54 Matching Annotations
  1. Jan 2022
  2. Dec 2019
    1. C’est que je venais de faire une cuisante découverte : cette belle histoire qui était ma vie, elle devenait fausse au fur et à mesure que je me la racontais.

      Le passage est en écho à celui-ci (p. 222) :

      Ma vie serait une belle histoire qui <mark>deviendrait vraie au fur et à mesure que je me la raconterais</mark>.

      Oups! Beauvoir se rend compte (avec lucidité, en rétrospective) de la fiction qu’elle écrivait!

    2. Mystère et mensonge des journaux intimes

      Beauvoir écrit un roman autobiographique, censé refléter sa fidèlement sa vie (écriture et vie réelle débordent sans cesse l’un sur l’autre).

      Beauvoir ayant consigné beaucoup de carnets de jeunesse, on pourrait penser que ceux-ci préfiguraient à l’écriture des Mémoires (autobiographiques); or, « ces journaux intimes ne disent pas tous la vérité<sup>1</sup>! »


      1. Golay, Annabelle Martin. Beauvoir intime et politique: La fabrique des Mémoires. Presses Universitaires du Septentrion, 2017, p. 141.
    3. Mais quelque chose finissait.

      Beauvoir ne veut pas d’une existence cul-de-sac (c’était le cas par exemple avec Jacques, avec lequel elle deviendrait « Mme Languillon »).

      Si quelque chose doit finir, elle doit s’en détacher (par exemple, se marier et devenir la femme de quelqu’un sans rien de plus); elle souhaite progresser à l’infini.

    4. il paraissait vivre ailleurs que dans les livres

      Beauvoir, obsédée par la littérature, reproche aux hommes (comme Sartre) de « vivre dans les livres », de manière détachée de la réalité.

      Cette forme d’existentialismeparaître vivre ailleurs que dans les livres ») que Beauvoir relève chez Herbaud, semble être une qualité.

  3. Nov 2019
    1. Pour Jacques, se marier, c’était décidément faire une fin et moi je ne voulais pas en finir

      Beauvoir ne veut pas « finir » sa vie comme « simple femme », (la « future Mme Languillon, p. 305).

      Beauvoir veut pouvoir progresser (peut-être à l’infini, sans bornes), et c’est pourquoi elle veut un mari « plus parfait » qu’elle (comme Sartre, qu’elle admire).

    2. Je continuai à subordonner les questions sociales à [Page 312]la métaphysique et à la morale : à quoi bon se soucier du bonheur de l’humanité, si elle n’avait pas de raison d’être ?

      Les questions sociales et la politique sont inférieures à la « métaphysique et la morale » (autrement dit, la philosophie).

      philosophie > politique
      

      Beauvoir lance ici une question existentialiste« à quoi bon se soucier du bonheur de l’humanité, si elle n’avait pas besoin d’être? »

    3. Quand mon cavalier me serrait dans ses bras et m’appliquait contre sa poitrine, j’éprouvais une impression bizarre, qui ressemblait à un vertige d’estomac, mais que j’oubliais moins facilement. Rentrée à la maison, je me jetais dans le fauteuil de cuir, hébétée par une langueur qui n’avait pas de nom et qui me donnait envie de pleurer. Je pris prétexte de mon travail pour suspendre ces séances.

      Beauvoir éprouve un grand malaise vis-à-vis des rapports corporels (avec contact direct, comme en danse).

    4. Je n’étais pas féministe dans la mesure où je ne me souciais pas de politique : le droit de vote, je m’en fichais. Mais à mes yeux, hommes et femmes étaient au même titre des personnes et j’exigeais entre eux une exacte réciprocité. L’attitude de mon père à l’égard du « beau sexe » me blessait. Dans l’ensemble, la frivolité des liaisons, des amours, des adultères bourgeois m’écœurait.

      Beauvoir formule ici les limites de sa propre « attitude féministe ». Elle ne se revendique pas d’un féminisme politique, mais d’une simple réciprocité des deux sexes l’un vis-à-vis de l’autre.

    5. Quelquefois, je pensais que les forces allaient me manquer et que je me résignerais à redevenir comme les autres.

      Beauvoir semble être dans un jeu d’« élitisme » constant, tentant de se distinguer de la masse populaire (par le bien-parler, par les idées, par la pratique assidue de la lecture, etc.).

      Elle souhaite ne pas être ordinaire, ce qui demande un effort constant (qu’elle redoute de perdre).