Le smartphone est devenu omniprésent dans le quotidien des Français : en 2015 près de 70 % d’entre eux en possédaient un9 et 58 % déclaraient l’avoir en permanence avec eux10, y compris la nuit. Le système d’interaction usager-mobile incite les mobinautes11 à mettre en place de fréquentes consultations de l’écran afin d’établir une veille des informations reçues, dont il est difficile de se défaire. Si ces habitudes ne sont pas des addictions au sens pathologique et si elles ne sont pas gênantes pour tous, nombre de mobinautes les trouvent tout de même embarrassantes au quotidien, tant ils se sentent « prisonniers » de cette habitude (Oulasvirta et al., 2012). Soixante-dix pourcent des français consultent leur smartphone toutes les 5 minutes Ainsi, un smartphone est actionné 221 fois par jour12. Pour certains, ces habitudes de vérification sont d’autant plus gênantes qu’elles sont susceptibles d’augmenter le temps d’utilisation globale du mobile. En effet, quand les mobinautes le vérifient, beaucoup sont tentés de l’utiliser plus longuement, pensant y trouver de petits plaisirs ou stimulations qui animent leur quotidien. Pourtant, au final, ils ont souvent l’impression d’avoir perdu du temps et fait des choses peu significatives. Au-delà de cette gêne, dans la littérature, cinq types de troubles associés à des affects négatifs concernent le smartphone. Examinons-les.
Les auteurs présentent ici une série d'arguments de type rhétorique logos pour illustrer le caractère omniprésent du smartphone dans le quotidien des Français. La fréquence des habitudes de consultation contribue à augmenter la durée journalière d'utilisation, créant selon l'étude de Oulasvirta et al. (2012) citée un schéma de dépendance jugé embarassant par certains utilisateurs (sentiment d'être "prisonniers" de cette habitude).
Toutefois, les auteurs ne spécifient pas ici la nature des activités réalisées par les utilisateurs sur leurs smartphones dans le cadre des études citées, qui peuvent influer sur le sentiment de culpabilité ou l'impression de perdre son temps (RSN, communication par SMS ou appels, internet, vidéoconférence, calendrier, notes, photos, utilisation d'applications mobiles pour se déplacer (cartes), commander un taxi, un repas à emporter, etc...). En effet, certaines tâches réalisées via les smartphones peuvent être jugées utiles par les utilisateurs, voire leur faire gagner du temps, ou s'inscrire dans le cadre de leur activité professionnelle, et donc modifier la nature des affects ressentis après l'utilisation.