L'interview de Christophe Querrero dresse un tableau critique du système éducatif français, le décrivant comme un facteur majeur de reproduction sociale et de perte de talents.
Il remet en cause l'efficacité de l'élitisme républicain dans sa forme actuelle et pointe du doigt le Collège unique comme un moment clé d'échec dans l'égalisation des chances.
Face à ce constat, il plaide pour une réforme structurelle ambitieuse, basée sur une vision de l'éducation comme un investissement essentiel et une refonte des parcours d'apprentissage vers plus d'individualisation et de décloisonnement des savoirs, dans l'objectif de valoriser tous les talents et de construire une société plus harmonieuse.