- Mar 2025
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Présentation de Didier Fassin intitulée "Re-Imagining Punishment (8)" tiré de la transcription vidéo, avec des estimations de timestamps** basées sur la structure du texte :
- Introduction (environ 0:00 - 1:30) :
Didier Fassin explique que cette rencontre est une exception à la règle du Collège de France d'utiliser le français, car elle permet de découvrir des pratiques et réflexions internationales sur la punition.
Il souligne que cet événement est accessible en ligne, notamment sur YouTube, permettant ainsi à un public non francophone de suivre ces réflexions.
- Premier point : Nous sommes toujours dans un moment punitif (environ 1:30 - 3:00) :
Malgré une diminution des taux d'incarcération dans de nombreux pays européens et aux États-Unis, Fassin rappelle que ces taux restent beaucoup plus élevés qu'ils ne l'étaient dans les années 1960 ou 1970. Nous sommes donc toujours dans un moment que l'on peut qualifier de punitif.
- Deuxième point : Absence de corrélation entre crime et punition (environ 3:00 - 5:30) :
Il n'existe pas de corrélation statistique nécessaire entre le crime et la punition, et l'on peut même douter d'un lien analytique nécessaire. L'exemple de la Finlande, qui a divisé par trois son taux d'incarcération sans augmentation de la criminalité, et celui de l'Angleterre, qui a vu sa population carcérale augmenter proportionnellement à la criminalité, illustrent ce point. Cette observation remet en question le sens commun et invite à une réflexion sur le lien entre le type de crime et le type de punition.
- Troisième point : Complexité des facteurs expliquant l'évolution de la population carcérale (environ 5:30 - 7:30) :
Les raisons de l'évolution des populations carcérales, y compris les diminutions observées, sont multiples et complexes, et peuvent ne pas être complètement comprises. La présentation a permis une compréhension plus riche de cette évolution, notamment en ce qui concerne le modèle nordique, caractérisé par un faible taux d'incarcération mais un nombre élevé d'entrées en prison, ce qui soulève des questions sur la désocialisation. Le simple fait d'entrer en prison, même pour une courte durée, a des conséquences importantes.
- Quatrième point : Question de la visibilité et de la visibilisation de l'incarcération (environ 7:30 - 10:00) :
La conversation se concentre souvent sur la prison liée à l'activité criminelle, mais il existe d'autres formes d'enfermement, notamment celle des migrants sans papiers, qui sont parfois incarcérés illégalement. Il est important de considérer également la "punition par ricochet" qui affecte les familles et les communautés des personnes incarcérées. La décision d'un juge d'emprisonner une personne a des répercussions sur tout son entourage.
- Cinquième point : Distribution, inégalité et "punissabilité" (environ 10:00 - 12:30) :
La question de savoir qui est puni implique de comprendre ce qui est puni et qui est considéré comme "punissable". Ce concept de "punissabilité" est lié à la position sociale, raciale et de genre des individus. La punition est un élément crucial dans la reproduction des inégalités.
- Sixième et dernier point : Susciter l'imagination et réflexion sur l'abolition de la prison (environ 12:30 - fin) :
L'analyse des politiques et tendances en Europe et les exemples inspirants d'histoire, d'ethnographie et d'études communautaires ouvrent des perspectives.
Fassin conclut en citant une réflexion de Claude Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques qui compare nos pratiques de justice et de prison à l'anthropophagie, et souligne l'horreur qu'inspirerait à des sociétés dites primitives l'isolement des individus dangereux hors du corps social.
Lévi-Strauss notait que ces sociétés privilégiaient la réparation des liens sociaux par un système de dettes et de dons. Fassin invite à imaginer la critique que Lévi-Strauss aurait pu faire de notre système carcéral actuel, considérant l'augmentation considérable du nombre de détenus depuis la publication de son ouvrage en 1955.
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- Feb 2025
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Voici une checklist pour vérifier la bonne pratique de l'utilisation des sanctions comme outil éducatif, en tenant compte des informations fournies par la source:
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Avant la sanction :
- Vérifier si le comportement est lié à un trouble spécifique de l'élève. Il est essentiel de prendre en compte les difficultés propres à chaque élève afin de ne pas sanctionner un comportement qui est directement relié à un trouble.
- S'assurer que les règles sont claires et connues de tous. Les règles doivent être déterminées au préalable et expliquées au groupe.
- Privilégier la sanction à la punition. La sanction est une réponse à une transgression basée sur des règles connues, tandis que la punition est une réaction émotionnelle et subjective.
- Avoir un entretien avec l'élève. Un entretien avec l’élève est un préalable indispensable afin que celui-ci comprenne les objectifs, ce que l’on attend de lui pour la suite.
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Pendant l'annonce de la sanction :
- Annoncer la sanction de manière neutre. L’annonce doit être faite de façon neutre pour tous les élèves, sans tonalité affective ni émotionnelle.
- Différer l'annonce si nécessaire, surtout pour les élèves ayant des difficultés d'expression comportementale (DEC). On peut proposer simplement à l’élève de rester à la fin de la classe pour échanger sur son comportement et lui énoncer la sanction.
- Dans les situations graves, impliquer l'équipe éducative et éventuellement les parents. La sanction devra être prononcée par un autre enseignant, ce qui montre la communication et la cohésion de l’équipe éducative, et augmente l’autorité des adultes.
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Types de sanctions :
- Éviter les sanctions qui confrontent directement l'élève à sa difficulté. Par exemple, ne pas faire copier des lignes à un élève dysgraphique.
- Privilégier les sanctions réparatrices. Certains établissements proposent des travaux civiques comme nettoyer la classe.
- Envisager l'exclusion temporaire de classe avec prudence. L'exclusion temporaire de classe peut être envisagée s’il n’y a pas de risque d’escalade et si cela a été travaillé en amont avec le jeune et l’équipe éducative.
- Manier l'exclusion temporaire de l'établissement avec précaution. Tant que possible il est nécessaire de maintenir le jeune sur l’établissement scolaire, et un système d’exclusion-inclusion est à privilégier.
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Après la sanction :
- Inscrire la sanction dans un projet de remédiation. Rendre l’élève acteur du suivi de son comportement par des dispositifs qui pourront varier d’un établissement à l’autre permettra, si sanction il y a, de davantage faire sens.
- Mettre en place un tutorat si nécessaire. Des entretiens réguliers sont prévus pour permettre de faire le point, constater les avancées et les objectifs à atteindre.
- Travailler en collaboration avec les familles. Travailler avec les familles va conditionner la réussite et l’intérêt des sanctions posées par l’établissement scolaire.
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Suivi et ajustement :
- Évaluer l'efficacité de la sanction. Chez les élèves n’ayant pas de difficulté spécifique leur application se révèlera simple, avec des résultats rapides.
- Ajuster les réactions aux difficultés. Pour un certain nombre de difficultés, l’élève peut garder un contrôle même si c’est plus difficile pour lui que pour les autres élèves.
- Être prêt à renégocier les règles si nécessaire. Des espaces de (re)négociation et de retour sur l’action permettent de faire évoluer les règles de la classe en fonction des besoins identifiés par le groupe classe ou l’enseignant.
En suivant cette checklist, il est possible de mettre en place des sanctions qui soient à la fois justes, efficaces et adaptées aux besoins spécifiques de chaque élève, tout en maintenant un environnement d'apprentissage positif et respectueux.
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Voici un document de synthèse pour un briefing sur l'utilisation des sanctions comme outil, en tenant compte des besoins spécifiques de chacun :
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Distinction entre punition et sanction : Il est important de différencier la sanction, qui est une réponse à une transgression basée sur des règles connues et discutées, de la punition, qui est souvent une réaction émotionnelle et subjective. La sanction vise à freiner un comportement inacceptable et à initier un changement, tandis que la punition risque de culpabiliser l'élève et d'avoir l'effet inverse de celui attendu.
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Objectifs des sanctions : Les sanctions visent à garantir le respect des règles établies. Pour les élèves sans difficultés spécifiques, l'application des sanctions est généralement simple et rapide. Cependant, pour les élèves ayant des difficultés d'expression comportementale (DEC), la mise en place des sanctions est plus complexe, bien que la règle et la sanction restent les mêmes pour tous.
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Risques et limites des sanctions : Il existe plusieurs risques associés à l'utilisation des sanctions, notamment une baisse de la motivation et de l'engagement scolaire de l'élève, une augmentation des comportements problématiques, une rupture du lien entre l'élève et l'équipe éducative, et un risque de rupture du lien de confiance avec la famille. De plus, une perturbation de la classe et un risque de violence peuvent survenir.
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Ajustement des réactions aux difficultés des élèves : Il est crucial de prendre en compte les difficultés propres à chaque élève afin de ne pas sanctionner un comportement directement lié à un trouble. Pour les difficultés où l'élève a un certain contrôle, une sanction adaptée peut être appliquée, tout en tenant compte de ses besoins spécifiques. Il est souvent plus efficace de diminuer le nombre de comportements à sanctionner pour donner plus de sens à la sanction. Les comportements qui compromettent le respect et la sécurité doivent toujours être sanctionnés.
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Comportements à ne pas sanctionner : Il ne faut pas sanctionner un comportement directement lié à un trouble, comme l'instabilité motrice, les difficultés d'attention, ou les difficultés d'écriture.
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Comportements à sanctionner: Les comportements qui compromettent le respect (de l’adulte, des autres élèves) et la sécurité (de l’élève lui-même, ou des autres) doivent faire l’objet de sanctions.
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L'annonce de la sanction : L'annonce de la sanction doit être faite de manière neutre, sans tonalité émotionnelle. Pour les élèves ayant des difficultés d'expression comportementale, il peut être utile de différer l'annonce pour éviter les réactions impulsives et les escalades. Dans les situations qui mettent à mal l'institution scolaire, il est conseillé de différer l'annonce et de la faire en équipe, éventuellement en associant les parents.
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Types de sanctions à éviter : Il faut éviter de confronter l'élève directement à sa difficulté, comme faire copier des lignes à un élève dysgraphique. La privation de sortie collective n'est pas une sanction possible.
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Types de sanctions à choisir : L'exclusion temporaire de classe peut être envisagée si elle a été travaillée en amont avec le jeune et l'équipe éducative. Les sanctions réparatrices, comme nettoyer la classe ou effectuer des travaux civiques, sont également intéressantes. Les heures de retenue peuvent être utiles si elles permettent à l'élève de rattraper son travail scolaire.
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Sanction à manier avec précaution : L'exclusion temporaire de l'établissement expose à un double risque : renforcement positif d'un comportement inadapté et exposition à des risques. Il est préférable de maintenir le jeune dans l'établissement scolaire et de privilégier un système d'exclusion-inclusion.
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Inscrire la sanction dans un projet de remédiation : Rendre l'élève acteur du suivi de son comportement par des dispositifs tels que des fiches de suivi ou des contrats hebdomadaires permettra de donner plus de sens à la sanction. Un entretien avec l'élève est indispensable avant toute sanction pour qu'il comprenne les objectifs et ce que l'on attend de lui. La mise en place d'un tutorat par un adulte peut également être utile.
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Travailler avec les familles : Travailler avec les familles est essentiel pour la réussite des sanctions et pour renforcer l'autorité de l'équipe éducative. Il est important de communiquer sur les bons comportements et les progrès de l'élève, ainsi que sur les comportements problématiques, en recontextualisant précisément ce qui s'est passé. Les parents doivent être placés dans un rôle de partenaires et associés aux projets pour l'élève.
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theconversation.com theconversation.com
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À partir des informations contenues dans les sources et notre conversation, voici des éléments de synthèse pour un briefing sur l'autorité à l'école et les pratiques disciplinaires :
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Contexte actuel : Le ministère de l’Éducation nationale a lancé une concertation sur le respect de l’autorité à l’école. Les discours sur l'autorité évoquent un passé nostalgique où les problèmes étaient mieux gérés.
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Historique et fondements de l'autorité à l'école républicaine :
- La IIIe République a accordé une grande attention à la discipline, avec une commission spéciale sur le sujet dès 1888.
- L'objectif était d'apprendre à l'élève à « se gouverner lui-même ».
- La discipline devait viser à améliorer, et non à mater, en faisant respecter et aimer la règle.
- Les sanctions physiques et les mesures répressives étaient à éviter, privilégiant un caractère moral et réparateur.
- L'importance du collectif était mise en avant pour former les jeunes à se régler sur des règles communes, plutôt que d'obéir à l'arbitraire d'un maître. Un registre des sanctions disciplinaires était préconisé.
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Les bonnes pratiques actuelles (issus de notre conversation précédente):
- Distinguer punitions scolaires et sanctions disciplinaires : Les punitions concernent les manquements mineurs, tandis que les sanctions disciplinaires concernent les atteintes graves aux personnes ou aux biens [voir conversation history].
- Punitions scolaires : Elles doivent être éducatives, proportionnées et appliquées en temps réel [voir conversation history]. Les parents doivent être informés [voir conversation history].
- Sanctions disciplinaires : Elles doivent favoriser la responsabilisation de l'élève et sont prononcées par le chef d'établissement ou le conseil de discipline [voir conversation history]. Elles sont inscrites au dossier administratif de l'élève et peuvent faire l'objet d'un recours [voir conversation history].
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Climat scolaire et justice des règles :
- Un climat scolaire positif est lié à la clarté et à la justice dans l'application des règles.
- L'arbitraire peut engendrer un sentiment d'injustice et nourrir la violence.
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Importance du collectif :
- Les succès dans la réduction des violences scolaires passent par des mises en œuvre collectives.
- La communication et le travail d'équipe entre enseignants et administration améliorent le moral des enseignants et réduisent le désordre.
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Orientations pour l'avenir :
- Il est nécessaire de s'orienter vers des solutions ad hoc en matière d'autorité et de sanctions, en tenant compte de la légitimité et de l'efficacité éducative.
- Il faut sortir des traditions qui persistent dans le monde de l'école.
En résumé, le briefing devrait insister sur l'importance d'une approche éducative et collective de l'autorité, privilégiant la justice, la clarté des règles et la responsabilisation des élèves, tout en s'éloignant des pratiques arbitraires et purement répressives.
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- Apr 2023