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    1. Dossier d'Information : La Quête de la Parentalité Idéale

      Synthèse

      Ce document synthétise une discussion radiophonique sur la notion de "bon parent", explorant les pressions, les doutes et les stratégies qui définissent la parentalité contemporaine.

      Il ressort que l'idéal du parent parfait est une source de stress et de culpabilité, largement alimentée par la compétition sociale et un afflux de connaissances scientifiques qui peuvent être à la fois une aide et un fardeau.

      Les intervenants s'accordent sur le fait que la parentalité est un exercice d'équilibriste constant, oscillant entre de grands succès et des échecs patents.

      Les thèmes centraux incluent le conflit entre le désir de façonner un "enfant idéal" et la nécessité d'accepter l'enfant réel, la difficulté de se défaire de ses propres projections et traumatismes, et la charge mentale disproportionnée qui pèse souvent sur les mères.

      La discussion met en lumière le concept de "parent suffisamment bon" de Donald Winnicott, qui valorise non pas la perfection, mais la capacité à répondre aux besoins de l'enfant tout en introduisant une frustration gérable, essentielle à son développement.

      Finalement, la parentalité est présentée comme une expérience partagée, où l'échange, la reconnaissance de sa propre faillibilité et la capacité à "réparer" ses erreurs sont plus importants que la poursuite d'un idéal inaccessible.

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      1. Introduction au Débat

      La question "Qu'est-ce qu'un bon parent ?" a fait l'objet d'une émission sur France Inter, réunissant des chroniqueurs, auteurs et parents pour partager leurs expériences et réflexions.

      La discussion, présentée comme une conversation de "praticiens" plutôt que de spécialistes, a exploré les multiples facettes de la parentalité moderne.

      Intervenants Principaux :

      Nom

      Rôle et Affiliation

      Nombre d'enfants

      Gwenaëlle Boulet

      Rédactrice en chef (Popie, Pomme d'Api), autrice de la BD "Ma vie de parent"

      Trois

      Julien Bisson

      Directeur des rédactions (Le 1 hebdo), chroniqueur "Ma vie de parent"

      Un

      Marie Pernaud

      Chroniqueuse (La maison des maternels), animatrice du podcast "Very Important Parents"

      Quatre

      Sonia de Viller

      Journaliste et parente intervenant au cours du débat

      Deux (au moins)

      Le débat a également été enrichi par les témoignages d'auditeurs, offrant des perspectives vécues sur les défis abordés.

      2. L'Auto-Évaluation Parentale : Entre Exigence et Réalité

      La discussion s'ouvre sur un exercice d'auto-notation, demandant aux invités de s'évaluer sur une échelle de 1 (parent exécrable) à 10 (parent parfait).

      Les réponses révèlent immédiatement la complexité et la variabilité de la perception de soi en tant que parent.

      Gwenaëlle Boulet se donne un 8/10, justifiant cette note élevée par le fait que ses enfants n'ont pas été maltraités et vont globalement bien, tout en admettant leur laisser "suffisamment de quoi aller chez le psy plus tard".

      Julien Bisson souligne la fluctuation de sa performance : il s'évalue à 9/10 la veille au soir après un jeu de société, mais à 2/10 le matin même après avoir "hurlé sur son fils". Sa moyenne se situe donc autour de 5,5/10.

      Marie Pernaud abonde dans ce sens, affirmant que la qualité de sa parentalité varie selon les moments de la journée, notant que "le matin, c'est compliqué quand même".

      Florence, une auditrice de Haute-Savoie, se donne une moyenne de 7,5/10, reconnaissant que sa performance dépend des "circonstances de la vie".

      Cette variabilité démontre que la parentalité n'est pas une compétence statique, mais un effort constant et situationnel.

      3. Le Conflit Central : Accepter l'Enfant Réel contre Projeter un Idéal

      Un thème majeur émerge rapidement : la tension entre l'enfant que les parents désirent et l'enfant qu'ils ont réellement.

      Florence, l'auditrice, définit le bon parent comme celui qui, dès la naissance, considère son enfant "comme un être à part entière" et non "comme sa possession".

      L'objectif est de l'aider à se réaliser "selon ce qu'il est lui et non pas ce que je voulais moi, ce qui soit".

      Gwenaëlle Boulet confesse que c'est le "combat de sa vie".

      Elle illustre cette lutte avec son désir que ses enfants aiment la littérature, un désir qui s'est heurté à leur indifférence et s'est avéré "contreproductif à souhait".

      Elle trouve "hyper dur" d'accepter que son enfant puise "dans d'autres sources que les tiennes pour grandir".

      Julien Bisson conclut que pour s'approcher du "parent idéal", il faut d'abord "éviter de vouloir un enfant idéal".

      Cet enfant idéal est celui sur lequel on projette ses propres attentes psychologiques et d'accomplissement.

      Marie Pernaud résume : être un bon parent, "c'est vraiment faire le deuil de l'enfant qu'on aurait voulu avoir".

      Face à un conflit, la question à se poser est : "quel est l'enfant qu'on a en fait et comment on doit réagir par rapport à l'enfant qu'on a".

      Sonia de Viller ajoute une nuance importante : on n'est pas le même parent pour chaque enfant.

      "Je suis pas la même mère avec mon fils aîné et mon cadet et d'ailleurs il me le reproche".

      Marie Pernaud confirme que chaque enfant révèle des facettes différentes, positives comme négatives, chez le parent.

      4. Les Pressions Modernes et leurs Conséquences

      La discussion met en évidence que la parentalité contemporaine est soumise à une série de pressions externes et internes qui complexifient la tâche.

      4.1. Le Poids des Connaissances Scientifiques

      L'accès à une masse d'informations sur le développement de l'enfant est perçu comme une arme à double tranchant.

      Gwenaëlle Boulet utilise l'analogie de l'effet Dunning-Kruger :

      1. La "montagne de la stupidité" : Fin 19e/début 20e, les exigences se limitaient à s'assurer que l'enfant ne meure pas.   

      2. La "vallée de l'humilité" : L'arrivée de la psychanalyse et des neurosciences a fait chuter la confiance des parents, écrasés par les connaissances sur ce qu'il "faut surtout pas faire".   

      3. Le "plateau de la consolidation" : L'objectif est de remonter en faisant correspondre sa confiance et ses compétences, en utilisant ces connaissances tout en se faisant confiance.

      Julien Bisson qualifie les sciences de l'éducation de "bénédiction et malédiction".

      Une bénédiction pour les savoirs apportés, une malédiction car elles "ont creusé énormément la distance entre le parent qu'on a l'impression d'être et le parent qu'on pense devoir être", créant un "mal-être parental énorme".

      4.2. La Compétition Sociale et l'Isolement

      La société moderne impose une dynamique de comparaison et d'individualisme qui affecte directement les parents.

      La Compétition Parentale : Gwenaëlle Boulet décrit une "compète" ressentie dès la maternité (choisir la "super maternité") et qui se poursuit avec la scolarité (l'âge d'apprentissage de la lecture).

      L'Isolement : Julien Bisson lie cette compétition à une société avec "plus d'individualisme, plus d'isolement", ce qui renforce le sentiment d'être "seul" et "désarmé".

      Témoignage de Charlotte : Une auditrice d'Aix-en-Provence exprime sa difficulté à "créer une communauté de parents".

      Elle se sent comme une "extraterrestre" lorsqu'elle propose des initiatives collectives ou parle de l'éducation au "vivre ensemble".

      4.3. La Charge Mentale et la Santé des Parents

      La recherche de la perfection parentale a un coût direct sur le bien-être des parents.

      Marie Pernaud alerte sur le risque d'épuisement face aux "injonctions". Les parents reçoivent une multitude d'informations et pensent devoir "absolument tout faire".

      Elle rappelle le propos d'une Danoise : tant qu'il n'y a ni maltraitance et qu'il y a de l'amour, il ne peut y avoir de mauvaise éducation.

      Julien Bisson cite des chiffres issus d'un numéro du 1 hebdo sur la santé mentale des parents :

      ◦ Le mal-être parental touche 1 parent sur 5 (20%).  

      ◦ Le burnout parental affecte 6 à 8 % des parents.  

      ◦ Les femmes sont plus touchées, non par fragilité, mais parce qu'elles "portent encore aujourd'hui une charge parentale beaucoup plus importante que les hommes".

      5. Vers une Parentalité "Suffisamment Bonne"

      Face à l'idéal inaccessible, la discussion propose une approche plus réaliste et bienveillante, inspirée du concept du psychanalyste Donald Winnicott.

      5.1. Le Concept du Parent "Suffisamment Bon"

      Définition : Un parent suffisamment bon répond aux besoins de l'enfant sans être parfait et sans "faire trop".

      Évolution :

      1. Nourrisson : Le parent répond immédiatement et exactement aux besoins du bébé (faim, réconfort).   

      2. Enfant : Le parent instaure progressivement "de la frustration gérable".

      Il apprend à l'enfant à différer ses désirs, ce qui l'aide à grandir et à "vivre en société".

      Risque de l'anticipation : Anticiper systématiquement les besoins de l'enfant peut freiner son autonomie et son développement émotionnel.

      5.2. L'Importance de l'Imperfection et de la Réparation

      L'erreur n'est pas seulement inévitable, elle est une composante de la relation.

      Reconnaître ses erreurs : Gwenaëlle Boulet insiste sur l'importance de pouvoir revenir vers son enfant et dire :

      "Je suis désolé, je me suis emballée [...] j'avais pas envie de réagir comme ça". Cela permet de "réparer beaucoup de choses".

      Déculpabiliser l'enfant : Julien Bisson ajoute que cela aide l'enfant à comprendre que ce n'est "pas toujours de sa faute", car son objectif principal est de satisfaire ses parents.

      5.3. Les Outils Pratiques et le Partage d'Expérience

      Le "Faux Choix" : Gwenaëlle Boulet partage une technique concrète : au lieu de demander "Tu veux prendre ta douche ?", poser la question "Tu veux prendre ta douche maintenant ou dans 5 minutes ?".

      Cela offre à l'enfant un "terrain d'expérimentation du choix" tout en atteignant l'objectif du parent.

      L'Influence Partagée : Julien Bisson utilise la métaphore du "buffet" : le parent offre un buffet, mais ne contrôle pas ce que l'enfant va choisir.

      De plus, il n'est "pas le seul à le nourrir" (grands-parents, amis, etc.). Il ne faut pas surestimer sa propre influence.

      Le Duo Parental : L'ajustement entre les deux parents, avec leurs bagages respectifs, est un défi mais aussi ce qui "sauve", permettant de prendre de la distance.

      6. Témoignages et Citations Clés

      Intervenant/Source

      Citation ou Idée Clé

      Fiva (auditeur)

      "Le parent parfait existe mais il n'a pas encore d'enfant."

      Cécile Dancy (auditeur)

      "Être un bon parent, c'est déjà être capable de travailler ses propres failles pour ne pas les faire peser sur nos enfants."

      Peter Ustinov (cité)

      "Les parents sont les os sur lesquelles les enfants se font les dents."

      Russell Show (cité)

      "Si nous accordons à nos enfants notre confiance, si nous les laissons suivre leur propre voix (...) nous allégerons notre vie tout en leur donnant les moyens de s'épanouir."

      Ivan (auditeur)

      Témoigne avec une grande émotion de sa souffrance en tant que père de deux adolescents.

      Il reconnaît avoir projeté des attentes élevées sur son fils aîné, en réaction à sa propre relation difficile avec son père, ce qui a mené à une "cassure".

      Il exprime son désarroi face à une situation complexe, concluant : "un bon parent, je ne sais pas ce que c'est [...] c'est simplement essayer de faire du mieux que je peux".

      Le témoignage d'Ivan illustre de manière poignante le poids du passé, le risque de la surprotection et le sentiment de désarroi que peuvent ressentir les parents, même avec la volonté de bien faire.

      Sa démarche de s'interroger, selon les intervenants, est déjà la preuve qu'il est "probablement un bon parent".

  2. Jul 2025
    1. Synthèse détaillée des sources : "L'école autrement"

      Les sources explorent le concept d'écoles expérimentales et alternatives en France, en se concentrant spécifiquement sur l'École Vitruve (primaire) à Paris et le Lycée Expérimental (LEX) de Saint-Nazaire.

      Elles mettent en lumière des approches pédagogiques radicalement différentes des systèmes éducatifs traditionnels, axées sur l'autonomie, la co-gestion, la pédagogie de projet et le développement de la citoyenneté.

      1. Principes Fondamentaux des Écoles Alternatives : Co-gestion et Absence de Hiérarchie

      Le thème central qui traverse les deux établissements est la co-gestion et l'abolition des hiérarchies traditionnelles entre adultes et élèves.

      • Partage des pouvoirs et des savoirs : Kellian, un élève du LEX, affirme : « On partage les pouvoirs et les savoirs. C'est un peu le principe de ce lieu. Alors moi c'est Kellian, j'ai 16 ans, je suis en terminale et je suis au lycée expérimental autogéré.

      C'est-à-dire que il y a pas de hiérarchie entre les profs et les élèves, les profs qui s'appellent des membres de l'équipe éducative. »

      Cette approche horizontale est également soulignée par Benjamin, un membre de l'équipe éducative au LEX : «

      C'est une vision horizontale où moi je verrais plus un ping-pong entre les propositions des enfants, les enseignants qui y répondent, voilà, en les aidant à mener leur projet. »

      • Implication des élèves dans la gestion : Au LEX, les élèves sont responsables de diverses tâches quotidiennes comme le secrétariat, la cuisine et le ménage. Un élève explique : « Tout est géré par les élèves, le secrétariat, la cuisine, le ménage. Effectivement, c'est nous qui le faisons vivre en fait. »

      À Vitruve, les enfants participent activement aux décisions via le conseil d'école. Une élève déclare : « Le conseil d'école, ça sert à je sais pas quoi. Moi je crois que le conseil d'école ça sert à poser des questions et organiser des trucs. »

      Natacha, une enseignante à Vitruve, précise : « Le conseil d'école sert à régler les problématiques qui se posent à l'école et ensuite de tous ces sujets de discussion naissent des propositions qui du coup sont le règlement intérieur de l'école. »

      2. Pédagogie de Projet et Apprentissage Concret

      Ces écoles rejettent l'apprentissage abstrait des manuels scolaires au profit d'une pédagogie ancrée dans le réel et l'utile.

      • Apprendre en faisant : À Vitruve, « Ici, tout est fait pour de vrai. Il n'y a pas de manuel scolaire, pas d'exercice abscond, mais une pédagogie basée sur des projets concrets à travers lequel les élèves apprennent à lire, à écrire et à compter. »

      Les exemples incluent la création d'un jeu de piste sur l'île de la Cité ou l'organisation d'une braderie pour financer les classes vertes.

      La vente de café le matin permet aux élèves d'appliquer des compétences en mathématiques : « Et comme ça vous faites des matths en rendant la monnaie. Oui comme ça ils font des matths. »

      • Programmes officiels intégrés aux projets : Malgré l'approche alternative, les écoles se conforment aux programmes de l'Éducation Nationale. Natacha de Vitruve explique que les dictées sont créées à partir des discussions des enfants, intégrant les objectifs pédagogiques :

      « On se débrouille pour que les phrases les sons qu'on est en train de travailler qu'il soit à l'intérieur. Évidemment, ça c'est notre boulot d'enseignant. [...] Et en effet, par contre, ils ont une prise directe dessus et nous les enseignants, on va aller piocher dans les idées des enfants pour créer une phrase qui va permettre de faire une dictée qui est intéressante pour nous en terme d'apprentissage et qui répond aux exigences du programme de l'éducation nationale auquel vous êtes soumis. Exactement. »

      3. Développement de l'Autonomie et de la Citoyenneté

      Un objectif majeur de ces écoles est de former des citoyens responsables et autonomes.

      • Responsabilisation des élèves : Les élèves sont invités à régler leurs propres problèmes, avec l'aide de médiateurs désignés parmi eux.

      Une élève médiatrice raconte avoir résolu un conflit autour d'une barrette : « J'ai dit bah je peux voir ta barrette et il me l'a montré et comme j'ai joué avec elle, j'étais sûre que c'était à elle parce que je l'ai vu saaraître. »

      En cas de problème non résolu, une "feuille de remédiation" est utilisée pour une discussion en grand groupe.

      Le système de "flux" à la cantine de Vitruve, où les enfants gèrent eux-mêmes l'ordre et le placement, est un autre exemple de cette responsabilisation : « Tout ce qui est l'éducation citoyenne passe par le vivre pour de vrai.

      Il est beaucoup plus simple pour un enfant de se laisser guider par l'adulte. On les rend responsables. »

      • Apprentissage par le collectif : Nathalie, membre de l'équipe éducative au LEX, insiste sur l'importance du collectif : « nous on prône le collectif que voilà l'intelligence collective, elle sera toujours supérieure à l'intelligence individuelle quoi. » Le lycée favorise les "groupes de base" où élèves et enseignants travaillent et apprennent à fonctionner ensemble.

      4. Flexibilité, Absence de Notes et Évaluation Alternative

      Ces écoles remettent en question les pratiques d'évaluation traditionnelles.

      • Pas de devoirs, pas de sonnerie, pas de notes : À Vitruve, les enfants disent : « on a pas de devoirs. » et « Non, il y a pas de sonnerie, c'est un tambour qui sonne à la fin des récréations. »

      Au LEX, « On donne pas de notes. On estime depuis depuis longtemps que les notes, c'est pas une manière de s'évaluer correcte. Ça sert plutôt à faire des classements et des comparaisons qu'à évaluer la progression. »

      • Co-évaluation et progression individuelle : L'évaluation est basée sur la co-évaluation, où chaque élève et adulte évalue sa propre progression. « C'est la coévaluation. C'est que chaque élève et chaque adulte aussi est invité dans des temps dédiés à ça à la fin des des ateliers par exemple et à la fin de l'année à évaluer sa progression, ce qu'il a fait. »

      • Parcours adaptés et liberté de choix : Au LEX, les élèves peuvent choisir des ateliers variés (français, philosophie, fiction sonore, voile, randonnée) et construire leur propre parcours, que ce soit vers le baccalauréat ou via des stages. Kellian explique : « C'est toi qui est source de proposition. »

      Cela permet d'accueillir des élèves qui « viennent de parcours très accidentés » ou qui souffrent de phobie scolaire. Benjamin souligne : « Ici, ils retrouvent une place, une envie d'apprendre. »

      5. Origines et Contexte Historique

      Les sources fournissent un aperçu des racines de ces établissements.

      • L'École Vitruve : Créée en 1962 par Robert Gloton, un inspecteur de l'éducation nationale, pour lutter contre l'échec scolaire dans un quartier défavorisé. C'est la seule école primaire expérimentale publique de Paris encore existante.

      • Le Lycée Expérimental de Saint-Nazaire (LEX) : Né en 1982 à l'initiative de Gabriel Cohn-Bendit, suite à une tribune publiée dans Libération. C'était l'un des quatre lycées expérimentaux créés à cette époque, et il est le dernier lycée autogéré encore en activité.

      • Influences pédagogiques : Ces écoles s'inspirent des courants de l'éducation nouvelle, notamment la pédagogie institutionnelle et le mouvement Freinet. Benjamin mentionne : « On s'inspire pas mal à la pédagogie institutionnelle. » et « aussi le mouvement de pédagogie freinet. »

      6. Défis et Perspectives

      Bien que ces modèles soient salués pour leur approche innovante, des défis et des aspirations sont également mentionnés.

      • Décloisonnement des parcours : Le LEX offre une alternative pour les élèves qui ne s'épanouissent pas dans le système classique. Kellian, qui passera son bac en candidat libre, témoigne : « quand je choisis et que ça me plaît, que c'est fait de façon ludique, bah c'est différence selon chaque personne. Mais moi perso, je prends plus comme ça et ça va m'apprendre intellectuellement et manuellement. »
      • Souhait de généralisation : Benjamin exprime le souhait que l'éducation alternative soit plus accessible : « moi j'aimerais bien que que les élèves et aussi les enseignants et et tout le monde puisse avoir accès à à cet enseignement alternatif et qui une possibilité sur chaque territoire, peut-être sur chaque région ou chaque département, un lycée alternatif où on peut apprendre différemment. »
      • Résultats académiques : Il est noté que les élèves de Vitruve obtiennent des résultats scolaires « tout aussi bons que dans n'importe quel autre école et même meilleur dans certains domaines. »

      En conclusion, ces écoles expérimentales offrent des modèles éducatifs qui priorisent l'autonomie des élèves, le partage des responsabilités, l'apprentissage par l'expérience concrète et le développement de compétences citoyennes, tout en s'inscrivant dans le cadre des programmes de l'Éducation Nationale.

      Elles représentent des "chemins de traverse" pour "imaginer et élaborer d'autres façons de faire" l'école.

  3. Jun 2025
    1. Dossier de briefing : Faire face à l'inceste et au silence

      Source : Extraits de "France Inter - Faire face à l'inceste 16173-13.10.2021-ITEMA_22805012-2021F26104S0286-22.mp3"

      Thèmes Principaux et Idées Essentielles

      Ce briefing aborde la problématique de l'inceste en France, en soulignant l'ampleur du phénomène, les mécanismes du silence qui l'entourent, les conséquences dévastatrices pour les victimes et les voies de prévention et de réparation.

      1. L'ampleur de l'inceste et la conspiration du silence

      • Prévalence alarmante : Selon un sondage Ipsos, un Français sur 10 déclare avoir été victime d'inceste.

      Cependant, Bruno Clavier, psychanalyste et psychologue clinicien, estime que ce chiffre est largement sous-estimé en raison du déni et de l'amnésie des victimes. Il suggère que le chiffre réel pourrait être de trois à quatre personnes sur dix. * Le silence comme arme : Le silence est décrit comme une "arme de destruction massive" érigée par les agresseurs, entraînant de graves dégâts collatéraux. Ce silence est imposé par les abuseurs et les violeurs, qui sont dans l'écrasante majorité des hommes. * Complicité sociétale : La société est interrogée sur sa complicité dans cette "conspiration du silence".

      Charlotte Pudlovski, cofondatrice de Louis Media, souligne que la société a longtemps ignoré ou minimisé le problème, comme en témoignent les réticences des médias à aborder le sujet avant des événements médiatisés.

      • Amnésie et déni : Bruno Clavier met en lumière deux types de silence encore plus profonds : le déni (refuser la réalité des faits) et l'amnésie (oubli total des événements traumatiques).

      L'amnésie est particulièrement fréquente chez les victimes, et peut durer des décennies, le cerveau cherchant à se protéger de la violence. Certains patients disent même : "Si je me souviens, je meurs."

      2. Le traumatisme et ses conséquences

      • Mémoire traumatique : L'inceste est décrit comme un "crime qui défigure des enfances", laissant une "mémoire traumatique tatouée dans le corps et l'esprit", une "onde choc qui bouleverse toute une vie".
      • Difficulté à nommer l'innommable : Grégoire de la Cour, écrivain, explique la difficulté de "mettre des mots sur des choses qu'on ne peut pas formuler quand on est très petit". Les mots comme "abus", "attouchement", "violence sexuelle" "cisaillent la bouche".
      • Honte et culpabilité de la victime : Les victimes se demandent souvent si c'est de leur faute, pourquoi la personne qui devait les aimer le plus a pu les détruire. "On a peur de pas être recueilli, de pas être accueilli avec nos chagrins, avec nos souillures. Et alors, on se tait. Et puis il y a la honte, cette honte de nous-même."
      • Conséquences physiques et psychiques : L'inceste est un "fléau de santé publique" avec des conséquences très graves sur le psychisme et le corps. On observe des souffrances psychiques importantes, des addictions, des tentatives de suicide, des scarifications.

      Grégoire de la Cour témoigne de douleurs physiques inexpliquées (mal au ventre pendant 55 ans) dues à ce traumatisme.

      Le corps devient un "pire ennemi", un "traître", dont on a honte. Bruno Clavier compare les violences sexuelles à une "déflagration", un "incendie" qui brûle les circuits nerveux et laisse des "traces multiples" invisibles aux médecins.

      • Le rôle des mères : La réaction des mères est un point sensible.

      Beaucoup de victimes leur en veulent d'abord pour ne pas les avoir protégées. Cependant, les experts soulignent que ces mères ont souvent elles-mêmes été victimes d'abus, reproduisant un "formatage" familial du silence. "Elles donnent la soupe qu'elles ont mangé."

      3. La libération de la parole et les défis persistants

      • Libération progressive mais fragile : Charlotte Pudlovski observe une "véritable libération" de la parole ces dernières années, notamment après la sortie du livre de Camille Kouchner, "La Familia Grande". Cependant, elle craint un "recommencement permanent" et le retour du silence, un "backlash" du féminisme.
      • La question du recueil de la parole : Goénal Boulet, journaliste, insiste sur l'importance de savoir accueillir la parole des victimes. "La double punition c'est quand on a réussi à parler et qu'on n'est pas entendu ou que notre parole elle va dans les limbes de on ne sait quelle justice qui n'a pas le temps de le traiter."
      • Le déni institutionnel : Eva Thomas, première personne à témoigner à visage découvert à la télévision en 1986, exprime son découragement face aux politiques qui ne s'emparent pas suffisamment du sujet. Elle raconte avoir été sollicitée pour une commission sur la protection de l'enfance, où la première chose demandée était "de ne pas en parler tout de suite", symbolisant la persistance du silence institutionnel.

      4. Prévention et chemins de réparation

      • Prévention précoce : Bruno Clavier souligne l'importance de la prévention dès l'âge de 4 ans, moment où les enfants sont dans la découverte sexuelle. Jenny, une victime, témoigne de l'importance d'avoir été éduquée très jeune par son père sur comment réagir face à ce type d'événements, ce qui lui a permis de comprendre et d'agir lors de son agression.
      • Rôle des parents : Les parents doivent affronter le sujet calmement, parler à leurs enfants de leur corps, des gestes autorisés ou non, et de la notion de "bon" ou "mauvais" secret. Il s'agit de ne pas paniquer mais de faire preuve de vigilance, en ouvrant le dialogue et en autorisant la parole de l'enfant.
      • La guérison comme réparation : La guérison n'est pas totale, mais la réparation est possible. Grégoire de la Cour parle de "reprendre possession de qui j'allais être". Il faut "redresser ce corps de traviol" et apprendre à "rendre gracieux notre boîtement pour rester humain".
      • Thérapies multiples et temps long : Bruno Clavier compare les victimes à des "grands brûlés" ou des "grands accidentés de la route", nécessitant "plusieurs thérapies" et "beaucoup de temps". Des outils comme l'EMDR, l'hypnose, ou même des activités physiques (escrime) sont mentionnés pour gérer les émotions.
      • L'importance de l'amour et de la reconnaissance : L'amour est un facteur essentiel de réparation. Charlotte Pudlovski insiste sur le fait que "des cicatrices restent mais que c'est pas une condamnation au malheur". L'amour peut être une "réparation formidable", même si le concept d'amour est rendu problématique par la nature même de l'inceste.
      • Numéro d'aide : Le 119 est un numéro destiné aux victimes d'abus sexuel sur mineur.
    1. Compte Rendu Détaillé : "La culture de l'inceste" sur France Inter

      • Ce document de synthèse analyse les thèmes principaux et les idées clés abordées lors de l'émission de France Inter intitulée "France inter Iris Brey et Juliet Drouar: existe-t-il une culture de l'inceste", diffusée le 8 septembre 2022. L'émission présente l'ouvrage collectif "La culture de l'inceste", un livre rouge décrit comme un "traité, un manifeste, un brûlot", co-écrit par Iris Brey, Juliette Drouar, Sorna Fal, Wendy de Lorn, Dorothée Dussy, Tal Piter Bro Merx et Ovidi.

      1. L'Inceste : Non une Déviance Individuelle, mais un Phénomène Culturel et Systémique

      Le thème central de l'émission et de l'ouvrage est la remise en question de la vision traditionnelle de l'inceste comme une "déviance, d'exception pathologiques, de monstres à la marge".

      Au contraire, les invitées soutiennent que l'inceste est un phénomène "massif" et "systématique" ancré au "cœur même de notre organisation sociale".

      • Statistiques Éffarantes et Témoignages Affluents : Les statistiques sont présentées comme "effarantes", avec "une personne sur 10 en France" victime d'inceste, ce qui représente "7 millions de victimes". Cette ampleur remet en question la notion d'exception.
      • De l'Individu au Système : Iris Brey et Juliette Drouar insistent sur le fait que "les monstres, ça n'existe pas.

      C'est notre société, c'est nous, c'est nos amis, c'est nos pères. C'est ça qu'on doit regarder." La responsabilité est ainsi déplacée de l'individu "monstrueux" vers le collectif et le système social. * Continuité avec la Culture du Viol : Juliette Drouar explique que le terme "culture de l'inceste" est décalqué de l'expression "culture du viol", visant à souligner un aspect "culturel" et non une "exception, une pathologie, une monstruosité". * L'Inceste comme Outil de Domination Patriarcale : L'ouvrage postule que l'inceste est "une expression, c'est une reconduction d'un fonctionnement social qui s'appuie sur l'idée de domination". Iris Brey affirme que c'est un "système qui est mis en place pour que le corps des enfants et que le corps des femmes continue à être dominé par le patriarcat et par les hommes". Les agresseurs, à 76% des hommes, se sentent "autorisé[s] partout et depuis toujours" à agresser le corps "le plus faible".

      2. Le Tabou de l'Inceste : Ne pas Parler, Plutôt que Ne pas Exister

      Les auteures déconstruisent l'idée reçue selon laquelle l'inceste serait un interdit social fondamental.

      Elles affirment que l'inceste n'est pas un tabou dans sa pratique, mais plutôt un tabou dans sa discussion et sa reconnaissance.

      • Critique de Lévi-Strauss : Le célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss est cité pour sa conception de l'interdit de l'inceste comme "socle du contrat social". Cependant, Juliette Drouar rectifie que Lévi-Strauss parlait de l'interdit du mariage avec certains membres de la famille, et non de l'interdit des violences sexuelles. Elle ajoute : "on peut tout à fait se ne pas se marier avec certains membres de sa famille et les violer."
      • L'Omerta et l'Inaccessibilité de la Pensée : Iris Brey souligne l' "omerta et une impossibilité de penser ça" qui rend même les textes de chercheurs sur l'inceste "pas disponibles".
      • Les Enfants Parlent, les Parents n'Entendent pas : Le véritable tabou n'est pas le silence des enfants victimes – "les enfants en parlent" – mais plutôt l'incapacité des adultes à les entendre : "C'est que les parents ne veulent pas entendre ou ne peuvent pas entendre."

        1. La Condition de l'Enfant et le Mythe de la Famille Protectrice

      L'ouvrage met en lumière la vulnérabilité intrinsèque des enfants dans le système social et familial, où leur dépendance est naturalisée et leurs droits sont "déprivés".

      • L'Enfant comme Catégorie Sociale Constituée : Le livre, notamment à travers l'article de Tal Piter Bro Merx, introduit l'idée que les "enfants sont pas une catégorie qui est les mineurs en tout cas sont pas une catégorie naturelle. C'est une catégorie qui a été constituée". Cette catégorie est "complètement déprivée de droit et posé dans une position d'absolue dépendance par rapport aux adultes et leur famille."
      • Privation de Droits et de Crédibilité : Les enfants sont "privé[s] de paroles, privé[s] de crédibilité, privé[s] d'individualité, privé[s] de légitimité". Cette condition de "dépendance matérielle", d'absence de droit de vote ou de représentation, crée les "meilleures conditions pour pouvoir disposer des corps de l'autre".
      • La Famille, Lieu de Risque et non de Protection Naturelle : Contrairement au "mythe qui entoure la famille qui serait extrêmement bienveillante, extrêmement chaleureuse" et "naturellement protect[rice]", les études concordent : "c'est très majoritairement au sein de la famille qu'on lieu ces violences et ses abus sexuels."

      4. Représentations Médiatiques et Culturelles de l'Inceste : Banalisation et Distorsion

      Une part importante de la discussion est consacrée à la manière dont l'inceste est représenté ou non représenté dans la culture populaire, contribuant à sa banalisation et à la culpabilisation des victimes.

      • Le "Séisme Médiatique" et le #MeToo Inceste : Les auteures reviennent sur l'impact des témoignages de personnalités comme Vanessa Springora, Camille Kouchner et Adèle Haenel. Le #MeToo Inceste en France a commencé par des récits de violences sexuelles dans l'enfance, impliquant des "femmes mais aussi d'hommes et aussi de lesbienne, de personnes gay, de personnes trans", comme Mathieu Fouchet avec le #MeToo gay.
      • L'Héritage de "Lolita" : Iris Brey analyse le film de Kubrick, "Lolita", comme une "bascule" culturelle. Le terme "Lolita" est passé dans l'imaginaire collectif, rendant la "jeune fille ... responsable du fait que son beau-père ait envie de coucher avec elle". L'image iconique de Lolita avec ses lunettes en cœur, bien que non issue du film, a contribué à "infuser dans toute la culture populaire" l'idée que l'inceste est "érisé" et souvent imputé à la victime.

      Elle rappelle que la Lolita de Nabokov était "une enfant violée par son beau-père". * Distorsion des Représentations de l'Inceste :Inceste père-fille : Souvent présenté avec la culpabilisation de la jeune fille. * Inceste mère-fils : Souvent "montré comme une démarche d'émancipation, comme une relecture du d'Œdipe". * Inceste frère-sœur : Bien que les plus rares dans la réalité, ils sont "montrés beaucoup dans les séries et notamment dans Game of Thrones comme quelque chose d'érotisé et de normal". * L'Inceste et le Pornographie Grand Public : Ovidi (co-auteure) et Juliette Drouar abordent l'infiltration de l'inceste dans le porno grand public, notamment via le mythe de la "MILF" (Mother I'd Like to F***) qui a évolué vers la "Stepmom" (belle-mère) comme hashtag principal.

      Ce phénomène, initialement américain, s'est "très largement diffusé", banalisant une "représentation érotisée de l'inceste" où les violences sont déniées au profit d'une sexualisation "sexy" et "fun".

      Les auteures déplorent que ces représentations "ne représente[nt] jamais l'inceste comme un acte de violence et de domination".

      5. Une Lutte Collective pour une Pensée Collective

      L'écriture de ce livre est présentée comme une "lutte, un combat", rendue possible uniquement par un effort collectif.

      • Nécessité du Collectif : Iris Brey a eu l'idée du livre en lisant un article de Juliette Drouar sur "la culture de l'inceste" mais ne voulait pas "déplier" ce terme seule. Le collectif était essentiel pour "pousser nos propres réflexions" et pour "se soutenir" face à un sujet "difficile". La "pensée collective est pour moi la seule solution pour qu'on mette les mains un peu dans le camboui et qu'on réfléchisse à qu'est-ce qu'on fait maintenant".
      • Implication Personnelle des Auteures : Iris Brey ouvre l'ouvrage en se présentant comme victime d'inceste, soulignant l'importance de comprendre "d'où je parle" pour les lecteurs.

      Le suicide de Tal Piter Bro Merx pendant l'écriture du livre témoigne de l'épreuve que représente l'engagement sur ce sujet, même dans une approche théorique.

      En conclusion, "La culture de l'inceste" est un ouvrage politique et théorique qui vise à déconstruire les mythes entourant l'inceste, le présentant non pas comme un fait divers isolé, mais comme un symptôme d'un système de domination patriarcale et d'une invisibilisation de la vulnérabilité et des droits des enfants.

      L'émission met en lumière la nécessité d'une prise de conscience collective et d'une relecture critique des représentations culturelles pour démanteler ce système.

    1. Synthèse : Le Consentement au Cœur du Débat en France

      • Ce document explore la notion de consentement, en soulignant son émergence comme un concept central dans le débat public français, notamment sous l'impulsion de mouvements féministes et de procès emblématiques.

      Il met en lumière la complexité de cette notion, les défis liés à sa compréhension et son application, ainsi que les efforts déployés pour l'intégrer pleinement dans la loi et les mentalités.

      1. Le Consentement : Une Notion Émergente et Centralisée

      • Le mouvement féministe et des affaires judiciaires retentissantes ont placé le consentement au premier plan des préoccupations sociétales.

      Le procès des viols de Mazan, avec la condamnation de Dominique Pélico pour avoir drogué et violé sa femme pendant dix ans, a été un catalyseur majeur.

      Une des personnes interrogées souligne la simplicité apparente mais la profondeur de la notion :

      "Quand une fille dit non, j'ai l'impression quand même que souvent ça sous-entend que c'est c'est non. Non.

      D'accord. Ah ouais. Ah faut bien c'est pas si simple. Faut bien choper le truc hein. Oui ou non ? Deux petits mots de trois lettres. Mais qui change absolument tout."

      Cette prise de conscience a conduit à des appels à inscrire le consentement dans la loi, exigeant que les agresseurs présumés prouvent avoir obtenu un accord explicite avant tout acte sexuel.

      Le slogan "Jamais sans mon consentement" est devenu un cri de ralliement dans les cortèges féministes.

      2. La Compréhension du Consentement : Défis et Manques

      • Malgré son importance croissante, la compréhension du consentement reste un défi, en particulier chez les jeunes.

      Pauline, victime de viol à 14 ans par son premier petit ami, témoigne de la difficulté à identifier le viol et à en parler, d'autant plus en l'absence d'éducation sexuelle adéquate : "Je savais pas ce que c'était les rapports.

      Donc pour moi c'était un peu la norme entre guillemets... je savais pas trop comment en parler et après j'ai mis du temps avant de d'accepter aussi le terme viol parce que c'est un mot quand même très fort."

      Elle évoque aussi l'influence de la pornographie, qui "ne parle pas du tout" du consentement à cet âge.

      Les témoignages révèlent que le "non" n'est pas toujours respecté, et que la peur peut paralyser les victimes, comme Elodie qui a été agressée sexuellement à 17 ans : "J'étais tellement peur que c'est comme si j'étais paralysée. J'arrivais pas à crier. J'étais vraiment tétanisée."

      3. L'Éducation et la Prévention : Des Outils Essentiels

      Face à ces lacunes, des interventions en milieu scolaire se multiplient. Une gendarme intervient dans un collège pour expliquer le consentement aux élèves de 3ème.

      Elle définit l'agression sexuelle comme "le fait de toucher les parties intimes sans consentement, sans son autorisation."

      Elle insiste sur la clarté du "oui" ou du "non", verbal ou par des gestes, et surtout, sur le fait qu'en l'absence de réponse, il faut considérer que c'est un "non".

      L'importance de parler "sans cacher les mots" est soulignée par la gendarme, car "on a beau dire non du plus plus fort qu'on peut, si l'autre en face n'entend pas, il fera quand même ce qu'il a envie de faire qui est illégal."

      Ces interventions sont jugées cruciales, car la discussion sur le consentement est "très peu abordée aussi bien par les parents à la maison qui peuvent être embarrassés... et même les établissements scolaires sont parfois dépourvus de moyens."

      4. La Réalité des Violences Sexuelles : Souvent le Fait de Proches

      Un point crucial est la démystification de l'image de l'agresseur. Contrairement à l'imaginaire collectif, un violeur n'est pas toujours un inconnu armé : "Dans 90 % des cas, l'agresseur connaît sa victime.

      Dans la moitié des cas, c'est son partenaire ou un ex amoureux." De plus, les femmes sont majoritairement les victimes, avec 91% des auteurs de violences sexuelles étant des hommes.

      5. La Complexité Juridique et la Subjectivité du Consentement

      • Les affaires de viol sont souvent complexes, mêlant souffrances et ressentiments. L'avocat Robin Binsard souligne que la "question de la preuve est toujours au centre des débats" et que la "vérité est parfois plurielle".

      Un accusé, qui nie les viols dont il est accusé malgré la condamnation à 7 ans de prison, exprime cette ambiguïté : "La notion de consentement est pour moi acquise...

      À aucun moment, ell m'ont elles m'ont dit non clairement." Il ajoute avoir dit à une victime "C'est comme un viol, ce n'en est pas un," illustrant la "limite très fine" de la compréhension.

      • La magistrate Genola Jolicose récuse la notion de "parole contre parole", affirmant que le rôle de la cour est de "contextualiser, de comprendre que ça n'est pas simplement une situation qui nous est décrite mais en réalité un système.

      Tout ça est adossé à la culture du viol, au patriarcat, à la domination des femmes et c'est ça qui change tout."

      6. L'Inscription Légale du Consentement : L'Exemple International

      Le débat sur l'inscription du consentement dans la loi française s'inspire de législations étrangères :

      • Suède (2018) : Nécessité d'un consentement verbal ou physique.
      • Espagne (2022) : Un rapport sexuel sans consentement explicite est un viol ("solo sí es sí").
      • Canada : Premier pays à définir le consentement pénalement comme donné "librement et avec enthousiasme, continu, précis, requis pour chaque activité et éclairé". Éléonore Noël, chercheuse en sciences sociales au Canada, explique que cela change tout car l'enjeu principal n'est plus la violence ou la contrainte, mais l'absence de consentement.

      7. Changer l'Imaginaire Collectif pour une Culture du Consentement

      • Pour lutter contre la "culture du viol" et promouvoir une "culture de consentement", il est essentiel de "développer un imaginaire positif autour du consentement".

      Les films et les médias sont critiqués pour leurs représentations stéréotypées où l'insistance masculine est glorifiée et le "non" féminin est souvent interprété comme un "oui" latent.

      Des initiatives, comme l'association Sex et Consentement, proposent des supports (cartes postales, préservatifs) avec des messages explicites pour normaliser la demande de consentement.

      Les jeunes interrogés y voient un moyen de "nous forcer à réfléchir et à demander à l'autre aussi si elle est d'accord oui ou non."

      En conclusion, l'émission souligne une transformation profonde des mentalités et du cadre légal autour du consentement en France, tirant des leçons des expériences individuelles et des législations internationales pour mieux protéger les victimes et éduquer les nouvelles générations.

  4. Jun 2022