En 2015, 59 % des Français consultaient leur mobile dans l’heure suivant leur réveil pour prendre connaissance de messages13. Un sur trois consultait même ses SMS la nuit… Le smartphone revêt une telle importance pour certains mobinautes qu’ils en sont devenus « dépendants », dans un sens très proche de celui dont nous avons déjà parlé pour Internet. Plusieurs enquêtes scientifiques ont montré que si cette dépendance est un phénomène touchant un grand nombre de pays, il existe des différences interpays : par exemple 38 % des étudiants seraient dépendants en Espagne et 67 % aux Émirats Arabes Unis (voir Khoury et al., 2017). Dans l’enquête scientifique Smart.Use14 (2016), 21,1 % des 12-18 ans en Belgique se sont déclarés « dépendants » au smartphone, 33,4 % non-dépendants et 45,5 % seraient dans un état intermédiaire. En France, chez les plus âgés, en 2016, deux tiers des moins de 35 ans se sentaient dépendants et plus d’un tiers des mobinautes, quel que soit leur âge, s’estimaient « accros » et incapables de s’en séparer15. Les recherches sur la dépendance au smartphone ont relativement peu avancé au regard de l’ampleur du phénomène en raison du manque d’outils d’objectivation du problème. Deux principales échelles disposant de bonnes qualités psychométriques permettent depuis peu de mesurer cette dépendance, qualifiée de véritable addiction par leurs auteurs : le « Smartphone Addiction Inventory » (SPAI, Lin and Chang, 2014) contenant 26 items et « l’échelle d’addiction au Smartphone » avec une version à 10 items pouvant être utilisée auprès d’adolescents (SAS-SV, Kwon et al., 2013). On s’attend donc à une avancée des connaissances sur ces phénomènes de dépendance au cours des prochaines années.
Les auteurs présentent ici la première typologie de troubles associés à des affects négatifs concernant les smartphones sur les cinq types de troubles évoqués dans le paragraphe précédent, tels que recensés dans la litérature scientifique. Il s'agit du phénomène de dépendance aux smartphones. Pour ce faire, ils avancent des arguments dialectiques pro, évoquant toutefois des chiffres disparates sur ce phénomène de dépendance selon les études, les pays concernés ou les tranches d'âges testés.
A noter, le développement récent d'outils d'objectivation, en particulier de deux échelles disposant de qualités psychométriques permettant de mesurer le degré de dépendance devrait permettre d'affiner les connaissances sur ce phénomène dans les prochaines années.
Les auteurs citent l'étude SPAI (Lin and Chang, 2014) dans laquelle la dépendance aux smartphones est qualifiée de "véritable addiction", orientant le débat vers la thèse que défendent les auteurs. Toutefois, on déplore ici une absence de données précises sur ces travaux de recherche venant étayer cette thèse. Par ailleurs, comme mentionné précédemment, il n'est pas fait mention de la diversité des usages possibles du smartphones, qui peuvent éclairer dans certains cas la fréquence des usages ou le caractère de dépendance évoqué (notamment dans le cas d'usages professionnels).