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Synthèse des auditions des responsables de la modération TikTok par la commission d’enquête
1. Structure de la modération de contenu chez TikTok
TikTok emploie une approche hybride pour la modération des contenus, combinant des systèmes automatisés (algorithmes et IA) avec l'intervention humaine.
Nikessou, responsable de la sécurité juridique, a précisé que "98 % des contenus qui violent les conditions" sont supprimés de manière proactive grâce à ces systèmes automatisés.
La modération humaine, qui implique 509 modérateurs francophones, se concentre sur les contenus les plus sensibles ou contextuels. Les contenus signalés ou devenus populaires font l'objet d'examens supplémentaires.
Cependant, il y a une diminution du nombre de modérateurs humains, passant de 634 au premier semestre à 509 au deuxième semestre.
TikTok justifie cette baisse par l'amélioration de ses outils d'IA, permettant une suppression plus rapide et cohérente des contenus problématiques, et minimisant l'exposition des utilisateurs et des employés à ces contenus.
Les modérateurs reçoivent une formation initiale et des vérifications hebdomadaires et mensuelles de leur interprétation des règles. Un soutien psychologique est également mis en place pour les modérateurs exposés à des contenus difficiles.
2. Efficacité de la modération et défis liés aux contenus problématiques
TikTok affirme que "moins de 1 % du contenu ne respecte pas les lignes directrices", mais la commission a remis en question la pertinence de ce pourcentage en raison de l'algorithme de recommandation qui peut amplifier même un faible volume de contenu problématique.
Un exemple majeur de ce défi est la tendance "Skinny Talk", qui a incité à l'anorexie et aux troubles alimentaires. TikTok a expliqué avoir initialement détecté un volume faible et un faible taux de non-conformité.
Ce n'est qu'après l'augmentation du volume et l'émergence d'une communauté centrée sur de mauvaises habitudes alimentaires que des mesures, y compris le blocage du hashtag, ont été prises.
Malgré ces efforts, des contenus problématiques liés à ce thème, comme le hashtag "fearfood", persistent, soulevant des questions sur l'efficacité de la modération et la capacité de TikTok à honorer son "obligation de résultat".
La représentante de TikTok a admis que "bien sûr, nous faisons des erreurs, c'est inévitable".
La commission a également soulevé le problème des "moyens de contournement" utilisés par les jeunes, tels que l'utilisation de symboles (ex: petit zèbre pour la scarification) pour aborder des sujets sensibles sans être détectés.
Les responsables de TikTok reconnaissent cette problématique et affirment travailler à anticiper ces contournements.
3. Gestion des signalements et relations avec les organisations externes
TikTok collabore avec des organisations comme Stop Fisha, e-Enfance, Génération Numérique et Point de Contact, qui agissent comme "signaleurs de confiance". Ces organisations bénéficient d'un canal de signalement prioritaire, assurant une réponse rapide.
Cependant, la commission a fait état de divergences entre les signalements effectués par des particuliers et ceux des organisations, ces dernières entraînant des suppressions de contenu plus fréquentes. TikTok justifie cette différence par l'expertise des signaleurs de confiance, qui aident à identifier plus précisément les violations des règles communautaires.
4. Sanction des comptes et politiques de tolérance
TikTok applique une politique de tolérance variable selon la gravité des infractions.
Les violations mineures peuvent entraîner des avertissements et des opportunités de correction, tandis que les infractions graves comme les discours de haine ou la pédopornographie entraînent une "tolérance zéro" et une interdiction immédiate.
Un document public détaillant cette gradation des sanctions existe et peut être partagé.
La commission a exprimé sa préoccupation quant à la lenteur de réaction face à des comptes d'influenceurs connus, suivis par des millions de personnes, qui diffusent des contenus problématiques (ex: propos sexistes, incitation à la violence). TikTok a souligné la difficulté d'examiner l'intégralité du contenu d'un utilisateur et le caractère contextuel des violations.
5. Modération et fonctionnalités de TikTok Live
TikTok Live est un produit de diffusion en direct où les créateurs interagissent avec leur communauté. L'équipe de modération (TNS) est la même que pour les contenus préenregistrés et agit en toute indépendance.
Des modèles dédiés sont utilisés pour détecter des signaux de violation pendant les diffusions en direct, permettant d'interrompre la vidéo ou de donner des retours aux créateurs. Les menaces à la vie sont signalées aux autorités locales.
Une fonctionnalité notable est le "Live Match", où deux ou quatre créateurs s'affrontent pendant 5 minutes, accumulant des points via des cadeaux virtuels et des "J'aime" du public.
Le vainqueur est celui qui a le plus de points. Les cadeaux virtuels vont d'une "rose virtuelle" valant environ 5 centimes à plusieurs centaines d'euros. TikTok prélève 50 % de la valeur des cadeaux.
Les agences externes spécialisées dans le live streaming sont rémunérées par TikTok et peuvent recevoir des pénalités financières si leurs créateurs enfreignent les règles. Un "score de santé" est attribué aux agences, démarrant à 100 points et diminuant en cas de violation.
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- Préoccupations liées à l'addiction et à la protection des mineurs sur TikTok Live
La commission a exprimé de vives inquiétudes quant au caractère addictif de TikTok, en particulier des Lives. Les responsables de TikTok ont souligné plusieurs mesures de protection:
- Interdiction des Lives pour les moins de 18 ans: Les créateurs doivent vérifier leur identité (pièce d'identité et selfie) pour lancer un Live.
- Interdiction de l'envoi de cadeaux virtuels pour les mineurs: Seuls les majeurs peuvent acheter et envoyer des cadeaux.
- Limitation du temps d'écran: Les utilisateurs de 13 à 17 ans ont une limite de 60 minutes par jour, activée par défaut, avec des rappels réguliers.
- Contenu non personnalisé: Dans le cadre du DSA, TikTok propose des flux non personnalisés pour permettre aux utilisateurs de découvrir une diversité de contenus.
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Cependant, la commission a confronté TikTok à des témoignages directs de mineurs participant à des Lives et dépensant de l'argent via le compte Apple Pay de leurs parents, ou étant incités à changer leur date de naissance pour accéder à certaines fonctionnalités. La vérification de l'âge reste un défi majeur. TikTok a reconnu la persistance du problème, indiquant que "642 000 comptes" de moins de 13 ans ont été supprimés en France l'année dernière, et 6 millions par mois dans le monde.
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La commission a également interrogé le modèle de rémunération des Live, où les "top créateurs" peuvent gagner "plusieurs dizaines de milliers d'euros par mois", et la nature des "Live Match" qui, selon certains membres, s'apparentent à des "mécanismes similaires à ceux des jeux d'argent". TikTok a réfuté cette assimilation, arguant qu'il n'y a pas d'espérance de gain pour les donateurs et que les jeux d'argent sont strictement interdits.
Le remerciement des donateurs par les streamers, même s'il est considéré par TikTok comme de la "politesse", est perçu par la commission comme une "forme de gratification" et d' "encouragement au don".
7. Transparence et obligations légales
TikTok publie des rapports de transparence trimestriels et des rapports dédiés sur les demandes de retrait gouvernementales, les demandes d'information, les suppressions pour propriété intellectuelle, la lutte contre les opérations d'influence et les abus sexuels sur mineurs.
La plateforme est également soumise aux obligations du DSA (Digital Services Act) et du code de pratique de lutte contre la désinformation de l'Union européenne.
Conclusion
- L'audition a mis en lumière la complexité de la modération de contenu sur une plateforme de l'ampleur de TikTok, confrontée à la fois à des défis technologiques (détection de contournements, vérification de l'âge) et humains (volume de contenu, contexte culturel).
Si TikTok a détaillé ses efforts en matière de sécurité et de conformité réglementaire, la commission a exprimé de fortes réserves quant à l'efficacité réelle de ces mesures, en particulier concernant la protection des mineurs et la persistance de contenus problématiques.
Des informations complémentaires ont été demandées à TikTok par écrit, avec la possibilité d'une reconvocation en cas de non-fourniture ou de divergence des réponses.
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Compte-Rendu d'Audition des Responsables de TikTok France
Contexte de l'Audition et Objectifs * L'audition vise à examiner le modèle économique, les stratégies de contenu, les mesures de sécurité et de modération de TikTok en France, ainsi que son impact sur les mineurs. Les représentantes de TikTok, * Marlène Masure (Responsable du contenu, Europe, Moyen-Orient, Afrique) et * Marie Hugon (Responsable des enquêtes réglementaires européennes), ont prêté serment de dire la vérité.
L'objectif de la commission est d'obtenir des informations précises et d'éviter les redites avec les auditions précédentes.
I. Activités et Positionnement de TikTok en France et en Europe
1. Portée et Mission de TikTok :
- TikTok compte 25 millions d'utilisateurs actifs chaque mois en France et plus de 175 millions en Europe.
- La plateforme se positionne comme un "tremplin pour des milliers de créateurs et professionnels" et une "véritable vitrine sur le monde".
- L'objectif est d'encourager la création de contenus "créatifs, éducatifs, divertissants, de qualité au service d'une communauté très engagée".
- TikTok affirme soutenir les contenus "utiles et positifs" et veiller à la "sécurité et au bien-être de notre communauté", agissant "en responsabilité".
2. Partenariats et Contenus Promus :
- TikTok collabore avec plus de 250 médias (Le Monde, France Info, AFP, etc.) pour les aider à "développer leur audience en favorisant l'interaction avec de nouveaux publics".
- Des partenariats sont établis avec des acteurs de la culture, du sport (ex: Tour de France, JO Paris 2024, INA).
- L'entreprise soutient activement les créateurs de contenu, notamment à travers des initiatives éducatives :
- Fil STEM (Sciences, Technologies, Ingénierie, Mathématiques) lancé en avril 2024, consulté par 27% des utilisateurs de moins de 18 ans au moins une fois par semaine en France. Les moins de 18 ans le voient par défaut.
- Programme "Apprendre sur TikTok" : valorise "toutes les formes de savoir", a généré plus de 5 milliards de vues depuis son lancement en 2023 grâce à 250 000 vidéos éducatives.
- Marlène Masure mentionne travailler avec une sélection de 1000 créateurs et 400 partenaires pour créer du contenu jugé "intéressant" et "utile".
II. Engagement Réglementaire et Mesures de Sécurité
1. Conformité au DSA (Digital Services Act) et Transparence :
- TikTok a été désignée "très grande plateforme" (VLOP) par la Commission européenne en avril 2023.
- L'entreprise soutient le DSA, le considérant comme une "avancée majeure" pour le secteur.
- TikTok réalise des "évaluations détaillées des risques systémiques", notamment liés à la protection des mineurs, et met en œuvre des "mesures d'atténuation raisonnable, proportionnée et efficace".
- Cela inclut l'ajustement des conditions d'utilisation, le renforcement des politiques de modération, la modification des systèmes de recommandation et la promotion de l'éducation aux médias.
- Des audits externes et indépendants et des rapports de transparence (nombre d'utilisateurs actifs, suppressions proactives de contenus illégaux) sont publiés annuellement.
- En France, 91% des contenus problématiques sont supprimés avant même d'être vus. TikTok emploie 509 modérateurs en langue française et des milliers en Europe.
2. Mesures Spécifiques pour la Protection des Mineurs :
- TikTok applique une "approche ferme et globale" avec des "politiques de tolérance zéro", des "technologies innovantes", des "fonctionnalités de contrôles intégrées" et des "ressources pédagogiques".
- Contenus sensibles : les contenus classifiés "matures" ne sont pas proposés aux mineurs et peuvent ne pas apparaître dans le "Pour Toi".
- Contenu créé par des mineurs : le contenu créé par des moins de 16 ans n'est pas éligible aux recommandations (pas dans le "Pour Toi").
- Publicité personnalisée : n'existe plus pour les 13-17 ans depuis août 2023.
- Gestion du temps d'écran :
- TikTok a été "la première plateforme à proposer cette limite de 60 minutes de temps d'écran pour les mineurs". Si le contrôle parental est activé, l'enfant est bloqué après 60 minutes, seul le parent peut prolonger. Sans contrôle parental, l'enfant peut choisir de prolonger.
- Notifications push désactivées automatiquement entre 21h et 8h pour les 13-15 ans, et entre 22h et 8h pour les 16-17 ans.
- Outils de contrôle parental ("Mode Connexion Famille") : permettent de filtrer des mots-clés, gérer le temps d'écran, le type de personnes pouvant interagir, et bloquer des heures d'accès.
- Marlène Masure insiste sur la "culture du feedback" et l'écoute des retours des partenaires, associations et experts pour améliorer la sécurité.
3. Gestion des Données (Projet Clover) :
- TikTok a investi 1,2 milliard de dollars dans le "projet Clover" pour la souveraineté numérique, visant à localiser les données personnelles des utilisateurs européens en Europe (data centers à Dublin, en Finlande, en Norvège).
- Ce projet est validé par un tiers de confiance, NCC. Actuellement, certaines données sont encore hébergées dans des pays ayant des accords avec l'UE (États-Unis, Singapour) en attendant le transfert complet.
III. Défis et Points de Tension
1. Contradiction entre Propos et Témoignages :
- Les rapporteuses confrontent les représentantes de TikTok avec de nombreux témoignages de jeunes et d'enseignants décrivant des expériences négatives : addiction, spirale de contenu toxique (liés à la dépression, l'hypersexualisation, le racisme, le sexisme, les violences), développement de complexes, idées noires, troubles du sommeil, désintérêt scolaire, perte d'esprit critique, isolement social.
- "L'algorithme a amplifié mon état en m'inondant de contenu en lien avec ma détresse il savait exactement ce que je ressentais et il me le servait en boucle ce qui était un divertissement est devenu un piège et j'ai mis des mois à m'en sortir" (Thibault, 20 ans).
- "Aujourd'hui TikTok est saturé de contenus violents dégradants sexualisés ou tout simplement toxique" (Manon, 20 ans).
- Une enseignante : "il est urgent de protéger nos enfants de cette addiction Leurs parents n'étant pas toujours au courant ou conscient de l'emprise de TikTok sur leur façon de penser ou de ne plus penser par eux-mêmes".
- Les représentantes reconnaissent l'importance de ces témoignages mais nuancent, soulignant l'existence de témoignages positifs de créateurs ayant trouvé soutien, créé des entreprises ou bénéficié des programmes éducatifs. Elles affirment que le problème dépasse TikTok et concerne l'usage du numérique en général.
2. Fonctionnement de l'Algorithme et "Bulles de Contenu" :
- L'algorithme de TikTok est basé sur les "centres d'intérêt" et non les connexions sociales, recommandant du contenu en fonction des consommations passées de l'utilisateur et d'utilisateurs similaires.
- Les rapporteuses expriment leur préoccupation face à l'enfermement dans des "bulles de contenu" et la promotion de contenus "provocateurs" ou "choc" par l'algorithme qui privilégie l'"attention" plutôt que les "intentions profondes" ou la "raison".
- Elles évoquent l'infinit scrolling comme une spécificité addictive de TikTok.
- TikTok affirme avoir des "principes de dispersion des contenus" pour éviter la répétition excessive de contenus sensibles.
- Concernant la recommandation de contenus éducatifs, TikTok encourage l'utilisation de hashtags comme #apprendresurTikTok et soutient des médias et créateurs qualitatifs. Elles citent l'exemple de BookTok, une "très belle histoire" de communauté littéraire, bien que les rapporteuses mentionnent des articles de presse faisant état de la présence de "Dark Romance" hypersexualisée et violente sur cette tendance.
3. Efficacité de la Modération et Contournement des Règles :
- TikTok se dit en "permanence en train de rééduquer nos algorithmes" pour détecter les mots-clés détournés (ex: "algospeak", substitution de lettres par des chiffres ou émoticônes).
- Cependant, des tests effectués par la commission montrent que des recherches avec des mots-clés détournés (ex: "scarification" avec un "c", "zèbre" pour scarification, "Suisse" pour suicide) donnent toujours accès à des contenus problématiques, même après signalement.
- Les rapporteuses dénoncent le manque de réactivité de TikTok et l'insuffisance des messages de prévention pour des recherches telles que "je veux mourir" ou "comment se pendre".
- Elles soulignent que l'obligation de TikTok est une "obligation de résultat" pour la protection des enfants, pas seulement une "obligation de moyens".
4. Vérification de l'Âge et Comptes de Mineurs :
- TikTok reconnaît avoir supprimé 642 000 comptes en France (sur la période 2024-2024) de moins de 13 ans n'ayant pas pu prouver leur âge, ce qui atteste que "beaucoup de jeunes mentent sur leur âge".
- Cependant, TikTok ne dispose pas de statistiques précises sur le pourcentage de mineurs réels sur la plateforme ni sur l'activation des outils de contrôle parental par les comptes de mineurs identifiés.
- Elles déclarent que la vérification de l'âge à l'inscription est déclarative et qu'il n'y a pas d'obligation réglementaire européenne pour une vérification plus stricte.
- Les rapporteuses critiquent cette passivité, suggérant que TikTok pourrait être "plus responsable que les autres" en mettant en place une vérification d'âge a priori, même imparfaite (comme la solution "Connet" proposée par l'Éducation Nationale et refusée par TikTok).
- Elles estiment que la réalité des mineurs sur la plateforme est que "deux tiers d'entre eux sont inscrits comme des majeurs" et ont accès à des contenus inappropriés.
5. Différences avec Douyin (version chinoise) :
- Les représentantes de TikTok affirment que Douyin est une application "complètement différente" gérée par des équipes chinoises, et qu'elles n'ont pas de lien ni de connaissance approfondie de ce produit, ce qui limite leur capacité à commenter ses mécanismes de protection des mineurs.
6. Influenceurs Problématiques et Signalement :
- La commission s'interroge sur la lenteur de la réaction de TikTok face à des influenceurs problématiques très suivis (ex: Ad Laurent, Alexis Chens) qui ont été signalés par des associations (Stop Fisha) ou des personnalités politiques (Aurore Berger).
- TikTok affirme avoir été "les premiers" à retirer certains comptes, mais reconnaît des systèmes de "graduation" avant le bannissement. Elles estiment que l'intervention médiatique met "un coup de pression" mais que des processus réglementaires existent.
- Les rapporteuses regrettent que les signalements d'individus soient moins bien traités que ceux d'organisations.
IV. Conclusion et Perspectives
- Les représentantes de TikTok réitèrent leur engagement continu pour la sécurité, l'amélioration des outils et la collaboration avec les régulateurs, associations et chercheurs. Elles soulignent les investissements massifs dans la sécurité et les efforts de modération (plus de 6 millions de vidéos supprimées en France en 2024).
- Elles reconnaissent que "cette marge d'erreur on l'accepte pas" et "on travaille pour lutter contre effectivement des contenus qui peuvent créer des drames".
- Elles rappellent la "fierté de ce que la plateforme offre comme opportunité" et son rôle dans la "création de valeur", "d'engagement" et de "carrières".
- La commission exprime une "frustration" face aux réponses, estimant que les mesures de TikTok ne sont pas à la hauteur de la "dépendance très très forte des mineurs" et des "drames évitables" (suicides, scarifications).
- La commission avertit qu'en l'absence d'"amélioration effective", l'interdiction de la plateforme pourrait devenir une option si des vies d'enfants continuent d'être affectées.
- Des questions importantes sur le modèle économique (revenus des lives, part des revenus publicitaires) restent sans réponse et pourraient mener à une nouvelle audition.
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Compte Rendu Détaillé de l'Audition de la Présidente du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE)
- Ce document résume les points clés et les thèmes principaux abordés lors de l'audition de la Présidente du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) par la délégation aux droits des femmes.
Il met en lumière les priorités du HCE, ses travaux récents et futurs, ainsi que les préoccupations soulevées par les parlementaires.
I. Priorités et Rapports Clés du HCE
La Présidente du HCE a souligné le rôle du Conseil comme « interlocuteur de premier plan pour les pouvoirs publics » et « moteur du débat démocratique sur les droits des femmes et les questions de genre ».
Elle a mis en avant les domaines d'intervention du HCE et les synergies possibles avec les travaux parlementaires.
A. Le Sexisme en France : Un état des lieux alarmant et polarisé
- Rapport Majeur 2025 : Le rapport principal du HCE pour 2025 porte sur l'état des lieux du sexisme en France, publié le 20 janvier dernier. Basé sur un baromètre et des questions posées à plus de 3000 Français, il vise à évaluer l'évolution du sexisme.
- Polarisation de la société : Le rapport a révélé une forte polarisation sur les questions d'égalité et de sexisme.
- Jeunes femmes : Elles sont « de plus en plus conscientes que leur vie au quotidien est plus difficile que celle des hommes » et sont « plus engagées sur ces questions, plus sensibles au féminisme et au combat pour l'égalité des genres ».
- Jeunes hommes : À l'inverse, ils « expriment un sentiment d'incompréhension des évolutions de la société voire de rejet », étant « de plus en plus attirés par les idées sexistes et masculinistes ».
- Pilier du sexisme persistant : L'éducation : Une conclusion majeure est que « l'éducation était l'un des piliers de ce sexisme persistant et qu'il fallait agir de toute urgence ».
- Appel aux ÉVARS : Le HCE appelle depuis des années à l'adoption d'un programme d'éducation à l'égalité, les cours à la vie affective, relationnelle et à la sexualité (ÉVARS). Ces cours permettraient de « déconstruire les stéréotypes et les normes sociales inégalitaires qui favorisent ce sexisme ».
- Déploiement des ÉVARS : Moins de 15 % des élèves en bénéficient actuellement, malgré leur caractère obligatoire depuis 2001.
La Présidente se réjouit de l'annonce par la Ministre de l'Éducation nationale du déploiement de ce programme dès la prochaine rentrée, car 9 Français sur 10 y sont favorables, et 70 % le considèrent comme la mesure la plus efficace.
B. La Parentalité : L'« éléphant dans la pièce » des inégalités professionnelles
- Facteur structurant des inégalités : Les inégalités liées à la naissance sont un « moment clé de cristallisation des inégalités pro entre les pères et les mères » et l'un des « facteurs les plus structurants des inégalités de salaire et de carrière ». La Présidente le qualifie d'« éléphant dans la pièce ».
- Chiffres alarmants :Les écarts de revenus salariaux sont plus marqués entre parents, les mères ayant des temps de travail et des salaires « nettement inférieurs aux pères », ces écarts augmentant avec le nombre d'enfants.
- Les mères salariées du secteur privé subissent une perte salariale d'environ 20 % cinq ans après la naissance, et jusqu'à 40 % pour les salaires les plus bas.
- Les ajustements professionnels après l'arrivée d'un enfant sont 10 fois plus importants pour les mères.
- 95,6 % des congés parentaux sont pris par les femmes, 70 % des tâches domestiques sont réalisées par les femmes, et 80 % des salariés à temps partiel sont des femmes.
- Seulement 42,6 % des cadres sont des femmes, alors qu'elles sont plus diplômées que les hommes.
- Réforme du congé parental : Le HCE préconise une réforme du congé parental, notamment la « réduction du temps mais qui soit mieux rémunéré pour qu'on ait davantage d'hommes à le prendre ».
- Congé paternité : Le HCE s'interroge sur l'allongement du congé paternité à l'égalité du congé maternité, considérant que le congé maternité est aussi un temps de récupération pour la mère.
Il souligne l'importance de le rendre accessible à toutes les catégories sociales, car il est moins pris par les plus précaires.
C. Parité dans l'Encadrement Sportif : Un angle mort à combler
- Sous-représentation des femmes : Bien que la pratique sportive des femmes progresse (moins de 40 % des licences en 2024), elles restent sous-représentées dans les disciplines fédérales de haut niveau et, surtout, dans les rôles décisionnaires.
- 46 % des bénévoles sont des femmes, mais seulement 34 % des dirigeants de structure sportive.
- Seulement 33 % des encadrants sportifs sont des femmes, un chiffre en baisse.
- Problème de formation : Les femmes représentent seulement 32 % des étudiants en filières STAPS, et 20 % dans les filières d'entraînement sportif.
- Recommandations urgentes :Instauration de « coprésidences mixtes des fédérations sportives nationales agréées » pour lutter contre le « plafond de verre » et les pressions subies par les femmes dirigeantes.
- Création d'un programme d'accompagnement des jeunes filles vers le management et l'encadrement sportif.
- Objectif de 25 % de femmes dans les filières STAPS d'ici 2026, et 40 % d'ici 2030.
- Mise en place de « budgets sensibles au genre » au niveau communal et municipal pour inciter la féminisation des clubs à la base.
D. Lutte contre les Violences Sexuelles et Sexistes : Améliorer la prise en charge judiciaire
La commission "violences faites aux femmes" du HCE a travaillé sur le traitement judiciaire des viols et agressions sexuelles et rendra ses conclusions et recommandations publiques prochainement, visant une « meilleure prise en charge des victimes ».
II. Discussions et Questions des Parlementaires
Les parlementaires ont salué la qualité des travaux du HCE et ont soulevé des questions spécifiques, souvent en écho aux préoccupations du Conseil.
A. Parité Sportive et Accompagnement Local
- Graziella Melker (Groupe Ensemble pour la République) : A souligné le « cercle vicieux du sexisme dans le sport » et la nécessité de travailler à l'échelle locale pour accompagner les femmes confrontées à des situations de violence ou de manque de soutien dans les instances régionales.
B. Pénalité Parentale et Réforme des Congés
- Sarah Lin (Groupe La France Insoumise) et Delphine Ligoman (Groupe Les Démocrates) : Co-rapporteures d'une mission d'information sur la parentalité, elles ont rappelé que 90 % des inégalités de revenus entre femmes et hommes sont liées à la parentalité.
- Réforme du congé paternité : Elles ont interrogé le HCE sur l'efficacité du congé paternité comme outil pour un partage égalitaire, suggérant une augmentation de la part automatique obligatoire et une partie de ce congé à l'issue du congé maternité.
- Mères solos : Elles ont demandé des pistes de réflexion pour les mères solos, qui subissent encore plus fortement la pénalité parentale.
- Parentalité en entreprise : Delphine Ligoman a interrogé sur les leviers pour inciter les entreprises à mieux intégrer la parentalité, proposant la généralisation d'une charte de la parentalité, l'intégration de la parentalité dans l'index égalité professionnelle, et une reprise progressive après les congés liés à la naissance.
- Réponse du HCE sur la parentalité :La Présidente du HCE souhaite que le Conseil travaille davantage sur la parentalité, reconnaissant que le sujet n'a pas été « spécifiquement traité jusqu'à [présent] ».
- Elle confirme l'importance de la réforme du congé parental, visant une réduction du temps mais une meilleure rémunération pour inciter les hommes à le prendre.
- Elle exprime des doutes sur l'allongement du congé paternité à la même durée que le congé maternité, considérant que le congé maternité est aussi un temps de récupération pour la mère.
- Elle souligne l'importance de toucher toutes les catégories sociales et s'inquiète de la situation des modes de garde en France, qualifiant la disparition prochaine de 40 % des assistantes maternelles de « bombe à retardement ».
C. Diplomatie Féministe et Soutien aux Associations
- Sénine Thiebau Martinez (Groupe Socialiste) : A interrogé sur l'impact de l'élection de Donald Trump sur la diplomatie féministe et la diminution des moyens pour les ONG. Elle a demandé si le HCE a été saisi de la question d'un événement sur la diplomatie féministe en France et sa position sur le sujet. Elle a également demandé si le HCE allait se saisir de l'étude de la Fondation des femmes sur la seniorité des femmes.
- Réponse du HCE sur la diplomatie féministe :La Présidente a confirmé la tenue d'un événement à l'automne et la participation du HCE.
- Elle a souligné le rôle important de la France et la volonté du HCE de travailler avec son homologue canadien pour porter la diplomatie féministe dans les pays francophones, notamment par la coordination des budgets et des actions des ambassadeurs.
- Le HCE a recommandé de pérenniser les budgets alloués à ces politiques.
D. Conséquences Genrées de la COVID et Santé Mentale des Femmes
- Sandrine Rousseau (Groupe Les Écologistes) et Cécile Violande (Groupe Horizon et apparentés) : Ont soulevé la question des conséquences genrées de la gestion de la COVID-19, notamment la dégradation de la santé mentale des femmes et des jeunes femmes liée à l'exposition aux violences intrafamiliales. Elles ont appelé le HCE à se saisir de ce sujet.
- Réponse du HCE sur la santé mentale :La Présidente a reconnu l'importance du lien et a exprimé le souhait de travailler sur la « santé des femmes », notamment sur le « burnout des femmes », lié à la charge mentale et aux contraintes qu'elles subissent.
- Elle envisage des travaux interdisciplinaires au sein du HCE sur la santé des femmes, « tout au long de la vie », des menstruations à l'âgisme.
E. Soutien aux Associations Féministes et Âgisme
- Sandrine Rousseau : A exprimé son inquiétude quant aux menaces pesant sur les associations féministes (Planning Familial, CIDFF) et leur financement, alors même que l'IVG est inscrit dans la Constitution.
- Réponse du HCE sur les associations : La Présidente a reconnu les « difficultés réelles de financement » de ces associations, les qualifiant d'« indispensables » et de « clé », et a affirmé que le HCE ne peut pas travailler sans elles.
F. Contraception Masculine
- Cécile Violande : A demandé si le HCE se saisissait des travaux sur la contraception masculine.
- Réponse du HCE : La Présidente a indiqué que des travaux avaient été engagés avant son arrivée mais qu'ils n'avaient pas été publiés car « la nature du rapport ne convenait pas à ceux qui avaient engagé le rapport » et qu'il ne faisait pas consensus parmi les co-signataires.
Elle a reconnu que c'est un sujet à regarder, car la contraception reste « à la charge aujourd'hui des femmes et ressenti comme une contrainte féminine ».
III. Perspectives et Orientations Futures du HCE
La Présidente a réaffirmé sa volonté de redonner au HCE toute sa force dans le débat public et politique.
- Décentralisation : Le HCE s'engage à se « déplacer partout en France » et non plus être une « instance très parisienne ».
- Nouveaux travaux : L'arrivée de nouveaux membres permettra de décider rapidement des prochains travaux. Des sollicitations fortes concernent notamment l'intelligence artificielle, un sujet sur lequel le HCE n'a pas encore travaillé.
- Interdisciplinarité : La Présidente souhaite développer les collaborations entre les différentes formations et commissions du HCE, à l'image des travaux parlementaires.
- Importance de l'éducation : Elle a insisté sur la nécessité de « déconstruire un certain nombre de stéréotypes » dès le plus jeune âge, soulignant que les inégalités sont présentes dès 6 ans. Elle a mis en évidence le rôle des ÉVARS, mais aussi l'importance de changer les mentalités des futurs parents et d'agir sur les contenus numériques, la littérature jeunesse, les films et les séries.
- Budget sensible au genre : La Présidente a salué l'annonce du travail sur un budget sensible au genre par trois ministères (Égalité, Budget, Éducation nationale) et a insisté pour que cela ne se limite pas à l'État, mais soit appliqué aussi aux collectivités locales.
Elle a pris l'exemple des budgets alloués au sport, souvent déséquilibrés en faveur des pratiques masculines.
- Sanctions : La Présidente a regretté le manque de sanctions pour la non-application de l'index égalité professionnelle.
En conclusion, la Présidente du HCE a réaffirmé l'engagement du Conseil à éclairer le débat public et à faire avancer l'égalité réelle, en se concentrant sur des sujets structurants comme le sexisme, la parentalité, la parité sportive et la santé des femmes, tout en cherchant à impliquer l'ensemble des acteurs de la société.
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Synthèse des Priorités et Défis de la Haute-Commissaire à l'Enfance
- La Haute-Commissaire à l'Enfance présente sa feuille de route en soulignant la mission fondamentale de son Haut-Commissariat : coordonner les politiques publiques pour placer l'enfant au cœur des réflexions, en sortant des "silos" administratifs habituels.
La Haute-Commissaire insiste sur l'importance de l'interministérialité et de la pluridisciplinarité professionnelle comme leviers pour répondre aux défis complexes liés à l'enfance.
1. Mission et Définition de l'Enfance
- Rôle du Haut-Commissariat : Créé en février, le Haut-Commissariat à l'enfance vise à remédier aux "faiblesses dans nos politiques de protection et de prévention" en renforçant l'interministérialité.
L'objectif est de "penser autrement ces politiques publiques et donc de coordonner en étant d'une certaine manière le garant que l'enfant était au cœur et du coup il était au centre de ses réflexions".
Il réunit tous les acteurs (associatifs, administrations, éducatifs).
- Définition de l'enfant : La définition retenue est celle de l'article 1er de la Convention relative aux droits des enfants de 1989, couvrant "de la naissance à finalement la majorité", incluant la petite enfance (0-3 ans) et l'adolescence.
2. Priorités Thématiques et Actions Engagées
La Haute-Commissaire aborde plusieurs chantiers prioritaires, souvent interdépendants :
Service Public de la Petite Enfance (0-3 ans) :
- Problématiques : Manque de places et besoin d'améliorer la qualité et la compétence. Forte demande de reconnaissance des professionnels.
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Actions : Travail sur l'attractivité des métiers (VAE inversée, accompagnement des formations), aides aux communes pour la montée en charge des compétences, collaboration avec les fédérations pour la prochaine COG (Convention d'Objectifs et de Gestion), expérimentation de "solutions hybrides" comme les crèches familiales ou scolaires.
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Écrans en petite enfance : Publication d'un "référentiel qualité" interdisant les écrans dans les lieux d'accueil des 0-3 ans, posant des règles claires et accompagnant les PMI.
Soutien à la Parentalité :
- Considéré comme "un des outils (...) les plus puissants en terme de prévention et d'accompagnement".
- Plan National de Soutien à la Parentalité : En cours de finalisation, il vise à "reposer (...) des repères, des soutiens, des espaces de dialogue avec les parents" face aux nouveaux défis, notamment numériques. Refonte du site "Je protège mon enfant".
Adoption et Accès aux Origines : * Adoption : Améliorer les pratiques professionnelles pour accélérer les procédures et la mise en œuvre du "fichier national des familles adoptantes". Diffuser les outils législatifs existants (Loi Limon sur l'adoption simple). * Accueil durable bénévole/Tiers digne de confiance : Étude des différentes hypothèses, en soulignant l'importance de l'accompagnement spécialisé pour les familles adoptantes si elles envisagent un accueil durable, et la nécessité de "remuscler toutes les possibilités" d'accueil.
Recherche des "familles de cœur" pour apporter stabilité et favoriser la désinstitutionnalisation.
- Accès et Droit aux Origines : Réflexion sur la place des tests ADN (actuellement non autorisés en France sauf décision de justice), en raison des demandes des associations d'enfants.
Reposer la question compte tenu des nouvelles réalités et de l'évolution législative en Europe.
Lutte contre les Violences Faites aux Enfants :
- Urgence : Constat d'une augmentation des alertes sur des violences, notamment chez les nourrissons.
- Actions : Diffusion prochaine d'un questionnaire national pour "objectiver cette évolution et spécifier ces violences" (sexuelles, intrafamiliales, institutionnelles, physiques, psychologiques).
Poursuite des travaux de prévention, détection des "signaux faibles", et capacité à "mieux accueillir la parole des enfants".
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Prise en charge : Déploiement des "Unités d'accueil spécialisées pour les enfants" (UEJ) dans toutes les juridictions, coordination du soin médical, psychologique, social et judiciaire. Renforcement du 119 (campagne d'information, amélioration des canaux dont le chat, traitement des rappels et priorisation).
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Loi Votrein : Projet de loi en préparation par la Ministre Votrein proposant des mesures concrètes : autorisation du cumul d'activité pour l'accueil familial, droit au répit, réinterrogation des modalités d'indemnisation (y compris pour l'accueil durable bénévole), reconnaissance du tiers digne de confiance.
Enjeux Numériques et Écrans :
- Constat : Présence accrue des écrans (70% des 8-10 ans sur réseaux sociaux), explosion du cyberharcèlement, conséquences documentées (addictions, santé mentale, obésité, troubles de l'apprentissage).
- Réponses :Éducation numérique : Essentielle, avec des travaux pour une cohérence des messages portés par l'Éducation Nationale et l'éducation populaire.
- École : Saisine de l'Inspection de l'Éducation Nationale pour un rapport sur les ENT (Environnements Numériques de Travail), visant un "droit à la déconnexion pour les parents et pour les enfants" (pas d'information réactualisée entre 20h et 7h, fermeture le weekend). Généralisation de la "pause numérique" (pas de portable au collège).
- Réseaux Sociaux : Mise en œuvre de la loi Marcangelie interdisant les réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Négociations européennes (Digital Service Act), avec une "coalition nouvelle" pour aller dans ce sens.
- Contrôle d'identité et d'âge : Stabilisation de l'outil technique grâce à l'ARCOM et des structures comme Docapost, permettant un contrôle fiable de l'âge.
Cela a conduit au départ de certaines plateformes pornographiques ne souhaitant pas utiliser ces outils. Projet de "mini wallet européen".
- Place de l'Enfant dans l'Espace Public : Engagement du Haut-Commissariat pour le respect des droits des enfants et leur place dans le débat public.
Suivi des travaux de la Convention Citoyenne sur les temps de l'enfant avec la participation d'enfants.
3. Défis et Critiques Adressées à la Haute-Commissaire
Plusieurs députés expriment des préoccupations majeures, remettant en question l'action et les moyens du Haut-Commissariat :
- Crise de l'Enfance en France : Caroline Parmentier dénonce un "état catastrophique" de l'enfance, l'absence de ministre dédié et la multiplication des drames (crèches, pauvreté infantile, dysfonctionnements de l'ASE).
Elle questionne l'investissement total de la Haute-Commissaire, engagée dans la campagne des municipales.
- Manque de Volontarisme et de Moyens : Arnaud Bonet juge les propositions de la Haute-Commissaire "dans le bon sens" mais reste "sceptique" faute de "mobilisation de l'ensemble de notre société" et de "moyens réels". Il évoque une "cécité volontaire collective" aux violences faites aux enfants.
- Problématiques Spécifiques :Cyberharcèlement lié aux prénoms : Mme Dubré alerte sur les publications péjoratives en ligne et demande des mesures.
- Mineurs Non Accompagnés (MNA) : Mme Dubré souligne le manque de données fiables, l'absence de présomption de minorité et la complexité de leur prise en charge. La Haute-Commissaire réitère la position de la France d'accueillir les enfants "quelle que soit leur situation".
- Santé Mentale des Jeunes Placés : Mme Dubré fait état d'un suivi psychologique insuffisant (40% n'en ont jamais bénéficié) et propose une meilleure formation des professionnels, un accès réel aux soins et des liens stables.
La Haute-Commissaire évoque le déploiement de "Santé Protégée Péas" et le rôle des coordinateurs.
- Défaillances de la Protection de l'Enfance (ASE) :Mme Hamdane dénonce une "politique de l'enfance symbolique, médiatique mais déconnectée de l'urgence", rappelant que 400 000 enfants sont en danger, que la France ne respecte pas ses engagements internationaux ni ses propres lois (loi Taquet inappliquée).
Elle cite le rapport accablant de la commission d'enquête sur les "manques de pilotage national, rupture de parcours, recours abusif au placement à l'hôtel".
- Mme Maximie exprime sa "colère" face à la mort d'une enfant placée (Aiden, 7 ans) et le silence public de la Haute-Commissaire et de la Ministre Votrein. Elle dénonce une inaction malgré des constats répétés. La Haute-Commissaire répond qu'elle travaille avec les acteurs concernés (ADF, départements, associations) mais ne communique pas systématiquement publiquement. Elle insiste sur la responsabilité de chacun.
- Scolarisation des Enfants Vulnérables : Mme Piron alerte sur les "délais d'inscription et d'affectation scolaire anormalement longs" pour les enfants hébergés en urgence ou vivant dans des habitats précaires, ainsi que sur la situation "dramatique" à Mayotte (5000 enfants privés d'école).
Elle demande des leviers pour garantir la scolarisation effective et la volonté d'intervenir à Mayotte. La Haute-Commissaire prend note des alertes et évoque un travail avec le Ministre des Outre-Mers pour renforcer les équipes et la priorité donnée à ces territoires.
- Moyens du Haut-Commissariat : Mme Met interroge sur les "moyens humains et financiers" du Haut-Commissariat. La Haute-Commissaire précise disposer de six conseillers directs, d'un soutien de l'Éducation Nationale, et d'un renforcement à venir par des représentants des Outre-Mers et de la Justice, pour favoriser l'interministérialité.
4. Réponse de la Haute-Commissaire aux Critiques
La Haute-Commissaire se défend des accusations de manque d'investissement ou d'action, affirmant être pleinement engagée dans sa mission de coordination. Elle insiste sur :
- La coordination des acteurs : Sa mission est de "réunir tout ce monde-là et de rappeler à chacun ses responsabilités et ses missions".
- L'évaluation et le suivi : Provoquer les contrôles nécessaires, évaluer les politiques, suivre la mise en œuvre des engagements (y compris la loi Taquet).
- La mobilisation collective : Nécessité d'une "prise de conscience générale" et que "chacun prend pleinement sa place et sa part".
- Le soutien ministériel : Souligne le soutien de la Ministre Votrein et l'organisation d'un "comité interministériel sur l'enfance" pour évaluer les politiques publiques avec des indicateurs de suivi.
- La complémentarité des actions : Défend la complémentarité entre la lutte contre le "no kids" ou la régulation des écrans et la protection de l'enfance la plus vulnérable. Elle précise que son action ne se limite pas à la communication publique.
- Les freins à l'accompagnement des jeunes majeurs : Identification de problèmes d'accès à l'identité, au logement, manque de préparation à la sortie, inégalité de traitement entre départements. Elle évoque les travaux en cours pour améliorer cet accompagnement (soutien aux associations, parrainage).
En conclusion, la Haute-Commissaire à l'Enfance se positionne comme une figure de coordination interministérielle, cherchant à décloisonner les politiques publiques pour une approche centrée sur l'enfant.
Elle met en avant des chantiers concrets sur la petite enfance, la parentalité, l'adoption, la lutte contre les violences et le numérique.
Néanmoins, elle fait face à des critiques virulentes de députés qui soulignent l'urgence d'une crise de l'enfance, le manque de moyens concrets et des défaillances institutionnelles persistantes, notamment dans la protection de l'enfance, remettant en cause l'effectivité de son action.
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Compte rendu détaillé : Rapport sur l'accompagnement à la parentalité
Ce document présente les principales thématiques, idées clés et faits importants tirés des extraits de la présentation du rapport sur l'accompagnement à la parentalité.
Thèmes principaux
- La parentalité comme enjeu majeur pour l'égalité femmes-hommes : Le rapport souligne que la parentalité dépasse la sphère intime pour devenir un facteur explicatif primordial des inégalités de revenus et de carrière, et qu'elle impacte la santé physique et mentale des femmes.
- La "pénalité maternelle" : Un concept central du rapport, décrivant la baisse significative des revenus et l'impact négatif sur la carrière des femmes après la maternité, contrastant avec l'absence d'impact pour les pères.
- Les stéréotypes de genre persistants et leurs conséquences : Le rapport met en évidence la persistance des rôles traditionnels où la mère est perçue comme le "parent principal" et le père comme un "parent auxiliaire", menant à une surcharge des tâches domestiques et parentales pour les femmes.
- La nécessité de réformes structurelles et de changements de mentalités : Pour parvenir à une parentalité égalitaire, le rapport préconise des mesures concrètes et des réformes structurelles, notamment concernant le congé paternité, l'organisation du travail et l'éducation aux tâches domestiques.
- L'importance de l'accompagnement post-partum et des parents d'adolescents : Le rapport identifie ces périodes comme des "zones blanches" des politiques publiques nécessitant un soutien accru pour la santé des mères et l'accompagnement des familles.
Idées et faits importants
- Impact sur les inégalités de revenus et de carrière : "La parentalité a un impact considérable sur les inégalités de revenus et de carrière.
Elle est elle en est même le principal facteur explicatif bien devant les discriminations." * 90% des inégalités de revenus entre femmes et hommes sont liées à la parentalité. * Les femmes voient leurs revenus baisser de 38% au cours des 10 premières années de l'enfant. * "Plus de 6 femmes sur 10 estiment qu'être mère est un frein à la carrière alors qu'être père ne l'est pas." * Bérangère Couillard, Présidente du HCE, a qualifié la parentalité d'"éléphant dans la pièce" concernant l'égalité professionnelle. * Impact sur la santé des femmes : "Vous évoquez à juste titre les dépressions post-partum, l'isolement, l'épuisement parental, ce sont des réalités que nous ne pouvons plus ignorer." * La dépression post-partum touche 10 à 20% des mères et est la première cause de mortalité maternelle dans l'année suivant la naissance. * La "double injonction permanente": "Travailler comme si nous n'avions pas d'enfants, élever nos enfants comme si nous ne travaillions pas" est intenable et mène au burnout parental, qui touche davantage les femmes.
Répartition inégale des tâches :
- Les femmes assument en moyenne 71% des tâches domestiques et 65% des tâches parentales.
- "Environ 60% des Français estiment encore que les mères savent mieux répondre aux besoins et aux attentes des enfants que les pères."
- 94% des congés parentaux sont pris par les mères.
- Un parent sur cinq est contraint de garder lui-même son enfant faute de solution de garde, et dans 94% des cas, c'est la mère.
Le congé paternité comme levier clé : * La durée actuelle du congé maternité est de 16 semaines, contre 28 jours pour le congé paternité, ce qui "peut consolider la dynamique d'une mère parent principal et d'un père auxiliaire". * Le rapport propose de porter progressivement le congé paternité à 16 semaines, à égalité avec le congé maternité, en s'inspirant du modèle espagnol. * En Espagne, le congé paternité a été porté à 16 semaines entre 2019 et 2021, avec un succès unanime et une augmentation systématique du taux de recours à chaque allongement. Là-bas, on parle de "congé de naissance et de soins de l'enfant". * La proposition inclut 8 semaines obligatoires dès le début (4 semaines à la naissance avec la mère, 4 semaines obligatoires après le congé maternité pour que le second parent puisse passer du temps seul avec l'enfant) et 8 semaines facultatives progressives. * Le coût de porter le congé paternité à 8 semaines obligatoires serait d'environ 820 millions d'euros (correction de la coquille "820 milliards"). Le coût maximum pour 16 semaines est estimé à 2,3 milliards. * L'allongement du congé paternité est vu comme un levier pour "lutter contre les stéréotypes de genre" et "inverser la dynamique parent principal-parent auxiliaire".
Propositions clés pour une parentalité égalitaire :
- Éducation : Mettre en place des "cours d'activités domestiques à l'école et au collège pour les garçons et les filles" pour valoriser ces compétences et lutter contre les stéréotypes. Mener des campagnes nationales de lutte contre les stéréotypes de genre.
- Soutien post-partum : Renforcer la formation des praticiens sur la dépression post-partum, prévoir une consultation facultative et remboursée à 100% avec un psychologue dans les 3 mois suivant la naissance. Créer des cercles de rencontre entre parents pour lutter contre l'isolement. Étendre le congé aidant au conjoint/conjointe d'une mère en dépression post-partum.
- Parentalité au travail : Généraliser la "charte de la parentalité" aux entreprises de plus de 50 salariés. Intégrer la parentalité dans la négociation collective sur l'égalité salariale et dans l'index égalité professionnelle.
Accorder aux parents des autorisations d'absence (4 demi-journées/an) pour participer aux moments clés de la scolarité de leurs enfants (ex: réunions parents-professeurs). Réfléchir à l'organisation du travail (horaires atypiques, réunions avant 9h ou après 18h). * Accompagnement des pères : Associer les pères au projet parental dès le désir d'enfant, consacrer une séance de préparation à la naissance au projet parental en présence du père, permettre aux pères d'assister à tous les rendez-vous médicaux si la mère le souhaite. * Interruption de grossesse : En cas d'IVG, IMG ou fausse couche avant 22 semaines d'aménorrhée, la femme devrait bénéficier d'un arrêt maladie et le conjoint pourrait demander jusqu'à 3 jours d'autorisation d'absence. * Familles monoparentales (mères solos) : Défiscaliser la pension alimentaire. Étudier la création d'un statut des familles monoparentales avec des droits associés. Ouvrir les allocations logement (APL) aux deux parents. Possibilité offerte aux mères isolées de transférer une partie de leur "congé de paternité ou d'accueil et de soins de l'enfant" à une personne de confiance de leur choix. * Accompagnement des parents d'adolescents : Élargir les lieux d'accueil parents-enfants aux adolescents, renforcer l'offre en pédopsychiatrie, travailler avec la médecine scolaire, lancer une campagne nationale sur la santé mentale des adolescents. * Coût et bénéfices : La mesure d'allongement du congé paternité, bien que coûteuse (estimée à 820 millions d'euros pour 8 semaines obligatoires et jusqu'à 2,3 milliards d'euros pour 16 semaines), est jugée "pleine de bon sens" et susceptible de générer de "nombreuses externalités positives" (meilleure participation des femmes au marché du travail, baisse du temps partiel subi, augmentation des cotisations sociales, baisse du recours au congé parental, encouragement à la natalité).
Réflexions sur le congé maternité et le temps de travail :
- La durée du congé maternité n'est pas la principale préoccupation, mais plutôt l'intégration des cotisations retraite pendant cette période. Il n'est pas proposé d'allonger le congé maternité pour ne pas éloigner davantage les mères du travail, l'objectif étant d'atteindre 6 mois garantis pour l'enfant avec ses parents via l'allongement du congé paternité.
- La réduction du temps de travail est une question complexe sans consensus, mais elle est reconnue comme une mesure féministe et favorable à l'égalité parentale, notamment observée dans les pays scandinaves.
- Prise en compte de toutes les familles : Le rapport a eu à cœur "d'intégrer toutes les familles sous toutes leurs formes", incluant les familles LGBT.
La difficulté de ces familles à voir leur rôle de parent reconnu avant l'adoption ou la naissance a été soulignée, d'où l'insistance sur la reconnaissance de la parentalité "dès le projet parental".
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- Synthèse des Thèmes Principaux
- Système de Santé en Crise et Désorganisation
- Le système de santé français, autrefois "protecteur et solidaire", ne tient plus ses promesses.
- La désorganisation est le cœur du problème, plus que le manque de moyens, qui sont pourtant limités face à des missions illimitées. "La France consacre à la santé plus que beaucoup de pays européens mais sans de meilleurs résultats car c’est avant tout l’organisation qui est défaillante et dans un système désorganisé rajouter des moyens c’est verser de l’eau dans un seau percé."
- L'épuisement des professionnels est généralisé.
- Rôle et Souffrance de l'Hôpital Public
- L'hôpital public est un pilier du "pacte républicain" et le "dernier recours quand tout vacille".
- Il souffre d'un manque de reconnaissance et est perçu comme un "gouffre financier" ou un "tableau Excel".
- Il est saturé par des missions qui ne sont pas les siennes, se substituant aux carences d'autres structures (manque de solutions à domicile, en SSR, en EHPAD). "L’hôpital est en permanence saturé de patients pour lesquels il n’est pas le lieu pertinent faute de soins et domicile ou de solutions sociales adapté."
- Les déficits hospitaliers sont quasi généralisés car le financement n'est pas à la hauteur des exigences.
- Propositions de Réorganisation Hospitalière
- Moins d'hôpital, mais mieux d'hôpital : Il ne s'agit pas de fermer des hôpitaux mais de "repenser l'offre de soins".
- Développement de l'ambulatoire et de l'HAD : Poursuivre le développement de l'hospitalisation à domicile et des activités ambulatoires.
- Réorientation des capacités : Adapter la répartition des lits au profit de la médecine polyvalente et de la gériatrie. "La solution n’est donc pas d’ouvrir à tout-va des lits de médecine aiguë mais de repenser son environnement pour améliorer l’accès aux soins hospitaliers."
- Gradation des soins : Arrêter de croire que "l'on pourra tout faire partout". La gradation des soins est une "garantie de qualité" et non une "punition territoriale".
- Gestion des lits : Impératif d'ordonnancer les parcours patients au sein des établissements et de manière solidaire entre acteurs du territoire.
- Accès aux Soins Non Programmés et Urgences
- Le recours systématique aux urgences est une "absurdité" : 30 à 40% des passages pourraient être évités.
- Les urgences sont un "symptôme mais pas la solution".
- Tous les médecins (hospitaliers et libéraux) doivent participer à l'organisation des soins non programmés, y compris en journée.
- Attractivité des Métiers de la Santé et Formation
- Le modèle hospitalier n'attire plus en raison de la contrainte et du manque de reconnaissance. "Mes propres enfants m’ont dit 'On ne restera pas à l’hôpital car on ne veut pas la vie que tu as eu.'"
- Nécessité de redonner du sens, de la reconnaissance et de la confiance aux professionnels.
- La formation doit être repensée :
- Former "autrement", ancré dans les territoires et selon les besoins réels (généralistes, gériatres, psychiatres, pédiatres).
- Développer la polyvalence et la polypathologie dans les formations.
- Intégrer des modules de management, de relations humaines et de travail en équipe dès les études médicales.
- Explorer des cursus communs et pluriprofessionnels.
- Développer de "nouveaux métiers" et les "IPA" (Infirmiers en Pratique Avancée) sont sous-exploités.
- Gouvernance et Coopération Territoriale
- La gouvernance du système est "illisible" avec trop d'intervenants et de strates.
- Les Agences Régionales de Santé (ARS) doivent être des régulateurs et des accompagnateurs des transformations, non des contrôleurs permanents.
- Nécessité de fusionner les agences d'État redondantes et d'unifier la stratégie entre le ministère et l'assurance maladie.
- Le "territoire" est le bon niveau pour organiser les parcours de soins. Un projet territorial de santé obligatoire, articulé avec les dispositifs existants (CPTS, contrats locaux de santé, GHT), est nécessaire.
- Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) :Les GHT doivent évoluer vers une "deuxième génération", en abandonnant le modèle "monolithique" actuel.
- Imaginer "plusieurs types de GHT" avec des gouvernances adaptées (personnalité morale, outils communs de décision).
- Intégrer les élus locaux dans les prises de décision territoriales.
- Développer de "vraies équipes spécialisées de territoire" capables de mutualiser les expertises.
- Coopérations : Elles ne se décrètent pas, mais nécessitent un cadre incitatif et le dépassement des peurs (peur de la fermeture, tentations économiques). "Personne n’a intérêt à agir, personne n’est incité véritablement à agir."
- Mettre fin à la dichotomie "ville-hôpital" et aux "silos étanches". La "véritable source d’efficience réside dans les coopérations étroites".
- Financement et Efficience
- Les politiques d'efficience focalisées uniquement sur la "performance financière" ont dégradé les finances hospitalières et désengagé les professionnels.
- La Tarification à l'Activité (T2A) a été un progrès mais a des limites, notamment avec les baisses de tarifs ("travailler plus pour gagner moins") et la mauvaise rémunération de certaines spécialités (maternités, réanimation).
- Il faut évoluer vers des dotations socles, des dotations populationnelles et des financements à la qualité et à la pertinence des soins. "Aujourd’hui on n’est pas incité à coopérer, on n’est pas incité à travailler avec le privé, on est incité à se concurrencer."
- Le paiement à l'acte, dans certains secteurs, "tue l'hôpital public", notamment en encourageant la création de centres de soins non programmés privés par d'anciens urgentistes hospitaliers.
- Maternités et Réorganisation
- La question de la fermeture des maternités est complexe et délicate. Il ne s'agit pas d'un simple critère de nombre d'accouchements, mais de la réunion des "trois compétences" (pédiatres, anesthésistes, gynécologues-obstétriciens) et de la sécurité des équipes et des patientes.
- Maintenir des maternités sans personnel qualifié suffisant est dangereux. "Quand on n’a pas les professionnels il est plus dangereux de fermer de laisser ouvert."
- Nécessité de réorganiser en amont pour éviter les fermetures subies et de cartographier les besoins territoriaux.
- Le "ratio" personnel/patient n'est pas la seule solution aux charges de travail ; il faut aussi considérer l'organisation, l'architecture, les équipements et le climat social.
- Numérique en Santé
- Le numérique est un "levier de la transformation hospitalière" mais est actuellement une "jungle et un désert".
- Nécessité d'un "dossier patient unique interopérable intégré entre tous les acteurs" pour un meilleur partage d'informations, la qualité, la sécurité et la qualité de vie au travail des soignants.
- La télémédecine et l'intelligence artificielle doivent être pensées comme des outils au service de l'accès aux soins, et non comme des gadgets.
- Citations Clés
- "La France consacre à la santé plus que beaucoup de pays européens mais sans de meilleurs résultats car c’est avant tout l’organisation qui est défaillante et dans un système désorganisé rajouter des moyens c’est verser de l’eau dans un seau percé." (Thierry God)
- "L’hôpital est en permanence saturé de patients pour lesquels il n’est pas le lieu pertinent faute de soins et domicile ou de solutions sociales adapté." (Thierry God)
- "Il faut moins d’hôpital mais pour mieux d’hôpital." (Thierry God)
- "La gradation des soins n’est pas une punition territoriale c’est une garantie de qualité." (Thierry God)
- "Cesson de parler de la crise des urgences les urgences sont un symptôme mais pas la solution." (Thierry God)
- "Mes propres enfants m’ont dit 'On ne restera pas à l’hôpital car on ne veut pas la vie que tu as eu.'" (Thierry God)
- "La véritable source d’efficience réside dans les coopérations étroites dans les par les acteurs par des complémentarités et par la gradation des soins moins de cloisonnement et plus de responsabilités partagées et d’incitations à agir ensemble moins de technocratie mais plus de confiance moins d’hôpital mais mieux d’hôpital." (Thierry God)
- "Diriger un hôpital c’est trois défis que nous devons relever simultanément… Le premier défi c’est améliorer continuellement la prise en charge de nos patients… Le deuxième défi… la qualité de vie au travail… Le troisième défi… avoir des établissements de santé en bonne santé financière." (Francis Saintubert)
- "Il y a des acteurs qui cumulent les avantages si vous me permettez de dire à la fois ils sont payés à l’acte et ils peuvent parfaitement choisir les secteurs les activités qu’ils veulent prendre en charge et en face vous avez des acteurs qui cumulent les contraintes ils ont des enveloppes et ils doivent tout traiter." (Francis Saintubert)
- "Un hôpital ce n’est pas un centre commercial où chaque service chaque boutique gère son profit son son activité non l’hôpital tous les services sont interdépendants." (Francis Saintubert)
- "Quand on n’a pas les professionnels il est plus dangereux de fermer de laisser ouvert." (Thierry God)
- "Personne n’a intérêt à agir, personne n’est incité véritablement à agir." (Thierry God)
- "Il faut juste donner la possibilité aux ARS d’arrêter je ne remets pas en cause tous les centres de soins non programmés à côté nous avons des centres de soins non programmés qui ont été montés avec la participation de la médecine de ville où évidemment en fonction du temps qu’il passe il y a un contrat il y a un paiement qui est lié à non pas aux actes mais à ce qu’il rendent le temps qu’il passe." (Francis Saintubert)
- En somme, les intervenants appellent à un "choc d'organisation et un choc de confiance" pour refonder un système de santé qui privilégie la pertinence, la coopération territoriale et la reconnaissance des professionnels, plutôt que de se contenter de "colmater" les brèches ou de poursuivre une logique purement comptable.
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Note de synthèse : Les différences cognitives entre les sexes
Source : Extraits de la conférence "Les différences cognitives entre les sexes : lesquelles ? pourquoi ? comment ?" animée par Franck Ramus.
Cette conférence aborde la question complexe des différences cognitives entre les sexes, en s'appuyant sur des données scientifiques pour démystifier les idées reçues et explorer les diverses causes possibles (biologiques, environnementales, sociales).
Thèmes principaux et idées clés :
1. Existence de différences cognitives moyennes et leur nature :
- Il existe des différences cognitives moyennes entre les sexes en langage, mathématiques, mémoire et attention.
- Ces différences sont souvent commentées, exagérées ou niées, mais la science cherche à comprendre leur origine et leur ampleur.
- Citation : "oui il existe des différences cognitives moyennes entre les sexes en langage en mathématiques en mémoire en attention mais ces différences sont-elles biologiques ?
quel rôle a joué notre évolution dans cette différenciation ? sont-elles construites par l'éducation ? sont-elles universelles ou liées à une époque et une culture et un environnement ?
et surtout que peut-on vraiment prouver aujourd'hui quand on interroge la réalité de ces écarts ?"
2. Le cas des performances en mathématiques chez les filles et les garçons :
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Les rapports officiels (ADEP, inspection générale) montrent que les filles sont minoritaires dans les options scientifiques au lycée et dans les filières scientifiques de l'enseignement supérieur, une situation stable depuis 20 ans après une progression.
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Des évaluations nationales récentes ont révélé que les garçons sont en moyenne plus performants en mathématiques dès le milieu du CP.
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Cet écart est spécifique aux mathématiques, car globalement, les filles ont de meilleurs résultats scolaires dans d'autres matières (français, langues, etc.).
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Ce phénomène n'est pas franco-français et s'observe dans la plupart des pays de l'OCDE (évaluations PISA), à quelques exceptions près comme la Finlande où il n'y a pas de différence ou elle est inversée.
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Citation : "dès le dès le milieu du CP il se passe quelque chose au cours du CP qui fait que tout d'un coup les filles commencent à perdre du terrain sur les garçons dans l'apprentissage des mathématiques et c'est assez spécifique aux mathématiques parce que finalement c'est dans un contexte où globalement les filles ont des meilleurs résultats scolaires que les garçons".
3. Analyse des causes potentielles des différences : un modèle multifactoriel :
- Le rapport de l'inspection générale écarte l'origine biologique des différences en mathématiques, privilégiant les causes psychologiques et sociologiques, notamment la menace du stéréotype.
Franck Ramus propose un modèle causal hypothétique incluant :
- Facteurs internes à l'individu : préférences, motivations, capacités cognitives.
- Facteurs environnementaux : influences familiales et sociales (socialisation de genre, stéréotypes, modèles).
- Facteurs biologiques précoces : génome (chromosomes sexuels), hormones sexuelles (testostérone).
- Facteurs contextuels : peuvent biaiser la mesure des performances (ex: menace du stéréotype, compétitivité).
4. Analyse critique des facteurs sociaux :
- Menace du stéréotype :Des expériences (ex: tâche de Rey-Osterrieth présentée comme test de dessin vs. géométrie) montrent que le fales it de mentionner les mathématiques peut faire baisser la performance des filles.
- Cependant, les méta-analyses et études à grande échelle récentes remettent en question sa réplicabilité et suggèrent que son effet est très faible (taille d'effet proche de 0,07 après correction des biais de publication).
- Son rôle dans les situations d'évaluation réelles n'est pas clairement établi.
- Socialisation de genre (activités genrées et organisation genrée de la famille) :Une étude sur la cohorte ELF (4000 enfants suivis de la naissance au CP) n'a trouvé aucun effet des "activités genrées" (choix de jeux, etc.) sur les performances en mathématiques.
- En revanche, l'organisation genrée de la famille (répartition stéréotypique des tâches parentales) a un petit effet sur les performances en mathématiques des filles au CP (explique environ 7% de la différence garçons-filles).
Les filles issues de familles plus stéréotypiques ont de moins bons scores.
- Influence des enseignants :Les caractéristiques des enseignants (sexe, formation) peuvent moduler les performances des filles. Un écart plus important est observé chez les filles ayant un instituteur à formation scientifique.
- Des études montrent que plus les enseignants ont des stéréotypes de genre (explicites ou implicites), plus les scores des filles en maths diminuent, sans effet sur les garçons.
- Contexte de l'évaluation (compétitivité, pression temporelle) :Les filles ont tendance à moins bien performer dans les contextes d'évaluation compétitifs ou chronométrés.
- Les garçons préfèrent davantage les tâches compétitives que les filles.
- Cependant, ce n'est pas spécifique aux mathématiques et ne semble pas entièrement expliquer les écarts observés dans les évaluations nationales.
5. La perspective évolutionnaire et les différences à travers les espèces :
- Il existe de nombreuses différences entre les sexes observables dans toutes les espèces, souvent liées à la reproduction.
- La reproduction sexuée anisogame (gamètes de tailles différentes) entraîne des stratégies reproductives différentes :
- Investissement parental : plus important pour les femelles (grossesse, allaitement).
- Potentiel reproductif : plus élevé chez les mâles (un homme peut potentiellement avoir beaucoup plus de descendants qu'une femme).
- Compétition intrasexuelle : plus forte chez les mâles, menant à la sélection de traits (taille, force, agressivité).
- Dimorphisme sexuel : différences de forme/taille (ex: mâles plus grands pour la lutte).
- Ces prédictions de la théorie de l'évolution sont vérifiées chez l'humain (critères de choix du partenaire, agressivité, violence).
- Citation : "Toutes ces prédictions de la théorie de l'évolution elles sont vérifiées non seulement dans plein d'espèces mais aussi chez l'être humain et chez la plupart des mammifères donc de ce point de vue on n'a pas l'air exceptionnel du tout".
- L'hypothèse d'une origine 100% socioconstructiviste des différences humaines est jugée "peu plausible" car elle impliquerait une annulation de l'héritage évolutif et une émergence "par hasard" de différences qui correspondent exactement aux prédictions évolutionnaires.
6. Lien entre la cognition, l'évolution et les mathématiques :
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Les mathématiques ne sont pas une capacité cognitive primaire sélectionnée, mais un objet culturel complexe.
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Capacités visuo-spatiales (rotation mentale 3D) : Les hommes sont en moyenne meilleurs.
Des études chez les bébés (3-16 mois) et des "expériences de la nature" (filles avec hyperplasie congénitale des surrénales) suggèrent une origine biologique précoce, potentiellement liée à la testostérone prénatale/postnatale.
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Citation : "c'est un indice possible que pour une capacité cognitive bien spécifique il pourrait y avoir un avantage au garçon qui soit observé dès la naissance et que peut-être il est là parce que il a été sélectionné".
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Cependant, le lien entre ces capacités spécifiques et la performance globale en mathématiques est complexe et non linéaire, car les mathématiques sollicitent de nombreuses fonctions cognitives (mémoire, raisonnement, etc.) où les avantages sont répartis entre les sexes.
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Les tests de compétences mathématiques précoces chez les bébés (dès 6 mois) ne montrent pas de différences entre garçons et filles.
7. Différences de préférences et de variabilité :
- Préférences :Les hommes ont un intérêt plus fort pour les objets et les systèmes matériels ("systématisation").
- Les femmes ont un intérêt plus fort pour les personnes et les relations sociales ("empathisation").
- Ces préférences sont observées dès le plus jeune âge (choix de jouets) avec des tailles d'effet très importantes.
- Des indices suggèrent un rôle des facteurs biologiques précoces (filles avec hyperplasie, nouveau-nés).
- Ces préférences peuvent entraîner un engagement différent dans les activités et, à terme, des différences de compétences.
- Variabilité :Les garçons/hommes présentent une plus grande variabilité dans leurs scores en mathématiques et dans la plupart des traits cognitifs et cérébraux.
- Citation : "toutes les barres qui sont au-dessus de la ligne zéro ici et ben elles disent que les garçons ont des scores de math plus variables que les filles".
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Cette plus grande variabilité masculine est expliquée par la plus grande variabilité reproductive des mâles (potentiel de descendants extrêmes), ce qui favorise la sélection de phénotypes extrêmes (très bons ou très mauvais).
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Conséquence : Même avec une moyenne égale, une plus grande variabilité masculine signifie qu'il y aura plus d'hommes aux extrêmes (à la fois les meilleurs et les moins bons), ce qui impacte les filières sélectives (ingénierie, sciences).
Conclusion générale :
- Les différences entre les sexes sont variées en ampleur et en niveaux de preuve.
- Les différences liées à la reproduction et au comportement social sont importantes et bien étayées par des preuves biologiques précoces.
- Les différences dans des capacités cognitives spécifiques sont plus petites et leurs preuves d'origine biologique précoce sont plus faibles (ex: rotation mentale 3D).
- Il n'y a pas de différence significative d'intelligence générale entre les sexes.
Concernant les différences en mathématiques :
- Les différences cognitives innées spécifiques aux mathématiques ne sont pas clairement prouvées.
- Les différences de préférence semblent être un facteur explicatif plus robuste, car elles sont précoces et peuvent influencer l'engagement et le développement des compétences.
- La socialisation de genre (notamment l'organisation genrée de la famille et les stéréotypes des enseignants) a un effet causal prouvé, bien que modeste.
- La menace du stéréotype a un effet très faible et sa réalité est débattue.
- La plus grande variabilité masculine peut expliquer la surreprésentation des garçons aux extrêmes (donc dans les filières d'excellence) même si la moyenne est similaire.
En somme, l'explication des différences en mathématiques est multifactorielle, impliquant des interactions complexes entre facteurs biologiques, environnementaux et sociaux, sans qu'aucune cause unique ne puisse tout expliquer.
La focalisation sur les mathématiques est justifiée par leur lien avec les carrières rémunératrices, mais une attention similaire devrait être portée aux difficultés des garçons en français/langage.
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Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:24:29][^2^][2]:
La vidéo présente une discussion approfondie sur la santé mentale au travail avec Samah Karaki. Elle aborde l'importance de traiter la santé mentale au travail de la même manière que dans d'autres domaines de la vie, en soulignant que le cerveau ne fait pas de distinction entre les différents environnements.
Points forts: + [00:00:15][^3^][3] Santé mentale au travail * L'importance de prendre soin de sa santé mentale * Pas de différence entre le travail et la famille pour le cerveau * L'influence de toutes les expériences vécues sur la santé mentale + [00:01:17][^4^][4] Le rôle des 'happiness officers' * Questionnement sur leur efficacité * Les besoins humains fondamentaux doivent être satisfaits * La nécessité de créer un environnement de travail sain + [00:05:01][^5^][5] La séparation entre travail et vie personnelle * Discussion sur une série télévisée dystopique * Impossibilité de séparer complètement les deux domaines * L'impact de la charge mentale des deux environnements + [00:06:02][^6^][6] Les micro-traumatismes quotidiens * Comparaison avec le stress chronique chez les animaux * L'importance de la prévention avant le soin * Alignement des environnements avec les besoins humains + [00:07:12][^7^][7] Les besoins humains fondamentaux * Discussion sur l'évolution des besoins humains * L'importance de l'autonomie, la reconnaissance et la certitude * La nécessité d'un environnement de travail qui ne menace pas ces besoins + [00:11:00][^8^][8] La productivité et le bonheur au travail * La productivité comme objectif implicite ou explicite * La stabilité émotionnelle améliore la performance * La différence entre motivations intrinsèques et extrinsèques Résumé de la vidéo [00:24:33][^1^][1] - [00:47:23][^2^][2]:
La vidéo aborde l'importance de trouver du sens dans son travail, indépendamment du poste ou de la mission. Elle souligne la nécessité d'une transparence sur les objectifs et l'utilité de chaque rôle au sein d'une entreprise. La discussion porte également sur la gestion de l'incertitude et l'importance de la reconnaissance et du respect des compétences individuelles pour prévenir le burn-out et le bore-out.
Points forts: + [00:24:33][^3^][3] Trouver du sens au travail * Importance de la connexion avec la mission de l'entreprise * Nécessité de comprendre l'utilité de son travail * Exemple de la NASA pour illustrer le sens au travail + [00:35:05][^4^][4] Le bore-out et l'épuisement professionnel * Risque d'épuisement lorsque les compétences ne sont pas sollicitées * Concept de "flow" et équilibre entre compétences et défis * Impact du bore-out sur la santé mentale et le suicide professionnel + [00:43:46][^5^][5] Gérer l'incertitude et promouvoir la diversité * Approches pour faire face à l'incertitude dans le monde professionnel * Importance de la transparence et de la tolérance à l'erreur * Valeur des profils atypiques et de la diversité des perspectives Résumé de la vidéo 00:47:25 - 00:54:35: La vidéo traite de l'importance de la diversité des perspectives et de l'écoute équitable dans le milieu professionnel pour aborder la complexité croissante du monde. Elle souligne la nécessité d'inclure des profils atypiques et de valoriser chaque voix, indépendamment du genre ou de l'apparence physique, pour apprendre les uns des autres et mieux gérer l'incertitude.
Points forts: + [00:47:25][^1^][1] Diversité des perspectives * La diversité est cruciale pour comprendre le monde complexe * Les profils atypiques apportent des vues uniques * Chaque trajectoire singulière a de la valeur + [00:48:37][^2^][2] Écoute équitable * Il est important que tous les profils se sentent légitimes à s'exprimer * L'écoute doit être sincère et non discriminatoire * L'apparence physique ne devrait pas influencer l'attention accordée + [00:50:22][^3^][3] Importance du collectif * Face à l'incertitude, la collaboration est essentielle * La discrimination positive est nécessaire mais insuffisante sans écoute active * Chaque personne a quelque chose à enseigner aux autres + [00:52:17][^4^][4] Conseils pour les leaders * Reconnaître que personne n'a toutes les réponses * Valoriser l'intelligence collective et l'expertise diverse * Encourager la formulation des bonnes questions par tous
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Briefing : Réussir son projet numérique associatif
Ce document synthétise les points clés du webinaire "[Webinaire] De l'idée à la réalisation : comment réussir votre projet numérique associatif ?", animé par Gautier Jeanzac de Pastec et une représentante de Solidatech.
Il vise à fournir une méthodologie claire et des conseils pratiques pour les associations souhaitant entreprendre un projet numérique.
I. Solidatech : Un partenaire pour la transformation numérique des associations
Solidatech est présenté comme un programme de solidarité numérique créé en 2008, porté par les Ateliers du Bocage (mouvement Emmaüs). Son objectif est de "renforcer l'impact des associations par le numérique" et "renforcer votre impact à travers une meilleure utilisation du numérique".
1. Bénéficiaires et Éligibilité :
- Principalement les associations loi 1901, mais aussi les fondations RUP, fonds de dotation, et bibliothèques publiques.
- L'inscription est gratuite et ouverte "quel que soit votre secteur d'activité, que aussi vous vous soyez bah voilà vous fonctionnez entièrement avec que des bénévoles ou au contraire des des centaines de salariés".
- Plus de 42 000 associations sont déjà inscrites.
2. Modes d'action pour accompagner les associations :
- Faciliter l'accès au numérique :Logiciels à tarifs réduits (Microsoft, Adobe, Zoom, ainsi que des solutions françaises comme Assoctoc, Spirit, Net Explorer, Insia).
- Matériel informatique reconditionné (par les Ateliers du Bocage) et neuf (grâce à des partenaires comme Cisco et Dell).
- Accompagnement au développement des usages du numérique :Centre de ressources et outil d'autodiagnostic.
- Formations (Solidatech est un organisme de formation certifié Qualiopi), webinaires thématiques mensuels.
- Newsletters.
Prestations de conseil sur mesure.
Coproduction et diffusion de savoirs :Réalisation d'une étude nationale sur la place du numérique dans le projet associatif tous les 3 ans (5e édition lancée mi-avril 2025, dernière en 2022).
II. Pastec : Expertise en conseil et développement informatique pour les projets à impact
- Gautier Jeanzac représente Pastec, une société coopérative qui est une "agence de conseil et développement en informatique" spécialisée dans l'accompagnement de "projets à impact social et ou environnemental", travaillant "beaucoup avec des associations".
1. Expertises Métiers de Pastec :
- Conseil et gestion de projet / Direction technique partagée : Aide à la conception (architecture, planning) et au pilotage du développement produit.
- Développement de produits numériques : Basé sur un cahier des charges, en "code traditionnel" ou "no code".
- Numérique responsable : Conception de services "éco-conçus", "accessibles" et "respectueux du RGPD" (Règlement Général sur la Protection des Données).
2. Rôle du Chef de Produit (Gautier Jeanzac) :
Point de convergence entre la vision du client, les attentes des utilisateurs et les possibilités techniques. Aide à piloter la vie du produit en intégrant ces différentes perspectives.
III. La formalisation du besoin : Clé de voûte du projet numérique
La transformation numérique est définie comme "l'idée d'intégrer des technologies numériques dans l'ensemble des activités de l'association".
1. Freins et Opportunités de la transformation numérique :
- Freins majeurs dans les associations : "le coût, le temps et les compétences".
- Opportunités : "améliorer l'efficacité opérationnelle, moderniser des services pour les bénéficiaires, renforcer l'impact des associations".
- Exemple : Numérisation de processus administratifs chronophages (ex: suivi des bénévoles via fichiers Excel) pour gagner du temps et "passer ce temps-là du coup on peut le passer sur ces métiers".
2. Du besoin métier au produit numérique :
- Identifier un besoin métier : Souvent issu d'un "point de douleur" (ex: "processus d'adhésion très complexe", "beaucoup de saisies manuelles").
- Question clé : "où est-ce qu'on dépense trop d'énergie et de temps ?"
- Rédiger un cahier des charges : Document "de synthèse en fait de tous ces besoins", permettant de "prendre du recul avant de vous lancer dans la dans le développement".
- C'est "le document qui vous permet d'expliquer et d'expliciter le ou les objectifs à atteindre de votre service ou de votre outil numérique".
- Sert de référence pour le développement, que ce soit avec un prestataire ou en interne.
3. Structure recommandée d'un cahier des charges (6 parties) :
- Contexte : Qui est l'association, son histoire, ses objectifs, l'origine du besoin numérique (passé, présent, futur du projet).
- Lexique : Définir les termes et acronymes propres à l'association pour une compréhension externe.
- Technique : Préciser les éléments techniques existants (langage, hébergement, développeur précédent, contraintes spécifiques, migration des données, contrat de maintenance, RGPD).
- Règles d'utilisation (User Stories) : Décrire les interactions des utilisateurs avec le service sous forme de "petites histoires". Ex: "En tant que bénévole de l'association, je souhaite pouvoir me connecter à un espace membre qui m'indique depuis combien de temps je suis bénévole". Inclure le résumé, les détails et les critères d'acceptation.
- UX (User Experience) et UI (User Interface) :UX : "la capacité à concevoir ce qu'on un parcours utilisateur" (comment l'utilisateur interagit avec le logiciel et ses différentes étapes).
- UI : "l'interface utilisateur" (ce que l'utilisateur va voir, l'aspect visuel, les maquettes, les wireframes - schémas d'écran).
- Annexes : Tout document complémentaire pertinent.
4. Exemple de CRM pour une association d'entrepreneuriat :
Le cahier des charges a permis de suivre les interactions avec les parties prenantes. Le besoin de CRM est venu d'un "audit qui a fait remonter le besoin". Illustration concrète des user stories et des contraintes techniques (intégration dans un SI global, respect RGPD).
IV. La construction du produit : Intégrer les utilisateurs et itérer
La phase de construction insiste sur l'importance d' "intégrer en fait les équipes les bénévoles vos utilisateurs et vos utilisatrices dans la réflexion de ce à quoi va ressembler votre produit".
1. Mener des actions terrain (Interviews Utilisateurs) :
- Objectif : Comprendre les points de douleur et les besoins des utilisateurs (ce qu'ils veulent, ce qu'ils pensent de l'existant, comment améliorer).
- Cinq grandes étapes :Préparation efficace : Définir les informations à recueillir et le "fil rouge" de l'entretien.
- Début d'entretien : Poser le cadre, mais surtout insister sur le fait qu'il n'y a "pas de bonnes réponses" pour encourager l'honnêteté.
- Pendant l'entretien : Parler "20%" et écouter "80% du temps". Privilégier les "questions ouvertes".
- Après l'entretien : Traduire les besoins en fonctionnalités.
- Priorisation : Développer en priorité ce qui "coûte le moins de temps et qui apporte le plus pour mes utilisateurs" (les "victoires rapides").
2. Méthodologie Agile et "Petits Pas" :
- Mettre l'utilisateur au cœur de la réflexion.
- Commencer par un "plus petit lot possible de fonctionnalité à développer" (un "skateboard" avant la "voiture").
- Processus itératif : Proposer de nouvelles fonctionnalités, les utilisateurs les utilisent, remontent de nouveaux besoins, et le cycle recommence.
- Exemple : Formulaire d'adhésion simple (nom, email) puis ajout progressif de champs (adresse, région) basés sur les retours des équipes.
- Avantages de l'approche itérative : Développer uniquement les fonctionnalités demandées, éviter le budget inutile, créer des outils adaptés aux besoins.
- Observation d'usage : Observer physiquement les utilisateurs pour comprendre leurs interactions et ajuster le produit.
V. Le développement : Code traditionnel vs No Code Deux grandes familles de développement sont présentées :
1. Code traditionnel :
Avantages : Peu ou pas de limites, possibilité de "tout faire" pour répondre à des besoins très précis. Inconvénients : Plus long et donc plus cher (coût basé sur le temps de développement), "complicité technique" qui rend la compréhension difficile pour les non-initiés (nécessite un bon partenaire pour "vulgariser les points techniques").
2. No Code :
- Définition : Outils pour créer des applications ou sites sans coder, comme des "Legos" (assemblage de blocs).
- Avantages : "Rapidement mettre une solution en place", itérer vite, coût "un petit peu moins cher".
- Inconvénients : "Moins personnalisable", nécessite une grande vigilance sur "l'écoconception, l'accessibilité et parfois du RGPD", outils propriétaires (la solution ne vous appartient pas).
3. Exemples d'outils No Code :
- CRM : Monday, Airtable (attention au RGPD car hébergement aux USA, lié au Patriot Act), Grist (alternative RGPD, hébergeable où l'on veut).
- Formulaires : Type Form, Tally (version hébergée en Europe, plus RGPD).
- Sites vitrines : Wix, Webflow, Bubble (Canva peut être une alternative si l'association est à l'aise avec l'outil, car il existe des versions premium gratuites pour les associations).
- Applications web : Bubble, XAR.
- Automatisation : Make, Zapper.
- Wireframes : wireframe.cc (gratuit, simple), Canva, Paint, PowerPoint. Pour des maquettes plus complexes : Figma, suite Adobe (Adobe Express est gratuit en version premium pour les associations).
VI. Travailler avec une agence et derniers conseils
Le développement d'outils numériques, qu'il soit en code ou no code, "demande du temps et des compétences techniques".
Si une association n'a pas le temps et préfère passer par une agence, plusieurs conseils sont donnés :
- Équipe interne dédiée au pilotage : Avec "un pouvoir décisionnel" pour faciliter les évolutions.
- Approche collaborative et construite : Intégrer toutes les parties prenantes, surtout les utilisateurs finaux.
- Ne pas hésiter à demander et exiger la vulgarisation : S'assurer de comprendre ce qui se passe techniquement pour pouvoir reprendre la main si besoin.
- Adopter la stratégie des petits pas : Éviter de développer des fonctionnalités inutiles et optimiser le budget.
- Être adaptable : Trouver le juste milieu entre la vision initiale et les retours des utilisateurs.
- Garder du temps pour se former : Comprendre les aspects techniques du produit.
Concernant l'utilisation de l'IA pour le développement :
Réponse nuancée : "J'en sais rien". * Vigilance : Dépend des outils et modèles utilisés. * Prudence : Ne pas déployer des choses non maîtrisées pour éviter les erreurs ou des problèmes ingérables.
- Ce briefing offre une feuille de route complète, de l'identification du besoin à la concrétisation du projet, en soulignant l'importance de l'écoute des utilisateurs et d'une approche itérative et adaptable.
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Note d'information : L'engouement des jeunes pour les soins de la peau (Skincare) et ses implications
- Ce document de synthèse examine la tendance croissante des jeunes, en particulier la "génération Alpha" (née après 2010), à adopter des routines de soins de la peau complexes, souvent inspirées par les médias sociaux.
Il met en lumière les motivations de cette tendance, les risques potentiels pour la santé et les mesures prises ou recommandées par les professionnels de la santé et l'industrie.
Thèmes Principaux :
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L'adoption précoce des routines de soins par les enfants et préadolescents : Une tendance omniprésente, alimentée par les réseaux sociaux et l'influence des pairs.
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Les risques pour la santé dermatologique et hormonale : L'utilisation de produits non adaptés aux peaux jeunes peut entraîner irritations, allergies, et des effets synergiques potentiellement dangereux à long terme.
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L'impact de l'industrie cosmétique et des influenceurs : Les marques ciblent spécifiquement ce nouveau public, créant des produits attrayants mais parfois inappropriés.
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La réaction des professionnels et les tentatives de régulation : Dermatologues, cosmétologues, et pharmaciens expriment leur inquiétude et appellent à une meilleure information et à des restrictions.
Synthèse Détaillée :
1. L'engouement généralisé pour le "Skincare" chez les jeunes
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Une routine complexe dès le plus jeune âge : Charlotte, 12 ans, décrit une routine typique de "skincare" incluant nettoyage, lotion, masques et crèmes hydratantes. Elle affirme que "90% [des filles de sa classe] en font [du skincare], il y en a même qui en font beaucoup plus que moi qui mettent énormément de produits".
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Influence des pairs et des réseaux sociaux : Charlotte a découvert cette tendance par ses amis et "en regardant internet aussi il y avait plein de gens qui commençaient à parler de ça". TikTok est devenu "un réseau où l'on expose sa skinc routine sa collection de crème et de lotion". La génération Alpha "copie leurs aîné influenceuses leur style leur vocabulaire".
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Perception du "skincare" comme un jeu : À 10-12 ans, "prendre soin de sa peau c'est devenu un jeu qu'on expose".
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Obsession pour la prévention du vieillissement : Des enfants "vantaient de la crème anti-ride persuadé que plus on commence tôt moins on aura de ride". Une fillette de 7 ans s'inquiétait de son "stock d'acide hyaluronique" qui disparaissait.
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Stratégies d'acquisition : Pour gérer le "sacré budget" des produits, les jeunes utilisent des "techniques avec mes amis" pour obtenir des échantillons gratuits dans des grands magasins comme Globus et Manor, se faisant connaître comme "très connu" par les vendeuses.
2. Les dangers et préoccupations des professionnels
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Produits inadaptés aux peaux jeunes : La dermatologue pédiatre constate que "ce qu'elles utilisent ne sont pas des produits adaptés à leur peau qu'en plus d'habitude elles n'ont pas besoin de crème ni de quoi que ce soit à cet âge là".
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Risques d'irritations et d'allergies : Des amies de Charlotte ont déjà eu "plein de boutons ou des rougeurs" suite à l'utilisation de produits. La dermatologue s'inquiète de savoir "est-ce qu'il va y avoir des irritations est-ce qu'il va y avoir des allergies est-ce que ça peut être plus grave".
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Effet "cocktail" et perturbations hormonales : L'utilisation de multiples produits crée un "effet de cocktail" ou "synergique" où "chacun va influencer l'autre", ce qui "semble qu'à long terme ce soit plus dangereux qu'on l'avait penser au départ". Il y a une inquiétude quant à la "perturber [des] hormones à long terme".
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Ingrédients problématiques pour les enfants :Rétinol : "Le rétinol par exemple peut irriter les peaux d'enfant". Un masque testé contenait du rétinol et un dérivé se transformant en "acide rétinoïque qui est interdit dans le domaine cosmétique".
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Pellings à pH très acide : Peuvent provoquer "des picotements", "des rougeurs", et même "des brûlures".
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Perturbateurs endocriniens : Certains masques en contiennent, comme le produit Skin Republic.
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Extraits éclaircissants : Utilisés pour l'éclaircissement, alors que les jeunes n'ont pas de problèmes de tâches cutanées ("on va pas aller essayer d'éclaircir des tâches qui n'existent pas").
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Molécules toxiques ou à effet "Botox végétal" : Le spilantol (extrait d'acmella) est "vraiment à éviter chez l'enfant" en raison de son "profil toxicologique qui n'est pas forcément très rassurant".
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Ingrédients œstrogéniques ou corticomimétiques : Un masque "le pire" contenait de l'origan à caractère œstrogénique et des extraits à effet corticomimétique.
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Allergènes interdits : Un masque liquide contenait un allergène parfumé ("hydroxy isoexyl 3 cycloexène carboxaldéide") désormais "interdit par la réglementation européenne et donc en Suisse aussi".
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Masques peel-off : Contiennent des "matières plastiques" pour obtenir l'effet pelable, en plus de générer "beaucoup de déchets" avec les emballages à usage unique.
3. Le rôle de l'industrie cosmétique
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Ciblage des jeunes : L'industrie cosmétique voit cette génération comme "le nouveau public cible". De "nouvelles marques qui ressemblent à des bonbons naissent chaque mois".
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Marketing trompeur : Les jeunes sont "finalement victimes des publicités puisque l'industrie cherche à agrandir son cercle de clientèle donc il faut toujours consommer plus".
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Manque d'information : Les très jeunes filles connaissent "un rayon sur les crèmes leurs effets leurs indications mais qui n'ont pas conscience que certains contenus ne sont pas adaptés".
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Absence de mention d'âge recommandé : "Légalement les fabricants n'en ont pas l'obligation", mais ils "réalisent maintenant que leurs produits ne sont pas toujours utilisés par le public qui était visé".
4. Réactions et recommandations
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Restrictions en Suède : La principale chaîne de pharmacies en Suède a décidé de "ne plus vendre certains produits au moins de 15 ans des antirides notamment", suite à l'augmentation des demandes de "produits skinc avancés" par des enfants de 8 à 10 ans. La réaction du public a été "très très nombreuses... toutes positives".
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Appel à la prudence en Suisse : L'association des cosmétiques et détergents en Suisse a publié un communiqué précisant que "les produits cosmétiques anti-âge n'ont pas vocation à être utilisés sur des pots d'enfants" et que "les parents doivent veiller à ce que des produits cosmétiques adaptés au besoins de la peau des enfants et des adolescents soient utilisés".
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Sensibilisation des vendeuses : Des tests réalisés par Inès et Lia (10 et 11 ans) ont montré que les vendeuses dans des enseignes comme Douglas, Kiko et Marionnaud sont désormais sensibilisées, déconseillant l'achat de produits inadaptés en raison de l'âge ("trop forte et que ça pouvait nous brûler la peau") et les mettant en garde contre "ce qu'on avait vu sur Youtube".
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Vente libre problématique : Cependant, ces mêmes produits peuvent être achetés en "se servant directement sur l'étalage sans passer par le conseil d'une vendeuse", ce qui n'est "rien d'illégal".
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Nécessité de ralentir la création de marques : La professeur de cosmétologie estime qu'il faut "arrêter... qu'il y ait moins de marque mais de meilleure qualité".
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Recommandation d'éviter le "layering" : La superposition de cosmétiques ("layering") est "aberrant" même pour l'adulte car cela crée un "effet occlusif" et "accumulation qui n'est pas bon pour la peau", et "encore moins pour l'enfant".
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Interdiction des ingrédients dangereux : Une analyse en laboratoire a révélé que 10 des 15 masques testés contenaient des "ingrédients problématiques pour des peaux jeunes" et ne devraient "pas être utilisé par des enfants ou des adolescentes", avec un cas de produit "illégal" car contenant un allergène interdit par la réglementation européenne.
En conclusion, l'engouement des jeunes pour le "skincare" est une tendance préoccupante en raison des risques potentiels pour leur santé dermatologique et hormonale, liés à l'utilisation de produits inadaptés et à des pratiques excessives.
L'industrie est invitée à davantage de responsabilité, et les parents sont appelés à une vigilance accrue, tandis que des mesures restrictives, comme celles prises en Suède, pourraient être envisagées plus largement.
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Note de synthèse : L'emprise sectaire - Conférence CRIAVS (Jean-Baptiste Bron)
Cette synthèse est basée sur l'intervention de Jean-Baptiste Bron, avocat spécialisé en emprise sectaire, lors de la conférence CRIAVS.
Son propos, bien que contraint par un temps limité, offre une analyse pertinente de la nature de l'emprise sectaire, la comparant à un État totalitaire et détaillant les mécanismes de manipulation employés.
I. Définition et nature de l'emprise sectaire : Un État totalitaire
Jean-Baptiste Bron introduit la notion d'emprise sectaire en la comparant directement au concept orwellien de la "redéfinition de la réalité" à l'image du célèbre "2 + 2 = 5" tiré de George Orwell.
Pour lui, "la trahison quelque part de la réalité, la redéfinition de la réalité est l'élément le plus grave et le plus difficile pour s'en extraire que l'on impose aux adeptes de communauté sectaires."
Il précise que l'emprise sectaire, au-delà de la "neutralisation du désir d'autrui, l'abolition de toute altérité, de toute différence, de toute singularité pour ramener l'autre à la fonction et au statut d'objet entièrement assimilable", se distingue par son exercice sur les plans social et politique.
Chaque communauté sectaire est perçue comme un "état totalitaire" où l'emprise vise à "supprimer l'individu mais également de remplacer la société".
Le gourou, figure centrale, incarne à lui seul les trois pouvoirs d'un État totalitaire : législatif, exécutif et judiciaire.
A. Le pouvoir législatif du gourou
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Création et enrichissement permanent de la doctrine/du dogme : Seul le gourou est habilité à créer les règles et prescriptions du groupe. Il est le "maître de la loi" dont la parole est incontestable.
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Discours globalisants et mouvants : L'enseignement du gourou est souvent totalisant, redéfinissant par exemple la santé (ex: Thierry Casasnovas) ou la réalité de la maladie.
Cette doctrine est également dynamique, s'enrichissant des désirs des adeptes pour les réimposer à toute la communauté.
B. Le pouvoir exécutif du gourou
- Redéfinition du réel et du langage : Le gourou modifie la signification des termes pour créer la confusion.
Des concepts comme la maladie, l'agression sexuelle ou la relation sexuelle sont réinterprétés ("travail tantrique", "voyage cosmique", "échange d'énergie").
- Effacement de l'identité et induction de faux souvenirs : Une nouvelle identité est imposée aux adeptes, effaçant la leur.
Des techniques comme les faux souvenirs induits ou la redéfinition des liens de parentalité (le gourou comme père/mère de tous les enfants) sont utilisées pour déstructurer l'individu.
C. Le pouvoir judiciaire du gourou
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Monopole de la sanction : Le gourou détient le droit exclusif de sanctionner, même en déléguant ce pouvoir à des membres du groupe dans un but précis (ex: imposition de relations aberrantes).
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Déstabilisation permanente et menaces immatérielles : Le gourou "souffle le chaud et le froid" sur les adeptes, les jugeant, les punissant et organisant une surveillance constante.
Des "châtiments physiques ou immatériels" (menaces de maladie, de mort, de sanctions sur la famille) planent constamment, agissant comme "une épée de Damoclès".
II. Le rôle du groupe sectaire
La communauté elle-même joue un rôle crucial dans l'emprise :
Accueil et insertion : Le groupe facilite l'intégration des nouveaux membres. Renforcement de l'autorité : Il consolide le pouvoir du gourou.
Désubjectivisation et indistinction : Le groupe participe à la "disparition de l'individu" par l'indifférenciation et l'identification fusionnelle, conduisant à une "indistinction entre soi et l'autre".
III. Techniques de manipulation et stratégies d'altération du jugement
Jean-Baptiste Bron décrit une séquence récurrente de techniques utilisées pour abolir le jugement et l'individualité des adeptes :
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Love Bombing (Bombardement d'amour) : L'objectif est d'"apater le futur adepte", de l'entourer de flatteries et de lui faire miroiter une "réalité beaucoup plus attrayante, une utopie idyllique" pour le détourner de sa réalité souffrante.
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Isolement progressif : Sous prétexte de "purification et d'évolution spirituelle", l'adepte est coupé de son "environnement habituel (familial, social, professionnel) et avec la société", et finalement, de "sa propre moralité, ses propres convictions".
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Affaiblissement systématique : Pour empêcher toute révolte ou rétractation, l'adepte est affaibli physiquement et mentalement, soit par insuffisance (régimes alimentaires stricts, privation de sommeil, postures prolongées), soit par excès (travail excessif, logorrhée du gourou).
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La doctrine/L'enseignement : Le dogme du gourou devient le "ciment de l'emprise", construisant son mythe et devenant un "prête à croire ou un prête à penser".
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Déstructuration du réel : Des outils sont utilisés pour "couper l'adepte de ses anciens repères et de ses anciennes valeurs", en imposant la "grille interprétative de lecture" du gourou et en "altérant la perception du monde de l'adepte".
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Culpabilisation du doute : Toute remise en question de la parole du gourou est interdite et perçue comme un "signe de faiblesse", visant à "annihiler le libre arbitre de l'adepte".
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Mise en place de rappels : Des "rituels, bilans journaliers, annonces de dangers imminents, menaces de châtiment ou de damnation" sont constamment utilisés pour maintenir l'emprise et la peur.
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En conclusion, l'intervention de Jean-Baptiste Bron met en lumière la complexité de l'emprise sectaire, qu'il analyse comme une forme de totalitarisme miniature, où la déconstruction de la réalité individuelle et collective est la pierre angulaire du contrôle exercé par le gourou.
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Note de synthèse : Les expulsé.e.s, figures de la lutte contre les politiques migratoires ? par Clara Lecadet
Cette note de synthèse s'appuie sur la conférence de Clara Lecadet, anthropologue et chargée de recherche au CNRS, présentant son livre "Les expulsés, sujets politiques".
Elle explore la problématique des expulsions d'étrangers, leur évolution historique et géographique, et met en lumière l'émergence de mouvements d'auto-organisation des personnes expulsées dans leurs pays d'origine.
Thèmes principaux et idées clés :
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L'Expulsion : Une Question Ancienne et Actuelle, Nationale et Internationale :
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Actualité et permanence : La question des expulsions est à la fois "très actuelle et très ancienne". Elle se manifeste dans les débats législatifs contemporains (ex: loi immigration en France) et dans les décisions gouvernementales (ex: expulsion de migrants afghans par le Pakistan).
- Euphemisme du "retour" : Le terme "retour" est un euphémisme qui "sert d'euphémisme à la violence et à la brutalité des expulsions d'étrangers".
- Prérogative étatique et évolution : Historiquement, les expulsions sont des prérogatives étatiques liées au contrôle du territoire. Cependant, elles ont évolué vers une dimension communautaire, notamment avec la directive "retour" de l'Union Européenne (2008), permettant des "vols conjoints" d'expulsion entre plusieurs pays européens.
- Système international de police des étrangers : L'expulsion est devenue un "système international qui suppose la collaboration entre les États et certaines organisations internationales" comme l'OIM ou le HCR, qui promeuvent le "retour" comme garant de l'équilibre du système d'asile. William Walters parle de "police internationale des étrangers" pour qualifier ce système.
- Angle Mort de la Recherche sur les Expulsions : Une Approche État-Centrée :
- Domination de la perspective étatique : La majorité des travaux historiques et sociologiques sur les expulsions se sont concentrés sur "l'expulsion du point de vue des politiques instituées, de la construction historique des États", négligeant "le point de vue des personnes soumises à ces mesures".
- Déséquilibre géographique : Il existe un "extrême rareté des travaux sur le devenir des étrangers une fois qu'ils ont été expulsés et sur l'impact de ces politiques sur les pays d'origine et de transit des migrants". Ce déséquilibre reflète les "fractures et les inégalités géopolitiques" du régime international de l'asile et des migrations, où le point de vue des "États entre guillemets forts" prévaut.
- Nécessité d'une anthropologie du "removal" : Nathalie P. évoque la nécessité d'une "anthropologie capable de s'emparer de l'expulsion comme un continuum allant de la vie précaire des sans-papiers [...] au transport et à la phase du retour en passant par la phase de l'enfermement".
- L'Émergence des Sujets Politiques Expulsés : Le Cas de l'Association Malienne des Expulsés (AME) :
- Déclencheur de la recherche : La centralité de la figure de l'étranger dans le débat public français de 2007, contrastant avec leur "disparition réelle et symbolique" une fois expulsés, a motivé la recherche de Lecadet.
- Découverte de l'AME : La découverte de l'Association Malienne des Expulsés (fondée en 1996 à Bamako) a révélé que "tout ne se finissait pas avec l'expulsion", et que les expulsions pouvaient être "le seuil d'initiatives nouvelles et de subjectivation politique tout à fait inédite".
- Le geste fondateur de l'AME : L'accueil des expulsés à l'aéroport de Bamako par des membres de l'AME (dont Mahamadou Keita) symbolise "le geste même de l'organisation qui est au fondement de cette association", visant à "constituer une communauté de semblable" et à mettre en place une solidarité face à "l'indifférence et l'abandon total des pouvoirs publics de leur pays d'origine".
- De l'expérience individuelle au politique : L'AME a œuvré à "sortir l'expulsion d'une expérience intime, individuelle, privée pour en faire une expérience collective" et ainsi "transformer la figure de l'expulsé en un sujet et en un acteur politique".
- Double critique de l'État : L'AME a développé "une double critique de l'État" : celle des politiques migratoires des États qui expulsent et celle de "l'attentisme, voire de la complicité des gouvernements africains" dans la mise en œuvre de ces expulsions.
- Champs d'intervention de l'AME :Social/Humanitaire : Accueil, hébergement, soins médicaux/psychologiques, recours juridiques (en cas de séparation familiale), formation et réinsertion professionnelle.
- Médiatique : Diffusion de témoignages, interpellation des politiques, mise en lumière de questions comme la perte des biens, le gel des comptes bancaires, les salaires impayés. Organisation de forums publics pour permettre aux expulsés de prendre la parole.
- Politique : Actions de protestation (ex: manifestations pour la libération de maliens emprisonnés après une expulsion), mobilisation contre les "accords de réadmission" qui font des expulsés une "monnaie d'échange" dans l'aide au développement.
Diversité des Expériences d'Auto-Organisation :
- Contexte politique national : La capacité des associations à se structurer et leurs modes d'action varient selon les "contextes politiques nationaux". L'AME a bénéficié de la fin de la dictature au Mali et de l'émergence du "mouvement des sans-voix" dans les années 1990.
- Contraintes et adaptations : À l'inverse, l'Association Togolaise des Expulsés (créée en 2008) a rencontré des difficultés pour obtenir une reconnaissance légale en raison d'un "régime très autoritaire", l'obligeant à adopter des "revendications infiniment plus consensuelles".
- Thèmes spécifiques : Au Sierra Leone, "The Network of Asylum Seekers in Sierra Leone" s'est concentrée sur la question du "stigma de la stigmatisation sociale", cherchant à sensibiliser la population sur les causes réelles des expulsions, souvent associées à tort à des délits individuels.
- Positionnements antagonistes : Le principe d'auto-organisation peut mener à des "positionnements radicalement antagonistes". Si l'AME adopte une posture de "confrontation politique radicale", d'autres associations (notamment au Cameroun) peuvent "relayer finalement le message de dissuasion" de l'UE et de l'OIM sur les "dangers de la migration irrégulière".
Conclusion : Dépasser les Biais de la Recherche et Politisation des Sujets :
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Critique du champ de recherche : L'étude des expulsés vise à interroger les "biais du champ de la recherche sur l'émigration", qui s'est souvent construit sur "l'oubli de certaines subjectivités politiques".
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Continuité de la politisation : Lecadet établit un parallèle entre la politisation des expulsés et la "micropolitique" des réfugiés au sein des camps, où ils développent également des formes d'auto-représentation pour "critiquer, contester le régime humanitaire".
L'objectif est de montrer que les migrants ne sont pas des "objets passifs" des politiques migratoires, mais des "sujets de prise en main politique de leur situation".
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Document de Synthèse : "Genre et torts épistémiques" - Camille Zimmerman Introduction : Présentation de Camille Zimmerman et de ses recherches
Camille Zimmerman est une doctorante dont les recherches se situent à l'intersection de la philosophie et des arts de la scène, co-dirigée par Amandine Catala (Université du Québec à Montréal - UQAM, Chaire de recherche du Canada sur l'injustice et l'agentivité épistémique) et Grégory Schiller (UGA, Laboratoire Litt&Arts, co-directeur du Performance Lab).
Son travail vise à développer une "pédagogie des corps" pour mieux comprendre l'aspect incarné de l'agentivité épistémique, un concept initialement élaboré par Miranda Fricker en 2007 dans son ouvrage Epistemic Injustice: Power and the Ethics of Knowing.
La question centrale qui l'anime est de savoir "en quoi et comment notre capacité à utiliser, générer et communiquer du savoir sollicite-t-elle notre corps, nos sensibilités, nos gestes, nos actions, et pas seulement, comme le défend la tradition dominante en philosophie, notre raison ?"
Plus encore, elle s'interroge sur ce que cette incarnation de l'agentivité épistémique nous apprend sur "les mécanismes tacites de l'oppression, notamment de genre, c'est-à-dire sur leur fonctionnement comme sur les stratégies que nous pouvons développer pour résister à ces mécanismes."
Son objectif est de donner aux corps un rôle émancipateur dans l'échange des savoirs, malgré ou grâce à leur vulnérabilité.
Ses travaux s'inscrivent dans l'épistémologie sociale, reconnaissant que la connaissance n'est pas produite de manière isolée mais à travers des relations sociales où des "torts" peuvent se manifester.
1. Biais Sexistes, Stéréotypes et Menaces du Stéréotype dans le Partage du Savoir
Camille Zimmerman commence par clarifier les distinctions entre stéréotypes, préjugés et biais, soulignant leur impact sur la perception de soi et des autres dans le partage du savoir.
Stéréotypes, Préjugés et Biais :
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Un stéréotype est un raccourci cognitif qui simplifie le traitement de l'information quotidienne. Il peut être utile mais devient problématique lorsqu'il est "trop réducteur" et "négatif", menant à des préjugés.
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Les préjugés sont des jugements ou des croyances négatives envers des groupes sociaux.
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Les biais sont des associations néfastes qui accentuent les préjugés et affectent la perception des personnes.
- Menace du Stéréotype : Introduit par Steele et Aronson (1995) pour comprendre l'échec scolaire des minorités ethniques, ce concept décrit comment, en tant que membre d'un groupe marginalisé, la conscience des stéréotypes négatifs à son égard génère un climat de stress ou d'anxiété.
Cette anxiété peut paradoxalement "rejouer" et confirmer le stéréotype (ex: "les femmes sont trop émotionnelles", "pas bonnes en maths").
La menace du stéréotype "impacte vraiment la manière dont on va nous-même agir dans la situation et rejouer et confirmer en fait les stéréotypes négatifs à notre égard."
Application au Genre et à la Philosophie :
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Une sous-représentation des femmes en philosophie (peu de philosophes femmes citées dans le canon, peu d'enseignantes) renforce la menace du stéréotype. Les étudiantes manquent de modèles et peuvent internaliser l'idée qu'elles "ne sont pas faites pour ça", ce qui accroît la peur de mal performer.
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Les biais sexistes se manifestent par des réflexions associant les femmes à l'émotion (les rendant "pas crédibles"), par une attention portée à leur apparence plutôt qu'à leur propos, ou par une réduction de leur espace de parole, exacerbant le stress et la pression lors de l'expression.
- Stratégies de Déconstruction : Pour contrer ces biais, il est proposé d'augmenter la représentation des femmes en philosophie (inviter des conférencières, afficher des portraits), et de diversifier le canon philosophique.
L'intervenante cite des initiatives comme le groupe "Philo Situé" (anciennement "Philo-Sophia") et le Symposium de philosophie féministe au Québec, qui visent à créer des espaces de reconnaissance professionnelle pour les femmes en philosophie.
2. Les Injustices Épistémiques : Cadre Théorique et Manifestations
Les recherches de Camille Zimmerman s'appuient sur le concept d'injustice épistémique, issu de l'épistémologie sociale, qui étudie les "torts" commis dans les relations de partage du savoir.
- Définition et Origines : L'injustice épistémique concerne les torts éthiques commis à l'égard de notre "agentivité épistémique", c'est-à-dire notre droit à développer notre capacité à utiliser, communiquer et transmettre du savoir.
Ces torts minent la confiance en soi. Le concept a été formellement introduit par Miranda Fricker en 2007, mais ses racines se trouvent dans les théories du Black Feminism et du standpoint theory (années 60-70), soulignant d'emblée une dimension intersectionnelle des oppressions (genre, race, classe sociale).
Les Deux Formes Majeures d'Injustice Épistémique (selon Fricker) :
- L'Injustice Testimoniale : Concerne la crédibilité du témoignage. Lorsqu'une personne appartenant à un groupe social non dominant (basé sur le genre, la race, la classe, les capacités, l'orientation sexuelle, etc.) partage du savoir, on va "arbitrairement [lui] donner ou pas du crédit".
Ce n'est pas lié à la véracité du propos, mais à l'identité de la personne.
C'est une situation "systématique" et non accidentelle, qui "mine [la] confiance" de la personne.
L'accent est mis sur le "contexte social" plutôt que sur un coupable individuel.
- L'Injustice Herméneutique : Caractérisée par un "déficit d'intelligibilité" ou un "manque d'intelligibilité".
Elle se produit lorsque les termes ou les concepts utilisés par une personne appartenant à un groupe non dominant ne sont pas compris ou reconnus par le groupe dominant, qui impose ses propres "ressources herméneutiques" (langage, concepts).
Cela conduit à une "marginalisation" et une "exclusion" du partage du savoir.
L'exemple emblématique est celui du harcèlement sexuel avant que le terme n'existe, où l'absence de mot pour nommer une expérience vécue empêche sa reconnaissance juridique et sociale (exemple de Suzanne Brer).
L'exploitation herméneutique est "un vrai enjeu politique" car elle maintient les groupes marginalisés "en marge".
3. La Conception Pluraliste de l'Agentivité Épistémique et la Place de l'Affect
La critique de la définition traditionnelle (logocentrique et rationnelle) de l'agentivité épistémique est au cœur des recherches de Camille Zimmerman et de sa directrice, Amandine Catala.
- Critique du Logocentrisme : La définition de Fricker, basée sur la rationalité, réduit l'intelligence et exclut ceux qui ne s'expriment pas verbalement ou rationnellement (ex: personnes en situation de handicap, neurodiverses).
Cela pose problème car si une personne n'est pas considérée comme un agent épistémique, elle ne peut pas défendre le fait qu'elle subit des injustices épistémiques. * Les Cinq Caractéristiques de l'Agentivité Épistémique Pluraliste (selon Alexis Shotwell) : Cette nouvelle approche élargit la définition de la connaissance au-delà du "savoir propositionnel" (basé sur le langage et la vérifiabilité logique) pour inclure d'autres formes de savoir cruciales pour comprendre l'expérience humaine, notamment les expériences d'oppression.
- Savoir Propositionnel : Formulation verbale, vérifiable (le "know that" en anglais).
- Savoir-faire : Connaissance pratique acquise par l'expérience corporelle (ex: faire du vélo), irréductible à un manuel.
- Savoir Incarné : Intégration des codes sociaux et adaptation corporelle aux normes (ex: posture, ton de voix, performance du genre). Non verbal, implicite, et pourtant crucial pour la crédibilité sociale.
- Savoir Tacite : Ce qui n'a pas besoin d'être explicité par le langage (sens commun, stéréotypes), permettant les raccourcis dans l'interaction.
- Savoir Affectif : La manière dont on vit, éprouve, ressent les choses. "Disent aussi quelque chose par rapport à mon identité." C'est une "forme de compréhension des choses, des sens."
- L'Affect comme Ressource Épistémique : La conception pluraliste réhabilite l'affect, souvent dévalorisé et associé aux femmes, comme une source de connaissance.
- Dans la Marginalisation Herméneutique : Le vécu corporel, émotionnel et sensible, même sans mots, "nous révèle une importance par rapport à ce qui se passe." Il peut catalyser la recherche de termes ou de reconnaissance (ex: Saraha Ahmed et la violence subie à vélo, dont le corps garde la mémoire).
- Dans la Menace du Stéréotype : Le "climat de stress", l'anxiété et la fatigue ne sont pas neutres et affectent la performance épistémique. Reconnaître l'impact de l'environnement (ex: salles de conférence avec portraits d'hommes blancs) permet de comprendre comment l'affect mine l'agentivité.
- L'Exploitation Épistémique (Nora Berenstein) : Ce concept, mis en lumière par des chercheur·es racisé·es, montre comment les groupes privilégiés, face aux explications des marginalisé·es sur leur oppression, "discréditent les ressources épistémiques qu'ils apportent et les force[nt] à produire un travail cognitif et émotionnel supplémentaire." La personne opprimée est contrainte de s'expliquer, malgré l'effort physique et émotionnel que cela représente, car son expérience n'est pas reconnue si elle n'est pas "adéquatement expliquée".
L'ignorance active du privilégié est ainsi reproduite.
Ce phénomène met clairement en évidence l'importance du corps et de l'affect dans les injustices épistémiques.
4. Pédagogies de l'Inconfort et Vulnérabilité Épistémique
Pour faire face à ces injustices et valoriser l'affect, Camille Zimmerman propose d'explorer les pédagogies de l'inconfort.
- Bell Hooks et l'Intégrité en Éducation : Inspirée par Paulo Freire, Bell Hooks soutient que la salle de classe n'est pas un espace neutre politiquement.
Les rapports de pouvoir et les identités sociales influencent l'expérience de l'enseignement et de l'apprentissage.
Elle promeut l'enseignement avec "intégrité", en intégrant le corps et l'esprit, cherchant le "désir d'apprendre" des étudiant·es et la connexion avec leurs vécus.
L'enseignant·e doit également considérer son "état émotionnel" et la place de l'affect dans son propre enseignement.
- Megan Boler et le Sentiment d'Appartenance : Boler, spécialiste des pédagogies féministes, insiste sur l'importance de créer un "sentiment d'appartenance" en classe.
Elle reconnaît que l'espace n'est pas intrinsèquement sécuritaire pour tou·tes et qu'il peut devenir insécuritaire. Il s'agit de travailler à partir du ressenti des étudiant·es pour améliorer l'espace et discuter ouvertement des rapports de pouvoir.
Boler explore également comment les normes sociales (liées au genre, par exemple) influencent l'expression des émotions et peuvent desservir les individus dans certains contextes (ex: l'injonction à "combattre son idée" en philosophie).
- La Vulnérabilité Épistémique (Erin Gilson) : Ce concept est proposé comme une "vertu" en opposition à l'ignorance active.
Il s'agit d'accepter d'être vulnérable, de reconnaître que nos propres croyances ne sont pas les seules valides, et que l'écoute des croyances d'une personne issue d'une identité sociale différente peut "déconstruire ma propre croyance."
Cette démarche, bien que "déstabilisante", est essentielle pour une "ouverture des esprits" et pour ne pas "résister à ne pas comprendre".
Elle permet de reconnaître l'importance des affects dans la capacité à utiliser, partager et générer du savoir.
Conclusion Générale
La présentation de Camille Zimmerman propose une exploration approfondie des injustices épistémiques, en particulier celles liées au genre, en insistant sur le rôle central de l'incarnation et des affects.
Le cheminement s'articule comme suit :
- Identification des Problèmes : Les biais sexistes et la menace du stéréotype influencent négativement le partage du savoir.
- Cadre Théorique : Les injustices épistémiques (testimoniale et herméneutique) décrivent les torts subis, souvent invisibles et liés à l'identité sociale.
- Refonte Conceptuelle : La conception pluraliste de l'agentivité épistémique, intégrant le savoir incarné, tacite et affectif, déconstruit les limites du logocentrisme et valorise les affects comme sources de connaissance.
- Stratégies Pédagogiques : Les pédagogies de l'inconfort (Bell Hooks, Megan Boler) et le développement de la vulnérabilité épistémique (Erin Gilson) sont des approches concrètes pour transformer les espaces d'apprentissage et de partage du savoir, en reconnaissant et en travaillant avec le vécu émotionnel et corporel.
- L'objectif final est de créer des environnements où l'inconfort (lorsqu'il est géré constructivement) peut devenir "un indicateur dans ma propre éducation à accepter la croyance de l'autre ou à rentrer dans une collaboration plutôt que de maintenir ma propre croyance", ouvrant ainsi la voie à une compréhension plus riche et équitable du savoir.
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synthèse présente les idées principales et les faits marquants de la conférence de David Sander intitulée "Comprendre les émotions et leurs fonctions".
Professeur de psychologie à l'Université de Genève et directeur du laboratoire "Émergence et expression de l'émotion" et du Centre Interfacultaire en sciences affectives, David Sander est un spécialiste des émotions et des mécanismes cognitifs qui leur sont liés.
I. Définition et composantes des émotions
David Sander souligne la difficulté de définir une émotion, citant Thomas Brown :
"Chacun sait ce qu'est une émotion jusqu'à ce qu'on leur demande d'en donner une définition et à ce moment-là, il semble que plus personne ne sache."
Il propose une définition contemporaine des émotions en s'appuyant sur l'histoire de la psychologie et des neurosciences.
Perspective historique de l'étude des émotions :
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Aristote : Les émotions sont "toutes ces choses à cause desquelles les gens changent et évoluent dans leur jugement" et sont "accompagnées de douleur et plaisir". L'idée de la valence (agréable/désagréable) est un élément central qui perdure.
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Descartes : Dans son dernier ouvrage "Les Passions de l'âme" (1649), Descartes a une vision "assez positive des émotions", les considérant comme "utiles" et "fonctionnelles", si elles sont à la bonne intensité.
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Charles Darwin : Avec son livre "L'expression des émotions chez l'homme et les animaux" (1872), Darwin a initié l'étude scientifique des émotions, mettant en lumière la "fonctionnalité des émotions" et leur "raison fonctionnelle évolutionnaire" (par exemple, les expressions faciales).
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Behaviorisme : Au 20ème siècle, cette approche s'est intéressée aux comportements émotionnels et à l'acquisition des réactions émotionnelles.
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Révolution Cognitive (années 1930-40) : L'accent est mis sur les "processus dans l'esprit qui peuvent être la cause des émotions" et qui se déroulent pendant une émotion, établissant un lien fondamental entre connaissances et réactions émotionnelles.
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Sciences Affectives (années 1970-80) : Cette nouvelle discipline utilise les outils des sciences cognitives pour comprendre les phénomènes affectifs (émotions, humeurs, bien-être, stress). Elle intègre diverses disciplines comme la psychologie, les neurosciences, l'économie comportementale, l'histoire, la philosophie, la littérature, les arts et l'informatique (affective computing, IA émotionnelle).
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L'Affectivisme : Proposé comme un courant où tout "modèle psychologique qui s'intéresse à une fonction cognitive... gagnera en valeur explicative à intégrer les émotions dans son modèle." Les émotions ne sont plus vues comme l'opposé de la cognition mais comme des éléments intégraux. "Les émotions ne sont pas du tout l'opposé de la cognition."
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Neurosciences Affectives et la complexité cérébrale :
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Il n'y a "pas un centre des émotions dans le cerveau" ni "un centre par catégorie d'émotion".
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Un "très grand nombre de réseaux dans le cerveau sont importants pour différentes composantes des émotions", incluant des régions corticales comme le cortex préfrontal dorsolatéral (important pour la régulation) et l'amygdale.
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Cette complexité suggère que les émotions partagent un "ensemble de mécanismes communs".
La subjectivité des émotions et l'évaluation cognitive :
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Les émotions ne sont pas des réflexes ; leur déclenchement passe par une "fenêtre temporelle qu'on appelle l'évaluation cognitive".
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Cette évaluation explique "la subjectivité dans les émotions", pourquoi des individus réagissent différemment au même événement objectif (ex: un but au football).
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La reconnaissance des émotions est souvent "en contexte" ; les expressions faciales seules ne suffisent pas.
L'approche componentielle des émotions :
- Déclenchement : Un événement est évalué en fonction des "motivations", "intérêts", "préoccupations" et "valeurs" de l'individu.
Cinq composantes de la réponse émotionnelle :
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Réaction corporelle physiologique : "un nœud dans l'estomac, de la sueur, la température de la peau qui peut changer, le cœur s'accélère, la respiration change".
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Tendance à l'action : "s'approcher plus de ce qui est agréable et au contraire à éviter ce qui est désagréable." Les émotions sont "extrêmement liées à l'action".
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Expression : Souvent associée à l'émotion, mais modulée par les stratégies de régulation et le contexte culturel.
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Ressenti conscient : "je me sens heureux, je me sens triste, je me sens amoureux, je me sens en colère".
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Objet de l'émotion : Une émotion est "toujours déclenchée par quelque chose" et "toujours focalisée sur un événement", contrairement aux humeurs. "L'émotion est toujours rattachée à un événement déclencheur."
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Définition proposée : Une émotion est un "processus rapide qui va durer quelques secondes, peut-être quelques minutes... qui est toujours focalisé sur un événement... et puis qui est constitué de deux étapes : le premier étape c'est un mécanisme de déclenchement qui est basé sur la pertinence souvent motivationnel et puis qui va façonner une réponse qui est constituée des quatre composants de la réponse émotionnelle : la tendance à l'action, la réaction corporelle, l'expression, le ressenti."
II. Fonctions cognitives des émotions
Les émotions ne sont pas des phénomènes isolés, mais "vont beaucoup influencer un grand nombre de processus cognitifs", ce qui est central à la deuxième partie de la conférence.
Modulation de l'attention :
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L'attention est "automatiquement orientée vers ce qui est émotionnel".
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Un "système particulier dans le cerveau, l'attention émotionnelle" (impliquant l'amygdale et d'autres régions) permet de s'orienter rapidement vers les stimuli importants. C'est une "première fonction très positive des émotions".
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Modulation de la mémoire (mémoire émotionnelle) :
- Les événements émotionnellement forts sont mieux mémorisés (ex: attentats du 11 septembre). L'amygdale interagit avec l'hippocampe pour faciliter cette mémorisation.
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Ceci est vrai pour les épisodes négatifs comme positifs. L'émotion "d'intérêt" ou de "curiosité" peut faciliter la mémorisation de contenus.
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Les émotions influencent les trois étapes de la mémoire épisodique :
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Encodage : Traitement initial et mise en mémoire de l'information émotionnelle.
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Consolidation : Maintien en mémoire de l'information (ex: pendant le sommeil), les informations émotionnelles ayant une caractéristique de "rester en mémoire".
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Rappel : L'émotion ressentie au moment du rappel peut aider à retrouver le souvenir.
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La curiosité épistémique : Des études utilisant le "paradigme trivia questions" montrent que plus le niveau de curiosité est élevé, plus la "réaction corporelle" est forte et meilleure est la "mémorisation de la réponse".
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Application scolaire : L'étude PISA et les travaux de Pekrun montrent un lien clair entre l'état émotionnel de l'élève ("passionné par une matière") et ses "résultats scolaires".
La joie et la fierté sont associées à de bonnes notes, tandis que d'autres émotions peuvent prédire de mauvaises notes.
Rôle dans la prise de décision :
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Les émotions peuvent être "très utiles pour nous guider dans nos décisions" ou non.
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Émotions incidentes : "ne sont pas liées aux options directement", elles sont externes à la décision (ex: colère après une dispute).
Elles peuvent biaiser la décision (ex: la colère favorise une prise de risque plus élevée en matière financière). Ces émotions sont "à négliger et presque toujours à réguler".
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Émotions intégrales (intégrées) : "déclenchées par la valeur que vous attribuez aux différentes options" (ex: émotions liées aux valeurs politiques ou esthétiques). Elles sont "à considérer" car elles sont pertinentes pour la décision.
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Émotions anticipées : Émotions imaginées concernant les conséquences d'une décision, qui influencent le choix (ex: ne pas choisir un film d'horreur si l'on ne veut pas avoir peur).
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Fonctions sociales des émotions et prise de décision sous incertitude : L'expérience de la "falaise visuelle" (Visual Cliff experiment) de Joe Campos démontre comment les bébés d'un an utilisent le "référencement social" (social referencing) pour prendre des décisions.
Ils interprètent les expressions émotionnelles des adultes (joie, peur) pour évaluer le danger d'une situation, montrant "à quel point est-ce que finalement les émotions des autres peuvent être des guides dans nos décisions."
En conclusion, David Sander insiste sur l'importance de comprendre les émotions non pas comme de simples ressentis, mais comme des processus complexes et multifactoriels, indissociables de la cognition et du comportement, qui jouent un rôle crucial dans notre attention, notre mémoire et notre prise de décision.
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Note de synthèse : Rythmes et Temporalités du Numérique Territorial (Philippe Vidal)
- Cette conférence de Philippe Vidal, professeur en géographie et aménagement à l'Université du Havre Normandie, explore les dynamiques complexes du numérique au sein des territoires, en se focalisant sur les concepts de rythme et de temporalité.
Il propose une grille d'analyse articulée autour de trois idées clés : la concomitance, l'instantanéité et la temporisation, pour comprendre l'interaction entre le numérique mondialisé et le numérique territorial.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
- Le Numérique : Infrastructures, Contenus et Usages – Une Approche Ternaire Faussement Séquentielle
- Définition du numérique : Vidal décrit le numérique comme un ensemble d'infrastructures de télécommunication (connectivité, déploiement), de contenus et services dématérialisés (données, innovation) et d'usages/usagers (appropriation, validation de l'innovation).
- Cycle Ternaire : Loin d'être séquentielle (infrastructure, puis contenus, puis usages), cette progression est "un rythme ternaire à faussement séquentiel fait de concomitance, d'hybridité et de glocal". L'usager, en particulier, est essentiel pour valider l'innovation et justifier le déploiement des infrastructures.
- Cycles du numérique : L'auteur identifie plusieurs cycles :
- Cycle infrastructurel : ADSL, fibre, 2G à 5G (environ 10 ans par génération).
- Cycle de calcul : Algorithmes simples au machine learning, deep learning et IA (ex: application pour délibérations municipales).
- Cycle de service/contenu : Web 1.0 (digitalisation de l'information), Web 2.0 (contenus interactifs, réseaux sociaux, mobile), Web 3.0 (plateformisation).
- Cycle d'usage : Sensibilisation, acculturation, généralisation, expertise, vers le transhumanisme.
- Concomitance : Le Numérique Mondialisé contre le Numérique Territorial
- Hypothèse centrale : Le numérique mondialisé impose son rythme au numérique territorial, bien que ce dernier cherche à "rattraper et reprendre la main".
- Numérique mondialisé : Représente une "modernité dominante", top-down, érigée en normes (ubérisation), considérant le monde comme un territoire sans frontières (call centers, Amazon, cloud).
Il confère un "temps d'avance" grâce à sa vitesse d'innovation et son efficacité. "C'est quand même les États-Unis qui ont lancé cette histoire du numérique et de l'Internet notamment... les USA sont devenus des acteurs dominants du numérique mondialisé." * Numérique territorial : Perçu comme une "modernité émergente", bottom-up, moins marchandisé, axé sur les communs territoriaux et la souveraineté locale (France Tiers-Lieux, Data Lab). C'est une "proposition à l'adresse du territoire en provenance des acteurs territoriaux". * L'Entre-Deux Glocal : Existence d'un espace intermédiaire où le territoire est vu comme un "stock de ressources à exploiter" (ex: Blablacar, géocaching). * L'échec du Minitel : La France, malgré son avance avec le Minitel (première expérience télématique domestique généralisée, sans avance ni retard territorial), n'a pas su valoriser cette expérience à l'international face à l'Internet américain. * Rhétorique du retard/avance : Les politiques publiques post-Minitel ont été rythmées par cette rhétorique de la "performance numérique des territoires", se manifestant par : * La fracture numérique (Nord-Sud mondial, puis urbain/rural en France). * La Smart City (course à l'intelligence urbaine, classement des territoires). * La plateformisation (nécessité de développer des plateformes numériques). * Instantanéité : Le Risque du Délaissement Territorial face au Solutionnisme Numérique * L'efficacité à court terme : Les plateformes numériques offrent une "redoutable efficacité" face à des problèmes territoriaux, comme la désertification médicale ou les services pendant la COVID-19.
"Cette efficacité à court terme des plateformes fait de mon point de vue courir le risque du délaissement territorial au motif que comme c'est efficace on a plus besoin d'investir le territoire." * Le solutionnisme numérique : Il y a un risque que les territoires se "satisfont" de cette efficacité, entraînant un désinvestissement public à long terme, notamment des services publics dans les territoires "peu rentables". * Évolution de la position des élus :1995 (Précurseurs) : Intérêt pour la citoyenneté numérique, web public territorial, internet citoyen. L'acteur public gardait le contrôle. * 2005 (Fracturés) : Prise de conscience de la fracture numérique, efforts pour réduire les inégalités d'accès (RIP). Les élus investissent dans l'infrastructure, mais délaissent l'innovation sociale. * 2010 (En déprise) : Perte de maîtrise des élus face aux applications géolocalisées privées et mondiales (ex: Airbnb, e-commerce impactant les petits commerces). "Pour la première fois l'élus perdait la maîtrise de ce qui se passait vraiment sur son propre territoire." * 2015 (En reconquête) : Mouvement FrenchTech, Smart City. Référentiel offensif, lié au "récit métropolitain". * 2020 (Responsables) : Intérêt pour la sobriété numérique, l'inclusion habitante, la souveraineté numérique locale. Recherche d'un "équilibre territorial" et maturité accrue des élus. * L'exemple de la téléconsultation : Face à la désertification médicale, la téléconsultation (particulièrement via bornes/cabines en pharmacie) est une solution palliative très efficace à court terme. Vidal s'interroge :
"Est-ce qu'on va pas s'installer tranquillement dans cette espèce de confort numérique de plateforme parce que c'est de plus en plus efficace et cetera ? Est-ce que ça pose pas des problèmes sur le vivre ensemble, sur le bien-être territorial, sur le lien social et cetera ?" * Temporisation : Le Rôle de Régulation de l'Acteur Public * Un rôle de régulateur : Le rôle de l'acteur public aujourd'hui est "de réguler les spatialités numériques, les dynamiques territoriales à l'heure du numérique, les nouveaux rythmes urbains." * Conséquences du monde connecté :Régularité et progression incontestable de l'usage. * Le numérique comme "opérateur de lien social socio-territorial". * Génération d'incertitudes mais aussi capacité à les gérer. * Controverses territoriales et questions de justice spatiale (fractures générationnelles, littératie numérique). * Le numérique met à l'épreuve la capacité d'innovation des territoires et la nécessité de réguler les externalités négatives. * Un "défaut d'anticipation" : L'acteur public a un "temps de retard" face à l'accélération du changement induite par le numérique (ex: l'IA). La régulation est une "temporisation" face à l'urgence des problèmes, mais qui ne comble pas toujours ce retard. * Interprétation légitime : Le numérique est au cœur d'un "conflit quant à l'interprétation de ce qui est légitime et ce qui ne l'est pas". * L'épreuve de force et l'épreuve de grandeur : Face aux "épreuves de force" imposées par les externalités numériques, il est nécessaire d'organiser des "épreuves de grandeur" via les valeurs pour retrouver des "termes d'accord stables" (ex: régulation des trottinettes électriques).
En conclusion, Philippe Vidal souligne la puissance du numérique mondialisé qui dicte le rythme, mais met en lumière les efforts du numérique territorial pour s'adapter et reprendre la main.
Il alerte sur les risques du solutionnisme numérique à court terme qui pourrait mener à un délaissement des territoires et questionne le rôle des acteurs publics qui, après avoir été précurseurs, fracturés puis en déprise, cherchent aujourd'hui à reconquérir et réguler un monde numérique en constante accélération.
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Damien DELILLE – Théories Queer à l'Épreuve des Pratiques Artistiques et Vestimentaires
Ce briefing document synthétise les thèmes principaux et les faits importants abordés par Damien Delille dans sa présentation sur les théories queer à l'épreuve des pratiques artistiques et vestimentaires.
La conférence met en lumière une approche transdisciplinaire de l'histoire de l'art, de la culture visuelle, de la littérature, de la sociologie et de l'histoire du vêtement, avec un accent particulier sur la figure de l'androgyne et l'émergence des concepts liés à la sexualité et au genre.
I. L'Androgynie comme Obsession Artistique et Sociale (Fin XIXe - Début XXe Siècle)
Damien Delille débute sa présentation par une exploration de l'androgynie, thème central de ses recherches doctorales et de son livre "Genre, androgyne, art, culture visuelle et trouble de la masculinité (XVIIIe-XXe)".
Il souligne que l'androgynie est devenue une véritable "obsession" dans les milieux symbolistes et idéalistes de la fin du XIXe siècle.
- Une démarche transdisciplinaire : Contrairement à une approche traditionnelle d'historien de l'art, Delille ne part pas uniquement des images, mais intègre la "production littéraire, philosophique, sociologique" et même "médicale et scientifique" pour resituer la figure de l'androgyne dans un vaste champ social et politique. Cette démarche est justifiée par une citation de Schwar et Prideski : "la juxtaposition d'un texte littéraire avec un texte médical ou une image visuelle [permet] de clarifier les marges de ces textes et images, éclairant ainsi les particularités de chaque forme et révélant par la même occasion des attributions partagées à travers une culture donnée."
- Généalogie de l'androgynie : La figure de l'androgyne est retracée depuis le mythe platonicien et ovidien (l'hermaphrodisme), en passant par sa reprise à la Renaissance, jusqu'à sa réinterprétation par les savants de la fin du XIXe siècle. Cette relecture des figures homoérotiques de la Renaissance a contribué à l'élaboration d'une "culture homosexuelle underground qui est en train de se constituer."
- Androgynie et Symbolisme : Le mouvement idéaliste de la fin du XIXe siècle, en opposition au naturalisme et au réalisme, "va énormément rechercher des formes justement de dépassement en quelque sorte des représentations classiques, de dépassement aussi des identifications entre des figures masculines et féminines." Ce dépassement est intrinsèquement lié à l'idéal androgyne, qui se poursuit au début du XXe siècle avec les premières formes d'abstraction.
- La menace sociale de l'androgynie : Les pratiques artistiques et littéraires explorant l'androgynie sont rapidement perçues comme une "forme de menace pour la société." Dans un contexte de promotion de la natalité et de méfiance envers les artistes et intellectuels "hors normes", l'androgynie est associée à l'efféminement et, de manière quasi homophobe, aux premières théories sur les "perversions sexuelles" et l'homosexualité naissante. Il y a "une sorte de convergence ou du moins d'amalgame entre efféminement considéré comme efféminement de la figure masculine, projet symboliste et puis donc première théorie des perversions sexuelles." Cette association est alimentée par la peur de la "dégénérescence morale [et] physique de l'homme."
II. Le Rôle de la Caricature de Presse et l'Émergence d'une Culture Queer Populaire
La présentation insiste sur l'importance de la caricature de presse comme reflet et acteur des perceptions sociales de l'androgynie et de l'homosexualité.
- Péladan et la caricature homophobe : Joséphin Péladan, figure centrale du symbolisme et organisateur des Salons de la Rose-Croix, est un exemple frappant. Obsédé par l'androgyne, il publie le roman "L'Androgyne" en 1891. Sa personnalité et ses idées extravagantes sont la cible privilégiée des caricaturistes. Delille montre une caricature où Péladan est représenté "en tutu, en danseuse", une "féminisation très clairement en fait du corps et de l'apparence de Péladan." Cette féminisation est une manière de discréditer ses idées et de les lier à une "sexualité perverse" et un "désordre érotique."
- Amalgame entre art et "perversion" : La caricature fait l'amalgame entre l'idéal androgyne et les "théories de perversion sexuelle" développées par des sexologues comme Richard von Krafft-Ebing. Des critiques comme Émile Zola et Octave Mirbeau fustigent les salons symbolistes, associant l'idéal androgyne à une forme de "détraqué homosexuel."
- Le "troisième sexe" et l'identification de l'homosexualité : Des caricatures, comme celle de Jean-Louis Forain (1888) sur "Le Troisième Sexe", renvoient directement aux théories psychologiques de l'homosexualité de Karl Heinrich Ulrichs (1868-1869), qui invente le terme d'homosexuel. Ces images sont les "toutes premières images finalement d'homosexuels identifiables par la caricature de presse," souvent dans des contextes stéréotypés (parcs, figures efféminées) et associés à la "sodomie passive."
- L'artiste androgyne/homosexuel : Après le procès d'Oscar Wilde (1895), l'homosexualité devient de plus en plus médiatisée. Une caricature du début du XXe siècle associe l'artiste directement à l'androgyne et au sphinx, avec des glissements "d'animalisation" et des rappels à des figures féminines progressistes, créant un lien fort entre l'androgyne "homosexuel" et l'artiste "féministe."
III. Le Vêtement, le Collectionnisme et l'Esthétique du Placard
La deuxième partie de la présentation explore la mode vestimentaire et le collectionnisme comme lieux d'expression et de négociation de l'identité et de la sexualité.
- Le japonisme comme évasion : Le japonisme, apparu en France en 1874, offre une voie de "dépassement des identités normées." S'habiller en kimono est "précisément dépasser une apparence vestimentaire masculine ou féminine." Le Japon représente un "ailleurs" qui permet aux individus de "vivre mieux, différemment leur sexualité."
- Robert de Montesquiou et l'esthétique du placard : Robert de Montesquiou, dandy et figure homosexuelle majeure de la fin du XIXe siècle, est présenté comme l'anti-Oscar Wilde, ne "jamais véritablement assum[ant] publiquement son homosexualité." Delille s'appuie sur des photographies inédites de son intérieur privé pour explorer ce qu'il nomme "l'esthétique du placard" (en référence à "Epistemology of the Closet" d'Eve Kosofsky Sedgwick). Cet espace intime, avec ses objets et ses vêtements, devient un lieu de "négociation avec soi-même et avec les autres" concernant sa sexualité.
- Objets comme porteurs d'émotion : Les objets collectionnés par Montesquiou, notamment japonais, et les photographies d'hommes (comme un gymnaste de cirque, le comte de La Rochefoucauld) dissimulés dans ses albums, sont autant de "signes cachés, signes cryptés de l'homosexualité" que Delille décrypte.
- Féminisation et Japon : Montesquiou associe le Japon à une "forme de grâce féminine" qu'il intègre dans sa gestuelle et son apparence, comme en témoigne son portrait par Antonio de la Gandara, où il porte un manteau ambigu et met en scène la "délicatesse" de ses mains, signe de sa "féminisation de son allure masculine."
- Charles Appleton Longfellow et l'incarnation du Japon : Ce collectionneur américain, qui a beaucoup voyagé au Japon à la fin du XIXe siècle, incarne une appropriation encore plus profonde. Il rapporte de nombreux kimonos, les porte, et fait même tatouer une carpe sur son dos, motif retrouvé sur un kimono féminin. Longfellow, qui ne s'est jamais marié ni n'a eu de relations avec des femmes, est une figure "Outcast", un "marginal" dont le "recours au vêtement et surtout par ces sortes de parures corporelles témoigne véritablement d'enjeux complexes du rapport de l'Occident au Japon." Son histoire illustre une "véritable imprégnation, incarnation" des motifs et des codes japonais, allant jusqu'à la modification corporelle.
IV. L'Historiographie Queer et les Persistances Historiques
En conclusion, Damien Delille esquisse ses recherches futures sur l'historiographie queer en histoire de l'art, cherchant à identifier les origines et le développement du concept.
- Aux sources des théories queer : Il se tourne vers les années 1950-1960 et l'émergence du "queer theater" à New York, avec des figures comme le cinéaste Jack Smith. Smith est considéré comme une "figure tutélaire des théories queer" des années 1990-2000, notamment par José Esteban Muñoz, pour sa remise en cause des "normes de genre, mais aussi les normes liées à la race, lié justement à la classe."
- Jack Smith et l'Orient fantasmatique : Jack Smith, cinéaste, photographe, costumier et acteur, crée des "performances de réinvention de soi" avec des références "très complexes, très éclectiques" à un "Orient fantasmique." Ses photographies, ses costumes, et la présence d'acteurs et actrices transgenres (identifiés comme tels à l'époque) dans ses films, montrent une continuité de ces préoccupations sur le genre et l'apparence.
- Continuité historique : Delille conclut en soulignant l'existence de "survivances", "d'effets d'écho", et de "parallèles" entre les époques, permettant de tracer un "continuum d'histoire qui se prolonge du XIXe au XXe et peut-être XXIe siècle" dans l'exploration des théories queer et de leurs manifestations artistiques et vestimentaires.
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Briefing sur la Cohérence Cardiaque : Gestion du Stress et Au-delà
Ce document de briefing vise à synthétiser les concepts clés, les mécanismes physiologiques, les bénéfices et les applications pratiques de la cohérence cardiaque, tels que présentés par Caroline Sévoz-Couche, neuropharmacologue et chercheuse à l'Inserm, spécialiste du nerf vague.
1. Qu'est-ce que la Cohérence Cardiaque ?
La cohérence cardiaque est une technique de respiration contrôlée qui vise à harmoniser les variations de la fréquence cardiaque avec la fréquence respiratoire.
Bien que popularisée en Occident plus récemment, ses principes sont connus et pratiqués depuis des millénaires dans les civilisations orientales, notamment à travers le Pranayama du yoga.
- Définition et Historique : C'est une technique simple et rapide, souvent associée à une origine américaine récente. Cependant, la régulation de la fréquence respiratoire est connue depuis des milliers d'années dans les civilisations orientales.
"L'expire produit la stabilité du mental", une phrase écrite il y a près de 2000 ans, souligne l'importance de l'expiration contrôlée.
En Occident, elle est apparue au 18ème siècle et a été popularisée en France par le Dr. David Servan-Schreiber.
- Non une Simple Relaxation : Il est crucial de comprendre que la cohérence cardiaque n'est pas une simple relaxation menant à l'endormissement. Au contraire, elle prépare l'esprit aux actes d'attention, augmentant la concentration et la rapidité de prise de décision.
"Ce n'est pas une relaxation où on s'endort... c'est-à-dire qu'en fait quand on va faire la cohérence cardiaque on va être beaucoup plus sensible à tout ce qui va se passer autour à l'environnement on va être beaucoup plus concentré on va avoir des prises de décisions beaucoup plus rapide".
Elle peut être pratiquée avant une compétition sportive ou une tâche nécessitant une grande vigilance.
2. Le Mécanisme Physiologique Clé : La Variabilité Cardiaque et la Fréquence de Résonance
Le cœur ne bat pas à une fréquence parfaitement régulière ; il présente une variabilité constante, essentielle pour s'adapter aux stimuli internes et externes.
La cohérence cardiaque vise à optimiser cette variabilité.
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Variabilité Cardiaque (VFC) : Un cœur en bonne santé présente des oscillations rapides de sa fréquence. Une faible variabilité est souvent associée à une pathologie. Lors d'une respiration spontanée (environ 15 cycles/minute), ces oscillations sont de faible amplitude.
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Optimisation à 6 cycles/minute : La pratique de la cohérence cardiaque à 6 respirations par minute (soit un cycle respiratoire de 10 secondes) maximise l'amplitude des oscillations cardiaques.
Cette fréquence est la plus efficace car elle entre en résonance avec les oscillations automatiques naturelles du corps, qui sont également de 6 par minute.
"Ces amplitudes sont maximales avec une fréquence respiratoire spécifique de 6 par minute".
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Analogie de la Balançoire : Le principe est similaire à celui d'une balançoire : si l'on pousse la balançoire à sa fréquence naturelle, l'amplitude de son mouvement augmente considérablement. De même, en synchronisant la respiration avec les fréquences oscillatoires naturelles du corps, on amplifie la variabilité cardiaque.
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Cohérence des Oscillations, pas des Fréquences : Il est important de noter que ce ne sont pas les fréquences cardiaques (ex: 60-80 battements/minute) et respiratoires (6 cycles/minute) qui sont mises en cohérence, mais le nombre d'oscillations cardiaques par minute induites par la respiration et celles produites automatiquement par le corps, qui se synchronisent à 6 par minute.
3. Aspects Techniques de la Respiration en Cohérence Cardiaque
Pour maximiser les bénéfices, certaines pratiques respiratoires sont recommandées :
- Ratio Inspiration/Expiration : Le ratio idéal est de 5 secondes d'inspiration et 5 secondes d'expiration pour un cycle de 10 secondes (6 cycles/minute).
- Un léger allongement de l'expiration (ex: 4 sec inspiration / 6 sec expiration) est acceptable et conserve une bonne amplitude.
- Un allongement excessif de l'expiration (ex: 3 sec inspiration / 7 sec expiration) ou une inspiration plus longue que l'expiration réduit significativement l'amplitude des oscillations et peut être contre-productif ("on perd la cohérence").
- Volume Thoracique : Il est crucial d'augmenter le volume thoracique pour maintenir une bonne ventilation. "Il faut penser à avoir une grande amplitude thoracique quand on fait la cohérence cardiaque".
- Respiration Nasale : L'inspiration par le nez est fortement recommandée car elle active davantage les ondes cérébrales bénéfiques (ondes thêta) et apporte d'autres avantages physiologiques (filtration de l'air, humidification, meilleure oxygénation, réduction des ronflements).
"Si vous voulez avoir des effets au niveau central il faut penser à l'inspiration il faut respirer par le nez". L'expiration peut se faire par la bouche ou le nez.
4. Le Rôle Central du Nerf Vague
La cohérence cardiaque stimule de manière maximale le nerf vague, un nerf cranien crucial pour le système nerveux parasympathique.
- Le Nerf Vague : Un "Vagabond" : Nommé d'après le latin "vagare" (errer, vagabonder), le nerf vague innerve de nombreux organes depuis le cerveau (cœur, poumons, tube digestif, etc.).
- Effets sur les Organes Périphériques : Sa stimulation a des effets positifs variés :
- Cardiaques : Amélioration de la variabilité cardiaque.
- Digestifs : Amélioration des sensations de goût, augmentation de la sécrétion des sucs gastriques, amélioration de la motilité gastro-intestinale.
- Anti-inflammatoires : Libération de neurotransmetteurs qui réduisent l'inflammation systémique et organique (ex: poumons chez les asthmatiques).
- Boucle Vago-vagale et Effets Cérébraux : Seulement 20% des fibres du nerf vague descendent du cerveau vers les organes, tandis que 80% remontent. Cette boucle vagale permet une influence bidirectionnelle. La stimulation du nerf vague par la cohérence cardiaque active des structures cérébrales clés :
- Cortex insulaire et cingulaire : Impliqués dans l'intéroception (perception des signaux internes du corps) et la prise de décision.
- Amygdale : Régulation du stress.
- Hippocampe : Mémoire et cognition.
- Modulation du Système Limbique : Cette activation cérébrale conduit à une amélioration de :
- La concentration, la mémoire de travail et l'apprentissage.
- La prise de décision et le contrôle de l'impulsivité (réduction des comportements impulsifs liés à l'alimentation, l'alcool, la drogue, augmentant le temps d'abstinence).
- Le seuil de la douleur (augmentation).
- La gestion du stress et la diminution des symptômes anxieux et dépressifs.
5. Bénéfices et Applications Prouvées Scientifiquement
De nombreuses études scientifiques, incluant des groupes placebo, ont démontré l'efficacité de la cohérence cardiaque.
- Réduction Immédiate du Stress et de l'Anxiété : Une session de 5 minutes chez des volontaires sains (musiciens avant un concert, sportifs avant une compétition) réduit significativement l'anxiété et le niveau de stress.
Effets à Long Terme et Persistance :
- Basketballeurs : 20 minutes/jour pendant 10 jours ont montré une diminution de l'anxiété qui persiste pendant au moins un mois après l'arrêt de la pratique, contrairement aux groupes contrôle.
- Vétérans atteints de SSPT : 20 minutes/jour pendant 4 semaines ont significativement diminué la perception du stress, de la douleur et des émotions négatives.
- Patients déprimés résistants aux traitements : Sessions hebdomadaires de 20 minutes pendant 10 semaines, combinées à 20 minutes quotidiennes non supervisées, ont entraîné une diminution "très importante" de la dépression et de l'anxiété, visible dès 4 semaines.
- Pression Artérielle : Une étude a montré une diminution de la pression artérielle qui persistait 6 mois après l'arrêt de la pratique chez ceux qui l'avaient faite sur le long terme.
- Adaptation à l'Âge et aux Pathologies :
- Bien que l'amplitude des oscillations puisse être légèrement moindre après 40 ans ou chez des patients atteints de diabète, la cohérence cardiaque augmente toujours cette amplitude par rapport à la respiration spontanée, offrant des bénéfices à tous.
"Quel que soit l'âge quel que soit la condition il tout le monde peut faire la cohérence cardiaque et avoir un effet bénéfique".
- Gestion de la Douleur : Des sessions courtes (5 minutes) avant un événement douloureux (ex: prise de sang) peuvent réduire la sensation de douleur.
- Sommeil : Améliore le temps d'endormissement (latence d'endormissement). Il est plus efficace de la pratiquer juste avant de se coucher.
6. Protocoles de Pratique Recommandés
La durée et la fréquence de la pratique varient en fonction des objectifs :
- "Traitement Ponctuel" / Avant un Événement : 5 minutes (5 secondes inspiration, 5 secondes expiration, inspiration nasale).
- "Traitement de Fond" Léger (Concentration, Mémoire, Stress ponctuel) : 10 minutes par jour pendant au moins 2-3 semaines.
- "Traitement de Fond" Important (Anxiété, Dépression, Douleur Chronique) : 20 minutes par jour pendant 4 à 8 semaines et au-delà.
- Il est préférable de faire des sessions de 10 minutes plutôt que de multiples sessions de 5 minutes pour un effet plus rémanent.
- Les effets peuvent persister au moins un mois après l'arrêt pour une pratique prolongée.
7. Outils et Aides à la Pratique
De nombreuses ressources facilitent la pratique de la cohérence cardiaque :
- Vidéos et Applications :
- Sites web : vimeo.com, onedeepbreath.
- Chaînes YouTube avec animations visuelles (ex: celle de Caroline Sévoz-Couche avec nuages ou flèches).
- Applications mobiles (iOS/Android) : "Cardia", "Breathing App", "Breath+ (permet de visualiser la fréquence cardiaque en direct et la calque sur la respiration idéale)".
- Montres Connectées : Certaines montres proposent des fonctionnalités de cohérence cardiaque.
- Pratique sans Outil : Il est possible de la pratiquer n'importe où en comptant mentalement 5 secondes d'inspiration nasale et 5 secondes d'expiration.
8. Questions et Remarques Importantes
- Différence avec d'autres Techniques de Respiration : La respiration carrée (inspiration-pause-expiration-pause) peut être utilisée pour d'autres objectifs (relaxation), mais elle n'est pas optimale pour la cohérence cardiaque car les pauses interrompent la "cohérence" des oscillations et réduisent l'amplitude.
Pour la cohérence cardiaque, l'absence de pause ou de très courtes pauses (0,5 sec) est préférable. * Complémentarité avec d'autres Thérapies : La cohérence cardiaque est reconnue par certains professionnels de la santé, notamment en psychiatrie et psychologie positive, comme un outil efficace et complémentaire à d'autres techniques (hypnose clinique, EMDR), car elle active des structures cérébrales similaires. * Contre-indications ou Effets Indésirables : Très rares. La seule prudence concerne les personnes sujettes aux malaises vagaux très prononcés. Certains moments de vie (ex: 3ème trimestre de grossesse) peuvent rendre la pratique plus difficile en raison de contraintes physiques. * Cohérence Cardiaque et Effort Sportif : Non indiquée pendant un effort sportif intense, car celui-ci active le système nerveux sympathique, qui s'oppose à l'action du nerf vague (parasympathique). * L'objectif et la concentration : Il ne faut pas trop se concentrer sur un objectif pendant la pratique elle-même, car cela peut augmenter la partie sympathique et réduire les effets bénéfiques. L'important est de se concentrer sur la technique respiratoire. * Processus d'Habituation à l'Anxiété : Bien que ce ne soit pas directement un processus d'habituation, la stimulation vagale par la cohérence cardiaque peut aider le cerveau des patients déprimés (et potentiellement anxieux) à mieux accepter les nouvelles informations et à sortir des ruminations, en réactivant les systèmes inhibiteurs de l'impulsivité.
En conclusion, la cohérence cardiaque est une pratique basée sur des mécanismes physiologiques solides, facilement accessible et aux bénéfices avérés sur la gestion du stress, l'anxiété, la dépression, la douleur, la concentration, la mémoire et le sommeil, quel que soit l'âge ou la condition de santé.
Sa simplicité et son efficacité en font un outil précieux pour le bien-être général.
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Note de synthèse : Comprendre l'Adolescence à travers le Prisme des Neurosciences et de la Psychologie du Développement (Mathieu Cassotti)
Cette synthèse est basée sur les extraits de la conférence "C'est pas moi, c'est mon cerveau" de Mathieu Cassotti, Professeur en psychologie du développement à l'Université Paris Cité.
L'objectif principal de cette intervention est de déconstruire les perceptions souvent négatives et biaisées de l'adolescence pour proposer une compréhension plus nuancée, fondée sur les spécificités du développement cérébral et les interactions avec l'environnement social.
1. La Perception Biaisée de l'Adolescence
Traditionnellement, l'adolescence est perçue sous l'angle de la prise de risque, des difficultés et de la vulnérabilité. Les adultes ont du mal à comprendre le fonctionnement des adolescents, et cette incompréhension est réciproque.
Les adolescents, malgré les cours de biologie, ont peu d'informations sur leur propre cerveau et ses spécificités. La psychologie a souvent abordé l'adolescence sous l'angle des psychopathologies.
Cassotti et son collègue Grégoire Bord ont cherché à changer cette perspective, arguant que notre perception est souvent biaisée par un "biais de génération" : "on a tendance à considérer que les générations d'après les nôtres sont d'après la nôtre est toujours moins bien que la nôtre les générations d'après sont toujours moins bien ah bah de mon temps on était meilleur".
Ce biais nous pousse à ne pas suffisamment explorer les aspects positifs de cette période. L'engagement des adolescents pour des causes comme la justice sociale ou le climat est souvent minimisé ou dévalorisé par les adultes.
Le livre "C'est pas moi, c'est mon cerveau" vise à vulgariser le fonctionnement du cerveau adolescent pour les adolescents eux-mêmes, afin qu'ils "comprennent un petit peu mieux leur fonctionnement pour qu'ils puissent à partir de cette compréhension euh soit euh faire en sorte de changer un certain nombre de comportements soit au contraire de se sentir légitime de pouvoir essayer de de faire quelque chose et d'essayer de le changer".
2. Le Cerveau Adolescent : Une Période de Développement et de Plasticité
Le cerveau adolescent, bien que similaire en forme à celui de l'adulte, est encore en plein développement, une période qui peut s'étendre "jusqu'à 25 ans".
Cette immaturité n'est pas uniquement biologique mais est fortement influencée par l'environnement.
L'adolescence est une "fenêtre de plasticité particulière" avec des changements tardifs et d'importantes différences interindividuelles (par exemple, le début de la puberté).
Une découverte clé des 20 dernières années en neurosciences, notamment grâce aux travaux de Bétio Ky, est la maturation progressive et hétérogène du cerveau :
Les régions impliquées dans la réactivité émotionnelle (système limbique) maturent beaucoup plus rapidement. Les régions impliquées dans la régulation et le contrôle (cortex préfrontal) maturent plus tardivement.
Ce décalage explique en partie la spécificité de l'adolescence : une "maturation fonctionnelle des systèmes de la réactivité émotionnelle mais pas encore c'est du contrôle".
Cela conduit à une "hypersensibilité émotionnelle" observée dans de nombreuses recherches, notamment face aux stimuli positifs comme les visages exprimant la joie, qui activent fortement le réseau de la récompense.
Cependant, cette immaturité n'est pas une "incapacité" mais plutôt une période "en cours d'apprentissage". L'environnement joue un rôle crucial dans le développement de l'autorégulation émotionnelle.
L'apprentissage de la verbalisation, de l'identification et de la gestion des émotions est essentiel et "très peu enseigné de façon explicite aux adolescents".
3. Émotions Complexes et Prise de Décision
L'hypersensibilité émotionnelle des adolescents n'est pas uniforme pour toutes les émotions.
Si elle est bien établie pour la joie et la peur, les émotions sociales comme la honte, la culpabilité ou la jalousie, ainsi que le regret et le soulagement, sont plus complexes.
Le Regret : Les adolescents ressentent moins de regret que les adultes et l'anticipent moins.
Le regret, défini comme la différence entre le résultat obtenu et ce qui aurait pu être obtenu avec un autre choix, est soutenu par le cortex préfrontal, qui est encore immature. Cela peut expliquer une moindre capacité à apprendre de leurs erreurs dans des situations où le regret est un signal d'apprentissage clé.
Prise de Risque : Concernant la prise de décision et de risque, les adolescents sont "aussi bons que les adultes" à partir de 15 ans lorsqu'ils disposent de toutes les informations nécessaires.
Cependant, leur capacité à apprendre des feedbacks de l'environnement (positifs ou négatifs) est plus difficile que chez les adultes, en particulier lorsque l'information sur le risque n'est pas explicite et doit être extraite de l'expérience.
"ce n'est pas uniquement une question de contrôle c'est aussi parce que ils sont pas des preneurs de risque complètement fous c'est c'est aussi parfois une capacité à apprendre de des feedback qu'il vont avoir de leur environnement positif et négatif et donc là c'est plus difficile que chez les adultes".
4. Influence Sociale et Conformisme
Contrairement à l'idée répandue, les adolescents ne sont pas "davantage des moutons que nous le sommes nous en tant qu'adultes".
Les adultes sont également très sensibles au conformisme social, même dans des situations où la bonne réponse est évidente.
Les études montrent que le conformisme social est maximal chez les enfants et "minimal à l'adolescence à l'âge de 17 ans".
Cependant, cette tendance s'inverse dans les situations d'incertitude et surtout en contexte social, où les adolescents peuvent montrer une "hypersensibilité au contexte social", particulièrement dans les situations de prise de risque.
En présence de leurs pairs, ils sont enclins à prendre plus de risques.
L'imagerie cérébrale révèle que cette influence sociale n'affecte pas le contrôle mais stimule le réseau de la récompense. Deux interprétations sont proposées :
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Le contexte social stimule la sensibilité aux récompenses immédiates.
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La "représentation qu'ils ont de la norme sociale de ce qui est valorisé par leur père" inclut la prise de risque, menant à une récompense sociale. Cette seconde interprétation est privilégiée par Cassotti, d'autant plus que l'effet est plus prononcé chez les garçons que chez les filles, reflétant des normes sociales différentes.
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Lorsque l'observateur change (par exemple, la mère au lieu des pairs), l'activation du striatum ventral (récompense) diminue et les régions de contrôle s'activent, réduisant la prise de risque.
Cela souligne l'importance des "normes sociales et l'impact en vérité de ces normes sociales sur les adolescents sont sont différentes".
Il est crucial de travailler sur le conformisme social avec les adolescents, non pour le supprimer (ce qui est impossible), mais pour les aider à "comprendre cette dynamique avoir une vraie représentation explicite du fait qu'il existe ce conformisme social et détecter dans certaines situations où il faut pas se conformer".
La peur de l'exclusion est un moteur puissant du conformisme, et il est important d'aider les adolescents à relativiser ce "coût affectif".
5. Écouter et Soutenir les Adolescents : La Créativité comme Moteur
Cassotti insiste sur l'importance d'écouter davantage les adolescents et de ne pas se contenter de leur dicter des solutions.
Il propose un "changement de paradigme" où les adolescents deviennent "acteurs de la façon de résoudre les problèmes", en particulier pour des défis complexes comme la transition écologique, pour lesquels les adultes n'ont pas toujours les solutions.
Le laboratoire de Cassotti s'engage dans la co-conception de recherche avec les adolescents, leur fournissant des "outils pour penser, les outils pour réfléchir par eux-mêmes et proposer les solutions par eux-mêmes".
La Réactivité Émotionnelle comme Moteur d'Engagement : L'hypersensibilité émotionnelle des adolescents aux injustices sociales peut être un puissant moteur d'exploration et d'engagement.
Cette réactivité émotionnelle est non seulement plus forte mais "dure plus longtemps dans le temps" que chez les adultes, qui ont tendance à diluer leurs émotions, à utiliser des mécanismes de coping pour réguler les affects négatifs, ou à ne pas savoir quoi faire.
Cette "spécificité de l'adolescence qu'on peut documenter d'un point de vue neuro" peut être utilisée comme un élément de stimulation pour "une volonté d'agir et de changer les choses".
Créativité : Les adultes ont souvent des "blocages cognitifs" qui les empêchent de proposer des solutions créatives, retombant au niveau d'enfants de CM1/CM2 pour des problèmes complexes.
Le cerveau a tendance à rechercher des solutions par analogie, ce qui mène souvent à des réponses convenues et peu originales.
Par exemple, pour le problème de l'œuf lâché de 10m, la plupart des solutions se regroupent en trois catégories : ralentir la chute, amortir la chute, ou protéger l'œuf.
Il est essentiel de "sortir de ce cadre là" en explorant de nouvelles connaissances (par exemple, les propriétés naturelles de l'œuf, jouer sur le problème lui-même).
Même les idées "farfelues" peuvent être précieuses car elles "déclenchent comme activation de connaissance pour pouvoir ensuite aller explorer des solutions nouvelles".
Il y a un "vrai enjeu à travailler avec les adolescents pour les aider et les soutenir dans leur démarche plutôt que pour les enfermer".
En somme, Mathieu Cassotti invite à reconsidérer l'adolescence non pas comme une période de problèmes à gérer, mais comme une phase de développement unique avec des spécificités neurologiques et psychologiques qui, si elles sont comprises et soutenues, peuvent devenir de puissants atouts pour l'innovation, l'engagement social et la résolution de problèmes complexes.
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Briefing sur "La confiance en soi, un atout vital" - Frédéric Fanget
- Frédéric Fanget, médecin psychiatre et psychothérapeute, spécialiste des thérapies comportementales et cognitives (TCC), met en lumière l'importance cruciale de la confiance en soi, non seulement pour le bien-être individuel mais aussi comme outil de prévention en santé mentale.
Selon Fanget, le manque de confiance en soi est le premier motif de consultation en psychologie, 68% des Français doutant de leur intelligence.
1. Concepts Fondamentaux : Confiance en Soi, Estime de Soi et Affirmation de Soi
Fanget propose une pyramide de la confiance en soi, divisée en trois concepts interdépendants :
- Affirmation de soi : Située au sommet de la pyramide, elle représente "comment je me comporte avec les autres". Il s'agit de prendre sa place sans écraser autrui, trouvant un équilibre entre soi et les autres, ni "paillasson" ni "hérisson".
- Confiance en soi : Il s'agit d'un "sentiment de compétence", basé sur ce que l'on se sent capable de faire.
C'est une notion contextuelle, on peut être confiant dans un domaine (ex: travail) et moins dans un autre (ex: relations sociales). La confiance en soi implique une "juste appréciation de nos forces et de nos faiblesses".
- Estime de soi : C'est une "opinion globale que nous avons nous-mêmes et notre valeur", "l'image globale de ce que j'ai de moi".
Fanget suggère de remplacer progressivement ce concept par celui d'acceptation de soi, car une bonne estime de soi ne doit être "ni trop haute... ni trop basse".
Elle doit également être stable, avec des fluctuations acceptables en fonction des événements de vie, mais sans les extrêmes observés dans des pathologies comme le trouble bipolaire.
- Fanget identifie trois formes d'estime de soi, souvent déséquilibrées chez ses patients : * Liée à la performance : "Je m'aime lorsque je suis performant".
Le risque est l'addiction à la performance et l'effondrement en cas d'échec. * Liée à l'approbation des autres : "Je m'aime si les autres m'aiment".
Le risque est l'addiction au besoin d'être aimé. * Inconditionnelle : "Je me respecte sans conditions", avec une valeur unique, ni meilleur ni moins bon que les autres, mais avec des points forts et des points faibles.
C'est la forme d'estime de soi la plus saine, et elle est liée au concept d'acceptation de soi.
2. Causes du Manque de Confiance en Soi : Un Modèle Bio-Psycho-Social
Frédéric Fanget utilise un modèle à trois dimensions pour expliquer les causes du manque de confiance en soi :
- Facteurs biologiques (Neurosciences) : Les études génétiques, notamment sur des jumeaux, suggèrent qu'"un tiers de facteur génétique et deux tiers de facteurs environnementaux" influencent le manque de confiance en soi.
La métacognition – la capacité à évaluer sa propre fiabilité – est étroitement liée à la confiance en soi.
Des études d'imagerie cérébrale ont montré que les personnes ayant une meilleure métacognition possèdent plus de matière grise dans le cortex préfrontal antérieur, indiquant une base neurologique à cette capacité.
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Facteurs psychologiques : Fanget décrit sept "préjugés capitaux" qui minent la confiance en soi et qui se manifestent souvent en "cercles vicieux" entre comportements, émotions et cognitions (pensées) :
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"Je ne suis pas capable de"
- "J'ai besoin qu'on m'aime" (besoin d'approbation)
- "Je me trouve nul"
- "Je dois faire toujours mieux" (perfectionnisme)
- "Je n'arrive pas à me décider" (indécision)
- "Je dois toujours me faire des soucis"
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"Je dois me méfier des autres" (souvent lié à un traumatisme)
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Ces préjugés entraînent des boucles de pensées négatives qui renforcent le schéma initial, par exemple, le perfectionnisme qui, à la longue, fait baisser l'estime de soi.
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Facteurs sociaux : L'environnement social (vie professionnelle, amicale, etc.) joue un rôle crucial.
Fanget souligne l'importance de prendre en compte le contexte social dans l'évaluation et le traitement des problèmes de confiance en soi.
3. Thérapie de la Confiance en Soi : Comprendre, Agir, Accepter
La psychothérapie, selon Fanget, ne vise pas seulement à résoudre les problèmes, mais surtout à "aider ceux qui se comprennent mieux eux-mêmes". Elle se déroule en deux phases :
- Phase de compréhension : Il s'agit d'aider le patient à cerner ses problèmes ("tout ce qui va pas"), mais aussi et surtout à "lui montrer qu'il a un potentiel, qu'il peut faire plein de choses, qu'il a plein de ressources en lui".
Le thérapeute doit aider le patient à découvrir ses compétences souvent inaperçues.
- Phase d'action et de solution : Cela implique de "changer mes comportements, changer mes cognitions, changer mes émotions", mais aussi, et c'est un point essentiel, "de s'accepter".
Certaines choses ne peuvent pas être changées, et l'acceptation de l'inconfort ou des différences est fondamentale pour éviter le "syndrome du perfectionnisme thérapeutique".
La thérapie de la confiance en soi se décline en trois piliers :
- Savoir s'affirmer : Améliorer la relation avec les autres en adoptant un comportement affirmé, équilibré, respectueux, sans être passif, agressif ou manipulateur. Fanget présente la méthode "DES" (Décrire la situation,
Exprimer ses émotions, Suggérer une solution positive et ses conséquences positives) comme un moyen de "critiquer calmement et constructivement".
Ce comportement affirmé est "libérateur" et "protecteur" face aux agressions et aux demandes excessives (comme celles menant au burn-out).
L'affirmation de soi passe aussi par le travail sur la "voix intérieure" ou "voix critique intérieure" (VCI), souvent héritée du passé (voix parentale).
Il s'agit de "répondre à notre voix intérieure issue du passé" pour modifier les pensées automatiques qui inhibent l'affirmation.
Apprendre la "bienveillance envers soi-même", en se parlant comme on parlerait à "notre meilleure amie", est une technique clé.
- Savoir agir : L'action est l'ennemi de la procrastination et un pilier de la confiance en soi. Il faut "s'engager dans l'action mais en acceptant l'échec, l'erreur ou le résultat imparfait".
La méthode de l'action se déroule en trois temps :
- Avant l'action : Se préparer, prendre des décisions, "braver l'appel de l'échec".
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Pendant l'action : Être conscient des exigences trop élevées, ne pas hésiter à demander de l'aide.
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Après l'action : S'encourager soi-même, se renforcer sur l'effort (être content d'avoir essayé), sur l'émotion positive (fierté), et sur le courage.
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Savoir se connaître, s'accepter, se respecter : Cela implique de travailler sur l'estime de soi et l'acceptation de soi. Les thérapies cognitives aident à distinguer les auto-jugements négatifs des faits.
La thérapie des schémas permet de comprendre et de modifier les schémas infantiles.
L'ACT (Acceptation and Commitment Therapy) est un mouvement thérapeutique majeur qui vise à "mieux s'accepter" et à vivre en accord avec ses valeurs, même en présence d'anxiété.
En conclusion, Frédéric Fanget insiste sur l'importance d'une vision objective du patient, en identifiant non seulement ses difficultés, mais aussi et surtout son "potentiel".
La thérapie de la confiance en soi est un chemin vers une meilleure compréhension de soi, l'action courageuse et l'acceptation de qui l'on est, dans ses forces et ses faiblesses.
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Document de Synthèse : Sociologie de la Défiance et de l'Adhésion aux Croyances dans le Domaine Scientifique
Ce document explore la sociologie de la défiance et de l'adhésion aux croyances scientifiques, en se concentrant sur l'affaire Wakefield et ses répercussions sur la confiance vaccinale.
L'analyse met en lumière le rôle des médias, les normes scientifiques, le contexte social et la diffusion des informations sur internet.
1. Cadre Sociologique et Point de Vue de l'Auteure
- Romy Sauvayre, l'auteure, se positionne dans une approche sociologique qui étudie "les raisons pour lesquelles les acteurs sociaux vont faire ce qu'ils font, croire ce qu'ils croient".
Elle ne cherche pas à déterminer ce qui est "vrai" ou "faux" en soi, mais plutôt ce que les scientifiques considèrent comme tel à un moment donné, reconnaissant que cette perception peut évoluer.
Son analyse se concentre sur "la relation entre empirique et perception qu'on a de recherche scientifique". * 2. L'Affaire Wakefield : Une Chronologie et ses Effets
L'affaire Wakefield est un cas d'étude central pour comprendre la défiance vaccinale.
- Origine (1998) : Le Dr. Andrew Wakefield, gastro-entérologue, publie un article dans la revue The Lancet suggérant un lien entre le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) et l'inflammation intestinale, et potentiellement l'autisme. Il est important de noter que l'article était publié sous l'étiquette "article de prévention", indiquant qu'il s'agissait d'une recherche préliminaire et non d'une preuve définitive. Les co-auteurs eux-mêmes n'ont pas établi de lien direct entre l'autisme et les vaccins, seulement entre le vaccin et la maladie intestinale.
- Contexte Préexistant à la Publication :
- Crise de la Vache Folle (ESB) : De 1985 à 2000, la crise de la vache folle a fortement érodé la confiance du public britannique envers les scientifiques et le gouvernement. "La science elle dit soyez sûrs c'est un cas de déviation britannique qui est appelé chance dans la science". Cela a créé un terrain fertile pour la méfiance envers les déclarations scientifiques officielles.
- Retrait de Vaccins ROR (1992) : Deux vaccins ROR avaient déjà été retirés du marché six ans plus tôt en raison d'effets secondaires, renforçant les craintes préexistantes.
- Rôle des Médias (1998-2004) :
- Soutien Initiale : Les médias britanniques, en particulier le Sunday Times et le Panorama de la BBC (émission "MMR: What The Doctors Won't Tell You" en 2002), ont "promptement soutenu la thèse de Wakefield". Ils ont accordé une grande visibilité à Wakefield, en partie parce qu'il était un expert reconnu et avait un statut académique important (76 publications, senior researcher).
- Biais de Diffusion : Les journalistes ont "davantage diffusé la thème de Wakefield que toute autre thèse", en privilégiant les études qui abondaient dans son sens et en "ne médiatisant pas" les études remettant en cause son hypothèse. Le pic de médiatisation a eu lieu en 2002, suite au documentaire de la BBC.
- Conséquence Directe : Cette médiatisation a eu un "impact énorme sur la vaccination des génies". On observe une "chute conséquente du taux de vaccination" après la publication de l'article de Wakefield en février 1998, et pendant toute la période de médiatisation. Le taux de vaccination ROR est passé de 92% à 83% dans certaines régions du Royaume-Uni.
3. Point de Vue des Scientifiques et Contestations
Bien que les médias aient initialement soutenu Wakefield, la communauté scientifique n'était "pas unanime" et des contestations ont rapidement émergé.
- Critiques Méthodologiques (Dès 1998) :
- Taille de l'Échantillon : L'étude de Wakefield portait sur seulement 12 enfants, un nombre jugé insuffisant pour tirer des conclusions générales. "12 c'est quand même pas bon".
- Manque de Groupe Témoin et de Double Aveugle : La méthodologie ne comprenait pas de groupe de contrôle ni de protocole en double aveugle, des normes aujourd'hui "très valorisée" en recherche médicale.
- Biais de Sélection et Conflits d'Intérêts : Le recrutement des enfants s'est fait via un "réseau d'association de personnes plaignantes qui pensaient que le vaccin contre la rougeole posait l'autisme", suggérant un biais de sélection. Il a été révélé plus tard que Wakefield avait des "conflits d'intérêt" et des "fins pour pouvoir apporter des preuves en faveur de son hypothèse".
- Données Partielles et Antécédents : Les données rapportées étaient partielles, et les travaux précédents de Wakefield, bien que reçus, contenaient déjà des "problèmes méthodologiques" qui rendaient difficile la détection d'un virus dans l'intestin.
- Réponse des Institutions Scientifiques :
- Académie des Sciences : L'Académie des Sciences a initialement déclaré ne pas avoir "les moyens de falsifier l'hypothèse de Wakefield", ce qui, selon l'auteure, n'aurait pas dû être interprété comme une validation. En sciences médicales, on ne se prononce qu'avec des preuves suffisantes.
- Institute of Medicine (2004) : En 2004, l'Institute of Medicine a publié un rapport concluant qu'il n'y avait "pas de danger à inoculer le vaccin ROR", marquant un tournant.
4. Le Rôle de l'Investigation Journalistique et la Rétractation
Le changement de perception médiatique est dû à une enquête journalistique approfondie.
- Enquête du Sunday Times (2004) : Brian Deer, un journaliste d'investigation du Sunday Times, a mené une enquête minutieuse, rencontrant tous les acteurs et consultant les dossiers d'éthique. Il a "constaté qu'il y a des examens invasifs sur les enfants" (colonoscopies, fonctions d'anglais) qui n'étaient "pas possibles" ou "inacceptables" d'un point de vue éthique. Cette révélation a alerté le conseil de l'ordre.
- Arrêt du Soutien Médiatique : Suite à ces révélations, "les médias arrêtent de soutenir" Wakefield.
- Radiation de Wakefield (2010) : Le Conseil Général Médical (General Medical Council) a mené une longue enquête (2004-2010), culminant par le "retrait le droit d'exercer" à Wakefield en 2010. L'article original a été "retiré en 2010" par The Lancet. Les motifs incluaient des "conflits d'intérêt" et la réalisation d'"examens organisés pour les fonds et sur le peuple sans collectivité".
5. L'Ère d'Internet et la Persistance de la Défiance
Malgré la radiation de Wakefield et le retrait de son article, la défiance vaccinale a persisté, amplifiée par les plateformes numériques.
- Diffusion de Théories Conspirationnistes : Wakefield a "publié un qui s'appelle conspirationnisme" après sa radiation. Il a affirmé que ses découvertes étaient si importantes que l'industrie pharmaceutique tentait de le "faire taire". "Bref il était donc sur le groupe d'une machination pour le feu terre".
- Documentaire "Vaxxed" (2016) : En 2016, Wakefield a publié un documentaire "Vaxxed" sur les réseaux sociaux, qui "tient pour consiste le conspirationnisme de santé CDC", affirmant que le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) aurait "caché des dans son et il continue à diffuser ça".
- Rôle des Réseaux Sociaux : Les réseaux sociaux ont permis une "division très massive de ces antivaccinisme". La défiance vaccinale a été "d'abord puis sur les différentes réseaux sociaux". L'auteure souligne que le manque de validation scientifique ne freine pas la diffusion : "On est tous des cobages, c'est un maxin expérimental voilà ce qui se sur les réseaux sociaux".
- Influence sur la Perception : La persistance de l'antivaccinisme est également liée à des mécanismes psychologiques : "si quelqu'un est gentil avec vous curieusement vous lui faites" confiance. La diffusion de ces idées est alimentée par des "personnes" qui "disent des choses comme ça affirmative", tandis que les scientifiques, dans leur rôle, "doivent toujours parler avec précaution" car les preuves sont "toujours sous une" incertitude jusqu'à confirmation par de multiples études.
- Conséquences Durables : Malgré les efforts pour rétablir la confiance, "la défiance qu'il n'y avait à monde se sur les réseaux sociaux se retrouve avec une plus grande population de défis qui n'ont pas". En France, une partie de la population (environ 35%) "continue à marquer vacc".
6. Leçons Apprises et Précautions
Nécessité de la Précaution Scientifique : "Il est nécessaire d'être près que pressionner avec des études". La science exige une multiplicité de preuves et des méta-analyses pour valider les conclusions. Critique des Sources : L'auteure conseille de se méfier des informations sur les réseaux sociaux et de privilégier les sources fiables comme Google Scholar pour les questions médicales, qui "font des analyses sur plein de sujets libres" et permettent d'"assurer d'avoir une information juste".
Responsabilité des Journalistes : Les journalistes ont une "part de responsabilité" dans la diffusion d'études minoritaires et contestées. Ils devraient "diffuser davantage l'information que la précaution" quand ils se basent sur un consensus scientifique majoritaire.
En conclusion, l'affaire Wakefield illustre la complexité de la diffusion des croyances scientifiques, l'impact majeur du contexte socio-historique, le rôle ambivalent des médias (initialement facilitateurs de la désinformation, puis correcteurs par l'investigation), et la capacité d'internet à perpétuer et amplifier la défiance, même face à un consensus scientifique établi.
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ote de synthèse : L'affectivité, les émotions et les relations à l'école selon Gaëlle Espinosa
Cette présentation de Gaëlle Espinosa, professeure en sciences de l'éducation à l'Université de Lorraine, s'inscrit dans le cycle de conférences Filgout.
Elle explore l'importance de l'affectivité, des émotions et des relations à l'école, tant entre enseignants et élèves qu'entre pairs.
S'appuyant sur 25 ans de recherche, elle met en lumière les enjeux et les liens entre ces concepts et le bien-être et la réussite des élèves.
I. Parcours et objets de recherche de Gaëlle Espinosa
Gaëlle Espinosa est chercheuse au Lisec (Laboratoire Interuniversitaire des Sciences de l'Éducation et de la Communication) depuis 2005 et collaboratrice internationale du réseau québécois Réverbire (réseau de recherche et de valorisation de la recherche sur le bien-être et la réussite).
Elle participe également à l'Observatoire du Bien-être à l'École.
Ses travaux, menés depuis 25 ans, se concentrent sur l'expérience scolaire de l'élève, son rapport à l'école, au savoir et à l'enseignant, en interrogeant ce qu'il ressent et les émotions vécues.
Elle ne s'intéresse pas prioritairement aux notes et au cognitif, mais plutôt à "ce que l'expérience scolaire fait émotionnellement affectivement à l'enfant".
Progressivement, elle a intégré les concepts de bien-être et de réussite dans ses recherches, ainsi que les compétences psychosociales (CPS), choix de l'Éducation nationale pour aborder l'affectivité et les émotions.
II. Premiers travaux et constatations (Ouvrage de 2003)
Son premier ouvrage, issu de son doctorat (2001), s'intitule "Rapport au savoir, rapport au maître et affectivité : contribution à une analyse du chemin scolaire de l'élève".
Il a été particulièrement bien accueilli au Québec, influençant le ministère de l'Éducation québécois.
L'étude, menée auprès de 32 élèves de CE2 et de Seconde, en difficulté ou en réussite scolaire, a mis en évidence des résultats importants concernant la relation enseignant-élève :
- L'enseignant, figure clé : Tous les élèves interrogés accordent une place importante à l'enseignant dans leurs apprentissages, le considérant comme un "personnage clé de leur expérience scolaire".
Différences entre élèves en réussite et en difficulté :
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Élèves en réussite : Attendent un "échange professionnel", c'est-à-dire un apport de contenu pour l'obtention du baccalauréat ou l'orientation.
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Élèves en difficulté : Outre l'exigence professionnelle, ils ont une "exigence plus humaine" dans la relation. Ils souhaitent que l'enseignant les reconnaisse en tant qu'individus et se préoccupe d'eux au-delà de leurs difficultés scolaires.
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Centralité de l'enseignant pour les élèves en difficulté : Ce sont "plutôt les élèves en difficulté scolaire, tout compte fait, qui avaient accordé une place centrale à l'enseignant dans leur expérience scolaire et dans leur scolarité".
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Les plus jeunes (CE2) ont tendance à "confondre leur année (...) avec l'enseignant".
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Les plus âgés (Seconde) pensent que "carrément sans tel ou tel enseignant, on ne pouvait pas réussir".
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L'affectivité, pas seulement pour les plus petits : Les élèves en difficulté, notamment les plus âgés, sont "en forte demande affective humaine à l'égard des enseignants".
Les recherches futures, notamment au Québec, ont confirmé que même les adultes en formation sont "en demande affective, en demande de relation humaine avec les enseignants pour réussir par exemple ou pour persévérer".
III. Évolution des recherches et ouvrage à paraître (2025)
Après avoir exploré d'autres objets de recherche (liaison CM2-6ème, activités périscolaires), Gaëlle Espinosa est revenue à ses "premiers amours de recherche", constatant que l'affectivité et les émotions étaient toujours au cœur de l'expérience scolaire.
Son prochain ouvrage, issu de son Habilitation à Diriger des Recherches (2021), s'intitule "De l'affectivité et des émotions de l'élève dans son expérience scolaire : perspective de développement global de l'enfant pour son bien-être et sa réussite".
L'objectif est de "rendre explicite des liens implicites qui existent" entre les différents concepts et de montrer qu'à l'international, la littérature existe sur l'intérêt de combiner les aspects affectifs et cognitifs pour le développement global de l'enfant.
Le livre, structuré en quatre chapitres, définit les notions de bien-être, d'affectivité, d'émotions, de satisfaction et leurs liens. Il aborde plus particulièrement les émotions, l'affectivité, et les relations de l'élève à l'école.
IV. Idées fondamentales du nouvel ouvrage
Gaëlle Espinosa propose de "considérer que l'affectivité, les émotions sont des éléments d'importance équivalente à la cognition dans l'école".
Elle estime qu'en France, "on a un petit peu de mal (...) à considérer que les éléments affectifs et émotionnels devraient être pris en compte travailler autant que les aspects cognitifs et intellectuels à l'école." Mettre à égalité ces sphères permettrait d'aller vers le bien-être et la réussite de l'enfant.
Elle explicite plusieurs liens cruciaux :
- Affectivité, émotions et bien-être : Les émotions sont une composante de l'affectivité, et les affects positifs et négatifs sont deux des trois composantes du bien-être subjectif (avec la satisfaction à l'égard de la vie).
Une personne satisfaite de la vie ressentira fréquemment des émotions positives et rarement des émotions négatives.
- Bien-être et relations positives : Le bien-être eudémonique, notamment le bien-être psychologique, comprend des composantes liées aux "relations positives avec les autres". Ces relations de qualité renvoient à l'aspect humain et affectif.
V. Relations de qualité à l'école : enseignants-élèves et entre pairs
La littérature scientifique, depuis la fin des années 90, démontre qu'une "relation enseignant-élève positive ou en tout cas une relation affective" est bénéfique à la fois pour l'individu dans et hors de l'établissement scolaire.
Bénéfices internes : persévérance, réussite, comportements scolaires adaptés. Bénéfices externes : baisse de la dépression, de l'anxiété, de la délinquance.
La dimension affective de la relation enseignant-élève inclut la "confiance, l'intimité, la proximité, la communication, le partage, l'affect positif", le "soutien émotionnel, la chaleur émotionnelle, l'acceptation".
- Les relations entre enfants de qualité ou positives impliquent également la "confiance, l'intimité, se partager des secrets", le "soutien émotionnel", la "chaleur émotionnelle, l'acceptation", ainsi que "l'amitié, les liens électifs".
Ces liens "sont importants à l'école et tout compte fait, je me dis que pour développer des relations de qualité (...) ce qui est aussi intéressant, c'est de développer des relations qui pourraient être qualifiées avec tous ces qualificatifs."
VI. Complémentarité des recherches : psychologie et sociologie
- Gaëlle Espinosa souligne la complémentarité des travaux menés en psychologie (facteurs de risque/protection des relations entre enfants à l'école, psychologie de l'amitié) et en sociologie (climat scolaire, harcèlement, violence).
Ces approches, bien que distinctes, s'enrichissent mutuellement pour comprendre et agir sur le climat scolaire et les relations interindividuelles.
Le climat scolaire, dimension collective, vise la sécurité et la progression des apprentissages.
La "finalité commune" de ces travaux est d'avoir "une connaissance assez fine de l'ensemble des dimensions qui existent et sur lesquelles on peut travailler en établissement scolaire pour permettre tout simplement l'installation de un climat scolaire serein ou de relations apaisées à l'école qui serait au bénéfice à la fois des élèves dans leur expérience scolaire mais aussi des enseignants dans leur pratique professionnelle."
Elle intègre également les notions de bienveillance et d'empathie dans ce cadre.
La bienveillance, souvent mentionnée dans les textes de loi, est une "posture éthique" dans la relation enseignant-élève, tandis que l'empathie est plus pertinente pour les relations entre enfants.
VII. Intérêt de travailler les émotions et les relations à l'école
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Compréhension de soi et des autres : La capacité d'un élève à comprendre "ce qu'il ressent", ses "affectivités, ses émotions", et celles des autres, est "déterminant de sa réussite scolaire" et a des "conséquences plutôt positives sur la qualité de ses comportements sociaux".
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Disponibilité pour les apprentissages : Comprendre et réguler ses émotions permet de "se rendre plus disponible pour les apprentissages" et d'être "plus apaisé dans ces relations sociales". Comme le résume une citation,
"Les capacités à exprimer, discriminer, identifier et réguler ses émotions font partie de ce que les chercheurs appellent les compétences émotionnelles. (...)
Le développement de ces compétences chez l'enfant est un aspect important du développement cognitif qui est relié à de nombreux facteurs tels que les comportements sociaux, les performances, la santé.
Le développement de ces compétences est donc d'une importance capitale. Il est possible de les entraîner dès le plus jeune âge et (...) tout au long de la vie."
- Développement socio-émotionnel et bien-être : Apprendre à exprimer ses émotions est un "élément clé de son développement socio-émotionnel pour l'enfant" et de sa santé, favorisant sa réussite et son bien-être scolaire.
VIII. Pistes pour développer des relations de qualité
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S'en occuper au quotidien : Les émotions et les relations doivent être une préoccupation quotidienne, tant pour les élèves que pour les professionnels, et non seulement en cas de problème. Cela représente également un élément de protection pour soi-même.
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Formation des enseignants : Il est crucial d'intégrer la formation sur l'affectivité, les émotions et les relations dans la formation initiale et continue des enseignants. Au Québec, ces notions sont déjà plus ancrées.
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Construction de la posture enseignante : Permettre à l'enseignant de "construire sa posture qui sera aussi évolutive", être indulgent avec soi-même dans cette construction, apprendre par "tâtonnement, les essais et les erreurs".
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Réflexion sur la relation enseignant-élève : Qu'est-ce qu'une relation de qualité ? Qu'est-ce qu'un élève attend ? Quelles sont les limites à ne pas dépasser ?
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Questionner son propre rapport aux élèves : Éviter de "ne plus prendre plaisir à être dans une salle de classe" ou de ne pas "tisser des liens présent avec beaucoup d'envie ou à beaucoup de plaisir avec des élèves".
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Travailler ses propres compétences psychosociales (CPS) : Elles sont essentielles pour la réflexivité, pour soi et pour les autres, et constituent un "élément de protection".
IX. Conclusion : Un projet de société éducatif
Gaëlle Espinosa conclut en proposant un "projet de société éducatif" basé sur trois "clés de voûte" :
La régulation émotionnelle
La maturité relationnelle La disponibilité intellectuelle (qui découlerait des deux premières).
Ces objectifs permettraient à l'élève de devenir autonome et mature relationnellement, de parvenir à son autorégulation émotionnelle, et d'être plus disponible pour les apprentissages, menant ainsi à son bien-être et sa réussite.
Elle insiste sur le fait qu'un tel projet "demande du temps" et une constance politique, sans "changer de cap", pour que l'affectivité et les émotions soient positionnées** "au même niveau que la cognition".
X. Précisions terminologiques
- Affectivité vs Émotions : L'affectivité est un concept plus large, incluant les émotions, les sentiments, les humeurs, la motivation et la confiance en soi.
Les émotions sont une composante plus précise de l'affectivité.
- Confiance en soi : Liée aux pratiques, construite par le tâtonnement, les essais et les erreurs, et par l'expérience de la réussite ou des difficultés.
Elle peut être rapprochée du sentiment d'efficacité personnelle.
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Justice scolaire : Se réfère à "l'impression de pouvoir être traité comme les autres", à l'équité perçue des sanctions ou des remarques. Une injustice perçue peut générer "de la rancœur, de la colère".
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Réflexivité : Pas d'échelle connue pour la mesurer, mais elle se construit et évolue, notamment par la formation et l'expérience.
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La présentation souligne enfin que les études quantitatives tentent d'analyser la contribution de chaque dimension (famille, relation enseignant-élève, etc.) sur le bien-être de l'élève, tout en reconnaissant qu'il n'y a rien d'automatique et que de multiples facteurs interdépendants sont en jeu.
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Note de synthèse détaillée : L'Enseignement Explicite pour la Réussite Scolaire et la Gestion de Classe
Cette note de synthèse s'appuie sur la conférence "Enseignement explicite : des pistes pour gérer les apprentissages et les comportements des élèves" pour présenter les thèmes principaux, les idées clés et les faits importants concernant l'enseignement explicite, en incluant des citations pertinentes.
1. Introduction : Une double problématique et un enjeu sociétal
La conférence aborde une double problématique touchant les élèves et les enseignants :
Pour les élèves : Les difficultés scolaires et comportementales peuvent entraîner des problèmes d'apprentissage et un risque d'abandon scolaire sans qualification.
Pour les enseignants : La gestion des apprentissages et la gestion de classe sont des défis majeurs, même pour les expérimentés, contribuant à la pénurie d'enseignants.
Dans ce contexte, "la mise en œuvre de pratiques efficaces ça représente finalement un enjeu sociétal majeur pour favoriser la réussite du plus grand nombre d'élèves mais aussi la rétention des enseignants".
L'enseignement explicite est présenté comme un cadre pertinent pour adresser ces deux facettes inséparables : la gestion des apprentissages et la gestion des comportements.
"La gestion des apprentissages et la gestion des comportements représentent les deux phases d'une même pièce".
2. Qu'est-ce que l'efficacité en éducation ?
L'efficacité en éducation est définie non pas comme un gros mot, mais comme la capacité à atteindre un objectif. Se basant sur la définition de Bloom, l'efficacité de l'enseignement va au-delà de la simple sélection des talents.
Pour Bloom, "les sociétés modernes optent pour le développement éducatif d'un plus grand nombre de personnes et toute société qui accorde une telle valeur à l'éducation ou à la scolarité jusqu'à obliger tout individu à consacrer à l'école une partie importante de sa vie elle ne peut se contenter de sélectionner des talents elle doit les développer".
Un enseignement efficace, selon Bloom, doit :
- Augmenter la moyenne des élèves de la classe.
- Réduire la variance (différences de résultats) entre les élèves.
- Diminuer la corrélation entre les résultats et les caractéristiques initiales (ex: origine sociale), rendant ainsi l'enseignement équitable.
Pour la gestion de classe, l'efficacité est mesurée différemment : elle vise "à instaurer les conditions propices pour que les apprentissages puissent se réaliser", en augmentant l'attention des élèves et en diminuant les écarts de conduite.
C'est la conjonction des stratégies d'apprentissage et de gestion de classe qui permet d'améliorer les apprentissages et le cadre d'apprentissage.
3. Les fondements de l'enseignement explicite : Une approche basée sur la recherche
L'enseignement explicite n'est pas une théorie isolée, mais le fruit de décennies de recherches :
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Recherches corrélationnelles : Observation des comportements des enseignants et des résultats des élèves, identifiant des pratiques liées à une meilleure réussite (ex: révisions, démonstration, pratique guidée).
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Recherches expérimentales : Formation d'un groupe d'enseignants à ces pratiques prometteuses et comparaison avec un groupe contrôle, démontrant un lien de cause à effet.
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Méta et méga-analyses : Synthèse de nombreuses recherches expérimentales, confirmant "l'efficacité d'un enseignement explicite pour aider les élèves et en particulier ce en difficulté", mais aussi pour les élèves ayant plus de facilité, et ce, à tous les âges.
L'enseignement explicite est une "importante base de connaissance qui a été minutieusement conçue", s'étendant des années 70-80 jusqu'à nos jours, et aucune recherche n'a fondamentalement remis en cause son efficacité.
Il repose sur une triple concordance :
- Efficacité démontrée par les recherches pédagogiques.
Recherches en psychologie cognitive :
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Distinction apprentissages naturels/secondaires : Certains apprentissages (lire, calculer, écrire) sont "secondaires" et nécessitent un enseignement formel et explicite, contrairement aux apprentissages naturels (marcher, reconnaître des visages).
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Charge cognitive : L'enseignement explicite tient compte de la charge cognitive.
L'effet du problème résolu (Cooper et Swiller, 1987) montre que les élèves étudiant un problème résolu performant mieux et peuvent expliquer leur démarche, contrairement à ceux en résolution de problèmes classique qui peuvent réussir sans comprendre le cheminement.
- Définition conceptuelle robuste : Les concepts et stratégies sont concrets, opérationnels et réplicables.
4. Clarifications et définitions de l'enseignement explicite
Le terme "explicite" signifie "ouvert à la compréhension, pas obscur ni ambigu".
John Hattie utilise les termes "visible teaching" et "visible learning", soulignant que l'enseignement doit être visible pour les élèves et que leur apprentissage doit être rendu visible pour l'enseignant.
L'enseignement explicite est "une combinaison de comportements conçus pour promouvoir l'apprentissage des élèves".
Il est important de ne pas le confondre avec d'autres terminologies :
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"Instruction directe" (minuscules) : Peut désigner l'enseignement explicite ou d'autres approches, voire tout enseignement mené par le maître.
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"Direct Instruction" (majuscules ou DI) : Approche très formalisée créée par Engelmann où les enseignants suivent un script, différente de l'enseignement explicite où les enseignants conçoivent leurs leçons.
Le terme "enseignement explicite" est utilisé depuis 1986 par Rosensteine, formalisant l'approche à partir des recherches.
Un synonyme apprécié est "Active Teaching", soulignant une approche très active pour l'enseignant et les élèves.
5. Stratégies de gestion des apprentissages : Les cinq étapes de la leçon explicite
L'enseignement explicite s'inscrit dans le modèle de réponse à l'intervention (RTI), qui propose des stratégies universelles (palier 1) bénéficiant à 80% des élèves.
Il met l'accent sur la phase d'interaction et la planification, ainsi que la consolidation (pour contrer la courbe de l'oubli).
Les cinq étapes fondamentales d'une leçon d'enseignement explicite sont :
Ouverture de la leçon :
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But : Capter l'attention, présenter les objectifs et leur utilité, rappeler les connaissances préalables.
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Stratégies : Signal non verbal, énoncé clair de l'objectif, explication de l'utilité dans la vie quotidienne et future scolarité (ex: inférences en lecture). Vérification fine de la compréhension et rétroactions de qualité. Réenseignement des prérequis si nécessaire.
Modelage (Je te montre) :
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But : Montrer et expliquer comment réaliser la tâche, en "mettant un haut-parleur sur sa pensée".
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Stratégies : Verbaliser le raisonnement (étapes, questions, pièges à éviter). Montrer des exemples et contre-exemples. C'est une étape riche qui développe la métacognition. "Elle est parfois mal comprise et assimilée à tort à une sorte uniquement d'exposé". C'est une étape brève (quelques minutes).
Pratique guidée (On le fait ensemble) :
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But : Les élèves réalisent des tâches similaires sous la supervision active de l'enseignant, dialoguent et explicitent leur cheminement.
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Modalités :Collective : Choisir des élèves au hasard pour refaire la tâche en explicitant.
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En binômes (enseignement réciproque) : Les élèves s'expliquent mutuellement comment ils ont fait.
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Stratégies clés :Consignes claires.
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Vérification de la compréhension (plus pertinente que "avez-vous compris ?" : "si je prenais le temps maintenant de m'arrêter de choisir quelqu'un et lui demander de me reformuler ce qui est une métaanalyse ben là j'aurai beaucoup plus d'informations sur sa compréhension").
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Désignation aléatoire des élèves : Pour augmenter l'attention et répartir équitablement la parole.
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Rétroactions de qualité : Fournir des informations sur la production et comment l'améliorer, et former les élèves à l'auto-feedback et au feedback mutuel (métacognition).
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Aide si besoin : Rappels, listes d'étapes.
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Test formatif : Avant de passer à la pratique autonome, s'assurer que les élèves ont atteint un seuil de réussite (80%). Les autres restent en pratique guidée ou reçoivent un réenseignement.
Pratique autonome (Tu le fais seul) :
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But : Consolider les nouvelles connaissances en mémoire. L'aide de l'enseignant est réduite mais il continue de vérifier la compréhension et de fournir de l'aide.
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Stratégies : Suffisamment d'exercices variés, incluant des exercices de transfert. Le seuil de réussite visé est de 90 à 95% de réponses correctes.
Clôture :
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But : Synthétiser les apprentissages, prendre du recul, poursuivre la pratique et introduire la prochaine leçon en explicitant les liens.
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Stratégies : Questions métacognitives ("Qu'a-t-on appris aujourd'hui ?", "À quoi ça sert ?"), rétroactions riches, introduction de l'objectif de la prochaine leçon.
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Différenciation : Ces étapes ne sont pas linéaires mais itératives. L'enseignant peut revenir à une étape précédente si nécessaire (ex: refaire un modelage ou une pratique guidée pour des élèves en difficulté).
Cela permet une différenciation basée sur l'observation objective des besoins des élèves, rendant l'approche "beaucoup plus réaliste que l'idée de se dire qu'on va différencier de manière un peu finalement même à l'aveugle".
6. Stratégies de gestion des comportements : Mieux vaut prévenir que guérir
Le principe fondamental est que "mieux vaut prévenir que guérir".
Les enseignants efficaces mettent en œuvre environ 80% d'interventions préventives et seulement 20% d'interventions réactives.
La punition n'est pas la seule option corrective, et d'autres stratégies sont à privilégier.
Les gestes professionnels fondamentaux incluent :
Relations positives :
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Stratégies concrètes : S'intéresser aux élèves, discuter avec eux, les accueillir. "Le positif finalement attire le positif".
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Attentes élevées : Croire au potentiel de tous les élèves, sans se fier aux préjugés.
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Outil "Efforts et stratégies" : La réussite dépend des efforts des élèves et des stratégies fournies par l'enseignant. "Je bannis de mon vocabulaire les mots faciles et difficiles".
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Environnement sécurisant et enseignement explicite des comportements :
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Justification : L'éducation aux comportements est aussi le rôle de l'école, car tous les élèves n'ont pas appris ces codes à la maison.
Cela fait gagner du temps à long terme en réduisant les problèmes. "Si un élève ne sait pas lire, on va lui apprendre à lire... mais s'il ne sait pas se comporter, est-ce qu'on va lui apprendre ou est-ce qu'on va le punir ?".
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Matrice comportementale : Choisir 3 valeurs (ex: respect, responsabilité, solidarité) et identifier les comportements positifs attendus dans les différentes activités/lieux (formuler en "je" et de manière positive).
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Enseigner les comportements : Appliquer les cinq étapes de l'enseignement explicite pour les comportements, en contexte réel (ex: dans le couloir, dans le bus).
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Ouverture : Présenter la valeur et la règle, son importance.
- Modelage : Montrer le comportement attendu (ex: marcher calmement, donner une rétroaction). Inclure des contre-exemples humoristiques.
- Pratique guidée : Les élèves pratiquent les comportements attendus devant l'enseignant, qui donne des rétroactions sur leur comportement par rapport aux valeurs.
- Pratique autonome : Non explicitée mais implicite dans la consolidation.
- Clôture : Non explicitée.
Encadrement et supervision des élèves :
- Stratégies : Superviser constamment du regard, "marcher la classe de manière imprévisible" pour augmenter la prévention des écarts de conduite.
Renforcement positif :
- Importance : Dire aux élèves que leur comportement est bon est essentiel pour le maintenir. Le renforcement verbal est prioritaire, mais des renforcements tangibles (étiquettes, jetons échangeables contre des privilèges) sont aussi efficaces.
- Principe : "On ne retire jamais de points on s'en sert uniquement pour dire aux élèves ce qui est bien". Les écarts de conduite sont gérés par un autre système.
- Organisation de la classe :
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Stratégies : Disposer le mobilier pour une visibilité et une circulation aisées, préparer le matériel à l'avance. "Au plus ma classe est organisée au moins aussi il va y avoir de de place pour des écarts de conduite".
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Enseignement efficace (en tant que stratégie préventive) :
- Les cinq étapes de l'enseignement explicite, lorsqu'appliquées aux matières académiques, "augmentent l'attention des élèves parce que c'est une approche qui les sollicite constamment".
Cela contribue directement à une meilleure gestion de classe.
7. Gestion des écarts de conduite : Interventions correctives
Les interventions correctives sont hiérarchisées et visent à être les plus discrètes et à moindre coût.
Une distinction est faite entre :
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Écart de conduite mineur : Ne perturbe pas l'enseignement ni l'apprentissage des autres (ex: bavardage léger).
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Écart majeur : Nécessite une intervention plus forte, potentiellement le retrait temporaire de l'élève (ex: bagarre).
Stratégies pour les écarts mineurs (du plus discret au plus direct) :
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Proximité physique.
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Contact physique (ex: main sur le bureau).
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Signal sonore (ex: raclement de gorge).
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Ignorer momentanément et féliciter un autre élève ayant un bon comportement ("quatre interventions positives si possible pour une négative").
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Rediriger : Rappeler brièvement le comportement attendu.
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Réenseigner le comportement (avec les 5 étapes).
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Offrir un choix (ex: écouter ou conséquence).
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Conséquences formatives : Réparer (ex: nettoyer ce qui a été sali, s'excuser).
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Isolement avec activité réflexive : Demander à l'élève d'observer et de décrire les bons comportements de ses pairs.
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Rencontre en face-à-face hors du cours pour comprendre les raisons du comportement.
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La punition (ex: recopier un texte) est une option si aucune stratégie constructive n'est trouvée, mais elle "n'apprend nullement le comportement qui est attendu de lui". L'objectif est d'apprendre à l'élève le comportement attendu.
Gestion des écarts majeurs : Dépend fortement de la politique d'école (plan d'intervention, schéma de procédure) car l'enseignant seul est limité.
Un exemple d'étude récente sur le soutien au comportement positif (PBIS) montre une diminution significative des écarts de conduite majeurs dans les écoles appliquant ce système sur plusieurs années.
8. Conclusion
L'enseignement explicite est une "approche pédagogique concrète qui favorise la réussite des élèves et la mise en place d'un climat propice aux apprentissages".
C'est une série de stratégies concrètes pour la gestion des apprentissages et des comportements, pour lesquelles il est possible de se former.
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Compte Rendu Détaillé : Les Niveaux d'Explication et les Levers de Changement Comportemental face à la Crise Climatique (d'après le neuroscientifique Moukheiber à l'Académie du Climat)
- Ce document de briefing synthétise les points clés et les arguments principaux développés par le neuroscientifique Moukheiber lors de son intervention à l'Académie du Climat, en se concentrant sur les niveaux d'explication des phénomènes et les stratégies efficaces pour induire un changement comportemental, notamment en lien avec la transition écologique.
1. La Faillite du Niveau d'Explication Cérébral et Individualiste pour les Problèmes Sociétaux
Moukheiber insiste sur la nécessité de choisir le "bon niveau explicatif" pour comprendre un phénomène.
Il utilise l'analogie d'un accident de voiture : chercher la cause au niveau atomique de la carrosserie est absurde si la cause réelle est le verglas ou l'alcoolémie du conducteur.
De même, réduire des comportements complexes, comme ceux liés à la transition écologique, au seul fonctionnement du cerveau est une erreur fondamentale.
- Le Mythe du "Cerveau Seul" et la Cognition Incarnée : Le neuroscientifique critique le "tour de passe-passe cognitif" qui a remplacé l'esprit par le cerveau, traitant ce dernier comme une entité isolée.
Il promeut le concept de cognition incarnée, un courant majeur en neuroscience qui stipule que le comportement humain doit être analysé à travers un "triptyque" : le cerveau, l'état du corps (sommeil, faim, douleurs, etc.), et l'environnement/contexte.
- Citation : "On pourra jamais expliquer le comportement d'un humain juste en regardant son cerveau
Il faut regarder tout le temps un triptique le cerveau l'état du corps... et l'environnement le contexte dans lequel cet agent incarné qui est l'humain est en train d'évoluer."
- L'Exemple des Fast-Foods : Plutôt que d'expliquer la consommation de fast-food par le cerveau des jeunes, le bon niveau explicatif est "l'organisation des villes qui ont mis des McDo à chaque coin de rue."
Cela illustre que des phénomènes comme l'anxiété sociale peuvent relever du cerveau, mais d'autres, comme la surconsommation, sont des "propriétés émergentes" liées à des facteurs macro.
- Le Refus de la Réduction au Cerveau : La complexité de nos rapports à la transition écologique ne peut être attribuée "simplement au fonctionnement de nos cerveaux."
Il remet en question la tendance à sur-responsabiliser l'individu et son cerveau pour des problèmes systémiques.
2. Le Modèle du Déficit Informationnel est "Profondément Fallacieux"
Moukheiber dénonce avec force l'idée que les gens n'agissent pas pour le climat par manque d'information, qu'il nomme le modèle du déficit informationnel.
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L'Inefficacité de la Pédagogie Seule : Des milliards ont été dépensés en campagnes de sensibilisation, notamment sur la cigarette ou le climat, avec des résultats limités.
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Citation : "On a dépensé des milliards... Les hommes et les femmes politiques [disent] que si on s'oppose à une loi c'est qu'on a c'est qu'il faut faire de la pédagogie
Les Français n'ont pas compris C'est vraiment l'arbre qui cache la forêt c'est ça revient tout le temps à une cette sorte de surres de l'individu
Si les gens ne sont pas en train de prendre moins à l'avion c'est parce qu'ils ont pas compris S'ils sont encore en train de manger de la viande c'est parce qu'ils ont pas compris Alors que c'est pas vrai."
- La Dissonance Cognitive : Bien que la dissonance cognitive (savoir qu'une action est mauvaise mais la faire quand même) soit un phénomène réel, les neurosciences, au travers du cadre de la cognition incarnée, ne suggèrent pas que la solution réside dans plus de pédagogie individuelle.
3. L'Importance des "Conditions Facilitantes" et des Actions Systémiques
Le neuroscientifique met en lumière le pouvoir des "conditions facilitantes" (enabling conditions) et des "propriétés émergentes" pour modifier les comportements à grande échelle.
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L'Exemple du Tabac : L'interdiction de fumer en intérieur et l'augmentation des prix ont eu un impact bien plus significatif sur la consommation de tabac que des années de campagnes de sensibilisation.
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Citation : "À un moment on a fait quelque chose à un niveau supérieur dans ces niveaux explicatifs On a passé une loi deux lois principalement une loi qui a augmenté le le prix une deuxième loi qui a interdit de fumer en intérieur
Et là tout d'un coup le taux de nouveau fumeur à toutes les tranches d'âge commença à diminuer."
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Le Climat : Une Problématique Systémique : Les comportements néfastes pour le climat ne relèvent pas du niveau individuel, mais de l'organisation des villes, des tarifs, des salaires, et des lois.
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Citation : "Les comportements qu'on a qui sont délétaires pour la transition écologique ne se jouent pas au niveau de l'individu il se joue au niveau de l'organisation des villes des tarifs des salaires des lois qu'on est en train de faire passer
Et tant qu'on va essayer de tout toute la pédagogie du monde tout l'esprit critique du monde ne suffira pas à inverser la tendance tant qu'on veut juste agir au niveau de l'individu."
- Le Conseil aux Partis Écologistes : Moukheiber conseillerait d'« arrêter d'avoir une grille de lecture individualiste ». Les initiatives individuelles sont une "goutte d'eau dans l'océan" face à un problème systémique.
L'impact réel vient de l'influence sur des acteurs systémiques (ex: convaincre Tim Cook de modifier le cycle de vie des iPhones plutôt que 300 000 individus).
4. La Nuance de la Dérégulation et de la Responsabilité Individuelle
Moukheiber anticipe l'objection de la "déresponsabilisation" de l'individu.
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Une Part de Responsabilité Individuelle Minime : Il reconnaît qu'il y a une part de responsabilité individuelle (trier ses déchets, moins prendre l'avion, moins manger de viande, consommer local).
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Citation : "Il y a comme une part des choses qui est de ma responsabilité Trier c'est c'est minime C'est c'est c'est une goutte d'eau dans l'océan de ce qu'on doit faire."
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Le But du Comportement Individuel : Un Signal Social : Le but de ces actions individuelles n'est pas d'inverser directement la tendance de la destruction climatique, mais d'envoyer un "signal social pour qu'il y ait systématisation", de créer une "norme sociale" qui puisse ensuite se traduire par des changements plus macro (ex: interdire la pub pour le tabac).
5. Stratégies de Changement Comportemental : Au-delà de l'Explication Rationnelle
Face au déni ou à la résistance, Moukheiber suggère des approches alternatives à la seule explication rationnelle.
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Questionner la Motivation : Avant d'expliquer, il faut se demander "pourquoi vous voulez leur expliquer ?" Si l'objectif est un changement de comportement, l'explication seule est souvent inefficace.
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L'Action Avant la Compréhension : Il a réussi à changer des comportements sans mentionner le climat, en proposant des alternatives attrayantes.
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Exemple : Emmener un ami dans un restaurant végétarien sans dire que c'est végétarien, le laissant découvrir et apprécier par lui-même.
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Adapter le Message : L'approche doit être différente selon la personne (expliquer le cycle de l'eau à un enfant vs. parler politique à un oncle de 65 ans).
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Le Rôle des Normes Sociales et des Tendances : Une grande partie de nos comportements ne découlent pas d'un fonctionnement rationnel ("homo économicus") mais de ce que font nos pairs, de la disponibilité, et des effets de mode (ex: la quinoa, le chou kale).
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Citation : "Une grande partie de nos comportements ne viennent pas d'un fonctionnement rationnel... On fonctionne selon ce que font les les nos potes Euh qu'est-ce qui est disponible."
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La "Manipulation" comme Levier (non péjoratif) : Le neuroscientifique conclut que parfois, il suffit de "manipuler" les conditions ou les choix pour modifier les comportements, reconnaissant que nous nous "manipulons les uns les autres" constamment.
Cela implique de créer les environnements et les incitations qui favorisent les comportements souhaités, plutôt que de s'appuyer uniquement sur la conviction intellectuelle.
- Citation : "Il suffit de manipuler Vous avez bien compris ouais On est tous en train de se manipuler de toute façon les uns les autres."
En somme, Moukheiber plaide pour un changement de paradigme dans l'approche de la transition écologique, délaissant l'individualisme et la survalorisation de la pédagogie au profit d'une compréhension plus nuancée des niveaux d'explication et d'une action prioritairement orientée vers les leviers systémiques et les "conditions facilitantes".
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Compte rendu détaillé : Agir pour l'Éducation
Ce document de synthèse présente les thèmes principaux et les faits les plus importants abordés lors du webinaire "Agir pour l'éducation", une initiative des professeurs du Collège de France.
Il vise à récapituler les défis identifiés, les approches proposées et les discussions clés concernant l'amélioration du système éducatif français.
1. Introduction et Objectifs de l'Initiative
L'initiative "Agir pour l'éducation" est née d'une prise de conscience collective des professeurs du Collège de France face aux défis du système éducatif français. Comme l'a souligné Stanislas Dehaene, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale et président du Conseil Scientifique de l'Éducation Nationale :
"Nous nous sommes mobilisés collectivement pour répondre à l'un des grands défis auxquels la France est confrontée actuellement : les difficultés que rencontre notre système éducatif."
La Fondation UK, dont la création a été récemment finalisée, a pour but de "faire rayonner le Collège de France Royaume-Uni, de soutenir la recherche française et des projets communs entre nos deux pays.
Le Brexit nous encourage plus que jamais à créer des ponts ou les échanges intellectuels pour que les échanges intellectuels perdurent."
2. Les Défis Majeurs du Système Éducatif Français Plusieurs points de faiblesse sont mis en évidence, témoignant d'une dégradation de la performance éducative en France :
- Baisse du niveau dans les fondamentaux, notamment en mathématiques : La France a été classée "derniers d'Europe en mathématiques" lors de l'enquête PISA de l'OCDE en décembre 2020.
Stanislas Dehaene note une "baisse continue des performances depuis trente ans, on perd à peu près un demi écart-type tous les dix ans, ce qui veut dire que les élèves d'aujourd'hui sont les meilleurs d'aujourd'hui sont au niveau des moyens avoir des médiocres d'il y a 30 ans." Serge Haroche, Prix Nobel de Physique, a trouvé cela "assez inquiétant".
Un chiffre frappant est qu'environ "trois quarts des élèves de 6ème à l'entrée en 6ème n'ont pas su placer la fraction 1/2 au bon endroit sur une ligne numérique."
- Accroissement des inégalités : Cette baisse des performances affecte particulièrement les élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés.
Malgré des efforts comme le dédoublement des classes en réseaux d'éducation prioritaire, cela reste insuffisant pour compenser des inégalités plus fortes qu'ailleurs.
Philippe Aghion, titulaire de la chaire d'économie de l'innovation, souligne que "le revenu des parents compte énormément... les parents qui gagnent davantage sont en général plus éduqués et donc ils transmettent à leurs enfants pas seulement du savoir mais également ce qu'on appelle en anglais aspirations, des perspectives, des ambitions."
Il insiste sur l'importance d'un système éducatif de qualité et accessible à tous pour stimuler la mobilité sociale et réduire la dépendance à l'origine sociale pour devenir innovateur. * Déficit en "soft skills" (compétences socio-comportementales) : Les élèves français sont "au plus bas de l'échelle" concernant des compétences telles que la collaboration, la persévérance, la confiance en soi et le contrôle de leur propre apprentissage. Il y a une "perte de confiance à l'école". * Formation des enseignants insuffisante : La France est "au bas de l'échelle" en termes de formation, notamment continue, de ses enseignants. Serge Haroche compare la France à des pays comme la Corée du Sud et Singapour, qui ont investi massivement dans le statut et la formation des enseignants pour améliorer drastiquement leur système éducatif. Il déplore que "le statut social qui est donné dans l'autre société différencie de façon excessive les ingénieurs par exemple des enseignants. Il est clair qu'au niveau de la rémunération, il n'y a pas de comparaison possible."
Stanislas Dehaene mentionne qu'en France, la formation continue est de 18 heures par an, contre plusieurs semaines dans d'autres pays.
- Sous-représentation des femmes dans les carrières scientifiques et techniques : Notamment en informatique (92% de garçons, 8% de femmes) et en mathématiques pures. Des études menées par le Conseil Scientifique de l'Éducation Nationale (EVA-LCP) montrent que "il n'y a pas de différences entre garçons et filles à l'entrée au CP... et au bout d'un an la différence est très importante."
3. Axes d'Action Proposés par le Collège de France
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Les professeurs du Collège de France entendent se mobiliser autour de quatre piliers :
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Comprendre : Recenser les connaissances, notamment internationales, sur les causes des difficultés françaises, la sociologie des enseignants, et les réactions d'autres pays.
Pierre-Michel Menger, sociologue, dont la chaire porte sur la dimension créatrice du travail, insiste sur l'étude des trajectoires scolaires en mathématiques et l'analyse fine des facteurs (milieux sociaux, composition des classes, caractéristiques des enseignants) influençant les performances.
Il propose d' "ouvrir la boîte noire" du monde scolaire et périscolaire.
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Inspirer : Utiliser les connaissances disciplinaires des professeurs pour conseiller, enthousiasmer et orienter les élèves, notamment les jeunes femmes vers les filières scientifiques. Philippe Aghion a développé le "Campus de l'Innovation pour les Lycées" en partenariat avec le Ministère de l'Éducation Nationale pour permettre aux lycéens de zones prioritaires d'accéder à la recherche en train de se faire et d'éveiller des vocations.
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Outiller : Développer et diffuser des outils pour mieux apprendre et enseigner. Stanislas Dehaene et son équipe ont créé des logiciels comme "Kalulu" pour aider à automatiser le décodage en lecture et développer des tests de diagnostic des difficultés en mathématiques, notamment concernant les fractions. L'objectif est de les rendre "disponibles dans toutes les classes gratuitement".
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Expérimenter : Mettre en place des "expérimentations randomisées contrôlées" (RCTs) pour vérifier l'efficacité des propositions, à l'image des travaux d'Esther Duflo (Prix Nobel d'Économie).
Il est crucial de "vérifier ce qui marche et ce qui ne marche pas" plutôt que de se fier aux convictions.
4. Projets Spécifiques et Innovations
- Stanislas Dehaene (Psychologie Cognitive Expérimentale) :
- Recherche sur l'organisation cérébrale pour les mathématiques et la lecture (25 ans de recherche).
- Développement d'outils de mesure des performances de lecture et de diagnostic des types de dyslexie.
- Conception de logiciels d'entraînement pour les élèves (ex: Kalulu pour le décodage en lecture), avec des résultats positifs prouvés par des expérimentations.
- Volonté de diffuser gratuitement ces outils de diagnostic et d'intervention, notamment pour le premier degré et les mathématiques (ex: test sur les fractions en 6ème).
- Philippe Aghion (Économie de l'Innovation) :
- Axé sur la création d'une économie plus innovante et inclusive. L'éducation est un vecteur clé pour l'innovation et la mobilité sociale.
- Campus de l'Innovation pour les Lycées : Initié en 2016, ce partenariat avec le Ministère de l'Éducation Nationale a touché 4500 lycéens et 900 enseignants entre 2016 et 2021 dans 40 villes. Il vise à apporter le "savoir en train de se faire" aux élèves et enseignants de zones prioritaires.
- Réforme des programmes SES : Co-création avec Pierre-Michel Menger d'une approche pédagogique pour les sciences économiques et sociales, axée sur l'acquisition de concepts fondamentaux en microéconomie avant la macroéconomie, et le croisement des disciplines.
Ce programme est devenu le plus choisi après les mathématiques en première et seconde. Extension prévue aux sciences de la vie et aux mathématiques.
Pierre-Michel Menger (Sociologie du Travail) :
- Étudie le "learning content" du travail et la relation entre travail et éducation.
- Travaux sur l'organisation et la compétition dans l'enseignement supérieur et la recherche, la diffusion de la sémantique du talent et la méritocratie.
- Recherche sur les trajectoires scolaires en mathématiques (primaire aux classes préparatoires), utilisant de vastes enquêtes (PISA, enquêtes nationales).
- Aborde trois défis majeurs en mathématiques :
- Élever le niveau moyen et médian des élèves en numératie, en corrigeant les inégalités de départ ("dimension inclusive"). Il insiste sur la transversalité des mathématiques comme "socle indispensable pour s'orienter et pour agir et pour travailler dans le monde".
- Assurer l'excellence mathématique et l'attractivité pour les chercheurs et doctorants, alors que des signes d'érosion apparaissent (départ de brillants mathématiciens à l'étranger).
- Lutter contre la "surreprésentation absolument persistante des femmes" en mathématiques.
- Propose d' "ouvrir la boîte noire" en enquêtant sur le terrain (monde scolaire et périscolaire, clubs de mathématiques) et en mobilisant les parents, les enseignants et les élèves.
- Serge Haroche (Physique Quantique, Prix Nobel) :
- Élargit la discussion au contexte international (Brésil, Corée du Sud, Singapour).
- Souligne la nécessité de donner aux citoyens les moyens d' "apprendre à apprendre" et de développer l'esprit critique.
- Insiste sur la consolidation des bases (lecture, calcul) comme préalable.
- Propose d'améliorer le statut et la formation des enseignants pour rendre la profession plus attractive, s'inspirant des exemples coréen et singapourien.
- Remarque la baisse de l'intérêt pour les sciences chez les jeunes au passage du primaire au collège, en partie due à une formation insuffisante des enseignants dans les matières scientifiques.
- Suggère d'intégrer l'histoire des sciences dans l'enseignement pour montrer son importance civilisationnelle et inspirer les jeunes.
5. Débats et Questions Clés
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Innovation et égalité : La France est égalitaire en termes de revenus après impôts, mais moins en termes de mobilité sociale. L'éducation est un levier essentiel pour stimuler cette mobilité et créer une économie plus innovante et inclusive.
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Formation des enseignants : Le manque de formation continue (18h/an en France vs plusieurs semaines ailleurs) et le besoin d'actualiser les connaissances pédagogiques sont cruciaux. Il faut s'inspirer de modèles comme l'Education Endowment Foundation (EEF) britannique pour diffuser les recherches sur les stratégies pédagogiques efficaces et déconstruire les "neuromythes" (ex: intelligences multiples).
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Place de la philosophie : La philosophie, comme les mathématiques, est une "méta-compétence" fondamentale pour le raisonnement logique et l'esprit critique. Son enseignement pourrait être élargi, pas nécessairement comme une spécialité, mais par des approches pédagogiques qui valorisent le débat et la logique.
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Disparité de genre en sciences : Des études montrent que la différence de niveau en mathématiques entre garçons et filles apparaît très tôt à l'école. Les pistes incluent la présentation de "role models" (femmes scientifiques), une redéfinition de la compétition (favorisant la coopération), et la prise en compte des choix de carrière liés aux perspectives d'épanouissement.
L'expérimentation de la pédagogie par le jeu en mathématiques est aussi envisagée pour réduire les inégalités.
- Impact de l'appréciation des professeurs : Des commentaires trop "incisifs" peuvent freiner l'enthousiasme. Un changement d'attitude vers une valorisation des efforts, une positivité et la déculpabilisation de l'échec est nécessaire, s'inspirant des systèmes qui encouragent la "deuxième chance".
Le concept de "growth mindset" (tout le monde apprend) de Carole Dweck est un modèle à diffuser.
- Décrochage en mathématiques et sens : La difficulté vient souvent d'un apprentissage par cœur des algorithmes sans connexion profonde avec le "sens" des concepts (ex: ligne numérique pour les fractions).
Le manque de formation des professeurs du primaire en mathématiques et la difficulté à gérer l'hétérogénéité des classes sont aussi des facteurs.
- Rôle de l'investissement et de l'autonomie des établissements : Il est souligné que "sans investissement, on ne pourra pas améliorer le système". Les salaires des enseignants sont jugés trop bas, ne valorisant pas suffisamment la profession.
La Finlande est citée comme exemple pour avoir su réconcilier "standards nationaux et autonomie des chefs d'établissement", permettant des projets pédagogiques innovants et un meilleur encadrement des élèves.
- Culture de l'effort : Il est important de réintroduire la "culture de l'effort" dans l'enseignement, car "on n'apprend pas sans y mettre une certaine intensité". Il faut que cet effort "paie" et que le système valorise le travail et les compétences.
En conclusion, le webinaire met en lumière l'urgence d'une mobilisation collective pour transformer le système éducatif français.
Les professeurs du Collège de France proposent une approche scientifique et expérimentale pour comprendre les problèmes, inspirer les élèves, outiller les enseignants et vérifier l'efficacité des solutions, avec l'ambition de construire une nation plus innovante et inclusive.
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Note de synthèse : Le rôle du Replay et de la Connaissance Structurelle dans l'Apprentissage et la Cognition
Cette note de synthèse explore les idées principales présentées par le Professeur Tim Behrens sur la manière dont le cerveau construit des modèles du monde, en mettant l'accent sur le rôle du "replay" (rejeu) et des représentations structurelles dans l'apprentissage et l'inférence.
1. Le Débat Fondamental en Psychologie : Skinner vs. Tolman L'exposé de Behrens débute par une rétrospective historique du débat entre deux figures majeures de la psychologie du milieu du XXe siècle :
- B.F. Skinner (Behaviorisme) : Skinner soutenait que tout comportement est contrôlé par la récompense et la punition, à travers un processus de "conditionnement".
Il affirmait qu'un comportement sophistiqué pouvait être créé en "assemblant" des comportements prédisant une récompense, même à long terme.
Sa célèbre citation, "The real problem is not where the machines think but whether men do," illustre sa vision externaliste du contrôle du comportement.
Ses idées ont eu une influence notable sur le système éducatif américain des années 60 et 70.
- Edward Tolman (Cognitivisme) : À l'opposé, Tolman, étudiant les rats dans des labyrinthes, a démontré que les animaux apprenaient la structure du labyrinthe même en l'absence de récompense.
Les rats pouvaient trouver des raccourcis plus tard lorsque des récompenses étaient introduites, ce qui suggère l'existence d'une "carte cognitive" interne ou d'un "modèle interne du monde".
Sa métaphore était que "the central office itself is far more like a map controll room than it is like an oldfashioned telephone exchange."
- Behrens conclut que "obviously like all debates in the history of science both of them are right to some extent or the other both of these processes exist in the brain", mais que la "knowledge structure process is a very interesting one and certainly has an increasing reliance as you get higher up The evolutionary chain towards primates and humans." Le cœur de la présentation est de comprendre à quoi ressemble cette "carte" et comment elle est construite dans le cerveau.
2. La Représentation des Relations et la Généralisation
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La construction d'un modèle du monde repose sur la compréhension des relations entre les choses. Behrens propose deux manières pour le cerveau de représenter ces liens :
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Liaisons synaptiques directes : Des neurones associés à deux concepts (ex: Starbucks et café) pourraient former de nouvelles synapses pour s'activer mutuellement. C'est le principe de l'apprentissage associatif.
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Neurones représentant explicitement les relations : Une approche plus sophistiquée implique des populations distinctes de neurones qui encodent la structure des relations elles-mêmes. L'avantage crucial de cette méthode est la capacité d'inférence et de généralisation.
Si la relation entre la fée Starbucks et le café est encodée explicitement, le même mécanisme neuronal peut être utilisé pour comprendre la relation entre le "whoosh" de Nike et une chaussure, permettant une inférence comme "I can buy the shoe wherever I see the Nike whoosh."
3. Les Cellules de Grille et de Lieu : Les Fondements des Cartes Cognitives
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La démonstration de la représentation structurelle débute avec les découvertes en neurosciences spatiales chez les rongeurs :
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Cellules de Lieu (Hippocampe) : Ces neurones s'activent lorsque l'animal se trouve dans une position spécifique de l'environnement.
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Cellules de Grille (Cortex Entorhinal) : Ces cellules sont "super cool cells" qui s'activent selon un motif hexagonal régulier et "understand the structure of the problem that you're talking about". Elles fournissent un système de coordonnées pour la navigation spatiale. Il n'y aurait "no reason to have such a cell if you were not optimized for running around a two-dimensional plane."
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Cellules de Vecteur d'Objet : Ces neurones représentent un vecteur entre la position actuelle de l'animal et un objet intéressant (ex: "I'm this Vector away from something interesting like a piece of cheese").
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L'existence de ces cellules permet des inférences spatiales complexes, comme trouver un raccourci vers la récompense, au lieu de simplement reproduire le chemin appris (comme le prédirait Skinner).
4. La Généralisation des Cellules de Grille aux Domaines Non-Spatiaux
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Une idée centrale de l'équipe de Behrens est que ces "types of solutions are general types of solutions for many of the problems". Des preuves s'accumulent que les cellules de grille et des systèmes de coordonnées similaires peuvent être utilisés pour des problèmes non-spatiaux :
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Espace de Fréquence : Des cellules de grille ont été observées chez les rats naviguant dans un espace de fréquence tonale, se comportant "as if you're moving through real space".
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Dimensions Sémantiques : Dans des études sur les humains (via des "smoke signals" ou des signaux indirects détectés par MEG), des activités similaires aux cellules de grille ont été observées pour des problèmes à deux dimensions non spatiales, comme la longueur des pattes et du cou des oiseaux.
Plus récemment, des cellules de grille non spatiales ont été enregistrées directement chez le singe, ce qui est "very exciting for me because I started this this thing I guess 12 15 years ago and now we can really see them."
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Hiérarchies de Séquences : Même pour des structures non bidimensionnelles, comme les hiérarchies temporelles (jours, semaines, mois, années), des preuves indirectes de systèmes de coordonnées similaires ont été trouvées chez l'homme.
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Ces découvertes renforcent l'idée que ces représentations structurelles sont des "General structural representations of the relationships between objects in your brain."
5. Le Phénomène de Replay et son Rôle dans l'Inférence
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Le "replay" est un phénomène d'activité neuronale rapide qui récapitule des séquences d'événements, se produisant souvent pendant le repos ou le sommeil. Behrens soutient que le replay n'est pas seulement une consolidation passive de la mémoire, mais un processus actif d'inférence sur des futurs possibles :
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Décodage du Replay chez l'Humain : En utilisant la magnétoencéphalographie (MEG), les chercheurs peuvent décoder l'activité cérébrale pendant le repos et voir quelles séquences de stimuli sont "rejouées".
- Replay Inférentiel : Dans une expérience inspirée de Kill Bill de Tarantino (où l'ordre des chapitres est jumbé), les sujets humains apprenaient des séquences d'événements dans le désordre.
Pendant les périodes de repos, le replay ne montrait pas la séquence désordonnée vécue, mais la séquence "désembrouillée" et logiquement correcte.
"What's happening in this rest period after we show subjects the jumbled up sequences... their brain in this rest period is going ABCD ABCD ABCD ABCD with like 40 milliseconds between them and these little packets the little packets being played out doing an inference over what's what's happened."
Ce processus se produit rapidement (environ 40-50 millisecondes par élément).
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Lien avec la Structure : Le replay utilise la connaissance structurelle préexistante (par exemple, l'ordre causal des événements) pour réorganiser et inférer des relations non directement vécues.
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Replay dans la Vie Quotidienne : Des études montrent que le replay se produit "whenever the movie pauses at a scene boundary doing all all sorts of reorganization."
Ce qui suggère aux éducateurs de "pause regularly when you're trying to explain something to give the opportunity for lots of Replay packets to be to be reorganized in your in your other people's brains."
6. Mécanismes Cellulaires du Replay Inférentiel
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Behrens explique comment le replay pourrait permettre la construction de cartes et l'inférence au niveau neuronal :
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Construction de Cartes à partir de la Récompense :
L'argument est que l'animal ne planifie pas seulement au moment de l'action, mais que le fait de trouver une récompense déclenche des paquets de replay qui construisent une carte de directions vers cette récompense depuis d'autres endroits de l'environnement. Ces replays "build an entire map to get to that cheese."
- Association Coordonnée-Vecteur : Le replay lierait la position actuelle (coordonnée) avec un "neurone vecteur" (ex: "cheese over there neuron") pour créer une nouvelle "place field" (champ de lieu) ou modifier une existante. Si le point de récompense se déplace, le replay désassocie l'ancien vecteur et l'associe au nouveau.
"The replay is taking the neuron that says cheese over here and it's moving it to say cheese is over there now right and so that's what the replay is doing and it's doing this throughout the whole map it's just going around the whole map organizing your representations to point you towards the cheese doing this inference in rest not at the time when you're going to need it when you need it but doing it way before you need it so that it's much quicker when you need it."
- Surreprésentation des Neurones Vecteurs : Les neurones de vecteur seraient particulièrement représentés dans ces replays, suggérant qu'ils sont la cible principale de cette réorganisation.
7. Replay Rapide vs. Replay Lent et leur Impact sur la Performance
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Dans des tâches cognitives plus complexes chez l'humain (comme un jeu de cartes avec des dimensions d'attaque/défense), deux types de replay sont observés :
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Replay Rapide (Fast Replay, ~50 ms) : Associé à une meilleure performance et à l'utilisation du système de coordonnées interne.
Plus on a de replay rapide, moins on a besoin de "réfléchir" consciemment.
Il se situe dans les zones du lobe temporal médian (hippocampe, cortex entorhinal).
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Replay Lent (Slow Replay, ~150 ms) : Associé à une performance plus faible et à la nécessité de la "pensée" consciente. Il semble provenir davantage du cortex frontal.
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Ces résultats suggèrent que le replay rapide, qui construit des cartes en mode hors ligne, "is preventing you from having to do this rapid thinking online."
8. L'Importance du Repos et du Sommeil pour la Construction de Connaissances Structurelles
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Behrens insiste sur le fait que le cerveau continue de "remplir la carte" pendant les périodes de repos :
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Construction Hors Ligne de la Carte : Même lorsque les informations sont apprises de manière unidimensionnelle, le cerveau utilise le replay pendant le repos pour construire la carte complète bidimensionnelle.
"It replays in the two- dimensional in the full two two Dimensions during rest when there's no inferences going on in in their behavior they're just sitting there the brain in the background is is sending these little packets filling out the map building in the two-dimensional replay."
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Impact sur la Performance Future : "If you do that offline then later online you have more grid cell activity and you're better at the task."
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Conseil Pratique : "All the time when you're just sitting around having a cup of tea what you should be doing what your brain is doing is filling in all the experiences that you've had that day and making them all match up with each other so that you um so so that you when you get asked a question later you know the answer already you don't have to think about it there and then so get lots of rest and have lots of Cups of Tea."
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Lien avec l'Éducation et le QI : Les signaux de replay et de structure se développent "in the school time in the age of of school from 8 to 18 and they predict measures real world measures like IQ much better than things like age do."
Ceci soutient l'idée que les programmes éducatifs devraient se concentrer sur le "developing Rich structural knowledge" plutôt que sur le conditionnement par récompense/punition ("take that Skinner!").
- Replay et Sommeil Lent : Ces paquets d'activité sont les plus forts pendant le sommeil à ondes lentes, soulignant l'importance du sommeil pour l'organisation des connaissances.
9. Discussion : Homme vs. Rongeur et Spécialisation Corticale
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Similarité des Principes Mécanistiques : Behrens reconnaît que le répertoire structurel est "much richer in humans than it is in other species" mais pense que "the principles by which they mechanistically operate are the same." Cela justifie l'étude des mécanismes de base chez les rongeurs.
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Transfert de Connaissances Hippocampe-Cortex : Il y a "definitely such a transfer" d'informations de l'hippocampe vers le reste du cortex pendant le sommeil.
Une "onde d'activité" se propage de l'hippocampe vers le cortex entorhinal, puis le cortex préfrontal médian et pariétal médian, avant d'atteindre les cortex associatifs et sensorimoteurs. Ces régions médianes pourraient "mediate the communication of hippocampus to the rest of Cortex."
- Le Modèle en "Anneaux d'Oignon" (Onion Rings) : Behrens propose une métaphore où les structures les plus universelles et fréquemment utilisées (comme l'espace ou les hiérarchies) seraient représentées "closest to the hippocampus", tandis que les structures plus spécialisées (comme la grammaire du langage) seraient plus éloignées, dans les systèmes corticaux dédiés.
L'objectif est de construire les souvenirs avec le moins de nouvelles synapses possible, en utilisant au maximum les connaissances antérieures.
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Note de synthèse : L'emprise psychotique et la Folie à Deux
Ce document explore la notion d'emprise psychotique, en se basant sur la « Folie à Deux » comme modèle principal, et la distingue de l'emprise perverse classique.
La présentation met en lumière les mécanismes, les typologies, les implications médico-légales et les dynamiques relationnelles sous-jacentes à ce phénomène complexe.
1. Introduction à la Folie à Deux (Folie A2) et son lien avec l'emprise
La Folie à Deux est une entité clinique décrite initialement par Lasègue et Falret en 1877.
Elle se caractérise par le développement d'idées délirantes chez un « patient secondaire » sous l'influence d'un « patient primaire » déjà délirant. Les conditions nécessaires incluent une relation étroite et isolée des influences extérieures.
- Exemple clinique : L'histoire de Sarah et Chloé L'exemple introductif illustre la dynamique de la Folie à Deux : Sarah, une mère anxieuse et contrôlante, et sa fille Chloé, souffrant de pathologies qui renforcent les défenses obsessionnelles de la mère.
Leur relation fusionnelle et isolée conduit au développement d'un délire de persécution et de spoliation centré sur une tante.
Initialement, la mère tente de raisonner sa fille, mais face à la violence de Chloé et à leur isolement, elle finit par céder et adhérer aux idées délirantes de sa fille. Cette adhésion conduit à un passage à l'acte violent envers la tante, entraînant leur hospitalisation.
À la séparation, la mère se restaure rapidement, devenant critique des événements, tandis que la fille met plus de temps à se rétablir.
Ce cas met en évidence l'influence du patient primaire (la fille) sur le patient secondaire (la mère) dans un contexte d'isolement et de pression.
2. Typologies de la Folie à Deux L'analyse proposée distingue deux types principaux de Folie à Deux :
- Folie à Deux Imposée (de Lasègue et Falret) :
- Le patient primaire est actif dans le délire, et le patient secondaire est plus passif, délirant "par reflet" ou "sous la pression".
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À la séparation, le patient secondaire retrouve rapidement son état antérieur et sa capacité critique.
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Ceci est considéré comme une emprise psychotique incomplète, car les effets de la pathologie ne sont pas durables chez le sujet secondaire une fois la relation rompue.
Folie à Deux Communiquée (de Marandon de Montyel) :
- Le patient secondaire est un sujet prédisposé qui développe une maladie psychiatrique au contact du sujet délirant.
- Les troubles persistent même après la séparation.
- Ceci est considéré comme une emprise psychotique complète, car elle aboutit à un second sujet primaire capable de "contaminer" d'autres individus.
3. Mécanismes psychopathologiques de la Folie à Deux Deux mécanismes principaux expliquent la dynamique et le maintien de la relation dans la Folie à Deux :
- Projection de l'hostilité :
- Dans l'exemple de Sarah et Chloé, l'hostilité de Chloé envers sa mère (due à l'incapacité de s'émanciper) ne peut s'exprimer directement.
Elle est alors projetée sur un objet externe à la relation (la tante), ce qui permet de maintenir la dyade mère-fille et d'apaiser les tensions internes.
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L'acceptation du mécanisme projectif par le patient secondaire est cruciale ; toute résistance entraîne une augmentation de l'agressivité et de la violence.
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"L'acceptation du délire apaise en fait a permis qu'il y ait au final plus de plus d'épisodes de violence dans la relation puisque toute la violence était redirigée à l'extérieur."
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Identification à l'ennemi (ou à l'agresseur) :
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Inspiré des travaux de Freud et Ferenczi sur l'identification à l'agresseur (notamment chez les enfants victimes d'abus).
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Il s'agit d'adopter le point de vue de l'agresseur, d'introjecter sa culpabilité ou d'anticiper ses besoins, dans le but d'apaiser l'agresseur et de se sauvegarder physiquement et psychiquement.
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Dans la Folie à Deux, l'acceptation du délire par le patient secondaire apaise les violences (physiques) dans la relation, la violence étant redirigée vers l'extérieur du couple.
4. L'emprise psychotique en miroir avec l'emprise classique (perverse)
L'emprise psychotique est conceptualisée comme une forme spécifique d'emprise, distincte mais comparable à l'emprise perverse classique.
Points communs de l'emprise (générique) :
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Relation asymétrique : Un sujet réduit au statut d'objet, dont l'espace psychique est occupé par l'autre.
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Déni d'altérité et de critique : L'accès à la critique est impossible ; l'objectif est une fusion totale et l'adhésion aux idées de l'autre.
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Phases de captation et de domination : L'appropriation de l'autre se fait par séduction/fascination, suivie d'une phase de conditionnement par manipulation (verbale, physique), l'alternance séduction-agression étant au cœur de ce processus.
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Séquelles durables : La victime peut avoir des difficultés à s'extraire de la dynamique et des séquelles à long terme dans ses interactions futures.
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Distinction entre Emprise Perverse (Dracula) et Emprise Psychotique (Don Quichotte) :
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CaractéristiqueEmprise Perverse (Dracula)Emprise Psychotique (Don Quichotte)Objectif /
MotivationSiphonnement du narcissisme du partenaire ("se nourrit du sang de ses victimes"), jouissance perverse.Décollage de la réalité, sortie de la réalité.
Le sujet n'est pas motivé par la jouissance de l'autre mais par la maladie elle-même qui guide le voyage pathologique et les interactions.
Mécanisme sous-jacentMet en place des mécanismes proactifs pour produire ses effets, vise à combler des angoisses narcissiques.
La maladie guide le "voyage pathologique" et les interactions. Les angoisses sont plus archaïques, des angoisses de "néantisation" très précoces dans le développement psychique.
Nature de la contrainteLe sujet "pervers" met volontairement l'autre sous emprise pour se nourrir narcissiquement.
Le patient primaire psychotique met l'autre sous emprise "sous l'effet de la maladie", enfermé dans une bulle délirante.DynamiqueAlternance séduction-agression volontaire pour le conditionnement.
"L'exposition des mécanismes" (en thérapie) peut aider à s'en prémunir.Alternance fusion (adhésion du secondaire au délire) et agression (résistance du secondaire) ; vise une fusion complète. Mécanisme de projection d'hostilité.
L'enjeu pour la victime est la menace de basculer complètement dans la folie du primaire.Implications médico-légalesLa victime est sous contrainte morale mais n'est pas "délirante" elle-même.
Peut être irresponsable pénalement selon la "contrainte irrésistible" (article 122 du code pénal).
Si passage à l'acte, l'acte peut être imputé au délire si les deux sujets agissent dans ce cadre.
Le discernement peut être aboli (article 121 du code pénal), ce qui peut mener à une irresponsabilité pénale des deux sujets.Définition de l'emprise psychotique :
C'est "une relation asymétrique où le sujet primaire psychotique met sous emprise un sujet secondaire dans des conditions d'isolement prolongé avec un déni d'altérité (comme dans l'emprise perverse) mais un déni plus global de réalité qui va se mettre en place, une volonté de fusion et d'adhésion au délire du partenaire dirigé par la maladie, une montée de l'agressivité dans les résistances abaissée par les mécanismes projectifs et une angoisse plus archaïque de néantisation chez les sujets."
5. Implications Médico-Légales
- Folie à Deux Imposée (emprise psychotique incomplète) : Le patient secondaire n'est pas malade au sens psychiatrique mais agit sous une contrainte morale irrésistible.
L'article 122 du code pénal sur l'absence de responsabilité en cas de contrainte peut s'appliquer.
Un arrêt de la Cour d'appel de Rennes (2017) concernant la compagne d'un gourou sectaire illustre cette situation : la séparation a suffi à mettre fin au délire de la partenaire, qui a été déclarée pénalement irresponsable sous le motif de la contrainte.
- Folie à Deux Communiquée (emprise psychotique complète) : Si un passage à l'acte violent se produit dans le cadre du délire, l'acte peut être imputé au délire.
L'expert psychiatre peut conclure à une abolition du discernement sur le modèle de l'article 121 du code pénal, menant potentiellement à l'irresponsabilité pénale des deux sujets.
6. Réflexion élargie sur l'emprise
L'emprise n'est pas spécifique à la perversion ou à la Folie à Deux ; elle peut se manifester sous diverses formes (paranoïaque, obsessionnelle, perverse) et est souvent liée à des difficultés développementales précoces et des attachements insécures.
Plus les difficultés sont précoces et sévères (ex: dans l'environnement parental), plus le risque de développer une maladie psychiatrique (comme la schizophrénie) et de recourir à une modalité relationnelle d'emprise est élevé.
Cependant, il est important de distinguer une modalité durable et problématique d'interaction d'un recours ponctuel et occasionnel à un type d'emprise (ex: en période de stress aigu), qui ne caractérise pas un fonctionnement pathologique durable.
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Synthèse : Les biais cognitifs en psychologie clinique avec Albert Moukheiber
Ce webinaire, animé par Albert Moukheiber (docteur en neurosciences et psychologue clinicien), explore la nature des biais cognitifs et leur impact, en particulier dans le contexte de la psychothérapie.
L'intervenant souligne l'importance pour tous les praticiens de comprendre comment leur propre perception influence le travail avec les patients.
I. Les fondements de la cognition et l'incertitude inhérente
Albert Moukheiber commence par établir une "règle générale de notre cognition" : nous baignons tous et tout le temps dans ce qu'on appelle un certain degré d'incertitude (incomplétude informationnelle).
Cette incertitude est due à trois facteurs principaux :
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Ressources limitées : Notre capacité à traiter l'information est finie.
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Perception partielle : Nous ne recevons pas toutes les informations de notre environnement.
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Complexité du monde : Le monde est trop complexe pour être entièrement appréhendé.
Bien que cette incomplétude soit constante, elle est souvent masquée par nos mécanismes cognitifs.
II. La perception comme construction : Bottom-up et Top-down
Traditionnellement, la perception était expliquée par un modèle "bottom-up" : les données sensorielles (ex: photons pour la vue) sont reçues par les récepteurs (rétine), transformées en signaux électriques, puis traitées par le cortex pour reconstruire le monde.
- Cependant, à partir de 2014-2015, une nouvelle hypothèse a émergé : le cerveau ne fait pas que reconstruire, il prédit aussi le réel, y compris dans le présent.
L'exemple des voitures de taille identique sur une image en perspective est utilisé pour illustrer cette prédiction : notre cerveau "agrandit" la voiture éloignée pour la rendre cohérente avec notre connaissance implicite du monde ("plus c'est loin, plus c'est petit").
Cela révèle l'existence de deux mécanismes perceptifs :
- Bottom-up : Réception et intégration de l'information sensorielle.
- Top-down : Le cerveau projette et utilise nos "modèles mentaux" ou "connaissances du monde" pour interpréter et compléter l'information manquante.
L'exemple de la vision périphérique en couleur (alors que peu de récepteurs de couleur y sont présents) est donné comme illustration du top-down :
"Toutes les couleurs que vous voyez dans votre vision périphérique c'est des couleurs top down que votre cerveau est en train d'inventer".
Moukhheiber parle d'hallucination contrôlée : "On est en train d'halluciner le monde mais avec des règles très contrôlées qui nous permettent de fonctionner les uns avec les autres".
Il insiste : "on ne voit pas le monde tel qu'il est mais plutôt tel que nous sommes", tout en précisant qu'il ne faut pas tomber dans un relativisme absolu, car "il y a des règles qui régissent ça".
Plus une situation est ambiguë, plus nous pouvons lui attribuer un sens personnel.
III. L'interprétation et la "stabilisation de l'ambiguïté"
- Le passage de la perception à l'interprétation est illustré par l'illusion de la danseuse qui tourne, un "stimuli ambigu bistable" (manque de marqueur de profondeur). Selon qu'elle est vue tourner dans un sens ou dans l'autre, cela dépend de nos mécanismes top-down et de nos "a priori".
La réalité, elle, est un "stimuli ambigu multistable", c'est-à-dire qu'il y a de multiples façons de stabiliser son ambiguïté.
Les traits de personnalité sont fonctionnellement des descriptions de "comment une personne stabilise l'ambiguïté du monde".
Ex: Une personne jalouse interprétera le non-réponse d'un partenaire comme une tromperie, là où une personne non jalouse pensera à une occupation.
L'optimisme ou le pessimisme sont des façons de stabiliser l'ambiguïté du futur.
Une grande partie de la psychopathologie est vue comme une modification de la manière dont on stabilise l'ambiguïté du monde.
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Dans les troubles anxieux, il y a une tendance à "catastrophiser", à stabiliser l'ambiguïté des enjeux futurs comme "ça va être mauvais" et à avoir des "biais du faux consensus" (penser que mes croyances sont partagées par tous).
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Dans les TOC, on retrouve la "masturbation" (le piège du devoir, je dois vérifier sinon quelque chose de mauvais va se passer) et la "pensée binaire" (si ce n'est pas parfait, c'est nul).
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Dans la dépression, il y a des "biais de sélection et de confirmation", où l'on se rappelle davantage les événements négatifs.
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Nous utilisons des heuristiques, des "solutions approximatives", pour agir rapidement face à l'incertitude, même si elles sont parfois imprécises.
Les biais cognitifs ne sont pas intrinsèquement négatifs ; ils sont une "rencontre entre une stratégie cognitive et un contexte".
L'optimisme, par exemple, peut être négatif au casino, mais essentiel pour l'apprentissage de la marche chez un bébé.
IV. La cognition incarnée et le modèle biopsychosocial
- Moukhheiber critique la vision purement "cérébrocentrée" de la cognition. Les neurosciences modernes considèrent une cognition incarnée, où l'humain n'est pas juste un cerveau.
Il y a une boucle de rétroaction constante entre le mental, le physique et l'environnement. Pour comprendre le fonctionnement humain, il faut tenir compte de ces trois dimensions.
L'expérience des chatons de Hein et Held (années 40) démontre que la vision n'est pas seulement le résultat de l'œil et du cerveau, mais de l'organisme entier en interaction avec son environnement.
Cette perspective conduit à remettre en question le modèle biomédical (un pathogène = une maladie à soigner) appliqué à la santé mentale.
L'exemple de la femme développant un trouble anxieux suite à du sexisme au travail montre que le "pathogène" peut être externe, dans l'environnement, et qu'il est absurde de vouloir "soigner" uniquement l'individu.
L'homosexualité n'a cessé d'être une maladie quand la société a été soignée, pas l'individu homosexuel.
Le modèle proposé est le modèle biopsychosocial (psyché, corps, environnement). La question centrale en thérapie devient : "Est-ce que j'agis sur le patient ou sur l'environnement ?"
Ex: Une personne dépressive peut l'être à cause de son cerveau, de son hygiène de vie (manque de sommeil, pollution), ou de son environnement toxique.
V. Les biais spécifiques à la pratique clinique La prise de décision médicale et thérapeutique est également sujette aux biais.
Albert Moukheiber énumère plusieurs biais pertinents :
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Biais de cadrage : La manière dont l'information est présentée impacte sa réception (ex: annoncer un diagnostic de "borderline" versus rassurer sur la possibilité de guérison).
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Biais de commission : Préférer faire quelque chose plutôt que ne rien faire. Moukheiber confie parfois à ses patients que le temps seul peut les aider à aller mieux, sans intervention active de sa part.
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Biais de disponibilité : Privilégier les hypothèses récemment rencontrées ou les plus saillantes (ex: un diagnostic d'anxiété de performance car c'est un cas fréquent, manquant un possible TND).
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Biais de négligence du taux de base : Négliger la prévalence d'un phénomène dans la population générale (ex: attribuer le burnout à des facteurs individuels alors qu'il y a une explosion des cas liée à l'hygiène de vie collective ou aux pressions sociétales).
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Biais de confirmation : Tendance à chercher des informations qui confirment nos hypothèses initiales (ex: creuser pour confirmer un diagnostic de bipolarité chez un adolescent, ignorant d'autres explications).
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Règle de conjonction (ou rasoir d'Ockham inversé) : Créer un tableau clinique complexe avec de multiples diagnostics au lieu de chercher une explication plus simple et parsimonieuse (ex: diagnostiquer un trouble anxieux, un TSA et une personnalité histrionique, alors qu'une phobie sociale pourrait expliquer un grand nombre de symptômes).
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Biais de surconfiance : Surestimer ses propres capacités ou connaissances (ex: un médecin rejetant l'avis d'un psychologue).
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Biais de représentativité : Associer des stéréotypes à une personne en fonction de son origine, ethnie, genre, etc. (ex: une femme faisant une attaque cardiaque diagnostiquée à tort comme une attaque de panique, le "syndrome méditerranéen").
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Satisficing (ou "satisfaction de la recherche") : Arrêter de chercher une fois qu'une première explication est trouvée, manquant d'autres diagnostics (ex: diagnostiquer un trouble anxieux et manquer des TOCs associés).
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Diagnostic momentum : Un diagnostic posé il y a longtemps sur un patient persiste dans le dossier et est transmis d'équipe en équipe, même s'il n'est plus d'actualité.
VI. Conclusion : Humilité, changement d'avis et écoute du vécu subjectif
Moukhheiber conclut par deux citations :
- "Une des idées les plus dangereuses qu'une personne pourrait avoir c'est de se dire 'Si tout le monde était comme moi le monde serait un endroit meilleur'."
Il insiste sur le besoin de différentes "a priori" et différentes "stabilisations de l'ambiguïté" pour une vision plus riche du monde.
Il est crucial d'écouter le vécu subjectif des patients, surtout des jeunes, car leurs "a priori" diffèrent de ceux des adultes, ce qui peut rendre leurs comportements incompréhensibles sans une explication.
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"Qu'est-ce que réfléchir ? C'est une façon élégante de dire changer d'avis." Le clinicien doit être capable de changer d'avis pour mieux écouter le patient et éviter les biais.
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Il est impossible de ne pas tomber dans les biais, même pour les experts. La solution réside dans la métacognition ("penser contre son cerveau"), en connaissant les biais et les pièges du raisonnement, mais surtout en demandant de l'aide aux autres (le "paradoxe de Salomon" : on est bon pour conseiller les autres, nul pour se conseiller soi-même).
La complexité des sujets fait qu'on ne peut être expert partout, d'où l'importance de la collaboration et de l'humilité.
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Compte-rendu de la Conférence "Emprise"
Ce document synthétise les points clés de la conférence sur l'emprise, en distinguant ce qu'elle n'est pas, ce qu'elle est, comment elle opère, qui l'exerce, et qui en est la proie.
1. Ce que l'emprise n'est pas
L'oratrice commence par définir l'emprise par la négation, afin de la distinguer de concepts proches mais différents :
- L'Influence : Selon l'école de Palo Alto, "on ne peut pas ne pas communiquer", et "communiquer c'est influencer". L'influence est une caractéristique normale de la communication (ex: influenceurs, publicitaires). L'emprise débute lorsque l'influence "s'accompagne de coercition d'obligation".
- La Stratégie : La stratégie, même si elle implique des "manœuvres", a des "buts éthiquement recevables" et la personne ciblée "a donné son accord". Contrairement à la manipulation, il est possible de "soulever le capot du moteur et dire ce que je suis en train de faire".
2. Définition de l'Emprise
Le terme "emprise" a des origines diverses, toutes liées à l'idée de "prendre" ou de "dominer" :
- Étymologie : En chevalerie, c'était le contrat unissant un chevalier à son suzerain (relation de pouvoir). En administration, c'est la prise de terrain par expropriation ou occupation. En architecture, c'est la projection d'une construction sur une surface.
- En psychologie : L'emprise est un "envahissement", une "main mise". Elle est définie comme "une relation de pouvoir et de domination qui est fondé sur la fascination et sur la peur".
- Conséquences sur la proie : L'emprise "exproprie [...] la proie de sa subjectivité propre", c'est-à-dire sa façon de voir le monde, et de son "agentivité", sa capacité d'agir. En somme, elle exproprie la personne "de soi-même".
3. Comment l'Emprise Opère
L'emprise utilise diverses tactiques pour fragiliser et contrôler la victime (appelée "la proie" par l'oratrice, l'auteur étant "le prédateur") :
Mise sous stress constant : * Renforcement intermittent : Inspiré par la cage de Skinner, le prédateur alterne récompenses et punitions de manière imprévisible ("un coup tu l'as un coup tu l'as pas"). Cela génère un "stress constant" et une "addiction", car la victime est constamment en attente. Ce stress érode le corps et l'esprit. * Mise en confusion cognitive : La victime ne "sait plus quel bout va devant". Cela se fait par la manipulation mentale : * Culpabilisation : Le prédateur rend la victime responsable de ses propres émotions ou situations, souvent en se positionnant en victime ("j'ai voyagé très très longtemps pour venir jusqu'ici... j'espère que vous allez m'écouter"). * Retournement : L'art de faire croire à la proie que "ce n'est pas le prédateur qui a fait une bêtise ou qui a généré une difficulté, c'est la proie". * Décontextualisation-Retournement-Essentialisation : Le prédateur oublie le contexte qu'il a créé, isole la réaction de la proie, et l'essentialise en un trait de caractère permanent et pathologique. L'exemple donné est celui de Monsieur Dupont qui, après avoir agressé Madame Dupont, la décontextualise en alcoolique parce qu'elle boit un whisky pour se calmer. * Gaslighting : "L'art de faire que l'autre doute de sa santé mentale." Cette manipulation est "extrêmement répandue" et vise à faire croire à la victime qu'elle est folle ou dérangée ("ce n'est pas moi qui dis n'importe quoi, c'est toi qui es folle"). * Mise en confusion émotionnelle : Notamment par l'alternance des "chauds et des froids", renvoyant au mécanisme du renforcement intermittent. Le prédateur ne répond pas de la même manière à la même situation, perturbant émotionnellement la proie.
4. Qui met sous Emprise
- Trois types de personnalités peuvent exercer une emprise :
- Personnalités très obsessionnelles : Leur besoin de gérer une forte angoisse par des rituels intangibles et immuables peut amener leur entourage à "se plier à ces rituels" pour éviter des crises. Cette adaptation forcée conduit la victime à "s'exproprier de soi-même".
- Personnalités paranoïques : Caractérisées par la méfiance, l'orgueil, la psychorigidité et la fausseté du jugement. Pour le paranoïaque, "qui n'est pas avec lui est contre lui" et doit être attaqué. L'entourage finit par adapter son comportement pour "ne pas pouvoir se faire attaquer par le paranoïaque", perdant ainsi sa spontanéité et son identité propre.
- Pervers narcissiques (PN) : C'est le type le plus approfondi, car ils exercent l'emprise "pour mettre sous emprise, parce que ça le fait jouir".
- Buts du PN : Il cherche à "asservir l'autre au sens le plus fort du terme", à "le déshumaniser", lui enlever sa subjectivité et son désir. Il cherche à posséder sa proie "comme un objet" pour :
- Passer à l'acte son "envie hostile" (jalousie), détruisant l'autre.
- Utiliser la proie comme "un élément de prestige" (ex: partenaire ou collaborateur prestigieux).
- Flatter son "narcissisme malade", car il "confond son pouvoir avec son pouvoir de destruction". Sa force est mesurée à sa capacité à détruire l'autre.
- Fonction de "poubelle psychique" : Le PN, derrière un masque de perversité, est d'une "extrême fragilité". Incapable de supporter d'être mauvais ou d'avoir failli, il projette tout ce qui est négatif sur la proie : "tout ce qui est bien c'est moi, tout ce qui est mal c'est toi". Il est en fait "plus dépendant de sa proie que sa proie de lui".
- Partage de la folie : Citant Harold Searles, l'oratrice explique que le PN, en tant que psychotique ou pré-psychotique, cherche à "faire partager sa folie à l'autre", à "donner sa folie à l'autre par identification projective pour se sentir moins dingue". Le gaslighting, en particulier, sert à cela.
5. Les Étapes de la Relation d'Emprise (Vue de la Proie)
La relation d'emprise se déroule en plusieurs phases, souvent difficiles à discerner pour la proie et le monde extérieur :
- La Séduction : Le prédateur "travestit l'existant", se "grime totalement" pour ressembler au partenaire idéal perçu. Il joue un "rôle de composition" complètement mensonger. La proie est séduite, "se laisse aller à croire au rêve bleu", rencontrant le prince charmant ou le collaborateur idéal.
- Le Ferrage : Une fois la proie "engagée", survient le "moment chaos", le "ferrage", où la proie ne peut plus reculer "sans y laisser des plumes". Exemples : les enfants, un CDI, un bail commun, un mariage, des confidences compromettantes, des services rendus.
- La Destruction-Séduction : La phase la plus longue, visant à "détruire, asservir, déshumaniser la proie". Cependant, lorsque la destruction dure trop longtemps, la proie envisage de partir. À ce moment, le PN réactive la séduction, permettant à la proie de "souffler un peu" et de se dire que "ça marche" si elle s'adapte. Cette alternance de destruction et de séduction rend la relation "addicte".
- Difficulté de discernement : Pour les observateurs extérieurs (ex: juges), la proie apparaît incohérente et stressée, tandis que le prédateur est "beau, parfumé, en costume et tout à fait cohérent", rendant le prédateur plus crédible.
6. La Relation d'Emprise (Vue du Prédateur)
Le prédateur, souvent décrit comme un "œuf dur qui a une faille" (Kernberg), est intrinsèquement fragile :
- Faille narcissique : Son "moi" est fissuré dès la petite enfance. Pour le maintenir entier, il fusionne son "moi" avec son "idéal du moi", cherchant à être une "personne idéale qui n'a aucun défaut". Il passe sa vie à "réparer la coque qui fuit de toute part", à "replatrer le narcissisme qui fout le camp".
- Vide existentiel : Malgré ses efforts, il se sent "vide, sans couleur, sans saveur, sans odeur".
- Repérage de la proie : Il repère une proie "riche" de qualités qu'il aimerait posséder. Il manque d'"empathie aimante" mais a une "empathie d'objets", repérant les failles de la proie.
- Fantasme de fusion : Il se précipite sur la proie dans le fantasme archaïque que s'il la possède, il "va fusionner avec elle et en quelque sorte lui voler ses qualités".
- Constat d'échec et destruction : Une fois la proie séduite, le PN constate qu'il est "toujours aussi vide, toujours aussi nul", et que sa proie est toujours mieux que lui. Il s'offre alors un "lot de consolation" et passe à l'acte son "envie hostile", la "désinguant à la mesure de ce qu'il en est jaloux". La proie sert alors de "poubelle psychique".
7. Qui est la Proie
- Potentiellement tout le monde : "On peut tous se faire avoir", la séduction et la manipulation fonctionnant sur chacun.
- Caractéristiques générales : La proie est souvent "riche", "généreuse", "solaire", "intelligente" et a souvent "du prestige".
- Capital économique : Peut entretenir le prédateur.
- Capital symbolique : Savoir, diplômes, prestige social. Le prédateur peut tenter de s'approprier cette culture "par délégation".
- Capital relationnel : Réseau social et professionnel.
- Qualités converties en défauts : Les proies sont souvent "altruistes", de "bonne volonté", "intelligentes", "capables de se remettre en question", "qui cherchent à comprendre" les motivations d'autrui, et développent une "certaine naïveté" en imaginant que "tout le monde est comme ça". Ces qualités, comme l'amour, la compréhension, le pardon, sont transformées en défauts sous emprise.
- Vulnérabilités (non fragilités) : Les proies ont des vulnérabilités issues de leur histoire (peur de l'abandon, soif d'attention/amour, carence affective). Il est crucial de les considérer comme des "vulnérabilités" (potentiel activable) et non des "fragilités" (potentiel déjà actif), pour ne pas renforcer le gaslighting exercé par le prédateur. Le prédateur "saute à pieds joints sur les vulnérabilités qui finit par transformer en fragilité".
8. L'Accompagnement Thérapeutique des Proies
Déconstruire le gaslighting : Contrairement à la psychothérapie habituelle où l'on renvoie la personne à sa responsabilité, dans l'accompagnement des proies, il faut d'abord "parler de l'autre" pour "démonter le gaslighting", mettre à jour et "détricoter" les manipulations. Reconnaître les vulnérabilités : C'est seulement après avoir déconstruit les manipulations et l'impact du prédateur que l'on peut aborder les vulnérabilités de la proie, pour comprendre "par quelle vulnérabilité il vous accroche". L'objectif est de ne pas confirmer la croyance de la proie qu'elle est "dingue" ou "névrosée".
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"Conférence CRIAVS - Emprise", organisée par Nelson Paris, pédopsychiatre sexologue et responsable du CRIAVS Lorraine à Nancy.
Synthèse de la Conférence CRIAVS - Emprise Cette conférence explore la notion d'emprise, en particulier chez l'enfant, en la mettant en regard avec la théorie de l'attachement et le rôle de la figure maternelle/parentale.
Elle soulève des questions cruciales sur la limite entre un attachement sain et une relation d'emprise, en soulignant les spécificités de l'enfant en tant que victime et les défis cliniques associés.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
1. L'Attachement à la Figure Maternelle/Parentale et la Notion d'Emprise Précoce
- Distinction Attachement vs. Emprise : L'orateur introduit la difficulté de distinguer l'attachement, essentiel au développement de l'enfant, de l'emprise, qui a une connotation négative. L'objectif est de "discuter dans une journée qui est dédiée à l'adulte à l'enfant enfin voilà on parle d'un petit peu de tout en terme d'emprise donc de reprendre ce qui concerne plutôt le début de la vie euh avec donc la notion d'emprise de mettre en opposition l'emprise et peut-être l'attachement euh et d'essayer d'y comprendre qu'est-ce qui pourrait être du domaine du normal de la normale".
- Évolution de la Terminologie de la Figure Maternelle : La notion de "figure maternelle" a évolué de la diade mère-père vers le concept de "caregiver" (Bowlby), qui peut être toute personne significative prenant soin de l'enfant, indépendamment du lien biologique ou administratif. Les évolutions sociétales (congé paternité, couples homosexuels) élargissent cette définition.
- Rôle Essentiel de la Figure Maternelle/Caregiver : Le caregiver apporte réconfort, affection, alimentation ("rôle nourricier") et soins. L'absence de dimension affective, même avec des soins de nursing impeccables, peut être dévastatrice pour le développement de l'enfant, conduisant à des décès ou des psychoses, comme le montrent des études en orphelinat.
- Le Lien Parent-Enfant Avant la Naissance : Le lien avec l'enfant se construit avant même la naissance, avec un "lien positif" (enfant attendu, voulu) ou parfois "négatif" (grossesses issues de violences sexuelles, ou traumas transgénérationnels des parents). Un exemple clinique frappant est celui d'une mère victime d'inceste qui qualifie son fils avant sa naissance de "violeur comme tous les autres", influençant le développement de l'enfant et conduisant à des actes de violence.
- L'Interdépendance et le Lâcher-Prise : La relation parent-enfant est une interdépendance où chacun apporte à l'autre. Cependant, il est crucial que cette relation évolue et que le parent accepte le "lâcher-prise" à mesure que l'enfant grandit et devient moins dépendant. La difficulté de certains parents à lâcher le rôle nourricier ou le "petit dernier" peut poser problème et mener à des situations d'emprise.
2. La Théorie de l'Attachement (Bowlby, Winnicott)
- Le Socle Relationnel : L'attachement est le "socle quand même relationnel des êtres humains". La durée, la disponibilité et la qualité des réponses du caregiver sont fondamentales.
- Fonctionnement de l'Attachement : Le nourrisson manifeste des besoins (câlins, pleurs) et la qualité des réponses du caregiver détermine le type d'attachement. Un attachement sécure est le "socle de la sécurité pour pouvoir explorer le monde".
- Expériences de Harlow (Bébés Macaques) : Ces études classiques illustrent l'importance du réconfort et de la sécurité. Les bébés macaques privilégient la mère en tissu (chaleur, réconfort) même si la mère en fil de fer fournit la nourriture. En situation inconnue, la présence d'un "facteur de réassurance" (couverture) permet l'exploration.
- Types d'Attachement :
- Sécure (50-60%) : Permet l'exploration du monde.
- Évitant : L'enfant ne reçoit pas de réponses adéquates, recherchant une indépendance inadaptée (ex: enfant qui ne pleure pas, car il n'a jamais de réponse parentale). "C'est là un exemple typique de cette recherche d'indépendance complètement inadaptée qui était une réponse aux besoins maternels plus qu'au besoins de l'enfant et où finalement l'enfant était à ce moment-là un objet et n'a pas été pris en compte comme un être à part entière".
- Ambivalent/Résistant : Réponses incohérentes et instables.
- Désorganisé : Présence de violence (maltraitance, violence conjugale, sexuelle), l'enfant craint sa figure d'attachement et reproduit la violence.
- Rôle de l'Attachement dans le Développement : L'attachement influence le développement intellectuel (impossibilité d'apprendre en étant tétanisé), les relations sociales, et la capacité à créer du lien. Les attachements insécures sont à la base de troubles de la personnalité et augmentent le risque d'être "plus facilement victime ou auteur d'emprise".
3. Spécificités de l'Emprise chez l'Enfant
- Dépendance Naturelle de l'Enfant : L'enfant est intrinsèquement dépendant des adultes et "ne peut pas s'extraire de ce milieu-là". Il n'a pas l'autonomie critique pour juger les situations.
- Intégration des Repères Parentaux : Les repères de l'enfant sont ceux inculqués par les adultes, ce qui rend difficile toute critique de ce qui est "normal" ou "pas normal".
- Recherche d'Affection et Conflits de Loyauté : L'enfant recherche naturellement l'affection du parent, ce qui alimente l'emprise sans même nécessiter une phase de séduction explicite. Les conflits de loyauté rendent difficile pour un enfant de critiquer un parent, même en présence d'un système familial dysfonctionnel.
- Naïveté et Vulnérabilités : L'enfant présente une plus grande naïveté et une confiance naturelle envers les adultes, augmentant sa vulnérabilité. Les "événements d'adversité" (ACE) fragilisent l'attachement et augmentent le risque d'être impliqué dans des relations d'emprise.
- Vulnérabilité et Emprise (même avec un attachement sécure) : Un attachement sécure est un facteur protecteur, mais des facteurs de stress accumulés (ex: infidélité, perte d'emploi, maladie) peuvent rendre n'importe qui vulnérable et tolérer des situations inacceptables, menant potentiellement à l'emprise.
4. Situations Cliniques d'Emprise en Pédopsychiatrie
- Münchausen par Procuration : Maladie simulée ou produite délibérément par un parent chez son enfant, souvent pour obtenir une reconnaissance ou pour répondre à un besoin psychique propre du parent (ex: culpabilité face à une maladie génétique transmise). L'enfant n'est pas scolarisé, renforçant le lien. Le risque est le "nomadisme médical".
- Le diagnostic exige une évaluation en équipe pluridisciplinaire, en prenant le temps de comprendre la dynamique familiale et de ne pas faire de signalement trop rapide.
- L'orateur estime que le Münchausen par procuration, notamment dans ses formes psychiques, relève de l'emprise, car il s'agit d'un "système relationnel" où l'enfant ne pense plus par lui-même.
- Aliénation Parentale : Concept débattu où un parent utilise l'enfant pour nuire à l'autre parent et l'exclure de la vie de l'enfant.
- Controverse : Initialement décrit par Richard Gardner, sa validité scientifique est contestée. Le risque majeur de l'utilisation de ce terme est que "l'enfant n'est plus entendu".
- Impact Judiciaire : Des études aux États-Unis montrent que l'invocation de l'aliénation parentale par le père divise par deux la probabilité que les accusations de violence faites par la mère soient reconnues, et presque par quatre quand il s'agit de violence envers les enfants, et quasiment jamais pour les accusations de violence sexuelle (2%). Cela peut conduire à ce que des enfants soient confiés à des parents violents ou agresseurs sexuels.
- L'orateur souligne la nécessité d'une prise en charge globale du système familial si ce concept est retenu, afin d'éviter des préjudices à l'enfant.
- Inceste : Caractérisé par une "emprise généralisée" où le silence est imposé pour assurer l'impunité de l'agresseur. La structure familiale est "contaminée", et souvent, même lorsque l'enfant parle et est cru, "il se passe rien" (45% des confidents ne font rien). Les agressions ont lieu en présence d'autres membres de la famille dans près d'un cas sur deux, menant à une banalisation et des "distorsions" de la réalité.
- Loverboy (Prostitution des Mineurs) : Un adolescent (le proxénète) exploite une jeune fille (souvent sa petite amie) par la prostitution, en utilisant le "champ émotionnel" plutôt que la menace directe.
- Mise en place : Création d'une dépendance affective et financière, isolement de la victime, et potentiellement incitation à la prise de psychotropes.
- Exploitation : Demandes de prostitution de plus en plus fréquentes, avec un mécanisme de "remboursement" des dépenses créant une dette illusoire.
- Profil des Victimes : Tous les milieux peuvent être touchés, mais les jeunes filles "carencées avec des attachements insécures" sont plus à risque. Le recrutement se fait souvent dans des foyers, et les victimes peuvent percevoir cette relation comme une forme d'amour ou une "meilleure vie".
- Défis de l'Accompagnement : La prise en charge est complexe, nécessitant une présence durable et la recherche d'un lien pour développer la "capacité critique" de la victime, sans enfermer, car la récidive est fréquente.
Conclusion Générale :
La conférence insiste sur la complexité de l'emprise, particulièrement chez l'enfant, qui est naturellement dépendant et vulnérable. Les troubles de l'attachement, souvent transmis de génération en génération, constituent un facteur de risque majeur pour devenir victime ou auteur d'emprise.
Cependant, l'emprise peut aussi survenir chez des individus avec un attachement sécure, en cas d'accumulation de facteurs de stress et de vulnérabilités.
L'orateur souligne l'importance d'une approche pluridisciplinaire et d'une prise en charge attentive pour protéger les enfants et déconstruire les mécanismes de l'emprise.
La prudence est de mise concernant certains concepts controversés comme l'aliénation parentale, dont l'invocation peut nuire aux victimes et détourner l'attention des violences subies.
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Note de Synthèse : Les Enfants, Sentinelles des Inégalités d'Exposition aux Contaminations Industrielles et aux Pesticides
Date : 2024-2025 Source : Extraits de "La production sociale des inégalités de santé (14) - Nathalie Bajos", cours de Giovanni Prété.
- Résumé Exécutif : Le sociologue Giovanni Prété, lors du séminaire de Nathalie Bajos sur les inégalités sociales de santé, propose de considérer les enfants comme des "sentinelles des inégalités d'exposition aux contaminations industrielles".
Son exposé démontre comment les dispositifs de réparation des risques industriels, établis au 20ème siècle, reposent sur des postulats discutables : la distinction nette entre contaminations professionnelles et environnementales, et la concentration de la réparation sur les travailleurs adultes, excluant souvent les riverains et les enfants.
Des recherches croissantes documentent les effets des pollutions industrielles sur la santé des enfants et les inégalités sociales qui les traversent, notamment concernant les pesticides.
Prété souligne que la production de connaissances et la reconnaissance des maladies pédiatriques liées à ces expositions sont entravées par des obstacles méthodologiques, politiques et sociaux, notamment la difficulté à établir la causalité, le manque de données fines, et le sentiment de culpabilité des familles.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
1. La Contamination du Monde et l'Émergence d'un Nouvel Univers Chimique :
- L'industrialisation a conduit à une augmentation sans précédent de la production de richesses, mais aussi à une "diffusion massive de substances polluantes contaminant la vie humaine et la vie non-humaine." (Prété, citant Jarig et Lerou)
- La production chimique de synthèse a explosé : "multipliée par 1000 en tonnages entre 1930 et 2000, puis par depuis 2000". Il y aurait "aujourd'hui 194 millions de molécules publiées dont probablement 100 000 environ commercialisées en Europe." (Prété, citant Remy Sama)
- Cette contamination entraîne des pathologies chroniques, difficiles à dénombrer précisément en raison de leur non-spécificité et des "temps de latence longs" (plusieurs décennies).
2. Les Postulats Discutables des Dispositifs de Réparation Historiques :
- Cloisonnement Santé Environnementale / Santé au Travail : Les dispositifs de réparation (accidents du travail 1898, maladies professionnelles 1919) reposent sur une distinction rigide entre maladies professionnelles et environnementales, excluant le travail de l'environnement.
- Conséquence concrète : les modes de réparation diffèrent. Un travailleur exposé au mercure peut bénéficier d'une présomption d'origine, tandis qu'un riverain exposé à la même substance via l'eau doit engager des "démarches civiles bien plus longues à faire aboutir et bien plus incertaines."
- Ce cloisonnement se manifeste également dans l'organisation des politiques de prévention (inspection du travail vs. inspecteurs des installations classées).
- Exclusion des Enfants des Dispositifs de Réparation : Historiquement, les enfants travailleurs étaient reconnus comme victimes de l'industrialisation (ex: étude de Percival Pott sur le cancer du scrotome des ramoneurs en 1775, loi sur les ramoneurs en 1788).
- Cependant, à mesure que les enfants ont été progressivement exclus du monde professionnel (interdictions successives du travail des enfants en France : moins de 8 ans en 1841, moins de 13 ans en 1890, moins de 16 ans en 1967), ils ont été "de moins en moins considérés comme des victimes des transformations du travail via l'industrialisation et leurs expositions et réparations sont écartées des dispositifs assurantiels mis en place en France en 1998 et en 1919."
3. Les Enfants comme Sentinelles et les Effets des Contaminations Industrielles sur leur Santé :
- Vulnérabilité Spécifique des Enfants :Les expositions in utero sont "préoccupantes pour le futur en développement" car c'est une "période de sensibilité accrue aux agents tératogènes et aux expositions environnementales" qui peuvent influencer la santé à l'âge adulte (concept de l'origine développementale de la santé des maladies, David Barker).
- Après la naissance, les jeunes enfants sont plus exposés aux contaminants (temps passé au sol, ingestion d'objets) et ont un "apport plus élevé en nourriture, en eau et en air par unité de poids corporel", rendant les faibles expositions potentiellement très impactantes.
- Preuves Scientifiques Croissantes : Il est "admis aujourd'hui le rôle étiologique c'est-à-dire causal des expositions prénatales ou infantiles à certains facteurs de risque dit environnementaux mais qui incluent des facteurs professionnels" pour des pathologies comme les leucémies infantiles (radiations ionisantes, radon, pesticides, solvants).
- Inégalités Sociales Face aux Maladies Pédiatriques Industrielles :Inégalités d'exposition : "les populations socio-économiquement défavorisées et les populations minoritaires supportent en général un fardeau disproportionné de l'exposition aux pollutions industrielles" (ex: corrélation incinérateurs/faibles revenus/immigrés). Ces inégalités peuvent impliquer des "expositions cumulées" (professionnelles, air intérieur, transports). Cependant, certains cas montrent des gradients non univoques (ex: certaines pollutions chimiques persistantes plus fortes chez les mères favorisées).
- Inégalités de vulnérabilité : "les populations socio-économiquement défavorisées et les populations minoritaires sont plus vulnérables aux conséquences d'une exposition à des pollutions industrielles même quand elles sont plus faiblement exposées." Cela s'explique par une moins bonne santé initiale, un moindre recours à la prévention/soins, et une capacité réduite à échapper aux expositions (ex: difficulté à déménager).
- "les enfants pauvres sont victimes d'une double peine" : plus vulnérables à la pollution de l'air en tant qu'enfants, et cette vulnérabilité est "exacerbée par leur statut socio-économique."
4. Controverses et Obstacles à la Reconnaissance :
- Débats sur l'ampleur et la causalité : Il existe des "débats sur l'ampleur de l'augmentation des maladies pédiatriques possiblement lié à des pollutions industrielles et sur le rôle des facteurs environnementaux". La Société française de lutte contre les cancers et les leucémies de l'enfant et de l'adolescent a par exemple affirmé publiquement "qu'il n'y a pas d'épidémie de cancer pédiatrique" et a relativisé le rôle des facteurs environnementaux, en contradiction avec d'autres scientifiques et associations pointant des augmentations dans d'autres pays et l'existence de "clusters inquiétants" (ex: Sainte-Pazanne).
- Difficultés méthodologiques :Mesure de la santé : fragmentation des bases de données en France, absence de registres complets pour certaines pathologies (malformations, problèmes périnataux).
- Mesure de l'environnement : manque de données environnementales "à des échelles suffisamment fines pour pouvoir objectiver des effets de santé et encore moins des inégalités sociales environnementales."
- Obstacles politiques et sociaux à la production de connaissances :Les dangers des pesticides sont connus mais leur diffusion a été justifiée par une "fiction d'action publique" d'utilisation sans risque, basée sur des études de toxicologie.
- Les données épidémiologiques sont arrivées tardivement et se sont concentrées sur les travailleurs masculins permanents, délaissant les femmes, intérimaires, saisonniers, et les expositions indirectes ou les populations difficiles à suivre (migrants, enfants).
- Les industriels et organisations professionnelles "font obstacle délibérément à la circulation de l'information sur les pesticides" (composition exacte des produits, données d'utilisation à l'échelle de la parcelle), rendant la recherche "longue, coûteuse et décourageante".
5. La Traduction Politique Réductrice des Connaissances et la Reconnaissance du Droit des Enfants :
- Limitation des tableaux de maladies professionnelles : Malgré l'accumulation de données épidémiologiques, la création de tableaux de maladies professionnelles liées aux pesticides (cancer du sang, Parkinson, cancer de la prostate) s'est faite "après à chaque fois des négociations visant à limiter leur périmètre." Ils n'incluent pas toutes les pathologies documentées et, surtout, "ne prennent pas en compte les riverains".
- Marginalisation des riverains : Les mobilisations pour un fonds d'indemnisation de toutes les victimes des pesticides n'ont pas abouti "devant les craintes du gouvernement de voir d'autres victimes environnementales s'en inspirer."
- Création du droit pour les victimes pédiatriques professionnelles :Une avancée majeure : le Fonds d'Indemnisation des Victimes des Pesticides (FIVP) est désormais "chargé d'instruire les demandes de réparation concernant les enfants dont les problèmes de santé pourraient être liés à une exposition professionnelle au pesticides de leurs parents dans la période prénatale."
- Ce droit ne bénéficie pas d'une présomption d'origine ; les familles doivent soumettre une demande évaluée par un groupe d'experts.
- Cette création est liée aux mobilisations associatives et politiques, à l'évolution de la figure de l'enfant dans les sociétés industrielles ("sacralisés" et "valeur plus grande sur le marché de l'assurance", Viviana Zelizer), et aux expertises collectives de l'INCERM (2013, 2021) établissant un "présomption forte de lien entre certaines pathologies (leucémies, tumeurs cérébrales, troubles du neurodéveloppement, malformations congénitales) et l'exposition des parents au pesticides en milieu professionnel."
6. Sous-Déclaration et Obstacles au Recours des Familles :
- Seuls "22 [dossiers] concernés des maladies pédiatriques sur les 1970 dossiers reçus par le fond d'anémisation des victimes des pesticides entre 2020 et 2023", ce qui illustre un phénomène de "non recours au droit et de sous-déclaration et de sous-reconnaissance."
- Facteurs sociaux influençant le parcours de reconnaissance :Faible communication institutionnelle : Le fond a eu une "communication très faible" auprès des associations et professionnels de santé. "Pour activer un droit il faut connaître ce droit."
- Manque d'information des professionnels de santé : Les médecins (oncopédiatres, chirurgiens pédiatriques) informent rarement les familles d'une étiologie professionnelle possible, car ils sont peu formés sur les causes, centrés sur le soin, et "la question de la causalité du fait des incertitudes qu'elle renferme à l'échelle individuelle met des médecins dans une situation inconfortable."
- Inégalités sociales face à la médecine : La capacité des familles à questionner l'étiologie dépend de leurs "ressources sociales et culturelles assez importantes pour réduire la symétrie d'information et de savoir entre les médecins et les patients."
- Enjeux de Responsabilité et de Culpabilité :Les familles médiatisées (Gratalou, Marivin) ont des situations d'exposition "particulières" (exposition accidentelle au glyphosate, exposition salariée en fleuristerie) qui leur offrent des "prises pour construire une représentation limitée (...) de leur responsabilité dans la maladie de leur enfant", facilitant leurs démarches.
- Les "travailleurs indépendants ont un sentiment de responsabilité plus fort et une difficulté plus grande à recourir en fond que les salariés." En particulier, les "exploitants agricoles rencontrés qui ayant utilisé délibérément des pesticides (...) peuvent se refuser à entrer dans une démarche médico-administrative impliquant de reconnaître pour eux-même et pour l'extérieur que leurs pratiques ont pu empoisonner leurs enfants." (Exemple de l'entretien avec une conjointe d'agriculteur).
- La prise en charge institutionnelle (FIVP) et le rôle des associations ou consultations spécialisées peuvent être des "levier[s] direct[s] de déculpabilisation des familles" en politisant les maladies pédiatriques et en soulignant qu'elles sont la "conséquence de choix de développement industriel collectif."
7. Conclusion : Les Enfants, Sentinelles des Politiques Publiques :
Malgré les incertitudes scientifiques et la complexité multifactorielle des phénomènes, les maladies pédiatriques "révèlent des lacunes des politiques de protection des travailleurs et de l'environnement."
"leur mise en évidence les doutes qu'elles soulèvent devraient être une invitation non pas à l'attente à l'inaction mais à une réflexion sur notre dépendance au produits chimiques et à une action collective pour s'en affranchir." (Prété)
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Document de synthèse : Les inégalités sociales et la santé sexuelle - L'exemple de l'avortement en France et dans le monde
- Ce document de synthèse s'appuie sur la séance 2 du cours de Nathalie Bajos, "La production sociale des inégalités de santé", qui aborde les enjeux de sexualité et de santé sexuelle, en se concentrant sur l'exemple de l'avortement.
Il vise à explorer les déterminants sociaux des pratiques liées à l'avortement, ses implications pour la santé des femmes, et les défis contemporains, notamment en France.
I. L'avortement dans le monde : Une réalité universelle face à des législations hétérogènes
La légalisation de l'avortement ne supprime pas sa pratique ; elle en modifie les conditions, avec des conséquences directes sur la santé des femmes.
Légalisation et accès :
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La carte de 2024 montre une grande variabilité des conditions d'accès à l'avortement dans le monde. La majorité de l'Europe, l'Australie, le Canada et l'Argentine l'autorisent "sur demande" (vert clair), mais cette notion est complexe et sujette à l'appréciation des professionnels de santé, révélant des rapports de pouvoir.
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Dans d'autres régions, l'avortement est limité à la protection de la vie de la mère (rouge, ex : Brésil), ou totalement interdit.
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Le cas des États-Unis (révocation de Roe v. Wade en juin 2022) illustre la fragilité des droits acquis, avec des États qui restreignent rapidement l'accès. Une étude a montré une augmentation de 7% des taux de mortalité infantile dans les mois suivant la révocation, principalement due à des anomalies congénitales qui auraient été précédemment interrompues.
L'avortement malgré l'interdiction :
- "Que l'avortement soit autorisé ou non, de toute façon les femmes y ont recours." Les restrictions n'empêchent pas les avortements, mais les forcent à être pratiqués dans des conditions sanitaires problématiques, entraînant une morbidité et une mortalité élevées.
- Les données de l'Institut Allen Gutmacher (New York) confirment cette tendance : les taux d'avortement ne varient pas significativement entre les pays où il est autorisé, restreint ou interdit. Par exemple, même quand il est interdit, le taux de recours est de 39%.
- Sous-déclaration : Les chiffres concernant l'avortement, surtout dans les pays où il est illégal, sont sous-déclarés, rendant les estimations minimales.
Conséquences sanitaires des avortements non sécurisés :
- L'OMS estime à plus de 60 millions d'avortements réalisés chaque année, dont près d'un sur deux n'est pas réalisé dans des conditions sanitaires satisfaisantes (soit au moins 35 millions).
- Parmi ces avortements non sécurisés, un tiers sont réalisés par des personnes non formées utilisant des méthodes dangereuses (ex: aiguilles à tricoter), entraînant des perforations utérines et des décès.
- Entre 5 et 13% des décès maternels sont attribués à des avortements non sécurisés.
- Environ 7 millions de femmes sont hospitalisées chaque année pour des complications liées à un avortement non sécurisé.
- L'interdiction de l'avortement est directement associée à des dizaines de milliers de problèmes de santé graves et à des décès de femmes.
II. L'avortement en France : Un droit constitutionnalisé mais toujours sous tension
En France, malgré la constitutionnalisation de la "liberté garantie" d'avorter le 28 février 2024 (suite à la loi Veil de 1975 et ses extensions), l'avortement reste un enjeu de santé publique et social.
- Un processus en plusieurs étapes : Pour comprendre le recours à l'avortement, il est nécessaire de décomposer le processus :
- Activité sexuelle sans intention de fécondité.
- Absence ou échec de contraception.
- Décision d'interrompre ou de poursuivre la grossesse.
- Accès aux soins pour l'IVG.
- Évolution de l'activité sexuelle et de la contraception :
- L'activité sexuelle est plus fréquente et diversifiée aujourd'hui, avec un recul de l'âge de la première maternité, augmentant le nombre d'épisodes potentiellement concernés par une grossesse non prévue.
- Le paysage contraceptif est en pleine évolution et pose problème :
- Augmentation des femmes sans contraception : En 2023, près de 9% des femmes n'utilisent aucune méthode contraceptive, une proportion plus élevée chez les femmes immigrées et celles en bas de l'échelle sociale.
- Déclin de la pilule : L'utilisation de la pilule a chuté de 56,4% en 2000 à moins de 50% en 2010, s'accélérant après la crise des pilules de 3ème et 4ème générations en 2012. Ce déclin est lié à une défiance générale envers les produits hormonaux et un mouvement vers des méthodes "plus naturelles" mais moins efficaces.
- Réticence à la stérilisation et au stérilet : La stérilisation reste très faible en France par rapport à d'autres pays. Le stérilet (DIU), bien que promu par l'OMS comme méthode de première intention, a longtemps été prescrit avec réticence aux femmes nullipares en France, par crainte infondée de risques pour la fertilité. Il y a eu une "norme contraceptive française qui interdit la stérilisation" et stigmatise l'accès au stérilet pour les jeunes femmes.
- Les méthodes de longue durée (DIU, implant) ont augmenté, mais des inégalités subsistent : l'implant est plus souvent prescrit aux femmes étrangères, reflétant des représentations stéréotypées des professionnels de santé sur leur capacité à gérer une contraception quotidienne.
Augmentation des grossesses non souhaitées et des IVG : * La baisse de l'efficacité globale de la couverture contraceptive s'accompagne d'une augmentation du nombre de grossesses non souhaitées entre 2016 et 2023. * La France observe une augmentation des taux d'avortement depuis 2015 (particulièrement chez les 20-24 ans, mais présente dans toutes les tranches d'âge). * Le "paradoxe contraceptif" : Jusqu'à récemment, malgré une baisse des grossesses non prévues au niveau mondial (grâce à une meilleure contraception), les taux d'avortement sont restés stables. Cela s'explique par le fait qu'en cas de grossesse non prévue, les femmes l'interrompent plus facilement. Cependant, la tendance actuelle en France est à l'augmentation des grossesses non prévues en raison d'une moins bonne couverture contraceptive.
III. La norme procréative et la décision d'avorter
Le recours à l'IVG est profondément ancré dans des normes sociales, notamment la "norme procréative" et la "norme contraceptive".
- La norme procréative : Elle dicte les "bonnes conditions" pour avoir des enfants (âge, nombre, stabilité relationnelle et financière). L'IVG est souvent un moyen de s'y conformer. "Le recours à l'IVG c'est une façon de respecter la norme procréative."
- Évolution des représentations de la maternité :En 2023, une majorité de personnes (hommes et femmes) considèrent qu'une femme peut réussir sa vie sans avoir d'enfant.
- Cette perception a connu une "évolution absolument spectaculaire" : en 2006, 28% des femmes pensaient qu'elles pouvaient réussir leur vie sans enfant, contre plus de 80% en 2023. Cette évolution est particulièrement marquée chez les jeunes générations et reflète un recul de la norme hétérosexuelle et une diversification de la sexualité.
- La décision d'avorter est socialement construite :Le choix de poursuivre ou d'interrompre une grossesse est fortement influencé par le milieu social. Par exemple, une jeune femme issue d'un milieu favorisé en prépa à Paris aura plus souvent recours à l'IVG pour préserver une trajectoire professionnelle brillante.
- À l'inverse, une jeune femme du même âge issue d'une zone défavorisée pourrait choisir de poursuivre la grossesse, car la maternité peut lui procurer un statut social que ses études ne lui apporteraient pas. "Ces études ne l'amèneront nulle part et ne lui permettront pas d'acquérir un statut social via une position professionnelle intéressante." La "bonne" décision varie selon les attentes sociales et les opportunités offertes par le milieu.
IV. La pratique de l'avortement et la culpabilité des femmes
Malgré la légalisation, l'avortement reste un acte médicalement et socialement complexe, qui génère encore de la culpabilité.
- Évolution des représentations de l'IVG :
- La perception selon laquelle il "ne devrait presque plus y avoir d'interruption volontaire de grossesse aujourd'hui" a fortement diminué entre 2010 et 2023. Aujourd'hui, plus de 50% des femmes de 18-24 ans considèrent que les IVG sont inévitables.
- Cependant, les hommes montrent moins de changement dans leurs représentations.
- Émotions ressenties après l'IVG :
- Les femmes ressentent un "soulagement extrêmement élevé" après l'IVG, mais également une "culpabilité qui reste très forte". Près de 60% des jeunes femmes ressentent de la culpabilité, un taux encore plus élevé chez les 35-44 ans.
- Les hommes semblent moins affectés par la culpabilité, notamment chez les plus jeunes.
- Culpabilisation par les professionnels de santé :
- Une femme sur cinq (20%) âgée de 20-24 ans déclare avoir entendu des "propos culpabilisants" de la part de professionnels de santé au moment de l'IVG.
- Les IVG ne sont pas toutes jugées "légitimes" de la même manière par les professionnels : une IVG suite à un échec de stérilet est mieux perçue qu'une deuxième IVG ou une IVG en l'absence de contraception, qui peuvent être stigmatisées.
- Le fait que l'avortement reste un "droit qui n'est pas comme les autres" est symboliquement lié à la persistance d'une "clause de conscience superfétatoire" pour les professionnels de santé, spécifique à l'IVG et à la stérilisation, bien qu'une clause de conscience générale existe déjà. Cette spécificité envoie un message symbolique fort.
- Enjeux contemporains de l'avortement en France :
- Peu gratifiant professionnellement : L'avortement est un acte "peu gratifiant professionnellement", ne favorisant pas les carrières médicales (contrairement à la PMA).
- Problème de démographie médicale : Moins de médecins s'engagent dans cette pratique, en partie par manque de "conscience politique" chez les jeunes générations.
- Difficultés d'accès : Persistance de problèmes d'accès, notamment dans les "déserts médicaux", affectant la rapidité et la qualité de la prise en charge.
- Préférence pour l'IVG médicamenteuse : L'IVG médicamenteuse est de plus en plus privilégiée, parfois au détriment de l'IVG chirurgicale, limitant le choix des femmes et posant des problèmes en cas de retour à domicile difficile.
- Le poids du discours : Les mouvements anti-avortement ont évolué : ils ne diabolisent plus les femmes comme "criminelles" mais comme des "victimes" qui manquent de moyens matériels pour poursuivre leur grossesse. Ils promeuvent l'idée d'un "syndrome post-traumatique" lié à l'avortement, bien que la littérature scientifique prouve son inexistence.
- Persistance du stigmate : La phrase de Simone Veil, affirmant que l'avortement "était un drame et resterait toujours un drame", continue de peser. La stigmatisation de l'avortement est perçue comme un "rappel à l'ordre de genre", car les femmes qui avortent "dérogen" à leur rôle social reproductif.
Conclusion :
La compréhension du recours à l'avortement nécessite une analyse multidimensionnelle, intégrant les évolutions des pratiques sexuelles, des normes contraceptives et procréatives, et des interactions avec le système de santé.
Malgré les avancées législatives, notamment en France, la culpabilité et la stigmatisation persistent, soulignant la nécessité de continuer à travailler pour que les femmes puissent avorter "sans culpabilité" et que ce droit soit pleinement intégré comme un droit de santé à part entière.
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Document de Synthèse : La Production Sociale des Inégalités de Santé et le Cas de l'Avortement en France
- Ce document de synthèse s'appuie sur la présentation de Raphaël Perin, jeune sociologue, qui a mené une thèse sur les médecins et la pratique de l'avortement, et qui s'inscrit dans une nouvelle vague de recherche sociologique sur la santé sexuelle et reproductive en France, initiée notamment par Nathalie Bajos.
La présentation met en lumière la manière dont la médecine, en prodiguant des soins, peut paradoxalement créer des inégalités de santé, en se basant sur le cas spécifique de l'avortement en France.
1. Contexte de la Recherche et Importance du Sujet
- Renouveau de la recherche sociologique en France : Après une longue période de quasi-absence, la recherche sociologique sur l'avortement et la contraception en France connaît un essor significatif. Nathalie Bajos souligne l'émergence d'une "vraie force de recherche dans ce domaine en France," avec de nombreuses thèses et la création d'un laboratoire dédié (Lab Genré Contraception).
Cette masse critique de recherche permet de "produire des connaissances scientifiques et critiques sur le sujet."
- Les inégalités de santé comme axe central : Les travaux de Raphaël Perin s'inscrivent dans la lignée des recherches de Nathalie Bajos sur les inégalités de santé, abordant spécifiquement le troisième niveau de production de ces inégalités : la prise en charge par le système de santé.
L'objectif est de comprendre "la manière dont la médecine en soignant crée des inégalités de santé, ce qui peut paraître contre-intuitif."
- Pertinence de l'avortement comme cas d'étude :Enjeux politiques et sanitaires : L'avortement est intrinsèquement lié à des questions politiques et sanitaires. Bien que légal en France, son accès égalitaire reste un défi. Dans les pays où il est illégal, il est une cause majeure de mortalité.
- Portée démographique et sociale : En France, environ 220 000 IVG sont pratiquées par an, concernant "une femme sur trois au cours de sa vie, une femme sur sept recourt deux fois ou plus." Cette large portée, touchant "presque toutes les catégories sociales," en fait un terrain propice à "l'objectivation et à l'observation en série des différences de traitement par l'institution médicale."
- Cas "contre-intuitif" d'inégalités : L'IVG est un acte médicalement sûr, sans diagnostic complexe (hors confirmation de grossesse intra-utérine) et la loi donne explicitement aux femmes le choix de la méthode. On s'attendrait donc "naïvement à ce qu'il n'y ait pas de variation et pas d'inégalité dans la prise en charge." C'est précisément ce contraste qui rend l'étude de l'avortement "particulièrement fécond[e] pour penser la production médicale des inégalités."
2. Le Paradoxe de l'Accès à l'Avortement en France :
Une Loi Simplifiée, une Pratique Complexe et Inégalitaire * Simplification législative théorique : La loi sur l'avortement a connu 50 ans de réformes successives, considérablement simplifiant le cadre légal. Les femmes n'ont plus l'obligation d'attendre une semaine de réflexion, de voir une psychologue, peuvent avorter à domicile, gratuitement, et à des termes plus avancés. Les étrangères non résidentes et les mineures ont également un accès facilité. * Complexité et inégalités pratiques : Malgré la loi, "en pratique l'avortement reste une pratique procréative stigmatisée, taboue" et "l'accès à l'avortement en particulier reste long, complexe, semé d'embûches et inégalitaire." La condition majeure est que l'acte doit être réalisé par un médecin ou une sage-femme, leur "marge de manœuvre dans cette application de la loi" devenant cruciale. * Méthodologie de la recherche : La thèse de Raphaël Perin s'appuie sur une enquête de 4 ans, incluant 6 mois d'observation dans trois centres d'IVG (grande métropole, ville moyenne avec équipe féministe, département rural sous-doté), des entretiens avec des professionnels de santé de toute la France et une enquête qualitative auprès de 1000 médecins.
3. Les Inégalités d'Accès à l'Avortement en France :
Variations selon les Médecins, les Centres et les Femmes Raphaël Perin révèle une "grande variation des parcours d'IVG, des modalités de l'avortement selon deux choses : selon les femmes qui le demandent et selon les médecins à qui elles le demandent ou les centres dans lesquels ils travaillent."
- Variations liées aux professionnels de santé et aux centres :Rapidité du parcours : Malgré la suppression du délai d'attente obligatoire, la plupart des centres imposent un délai incompressible (1 à 2 jours, voire plus), tandis qu'une minorité permet l'avortement le jour même.
- Terme gestationnel : Certains centres acceptent l'avortement dès le premier signe de retard de règles, d'autres contraignent les femmes à attendre que l'embryon soit visible à l'échographie, ce qui retarde la prise en charge de plusieurs semaines.
- Limite de terme : Bien que la loi autorise jusqu'à 14 semaines, certains centres refusent au-delà de 10 ou 12 semaines pour des "raisons de refus de médecin[s] de pratiquer ce geste à des termes avancés." De plus, des "subtilités dans le calcul du terme de grossesse" peuvent entraîner des différences allant jusqu'à deux semaines d'un centre à l'autre pour la même grossesse.
- Conditions imposées : De nombreux centres maintiennent des exigences non obligatoires, comme l'entretien psychosocial (rendu optionnel en 2001) ou la prise du premier médicament abortif au centre, ce qui est "non seulement assez infantilisante mais qui contraint le moment [...] du déclenchement de l'expulsion." Des "examens intimes et non obligatoires," comme le toucher vaginal, peuvent également être imposés.
- Choix de la méthode : Le choix de la méthode (médicamenteuse ou instrumentale) n'est pas toujours laissé aux femmes. Si des médecins ne pratiquent pas l'IVG chirurgicale ou ne l'aiment pas, les femmes sont "contraintes ou fortement orientées" vers la méthode médicamenteuse.
- Motivations des complications : "L'inertie d'une représentation de l'avortement comme étant un acte grave, dramatique, voire traumatique qu'il faut prévenir ou à minima défaut qu'il faut encadrer plutôt qu'un acte procréatif simple, sécurisé et banal." Ce n'est pas tant une opposition morale généralisée (le soutien au droit à l'avortement est "très fort, très répandu" parmi les médecins) qu'une réticence à le pratiquer soi-même et la conviction que "sans cet encadrement l'avortement va être traumatique pour les femmes." La phrase fréquente est : "On n'est pas là pour vider des utérus", signifiant que le cœur du travail est l'accompagnement et l'éducation, pas la simple interruption de grossesse.
- Variations selon les femmes (valeur sociale) :Exemples flagrants de différenciation : Des cas concrets illustrent des traitements radicalement différents. Une étudiante infirmière blanche de 20 ans, sympathique, se voit accorder une exception pour avorter le jour même en urgence pour ne pas manquer ses partiels. Une femme noire nigériane anglophone de 28 ans issue d'un quartier populaire, demandant la même chose car habitant loin, se voit refuser catégoriquement, l'infirmière affirmant qu'aucune exception n'est possible.
- Jugements moraux et "valeur sociale" : Inspiré de la sociologie de la différenciation des pratiques médicales, le concept de "valeur sociale" condense "les jugements moraux que portent les professionnels de santé sur les patients et patientes selon leur comportement et selon leurs caractéristiques sociales et en particulier leur position dans les rapports de classe de race et d'âge."
- Critères de la "bonne avortante" : Les femmes les plus jeunes qui "ne peuvent vraiment pas avoir d'enfants aussitôt" et celles qui "ressemblent socialement aux professionnels de santé (plutôt les femmes blanches francophones de classe moyenne ou supérieure)" bénéficient d'une meilleure prise en charge. Les professionnelles de santé elles-mêmes accèdent à l'IVG avec un minimum de contraintes. Le "respect des normes sexuelles et procréatives" est également clé : avorter peu (une ou deux fois), adopter une contraception jugée efficace, avorter précocement, et afficher "un peu de détresse mais pas trop." Les "bonnes avortantes ont plus de chance d'être prises en charge rapidement, hors délais ou de pouvoir choisir les modalités de leur avortement."
- Conclusion partielle : "Toutes les femmes ont droit à l'avortement en France mais certaines y ont plus droit que d'autres."
4. La Domination Médicale et ses Mécanismes
- La capacité des médecins à contrôler les modalités de l'avortement malgré la loi qui les place en "prestataire de service" est expliquée par le concept de "domination médicale."
- Définition de la domination médicale : C'est un "rapport social spécifique" qui diffère du simple pouvoir. Le pouvoir est la capacité d'influencer autrui ; la domination est une forme particulière de pouvoir où celui-ci est "soit invisible, soit reconnu comme légitime, naturel ou bénéfique," intériorisé par les dominés et les dominants. Il s'agit d'une "asymétrie structurelle qui dépasse les simples contextes individuels de soins" et qui permet aux médecins de contrôler les comportements des patients.
- Causes de l'asymétrie structurelle :Vulnérabilité physique ou psychologique des patients (maladie, grossesse).
- Détention d'un savoir expert par les médecins.
- Monopole légal de l'accès aux biens de santé (médicaments, infrastructures, droit de pratiquer).
- La combinaison de ces facteurs crée une situation de "dépendance autant que de domination."
- Mécanismes de contrôle des comportements :En amont : Interprétation de la loi : Les médecins définissent les règles du cadre de l'IVG (nombre et contenu des consultations, durée des parcours). L'exemple le plus frappant est la datation de la grossesse. La loi ne définit pas comment dater une grossesse jusqu'à 14 semaines. Bien que l'échographie soit utilisée, elle donne une image (taille du fœtus) et non un âge gestationnel précis. Les médecins fixent une "taille maximale de fœtus" au-delà de laquelle ils n'autorisent plus l'avortement, et cette taille varie d'un centre à l'autre selon leurs préférences morales ou politiques. Il peut y avoir "une différence allant jusqu'à 10 jours d'un centre à un autre de ce que c'est qu'une grossesse de 14 semaines." Cela rend le contrôle "complètement invisible cette dimension de pouvoir et de marge de manœuvre."
- Dans l'interaction : Micro-techniques de pouvoir : Ces techniques s'appuient sur le "capital symbolique des médecins" (experts compétents et désintéressés).
- Conseils : Présenter une option comme "la meilleure" pour la patiente ("l'implant c'est génial," "l'aspiration je vous le déconseille").
- Menaces de complications sanitaires : Faire craindre des risques sur la fertilité pour encourager l'adoption d'une contraception, même si ces risques sont infondés (ex: "3 IVG pas de contraception vous risquez de pas réussir à en faire").
- Appel à la loi ou au protocole : Invoquer une contrainte objective pour nier leur marge de manœuvre ("c'est la loi, c'est obligatoire, c'est le protocole").
- Maîtrise du temps : Jouer sur les délais pour influencer le comportement ou le choix de méthode (proposer l'IVG médicamenteuse "tout de suite" et l'instrumentale "dans une ou deux semaines").
- Le mensonge : Ces techniques "s'appuie[nt] assez largement sur le mensonge," qui, bien que commun, est difficile à "analyser le fait que les médecins mentent" en raison de leur capital symbolique.
- Le consentement : Le consentement tel que pratiqué "ne correspond pas du tout à une adhésion libre et éclairée." L'asymétrie de la domination médicale "brouille la question du consentement." Il est "largement produit en amont de l'interaction et dans l'interaction médicale."
5. Apprentissage de la Domination Médicale et Intersectionnalité
- Socialisation des médecins : Devenir médecin, c'est aussi "intérioriser une des manière de faire, de penser et de sentir qui correspondent à leur position dans le rapport de domination," c'est "apprendre à exercer le pouvoir et à s'y sentir légitime." Cette socialisation peut inclure un "apprentissage pratique, scolaire presque du paternalisme," même si initialement les internes peuvent ne pas être à l'aise avec cette autorité.
- Hétérogénéité de la profession médicale : Il est crucial de souligner que la médecine n'est pas homogène. Les parcours professionnels, les influences non professionnelles (génération, expérience personnelle de l'avortement, socialisation politique et engagement féministe) définissent des manières différentes d'exercer. Les médecins formés aux rapports sociaux de pouvoir ont de meilleures chances de ne pas reproduire les inégalités.
- Intersection de la domination médicale et des rapports sociaux : La capacité des femmes à contrôler les modalités de leur avortement varie "plus ou moins selon qui elles sont." Les micro-techniques de pouvoir et le mensonge sont appliqués différemment.
- Exemple de la consultation post-IVG : Une femme blanche de 25 ans se voit offrir le choix d'un examen de confirmation du succès de l'IVG. Une femme racisée voilée de 30 ans, avec un taux d'hormone tout aussi bon, se voit imposer un examen vaginal et une échographie, sans choix. La médecin justifie cela en estimant que la première femme est "plus structurée mentalement" et peut comprendre sans examen, tandis que la seconde n'aurait pas les "capacités mentales pour le comprendre," une différence basée uniquement sur "les caractéristiques sociales de ces deux femmes."
- Inégalités du consentement et violences médicales : Le consentement "libre et éclairé" est une norme contraignante face à "certaines femmes." Celles "qui occupent une position dominée dans les rapports de classe et de race, les plus jeunes, celles qui s'écartent aussi des normes sanitaires et sexuelles ne sont pas jugés aussi responsable et capable de prendre des décisions éclairées." Le paternalisme devient un "devoir professionnel" envers elles. Les "violences médicales" (familiarité excessive, humiliation, sexualisation des patientes par des médecins hommes) sont plus susceptibles de survenir lorsque les patientes sont "en position socialement dominée" (femmes, enfants, femmes racisées, classes populaires précaires, personnes handicapées, minorités de genre ou sexuelles).
- Racisme et altérité : Les femmes racisées et allophones sont non seulement "moins bien traitées médicalement" (stéréotypes racialisants, non-prise en compte de l'allophonie, refus de l'interprétariat), mais aussi "moins bien soignées en raison de la non prise en compte de leur halophonie [...] mais aussi parce qu'elles sont traitées avec moins de respect dans l'interaction." Des cas de "prises en charges ouvertement racistes" sont observés.
6. Implications et Perspectives
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Au-delà des inégalités territoriales : Les inégalités liées à l'avortement ne se limitent pas à l'offre de soins mais sont profondément ancrées dans les "pratiques concrètes des professionnels de santé," même ceux favorables aux droits à l'avortement.
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Intérêt scientifique, médical et politique de l'analyse sociologique :Formation des médecins : L'analyse souligne l'importance de former les médecins aux rapports sociaux de pouvoir pour atténuer les inégalités de santé.
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Politiques publiques et luttes pour les droits reproductifs : Le discours sociologique complète les discours existants en France :
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Le "discours glorificateur des pouvoirs publics" qui "tendent à exagérer les acquis à considérer comme achever la lutte pour l'avortement."
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Le "regard sombre porté à raison sur l'état actuel du droit à l'avortement et de ses évolutions" qui, en se concentrant sur ce qui pourrait être perdu, "conduit parfois à oublier ce qu'il reste à améliorer."
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La recherche fournit des pistes pour une politique "non seulement défensive de ne pas perdre le droit à l'avortement mais de continuer à rendre ce droit plus effectif, plus égalitaire ou à continuer à le développer."
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Redéfinition des inégalités de santé : Les inégalités de santé ne se limitent pas à l'accès aux soins ou aux différences de mortalité, mais incluent "la manière d'être traité, d'être considéré et de contrôler les conditions et les modalités de ces soins."
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La médecine comme productrice de hiérarchies sociales : La domination médicale et la différenciation des pratiques créent des différences d'accès aux traitements et, au-delà, contribuent, aux côtés d'autres institutions, "au processus de production et d'intériorisation des hiérarchies sociales."
La médecine "participe à les former en faisant de ces différences des marqueurs signifiant de supériorité ou d'infériorité et en y socialisant les patients."
- En somme, il ne s'agit pas seulement de voir "ce que l'ordre social fait à la médecine," mais aussi "ce que la médecine fait à l'ordre social," en instituant et reproduisant des inégalités non seulement sanitaires mais aussi sociales.
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Note de synthèse : La production sociale des inégalités de santé au travail
Introduction
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Ce document de synthèse s'appuie sur la conférence de Nathalie Bajos (2024-2025) intitulée "La production sociale des inégalités de santé (13)", qui explore la question majeure des risques et accidents du travail, ainsi que des maladies professionnelles. L'objectif est de mettre en lumière l'ampleur et la complexité de ce phénomène, souvent sous-estimé et invisible, et d'analyser les mécanismes sociaux qui favorisent la production des inégalités de santé liées au travail.
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- L'ampleur et l'invisibilité des risques et accidents du travail
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La conférence souligne que le travail, dans tous les pays du monde, affecte la santé des individus. Il existe une causalité complexe et bidirectionnelle entre l'exposition professionnelle et l'état de santé, l'état de santé pouvant également influencer les trajectoires professionnelles.
- Les chiffres officiels, bien que sous-estimés, témoignent de l'ampleur du problème :
- En 2023, on comptait 1287 décès liés au travail, 555 803 accidents du travail et 47 434 maladies professionnelles.
- Nathalie Bajos insiste sur le fait que ces chiffres ne représentent que « la partie visible de l'iceberg ». La sous-estimation est due au fait que les problèmes ne sont pas toujours connus, déclarés ou reconnus comme professionnels. Le système de l'assurance maladie, axé sur la gestion financière des rentes, contribue à cette sous-déclaration.
- L'invisibilité sociale des accidents du travail et des maladies professionnelles est un problème majeur depuis au moins 30 ans.
1.1. L'évolution préoccupante des conditions de travail
- Les conditions de travail se sont dégradées en France et dans de nombreux pays européens depuis le début des années 1990. Cette dégradation est attribuée à :
- L'intensification du travail : marquée par des délais courts et des rythmes de travail plus élevés, générant chez les actifs le sentiment d'être « empêché de fournir un travail de qualité ».
- Le « travail pressé » : un nouveau modèle qui s'est imposé dans tous les secteurs, où plus de la moitié des actifs occupés doivent travailler « toujours ou souvent dans des délais très stricts et très courts ».
- Le management par objectif et le « toyotisme » dévoyé : Initié pour sortir du taylorisme en fixant des objectifs aux équipes, ce modèle a souvent conduit à une rigidification avec des indicateurs de performance et du reporting permanent, « la fin de l'autonomie et compliqué à l'envie le travail des salariés ». Ce phénomène touche aussi bien le secteur privé que le public.
- Contrastes avec les organisations apprenantes : Les pays d'Europe du Nord ont développé des organisations apprenantes où les salariés participent activement à l'élaboration des objectifs et disposent d'autonomie, ce qui se traduit par une plus grande satisfaction.
1.2. Données sur les expositions physiques et psychosociales
- Expositions physiques : Elles sont en hausse en Europe depuis les années 1990. En France, la proportion de salariés subissant au moins trois contraintes physiques a triplé en 30 ans (passant de 22% des ouvriers en 1984 à 62%).
- En 2022, 35% des hommes et plus de 30% des femmes sont exposés à au moins trois contraintes physiques intenses (mouvements douloureux/fatigants, bruit intense, produits dangereux, fumées/poussières).
- Les hommes sont plus exposés en moyenne, notamment aux produits dangereux et au bruit.
- Les ouvriers sont systématiquement les plus touchés par ces contraintes physiques par rapport aux autres catégories socioprofessionnelles.
- L'exposition aux produits cancérogènes reste élevée, notamment chez les ouvriers qualifiés (plus de 30% en Île-de-France en 2003).
- La France se caractérise par une situation plus défavorable que la moyenne européenne et d'autres pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas concernant les postures douloureuses, le port de charges lourdes, l'exposition à des produits toxiques ou les mouvements répétitifs.
- Risques psychosociaux (RPS) : Les nouveaux modes d'organisation du travail et les exigences croissantes de performance individuelle ont favorisé leur développement.
- Les RPS ont dépassé pour la première fois les troubles musculo-squelettiques comme problème de santé le plus important lié au travail.
- Travailler sous pression est plus fréquent chez les cadres (>40%), tandis que le sentiment d'inutilité est plus élevé chez les ouvriers.
- L'exposition répétée au stress est clairement identifiée comme liée aux troubles mentaux, ainsi que l'intensité du travail, les contraintes horaires, les relations hiérarchiques, le manque de reconnaissance, et les violences au travail.
- Coût économique : Les maladies et accidents liés au travail coûtent à l'Union européenne environ 476 milliards d'euros par an, soit 3% du PIB de l'UE, soulignant que cet enjeu est non seulement social mais aussi économique.
2. Les facteurs de risque identifiés et leurs conséquences
- De nombreuses études épidémiologiques identifient des facteurs de risque spécifiques associés à diverses pathologies :
- Expositions mécaniques : postures inconfortables, mouvements répétitifs, manipulation de charges lourdes, vibrations (douleurs lombaires, troubles musculo-squelettiques).
- Produits chimiques et biologiques : poussières, fumées, produits dangereux (cancers, maladies respiratoires).
- Risques psychosociaux : intensité du travail, stress, manque d'autonomie, contraintes horaires, mauvaises relations hiérarchiques (troubles mentaux, dépression, burn-out).
- Ces risques ont des effets à long terme sur le corps et la santé, souvent cumulatifs et se renforçant mutuellement.
3. Les obstacles à la reconnaissance et à la visibilisation
- Malgré l'ampleur du problème, plusieurs facteurs contribuent à l'invisibilité et à la méconnaissance des liens entre conditions de travail et santé :
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3.1. Phénomènes de sélection et limites méthodologiques
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Effet du travailleur sain : Les personnes en mauvaise santé sont susceptibles d'éviter les expositions professionnelles et sont moins maintenues en emploi, ou ne sont pas embauchées, ce qui biaise les statistiques sur la santé au travail en les sous-estimant.
- Temps de latence des pathologies : L'impact à court terme des conditions de travail est majoritairement étudié, alors que des pathologies comme les cancers ou maladies cardiovasculaires ont un temps de latence très long, rendant difficile la preuve d'un lien causal.
- Incomplétude des données épidémiologiques :
- Elles ne couvrent pas tous les problèmes de santé au travail.
- Le choix des sujets d'étude et les méthodes d'analyse peuvent invisibiliser certains cancers professionnels, notamment chez les femmes. Les matrices emploi-exposition, majoritairement construites à partir d'emplois masculins, sont peu pertinentes pour les populations féminines, en particulier celles des milieux défavorisés (ex: agentes de nettoyage).
3.2. Mécanismes sociaux et politiques d'invisibilisation
- Selon Véronique Dobas Le Tourneux, la méconnaissance ne résulte pas seulement de problèmes techniques ou pathologiques, mais aussi de mécanismes sociaux et politiques qui conduisent à ne pas voir ou à masquer les risques.
- Au niveau des travailleurs :
- Déni face au risque : Les travailleurs peuvent nier le caractère pathogène de leur travail (ex: virilité dans le bâtiment, coiffeuses niant les dermatoses pour des raisons pratiques).
- Pression et peur de perdre l'emploi : Les rapports de domination en entreprise et la précarité (notamment pour les intérimaires) dissuadent les salariés de signaler les risques (ex: maintenance des centrales nucléaires où les intérimaires sont exposés à des radiations élevées sans suivi médical adéquat).
- Au niveau des entreprises :
- Masquage des effets néfastes : Les entreprises peuvent chercher à masquer les dangers liés aux produits ou aux modes de management.
- Système assurantiel et gestion individualisée : La loi de 1898, axée sur l'indemnisation financière, tend à individualiser le problème et à ne pas « questionner les conditions de survenu de l'événement ni par conséquent l'organisation du travail ».
- Invisibilisation médiatique et politique : Les accidents du travail sont souvent traités comme des « faits isolés » ou des « faits divers » par la presse locale et les politiques, les privant de leur « dimension collective et de leur inscription dans des organisations du travail ».
- Secteurs et populations concernées : Les secteurs les plus touchés (construction, agroalimentaire, intérim, transport, soin à la personne) et les populations les plus vulnérables (ouvriers, femmes employées, jeunes, intérimaires, peu qualifiés, sans-papiers) sont déjà marqués par une certaine précarité, ce qui « invite à passer sous silence aussi les blessures que ces populations subissent ». Le faible poids des syndicats dans ces secteurs est également un facteur.
- Déclin de la médecine du travail : Le rôle des médecins du travail, acteurs centraux de la prévention, est de plus en plus réduit par les réorganisations légales et managériales.
4. L'analyse des processus de survenue des accidents du travail (Véronique Dobas Le Tourneux)
- Le travail de Véronique Dobas Le Tourneux met en lumière l'importance de « déconstruire un peu les processus qui conduisent à la survenue de ces événements » pour des politiques de prévention plus efficaces.
- Baisse historique des accidents du travail : Si le nombre d'accidents a baissé depuis les années 1950 (due à l'évolution des structures d'emploi et aux améliorations de sécurité), cette baisse tend à se stabiliser depuis les années 1990.
- Les accidents comme "événements sentinelles" : Même les accidents mineurs sont importants car ils peuvent alerter sur des situations de travail à risque et avoir des effets significatifs sur la vie quotidienne et la santé des individus.
- La sous-déclaration administrative : Elle est due aux mécanismes de cotisation des entreprises (indexées sur le nombre d'accidents déclarés), à l'auto-culpabilisation des victimes, à la pression des collègues, et au manque de suivi des travailleurs en situation irrégulière ou précaires (intérimaires, sans-papiers).
- Véronique Dobas Le Tourneux distingue trois types de situations d'accident :
- Accidents bénins dans un contexte de travail préservé : Souvent dans les emplois administratifs, ces accidents sont généralement déclarés et reconnus, permettant une visibilité et la mise en place de mesures préventives.
- Accidents relevant de risques permanents et connus : Les salariés connaissent les risques et les moyens de s'en protéger, mais les « injonctions de production » les empêchent de respecter les consignes (ex: pauses non prises). Le risque est en quelque sorte intégré par l'employeur. Ces accidents sont généralement déclarés sans difficulté.
- Accidents dans des contextes de « mise en danger » ou de « prise de risque organisé » : C'est la situation la plus grave, touchant principalement les apprentis, jeunes peu qualifiés, nouvellement embauchés, et intérimaires. Ils ont une marge de manœuvre limitée. Les récits des salariés font état de « prises de risque forcées ».
- Exemples : Un ouvrier déchargeant des tubes d'acier longs et lourds sans matériel adapté malgré un signalement ; une employée de restaurant glissant avec des chaussures inadaptées à cause d'une surcharge de travail et de contraintes vestimentaires.
- Ces situations combinent « exigences productives et commerciales », « surcharge de travail » et « déstructuration des collectifs de travail ».
- C'est dans ce type d'accident que les cas de non-déclaration sont les plus nombreux, alors que la gravité est la plus élevée.
- Thomas Coutre est cité : « les choix en matière d'organisation du travail sont et ont toujours été produit socialement par un système de pouvoir conditionné par les rapports de forces sociaux. Et sous cet angle la notion d'efficacité économique n'est pas un concept abstrait et neutre mais résulte indissociablement du jeu conjoint des techniques de production et de domination. »
- L'analyse de Véronique Dobas Le Tourneux souligne l'importance de s'éloigner de la perspective du « comportement individuel à risque » pour comprendre les accidents, et de se concentrer sur les « prises de risque organisées » induites par l'organisation du travail.
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Conclusion et perspectives
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La question des risques du travail est un phénomène complexe et multifactoriel qui requiert une approche holistique :
- Nécessité de contextualiser : Il est fondamental de prendre en compte le contexte des conditions de travail et de l'organisation du travail, au-delà des aspects purement techniques.
- Manque de données : Des données plus fines sont nécessaires, notamment sur les intérimaires, les dimensions de genre (bien qu'elles soient de plus en plus prises en compte) et les dimensions raciales, encore très absentes, alors que ces populations sont souvent les plus exposées.
- Frontières du travail à redéfinir : La sociologue Maë Simonet est citée pour interroger la définition actuelle du travail, construite autour d'un sujet masculin, rémunéré, et productif. Il est crucial de penser conjointement le travail rémunéré et le « travail gratuit, visible et invisible » (domestique, associatif, soins, bénévolat), majoritairement exercé par les femmes et souvent source de risques et d'accidents non reconnus.
- Recommandations politiques :
- Développer des politiques de santé et sécurité au travail à la hauteur de la complexité du problème, avec des mesures préventives et réparatrices.
- Aller au-delà du cadre actuel de reconnaissance et de réparation des accidents du travail et maladies professionnelles (loi de 1898).
- Accroître les moyens pour la recherche (postes, financements) sur ce sujet.
- Mettre en place des mesures législatives interdisant certains produits dangereux.
- Renforcer le respect par les employeurs de leur devoir de protection de la santé physique et mentale des travailleurs, et le rôle de l'inspection du travail.
- Enjeux macro-sociaux et politiques : Les causes profondes des inégalités de santé au travail résident dans les choix de société et les modèles d'organisation du travail aux niveaux français, européen et mondial.
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Note de synthèse : La production sociale des inégalités de santé sexuelle chez les minorités de genre et sexuelles
Cette synthèse s'appuie sur la présentation d'Emmanuel Bobati, sociologue et chercheur au CNRS, spécialiste des minorités sexuelles et de genre.
Il aborde la production sociale des inégalités de santé, en particulier de santé sexuelle, chez les personnes LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres) en soulignant l'importance d'une approche critique des catégories utilisées et la nécessité d'inscrire la prévention dans des contextes sociaux et des trajectoires de vie complexes.
Thèmes principaux et idées clés :
Visibilité et vulnérabilité des recherches sur les minorités sexuelles et de genre en santé :
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Les recherches sur les personnes LGBT sont souvent vulnérables, particulièrement dans des contextes politiques incertains pour leurs droits et leur santé.
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Les minorités sexuelles et de genre sont fréquemment "laissées de côté" dans les recherches en santé, même si elles sont présentes dans les échantillons. Leurs inégalités sociales liées à leur sexualité ou trajectoire de genre sont peu visibles et thématisées.
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Le domaine de la santé sexuelle est le principal champ où ces minorités sont prises en compte, et c'est souvent grâce à cette approche que les études sur l'homosexualité (depuis les années 80) et plus récemment sur les transidentités se sont développées.
Historique et évolution des enquêtes sur la santé sexuelle des minorités :
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Historiquement, la lutte contre le VIH/SIDA s'est focalisée sur les hommes gays cisgenres (personnes qui ne sont pas trans). L'enquête "Presse gay" (lancée par Michael Polac en 1984) en est un exemple.
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Les femmes trans ont été particulièrement touchées par le VIH/SIDA, avec des taux de prévalence potentiellement supérieurs à ceux des hommes gays, ce qui a été confirmé empiriquement. Cependant, elles n'ont été intégrées aux politiques de santé publique qu'à partir des années 2010.
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Les femmes lesbiennes sont "très largement sous-enquêtées dans le domaine de la santé sexuelle" malgré une prévalence d'infections sexuellement transmissibles (IST) plus élevée que chez les femmes hétérosexuelles.
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Les enquêtes sur la sexualité en population générale, comme "Analyse des comportements sexuels en France" (1992) et "Contexte de la sexualité en France" (2006, codirigée par Nathalie Bajos), ont souligné les inégalités socio-sexuelles entre hommes et femmes, ainsi qu'entre hétérosexuels et homosexuels. Cependant, elles n'incluaient pas encore les personnes trans, ce qui est prévu pour l'enquête "Contexte des sexualités en France 2023" de l'INSERM.
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L'enquête "Trans et santé sexuelle" (INSERM, 2010) a spécifiquement porté sur les populations trans, utilisant des méthodes mixtes (quantitatives et qualitatives).
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L'approche constructiviste du risque et la production sociale des inégalités de santé sexuelle :
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Les recherches s'intéressent à la "production sociale des inégalités de santé sexuelle", allant au-delà des comportements sexuels ou des "facteurs de risque" pour comprendre les conditions sociales de production de ces risques.
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"Aucun groupe social n'est naturellement plus exposé au risque qu'un autre. Cette exposition est le résultat de logique sociale et notamment de rapports sociaux de domination."
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Cette approche, qualifiée de "constructiviste du risque" ou "socio-culturelle du risque en santé sexuelle", met en lumière le fait qu'en raison des inégalités sexuelles et de genre, les personnes LGBT "ont plus de risque de rencontrer des risques que les personnes hétérosexuelles et cisgenres".
Le genre comme rapport social et la transition comme mobilité sociale :
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L'hypothèse centrale de la recherche de Bobati est que "les personnes trans sont en quelque sorte des transfuges", si l'on considère le genre comme un rapport social, à l'instar de la classe sociale (suivant les féministes matérialistes comme Christine Delphy, Colette Guillaumin, Danielle Kergoat).
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La transition de genre peut être envisagée comme une "forme de mobilité sociale", une "mobilité de genre et conjointement une mobilité de sexualité".
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Le concept de "passing" (se faire passer pour) est souvent utilisé pour le genre et la race, contrairement à la "mobilité sociale" pour la classe. Bobati critique cette distinction car elle tend à "naturaliser le genre et la race", impliquant une authenticité manquante.
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Les populations trans sont des "populations minorisées", stigmatisées, opprimées et discriminées, et leur minorisation est due à leur mobilité même. Genre et sexualité sont "indissociables" dans cette minorisation.
Les trajectoires trans et leurs implications pour la santé sexuelle :
Il existe différentes trajectoires de transition :
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Femmes trans qui transitionnent tardivement (autour de la cinquantaine) : Souvent après une première vie d'homme hétérosexuel, mariés et parents.
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Femmes trans qui transitionnent jeunes : Plus à risque de marginalisation, isolement et précarité (difficultés à trouver un emploi stable, dépendance parentale). Elles sont plus concernées par le travail du sexe.
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Hommes trans : Transitionnent majoritairement jeunes, dans de meilleures conditions sociales et matérielles que les jeunes femmes trans (moins de ruptures familiales, moins d'expérience de grande précarité). Leur trajectoire est plus homogène.
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Ces trajectoires socio-sexuelles distinctes influencent la sexualité et le rapport au risque.
Deux dimensions cruciales pour étudier la santé sexuelle des LGBT :
- Hiérarchisation des risques (condition minoritaire) : Les risques liés à la santé sexuelle ne sont pas toujours la priorité principale pour les personnes LGBT confrontées à d'autres risques sociaux et psychosociaux :
- Stigmatisation, marginalisation, précarisation, violence, discrimination.
- Risque de "réassignation" (être renvoyé à son sexe d'origine) dans les interactions sociales et sexuelles, particulièrement pour les femmes trans.
- Risque de violence dans la relation médicale, entraînant une réticence à consulter pour la santé sexuelle.
- Ces risques sont inégalement vécus : les jeunes femmes trans sont les plus touchées par le risque de précarisation.
- Socialisations sexuelles et préventives (mobilité sociale) :Avant la transition :Femmes trans transitionnant tardivement : Souvent hommes hétérosexuels avec une socialisation préventive minimale (compagne gérant la contraception).
- Femmes trans ayant été gays : Ont une meilleure conscience du risque VIH/SIDA grâce à leur socialisation dans les milieux gays où la prévention est plus intégrée.
- Hommes trans : Majoritairement lesbiens, avec une faible préoccupation de prévention (les lesbiennes étant peu ciblées par les politiques de santé publique en la matière).
- Après la transition (mobilité sexuelle) :Les femmes trans tendent à s'hétérosexualiser ("l'hétérosexualité agit comme une fabrique très puissante de la féminité").
- Les hommes trans tendent à s'homosexualiser/gayifier (un tiers ayant des relations avec des hommes après transition, plus que les hommes cisgenres). Devenir gay peut être un moyen de composer avec la "culpabilité" liée à l'ascension sociale et à la masculinité hégémonique.
- Les dispositions préventives initiales survivent en partie à la transition. Certains "habitus de gestion du risque peuvent devenir insuffisants dans les nouvelles configurations sexuelles et relationnelles".
- Les socialisations secondaires ne s'accomplissent pas comme les primaires. Il y a une "part d'inertie dans les trajectoires de transfuge".
- Critique des catégories et le "paradoxe minoritaire" :
- Le chercheur souligne le "paradoxe minoritaire" (Johan Scott) : pour déconstruire les catégories (hommes, femmes, hétéros, homos, trans, cisgenres), on est souvent contraint de les utiliser pour enquêter, communiquer et construire des politiques publiques.
- Ces catégories sont des "labels qu'on ne questionne pas ou peu", alors qu'elles "rassemblent en fait des personnes et des groupes qui sont très différents les uns des autres" et ne sont "ni figées ni exclusives".
- La sexualité et le genre sont pluriels et transversaux, non réductibles à un corps, une assignation ou une identité subjective. Ce sont avant tout des "rapports sociaux" qui "infusent l'ensemble de nos pratiques".
- Il propose de penser le genre et la sexualité comme un "espace social" (inspiré de Bourdieu), au-delà des binarités homme-femme, hétéro-homo, cisgenre-trans.
L'intersectionnalité des rapports sociaux :
- Bobati insiste sur l'importance de l'intersectionnalité (Kimberlé Crenshaw), qui montre comment les rapports sociaux de genre, de race et de classe se coproduisent. "Selon la position sociale de race et de classe que l'on occupe on ne fait pas la même expérience du genre et de la sexualité et donc aussi de la santé sexuelle."
- Cibler un groupe spécifique en santé publique (femmes, gays, trans, travailleurs du sexe) ne permet pas de s'adresser pertinemment à toutes les personnes du groupe, car les expériences sont diverses.
- Les politiques de prévention destinées aux personnes trans dépendent fortement de celles destinées aux gays, lesbiennes, travailleuses du sexe ou même hommes hétérosexuels. La santé sexuelle de ces populations est interdépendante.
L'universalisme minoritaire :
- La présentation se termine sur le concept d'"universalisme minoritaire" (Bruno Perreau) : "protéger une minorité revient toujours à protéger bien au-delà de cette minorité".
- La défense de la santé et des droits des LGBT bénéficie à l'ensemble de la société, "quelle que soit leur trajectoire de genre et de sexualité".
En conclusion, la présentation d'Emmanuel Bobati met en lumière la complexité des trajectoires de genre et de sexualité et leur impact sur la santé sexuelle.
Elle appelle à une approche sociologique fine, qui dépasse les catégories binaires et prend en compte la hiérarchisation des risques, les socialisations, les mobilités sociales et l'intersectionnalité, afin de mieux comprendre et adresser les inégalités de santé.
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Note d'information détaillée : La production sociale des inégalités de santé et la sexualité
Source : Extraits de "La production sociale des inégalités de santé (9) - Nathalie Bajos (2024-2025)"
Date de la présentation : 2024-2025
Conférencière : Nathalie Bajos, sociologue au CNRS
Introduction : La sexualité comme enjeu sociologique et de santé
- Nathalie Bajos, sociologue au CNRS, aborde dans cette présentation la complexité de la sexualité humaine sous l'angle sociologique, en soulignant qu'elle n'est pas uniquement régie par des facteurs biologiques, contrairement à la sexualité animale.
La sexualité humaine est "très large et peut se produire à tous les moments de la vie".
L'objectif est de comprendre comment les enjeux de sexualité et de santé sont façonnés par des facteurs sociaux, notamment les risques liés à l'activité sexuelle (avortement, violences sexuelles, problèmes de santé mentale).
L'analyse sociologique de la sexualité implique de recueillir des données sur :
- Les actes (pratiques sexuelles diverses).
- Les relations dans lesquelles ces pratiques prennent place (relations d'un soir, relations établies).
- Les représentations sociales (légitimité ou interdit de certains actes), qui "évoluent comme on va le voir".
- Les contextes sociaux particuliers, incluant les conditions de vie, les trajectoires personnelles, et surtout les rapports de domination.
- Rapports de domination structurant les sociétés humaines
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Nathalie Bajos insiste sur le rôle central des rapports de domination, "répéter répéter répéter encore", qui structurent toutes les sociétés humaines et qui renvoient à l'appartenance de genre, de classe et de "race".
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Domination masculine : Le groupe social des hommes domine le groupe social des femmes, visible à travers des indicateurs comme les écarts de salaires, la sous-représentation des femmes dans les postes de pouvoir (présidentes, députées, dirigeantes d'entreprises) et la répartition des tâches domestiques.
- Domination de classe : Les classes bourgeoises dominent les classes productrices (classes ouvrières), comme l'a souligné Karl Marx.
- Rapports sociaux de "race" : Bien que la "race" n'existe pas en tant qu'entité biologique ("il y a une seule race humaine"), elle "tue" en raison des processus de discrimination.
Ces rapports sociaux ne jouent pas indépendamment les uns des autres. Être une femme, par exemple, prend un sens différent selon la classe sociale ou la "race" :
"Ce n'est pas la même chose si vous êtes une femme ouvrière noire et une femme ouvrière blanche".
Le paradoxe de l'idéal égalitaire dans la sexualité Un paradoxe sociologique majeur réside dans la sphère de la sexualité : alors qu'un idéal égalitaire s'est diffusé dans d'autres sphères sociales (travail, famille, politique), la sexualité est la seule où cet idéal "résiste" et "peine encore à émerger".
La majorité des gens pensent que "non les hommes et les femmes c'est pas pareil dans le domaine de la sexualité".
L'hypothèse forte de cette résistance est que les représentations dans le domaine de la sexualité forment un "système cohérent" qui permet la "reproduction" des rapports sociaux de sexe.
L'idée est que "le social ne s'arrête pas à la porte de la chambre à coucher" ; "Le sexuel est politique et n'est pas que intime".
La vision biopsychologisante de la sexualité
- La persistance d'une "vision biopsychologisante de la sexualité" est un mécanisme clé pour gérer les tensions entre un éthos égalitaire (où les hommes et les femmes devraient être égaux dans la société) et les pratiques sociales qui restent inégalitaires.
Cette vision postule que les différences entre les femmes et les hommes sont d'origine "naturelle", justifiant ainsi les inégalités observées.
Par exemple, une femme adhérant à l'idéal égalitaire mais subissant des inégalités dans sa carrière et les tâches domestiques peut "résoudre cette tension" en se disant : "oui mais finalement quelque part c'est normal on n'est pas pareil.
La preuve dans le domaine de la sexualité les hommes et les femmes c'est très différent".
Évolutions des pratiques et représentations de la sexualité en France
L'exposé s'appuie sur quatre grandes enquêtes nationales sur la sexualité en France (1970, 1992, 2006, 2023), montrant une progression dans la prise en compte des dimensions de genre, classe et "race".
Évolutions des pratiques :
- Âge du premier rapport sexuel : L'écart entre filles et garçons s'est réduit au fil du temps, avec un rapprochement des courbes. Une remontée récente de l'âge d'entrée dans la sexualité est observée, attribuée non seulement au Covid-19, mais aussi aux effets de la crise économique qui a retardé l'accès des jeunes à l'autonomie sociale et financière, le premier rapport étant un "marqueur d'une entrée dans une socialisation adulte".
- Prolongement de la vie sexuelle : La vie sexuelle se prolonge beaucoup plus aux âges avancés qu'auparavant. L'âge de la ménopause (environ 50 ans) n'est plus le "coup près du sortir entre guillemets du marché de la sexualité" pour les femmes, rompant avec une conception de la sexualité féminine liée uniquement à la reproduction. Cependant, une inégalité persiste, les hommes ayant souvent des partenaires plus jeunes.
- Diversification des partenaires : Le nombre moyen de partenaires sexuels déclarés a "spectaculairement" augmenté entre 1992 et 2023 pour les femmes (passant de 3,4 à 7,9) et pour les hommes (de 11,2 à 16,4). L'écart persistant entre hommes et femmes s'explique par une "définition d'un partenaire sexuel [qui] n'est pas la même pour les femmes et pour les hommes". Les femmes ont tendance à ne compter que "les hommes qui ont compté", c'est-à-dire des relations potentiellement sérieuses, tandis que les hommes comptabilisent aussi les partenaires d'un soir. Cela reflète la valorisation de la sexualité masculine dans sa "grande diversité" et la construction de la sexualité féminine autour de son "rôle reproductif".
- Sexualité en ligne : Une partie croissante de la sexualité s'exerce dans les espaces numériques, avec un pourcentage élevé de jeunes ayant envoyé des images intimes.
- Diversification des pratiques : La masturbation, la fellation, le cunnilingus et la pénétration anale sont des pratiques de plus en plus déclarées. L'augmentation spectaculaire de la masturbation chez les femmes (de 42% en 1992 à 73% aujourd'hui) "signe la possibilité pour les femmes de vivre une sexualité beaucoup plus dégagée des enjeux liés à la relation et liés aux représentations sur le rôle reproductif des femmes".
- Sexualité non hétérosexuelle : La sexualité non hétérosexuelle est de plus en plus fréquente, surtout chez les jeunes et les jeunes femmes. Un indicateur global de "distance avec la norme hétérosexuelle" montre que 37,6% des femmes et 18,3% des hommes de 18-29 ans s'en écartent d'une manière ou d'une autre (attraction pour le même sexe, partenaire de même sexe, identité homo/bisexuelle).
- Évolutions des représentations :
- Sexualité récréative : L'acceptation d'avoir des rapports sexuels sans aimer la personne est en nette augmentation, surtout chez les jeunes et les femmes, marquant une "prise de distance très claire vis-à-vis du modèle de la sexualité hétérosexuelle en couple et cetera monogame".
- Besoins sexuels par nature : L'idée que "par nature les hommes ont plus de besoins sexuels que les femmes" est de plus en plus rejetée, en particulier par les jeunes femmes (45% des 18-29 ans la rejettent), bien qu'elle reste majoritaire dans la population générale. Cette représentation est dénoncée comme une construction sociale sans fondement biologique, servant à "contrôler la sexualité des femmes".
- Satisfaction sexuelle :
- Malgré les "bouleversements" dans les pratiques et représentations, la satisfaction sexuelle est restée stable, voire légèrement augmentée chez les hommes. Cela contredit l'idée d'une "guerre des sexes" ou d'une perte de repères pour les hommes face à la libération de la sexualité féminine.
Mythes, pratiques et tensions : Exemples concrets La présentation illustre comment le mythe des besoins sexuels masculins "par nature" façonne les expériences individuelles et génère des tensions :
- Anne (23 ans) : Adhère à l'idée que les hommes ont des besoins physiques (besoin de "se vider") et "aide" son partenaire à prendre plaisir, même sans désir, pour éviter qu'il ne tombe "malade". Cela montre une intériorisation de la vision "médicalement reconnue" de cette nécessité masculine.
- Éric (30 ans) : Croit en des besoins masculins "plus réguliers et plus physiques" et un appétit féminin qui "s'amoindrirait avec le temps". Face à une partenaire jeune ayant de forts besoins, il l'interprète comme une exception due à son jeune âge, maintenant sa représentation du "corps mécanique" masculin et du "corps systémique" (plus psychologique) féminin.
- Arnaud (31 ans) : Rejette l'idée que les hommes aient plus d'envies, la qualifiant de "conneries culturelles qui permettent de contrôler la sexualité des femmes". Son expérience dans les cercles homosexuels le confronte néanmoins à une "culture de la virilité" et de la "performance" qui le met en décalage.
- Muriel (55 ans) : Ayant longtemps cru à la supériorité des besoins masculins, elle a développé un regard critique, découvrant le plaisir physique et une sexualité harmonieuse et réciproque, en phase avec ses représentations égalitaires.
- Sexualité contrainte et violences sexuelles
- L'adhésion à la représentation que "par nature les hommes ont plus de besoins sexuels que les femmes" est fortement liée à la "sexualité plus contrainte pour les femmes". Les femmes qui adhèrent le plus à cette idée sont celles qui déclarent le plus souvent avoir des rapports sexuels sans en avoir envie "pour lui faire plaisir".
La présentation met en évidence un "continuum" de contrainte dans la sexualité, où les rapports imposés sont "l'expression la plus violente la plus ultime".
- Déclarations de violences : Les rapports forcés ou tentatives de rapport forcé sont "extrêmement élevées" : 37% des femmes de 18-29 ans et 12% des hommes déclarent en avoir subi. Dans plus de 95% des cas, l'agresseur est un homme.
- Violences en ligne : Harcèlement sexuel, réception d'images intimes non sollicitées, diffusion d'images à l'insu sont également significatives (33% des femmes, 25% des hommes de 18-29 ans).
- Augmentation des déclarations : L'augmentation des déclarations de violences est due à une plus grande facilité à en parler (climat social, enquêtes) et à une évolution de la "définition de ce que c'est qu'une violence" (ex: viol conjugal reconnu depuis 1982).
- Profil des victimes : Les violences touchent tous les milieux sociaux mais sont plus fréquentes dans des situations de "grandes inégalités entre les partenaires" (dépendance économique, sociale, culturelle).
- Impact sur les minorités sexuelles : Les personnes ayant une sexualité non strictement hétérosexuelle sont beaucoup plus confrontées aux violences (45% des jeunes femmes non hétérosexuelles vs 31% des hétérosexuelles) et aux problèmes de santé mentale (dépression sévère deux fois plus élevée). Cela est lié aux "multiples discriminations" subies.
Conclusion et enjeux pour les politiques publiques
En résumé, il y a une "plus grande diversité des pratiques sexuelles", remettant en question la norme hétérosexuelle et signalant un "mouvement de fond vers une plus grande égalité entre les sexes et entre les sexualités".
Cependant, des "résistances" et des "discriminations" subsistent, empêchant certains groupes de vivre leur sexualité librement.
Les enjeux de santé liés à la sexualité (VIH/SIDA, avortement) doivent être compris et interprétés en lien avec le contexte social des sexualités, c'est-à-dire les pratiques, les représentations et les rapports de domination.
La prévention doit dépasser la logique strictement sanitaire pour s'inscrire dans le contexte social.
Pour les politiques publiques, cela implique :
- La lutte contre les inégalités sociales, les stéréotypes et les discriminations.
- L'éducation à l'égalité et aux sexualités.
- La question centrale de l'effectivité des droits sexuels et reproductifs, dont l'application quotidienne peut encore poser problème (exemple de l'avortement).
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Document de Synthèse : L'Emprise et ses Implications Médico-Légales
Ce briefing synthétise les points clés de la conférence intitulée "Conférence CRIAVS - Emprise", abordant la nature complexe de la relation d'emprise, son exploration psychiatrique et ses implications juridiques.
L'intervenant, un psychiatre, met en lumière les désaccords avec les approches précédentes, soulignant l'importance d'une compréhension holistique du lien auteur-victime.
1. Préambule : Distinction et Compréhension
L'orateur introduit son propos en soulignant une divergence d'approche avec la loi actuelle. Tandis que le droit distingue clairement les victimes des auteurs, la psychiatrie s'intéresse à la dynamique du lien entre les deux.
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L'approche juridique vs. psychiatrique : "d'un côté il y a la loi qui aujourd'hui distingue de façon très claire les victimes d'un côté les auteurs de l'autre... moi je me place du côté de la psychiatrie et du côté de la psychiatrie il y a un intérêt à aller chercher à renseigner ce qui se passe dans le lien entre une victime et un auteur."
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Objectif de la compréhension : Comprendre les mécanismes ne signifie ni excuser l'auteur, ni blâmer la victime, mais "identifier mieux" et "juger mieux" pour des raisons médico-légales et thérapeutiques.
2. La Complexité du Lien Auteur-Victime
Le lien entre l'auteur et la victime est intrinsèquement complexe, pouvant même présenter une "zone de chevauchement" où les rôles peuvent s'inverser.
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Zone grise et inversion des rôles : "il peut exister entre la victime et l'auteur une zone de chevauchement une zone grise... il y a des mécanismes un peu de renversement c'est-à-dire que la victime elle devient un peu hauteur et l'auteur il devient un peu victime."
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Le même individu peut être les deux : "la victime et l'auteur peuvent être aussi une seule et même personne c'est-à-dire que quelqu'un peut avoir été victime et devenir auteur quelqu'un peut avoir été auteur et devenir victime encore."
3. Critique de l'Expertise Actuelle
L'intervenant dénonce la pratique actuelle qui consiste à confier l'expertise de l'auteur à un psychiatre et celle de la victime à un psychologue, alors que l'explication de la relation d'emprise nécessite une approche globale.
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Scission de l'expertise : "on va confier l'expertise de l'auteur à un psychiatre... et on va confier l'expertise de la victime à une ou un psychologue."
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Incohérence de la demande : "comment vous voulez expliciter une relation d'emprise si vous n'avez examiné qu'un seul [individu]?"
- Recommandation : Il est "intéressant que ça soit le même professionnel ou alors une association de mêmes professionnels psychiatres et psychologues par exemple qui puissent examiner à la fois l'auteur et à la fois la victime."
4. L'Expertise Psychiatrique : Constats et Limites
L'expertise psychiatrique des auteurs d'emprise révèle des constats importants sur l'absence fréquente de troubles mentaux graves ou d'altération du discernement, mais met en évidence des fonctionnements de personnalité spécifiques.
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Absence de diagnostics graves : "dans la plupart des cas les auteurs... n'ont pas de pathologie mentale avérée... on ne trouve pas non plus de trouble grave de la personnalité."
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Discernement non aboli : "dans la plupart des cas il y a pas de notion d'altération il y a pas de notion d'abolition du discernement ou du contrôle de ces actes."
- Dangerosité criminologique : L'évaluation se concentre sur le risque de réitération, en identifiant des facteurs de bon et mauvais pronostic.
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Fonctionnements de personnalité identifiés :Obsessionnel : "ils sont dans le contrôle d'eux-même de leurs émotions de le contrôle de leur environnement."
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Paranoïaque : Avec "suspicion d'infidélité tout ce qui est de l'ordre des interprétations tout ce qui est de l'ordre des projections."
- Borderline : Caractérisé par une alternance "je fusionne je rejette je fusionne je rejette" et une "dimension abandonique".
- Refus du terme "pervers narcissique" : Le terme "pervers" n'est pas référencé en psychiatrie et l'intervenant préfère décortiquer les mécanismes comme "la séduction, le déni d'altérité... la manipulation... la transgression."
- Du côté de la victime, l'expertise cherche à établir un lien de cause à effet entre l'emprise et les troubles psychiques (dépression, anxiété).
La "vulnérabilité" est entendue au sens médico-légal (mesure de protection), bien que des "fragilités" puissent être notées.
Traumatisme développemental : Le cœur de la vulnérabilité réside dans le "trauma développemental", souvent lié à des "négligences" précoces. Inadaptation du système d'attachement : C'est la "clé de la relation d'emprise."
5. Les Étapes de la Relation d'Emprise
La relation d'emprise suit des phases distinctes, souvent schématisées pour en faciliter la compréhension juridique :
- Séduction et adhésion initiale (Love bombing) : Compliments, cadeaux, affection intense, fausse empathie créant une "dépendance affective rapide" et une "lune de miel."
- Confusion et culpabilisation : Introduction graduelle de comportements de contrôle, critiques déguisées, changements d'humeur imprévisibles, "brouillage cognitif" (ex: gaslighting "je ne t'ai jamais dit ça tu inventes"). La victime perd confiance en son jugement. La culpabilisation pour de prétendus manquements s'installe.
- Isolement et contrôle : L'auteur isole la victime de ses proches. La victime s'isole elle-même par honte ou pour éviter les conflits, perdant ainsi ses repères extérieurs. Le contrôle se manifeste par la surveillance des faits et gestes, du téléphone, de l'argent.
- Privation et menace : Privation d'affection, harcèlement, et enfin menaces directes ("si tu me quittes je te détruirai", "je me suiciderai", "tu perdras les enfants"), souvent le moment où la justice intervient.
6. Le Rôle Fondamental de l'Attachement Désorganisé
L'attachement est un lien affectif essentiel au développement humain. Un attachement sécure permet l'autorégulation, mais un attachement dysfonctionnel, notamment désorganisé, crée le terrain propice à l'emprise.
- Définition de l'attachement : "un lien affectif et il est à la base c'est une nécessité pour le développement humain."
- Lien avec l'emprise : "pour moi il n'y a pas d'emprise sans problématique d'attachement." L'attachement désorganisé est le type le plus propice.
- Origine de l'attachement désorganisé : Figures d'attachement (souvent les parents) "incohérentes," "effrayantes ou effrayées," "sévèrement déprimées," "désaccordées," "avec des traumas non résolus," ou "maltraitantes ou négligentes." La négligence seule peut suffire.
- Mécanismes : L'enfant est confronté à une "peur sans solution" et sa figure d'attachement est "incapable de le réguler." Il "désactive son système d'attachement" et développe des "stratégies de contrôle" pour rééquilibrer le dysfonctionnement.
- Mécanismes de contrôle dans l'emprise : "contrôle prendre soin," "contrôle punitif," "contrôle séduction," "contrôle soumission."
7. Le Fonctionnement Défensif de l'Auteur
La relation d'emprise est un "fonctionnement défensif" pour l'auteur, qui tente de gérer une problématique interne en l'externalisant.
- Externalisation : L'auteur "externalise sa propre problématique" et "rend l'autre responsable de ses propres actes et de ses propres défaillances."
- Projection : "en les pointant chez l'autre ou en les projetant chez l'autre ça va lui permettre de ne pas regarder les siennes."
- Peur de la projection : Paradoxalement, l'auteur "va avoir peur de ce qu'il voit" chez la victime, désignée comme un agresseur car elle porte la projection de sa propre agressivité.
8. L'Évolution du Cadre Légal et Recommandation Finale
La justice évolue, reconnaissant l'emprise sous le terme de "contrôle coercitif", mais sa démonstration reste un défi.
- Vers le "contrôle coercitif" : "l'emprise ça existait pas donc on a on va appeler ça contrôle coercitif."
- Démonstration légale : Il faut prouver l'intentionalité de l'agresseur, la perception négative du comportement par la victime, les dégâts causés, et l'existence de "menaces ouvertes" en cas de tentative d'échapper au contrôle.
- Importance de l'exploration du lien : L'exploration de la "zone grise" entre victime et auteur "ne remet aucunement en question la position de victime et la position d'agresseur devant la loi... mais ça permet de comprendre et je pense que c'est cette compréhension qui permettra de faire avancer les choses."
En conclusion, la conférence souligne l'impératif d'une approche intégrée en matière d'emprise, où la compréhension des mécanismes psychologiques, notamment ceux liés à l'attachement désorganisé, doit éclairer et enrichir l'action judiciaire, malgré les défis de traduction des concepts psychiatriques dans le langage juridique.
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Note de synthèse : Les formes de la violence - Une analyse multifacette
Ce document de synthèse explore la nature complexe de la violence, en s'appuyant sur les thèses de Didier Fassin et les exemples historiques et philosophiques cités dans les sources.
Il met en lumière la dualité morale et politique de la violence, les diverses éthiques du refus de la violence, et la relecture contemporaine des rapports de force et de légitimité.
1. La Violence : Jugement Moral et Réalité Politique Ambiguë
La violence est intrinsèquement liée à un jugement moral de réprobation quasi-universel, qu'elle soit domestique, coloniale, ou étatique. Cependant, sa réalité politique est ambiguë :
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Le Déni Concérté : La violence fait l'objet d'une condamnation générale, ce qui entraîne "le déni concerner la société toute entière ou des groupes particuliers".
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Double Standard du Pouvoir : Le pouvoir prétend la prévenir et la combattre, mais "il s'en détournent en protègent les auteurs lorsqu'ils sont puissants mais les accablent quand ils appartiennent aux classes populaires aux minorités racisées aux populations étrangères".
Cette contradiction entre le discours moral et la pratique politique est fondamentale.
2. Les Éthiques du Refus de la Violence : Diversité et Complexité
Le refus de la violence s'inscrit dans des traditions religieuses et philosophiques variées, mais sa signification est polysémique et complexe :
- Traditions Religieuses : Le "Sermon sur la montagne" (Évangile de Matthieu) en est une expression canonique chrétienne :
"Vous avez appris qu'il a été dit œil pour œil et dents pour dents et moi je vous dis de ne pas résister au méchant au contraire si quelqu'un te gifle sur la joue droite tends-lui l'autre joue."
C'est l'éthos des premiers martyrs.
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Traditions Philosophiques : Éric Weil (1967) vise "d'éliminer la violence", considérant cela comme "le secret de la philosophie".
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Polysémie du Refus : Refuser la violence signifie-t-il la refuser de la commettre, d'y contribuer, de s'y soumettre, de la voir, de l'exhiber, d'en parler ? Ces questions ont des significations morales et politiques distinctes.
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Légitimité de la Violence Contre l'Oppression : La question se pose de savoir si une réponse violente à l'oppression peut être légitime, et sous quelle forme, tant pour les mouvements de résistance que pour les situations individuelles de mauvais traitement.
3. La Non-Violence : Manifestes et Figures Pionnières
Plusieurs épisodes historiques illustrent le développement de la non-violence moderne :
- "The Mask of Anarchy" de Percy Bysshe Shelley (1819) : Ce poème est considéré comme le premier manifeste moderne de la non-violence, écrit en réaction au massacre de Peterloo.
Il exhorte la foule : "levez-vous comme des lions après le repos en nombre invincible secouez vos chaînes comme la rosée tombé sur vous pendant votre sommeil vous êtes nombreux ils sont peu".
- Henry David Thoreau et la Désobéissance Civile : Son essai "Resistance to Civil Government" (1849) prône le refus de payer l'impôt fédéral pour protester contre l'esclavage et la guerre américano-mexicaine.
Il condamne la violence structurelle de l'esclavage et la violence coloniale de la conquête.
Thoreau suggère que "Sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement la véritable place d'un homme juste est aussi en prison."
Pour lui, le refus de l'impôt par un millier de citoyens ne serait "pas un acte violent et sanglant comme le serait de les payer et ainsi de permettre à l'État de commettre des violences et de répandre un sang innocent", définissant cela comme "une révolution pacifique".
- Mahatma Gandhi et le Satyagraha : Inspiré par Thoreau, Gandhi a mobilisé des milliers d'Indiens et de Chinois en Afrique du Sud contre le "Black Act".
Le Satyagraha, "attachement à la vérité" ou "force de la vérité", est une "arme d'effort qui exclut tout recours à la violence et cherche à accéder à la vérité".
Pour Gandhi, "renverser l'oppresseur n'est qu'une demi-victoire le convaincre de se transformer est une victoire pleine et entière".
La Marche du Sel (1930) en Inde en est un exemple emblématique.
- Martin Luther King Jr. et le Mouvement des Droits Civiques : Fortement influencé par Thoreau, King a dirigé des campagnes non-violentes, notamment le boycott des bus de Montgomery et les manifestations de Birmingham.
Il souligne l'importance de "réunir les preuves de l'existence de l'injustice", "négocier des améliorations", "développer un programme dit de purification basé sur l'apprentissage des pratiques de la nonviolence" et "passer à l'action pour provoquer une crise censé déboucher sur l'ouverture de discussion".
King n'était pas contre l'État ni la Constitution, mais s'appuyait sur eux pour finir avec la ségrégation.
4. La Violence Légitime de l'Opprimé : Une Perspective Contestée
La question de la légitimité de la violence de l'opprimé est un point de divergence crucial :
- Thoreau et John Brown : Bien qu'apôtre de la non-violence, Thoreau a défendu John Brown, un abolitionniste ayant utilisé des moyens violents.
Thoreau adopte la position du "spectateur révolutionnaire non violent" qui "cherche à réduire la violence de la vie non seulement en refusant de commettre des actes violents mais également en formant une communauté de spectateurs non violents qui témoignent de l'usage de la violence pour en terminer avec l'oppression et l'extermination et l'exploitation".
Il admet des circonstances où la violence serait "inévitable" si d'autres options sont inefficaces, en fonction de la gravité de la cause, de l'imminence du danger et de la proportionnalité.
- Frederick Douglass : Cet ancien esclave a défendu le recours à la violence pour la liberté, arguant que "tous les êtres humains ont des droits fondamentaux à la vie et à la liberté la privation de la seconde la liberté et le risque de privation de la première la vie justifiant alors le recours à la violence".
Pour lui, les propriétaires d'esclaves perdent leurs droits fondamentaux en privant autrui des siens.
- Frantz Fanon et la Violence Décolonisatrice :
Dans "Les Damnés de la Terre" (1961), Fanon défend la violence comme "indispensable au processus de décolonisation".
Il décrit la rencontre entre colonisateur et colonisé "toujours déroulé sous le signe de la violence".
Pour Fanon, la violence coloniale est non seulement physique mais aussi morale, "déshumanise et même à proprement parler l'animalise".
La violence de la décolonisation est "doublement libératrice" : elle mène à l'indépendance et "débarrasse le colonisé de son complexe d'infériorité [...] elle le rend intrépide le réhabilite à ses propres yeux."
Le texte de Fanon est moins un plaidoyer pour la violence qu'une "description lyrique et une et une explication subjective des faits qui conduisent à la décolonisation de la violence il révèle le caractère inéluctable nécessaire et finalement justifié".
- Jean-Paul Sartre et la Radicalisation : La préface de Sartre aux "Damnés de la Terre" a radicalisé le propos de Fanon, par exemple avec la formule : "abattre un européen c'est faire d'une pierre de coup supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé reste un homme mort et un homme libre".
Cette interprétation, selon Alice Cherky, transforme l'analyse de Fanon de l'inéluctabilité de la violence en une "enthousiaste justification" du meurtre.
- Jean Améry et le "Tabou de la Vengeance" : Survivant de la Shoah, Améry établit un parallèle entre la situation du colonisé et celle du détenu juif dans un camp, affirmant que "la liberté et la dignité doivent être acquises par la violence pour être liberté et dignité".
Il défend le "tabou de la vengeance", arguant que "l'oppresseur ayant subi la violence que lui inflige l'opprimé devient son frère partageant son humanité".
5. L'Inversion des Valeurs : La Violence du Colonisé comme Terrorisme
Le texte souligne un "considérable déplacement moral et politique" et une "inversion des valeurs" au cours du dernier demi-siècle :
- Légitimation Historique vs. Disqualification Actuelle : Kant, Thoreau, Douglass, Fanon, Sartre, Améry ont considéré la violence de l'opprimé comme légitime et une affirmation de l'humanité.
Aujourd'hui, "la lutte du colonisé est désormais disqualifiée et sa résistance appelée terrorisme tandis que la politique du colonisateur est accepté et sa brutalité justifiée".
- Redéfinition du Terrorisme : Historiquement, la "terreur" qualifiait un phénomène d'État (la Révolution française, régimes totalitaires).
Progressivement, le terme "terrorisme" s'est différencié pour désigner "des pratiques et des groupes non étatiques et même s'opposant à l'État par des actions violentes".
- Terrorisme : Arme du Faible ou Attribut de Délégitimation ? : Selon l'historien Henry Laurens, le terrorisme non étatique tue moins que la terreur d'État et sert à communiquer sur une situation d'oppression.
Cependant, "en tant qu'attribut il sert aujourd'hui à délégitimer la lutte du faible et à éluder la violence du fort".
Des figures comme Nelson Mandela, Menahem Begin, et Yasser Arafat ont été qualifiés de terroristes avant de devenir des chefs d'État et des Prix Nobel de la paix, illustrant la labilité de cette qualification.
6. Refuser la Violence : Au-delà des Modèles Dualistes
Le cours explore des formes plus subtiles de refus de la violence et remet en question les distinctions binaires :
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Antigone et Bartleby : Ces figures littéraires représentent deux modalités de refus : la protestation explicite et spectaculaire (Antigone) et la résistance silencieuse et discrète (Bartleby).
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Objecteurs de Conscience en Israël : Erica Weiss distingue la "résistance" publique (réfusnics) et l'"abstention" majoritaire mais invisible face au service militaire.
L'abstention bénéficie d'une meilleure tolérance étatique, tandis que la résistance publique expose à des sanctions et à la stigmatisation.
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Tactiques de Refus des Victimes : Pour les Palestiniens sous les bombes, refuser la violence n'est pas l'empêcher, mais "trouver le moyen de distraire ses enfants quand le vrombissement des avions et la détonation des explosions se font entendre", "s'attacher à des détails de la vie quotidienne en conservant la distance d'un humour tendre", ou "la nommer en décrire les effets sur les corps en exposer les conséquences sur les vies".
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Violence Structurelle et Complexité des Rapports de Force : Honour Gun Gunai montre qu'en Turquie, c'est l'Autre (Arméniens, Grecs, Kurdes) qui est accusé de violence, jamais l'État. Alpana Roy (en Inde) et sa recherche sur les Naxalites soulignent l'importance de ne pas "se focaliser sur les opérations de guerri et d'oublier la violence structurelle".
La division des opprimés par les oppresseurs ("diviser pour régner") est une stratégie courante.
La Politique du Refus et la Violence Épistémique :
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Audre Lorde : "les outils du maître ne démoliront jamais la maison du maître". Il faut refuser le cadre épistémologique du dominant.
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Audra Simpson ("Mohawk Interruptus") : En refusant le passeport canadien, les Mohawks rejettent la manière dont l'État canadien les a traités et l'illégitimité de la législation coloniale. Elle plaide pour une "double souveraineté".
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Gayatri Chakravorty Spivak ("Can the Subaltern Speak?") : La violence épistémique consiste à s'arroger le droit de dire qui est l'autre et de le réduire au silence.
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Recherches Palestiniennes (Rana Barakat, Diana Allan, Mohamed El Kourd, Nasser Abouour) : Il s'agit de dépasser les analyses extérieures pour faire entendre les voix palestiniennes, refuser la déshumanisation et la censure, et affirmer leur existence au-delà de l'oppression ("writing Palestine studies").
L'exemple de Nasser Abouour, qui fait du mur de sa cellule son compagnon et affirme ainsi sa liberté, est une illustration ultime de ce refus.
Conclusion
Le refus de la violence est un projet multiforme :
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Il peut être non-violent, à la manière de Gandhi et King, acceptant de subir les coups pour dénoncer l'oppression.
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Il peut être violent, comme prôné par Douglass et Fanon, en s'attaquant aux agents de l'oppression pour recouvrer liberté et dignité.
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Il peut être une contestation de la conscription pour les dominants (objecteurs de conscience israéliens) ou une soustraction imaginative à la terreur pour les dominés (civils palestiniens).
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Il implique de récuser la "division de l'espace moral qui conduit à fermer les yeux sur la brutalité des gouvernements et à blâmer les victimes qui se révoltent contre le contre leur répression".
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Il s'agit également de rejeter les récits autorisés des vainqueurs qui effacent la version des vaincus, particulièrement dans le cas des peuples autochtones.
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En somme, il y a "plusieurs demeures dans la maison de la nonviolence", et le cours invite à une "anthropologie du présent" qui explore les complexités de la violence et les responsabilités des sciences sociales face à la violence épistémique qui fait prévaloir la vision des dominants.
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complexités de la définition et de la qualification de la violence, en s'appuyant sur des exemples variés allant des violences domestiques aux conflits internationaux. Il met en lumière le caractère socialement construit de la violence, les enjeux moraux, légaux et politiques de sa reconnaissance et de sa caractérisation, et les dynamiques de pouvoir qui sous-tendent ces processus.
1. La Nature Problématique de la Définition de la Violence
La violence n'a pas de définition simple ou de délimitation précise. Sa reconnaissance dépend d'une qualification sociale, morale et légale.
- Qualification sociale et historique: Ce qui est considéré comme violent évolue. Par exemple, "pendant des siècles, frapper son enfant lorsqu'on estimait qu'il avait commis une faute c'était le corriger [...] et puis à la fin du 19e siècle la chose est devenue répréhensible et punissable".
- Dimensions multiples: La qualification de violence implique des dimensions "morale" (jugement social) et "légale" (jugement pénal). Dans des contextes de belligérance ou de pouvoir, une "dimension politique" s'ajoute, notamment pour nommer des violences "policières" ou des auteurs "terroristes".
- Deux ordres de qualification:Reconnaissance (premier ordre): Établir si un acte est violent. Les auteurs présumés et leurs avocats tentent souvent de "requalification des faits" en les minimisant, justifiant ou excusant.
- Caractérisation (second ordre): Une fois la violence reconnue, lui adjoindre un adjectif (ex: "violences domestiques", "violences sexuelles") ou la qualifier au regard du droit international (ex: "crime de guerre", "crime contre l'humanité", "génocide").
2. La Violence perçue de l'Intérieur vs. de l'Extérieur : Le cas des mutilations génitales féminines
Certaines pratiques considérées comme violentes par un regard extérieur ne le sont pas par la majorité des membres de la société qui les pratique.
- L'excision au Soudan: L'anthropologue Janice Boddy, dans son livre Civilizing Women (2007), a étudié l'excision au Nord Soudan. Elle constate que, bien que douloureuse, "l'excision était attendue avec impatience et c'était la perspective de ne pas en faire l'expérience qui était redoutée". Elle produisait une "féminisation génitale idéalisée en terme de propreté et de pureté" et s'inscrivait dans une "esthétique morale" de différenciation genrée.
- Relativisation historique et culturelle: Boddy invite à une comparaison avec des pratiques occidentales:
- Au XIXe siècle, l'excision était pratiquée en Europe et en Amérique du Nord par la profession médicale pour soigner divers désordres (insomnie, stérilité, troubles psychologiques, etc.).
- Aujourd'hui, la chirurgie génitale féminine à visée esthétique ("rajeunissement génital") est en augmentation dans le monde occidental, motivée par "les images de playmet circulant sur internet" et présentée comme une forme d'émancipation, "comme si dans ces deux derniers cas on pouvait faire fi de la domination masculine qu'elle manifeste y compris parmi les femmes par un effet de violence symbolique".
- Domination masculine et violence symbolique: L'auteur souligne que ces pratiques, qu'elles soient traditionnelles ou modernes, peuvent être vues comme des manifestations de la domination masculine, ajoutant une "violence symbolique" à la violence physique.
3. Le Rejet de la Souffrance : Le Rituel de "Kagnalen" en Casamance (Sénégal)
Même si la violence n'est pas "nommée" comme telle, la souffrance qu'elle occasionne est souvent perçue par les victimes.
- Le Kagnalen: Ce rituel Diola impose aux femmes présumées incapables d'assurer leur fonction procréatrice (stérilité, avortements répétés, décès d'enfants) un exil forcé, un changement d'identité souvent dépréciatif ("chienne qui ne retient pas le sperme"), un accoutrement ridicule, et des "tâches spécialement épuisantes" et "pratiques particulièrement dégradantes".
- Souffrance reconnue: Malgré l'intégration du rituel dans une "division du travail social" qui rend les femmes responsables de la reproduction biologique, les femmes ayant subi le Kagnalen évoquent un "souvenir douloureux avec une profonde émotion ne pouvant retenir leur larmes" en mentionnant "la cérémonie initiale et la flagélation les années de mortification et d'avilissement l'isolement affectif et le labeur exténuant la peur continuelle des réprimandes et des sanctions".
- Évitement et résistance: Certaines jeunes femmes tentent d'éviter le rituel en s'installant en milieu urbain ou en préférant les soins médicaux, "cherchaient à rompre le cercle de la violence symbolique dans lequel leur société tendait à les enfermer".
4. La Violence non dite et les dynamiques de pouvoir
La non-qualification de la violence dans l'espace public ne signifie pas que les victimes ne la reconnaissent pas.
Reconnaissance implicite: "une chose peut exister à la fois dans le monde et dans la conscience qu'en ont les agents même s'il ne la nomme pas comme telle". Les femmes victimes de violences sexuelles reconnaissaient la "contrainte sur corps" sans se référer à une définition légale. Stratégies face à la violence reconnue: Les victimes peuvent "s'efforcer de l'éviter" (départ en ville), "essayer de la combattre" (campagnes de protestation) ou "s'en accommoder" (force de la tradition, coût trop élevé de la rupture), selon le modèle "Exit, Voice, and Loyalty" d'Albert Hirschman.
5. La Violence d'État et le déni de la qualification
La qualification de la violence est un enjeu majeur dans le cas de la violence d'État, où l'institution tente de l'occulter.
- Monopole de la violence légitime: L'État revendique le "monopole de la violence légitime" (Max Weber). La différence réside entre "l'usage fondé de la force et le recours inapproprié à la violence".
- Modalités d'évitement de la qualification des violences policières:Pression sur la victime pour ne pas porter plainte: Menaces ("il avait des petits frères qui avaient déjà fait des bêtises et que si lui portait plainte ce serait eux qui auraient des ennuis").
- Contre-plainte: Accusations d'"outrage et rébellion contre agent dépositaire de l'autorité publique", qui servent souvent "un moyen de couvrir leur brutalité en la présentant comme un usage nécessaire de la force".
- Justification: Extension légale de l'usage des armes par les forces de l'ordre, comme la loi de 2017 en France, pouvant aller jusqu'à une "autorisation de tuer au nom de la garantie de sécurité". Cette loi a entraîné un "quintuplement des tirs mortels pour refus d'obtempérer".
- Définition de la violence d'État: Non seulement des violences commises par une institution agissant par délégation de l'État, mais aussi le fait que "l'État contribue à leur occultation en récusant leur existence en couvrant les déviances en apportant son soutien aux mises en cause [...] et en épargnant à l'inverse les auteurs par les réquisitions des parquets et les pressions sur les juges".
- Paradoxe de la qualification: "c'est parce qu'il y a flagrant déni par l'État de la violence perpétrée par ses représentants et sous son commandement qu'on peut parler donc de violence d'état".
6. Le Conflit des Interprétations dans les Conflits Internationaux : Israël-Palestine
Les conflits internationaux sont aussi des "conflits d'interprétation" des faits, où les mots ont un poids politique et moral considérable.
- L'herméneutique des discours: En s'appuyant sur Paul Ricœur, l'auteur propose une "herméneutique des discours", c'est-à-dire une "interprétation des interprétations", pour déchiffrer le "sens caché derrière le sens apparent".
- L'attaque du 7 octobre 2023 : Deux interprétations radicales:Interprétation dominante occidentale (Israël et ses alliés): "acte d'antisémitisme", "le plus grand massacre antisémite de notre siècle", comparé à un "pogrome" ou la Shoah.
- Enjeux et implications:Place les actes au "sommet de l'échelle des crimes".
- Justifie "l'intensité de la réponse punitive à Gaza" et le "droit inconditionnel à se défendre" d'Israël.
- Fragilise les accusations de crimes de guerre contre Israël, s'agissant d'éliminer une "organisation terroriste".
- "Écarte toute possibilité de référence à ce qui s'est passé avant sa survenue et oblitèrent ainsi l'histoire de la Palestine".
- Interprétation alternative (Hamas, pays du Sud, certains observateurs): "acte de résistance" inscrit dans une "guerre asymétrique" et une "séquence historique longue" de dépossession des Palestiniens depuis la Nakba (1948) et l'occupation des territoires (1967).
- Enjeux et implications:Rappelle qu'il s'agit d'une "guerre dans le laquelle un état puissant assujetti un peuple", non d'une minorité persécutée.
- Souligne "la passivité de la communauté internationale" et sa "complicité" face aux violations du droit international par Israël, privant les Palestiniens d'alternatives à la violence.
- Permet d'appréhender le sens de l'action des acteurs à la lumière des "luttes contre domination étrangères".
- Reconnaît "le poids de l'histoire" face aux "pratiques d'effacement des violences subies par les Palestiniens".
- La qualification de génocide à Gaza:Arguments en faveur: Basée sur la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948), citant "l'intention de détruire ou tout ou en partie un groupe national ethnique racial ou religieux comme tel" et les "quatre premières modalités" (nombre de morts, blessés, conditions de vie, entrave aux naissances). La "Cour internationale de justice [...] a affirmé le caractère plausible de la demande de prévention de la commission d'un génocide".
- Arguments contre: "une nation composée en partie à sa création de rescapé d'un génocide ne peut pas être elle-même coupable de génocide". Les morts seraient des "victimes collatérales". La contestation se joue "sur le terrain du droit [...] mais également dans le cadre des rapports de force internationaux".
Conclusion Générale
La reconnaissance et la qualification de la violence sont des processus sociaux, complexes et souvent conflictuels.
- Décalage entre victimes et auteurs: Les victimes "identifient bien la violence qu'elles subissent", tandis que les auteurs "soit la minimisent soit la justifie soit la conteste".
- Enjeux de pouvoir: La "bataille se joue dans l'espace public [...] autant que sur le terrain légal", et est toujours "soutendues par des enjeux politiques".
- Implications politiques et morales: La manière dont la violence est nommée et interprétée a des "conséquences presque opposées" sur la résolution des conflits, pouvant soit "disqualifier l'adversaire" et "exclure toute autre issue que son élimination", soit "ouvrir la possibilité d'une reconnaissance de tort et leur réparation".
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Note de synthèse : Les formes de la violence et le témoignage
Ce document de synthèse explore les différentes formes et fonctions du témoignage face à la violence, en s'appuyant sur l'analyse de Didier Fassin dans "Les formes de la violence (8)".
Il met en lumière l'importance de l'attestation de la violence, les diverses figures du témoin, les défis de sa représentation, et l'émergence de nouvelles médiations technologiques pour révéler la vérité.
I. L'attestation de la violence : une urgence face à l'invisibilisation
La raison d'être la plus commune de l'écriture et de la représentation de la violence est de l'attester, une urgence d'autant plus grande que la réalité est invisibilisée. L'auteur cite deux exemples contemporains de cette invisibilisation et des tentatives d'attestation :
La violence coloniale française en Algérie : Malgré une loi de 2005 qui "oblige les programmes scolaires... à reconnaître le rôle positif de la présence française outre-mer", des travaux comme celui d'Alain Ruot (2024) dans "La première guerre en Algérie" rappellent les "spoliations de terre, les déplacements de population, les massacres de villageois, les enfumades de grottes, les centaines de milliers de morts surtout des civils" perpétrées par le corps expéditionnaire français.
L'expulsion des Palestiniens (la Nakba) : L'expulsion de "750 000 Palestiniens, soit environ la moitié de la population arabe de ce territoire", qui a entraîné la "destruction de villages et dans certains cas du meurtre de leurs habitants", a longtemps été ignorée. Le film "Partition" (2025) de Dana Alan, prolongeant son ouvrage "Voices of the Nagba", vise à "restituer l'expérience de l'enagbactrale à travers les archives coloniales du mandat britannique" et les récits des Palestiniens.
Ces entreprises visent à attester ce que les nations ont "enfoui souvent dans les profondeurs de l'oubli". Si les auteurs de violence peuvent avoir intérêt à la montrer pour "la jouissance de l'exercice de la force à la production d'un régime de terreur", ils ont souvent "un intérêt plus grand encore à la dissimuler, à la déguiser, à la nier" pour éviter la condamnation ou la sanction.
Dans ces cas, il est crucial pour les victimes, leurs proches, et les "entrepreneurs de justice" (avocats, militants des droits humains, chercheurs) d'apporter la preuve de la violence, ses circonstances et ses responsables.
"Attester la violence c'est donc combattre le déni, l'occultation, le mensonge, le révisionnisme historique. Attester la violence c'est emporter témoignage, c'est sans faire le témoin."
II. Les figures du témoin : entre objectivité et subjectivité S'appuyant sur Émile Benveniste, l'auteur distingue deux conceptions du témoin, principalement à travers le latin :
Testis : "celui qui assiste entière à une affaire où deux personnages sont intéressés ayant été présent au moment où les faits se sont produits". Sa parole "peut être utilisé pour trancher un litige à condition qu'il soit établi qu'il n'était pas lui-même partie prenante". Le testis est extérieur à la scène, son observation est présumée objective.
Superstess : "décrit le témoin comme celui qui subsiste au-delà, témoin en même temps que survivant". Son témoignage est autorisé par le fait d'avoir "vécu lui-même les faits notamment lorsqu'il s'implique un danger ou une épreuve et d'avoir survécu à ce péril".
Le superstess est la victime, son récit est nécessairement subjectif, mais non insoupçon.
Cette distinction est mise à l'épreuve par la littérature sur la Shoah.
A. Le défi du témoignage face à la dissimulation nazie
L'histoire de l'extermination des Juifs et des Roms n'est pas quelque chose dont les nazis se vantaient, mais qu'ils ont cherché à dissimuler, y compris "vis-à-vis du peuple allemand et vis-à-vis d'eux-mêmes". Hannah Arendt, dans "Eichmann à Jérusalem", souligne l'usage d'un "langage codé" ou "règles de langage" qui étaient "dans le parler ordinaire... un mensonge", pour euphémiser les crimes : "solution finale", "traitement spécial", "évacuation".
L'effet de ce système de langage n'était pas "d'empêcher les gens de savoir ce qu'ils faisaient, mais de les empêcher de mettre leurs actes en rapport avec leur ancienne notion normale du meurtre et du mensonge, en somme de rendre mentalement acceptable ce qui aurait pu leur paraître moralement intolérable."
Pierre Vidal-Naquet ajoute que ce langage codé a facilité le négationnisme ultérieur. Les nazis, conscients de ce qui allait se passer, avertissaient cyniquement les prisonniers : "De quelque façon que cette guerre se finisse, nous l'avons déjà gagné contre vous ; aucun d'entre vous ne restera pour porter témoignage.
Mais même si quelques-uns en réchappaient, le monde ne les croira pas, il n'y aura pas de certitude, car nous détruirons les preuves en vous détruisant." (Primo Levi, "Les naufragés et les rescapés").
Cette peur du non-crédit a hanté les survivants, qui ont souvent raconté un cauchemar récurrent où leurs proches ne les croyaient pas.
D'où l'importance vitale du témoignage, comme l'exprime Robert Antelme : "nous voulions parler, être entendu enfin".
B. La complexité du témoignage des survivants (Superstess/Testis)
Primo Levi, en écrivant "Si c'est un homme", cherchait à "attester" son expérience.
Cependant, il exprime une profonde gêne, estimant que "nous les survivants ne sommes pas les vrais témoins... car nous sommes ceux qui grâce à la prévarication, l'habileté ou la chance, n'ont pas touché le fond." Les "musulmans" (ceux tellement affaiblis qu'ils étaient voués à mourir) sont les "témoins intégraux".
La réflexion de Levi met à l'épreuve la distinction testis/superstess :
- Il est un superstess incontestable, ayant survécu à l'impensable et décrivant l'insulte de la "démolition d'un homme".
- Mais il est aussi un testis, conscient de ne jamais pouvoir restituer l'expérience de ceux qui ont été dévorés, et pour qui il parle "à leur place, par délégation". L'exemple d'Urbinec, l'enfant paralysé et mutique à Auschwitz, dont la "nécessité de parler jaillissait dans son regard avec une force explosive", et dont Primo Levi écrit "il témoigne à travers mes paroles", illustre cette réconciliation tragique des deux figures : "le superstès devenu testis sauve du néant la mémoire du petit garçon."
C. Diversité des styles et temporalités du témoignage
Les récits des survivants du génocide adoptent des styles et des temporalités variés :
- Témoignage immédiat : David Rousset ("L'univers concentrationnaire", 1946) rencontre un succès rapide malgré la réticence des sociétés européennes, peut-être grâce à une "forme de recherche esthétique" créant une distance "qui neutralise les émotions". Son écriture est "austère et ironique", utilisant "des formules elliptiques et tranchantes, parfois caustiques et troublantes."
- Témoignage différé : Charlotte Delbo ("Aucun de nous ne reviendra", 1965), écrit un premier brouillon après sa sortie, puis le reprend 20 ans plus tard. Elle commence par la scène collective des arrivées de trains, utilisant des phrases courtes et des images fortes pour dire "l'inconcevable".
- Anti-mémoire : Imre Kertész ("Être et destin", 1985) adopte le regard "naïf déconcerté" d'un adolescent, décrivant la découverte progressive de l'horreur des camps, comme "l'odeur... doucâtre, en quelque sorte gluante" du crématorium. Il décrit la "détérioration physique" sans pathos, et même un "désir sourd" de vivre au moment du "tri final des mourants".
- Méfiance et refus d'enfermement : Ruth Kluger ("Refus de témoigner. Une jeunesse", 1992) écrit pour exprimer sa méfiance face à la multiplication des témoignages et son refus d'être réduite à sa condition de déportée.
- L'expérience des victimes du nazisme est à la fois "spécifique" (partir d'un vécu individuel) et "indéterminée" (nécessité de trouver les mots et la forme face à "l'incommunicabilité abyssale"). Pour l'immense majorité des survivants, il faut "accepter de n'être ni superstès ni testice et donc se taire."
III. Autres figures du témoin et médiations
A. Auctor et Histor : l'autorité et la connaissance
Auctor (latin) : "celui qui augmente la confiance, le garant, la source et donc l'autorité" et "celui qui pousse à agir, l'instigateur, le créateur et donc l'auteur". Le crédit est le fondement de son témoignage.
Histor (grec) : "celui qui sait, qui connaît... l'historien". L'enquête est le fondement de son témoignage.
Ces figures n'ont pas vécu les faits mais peuvent en être les garants. Les historiens contemporains "réunissent souvent les deux dimensions", bénéficiant du "crédit de leur discipline" et s'appuyant sur des "enquêtes menées dans des archives ou par des entretiens".
L'exemple de Jean Hatzfeld et son livre "Dans le nu de la vie" (2000) sur le génocide rwandais illustre l'auctor.
Il rassemble des récits de survivants, s'autorisant à les convaincre de parler malgré leur réticence. Journaliste et écrivain, il utilise sa double autorité pour "attester ce qu'a été et ce qu'est encore... l'expérience de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants qui ont vécu le massacre."
Bien que les récits soient rédigés à la première personne, ils sont "entièrement écrits par une troisième personne, l'auteur."
- L'histore est illustré par les chercheurs en sciences sociales qui restituent et interprètent les faits en s'appuyant sur des "archives nationales ou étrangères, des jugements rendus par des juridictions internationales, des articles de journaux locaux, des entretiens avec des personnes occupant des positions différentes, des observations de procès".
Les travaux de Mahmoud Mamdani ("When Victims Become Killers", 2001) interprètent le génocide rwandais à la lumière de l'histoire coloniale, distinguant le génocide conduit par les "settlers" (colons) et celui par les "natives" (indigènes). Hélène Dumas ("Le génocide au village", 2014) se concentre sur la "mécanique microlocale des violences", montrant que le génocide est "une affaire de voisins et de parents" et que les génocidaires "éprouvent une jouissance dans la souffrance et l'humiliation de leurs victimes."
Beata Umubyeyi Mairesse ("Le convoi", 2024), une survivante du génocide rwandais, se distingue par sa réflexivité et son intégrité.
Elle est à la fois superstess, racontant sa survie, et testis, décrivant ce qu'elle a vu.
Elle se fait également historienne de son histoire, explorant des archives et conduisant des entretiens, mais "elle répugne à faire acte d'autorité," refusant d'être l'auctor.
B. Martous : le témoin-martyr
En grec ancien, "Martous" signifie le témoin, mais aussi, plus spécifiquement dans la Bible, le "témoin de Dieu", c'est-à-dire le martyr, celui qui "a accepté de mourir pour attester de sa croyance".
Giorgio Agamben ("Ce qui reste d'Auschwitz", 1998) note que le martyre chrétien a dû "justifier le scandale d'une mort insensée".
Le "shaï" arabe a un sens similaire, désignant à la fois le témoin et le martyr.
En Palestine, la figure du shaïd s'est développée comme "ciment de l'unité nationale". Le shaïd peut être une victime tuée "sans l'avoir choisi" ou un combattant qui s'est exposé "volontairement pour la cause de son peuple".
Ce dédoublement transforme le sens du martyre, l'étendant du "sacrifice librement consenti à la mort subie", et du "strictement religieux au politique". "Tout palestinien abattu ou exécuté par les Israéliens est un shaïd qui par sa mort dans un affrontement inégal atteste son appartenance à sa communauté et témoigne de la brutalisation de l'ennemi."
Pour les martyrs palestiniens, le sacrifice ou la mort est une réponse à une "vie impossible à quoi la mort viendrait tragiquement redonner du sens".
L'auteur cite la photojournaliste Fatima Assuna : "Quant à la mort qui est inévitable, si je meurs, je veux une mort retentissante, je ne veux pas être une simple brève dans un flash info ni un chiffre parmi d'autres, je veux une mort dont le monde entier entendra parler, une empreinte qui restera à jamais, des émotions, des images immortelles que ni le temps ni l'espace ne pourront enterrer."
IV. Les médiations technologiques du témoignage
Le témoignage ne s'exprime pas seulement par la parole, l'écrit ou le corps (dans le cas du martyr), mais aussi par des "médiations dans lesquelles les technologies peuvent être mobilisées".
L'exemple le plus innovant est Forensic Architecture (fondée en 2010 par Eyal Weizman), une agence qui développe des "techniques, méthodes et concepts pour conduire des investigations sur la violence d'État et la violence en entreprise".
- En combinant "l'imagerie spatiale par satellite, les caméras de surveillance, les enregistrements audio et vidéo, les témoignages individuels et collectifs", Forensic Architecture reconstitue en 3D des événements de violence qui ont été occultés. Parmi les nombreux cas étudiés, on trouve le génocide des Herero et Nama, les massacres israéliens pendant la Nakba, l'assassinat d'otages en Colombie, le meurtre de Mark Duggan au Royaume-Uni, l'utilisation d'armes européennes au Yémen, et des événements en France (Adama Traoré, Zineb Reddouane).
Ces technologies permettent de "révéler de nombreuses violences, des crimes de guerre identifiés, des coupables reconnus, des versions officielles démenties, certaines vérités dites et la justice parfois rendue".
Elles "renforcent, enrichissent et parfois même remplacent le témoignage humain".
V. Conclusion : La complexité du témoignage pour faire exister la vérité
En résumé, l'auteur a esquissé cinq figures idéaltypiques du témoin :
- Le testis : présent au moment des faits, dont il peut raconter.
- Le superstess : survivant, qui peut transmettre ce qu'il a vécu.
- L'auctor : agent extérieur, qui apporte la crédibilité.
- L'histor : expert légitime, qui conduit une enquête.
- Le martous : victime sacrificielle, qui affirme la justesse de sa cause par son renoncement.
- Chacune de ces figures "engage des formes politiques et morales : la véracité du testis, l'authenticité du superstès, l'autorité de l'actor, la neutralité de l'histor, l'engagement du Martus." Ces figures ne sont pas étanches et "se mêlent, se combinent, se déplacent, se complexifient" dans la réalité.
Au-delà de ces distinctions, "l'enjeu du témoignage c'est de faire exister une vérité et notamment... de la faire exister contre la dissimulation, l'invisibilisation, la dénégation".
C'est là toute l'importance de "celles et ceux qui ont pour projet de révéler la vérité ou tout au moins une part de la vérité à laquelle ils ont eu accès."
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Document de Synthèse : Les Représentations de la Violence
Ce document de synthèse explore les multiples facettes de la représentation de la violence, en s'appuyant principalement sur l'analyse de la violence coloniale et de la violence guerrière.
Il met en lumière la complexité des perspectives, des intentions et des mediums à travers lesquels la violence est perçue et restituée.
I. La Représentation de la Violence : Une Dualité Fondamentale
Écrire sur la violence implique deux formes de "représentation" :
- La représentation mentale (pour les philosophes et psychologues) : Il s'agit de l'image que l'esprit perçoit d'un objet ou d'un événement, influencée par l'histoire collective, l'expérience personnelle, la vision du monde et les préjugés. Un même fait peut ainsi donner lieu à une "variété de représentations mentales possibles."
- La représentation sémantique/artistique (pour les écrivains et anthropologues) : Cela correspond à ce que les créateurs et chercheurs choisissent de "donner des faits dont il est question," impliquant un double rapport au fait : réalisme et esthétique. Un acte donné peut ainsi engendrer des "récits éloignés."
- En somme, représenter la violence met en jeu "à la fois la façon dont cela représente à soi-même et dont elle la représente pour les autres."
Le texte n'est qu'une des formes de représentation, d'autres étant le cinéma, la vidéo, le chant, le son, la peinture et la sculpture, souvent "plus expressives."
Une pensée critique dans les sciences sociales s'est développée, remettant en question l'idée que la représentation serait une "simple reproduction fidèle de la réalité," rappelant que toute représentation "impliqu[e] toujours des perspectives."
II. La Violence Coloniale : Fondatrice et Multiforme
La violence coloniale est présentée comme une expérience "fondatrice en ce qu'elle institue une relation radicale à l'autre," se traduisant par des "pratiques de cruauté et de déshumanisation qui ont permis des massacres et d'expoliation, l'esclavage et l'aliénation."
Elle est considérée comme un "principe nécessaire par où commencer" pour saisir l'histoire de la violence contemporaine.
A. Deux Modes de Représentation de la Violence Coloniale : Fiction vs. Rapport
L'analyse se concentre sur deux textes majeurs concernant le Congo belge :
- "Heart of Darkness" (1899) de Joseph Conrad (Fiction) :
- Contexte : Basé sur l'expérience de Conrad au Congo, propriété personnelle du roi Léopold II, marquée par une "répression féroce des populations."
- Description de la violence : Le roman dépeint une "odyssée de plus en plus sombre, inquiétante, hallucinatoire même où la violence est omniprésente."
Il illustre trois figures de l'altérité – "les ennemis, les criminels et les travailleurs" – qui correspondent à "trois formes majeures de la violence coloniale : la guerre forcenée, le châtiment inhumain et l'exploitation implacable."
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Racisme et déshumanisation : La violence est exercée dans le cadre d'un "racisme ouvertement affirmé" par les administrateurs coloniaux. La folie meurtrière de Kurt, culminant dans sa note manuscrite "exterminer toutes ses brutes," et sa dernière vision murmurée "the horror, the horror," révèlent l'horreur des massacres et des tortures derrière le commerce lucratif.
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Intention de l'auteur : Conrad affirme être parti de son expérience, "poussée un petit peu juste un petit peu au-delà des faits réels de l'affaire dans l'intention parfaitement légitime [...] de la rendre sensible à l'esprit et au cœur des lecteurs." Il visait à donner "à ce thème sinistre une sombre résonance, une tonalité spécifique, une vibration continue." Il s'agit d'une composition visant à "affecter" le lecteur ("pathos").
- Réception et influence : Initialement modeste, "Heart of Darkness" a connu un succès croissant au XXe siècle, devenant un ouvrage académique clé et étant adapté au cinéma (ex. "Apocalypse Now"), symbolisant le passage du colonialisme à l'impérialisme.
Hannah Arendt s'est inspirée de ce roman pour critiquer le "capitalisme colonial comme prémisse du totalitarisme européen," notant la "bureaucratie coloniale" comme "arrogante qu'incompétente, aussi raciste qu'inculte, aussi cruelle que lâche."
L'éloignement de la métropole et l'absence de contrôle "favorise la violence sans borde aux colonies."
Le "Casement Report" (1904) de Roger Casement (Rapport) :
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Contexte : Roger Casement, diplomate britannique, a mené une enquête au Congo belge, recueillant "de nombreuses preuves des violences" suite aux témoignages de missionnaires et militaires.
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Description des atrocités : Le rapport détaille des villages désertés, la privation de subsistance, l'emprisonnement et la mort d'hommes pour des quotas insuffisants. Il révèle les "meurtres" pour le caoutchouc et l'ivoire, avec une "vérification rigoureuse par l'administration" via la présentation des "mains droites des cadavres ainsi coupées." Il mentionne des enfants tués et amputés, et des parents obligés de vendre leurs enfants.
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Intention de l'auteur : Casement se veut "strictement factuel," se déplaçant de village en village, recueillant des témoignages, constatant des blessures, croisant les sources et examinant des documents. Son but est de "convaincre" par les faits ("logos").
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Réception et influence : Le rapport a eu une "reconnaissance immédiate," jouant un "rôle essentiel dans la découverte de la violence coloniale et dans l'émergence d'une mobilisation pour les droits des peuples colonisés." Bien qu'il ait connu une période d'oubli (en partie due au discrédit de son auteur condamné à mort pour trahison), il a finalement trouvé sa place dans l'histoire du colonialisme.
Michael Taussig, anthropologue australien, s'est appuyé sur le "Putumayo Report" de Casement (décrivant des atrocités similaires au Pérou) pour analyser la violence coloniale, y voyant une "subversion mythique du mythe de l'impérialisme."
Il met en lumière l'"inscription d'une mythologie sur le corps indien" pour justifier la cruauté, et la dimension de "jouissance" dans la torture et le meurtre des Indiens.
B. Pluralité des Représentations et Enjeux Éthiques :
La distinction entre fiction et rapport ne doit pas conduire à remettre en question ces représentations, mais à "admettre leur pluralité en terme à la fois d'imagibilité et d'interprétation possible et à porter sur elle un regard critique interrogeant sans cesse la frontière entre les faits et ce qu'on en donne à voir et à comprendre."
La vérité du roman peut l'emporter sur la réalité du témoignage (comme Arendt privilégiant Conrad), ou inversement (comme Taussig privilégiant Casement).
III. La Représentation de la Violence Guerrière :
Omniprésence et Brutalisation
La guerre est un "fait incontournable de la vie de chaque pays, chaque nation, chaque personne," et l'Europe est aujourd'hui "directement confrontée à deux guerres."
A. L'Iliade ou le Poème de la Force (Simone Weil) :
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Le thème central : Pour Simone Weil, le "vrai héros, le vrai sujet, le centre de l'Iliade, c'est la force." Cette force (grec ancien bia) inclut la "force vitale," la "force du corps" et son emploi, c'est-à-dire la "violence."
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La déshumanisation : La force "fait de quiconque lui est soumis une chose," allant jusqu'à transformer les individus en "cadavre," ou pire, en "êtres plus malheureux qui sans mourir sont devenus des choses pour toute leur vie," un "compromis entre l'homme et le cadavre." Cette description préfigure les "premiers camps de concentration."
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La jouissance des vainqueurs et l'arrogance : La force "enivre quiconque la possède ou croit la posséder." L'arrogance ("l'hybris") conduit les guerriers à leur perte, car "le fort n'est jamais absolument fort ni le faible absolument faible mais l'un et l'autre l'ignore."
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La leçon ultime : La violence "pétrifie différemment mais également les âmes de ceux qui la subissent et de ceux qui la manient."
Les batailles se déroulent entre des "hommes dépouillés de toutes ces facultés, transformés, tombés au rang de forces aveugles."
Les peuples d'Europe ne retrouveront leur esprit que lorsqu'ils sauront "ne jamais admirer la force, ne pas haïr les ennemis et ne pas mépriser les malheureux."
B. La Brutalisation des Sociétés (George Mosse) :
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"Fallen Soldiers" (1990) : L'historien George Mosse analyse la perception de la Première Guerre mondiale en Allemagne, soulignant le rôle de la "technologie" et des "nouvelles et plus efficaces modalités de communication" pour diffuser l'image de la guerre et stimuler l'imagination.
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Le mythe et le culte du soldat tombé : La guerre prend une "double dimension mythique et religieuse," culminant dans le "culte du soldat tombé au champ d'honneur," qui projette la croyance dans le martyre et la résurrection sur la nation comme une "religion civique."
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Banalisation et brutalisation :Banalisation (pendant la guerre) : Vise à "domestiquer les horreurs du conflit," à "éviter les évocations douloureuses et à rendre la représentation familière" à travers des objets du quotidien, des jeux pour enfants, et des films qui "distraire le public loin du front" sans montrer la réalité des tranchées. L'objectif est de donner aux gens le "sentiment de dominer les événements."
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Brutalisation (après la guerre) : Une "continuation des attitudes guerrières en temps de paix au sein du peuple des faits." La politique est conçue comme une bataille, l'idée nationaliste se cristallise autour de la "haine de l'ennemi souvent déshumanisée." La vie perd de sa valeur.
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Facteurs de brutalisation : La "camaraderie masculine" et le "racisme" (notamment contre les Juifs) sont des éléments cruciaux. Mosse suggère que la banalisation de la violence pendant la guerre a facilité l'adoption de discours et de pratiques violents par la suite, "nourri[ssant] l'expression du ressentiment sur lequel s'est édifié le régime nazi."
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Le paradoxe de Mosse : Steven Hashaim note une "certaine sympathie pour plusieurs des mythes et des symboles qu'il étudie," et une "identification aux mythes et symboles nationalistes qu'il a pourtant tant fait pour démystifier."
Mosse lui-même reconnaît la "défaite de sa raison critique et de son savoir historique" face à la "démonstration de force d'une communauté juive d'un guerre décimée."
Cela illustre comment "les représentations de la guerre mêlent toujours la rationalité et l'émotion, l'imaginaire et l'effacement."
C. La Guerre à Gaza (Depuis le 7 octobre 2023) : Une "Atrocity Propaganda" Double
Les événements récents au Moyen-Orient offrent une "démonstration saisissante autant que tragique" de cette transformation des représentations :
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Victimisation (côté israélien) : L'attaque du Hamas et du djihad islamique a produit un "traumatisme sans précédent." Elle a été comparée à la Shoah, les assaillants assimilés à des nazis, et a nourri un discours de "menace existentielle." Des récits d'exactions commises par l'ennemi (démontées par la suite) ont été diffusés, et la "représentation politiquement maîtrisée des victimes" a prévalu.
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Brutalisation (côté israélien) : Dès le début de la guerre à Gaza, une "autre représentation" s'est imposée, "documentée dans la requête déposée par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice." Elle s'est manifestée par un "discours officiel d'humiliation de la population palestinienne," dénonçant la "nation entière comme responsable" et utilisant des termes déshumanisants ("animaux humains").
Cette brutalisation s'est exprimée "ouvertement" dans les médias nationaux (montrant des prisonniers palestiniens humiliés) et surtout sur les réseaux sociaux, où les soldats postaient "avec fierté des images de brimade, d'humiliation, de destruction de quartier, de pillage d'habitation" et des "sortes de trophées de guerre."
Ces vidéos et photos, révélant des crimes relevant de la justice internationale, ont été diffusées "sans restriction" par les autorités israéliennes.
- "Atrocity Propaganda" : La publicisation des violences perpétrées depuis le 7 octobre 2023 relève de l'"atrocity propaganda," pratique ancienne visant à transformer l'ennemi en monstre pour justifier des moyens extrêmes.
La "singularité du cas israélien" réside dans une "double publicisation : d'abord des sévices exercés par l'ennemi [...] et des exactions ensuite perpétrées par l'armée."
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La première visait à "susciter un sentiment d'horreur" pour légitimer les représailles.
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La seconde, essentiellement militaire, visait à "permettre au public israélien de constater la campagne punitive menée par l'armée et d'assouvir ainsi le désir de vengeance."
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Cette nouvelle représentation inclut le "culte de la virilité" et l'"ironie d'une parodie érotique violant son intimité."
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Les médias internationaux ont souvent reflété cette distinction, utilisant des mots comme "horrific, slaughter, massacre" plus souvent pour les victimes israéliennes que palestiniennes.
D. La Représentation des Victimes Palestiniennes :
- Après une brève diffusion de vidéos exaltantes du 7 octobre, les images suivantes ont été "généralement celles recueillies par des reporters palestiniens," montrant la destruction, les souffrances, les privations.
Le film "From Ground Zero" de Rachid Masharaoui, composé de courts métrages réalisés par des Palestiniens, offre un rare aperçu du "quotidien de la vie à Gaza pendant la guerre."
Il dépeint le "deuil, la désolation, la tristesse, souvent la tendresse, parfois l'ironie, mais jamais la haine, jamais le ressentiment, jamais l'évocation même de l'ennemi, seulement l'espoir que cesse enfin la guerre et que la vie redevienne possible."
Il vise à rappeler que "les gens sont des humains," donnant "des visages, des noms, des histoires, des métiers, des rêves" à des "chiffres" macabres.
Le refus de projeter ce film à Cannes pour ne pas faire de "politique" est souligné comme paradoxal, la destruction de Gaza étant comparée à Gernika et inspirant des artistes palestiniens.
IV. Conclusion
Représenter la violence est un "défi éthique, politique, esthétique" auquel sont confrontés les écrivains, cinéastes, chercheurs, et de plus en plus de personnes via les nouvelles technologies.
L'analyse de la violence coloniale et guerrière illustre la "multiplication des modes de représentation," de la fiction au rapport factuel, de la propagande à la documentation journalistique, des célébrations des acteurs de la violence aux récits des victimes.
Il est crucial de considérer ce qui n'est pas représenté, comme le "traitement sélectif de l'information dans les médias" et la "non-représentation de certaines violences" (ex. la conquête française de l'Algérie, la Nakba), éléments essentiels à toute enquête sur la représentation de la violence.
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- May 2025
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Compte rendu détaillé des thèmes et idées clés du podcast "Les enfants rendent-ils heureux ? | Unhappy | ARTE"
Ce podcast explore la question complexe de l'impact des enfants sur le bonheur parental, en interrogeant différentes perspectives et expériences.
Il s'appuie sur des témoignages personnels, des opinions d'experts et des études socio-économiques.
Thèmes principaux et idées clés :
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La parentalité : Un défi enrichissant mais exigeant ("Une vie d'extrémiste")
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Le podcast commence par souligner que, bien que les parents puissent parfois préférer des activités solitaires comme regarder la télévision, le temps partagé avec les enfants est souvent source d'enrichissement et de sens.
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Le bonheur parental ne réside pas toujours dans des moments de joie continue, mais aussi dans la confrontation et le dépassement des défis inhérents à l'éducation.
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Un parallèle est établi entre la parentalité et des défis extrêmes comme l'escalade du Kilimanjaro, mais avec la différence fondamentale qu'on ne peut pas "revenir en arrière". La philosophe d'iter Tomy est citée, affirmant que la parentalité est "réservée aux extrémistes".
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Louise, une mère célibataire, témoigne du sentiment d'être constamment dépassée et de la peur de "couler" au début, un mélange de surmenage, d'insomnie, d'angoisse existentielle et de crainte face à la vulnérabilité d'un si petit enfant.
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La parentalité est décrite comme une "activité extrêmement intense" qui demande énormément de temps et d'énergie, conduisant à reléguer les propres besoins au second plan.
L'instinct versus la raison dans la décision d'avoir des enfants :
- La question de savoir si l'on doit suivre son instinct ou la raison pour décider d'avoir un enfant est soulevée.
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Établir une liste de "pour" et de "contre" pour avoir un enfant est jugé "incongru", notamment en considérant l'impact potentiel sur l'enfant qui grandit et pourrait découvrir qu'il ne "coche pas tous les éléments de la liste".
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La parentalité est présentée comme un "mythe redoutable très fortement chargé émotionnellement par la société". Il est conseillé de se demander sincèrement si le désir d'avoir un enfant vient de soi ou est influencé par les "désirs des autres".
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Louise, ayant découvert sa grossesse de manière inattendue, témoigne de s'être fiée à son instinct et de n'avoir jamais douté de vouloir garder son enfant malgré les difficultés.
Les aspects du bonheur parental :
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Au-delà des défis, les enfants sont sources de bonheur. Louise explique que le bonheur vient en partie de l'acceptation que son fils peut aussi lui apprendre beaucoup de choses et lui a permis de découvrir de nouvelles facettes d'elle-même. Cela aide aussi à "être plus tolérant envers soi-même".
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L'attirance innée pour les caractéristiques physiques des bébés (grands yeux, front haut, joues rebondies) est mentionnée comme un facteur initial de sentiment positif.
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Tilman, père de quatre filles, affirme que pour lui, le bonheur est indissociable : celui qu'il partage en couple, en famille avec les enfants, et celui qu'il cultive de son côté. C'est un bonheur "avec les enfants", et non "malgré" ou "à cause" d'eux.
Les réalités socio-économiques de la parentalité :
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Une étude longitudinale allemande (panel socio-économique) révèle que la satisfaction de vie augmente avant la naissance, atteint un pic la première année, puis diminue et revient au niveau initial. La satisfaction de vie ne diffère pas significativement entre les personnes avec ou sans enfants sur le long terme.
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Le coût financier de l'éducation d'un enfant est souligné (environ 150 000 € pour le premier enfant en Allemagne) ainsi que l'impact sur la carrière professionnelle de nombreux parents.
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Une augmentation du niveau de colère quotidienne chez les parents 5 ans après la naissance est notée, probablement liée à l'augmentation du stress.
La dynamique du couple et le partage des tâches :
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La parentalité transforme la relation de couple en une "sorte de relation de travail", nécessitant une communication constante et une répartition des tâches.
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Il est observé que les hommes ont tendance à surestimer leur part de travail ménager par rapport à la réalité.
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Le manque de congé parental pris par les pères est souligné (seulement 18% en Allemagne, prenant en moyenne 2 mois contre 13 pour les femmes), indiquant un déséquilibre persistant dans la charge parentale.
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Tilman et Ilana, avec quatre enfants, insistent sur l'importance de l'improvisation et de la communication permanente pour concilier famille nombreuse et vies professionnelles.
Les regrets et le tabou de la non-maternité :
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La publication de l'étude "Regretting Motherhood" par Orna Donat, interrogeant des femmes qui aiment leurs enfants mais regretteraient de devenir mères si elles pouvaient revenir en arrière, est mentionnée comme ayant brisé un tabou important.
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La recherche suggère qu'environ 10% des parents, s'ils pouvaient revenir en arrière, choisiraient de ne pas avoir d'enfants.
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Il est souligné que les femmes devraient avoir la liberté de dire que les enfants ne sont pas toujours une bénédiction, une liberté que les hommes possèdent depuis longtemps.
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Certains parents peuvent regretter de ne pas avoir consacré autant d'énergie à leur développement personnel après être devenus parents.
Le concept de "village" et la parentalité partagée :
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Louise, en tant que mère célibataire, a construit un "village" autour de son fils, un réseau d'amis, de baby-sitters et de connaissances qui la soutiennent. Ce réseau est crucial mais doit être entretenu.
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Le podcast suggère d'élargir la définition de la parentalité et de revenir à l'idée qu'il faut "tout un village pour élever un enfant". Il n'est pas nécessaire d'avoir enfanté pour être un "parent" dans ce sens.
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L'expérience en Namibie, où les enfants sont confiés à la garde plus tôt, est citée comme une source d'inspiration pour Louise, lui montrant qu'il est possible de concilier parentalité et autres engagements.
La transformation de soi et la responsabilité parentale :
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Devenir parent est décrit comme une "seconde naissance" et une "expérience transformatrice", au point de devenir "quelqu'un d'autre". Il est difficile de savoir à l'avance si l'on appréciera ce changement.
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Être parent implique d'être "sous surveillance" et de "servir d'exemple", ce qui peut être difficile. Louise confie échouer souvent dans ce rôle, notamment par manque de patience.
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La capacité à rire de soi et des autres est présentée comme un outil essentiel pour faire face aux imperfections de la vie de famille.
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L'être humain est vu comme un être en devenir, avec un potentiel de transformation, y compris sur le plan émotionnel.
Le détachement et la projection dans l'avenir :
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La relation parent-enfant est réciproque en termes d'attachement, et les deux parties doivent éventuellement parvenir à se détacher l'une de l'autre.
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Malgré les défis, les enfants permettent aux parents de "voir le monde à travers leurs yeux", de les regarder grandir et devenir autonomes, offrant une "projection dans la société à venir".
Le rôle de l'instinct et du plaisir des parents :
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Les parents ne doivent pas se forcer à faire des choses avec leurs enfants s'ils n'en ont pas envie. Le plaisir des parents dans certaines activités est un "acquis précieux pour la vie" des enfants.
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Les enfants ont besoin de parents "vraiment là", présents et impliqués, plutôt que de directives données de loin.
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Tilman et Ilana soulignent que la vie avec des enfants est "plus riche", "plus imprévisible", les entraîne sur des chemins inattendus, et surtout, qu'ils rient beaucoup en famille, ce qui serait moins le cas sans leurs enfants.
Citations importantes :
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"...le bonheur vient notamment du fait de se confronter à des défis que ce soit en élevant un enfant en courant un marathon ou en escaladant une montagne Surmonter ces difficultés enrichit nos vies"
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"Je suis d'accord avec le philosophe d'iter Tomy qui a dit un jour que la parentalité était réservée aux extrémistes car contrairement à l'ascension du Kilimanjaro par exemple on ne peut pas revenir en arrière On ne peut pas faire demi-tour On est parent Vitam et Ternam On reste toute sa vie sur le Kilimanjaro quoi qu'il arrive Une vie d'extrémiste"
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"...la parentalité est un mythe redoutable très fortement chargé émotionnellement par la société Je conseillerai donc de se poser la question est-ce que je le veux vraiment ou est-ce plutôt le désir des autres que j'essaie de satisfaire"
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"J'étais perdu Je n'étais pas sûr de savoir m'y prendre Mais il a 6 ans maintenant Tu as surmonté pas mal de choses déjà Étonnamment Oui Qu'est-ce qui rend heureux dans le fait d'avoir un enfant pour moi c'est d'admettre qu'il puisse lui aussi m'apprendre beaucoup de choses Grâce à lui j'ai découvert de nombreuses facettes de moi que je n'aurais peut-être pas remarqué sans lui On apprend à être plus tolérant envers soi-même Aujourd'hui je me rends compte que cela me rend vraiment heureuse et que c'est un cadeau"
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"Une vie d'extrémiste Ce n'est pas vraiment comme ça que j'imaginais la parentalité mais à la réflexion les jeunes parents ont parfois un petit côté fanatique"
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"...nos résultats montrent que la satisfaction de vie et le sentiment de bonheur augmente au cours des années précédents la naissance Atteignent un pic au cours de la première année après la naissance puis diminuent et reviennent à leur niveau initial La satisfaction de vie ne diffère pas énormément entre les personnes avec ou sans enfant Celles avec enfant ne sont pas plus heureuse ou plus contente de leur vie que les autres"
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"...lorsque en tant qu'être humain nous sommes face à un être avec de grands yeux un front haut et des joues rebondis nous ressentons un sentiment positif Nous nous sentons bien et nous voulons nous en occuper Et ce sont bien sûr exactement les caractéristiques des bébés"
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"Quand on devient parent on s'engage dans un travail d'équipe au sein du couple On est dans une sorte de relation de travail et on se critique mutuellement"
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"Cette étude a brisé un tabou Les femmes devraient être autorisées à dire que les enfants ne sont pas toujours une bénédiction Cela fait longtemps qu'on accorde aux hommes cette liberté de parole"
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"Peut-être devrions-nous élargir la définition de la parentalité et revenir à l'idée qu'il faut tout un village pour élever un enfant Il n'est pas nécessaire d'avoir enfanté pour être parent"
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"En devenant parents on devient quelqu'un d'autre et il est difficile de savoir à l'avance si on va apprécier ce changement"
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"Pour moi le bonheur ne fait qu'un Celui que nous partageons tous les deux celui que nous vivons en famille avec les enfants et celui que chacun cultive de son côté Je trouve que c'est difficile de les séparer C'est un bonheur qui n'est pas malgré à cause d'eux mais avec les enfants"
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"Ce dont les enfants ont besoin ce sont des parents qui sont vraiment là qui ne crient pas de loin 'Rangent ta chambre' mais qui sont présents mettent la main à la pâte et disent 'Vien on va faire ça ensemble.'"
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"À une époque où l'on cherche à se prémunir contre tous les risques où l'on cherche à tout sécuriser je trouve tout à fait formidable d'oser se lancer Se jeter ou pas dans le grand bain de la parentalité c'est peut-être au bout du compte aussi une question de confiance"
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"la vie devient plus riche elle devient aussi plus imprévisible Cela nous entraîne sur des chemins que l'on aurait pas emprunté sinon Et puis c'est très amusant On rit beaucoup en famille On ne rirait pas autant je pense si on avait pas tous ces enfants autour de nous"
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En résumé, le podcast offre une perspective nuancée sur la parentalité, reconnaissant à la fois ses difficultés et ses récompenses.
Il remet en question les mythes sociaux, souligne l'importance du soutien et de l'adaptation, et explore les multiples facettes du bonheur que les enfants peuvent apporter à la vie des parents, malgré les défis inévitables.
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Document de Synthèse : Le Nerf Vague
Source: Extraits de "Le nerf vague : dialogue entre le cœur et le cerveau | ARTE"
Introduction :
Ce document explore le rôle multifacette du nerf vague, le présentant comme un "super nerf" essentiel à la communication entre le cerveau et le corps, et à l'adaptation aux changements.
La recherche scientifique actuelle s'intéresse de près à ses capacités, laissant entrevoir un potentiel révolutionnaire en médecine.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
- Le Nerf Vague comme Lien Vital entre Cerveau et Corps:
- Le nerf vague est décrit comme un "capteur ultra sensible dans notre corps" qui "relie tous les organes importants au cerveau".
- Il fonctionne comme une "ligne téléphonique qui permet au cerveau de communiquer des informations au corps et inversement de diffuser des informations du corps vers le cerveau".
- Il intervient dans de nombreuses fonctions vitales, notamment "le goût, la régulation du rythme cardiaque, la tension artérielle, le mouvement de l’œsophage, le tube digestif".
- Sa réputation de "couteau suisse du corps humain" est soulignée, avec la science "loin d'avoir mis au jour toutes ses capacités".
Le Rôle Central du Nerf Vague dans l'Adaptation et l'Équilibre du Système Nerveux Autonome:
- Le nerf vague est "la clé qui nous permet d'affronter des obstacles au quotidien". Sans lui, l'adaptation serait compromise.
- Il est intrinsèquement lié au système nerveux autonome (SNA), qui se subdivise en branches sympathique et parasympathique. Ces branches "maintiennent notre équilibre interne et communiquent en permanence".
- En situation de stress ou d'effort, le système sympathique prend le dessus.
Après l'épisode stressant, "le système parasympathique prend la relève pour que l'organisme récupère" et "le nerf vague va alors jouer un rôle central" en "apais[ant] le cœur et les poumons et relanc[ant] la digestion".
Le Stress Chronique et l'Inhibition du Nerf Vague:
- Dans un état de stress chronique, la balance du SNA est modifiée : "la branche sympathique est très active tandis que la branche parasympathique est inhibée".
- Il en résulte que "ces personnes n'arrivent plus à ralentir".
- Le stress chronique "va pouvoir modifier cette balance et le nerf vague va être quelque part désinhibé avec ça va se produire tout un tas de de conséquences sur la santé".
La Variabilité de la Fréquence Cardiaque comme Indicateur de l'Activité du Nerf Vague:
- Mesurer la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) permet d'"évaluer le taux d'activité du nerf vague".
- Une VFC élevée témoigne d'"un nerf vague actif qui permet au cœur de s'adapter et contribue à la prévention de certaines maladies".
- Inversement, une "variabilité réduite de la fréquence cardiaque va de paire avec un risque accru de pathologie chronique comme l'hypertension, le risque d'infarctus ou le surpoids".
Potentialités Thérapeutiques de la Stimulation Vagale:
- Depuis une trentaine d'années, la stimulation vagale est utilisée pour traiter certains cas d'"épilepsie réfractaire au traitement médicamenteux".
Elle devient une option "lorsque les médicaments ne suffisent pas" ou quand la zone causale ne peut être localisée.
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La stimulation vagale peut réduire l'intensité, la fréquence et l'extension des manifestations épileptiformes, améliorant "clairement la qualité de vie" des patients.
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La stimulation vagale est également explorée pour traiter d'autres pathologies, notamment la fatigue liée au Covid long, en agissant sur les processus inflammatoires via le nerf vague qui incite la rate à "diminuer sa production de protéines proinflammatoires".
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Des études fondamentales explorent l'influence de la stimulation vagale sur la motivation et l'humeur, notamment dans le traitement de la dépression, en influençant "les signaux émis par le corps et la façon dont ils sont traités par le cerveau".
Méthodes de Stimulation Vagale (Médicales et de Bien-être):
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La stimulation vagale invasive implique l'implantation chirurgicale d'un générateur à pile connecté au nerf vague au niveau des cervicales.
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La stimulation vagale transcutanée, moins invasive, peut être réalisée au niveau du cou et de l'oreille (rameau auriculaire), utilisant des électrodes pour envoyer de faibles impulsions électriques.
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L'article met en garde contre la prolifération de stimulateurs vendus dans le domaine du bien-être, soulignant que la plupart n'ont "pas été testés dans des études cliniques" et qu'il est "très problématique de commercialiser un appareil sous le nom de stimulateur vagal s'il n'a pas été prouvé qu'il l'active effectivement".
Entraînement du Nerf Vague par le Mode de Vie:
- L'activité physique, notamment le sport d'endurance, est bénéfique pour le nerf vague.
Le concept de "récipient" qui se vide pendant l'effort et se remplit plus qu'avant pendant la récupération illustre l'adaptabilité accrue. "Pour entraîner son nerf vague ça va aussi vouloir dire aller faire du sport bouger".
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La respiration abdominale lente et profonde est une technique efficace pour influencer l'activité du SNA et "venir solliciter le nerf vague en tant qu'allié contre le stress". Il est recommandé que l'expiration dure plus longtemps que l'inspiration.
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L'exposition au froid et le réflexe d'immersion sont également mentionnés comme des moyens de provoquer un stress thermique et d'entraîner le nerf vague.
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Le chant, en particulier le chant choral, est suggéré comme une activité stimulant le nerf vague par la respiration coordonnée, la vibration du larynx et la libération d'ocytocine.
Le Nerf Vague et la Guérison/Récupération:
- Une VFC élevée et un nerf vague actif sont corrélés à de meilleures capacités de récupération après l'effort ou le stress.
- Le nerf vague joue un "rôle énorme dans la récupération, dans la guérison de la blessure" en détectant l'inflammation et en contribuant à la réduire via la voie colinergique anti-inflammatoire.
Points Importants à Retenir :
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Le nerf vague est crucial pour l'équilibre interne et la capacité d'adaptation du corps.
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Le stress chronique a un impact négatif majeur sur l'activité du nerf vague.
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L'entraînement du nerf vague par l'activité physique, la respiration et d'autres techniques peut améliorer la résilience au stress et la récupération.
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La stimulation vagale offre des perspectives thérapeutiques prometteuses pour diverses maladies, mais la recherche est encore en cours pour optimiser son utilisation.
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Il est important de distinguer les approches médicales validées des produits de bien-être dont l'efficacité n'est pas toujours prouvée.
Conclusion :
- Bien que le nerf vague soit actuellement un sujet d'engouement, la recherche scientifique est encore à ses débuts.
Les mécanismes précis de son influence et ses applications thérapeutiques optimales pour différentes pathologies restent à explorer.
Cependant, les résultats actuels soulignent son importance fondamentale pour la santé physique et mentale et suggèrent des approches concrètes pour améliorer son activité par le mode de vie.
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Note de synthèse : L'écriture de la violence dans les sciences sociales et la littérature
Source : Excerpts from "Les formes de la violence (6) - Didier Fassin (2024-2025)"
**Contexte : Ce texte est une exploration des défis et des méthodes liés à l'écriture et à la représentation de la violence, en particulier du point de vue des sciences sociales, en la comparant à la littérature.
L'auteur, Didier Fassin, aborde la violence non pas sous l'angle de son absence ou de sa définition contestée dans les sciences sociales, mais comme un "objet d'une recherche portant sur les manières d'écrire de l'écrire de la représenter de la tester de la qualifier et finalement peut-être de la comprendr**e voire même de la refuser".
Thèmes principaux :
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Les défis éthiques et méthodologiques de l'écriture de la violence : Comment représenter la violence sans sensationnalisme ni obscénité ? Faut-il privilégier la voix des victimes ou inclure celle des auteurs ? Comment concilier le devoir de témoigner avec la protection des personnes impliquées ?
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La distinction entre "vérité" (littérature) et "réalité" (sciences sociales) dans la représentation de la violence : La fiction offre une liberté créative pour atteindre une "vérité" humaine et psychologique, tandis que les sciences sociales sont contraintes par la "factualité" des faits.
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La "pauvreté des mots" pour saisir l'expérience de la violence extrême : Certaines violences, en particulier les violences historiques et déshumanisantes, laissent des traces difficiles à exprimer directement, se manifestant dans les interstices du langage ordinaire et les violences plus banales.
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La pluralité des perspectives et des récits de la violence : L'importance de présenter différentes versions des événements violents, notamment celles des victimes, des auteurs et des témoins, pour saisir la complexité et les ambiguïtés.
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La violence institutionnelle et structurelle : La violence ne se limite pas aux actes interpersonnels, mais s'incarne aussi dans les systèmes, les politiques et les structures sociales, comme l'apartheid ou le système carcéral.
Idées ou faits les plus importants :
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L'écriture de la violence comme objet de recherche : Fassin propose d'étudier comment la violence est écrite, représentée et comprise, en s'intéressant à "ce qu'elle est et ce qu'on en fait".
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Les cinq écueils identifiés par Valentine Daniel (anthropologue srilankais) face à l'écriture de la violence :Produire du sensationnalisme (potentiellement obscène ou pornographique).
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Éloigner la théorie de l'expérience de la souffrance.
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Trahir les personnes qui se sont confiées en se taisant.
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Mettre en danger les personnes impliquées en les rendant reconnaissables.
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Se mettre soi-même en danger (interdiction de séjour, répression).
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Le dilemme de l'anthropologue face au témoignage de la violence : L'exemple de la fille dont le père a été lynché montre le conflit entre le devoir de témoigner ("dites à tous et tous ce qu'ils ont fait à mon père") et la volonté de protection de la dignité de la victime ("ne racontez pas cette histoire").
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La distinction entre littérature et sciences sociales :Littérature (poètes, romanciers) : Privilège de l'imagination, création de langages, de personnages, d'histoires pour accéder à une forme de "vérité" (ex: Emily Dickinson, Mahmoud Darwish, Marcel Proust, Tony Morrison, J.M. Coetzee, David Simon). La fiction permet une liberté créative et une efficacité narrative pour explorer les "profondeurs humaines" et la "complexité psychologique".
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Sciences sociales (anthropologues, sociologues) : Tenues par le "principe de réalité", la "factualité des faits".
Leur écriture est contrainte par les sources (archives, entretiens, observations). L'ethnographie est limitée par ce que l'ethnographe saisit, sans pouvoir "combler les trous de son ignorance et les lacunes de son incertitude par son imagination". Elles visent la "réalité".
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La violence comme trace "invisible et indiscible" (Veena Das) : L'étude de la violence de la partition de l'Inde révèle comment les violences extrêmes ("historique, extrême") peuvent être "trop profonde trop humiliante trop dévalorisante" pour être dites directement, se manifestant dans les violences "domestiques tristement banale" (disputes, vexations) et les "interstices du discours". Das parle de la "pauvreté des mots" face à ces violences.
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L'expérience des auteurs de violence : L'enquête de Martha Huggins sur les policiers tortionnaires brésiliens montre qu'ils étaient souvent des "hommes ordinaires", endoctrinés, formés à une culture du secret, développant des représentations déshumanisantes des victimes et des justifications morales de leurs actes, avec des pratiques "normalisées".
Cela rappelle la "banalité du mal" d'Hannah Arendt. Les méthodes sociologiques (entretiens circonscrits) peuvent tendre vers une lecture objectivante, tandis que les méthodes anthropologiques (observation prolongée) permettent une analyse plus réflexive.
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La violence institutionnelle et l'effacement des distinctions auteurs/victimes : L'exemple du détenu éborgné et violent dans une prison française illustre comment les positions d'auteurs et de victimes peuvent s'alterner ou s'estomper dans le contexte d'un système carcéral qui "l'a fait".
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La multiperspective comme stratégie narrative : Carl Jacobi, dans "Shadows at Dawn", présente quatre versions distinctes du massacre de Camp Grant en Arizona, basées sur les perspectives des différents groupes impliqués (Odham, Mexicains, États-Unis, Apaches), pour saisir la complexité historique.
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La juxtaposition des récits face à l'incompatibilité des versions : Dans son propre travail sur l'homicide par le GIGN ("Mort d'un voyageur"), Fassin choisit de juxtaposer les différentes versions des faits (gendarmes, famille) sans "préjuger de qui dit la vérité", à la manière de Kurosawa dans "Rashômon".
Cette approche permet de montrer comment chacun dit que la scène "s'est déroulé".
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Le rôle de la contre-enquête : Face aux "incohérences du dossier" et aux "altérations par la justice", une contre-enquête basée sur l'analyse des preuves peut permettre de reconstituer la scène "telle qu'elle s'est vraisemblablement déroulée", même si elle contredit la version officielle.
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Les "plusieurs vies" des écrits de sciences sociales sur la violence : Les travaux peuvent avoir un impact au-delà de leur publication académique, par exemple en étant utilisés dans des recours juridiques (Cour européenne des droits de l'homme) ou en inspirant des œuvres artistiques (film).
Citations clés :
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"...il s'agit de s'intéresser à ce qu'elle est et ce qu'on en fait je vais donc la traiter comme un objet de d'une recherche portant sur les manières d'écrire de l'écrire de la représenter de la tester de la qualifier et finalement peut-être de la comprendre voire même de la refuser"
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"y a-t-il des faits qu'il vaut mieux taire et d'autres dont au contraire il faut parler s'il importe de faire entendre la voix des victimes doit-on pour autant se priver de celle des auteurs de la violence"
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"d'épeindre la violence de manière brute sans l'intention d'y rendre son lectorat sensible expose cependant à produire un sensationnalisme potentiellement obsène qu'il qualifie d'ailleurs de pornographique"
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"il me semble qu'à cette analyse il faudrait toutefois ajouter deux éléments premièrement l'écriture des poètes et des romanciers procède de leur imagination ils invent langages ils créent des personnages ils conçoivent des histoires qui peuvent leur donner accès à une forme de vérité que l'on pense pour la poésie à Emily Dickinson ou à Marmou Darwish ou pour le roman à Marcel Prou et Tony Morrison anthropologue et sociologues eux sont en principe tenus par une sorte de principe de réalité... Leur écriture est circonscrite par ce qu'on peut appeler la factualité des faites"
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"en somme la fiction détient les clés de la vérité l'ethnographie celle de la réalité"
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"la pauvreté des mots Vinadas se dit je cite frappé par le silence autour de la violence subie ou exercée dans le contexte de la partition trop profonde trop humiliante trop dévalorisante pour les victimes la trace laissée ne se donne à lire que dans les interstices du discours dans des allusions blessantes dans des attitudes méprisantes"
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"c'est le système carcéral qui l'a fait"
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"La violence peut être énoncée par plusieurs voix"
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"...fallait-il en rester là en laissant à la justice le dernier mot il m'a semblé qu'au regard des incohérences du dossier et des éléments mis à ma disposition une contre-enquête était possible"
Conclusion :
Didier Fassin conclut en soulignant que l'écriture de la violence, qu'elle soit littéraire ou relevant des sciences sociales, implique de nombreuses questions et précautions (rhétoriques, méthodologiques, politiques, éthiques).
Si la littérature et les sciences sociales abordent la violence différemment, elles partagent une préoccupation commune quant à ce qui peut et doit être écrit, aux voix à rendre audibles et aux différentes versions des faits à considérer.
Le texte se concentre sur la violence physique, laissant entendre que d'autres formes de violence pourraient poser des défis d'écriture distincts.
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Compte Rendu Détaillé : Les Formes de la Violence (5) - Didier Fassin (2024-2025)
- Ce document explore la généalogie de la violence, s'interrogeant sur ses origines et son évolution à travers différentes perspectives théoriques.
Il passe en revue les approches qui tentent de comprendre la violence en se basant sur des facteurs universels, qu'ils soient biologiques ou psychologiques, avant d'examiner les théories centrées sur les facteurs sociaux, politiques et moraux, en mettant l'accent sur le rôle de l'État et du droit.
Thèmes Principaux :
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Les Origines de la Violence : L'opposition entre les récits mythiques/littéraires de la violence originaire et les tentatives scientifiques et intellectuelles d'expliquer la production de la violence chez les êtres humains.
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Deux Grands Types de Réponses : L'analyse contraste les théories universalistes (biologie, psychologie, évolutionnisme) qui recherchent des explications intrinsèques à l'homme et potentiellement partagées avec d'autres animaux, et les théories sociales/politiques (philosophie politique, sociologie, anthropologie, histoire) qui examinent les conditions sociales favorisant ou empêchant la violence.
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Approches Universalistes :Psychanalyse (Freud) et Éthologie (Lorenz) : Convergence étonnante autour des concepts d'instinct et de pulsion comme moteurs de l'agressivité.
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Nature Humaine et État Animal : L'idée que la violence découle d'une part d'agressivité intrinsèque à l'homme, héritée de l'état animal.
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Fonction de l'Agressivité (Lorenz) : Bien que potentiellement nuisible, l'agressivité au sein d'une même espèce peut avoir des fonctions évolutives (occupation des espaces, sélection des plus forts, défense).
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Critique des Théories Classiques : L'abandon progressif des notions d'instinct/pulsion spontanée au profit de l'apprentissage et des réponses situationnelles (psychologie sociale, psychologie évolutionniste moderne).
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Approches Sociales et Politiques :La Philosophie Politique Classique (Hobbes, Rousseau) : L'origine du politique dans le passage d'un état de nature (imaginaire ou réel selon les auteurs) à la société civile via un contrat.
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L'État de Nature (Hobbes) : Un état de "guerre de tous contre tous" où la défiance et la rivalité conduisent à la violence, rendant la sécurité primordiale.
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Le Contrat Social (Hobbes vs. Rousseau) : La cession de liberté en échange de sécurité (Hobbes) versus la conservation de la liberté via la volonté générale (Rousseau).
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Le Cycle de la Violence (Szweski) : Une perspective critique du contrat social, où l'ordre instauré par la loi devient lui-même une source de nouvelle violence, menant à un cycle.
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La Violence de l'État et du Droit :Critique de la Violence (Benjamin) : Remise en question de l'idée que l'État assure la sécurité par le monopole de la violence légitime.
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Violence Fondatrice et Conservatrice du Droit : L'État utilise la violence pour établir le droit (fondatrice) et pour le maintenir (conservatrice).
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L'Exemple de la Violence Policière : Illustration contemporaine de la violence de l'État, opérant à la fois pour conserver l'ordre existant et pour étendre ses propres prérogatives légales.
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L'Évolution de la Violence dans les Sociétés Modernes :Le Débat sur le Recul de la Violence : Analyse du débat initié notamment par Steven Pinker, qui affirme une diminution de la violence au cours de l'histoire humaine.
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Critique des Arguments sur le Recul : Mise en évidence des biais méthodologiques et des limites géographiques dans les données utilisées pour étayer cette thèse.
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Le Rôle de l'Idéologie : La tension entre l'analyse scientifique de la violence et les interprétations idéologiques (supériorité occidentale, réduction de la violence à une "arriération culturelle").
Idées ou Faits les Plus Importants :
- La compréhension de la violence a évolué des récits fondateurs aux analyses scientifiques et philosophiques.
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Deux approches majeures s'opposent : celle qui voit la violence comme intrinsèque à l'homme (instinct, pulsion) et celle qui l'analyse comme un produit des relations sociales et politiques.
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Les théories universalistes classiques de Freud et Lorenz, malgré leurs différences, convergent dans l'idée d'une agressivité humaine ancrée dans la nature, bien que Lorenz lui attribue parfois une fonction positive pour l'espèce.
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Les critiques modernes des approches universalistes classiques mettent l'accent sur l'apprentissage et les réponses situationnelles plutôt que sur les instincts innés.
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Les théories du contrat social (Hobbes, Rousseau) postulent que l'État est né de la nécessité de sortir d'un état de nature violent pour assurer la sécurité (Hobbes) ou pour permettre la liberté (Rousseau).
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La perspective critique de Szweski suggère que l'établissement de l'ordre par le contrat social ne met pas fin à la violence, mais en crée de nouvelles formes, potentiellement cycliques.
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Walter Benjamin remet en cause l'idée que l'État détient un monopole légitime de la violence, en distinguant la violence qui fonde le droit et celle qui le conserve, soulignant les dangers de leur confusion, notamment dans le cas de la police.
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La violence de l'État, loin d'être une aberration, peut être considérée comme intrinsèque à son fonctionnement, à travers sa législation, ses forces de l'ordre et son système judiciaire.
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Le débat sur le recul historique de la violence est complexe et sujet à caution, les données et leur interprétation étant souvent influencées par des biais idéologiques.
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L'idée commune que la violence est "en l'homme", quelles que soient les approches, tend à masquer le rôle des structures et institutions sociales dans sa production.
Citations Pertinentes :
- "...il faut maintenant en quelque sorte renverser la formule pour s'intéresser aux origines de la violence..."
- "...l'homme n'est point cet être des bonheur au cœur assoiffé d'amour dont on dit qu'il se défend quand on l'attaque mais un être au contraire qui doit porter au compte de ces données instinctives une bonne somme d'agressivité..." (Freud cité)
- "...mon livre traite de l'agressivité et précise-t-il c'est-à-dire de l'instinct de combat de l'animal et de l'homme dirigé contre son propre congénère..." (Lorenz cité)
- "...si deux hommes désirent la même chose dont ils ne peuvent néanmoins pas jouir tous les deux ils deviennent ennemis..." (Hobbes cité)
- "...pendant le temps où les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les maintiennent tous dans la peur ils sont dans cette condition qu'on appelle guerre dans la une guerre dans laquelle chaque homme est contre chaque homme..." (Hobbes cité)
- "...On peut d'aventure penser qu'il n'y a jamais eu une telle situation de guerre..." (Hobbes cité)
- "...en réalité pour Rousseau c'est la société civile qui corromp l'être humain lui fait perdre sa force et son courage le soumet à l'oppression des plus forts..."
- "...elle ne raconte pas seulement l'origine de la société et le fondement originaire de l'État elle raconte le cycle de la civilisation le retour au commencement elle ne dépint pas la fin de la violence mais l'alternance de ses formes..." (Szweski cité)
- "...L'ignominie de la police tient à l'absence de toute séparation entre la violence qui fonde le droit et celle qui le conserve..." (Benjamin cité)
- "...Ne parlez pas de violence policière ces mots sont inacceptables dans un état de droit." (Président de la République cité)
- "...Ce ne sont pas les contrats qui interdisent la violence c'est la tyrannie de la conscience morale." (Szweski cité)
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"...la violence d'État n'est pas une aberration de la démocratie elle en est la source..."
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En conclusion, ce document offre une exploration riche et nuancée des différentes manières de penser la violence, en soulignant la complexité de ses origines, l'évolution des approches théoriques et, de manière cruciale, en mettant en évidence le rôle souvent négligé de l'État et des structures sociales dans sa production et son maintien.
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Document de Synthèse : Les Formes de la Violence et les Mythes d'Origine
Ce briefing document analyse les thèmes et idées principales tirées des extraits de la conférence "Les formes de la violence (4) - Didier Fassin (2024-2025)".
L'objectif est d'examiner comment la violence, longtemps négligée par les sciences sociales, est appréhendée à travers les mythes d'origine, les rituels associés, et leur instrumentalisation politique dans les sociétés modernes et contemporaines.
1. La Violence dans les Sciences Sociales : Reconnaissance Tardive et Complexité
Le conférencier souligne que la violence a été tardivement étudiée par les sciences sociales.
Les anthropologues ont rencontré des difficultés à la définir précisément en raison d'une relativisation ("ce que certains voyaient comme tel n'étaient pas considéré de la même manière par d'autres") et les sociologues ont élargi la notion, menant à une dissolution de la violence dans d'autres concepts de domination.
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Idée Clé : La difficulté à cerner la violence, perçue différemment selon les perspectives et étendue à des formes de domination non physiques, a initialement entravé son étude.
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Correction Épistémologique : Fassin propose de parler de "perspectivisme" plutôt que de relativisation, pour comprendre les différentes logiques et raisons des points de vue divergents sur la violence. Il suggère également de parler d'"approfondissement" plutôt que de dissolution, pour ne pas réduire la violence aux seules agressions physiques, tout en les incluant.
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Citation Clé : "cette double précaution épistémologique loin d'être un obstacle à la production d'un savoir sur la violence en est la condition... ne pas avoir une définition précise de la violence rend possible de la saisir dans toute sa complexité et sa diversité".
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Contraste avec le Sens Commun : Cette approche va à l'encontre du sens commun où chacun pense comprendre la violence.
2. La Violence et les Mythes des Origines : Une Association Profonde
Bien que l'étude scientifique de la violence soit récente, elle a toujours été présente dans la pensée humaine, notamment à travers les mythes des origines. Ces mythes lient souvent l'origine de la violence à celle du monde.
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Idée Clé : Les mythes des origines, qu'ils soient religieux, théâtraux ou philosophiques, ont servi de discours sur la violence et ses débuts.
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Exemple Grec : La Théogonie d'Hésiode : Le mythe de Chronos est présenté comme un exemple emblématique. L'origine du monde et des dieux est marquée par une violence extrême : parricide (Chronos castre Uranos), infanticide (Chronos dévore ses enfants), viol (Chronos viole Rhéa).
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Nature de la Violence Mythologique : Ces violences vont au-delà de l'usage excessif de la force. Elles manifestent un "excès de la violence elle-même", un registre de monstruosité et d'atrocité qui rompt avec les valeurs élémentaires.
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Fonction de la Violence Mythologique : Elle n'est pas seulement instrumentale (se débarrasser de rivaux, se venger), elle semble aussi "expressive", voire source de jouissance pour elle-même et pour le public.
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Cadre Familial : Fait remarquable, ces scènes de violence extrême se déroulent souvent dans un cadre familial (famille des divinités, famille des Atrides).
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Mythes et Rituels : La relation entre mythe et rituel est débattue par les anthropologues. Le mythe de Chronos a été associé à des pratiques rituelles ambivalentes : sacrifices sanglants et anthropophages côtoyant des offrandes pacifiques et des festivités de tolérance sociale (Cronia).
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Ambivalence de Chronos : Le mythe présente une image ambivalente de Chronos : le meurtrier anthropophage et le souverain juste d'un âge d'or.
3. La Croyance dans les Mythes : Une Question Complexe et Contemporaine
La question de savoir si les Grecs croyaient littéralement à leurs mythes est posée. Fassin établit un parallèle avec les croyances contemporaines pour éclairer cette question.
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Idée Clé : La croyance dans les mythes, même contradictoires, n'est pas l'apanage d'un passé lointain. Des phénomènes contemporains comme le créationnisme ou l'Intelligent Design démontrent une croyance persistante en des récits originels, parfois habillés de justifications scientifiques.
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Parallèle Contemporain : Le taux élevé de croyance au créationnisme aux États-Unis, y compris parmi les évolutionnistes qui pensent que Dieu guide l'évolution, suggère que la crédulité n'a pas disparu.
4. Instrumentalisation Politique des Mythes des Origines : De l'Antiquité aux Temps Modernes
Les mythes des origines ont une pertinence sociale en ce qu'ils révèlent les tensions et la nécessité d'un ordre social, tout en ouvrant la possibilité d'un autre monde. Cependant, leur mobilisation est souvent politique.
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Pertinence Sociale du Mythe Grec : Le mythe de Chronos peut être interprété comme révélant une période de chaos nécessitant l'ordre social, tout en offrant une soupape de relâchement des contraintes à travers les rituels des Cronia.
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Mythes Modernes et Invention de la Tradition : À l'inverse des mythes antiques issus de traditions culturelles, les mythes modernes sont souvent des "inventions de tradition" (Hobsbawm & Ranger), créées à des fins politiques.
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Fonction Politique des Mythes Nationaux : Les mythes nationaux servent un projet nationaliste, renforçant la légitimité de l'État, créant une histoire unifiée, ou justifiant des revendications indépendantistes.
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Exemple Français : Le Baptême de Clovis et la Bataille de Poitiers : Fassin analyse comment l'historiographie nationaliste française a instrumentalisé le baptême de Clovis pour fonder l'identité nationale catholique et la bataille de Poitiers pour construire une altérité arabe et musulmane rejetée, nourrissant le racisme et l'islamophobie.
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Citation Clé (Patrick Geary) : "L'histoire moderne est née au 19e siècle, conçue et développé comme un instrument du nationalisme européen, ce qui a eu pour effet de transformer notre compréhension du passé en une décharge de déchets toxiques remplie du poison du nationalisme ethnique."
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Héritage Symbolique : Des symboles issus de ces mythes (la Francisque, le casque franc) sont repris par l'extrême droite.
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Généalogie Distinguée : L'islamophobie (forgée par des mythes nationaux) et l'antisémitisme (lié à des légendes urbaines) pourraient avoir des généalogies distinctes en France.
5. Le Mythe Sioniste des Origines et la Violence Contemporaine en Israël/Palestine
Le conférencier consacre une analyse détaillée à l'instrumentalisation des récits bibliques dans la construction du mythe national israélien et sa connexion avec les violences actuelles.
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Idée Clé : Le mythe fondateur de l'exil, basé sur une interprétation spécifique des textes bibliques, a servi à légitimer l'immigration juive en Palestine et le droit au retour, tout en niant l'existence et l'histoire du peuple palestinien.
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Citation Clé (Schlomo Sand) : "Si toute écriture de l'histoire est porteur de mythes, ceux de l'historiographie nationale sont particulièrement flagrants. Le cas d'Israël est selon lui exemplaire même s'il est loin d'être unique."
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La Terre sans Peuple pour un Peuple sans Terre : Le conférencier retrace l'origine et la réécriture de cette phrase de Israel Zangwill, souvent utilisée pour justifier l'immigration juive, en omettant que Zangwill lui-même a révisé son jugement face à la population arabe existante.
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La Violence dans les Récits Bibliques : Les textes sacrés décrivent l'origine de l'histoire d'Israël comme une série de guerres et de conquêtes (conquête de Canaan, combat contre les Amalécites).
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Instrumentalisation Contemporaine : Des références à la guerre contre les Amalécites sont mobilisées pour nommer l'ennemi archétypal (les Palestiniens) et justifier leur élimination. La figure de Josué, conquérant et destructeur, est invoquée pour légitimer l'occupation et les colonies.
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Citation Clé (Benyamin Netanyahou) : "se souvenir de ce qu'Amalek leur a fait".
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Lien entre Mythes et Violence Réelle : L'appel au génocide dans les textes bibliques, bien que certains exégètes en donnent une interprétation non littérale, est réactivé dans le discours politique et populaire, notamment après le 7 octobre 2023.
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Fusion des Mémoires : Une fusion s'opère entre la mémoire héroïque (les conquêtes bibliques) et la mémoire douloureuse (la Shoah), assimilant le Hamas à Amalek et aux nazis.
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Dénégation de la Nakba : La violence de l'expulsion des Palestiniens en 1948 (la Nakba) est largement absente de ce complexe mémoriel officiel.
6. La Violence Sacrificielle : Une Perspective Contestée
Fassin critique la thèse de René Girard sur la violence sacrificielle comme origine de la violence dans les sociétés.
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Thèse de René Girard : Le sacrifice rituel permet de détourner la violence intrinsèque au groupe vers une victime émissaire (animale ou humaine considérée comme de moindre valeur sociale), rétablissant ainsi l'unité du groupe. Le désir mimétique (désirer ce qu'un autre désire) est à l'origine de la rivalité et de la violence fondatrice.
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Critiques de la Thèse de Girard : La thèse de Girard est jugée trop simple et universelle, réduisant la pluralité des formes de violence à une cause unique (le désir mimétique) et appliquant mécaniquement une même logique à toutes les sociétés.
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Alternative Anthropologique : Hubert et Mauss : Leurs travaux sur le sacrifice définissent le sacrifice comme un acte religieux qui, par la consécration d'une victime, modifie l'état de la personne ou de l'objet. La violence est absente de leur définition.
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Clé de Compréhension : Le Sacré : Pour Hubert et Mauss, le cœur du sacrifice n'est pas la violence, mais le double travail rituel de sacralisation et de désacralisation.
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Substituion et Dédramatisation : La possibilité de substituer une victime (un concombre pour un bœuf chez les Nuer, selon Lévi-Strauss) dans le sacrifice dédramatise l'acte et contredit l'idée d'une violence primordiale nécessitant impérativement un sacrifice sanglant.
Conclusion sur Girard : L'anthropologie sociale ne valide pas la thèse de Girard, jugée trop spéculative et possiblement influencée par sa conversion catholique.
7. Conclusion : L'Importance de la Violence Originaire comme Imaginaire
Malgré les limites de la théorie girardienne, la violence fondatrice présente dans les récits mythiques et les textes sacrés reste essentielle, non pas tant par sa réalité historique que par les usages politiques qui en sont faits.
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Idée Clé : L'intérêt de la violence originaire réside dans son instrumentalisation politique par divers acteurs et à différentes époques, notamment par les extrêmes droites contemporaines.
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Fonction de l'Imaginaire de la Violence Originaire : La mobilisation de cet imaginaire sert à légitimer stigmatisations, discriminations, exclusions et exactions contre des ennemis perçus (intérieurs ou extérieurs).
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Citation Clé : "En ce sens, la violence originaire dont j'ai parlé ici éclaire bien les violences contemporaines."
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Cycle Nationaliste : La construction des récits nationalistes suit souvent un cycle d'âge d'or, de déclin et de régénération, se nourrissant d'une double genèse : héroïque et victimaire.
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Dimension Sacrificielle Réappropriée : La mémoire douloureuse de la Shoah (appelée "Holocauste", c'est-à-dire sacrifice) confère une obligation morale aux générations suivantes, se mêlant désormais à la mémoire héroïque des conquêtes.
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En résumé, le conférencier met en évidence la difficulté intrinsèque à appréhender la violence dans sa complexité.
Il montre ensuite comment les mythes des origines ont servi de cadre pour penser la violence, et surtout, comment ces récits, qu'ils soient antiques ou "inventés" à l'époque moderne, sont politiquement mobilisés pour construire des identités nationales, justifier la violence et exclure des groupes.
L'analyse du cas israélien illustre de manière particulièrement frappante la façon dont les récits scripturaires peuvent être réactivés pour légitimer des violences contemporaines.
Enfin, il réfute la thèse d'une violence fondatrice universelle nécessitant un sacrifice, tout en reconnaissant la pertinence de l'idée de victime émissaire dans l'analyse des persécutions et des brutalités contre les minorités.
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Briefing sur les Formes de la Violence selon Didier Fassin (Extraits 2024-2025)
Ce texte de Didier Fassin examine l'évolution de l'étude de la violence dans les sciences sociales, notamment l'anthropologie et la sociologie.
Il met en évidence le silence initial entourant le sujet, les raisons de cette absence, les défis méthodologiques et moraux liés à son étude, et l'expansion progressive de sa conceptualisation.
Thèmes Principaux:
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Le Silence Initial autour de la Violence dans les Sciences Sociales: L'auteur souligne l'ignorance ou le manque d'étude explicite de la violence durant le premier siècle de l'anthropologie et de la sociologie, malgré un XXe siècle marqué par des conflits et des atrocités majeures.
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Les Raisons du Silence: Fassin identifie des raisons morales, méthodologiques et théoriques pour cette absence d'étude. La violence est perçue comme impliquant un jugement normatif qui rend difficile l'objectivité scientifique, elle échappe à la construction d'un objet homogène, et elle est difficile à définir de manière univoque.
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Les Défis Moraux et Méthodologiques de l'Étude de la Violence: L'étude de la violence est confrontée à la dimension normative et subjective du terme, ce qui soulève la question de l'impartialité de l'observateur, en particulier pour les anthropologues confrontés à des pratiques violentes qui ne sont pas perçues comme telles localement. Les défis méthodologiques incluent la difficulté à circonscrire la violence comme un objet d'étude homogène et observable, ainsi que les obstacles pratiques de l'observation sur le terrain.
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L'Expansion Conceptuelle de la Violence: Le texte trace un cheminement de la compréhension de la violence, passant d'une focalisation sur la violence physique interpersonnelle à l'inclusion des animaux, des objets inanimés, et enfin des formes de violence non directement attribuables à un acteur intentionnel (violence structurelle et symbolique).
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La Violence Structurelle (Johan Galtung et Paul Farmer): Introduction du concept de violence structurelle, définie par l'écart entre le potentiel et l'effectif de la réalisation humaine dû à l'influence négative de structures sociales.
L'exemple de l'épidémie de sida et de tuberculose en Haïti est utilisé pour illustrer comment l'histoire sociale et l'économie politique peuvent constituer des formes de violence.
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La Violence Symbolique (Pierre Bourdieu): Présentation du concept de violence symbolique, qui explique comment les dominants obtiennent l'adhésion des dominés à leur domination sans recourir à la force physique, mais en imposant une légitimité par le langage et les significations partagées, conduisant à des souffrances psychiques et à l'incorporation de l'ordre social.
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Lien entre les Différentes Formes de Violence: Malgré leurs différences, les formes de violence (physique, structurelle, symbolique) se manifestent dans le corps et provoquent de la souffrance.
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L'Apport de l'Étymologie et de la Philologie:
L'analyse étymologique (grec et latin) et philologique (français, allemand) montre la richesse et la complexité historique du terme "violence", révélant un passage d'un sens initial lié à la force physique à des significations incluant l'excès, l'infraction à la norme, la contravention à la morale, et la contrainte psychologique.
L'étude comparée des termes allemands (Gevalt, Macht) et de leurs traductions souligne les difficultés à saisir les différentes dimensions du pouvoir et de la violence.
- La Problématisation plutôt que la Définition: En conclusion, l'auteur suggère que la valeur de l'étude de la violence réside moins dans la recherche d'une définition univoque que dans la problématisation constante de la notion, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles questions.
Idées et Faits Importants:
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Le XXe siècle a été marqué par une violence omniprésente, pourtant l'anthropologie et la sociologie l'ont longtemps ignorée en tant qu'objet d'étude spécifique.
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La nature normative et subjective du terme "violence" a été un obstacle majeur à son étude objective.
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La difficulté à définir la violence de manière univoque et à la circonscrire comme un objet d'étude cohérent a également contribué à son ignorance initiale.
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Les anthropologues sont confrontés au défi de la relativité culturelle de la violence, où ce qui est considéré violent par l'observateur ne l'est pas nécessairement par la société étudiée.
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La définition de Françoise Héritier élargit considérablement le champ de la violence au-delà du corps humain, incluant le psychique, les animaux et les objets inanimés.
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La violence structurelle (Galtung) met l'accent sur les inégalités sociales et les structures qui limitent le potentiel humain, indépendamment de l'intention d'un acteur.
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Paul Farmer a appliqué le concept de violence structurelle à la santé, montrant comment les épidémies peuvent être comprises dans un contexte historique et économique de domination.
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La violence symbolique (Bourdieu) explique comment la domination est reproduite par l'intériorisation et l'acceptation des rapports de pouvoir par les dominés, entraînant des souffrances psychiques et des manifestations corporelles.
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La notion d'hégémonie chez Gramsci offre une perspective alternative ou complémentaire à la violence symbolique, en soulignant la possibilité de visions du monde alternatives émanant des classes dominées.
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L'étymologie et la philologie révèlent la polysémie et l'évolution historique du terme "violence", soulignant que son sens contemporain, centré sur les relations humaines et la morale, est relativement récent.
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Les difficultés de traduction du terme allemand "Gevalt" (force, violence, pouvoir) mettent en lumière les nuances conceptuelles et les défis de la reconnaissance de la violence dans les institutions et derrière les revendications de légitimité.
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La problématisation de la notion de violence est plus féconde pour la recherche que la recherche d'une définition rigide.
Citations Pertinentes:
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Sur l'absence initiale de l'étude de la violence : "la violence a donc été ignorée nous l'avons vu pendant le 1er siècle de l'existence de l'anthropologie et de la sociologie ou plus exactement elle n'a pas été traité en tant que telle n'a pas fait l'objet d'entrée spécifique dans les encyclopédies et les dictionnaires de ces disciplines n'a pas donné lieu à des travaux empiriques ou théoriques se réclamant explicitement de son étude"
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Cit. Anna Arendt sur le rôle de la violence dans les affaires humaines : "il n'est personne qui s'intéressant à l'histoire et à la politique puisse ne pas être conscient du rôle majeur joué par la violence dans les affaires humaines il est donc à première vue surprenant que la violence a été si rarement reconnue comme méritant une considération particulière"
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Cit. David Riches sur la difficulté du terme "violence" : "En raison notamment des émotions qu'il provoquent le mot violence se situe au sommet de la liste des termes qui présentent un danger de ce double point de vue en effet poursuit-il violence que note fortement un comportement illégitime et inacceptable."
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Cit. Jean-Luc Nancy sur la question interne de la violence : "il y a aujourd'hui une question de la violence qui n'est pas simplement une question externe ouvrant sur la résistance éthique et politique aux violences effectives... mais aussi une question interne à savoir quelque chose de la violence ou de ce qui est trop rapidement classé sous l'unique terme de violence reste à penser au par-delà son évidente condamnation l'essence de la violence n'est sans doute pas épuisé par sa réprobation"
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Cit. Gérard Lanclude sur la possibilité d'une ethnographie de la violence : "si l'on fait l'hypothèse qui ne paraît pas déraisonnable qu'aucune société ne l'ignore que chacune s'attache à désigner comme violent certains comportements à l'exclusion d'autres leur confèrent ou non un sens et une fonction et les sanctionne selon des procédures qui lui appartiennent en propre"
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Cit. Gérard Lanclude sur la nature de la violence : "la violence ne se donne pas d'emblé pour tel sa spécification résulte d'une procédure toujours ouverte de qualification et tout semble se passer comme si la notion de violence chargée de représentation composite référait à des phénomènes de nature très différente"
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Cit. Élisabeth Claveri sur le regard de l'ethnographe : "chacun sait bien ce que la violence ce que violence veut dire et est à même de la reconnaître sous des formes extrêmement diverses dans différentes sociétés étudiées peut-être parce qu'il en a l'expérience dans l'univers dont il est lui-même indigène"
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Cit. Françoise Héritier pour une définition large de la violence : "appelons violence toute contrainte de nature physique ou psychique susceptible d'entraîner la terreur le déplacement le malheur la souffrance ou la mort d'un être animé tout acte d'intrusion qui a pour effet volontaire ou involontaire la dépossession d'autruie le dommage ou la destruction d'objets inanimés"
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Cit. Michel Napels interrogeant l'extension de la définition de la violence : "est-il légitime écrit-il de rassembler les objets inanimés les animaux et les humains dans un même registre d'expérience ?"
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Cit. Johan Galtung sur la violence structurelle : "La violence s'exerce lorsque des êtres humains ne se réalisent pas physiquement et mentalement comme il devrait le pouvoir du fait de facteurs qui ont sur eux une influence négative"
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Cit. Paul Farmer sur la distribution du sida et de la tuberculose en Haïti : "que la distribution du sida et de la tuberculose comme celle de l'esclavage autrefois est historiquement et économiquement déterminé et qu'elle est en relation avec le racisme l'inégalité genrée et la pauvreté massive"
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Cit. Bourdieu et Passeron sur la violence symbolique : "tout pouvoir de violence symbolique c'est-à-dire tout pouvoir qui parvient à imposer des significations et à à les imposer comme légitime en dissimulant les rapports de force qui sont au fondement de sa force ajoute sa force propre c'est-à-dire proprement symbolique à ses rapports de force"
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Cit. Michel Perrot sur la "pensée claustrale" dans La domination masculine : "une pensée claustrale à force d'être implacable dont la rigueur consiste en la mise en ordre de matériaux soumis à la question d'une grille contraignante"
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Cit. Robert Bernasconi sur la reconnaissance de la violence : "quel moyen avons-nous de reconnaître la violence lorsqu'elle est dissimulée dans les institutions et occulté par les revendications de légitimité ?"
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Cit. Anna Arendt sur la distinction entre pouvoir et violence : "power correspond à la possibilité non seulement d'agir mais d'agir de concert car il relève pas de l'individu mais du groupe... Violence enfin se distingue par son caractère instrumental"
En résumé, ces extraits offrent une exploration approfondie des défis rencontrés par les sciences sociales dans l'étude de la violence, tout en soulignant l'importance cruciale d'élargir sa compréhension au-delà des manifestations physiques pour inclure les dimensions structurelles et symboliques qui affectent profondément les corps et les vies.
La difficulté de définir la violence devient alors moins un obstacle qu'une invitation à une analyse critique constante.
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Note de Synthèse : Démocratie Participative et Outils
Source : Extraits de "Démocratie participative : quels outils ?" (Conférence/Table Ronde)
- Introduction : La source analyse la démocratie participative en se concentrant sur la notion d'« ingénierie de la participation ».
Elle compare notamment le Grand Débat National (GDN) et la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) pour illustrer l'impact du design et de la conception des dispositifs sur leur qualité, leur portée et leur légitimité.
Les intervenants soulignent l'importance de l'ingénierie non pas comme une simple neutralité instrumentale, mais comme une manifestation de théories politiques en acte, porteuses de valeurs et produisant des effets concrets.
La discussion aborde également le rôle des acteurs locaux et des outils numériques (civic tech) dans le paysage de la participation.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
- La Démocratie comme Égalité des Intelligences et Aptitude Universelle à la Réflexion Politique :
- La source commence par rappeler le principe fondamental de la démocratie, "qui consiste à acquiescer au principe de l'égalité des intelligences".
- S'appuyant sur Jacques Rancière, il est souligné que "n'importe qui est apte à réfléchir aux enjeux qui nous sont communs et que la politique relève de réflexion de considérations qui ne concerne aucune compétence spécifique". Cette idée pose la base théorique de la participation citoyenne large.
- L'Ingénierie de la Participation : Une Dimension Essentielle et Non Neutre :
- Le terme "ingénierie" est central, défini comme "la personne qui élabore dresse les plans d'ouvrages d'art de machines et parfois on dirige on surveille l'exécution". Appliqué à la participation, il s'agit de concevoir et piloter des dispositifs.
- L'ingénierie n'est pas neutre : "les choix de procédure de participation la manière dont on va articuler les outils ne sont pas neutres".
- Elle "porte bien l'intention politique et elle embarque elle embarque un projet".
- Une critique de l'idée d'une démocratie "sauvage" ou "radicale" venant uniquement d'en bas est formulée. L'institutionnalisation et l'organisation de la participation sont jugées nécessaires et non nécessairement dénaturantes, contrairement à une vision "risquée et limitative" qui craint toute mise en forme.
- Inversement, l'absence de structure peut mener à la "tyrannie de l'absence de structure", où des rapports de domination invisibles se développent.
- Les outils ne sont pas de simples instruments ; "ils sont aussi des théories politiques en actes", porteurs de valeurs et produisant des effets.
- Comparaison entre le Grand Débat National (GDN) et la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) :
- Ces deux dispositifs sont présentés comme "deux exercices participatifs" aux dynamiques contradictoires.
- Grand Débat National :Conçu comme une "réponse politique en forme de conte politique de coups" au mouvement des Gilets Jaunes.
- Il a été une "concession procédurale", offrant la possibilité de s'exprimer sans pour autant garantir des concessions substantielles sur le fond.
- Il a "contribué aussi à disqualifier les gilet jaune" en opposant les "bons citoyens" (débattant calmement) aux "mauvais citoyens" (manifestant violemment).
- La plateforme numérique était un outil de "pure et simple consultation d'agrégation de d'opinion individuelles", s'apparentant à un "vaste opération de sondages" plutôt qu'à de la délibération.
- Il a souffert d'un manque d'impartialité dans son pilotage, ce qui a généré de la suspicion.
- La "masse absolument gigantesque" de contributions n'a pas été correctement analysée ni synthétisée de manière accessible au grand public.
- Il a donné le "sentiment finalement d'un exercice présidentielle de communication politique au risque de discréditer et de disqualifier cette fois ci la démocratie participative au regard des français".
- Malgré ses limites, il a été une "première période de purge" et un "premier pas" vers la démocratie numérique, ayant potentiellement contribué à "reconnecter de la confiance interpersonnelle entre les citoyens" via les réunions locales.
- Convention Citoyenne pour le Climat :Présentée comme "l'anti grand débat", issue d'une "coproduction" entre l'exécutif et une volonté de répondre à la demande écologique et aux Gilets Jaunes.
- Caractérisée par un "design" et une "technologie" (au sens de conception du dispositif) visant l'impartialité et la véritable délibération.
- Pilotage impartial par un "comité de gouvernance" pluripartite et indépendant.
- Accueillie par le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE), garantissant une absence de tutelle de l'exécutif.
- Organisation du temps (six rencontres sur quatre mois) pour permettre aux citoyens de "s'approprier l'information" et les enjeux.
- Question posée aux citoyens : "comment diminuer d'au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre de d'ici 2030... et dans un esprit de justice sociale", avec maîtrise des réponses sur les mesures législatives.
- Représentativité de la société française par tirage au sort, incluant des publics généralement absents des arènes participatives habituelles (jeunes, précaires, sans diplôme).
- L'exécutif s'est engagé à transmettre les propositions "au parlement ou au référendum".
- Enjeux de la Démocratie Participative :
- Compenser les défaillances de la démocratie représentative : Particulièrement face à l'"urgence climatique" qui pourrait rapidement empêcher de "nous gouverner démocratiquement". L'enjeu est de "sauver la planète le climat mais la démocratie en même temps", d'une manière "qui ne soit pas autoritaire".
- Articuler démocratie institutionnelle et contestataire : La "démocratie contestataires qui s'exprime dans la rue" doit trouver des "débouchés". Il doit y avoir une "synergie entre ces mouvements".
- Vérifier les consensus : Tester ce que la société est "prêt à accepter" en termes de mesures.
- Lien à la décision : C'est le "nerf de la guerre". Il faut "faire reconnaître essayer de mettre au jour un lien entre ce qui se dit dans ces dispositifs et les décisions qui sont prises". L'importance de la justification par les élus des décisions prises, même si elles ne suivent pas totalement les préconisations citoyennes.
- Déclinaison territoriale des politiques publiques : La participation est un "véritable laboratoire" dans les territoires, permettant de "décliner les politiques publiques beaucoup plus finement" en tenant compte des singularités locales. Exemple du projet Garonne Amont face au changement climatique.
- Défis de l'Analyse et de la Représentativité dans la Participation de Masse :
- La "notion de synthèse" est jugée "l'enfer" face à une masse de contributions "incalculables" et intéressantes. L'idée n'est pas de produire un "top 5 des grandes propositions" mais un "référentiel qui est l'exact expression de l'expression citoyenne".
- L'application de théories comme les "arbres de connaissances" pour représenter les consensus (le tronc) et les oppositions ou idées spécifiques (les branches et les feuilles) est préférée à une simple agrégation.
- La question de la légitimité de la masse de données se pose : "on ne sait pas qui la parole". L'anonymat (sauf pour les codes postaux) dans le GDN a empêché de "construire la légitimité au niveau de la représentativité".
- Un mini-public comme la CCC (150 citoyens) peut produire une "richesse une qualité de délibération" supérieure à une masse de 500 000 contributions non délibératives.
- Le Rôle des Outils Numériques (Civic Tech) et la Pédagogie Civique :
- Des outils comme les comparateurs de programmes politiques (Wax) visent à rendre l'information "claire et efficace", en particulier pour les jeunes.
- La civic tech cherche à "faire de la sensibilisation" et dire : "toi aussi tu as droit d'avoir une idée".
- L'idée est de rendre l'information politique "plus accessible plus interactive" (via des chatbots par exemple) pour amener progressivement les citoyens à se positionner et à s'engager ("le niveau zéro de l'engagement").
- Il s'agit d'"éduquer notre audience" pour leur montrer qu'ils sont "légitime" et que "la démocratie c'est à elle".
- Il faut accepter qu'il n'y ait pas que la démocratie délibérative "dans les règles de l'art". La "première marche" (comme répondre à un questionnaire simple) est déjà "pas mal" et peut être un point de départ vers une participation plus profonde.
- Il faut "prendre le citoyen par la main" et l'accompagner dans son cheminement.
- La Délibération comme Pierre Angulaire de la Légitimité Démocratique :
- Une forte conviction dans l'idée que "pour qu'une décision soit légitime il faut que ceux qui sont affectés par cette décision aient pu en débattre auparavant".
- La nécessité de "multiplier les occasions de s'exposer au point de vue de l'autre" pour lutter contre la "défiance généralisée à la fois horizontal et vertical".
- La délibération permet de "progresser dans la réflexion" et de réaliser qu'on ne dispose pas de toutes les informations, comme l'illustre l'exemple du citoyen face au fiscaliste dans une réunion locale.
- Faire le "pari de l'intelligence de tous" implique le "corollaire" de la "responsabilité de tous". La question est : "jusqu'où je suis prêt à m'engager", "de passer de la posture de spectateurs à la posture de d'auteur du monde qui m'entoure ensuite à celle d'acteur".
- Défis et Risques :
- L'Instrumentalisation : Risque que la participation soit perçue et utilisée uniquement comme un outil d'acceptabilité ou de communication politique.
- L'Enfumage : La crainte des citoyens d'être manipulés ou que leur participation ne mène à rien.
- Le Lien à la Décision Effectif : Malgré de bonnes procédures, les recommandations ne sont pas toujours reprises ou justifiées par le pouvoir politique.
- L'Influence et les Biais : Les dispositifs de masse sont sensibles aux biais (salariés d'une industrie dominante dans une consultation par exemple) et aux jeux d'influence. Il est crucial de "savoir qui parle" et de prendre en compte ces dynamiques.
- Le Risque de Discrédit : Utiliser des outils comme la CCC sur des sujets majeurs et clivants comporte le risque, en cas d'échec (faible impact sur la décision, résultats jugés tièdes, ou rejet par référendum), de discréditer l'outil lui-même.
Conclusion :
La source met en évidence la complexité de la démocratie participative, loin d'une simple opposition entre "bons" et "mauvais" outils.
L'efficacité et la légitimité des dispositifs dépendent crucialement de leur "ingénierie" (conception, pilotage, règles) et de leur capacité à favoriser une véritable délibération, à garantir l'impartialité, à s'articuler avec le processus décisionnel et à prendre en compte la diversité des formes de participation (de la simple consultation à la délibération profonde, du niveau national au local).
Les outils numériques peuvent jouer un rôle important de porte d'entrée et de pédagogie civique, mais ne remplacent pas la nécessité de rencontres et d'échanges pour construire la confiance et la compréhension mutuelle.
Le principal obstacle reste souvent la "volonté politique de faire en sorte qu'elles servent effectivement à à démocratiser la démocratie", en utilisant le plein potentiel des technologies et méthodes disponibles et en les articulant de manière significative avec les lieux de pouvoir.
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Briefing Document : Les formes de la violence et le silence des sciences sociales
Source : Extraits de "Les formes de la violence (1) - Didier Fassin (2024-2025)"
Date : 2024-2025
Sujet : Analyse de la diversité des formes de violence dans les sociétés contemporaines et exploration des raisons du silence historique des sciences sociales (anthropologie et sociologie) à son égard.
Points Clés :
L'Omniprésence et la Diversité de la Violence :
- La violence est décrite comme "omniprésente dans les sociétés contemporaines", se manifestant sous une multitude de formes : massacres de populations, violence d'État, terrorisme, meurtres entre bandes rivales, brutalisation par les forces de l'ordre, torture, travaux forcés, maltraitance infantile, abus sexuels, agressions verbales, humiliations.
- La publicisation de la violence par divers acteurs (mouvements sociaux, associations, journalistes, organisations de droits humains, sciences sociales) la rend visible "de l'intime au global".
- Cependant, cette visibilisation s'accompagne d'une logique "symétrique d'invisibilisation", où "chaque dévoilement de violence... est simultanément une révélation de ce qui était jusqu'alors occulté", mais cette mise au jour "éclaire certaines pratiques en opacifie souvent d'autres plus ordinaires ou mieux protégés".
- L'auteur insiste sur le fait que l'exposition accrue à la violence n'implique pas nécessairement que les sociétés soient plus violentes (certaines formes étant en déclin, d'autres en expansion), mais qu'elle est "plus exposée à [leur] réalité" par la "politisation ou [la] médiatisation".
- La qualification de "violence" recouvre des faits "divers[s] et même l'hétérogénéité", rendant difficile l'identification d'un unique plus petit dénominateur commun.
- Au-delà de la "physicalité ou la corporéité" (violences physiques), la violence peut affecter "la personne en tant qu'elle est précisément une personne" par l'atteinte à "l'estime de soi" et la génération de "honte" (dimension "psychologique voire morale").
Les sciences sociales ont encore étendu la notion de violence, notamment avec :
- La "violence structurelle" (Johan Galtung) : Causes sociales empêchant la satisfaction des besoins élémentaires, causant "plus de morts que les homicides".
- La "violence symbolique" (Pierre Bourdieu) : Intégration de normes et croyances conduisant à la "naturaliser les rapports de domination".
- Cette liste (physique, morale, structurelle, symbolique) n'est pas exhaustive et d'autres typologies existent (coloniale, totalitaire, génocidaire, suprémaciste, révolutionnaire, d'état, médicale, gynécologique, reproductive).
L'Oubli Historique de la Violence par l'Anthropologie et la Sociologie :
- L'auteur souligne un "mystère scientifique" : comment interpréter que les sciences sociales aient "si longtemps ignoré la question de la violence" malgré son "omniprésence aujourd'hui comme hier ici comme ailleurs" ?
- Ce silence est d'autant plus surprenant que la violence a été "au cœur des théories politiques et morales" depuis des siècles et que le XXe siècle a été marqué par des conflits et des atrocités majeures.
- Les encyclopédies et dictionnaires majeurs de ces disciplines jusque dans les années 1970-1980 montrent une absence notable d'entrées spécifiques sur la violence, ou la réduisent à des phénomènes particuliers (conflits sociaux, crime violent).
- Pendant les "100 premières années de leur existence", l'anthropologie et la sociologie "ont ignoré la question de la violence".
- Ce "mutisme" "dit quelque chose des épistémologies et des politiques des sciences sociales, de la façon dont elles abordent les faits sociaux".
Raisons de l'Évitement de la Violence en Anthropologie :
- L'analyse d'Orin Starn sur l'"andinisme" (approche culturaliste ignorant les mouvements de l'histoire) explique comment l'anthropologie du monde Andin a pu "manquer la révolution" (le Sentier lumineux) en se focalisant sur les traditions et le symbolique, rendant "invisible l'effervescence de ces sociétés".
- Cette analyse peut s'appliquer plus largement à l'anthropologie qui a longtemps ignoré les violences internes et externes (colonisation) dans les sociétés étudiées.
- Le "déni" de la violence est lié à la construction de l'anthropologie autour du "créneau du sauvage" (Michel Rolph Trouillot), un espace imaginaire occidental utilisé pour représenter l'autre.
- Ce mythe du "bon sauvage" ou du "cannibal barbare" a conduit les anthropologues à se focaliser sur la "culture" pour saisir l'altérité, maintenant "à distance" l'autre tout en étant "aveugle à la violence coloniale".
- La dualité "the West et Rest" et la "ligne de partage" physique et morale entre l'anthropologue et ses "informateurs" (illustrée par la photo et le journal de Malinowski) a contribué à une "essentialisation des autres".
- Les théories dominantes (culturalisme, fonctionnalisme, structuralisme) ont privilégié une lecture "conservatrice", cherchant "plus à établir des permanences qu'à saisir des ruptures", se concentrant sur "ce qui assure l'unité et la continuité des sociétés".
- L'anthropologie a longtemps été une "discipline de l'ordre social" où le "désordre que représente la violence n'avait guère sa place". Ce n'est qu'avec l'abandon des théories générales et une attention accrue aux faits, irrégularités et conflictualités que la violence est "progressivement apparue".
- Les "conditions même de possibilité de [la] recherche [anthropologique] étaient lié[e]s à l'histoire des violences de la colonisation", dont les anthropologues ont été "observateurs participants et les prolifiques bénéficiaires", même s'ils n'en ont pas toujours été les "complices".
Raisons de l'Évitement de la Violence en Sociologie :
- Malgré des précurseurs allemands comme Georg Simmel (sur le conflit) et Max Weber (sur le monopole de la violence légitime par l'État), la sociologie a semblé "oublier" ces approches pendant une longue période.
- Les théories dominantes, notamment l'héritage "durkheimien" et le "fonctionnalisme" (Parsons, Merton), ont été centrales pendant un demi-siècle. Cette approche, centrée sur "ce qui fait système dans le monde social" et "ce qui en préserve l'équilibre", rendait "difficile de penser la violence".
- Même les critiques du fonctionnalisme, comme Lewis Coser, ont analysé le conflit d'un point de vue fonctionnel, le considérant comme un "facteur positif qui contribue à la dynamique sociale", écartant ainsi "explicitement" l'étude de la violence.
- Il existe une "logique institutionnelle elle-même tributaire d'enjeux théorique[s]" dans cet évitement.
- Une deuxième raison est liée à une "certaine conception de l'histoire" : l'idée d'une "progressive pacification des sociétés" avec la "modernité", en contraste avec les sociétés prémodernes perçues comme plus violentes.
- Cette représentation s'appuie sur la théorie de Weber (monopole étatique de la violence légitime) et la thèse de la "civilisation des mœurs" de Norbert Elias.
- La thèse d'Elias, qui décrit la maîtrise des pulsions et de l'agressivité due à l'autorité étatique et aux changements de sensibilité, a été utilisée (ou légitimée par) l'idée commune d'une pacification, "contribuant à légitimer l'indifférence à la violence". L'auteur note l'ironie du contexte historique (nazisme, guerre) dans lequel Elias a écrit son livre.
- L'Épistémologie de l'Ignorance et l'Influence de l'Identité du Chercheur :
- Au-delà des théories, l'auteur explore l'influence des "représentations communes" et du "sens commun" des chercheurs sur leur travail.
- L'analyse de Charles Mills dans The Racial Contract révèle une "épistémologie de l'ignorance" en philosophie, où l'omission du "contrat racial" reflète les privilèges raciaux des auteurs blancs qui ne perçoivent pas leur position comme une forme de domination.
- Cette "asymétrie des points de vues" conduit à une "disjonction entre la réalité officielle blanche et l'expérience réelle noire", menant à une "double conscience" (W.E.B. Du Bois) chez les sujets de la domination.
- L'homogénéité "ethnoraciale et genrée" de l'anthropologie et de la sociologie a longtemps contribué à un "certain conservatisme de leur vision du monde".
- Si les disciplines avaient compté plus de femmes ou de personnes racisées/ethnicisées ayant l'expérience de la colonisation, de l'esclavage, de la ségrégation ou de la répression policière, "l'étude des sociétés aurait été alors différente", ce qui était occulté serait devenu visible.
- Les développements théoriques extérieurs (CLR James, Walter Rodney, Aimé Césaire, Franz Fanon, James Baldwin, etc.) issus de positions marginales ou militantes ont "contribué au renouvellement critique de l'anthropologie et de la sociologie".
- Même si des femmes et des minorités étaient présentes dans les premières décennies, elles ont souvent été "victimes d'une institution académique patriarcale [et] discriminante", marginalisées ou oubliées.
- Bien qu'il faille éviter une "relation causale mécanique" entre les caractéristiques sociales et la production scientifique, l'auteur suggère fortement que l'homogénéité du corps des chercheurs a participé au silence sur la violence.
Conclusion de l'Auteur :
Le cours commence par une discussion de la manière dont les sciences sociales ont "éludé, évité, esquivé" la violence, tel un objet "sous leurs yeux omniprésente et inquiétante".
Cet examen rétrospectif critique est "indispensable" pour comprendre "la manière dont tout savoir est constitué", notamment en sciences sociales.
Pour comprendre les mondes sociaux, il faut analyser les disciplines qui en produisent la connaissance, avec leurs "point[s] aveugle[s] et leur[s] silence[s] troublant[s]", et donc leur "épistémologie de l'ignorance". Implications pour le Cours :
Le cours "Les formes de la violence" explorera la diversité de ces formes.
Il s'inscrit dans une trilogie avec "Les épreuves de la frontière" et "La faculté de punir", analysant la "face obscure des sociétés contemporaines" et "l'inégalité des vies".
Il mobilisera une large gamme de sources, s'appuyant sur les recherches passées de l'auteur (Sénégal, Équateur, Afrique du Sud, France, Venezuela, Irak, Palestine, etc.) et des travaux plus récents (situation israélo-palestinienne).
L'approche sera non pas d'une "théorie unifiée" mais de dégager des "lignes d'interprétation".
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NOTE DE SYNTHÈSE
Sujet : La production sociale des inégalités de santé : Le cas de la vaccination et de la crise COVID-19
Source : Extraits de "La production sociale des inégalités de santé (4) - Nathalie Bajos (2024-2025)" - Intervention de Jérémy Vart
Date : 2024-2025 (selon la source)
Introduction :
- L'intervention de Jérémy Vart, sociologue et chercheur à l'INSERM, s'inscrit dans une séance dédiée à la production sociale des inégalités de santé, en se focalisant spécifiquement sur les enjeux de vaccination, notamment dans le contexte de la crise COVID-19.
S'appuyant sur l'intensification récente des travaux en sciences sociales sur les rapports aux vaccins, l'analyse vise à contextualiser les observations faites pendant l'épidémie de COVID par rapport à d'autres vaccins et aux données antérieures à la crise.
L'exposé s'articule autour de trois paradoxes majeurs qui émergent de l'étude des "rapports ordinaires au vaccin", c'est-à-dire les processus de réflexion et de décision des usagers.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
- L'évolution de la recherche en sciences sociales sur la vaccination :
- Il y a eu un regain d'intérêt pour les maladies infectieuses et la vaccination dans les sciences sociales depuis la grippe AH1N1 en 2009-2010.
- La période COVID-19 a vu une intensification sans précédent de ces travaux, comme en témoigne l'augmentation significative du nombre de publications annuelles sur le sujet dans des bases de données comme PubMed.
- Ce développement a permis d'obtenir des analyses beaucoup plus fines et riches des inégalités sociales face à la vaccination.
- Cependant, malgré les progrès, de nombreuses questions nouvelles et sans réponses claires subsistent, soulevées par la combinaison de ces analyses et des transformations majeures du monde de la vaccination.
- Citation clé : "...on a vu euh un regain d'intérêt pour les maladies infectieuses et la et la vaccination et on a notamment vu une multiplication des travaux de de de sciences social sur les rapports ordinaires au vaccin euh et qui s'est encore plus intensifié pendant la période de de la COVID-19..."
Distinction Attitude/Comportement en matière de vaccination :
- Une distinction cruciale, bien que potentiellement simpliste, est faite entre ce que les gens font (comportement, souvent mesuré par la couverture vaccinale) et ce que les gens pensent (attitude, incluant les réflexions, doutes, changements d'avis).
- Cette distinction est fondamentale car elle met en évidence une disjonction fréquente : de nombreuses personnes se font vacciner malgré des doutes persistants, souvent sous l'effet de pressions sociales, notamment les dispositifs de contrainte et d'obligation (comme le pass sanitaire pendant le COVID-19).
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Inversement, des personnes favorables à la vaccination peuvent ne pas se faire vacciner en raison d'obstacles (matériels, temporels) ou d'un simple oubli lorsque l'intention n'est pas très forte.
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Citation clé : "...de nombreuses nombreuses personnes se font vacciner malgré la persistance de doute fort malgré le fait qu'ils n'ont pas été convaincus de l'utilité de tel ou tel vaccin on l'a notamment vu pendant l'épidémie de COVID-19 après la mise en place du du pass sanitaire..."
Gradient Social des Comportements Vaccinaux (Couverture Vaccinale) : * Le constat d'un gradient social de la vaccination contre le COVID-19 (les personnes en bas de l'échelle sociale étant moins vaccinées) est largement confirmé par de nombreuses études utilisant diverses données (enquêtes par questionnaire, analyses de couverture vaccinale). * Ce gradient n'est pas spécifique au COVID-19 ni à la période récente ; il existe sur d'autres vaccins (comme ROR, grippe) et était déjà observable avant l'épidémie de COVID, bien que les données COVID soient peut-être les meilleures pour étudier ces inégalités. * Ce gradient est également observé dans la plupart des pays qui publient des données sur le sujet, les plus diplômés et les plus aisés étant généralement davantage vaccinés. * Citation clé : "...cette sous-vaccination des publics en bas de l'échelle sociale elle est pas restreinte à la vaccination contre contre le Covid ... On la retrouve sur d'autres vaccins au cours de cette période du Covid..." * Mécanismes Expliquant le Gradient Social des Comportements : * Se faire vacciner nécessite de mobiliser diverses ressources : * Ressources matérielles : coût (même si le vaccin COVID était gratuit, d'autres ne le sont qu'à 70% par la sécurité sociale, laissant la question de l'avance des frais et des complémentaires santé), transport, mais surtout le temps et la disponibilité mentale. Le circuit de vaccination en France, notamment en médecine libérale (prescription, récupération, injection), repose une charge importante sur la personne. * Ressources culturelles : maîtrise des outils d'information, de la langue, connaissance du système de santé. La maîtrise de plateformes en ligne comme Doctolib a favorisé l'accès des plus aisés. * L'offre vaccinale : La manière dont le système de santé prend en compte (ou non) ces différences d'accès est cruciale. Les facteurs favorisant de fortes couvertures vaccinales observés dans d'autres pays incluent : * L'organisation du système de soins autour de centres de santé locaux (guichet unique, association de la vaccination à d'autres prises en charge). * Le développement d'actions ciblées pour les publics éloignés du système de santé (partenariats communautaires, adaptation de la communication, y compris linguistique). * Paradoxe 1 : L'efficacité de la routine institutionnelle (la dissolution de la décision individuelle) : * L'efficacité de la vaccination en centres de santé (comme les PMI en France, fréquentées par des publics plus défavorisés mais dont les enfants sont mieux vaccinés) suggère que la réduction des inégalités passe moins par l'augmentation des ressources des individus pour en faire des "citoyens sanitaires éclairés" que par la simplification et la routinisation de l'acte vaccinal. * Une politique vaccinale est d'autant plus efficace que l'usager a le moins besoin de s'investir. La vaccination par défaut, intégrée à une prise en charge globale et ne nécessitant pas un investissement cognitif important, minimise le rôle de la décision individuelle. * Des études anciennes (comme celles de Marenko et Govedarik sur les PMI de Rennes dans les années 70) ont montré que des publics très défavorisés, peu informés sur les vaccins, avaient leurs enfants très bien vaccinés car l'acte était rendu "évident, voire invisible" au sein d'une prise en charge de confiance et régulière. * Citation clé : "...le succès de la vaccination en centre de santé nous rappelle aussi qu'une politique vaccinale elle est d'autant plus efficace que l'usager a le moins besoin de s'investir dans celle-ci la politique vaccinale elle est jamais aussi efficace que lorsqu'elle est routinisée et que l'usager n'a que peu de décisions à prendre..." * Gradient Social des Attitudes Vaccinales : * Un gradient social des attitudes (défiance, hésitation) à l'égard de la vaccination COVID est également observé dans de nombreuses enquêtes. Ce gradient est fortement lié aux "mauvaises expériences et au manque de confiance à l'égard des acteurs investis dans les politiques vaccinales", comme l'a souligné Nathalie Bajos. * Cependant, ce gradient social des attitudes n'est pas toujours retrouvé sur d'autres vaccins ou dans d'autres pays. Les Baromètres Santé de Santé publique France montrent que les différences d'attitude selon le diplôme et le revenu étaient faibles, voire inexistantes, avant 2009, se renforçant après, et surtout à partir de 2017-2018 et pendant le COVID-19. * Paradoxe 2 : L'acceptation malgré la défiance institutionnelle : * Ce paradoxe réside dans le fait qu'une large part des personnes ne faisant pas confiance aux décideurs politiques et aux autorités de santé "épargnent les vaccins de leur regard critique" ou, du moins, ont une confiance suffisante pour certains vaccins. * Les données d'enquête montrent que même parmi les personnes déclarant ne pas avoir du tout confiance dans les agences de santé, une minorité seulement est défavorable aux vaccins en général, et encore moins à des vaccins spécifiques comme le ROR. * Ce paradoxe renvoie aux analyses de Beck et Giddens sur la confiance dans la modernité : face à la complexité des risques, l'enjeu est de savoir sur quels sujets être vigilant, car il est impossible de se méfier de tout. Les mobilisations, débats publics et l'actualité médiatique jouent un rôle crucial en signalant les sujets "problématiques". * L'émergence de controverses publiques visibles sur les vaccins en France est relativement récente (fin des années 90 pour l'hépatite B, intensification depuis H1N1 en 2009) et semble être un élément essentiel pour que les inégalités sociales se reflètent dans les perceptions vaccinales. * Citation clé : "...une grande partie des personnes qui ne font pas confiance aux décideurs politiques euh et aux autorités de santé épargne les vaccins de leur de leur regardard critique de leurs doutes de leur méfiance..." * La politisation de la vaccination : * Dans les années précédant la crise et pendant celle-ci, les personnalités politiques ont de plus en plus pris part aux débats sur la vaccination, intégrant la question dans la compétition partisane. * Cela se reflète dans les attitudes du public : depuis environ 2018, un gradient politique des rapports aux vaccins est observé. Pendant le COVID-19, les personnes se sentant proches des partis d'extrême gauche ou d'extrême droite, ainsi que celles ne se sentant proches d'aucun parti, ont montré des intentions de vaccination et des taux de vaccination inférieurs à ceux proches du centre (qui montrent une "sur-vaccination"). * Ces différences persistent même en contrôlant d'autres facteurs socio-démographiques (âge, éducation, revenu). La confiance institutionnelle et le degré d'engagement politique sont des facteurs très importants d'hésitation. * Cette politisation redouble les logiques d'inégalité en recoupant les inégalités de santé avec des inégalités politiques. * Le rôle des pratiques informationnelles et le "manque de culture scientifique" : * L'idée courante selon laquelle les doutes s'expliquent par le manque de culture scientifique (un "gradient de compétences culturelles/cognitives") est examinée. * Le diplôme est associé à plus de vaccination et d'attitudes favorables. Des indicateurs de littératie en santé ou scientifique sont également associés à moins d'hésitation vaccinale dans certaines études. * Cependant, ce lien est à tempérer : * Ces variables perdent beaucoup de leur pouvoir explicatif lorsqu'on intègre la confiance dans l'analyse. Les différences d'éducation cachent en partie des différences de niveau d'engagement politique et de confiance institutionnelle. * Le diplôme n'est pas un "bouclier parfait" : l'hésitation vaccinale est répandue, même parmi les plus diplômés (une part significative des Bac+3 et Bac+5 avaient des doutes ou n'avaient pas l'intention de se faire vacciner contre le COVID-19 à certains moments). * Paradoxe 3 : Les ressources culturelles peuvent favoriser la susceptibilité aux discours critiques : * Les femmes ont tendance à être plus hésitantes que les hommes en matière de vaccination. Ceci n'est pas lié à un manque de compétences, mais potentiellement à leur "plus grande propension à s'investir sur les questions de santé", à s'y intéresser, à s'informer auprès de diverses sources. * Ces dispositions, qui devraient en principe favoriser une attitude favorable, peuvent jouer en sens inverse en les rendant plus susceptibles de croiser des discours critiques sur les vaccins et d'y voir un écho (références à des scandales passés, inégalités sociales de santé, etc.). * Il existe des formes "très compétentes" d'hésitation vaccinale. Une logique d'investissement dans la santé ("healthism" ou "santéisme"), combinée à une confiance limitée dans les acteurs de santé publique, peut produire autant de réticence que l'absence d'investissement. * La "désinformation" ne se réduit pas à une distinction claire entre vrai et faux. Les critiques des vaccins imitent souvent les modes de communication scientifique, rendant la frontière floue pour le public. Le choix de croire l'un ou l'autre repose finalement sur la confiance accordée aux institutions et aux types de sources d'information consultées. * Citation clé : "...dans certains cas c'est au contraire le fait même de disposer des ressources euh qui euh favorisent la susceptibilité au discours critique des vaccins..." * Conclusion : Nécessité d'articuler inégalités sociales, pratiques culturelles et transformations médiatiques : * La littérature sur la désinformation s'est trop focalisée sur les connaissances et capacités cognitives, ce qui a conduit à une "dissolution de la thématique des inégalités sociales". * Comprendre la désinformation et le rôle des réseaux sociaux nécessite de replacer ces dimensions dans un cadre d'analyse plus large qui articule les inégalités sociales, les pratiques culturelles (socialement situées, liées aux socialisations de classe, genre, race), et une analyse fine de la transformation des espaces médiatiques (y compris l'émergence de médias mainstream d'extrême droite diffusant de fausses informations). * Ne pas adopter cette perspective risque de retomber sur des "tropes qui assignent le public à l'irrationalité", ce qui renforce le fossé perçu entre décideurs et public et contribue davantage au problème qu'à sa solution.
Points Importants à Retenir :
- Les inégalités sociales dans la vaccination sont un phénomène bien établi en France et ailleurs, non spécifique au COVID-19.
- La disjonction entre attitudes et comportements est importante : le comportement vaccinal est influencé non seulement par les croyances mais aussi par les pressions sociales et les obstacles d'accès.
- L'efficacité de la vaccination peut résider moins dans la facilitation de la décision individuelle éclairée que dans la routinisation et l'intégration de l'acte dans une prise en charge globale simplifiée.
- Le gradient social des attitudes vaccinales en France est un phénomène relativement récent, lié à l'émergence de controverses publiques et à la politisation du sujet.
- La défiance institutionnelle n'implique pas nécessairement une défiance envers tous les vaccins ; les mécanismes de confiance sélective et l'influence des débats publics sont cruciaux.
- Les ressources culturelles et l'engagement sur les questions de santé peuvent, paradoxalement, augmenter la sensibilité aux discours critiques sur les vaccins.
- Une compréhension adéquate des rapports à la vaccination et de la "désinformation" nécessite d'intégrer les dimensions d'inégalités sociales, de pratiques culturelles et de transformation des espaces médiatiques, au-delà d'une simple focalisation sur les connaissances ou les capacités cognitives individuelles.
Implications pour la Prévention et les Politiques Publiques :
- Les politiques vaccinales devraient davantage cibler la simplification de l'accès et la routinisation de l'acte, en s'inspirant potentiellement du modèle des centres de santé locaux.
- La communication doit être adaptée aux divers publics, en tenant compte des barrières linguistiques et culturelles, ainsi qu'en s'appuyant sur des acteurs communautaires de confiance.
- Il est crucial de comprendre les mécanismes complexes par lesquels la défiance et les controverses s'articulent avec les inégalités sociales et les pratiques informationnelles pour mieux y répondre.
- Éviter les discours qui essentialisent la "désinformation" et stigmatisent le public en termes d'irrationalité ou de manque de savoir.
- Cette note de synthèse vise à capturer l'essence de l'intervention de Jérémy Vart, en soulignant les principaux arguments et les paradoxes qu'il met en évidence pour enrichir la compréhension des rapports sociaux à la vaccination.
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Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:29:01][^2^][2]:
Cette vidéo présente une conférence de Pierre-Michel Menger sur l'éducation et l'évaluation des performances, avec un accent particulier sur l'orientation scolaire et les inégalités sociales qui en découlent.
Pascal Bressoux, professeur à l'Université Grenoble Alpes, discute des facteurs individuels, institutionnels et contextuels qui influencent les parcours scolaires des élèves, notamment les choix d'orientation et leur relation avec le statut socio-économique.
Points saillants: + [00:02:31][^3^][3] Les choix d'orientation * Influencés par les aspirations familiales et les schémas établis * Différences notables selon la catégorie sociale et le sexe des élèves * Phénomène d'autosélection où certains groupes sociaux limitent leurs ambitions + [00:07:04][^4^][4] Facteurs déterminant l'orientation * Travaux de recherche soulignant l'importance des aspirations personnelles * Influence des coûts, des risques et des bénéfices perçus dans la poursuite des études * Sous-estimation de la valeur scolaire personnelle affectant les choix d'orientation + [00:14:07][^5^][5] Étude empirique sur l'orientation en fin de 3e * Analyse des déterminants de l'orientation après le collège * Impact des recommandations du collège sur les vœux d'orientation des familles * Rôle des notes de contrôle continu et de l'indice social dans les décisions d'orientation + [00:20:11][^6^][6] Influence des notes et de l'origine sociale * Les notes en art et technologie ont un effet inverse sur les intentions d'orientation * Les enfants de catégories sociales élevées ont plus de chances de choisir une seconde générale * Les recommandations des collèges tentent de compenser les tendances d'autosélection
Résumé de la vidéo [00:29:03][^1^][1] - [00:36:31][^2^][2]:
Cette partie de la vidéo aborde l'éducation et l'évaluation des performances en France, en se concentrant sur l'impact de l'origine sociale sur les recommandations scolaires et les choix d'orientation des élèves.
L'orateur, Pierre-Michel Menger, examine comment les indices sociaux influencent positivement les recommandations et les vœux des élèves, même à notes et intentions identiques, renforçant ainsi les inégalités sociales.
Points forts: + [00:29:03][^3^][3] Influence de l'origine sociale * À notes identiques, les recommandations favorisent les élèves de milieux sociaux élevés * Les élèves de catégories favorisées reçoivent plus de recommandations pour la seconde GT * L'institution accentue les biais sociaux existants + [00:31:19][^4^][4] Impact sur les vœux d'orientation * Les vœux sont également influencés par l'origine sociale après les recommandations * Les élèves de milieux favorisés ont tendance à établir des vœux plus ambitieux * Les différences sociales s'accroissent tout au long du processus d'orientation + [00:32:58][^5^][5] Effets contextuels des collèges * Les politiques de notation des collèges affectent les intentions et les vœux des élèves * L'effet "Big Fish Little Pond" influence la perception de soi et les aspirations futures * La composition sociale des collèges a un effet de contagion sur les aspirations des élèves
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Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:21:12][^2^][2]:
La vidéo présente une analyse approfondie de la méritocratie, en se concentrant sur les grandes écoles et les classes préparatoires scientifiques en France. Pierre-Michel Menger discute des inégalités d'accès basées sur le genre et l'origine sociale, et explore le fonctionnement interne de ces institutions élitistes.
Points forts: + [00:00:28][^3^][3] Les grandes écoles et la méritocratie * Examen des concours nationaux comme mécanisme de sélection * Importance historique et universelle des concours + [00:02:16][^4^][4] Avantages et inconvénients des concours * Objectivité et transparence des critères de sélection * Risques liés à la conception des concours et à la chance + [00:03:01][^5^][5] Le rôle de la chance dans la méritocratie * Influence de facteurs aléatoires sur les résultats des concours * Distinction entre mérite et chance dans le succès + [00:06:18][^6^][6] Inégalités dans les classes préparatoires * Accès inégal aux préparations de concours * Hiérarchie et émulation au sein des classes préparatoires + [00:11:09][^7^][7] Classes de niveau et redoublement * Sélection des élèves pour les classes étoilées après la première année * Impact des classes de niveau sur les opportunités et les inégalités + [00:14:27][^8^][8] Classes de niveau et performance éducative * Débat sur l'efficacité des classes de niveau dans l'éducation * Conséquences des classes de niveau sur le classement final des élèves Résumé de la vidéo [00:21:15][^1^][1] - [00:43:18][^2^][2] : La vidéo aborde la méritocratie dans le système éducatif français, en se concentrant sur les classes préparatoires et leur impact sur les inégalités sociales. Pierre-Michel Menger analyse les résultats des concours d'entrée aux grandes écoles et la répartition des élèves selon leur statut socio-économique.
Points forts : + [00:21:15][^3^][3] Les résultats des concours * Les boursiers sont en moyenne plus en difficulté * Les non-boursiers ont tendance à mieux réussir * Questionnement sur le système de classes préparatoires et son rôle dans la création d'inégalités + [00:22:01][^4^][4] Caractéristiques des élèves * Fort pourcentage d'élèves avec mention très bien au bac * Peu de filles et de boursiers dans les classes préparatoires * Accès aux internats et entraînements supplémentaires + [00:26:04][^5^][5] Répartition en classes étoilées * Les élèves étoilés ont un taux de réussite plus élevé aux concours * Question sur l'effet causal de la répartition en classes étoilées * Impact significatif de l'accès aux classes étoilées sur les résultats aux concours + [00:38:00][^6^][6] Inégalités entre boursiers et non-boursiers * Les boursiers accèdent moins aux classes étoilées * L'écart de réussite aux concours est en partie expliqué par cet accès limité * Importance de considérer l'effet des classes étoilées sur les inégalités sociales Résumé de la vidéo [00:43:20][^1^][1] - [00:49:30][^2^][2]:
Cette partie de la vidéo discute de la méritocratie dans le contexte des classes préparatoires en France, en se concentrant sur l'institution du redoublement et son impact sur les résultats des concours, en particulier le concours Mines-Ponts. Pierre-Michel Menger analyse les données et révèle des différences de genre dans les taux de redoublement, ainsi que l'attitude des étudiants envers les hiérarchies des écoles d'ingénieurs.
Points saillants: + [00:43:20][^3^][3] Le redoublement et son impact * Le redoublement a un impact positif sur les résultats en 3e année * Les filles redoublent moins que les garçons * Les non-boursiers redoublent plus que les boursiers + [00:45:30][^4^][4] Les résultats au concours Mines-Ponts * Les résultats varient selon les écoles et les rangs obtenus * Le redoublement peut améliorer significativement les rangs * L'admissibilité est fortement influencée par le redoublement + [00:47:00][^5^][5] Les différences de genre dans la persistance * Les filles montrent moins de persistance dans les environnements compétitifs * Les garçons sont plus sensibles aux hiérarchies des écoles * Les filles sont moins attachées aux hiérarchies entre écoles
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Briefing Document : Journée Jean Zoro 2024 – « Quelle EPS voulons-nous ? » (Présentation du Groupe ÉPIC)
Date : 2024 Source : Extraits de "C. Albertini, J. Candat & L. Lacoste (ÉPIC) : Journée Jean Zoro 2024 « Quelle EPS voulons-nous ? »"
Présentateurs : Cyril Albertini, Julien Candat, Lucy Lacoste (Groupe ÉPIC)
Objet : Présentation de la vision et de la démarche du groupe ÉPIC pour l'éducation physique et sportive (EPS) de demain, en réponse à la thématique de la journée.
1. Introduction du Groupe ÉPIC
- Le groupe ÉPIC (Éducation Physique et Innovation Pédagogique et Culturelle) célèbre ses 10 ans d'existence en 2024.
- Il est composé de 15-16 membres actifs et a publié deux ouvrages et environ 70 articles.
- La présentation est assurée par trois membres aux profils variés (ancienneté, milieu d'exercice, rôles au sein du groupe) afin de croiser les perspectives.
- Le groupe se nourrit des échanges avec d'autres groupes et approches en EPS (groupe coopération, groupe analyse de pratique, notamment L. Gosman et N. Terré, groupe plaisir). Ils soulignent l'importance de cette synergie collective au sein de l'EPS.
2. Constats et Aspirations pour l'École de Demain et l'EPS
Le groupe ÉPIC identifie trois pistes de réflexion majeures pour l'EPS de demain, découlant de constats sur l'école actuelle :
Une école bienveillante mais pas toujours exigeante pour tous :
L'objectif est de "stimuler vraiment les élèves qui sont compétents à l'école afin de porter chacun et chacune à son plus haut niveau de talent et de son mérite". Cela passe par :
- La différenciation pédagogique.
- "L'enjeu qui nous échère sur l'évaluation exigeante et bienveillante avec nos [attendus et seuils]".
- Le suivi des élèves.
- Nécessité de stabilité et de continuité des programmes : Face à une "valse ministérielle", le groupe souhaite une école "stable et réfléchie sur l'intégralité du parcours". Ils notent positivement la stabilité actuelle des programmes collège (depuis 2015) et lycée (depuis 2017 et 2019). Cependant, ces programmes doivent rester "ouverts" et servir de "guide" et d'"appui", non de "prescription" fermée.
- Une école respectée : Le manque de respect (entre élèves, envers l'enseignant, au sein de la communauté éducative, et de la part des parents) est une préoccupation majeure. L'EPS doit être un "sanctuaire" et rester "imperméable à certains comportements d'incivilité de la société".
3. L'Évaluation au Cœur de la Démarche ÉPIC : L'Évaluation Légitime au Service des Apprentissages
L'évaluation est un concept central pour le groupe. Ils visent une "évaluation légitime et qui doit être au service des apprentissages".
- Clarté des attendus : Il est crucial de se demander "que peut-on raisonnablement attendre de nos élèves dans notre contexte dans cette classe dans tel [activité] par rapport à un niveau de séquence". Cela nécessite de définir un "dispositif un protocole et des indicateurs".
- Sortir de l'évaluation sanction : Aller vers une évaluation "lisible, positive et compréhensible et au service des apprentissages".
- Légitimité de l'évaluation : La légitimité de leur approche d'évaluation repose sur deux points :
- Des évaluations menées avec des "recherches action de terrain" ("conception continuée dans l'usage").
- La validation des processus d'évaluation par une "analyse" collective (souhait de collaboration avec le groupe analyse de pratique).
- Appui sur les textes officiels et les recherches : La démarche s'inscrit dans la continuité des lois de 2013 et 2019 ("évaluer pour faire progresser pour accompagner l'élève"). Ils se réfèrent également aux rapports DEPP, enquêtes et rapports IG qui soulignent l'impact négatif de l'anxiété et du stress sur les apprentissages (effets "toxiques" sur les structures cérébrales comme le cortex préfrontal et l'hippocampe, impacts sur l'estime de soi).
4. Laisser des Traces Positives et Stimuler la Mobilisation
L'évaluation doit aussi permettre de "laisser des traces positives aux élèves par également l'évaluation".
- Traces d'apprentissage : Révéler les "lignes de faille" et les "lignes de force" à travailler, guider vers des tâches simples via le score en situation complexe.
- Plaisir différé et progression : Le score et les indicateurs permettent à l'élève de "se voir progresser tout au long de la séquence d'enseignement". Ce "retour d'information réguliers" apporte du "sens aux élèves dans les apprentissages".
- Concordance de sens et mobilisation : En lien avec le groupe Plaisir, la concordance de sens ("ils savent quelles sont leurs lignes de faille qu'il va falloir travailler pour progresser") procure "plaisir et engagement".
- Pédagogie de la mobilisation : Diminuer les contraintes, tendre vers l'"autodétermination", offrir des "possibilités de choix plutôt que des contraintes à respecter qui sont source du coup d'affect positif et stimulent l'implication des élèves". Lien avec la théorie de l'autodétermination de Deci et Ryan (besoin d'autonomie).
- Mise en résonance des élèves : S'appuyer sur les travaux de Rosa (qu'est-ce qui "résonne" chez l'élève, le fait retourner vers l'activité physique) et Jaspers (phénoménalité existentielle). Distinguer ce qui "vibre" (plaisir immédiat, expérience mémorable) de ce qui "frotte" (rapport à l'effort, plaisir différé).
- Effets fertiles : Dépasser les effets toxiques pour aller vers des effets "fertiles positifs" en mobilisant des hormones positives comme l'ocytocine (connaissance de soi, réduction du stress), l'endorphine (plaisir, analgésie), la sérotonine (tolérance à la douleur et aux autres, empathie) et la dopamine (dépassement de soi, motivation).
5. Les Outils ÉPIC
Le groupe ÉPIC a développé quatre formes d'outils pour mettre en œuvre sa démarche d'évaluation par indicateur de compétences : "indicants", "visuels", "combinatoires", et "radars".
- Articulation des dimensions de la compétence : Les outils intègrent les trois dimensions (motricité, méthodologie, social) à travers trois "fils" (rouge pour le moteur, bleu pour le méthodologique, vert pour le social).
- Hiérarchisation locale et contextualisée des fils : L'importance relative de ces fils varie en fonction du contexte d'enseignement (collège/lycée, public d'élèves, activité, niveau de séquence) et de la "fibre d'enseignant". L'exemple de l'escalade en 6ème est donné où la sécurité (fil bleu méthodologique) est prioritaire, alors qu'en rugby (CA4 collectif), le fil rouge moteur prend une plus grande importance. Cette hiérarchisation doit être "réfléchie et consciente".
- Progressivité adaptée et individualisée (Fil Rouge Moteur) :Constat de frustration en tant qu'élève (situations trop faciles ou trop difficiles).
- Passer d'une progressivité "programmée" à une progressivité adaptée aux besoins "révélés par le score".
- Proposer des situations qui mettent en "réussite dès le départ" pour construire l'estime de soi et la confiance, avant d'introduire des difficultés croissantes.
- Organisation par "atelier de besoin" où les élèves, guidés par le score en situation complexe, travaillent en autonomie sur des "tâches simples".
- Exemple de la natation en 5ème avec l'utilisation d'indicateurs combinatoires (temps et coups de bras) pour identifier les problèmes majeurs et orienter vers des situations d'apprentissage spécifiques.
- Passer d'un "prof magistral descendant" à un "prof satellite" qui accompagne les groupes de besoin.
- Débat sur la "performance brute" (motricité) versus l'"autoréférencement" (progression individuelle).
- Articulation avec les "formes de pratique scolaire" et les "objets d'enseignement" définis par le CRÈS.
- Méthodologie d'indicateurs et outils (Fil Bleu Méthodologique) :Les programmes scolaires et les domaines (notamment le domaine 2) guident le choix des "méthodes" qui deviennent les indicateurs.
- Développement d'indicateurs 1.0 (plutôt axés motricité et méthodologie) et 2.0 (articulant les trois fils).
- Création d'outils physiques (ex: scoreur plastifié en badminton) pour accompagner les élèves dans l'observation et l'attribution de points, rendant l'évaluation tangible et favorisant l'engagement et la compréhension des critères.
- Développement d'outils en partenariat avec Équipe EPS pour une diffusion plus large.
- Anachronisme des propositions / Paradoxe générationnel : Un jeune enseignant (Julien) développe des outils physiques (tablette physique), tandis qu'un enseignant expérimenté (Cyril) développe des outils numériques (algorithmes, radar). Cela illustre qu'il n'y a pas une seule "bonne solution", mais que le choix dépend du "contexte qui nous organise" et de la "fibre d'enseignant".
- L'outil Radar (Exemple en Natation Sauvetage) :Outil numérique pour "gagner en précision et gagner en temps" et "se libérer du temps pour être au contact de mes élèves".
- Permet de travailler l'"éducation au choix" en lycée.
- Simule des scénarios complexes (ex: sauvetage en mer avec clapot).
- L'élève (et son observateur/tuteur) se positionnent sur quatre axes (indicateur d'impact scénario, mental, musculaire, respiratoire).
- Cela "colore" l'"indicateur de compétence" central, indiquant le niveau d'engagement possible ("peut s'engager raisonnablement mais que ça reste difficile").
- Aide l'élève à "séquencer sa prise de décision" en fonction de ses ressentis, pour dépasser l'émotionnel et prendre des décisions "réfléchie, la plus rationnelle possible" (s'engager ou renoncer), en lien avec le CA2.
- Lien avec les "expériences corporées culturelles" (ECC2) du CRÈS et le "plaisir de pratiquer" (expériences mémorables à partager).
- L'indicateur 2.0 (Exemple en Danse) :"Entremêle les trois fils" (moteur, méthodologique, social).
- Utilise un score (ex: 1 10 100) pour révéler les "lignes de force" et les "obstacles".
- Concept d'"aiguillage" : étayage (ressources extérieures) ou guidage (dépendant de l'enseignant) pour aider l'élève.
- L'objectif est que l'élève "accepte de demander de l'aide à l'enseignant".
- Exemple du 344 en danse en collège difficile : utilisation d'un score (unités = cadre de composition, dizaines = lisibilité de l'intention/motricité, centaines = effet sur le spectateur) pour identifier les besoins et proposer des situations d'apprentissage spécifiques (ex: "odsédomaire" pour créer un "moment fort" et gagner des points).
- Dynamique des "3 CP" : clarifier, comprendre, se confronter pour progresser.
- Apport méthodologique dynamisant le moteur et le social par une "observation outillée".
- Relation d'"interdépendance fonctionnelle" : Moteur x Méthodologique x Social = Moteur au cube.
- Focus sur l'"entraide" et l'"empathie" comme valeurs fondamentales. Utilisation d'outils pour communiquer "positivement et constructivement" sur des indicateurs précis.
- Situations d'apprentissage purement sociales (Fil Vert Social) :Constat du manque d'apprentissage de l'arbitrage en tant qu'élève.
- Plaidoyer pour des "situation d'apprentissage purement sociale" car on y gagne "à apprendre à nos élèves aussi à devenir arbitre".
- L'objectif est de dépasser l'"insatisfaction professionnelle" liée au manque de compétence en arbitrage et la peur du jugement des pairs.
- Utilisation d'outils numériques (PowerPoint, Rush) pour créer une "application" d'apprentissage de l'arbitrage en sport collectif (ex: Ultimate), avec des scénarios, un compte à rebours de réflexion, sélection de réponse et correction.
- Cela crée une "interdépendance fonctionnelle" en créant le "besoin de l'autre", pas seulement parce que c'est institutionnel, mais parce qu'il y a un "intérêt" fonctionnel.
- Mise en œuvre des "compétences psychosociales" (cognitif, émotionnel, social) dans le cadre des cours d'EPS.
6. Préoccupations et Souhaits (Notamment sur les Inaptitudes)
- Ce qui "gratte" et ce qui "pique" les enseignants : Le manque de respect "gratte", les "conduites d'évitement" et les inaptitudes "piquent".
- Problème des inaptitudes et certificats médicaux : Constat de la facilité d'accès aux certificats médicaux (via la famille, etc.) et des "inaptitudes plus ou moins bien remplies". Ces certificats datent de 1989.
- Souhait de renforcer les "aptitudes partielles".
- Plaidoyer pour l'EPS "en plus" : Notamment pour les élèves qui en ont le plus besoin, mobilisant les heures d'accompagnement personnalisé, sur le modèle du "sport sur ordonnance" dans la société civile.
- Exemple de la natation et des inaptitudes : Difficulté rencontrée avec les allergies au chlore, avec un taux d'inaptitude élevé en début d'année. Stratégie de proposer des cours en mer comme alternative.
- Appel à l'aide / Souhait : Faire en sorte que la validation des inaptitudes sorte des mains du "médecin de famille qui est obligé de répondre aux attentes de ses clients" pour aller vers un "médecin dermatologue réel" (tests d'allergie) ou un "médecin du sport qui sera un peu plus regardant".
7. Conclusion
Le groupe ÉPIC propose une vision de l'EPS de demain centrée sur une évaluation au service des apprentissages, légitime, positive et compréhensible.
Leur démarche, soutenue par des outils concrets, vise à stimuler la mobilisation des élèves en créant du sens, en favorisant l'autonomie et l'entraide, et en prenant en compte les dimensions motrice, méthodologique et sociale de la compétence de manière contextualisée. Ils soulignent l'importance de la collaboration avec d'autres acteurs de l'EPS et expriment des préoccupations quant aux défis rencontrés sur le terrain, notamment les questions de respect et de gestion des inaptitudes.
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Briefing sur le programme d'Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et à la Sexualité (EVARS)
Contexte et Objectifs
Ce briefing est basé sur un podcast produit par l'Institut des hautes études de l'éducation et de la formation (I2F), abordant l'éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité (EVARS) en milieu scolaire en France.
L'émission met en lumière l'historique, les enjeux, le nouveau programme et sa mise en œuvre.
L'éducation à la sexualité en milieu scolaire est une préoccupation du Ministère de l'Éducation depuis plus de 50 ans, jalonnée par des événements importants comme Mai 68, les lois sur la contraception (1967) et l'IVG (1975), et la circulaire Fontana (1973).
Un tournant majeur a été la loi de 2001 sur l'IVG, instaurant l'obligation de trois séances annuelles d'éducation à la sexualité par tranche d'âge.
Le contexte actuel, marqué par le développement des réseaux sociaux, l'accès facile à l'information (et à la désinformation), le partage d'images sexuellement explicites, l'accès à la pornographie, et la prise de conscience accrue des violences sexuelles (y compris intrafamiliales et entre jeunes, avec des statistiques alarmantes sur les agressions sexuelles d'enfants et de jeunes), a souligné la nécessité de réinterroger la mise en œuvre de ces séances.
Le constat a été fait que ces trois séances annuelles ne sont pas totalement mises en place sur le terrain.
L'Inspection Générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche a identifié la clarification des objectifs de formation des élèves comme un levier essentiel.
C'est dans ce cadre que le Ministre a souhaité l'élaboration d'un programme spécifique.
Le Nouveau Programme EVARS
Le nouveau programme EVARS, élaboré par le Conseil Supérieur des Programmes et fortement soutenu (voté 60 voix pour et 0 contre au Conseil Supérieur de l'Éducation fin janvier 2025), vise à clarifier les objectifs de formation des élèves de la maternelle au lycée.
Il a été conçu avec un large éventail d'experts et a fait l'objet d'une consultation nationale.
Ses intentions principales, clarifiées dans le préambule, visent à trouver un équilibre entre les enjeux de citoyenneté et de santé.
Le programme encourage le développement de l'esprit critique des élèves pour construire des relations respectueuses et acquérir des connaissances scientifiques objectives leur permettant de faire des choix éclairés pour leur santé et celle des autres.
Le programme est décliné en :
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Éducation à la vie affective et relationnelle pour le premier degré (maternelle et élémentaire), axée sur les émotions et les relations.
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Éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité pour le second degré (collège et lycée), incluant des questionnements plus avancés adaptés à l'âge et à la maturité des élèves.
Il est structuré autour de trois grands axes, présents de la maternelle au lycée :
- Se connaître, vivre et grandir avec son corps.
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Construire des relations, s'y épanouir.
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Trouver sa place dans la société, s'y sentir libre et responsable.
Ces axes sont déclinés en objectifs d'apprentissage par tranche d'âge, avec un souci de progressivité.
Un tableau synoptique est proposé pour visualiser ces objectifs et inspirer les personnels.
Points de Vue et Enjeux Clés
- Sociologie et Utilité des Programmes :
Yael Am Salem Mingi, sociologue, souligne que les pays ayant mis en place l'éducation à la sexualité en milieu scolaire légitiment ces questions et la reconnaissance sociale de la sexualité des jeunes.
Cela permet une prévention des violences (intrafamiliales, sexuelles) et facilite l'accès à l'information sur la contraception, les relations, et la place des jeunes.
Les pays prônant l'abstinence ont de moins bons résultats en matière de grossesses adolescentes et d'IST. L'éducation à la sexualité a des effets positifs sur la connaissance et les pratiques.
- Point de Vue des Élèves :
Les élèves considèrent l'école comme un espace légitime pour parler de la vie affective, relationnelle et sexuelle, à condition que l'école ne juge pas leur comportement, écoute leurs questionnements et adapte le discours. Ils attendent de l'école des informations scientifiques et documentées, pas des jugements de valeur.
Les questionnements évoluent avec l'âge, allant de "c'est quoi l'amour ou l'amitié" au premier degré à la définition de termes liés à la sexualité à l'adolescence (pansexualité, plurisexualité, LGBTQ+).
Ils veulent un langage collectif et une définition collective des termes.
- Intégration et Adaptabilité :
Le programme est conçu pour être inclusif et s'adapter aux questionnements spécifiques de chaque classe et groupe d'élèves, influencés par le contexte géographique, social et de genre.
Il peut être décliné dans différentes matières (arts plastiques, musique, sport, français, SES, SVT, etc.) et à différents niveaux, soulignant son lien avec les autres disciplines et la promotion de l'égalité et des rapports de genre.
- Postulat des Pratiques :
Yael Am Salem Mingi précise que les élèves ne souhaitent pas que l'école aborde les pratiques sexuelles, considérées comme relevant de la sphère intime.
En revanche, ils attendent des outils pour la lecture critique de contenu, notamment sur les réseaux sociaux, pour discerner le vrai du faux.
- Rôle des Personnels et Mise en Œuvre :
L'EVARS est l'affaire de tous les personnels de l'éducation nationale. La co-animation est encouragée là où elle est possible pour croiser les regards.
Il est essentiel de réfléchir à la posture de l'enseignant.
Les chefs d'établissement et directeurs d'école ont un rôle déterminant dans le pilotage, la constitution d'équipes, la désignation éventuelle de référents, l'organisation de la formation et la gestion des partenariats (associations agréées, de préférence au second degré, avec un travail préparatoire conjoint et une co-animation).
- Freins et Leviers :
Les freins incluent les peurs de certaines familles et des défis organisationnels.
Les leviers incluent l'existant (ce qui est déjà fait), l'appui des pilotes académiques, des directeurs d'école et chefs d'établissement, les référents égalité, et les instances (conseils de maître, conseils d'école, conseils école-collège).
La conscientisation des personnels sur l'enjeu de santé publique et la nécessité de fournir des repères aux élèves sont cruciales.
- Mise en Œuvre Opérationnelle :
La mise en œuvre se traduit par des plans de formation pour les personnels.
Il s'agit d'accompagner les enseignants dans l'appropriation du programme et l'utilisation des ressources.
Dans le premier degré, l'organisation des séances est facilitée par le format classe unique pour l'enseignant.
Dans le second degré, la coordination est essentielle, impliquant les conseils pédagogiques et les CESCE (Comités d'éducation à la santé, à la citoyenneté et à l'environnement).
L'interdisciplinarité (lettres, philosophie, EPS, EMC, etc.) est un élément clé.
Les heures de vie de classe peuvent être mobilisées.
- Accompagnement et Formation :
L'accompagnement des personnels est une priorité.
Des groupes de formateurs experts existent dans les académies.
Des formations d'établissement et des parcours inter-degrés sont envisagés.
Des personnels ressources de proximité (infirmières, CPE, professeurs documentalistes, etc.) peuvent intervenir en co-animation.
Un plan national de formation et un parcours Magistère en ligne sont en cours de déploiement, complétés par des livrets de séances types.
- Communication :
La communication avec les familles est cruciale pour lever les appréhensions.
Le conseil d'école est une instance importante pour communiquer.
Il est essentiel de communiquer de manière positive sur la légitimité de l'école dans ce domaine, en soulignant qu'il ne s'agit pas d'aborder l'intime.
En cas de contestation ou de refus d'enseignement, il est important d'engager le dialogue, de rappeler l'obligation de cet enseignement et de s'appuyer sur les ressources académiques (cellules valeurs de la République).
Une page Eduscol dédiée et une page education.gouv.fr pour les familles sont disponibles, avec des éléments de langage, des plaquettes et une FAQ.
- Cadre Juridique :
Un point juridique rappelle que la notion de droit à la sexualité des mineurs n'est pas reconnue par les textes. La majorité sexuelle en France est fixée à 15 ans (article 227-25 du code pénal).
Toute relation sexuelle avec un mineur de moins de 15 ans est considérée comme une atteinte sexuelle, même si elle est consentie.
La loi du 21 avril 2021 a posé un seuil de non-consentement pour les mineurs de moins de 15 ans avec des majeurs et a renforcé la lutte contre l'inceste et la sexorsion.
Une clause dite "Roméo et Juliette" permet de préserver les relations entre mineurs de moins de 5 ans d'écart, sauf inceste, absence de consentement ou prostitution.
La notion de consentement valable implique plusieurs exigences cumulatives (volontaire, libre, éclairé, spécifique, réversible, exprimé, perçu).
Le contrôle des intervenants extérieurs est également mentionné comme un point délicat.
En Synthèse
L'introduction de ce programme marque une étape historique en France, offrant une opportunité institutionnelle précieuse pour l'éducation des élèves sur des sujets fondamentaux.
Il répond à un besoin criant de clarification et d'équité dans l'accès à cette éducation.
Au-delà de la prévention, le programme vise à développer la réflexion des élèves et à construire une culture commune sur ces sujets.
Sa mise en œuvre requiert une intelligence et une inventivité collectives, un accompagnement soutenu des personnels et une communication proactive avec les familles.
Il s'agit également d'un programme qui écoute les questionnements des élèves et leur offre un espace pour forger leur liberté.
Franck Durbage résume l'importance de ce programme comme une opportunité de "désinquiétude" pour les familles et les établissements privés, une chance pour la "culture" en offrant un espace de pensée et de réflexion, une occasion pour l'"intelligence collective" et l'"inventivité collective" des équipes pédagogiques, et un engagement envers la "liberté" des élèves en accueillant leurs questions et en leur permettant de cheminer.
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Note de Synthèse : Le Futur de la Construction - Espagne et France (ARTE)
Introduction
Ce document synthétise les points clés et les thèmes principaux abordés dans les extraits de l'émission "Le futur de la construction | Espagne et France" diffusée sur ARTE.
L'émission explore les défis urgents posés par le secteur de la construction, identifié comme "le plus grand pollueur de la planète" (40% des émissions de CO2, 60% des déchets mondiaux), et présente des solutions innovantes mises en œuvre à Barcelone et à Paris pour repenser l'urbanisme et l'architecture face au changement climatique.
Thèmes Principaux
- Impact Environnemental de la Construction et de l'Urbanisme Actuel :
Le secteur de la construction est un contributeur majeur à la pollution.
L'urbanisme centré sur la voiture a entraîné une "asphyxie" des villes par les gaz d'échappement et une saturation de l'espace. Les vagues de chaleur urbaines sont amplifiées par la densité du bâti et l'absence d'espaces verts.
- La Reprise de l'Espace Public à la Voiture :
Une "guerre de territoire" pour récupérer l'espace historiquement dédié à la voiture est en cours.
La piétonnisation, la limitation de vitesse et la création de pistes cyclables sont des stratégies clés.
- Modèles d'Urbanisme Alternatifs :
Les Super Blocs (Barcelone) :
Le concept de "Supermanas" ou Super Blocs vise à réduire drastiquement la place de la voiture et à redonner de l'espace aux habitants pour les loisirs, la marche et les interactions sociales.
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Le Réemploi et la Réhabilitation dans l'Architecture : Plutôt que de démolir et reconstruire, la réutilisation des bâtiments existants et de leurs matériaux est présentée comme une solution durable et respectueuse du patrimoine.
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La Végétalisation Massive des Villes :
Augmenter la quantité d'espaces verts, au sol et sur les toits, est essentiel pour améliorer le bien-être des habitants, lutter contre les îlots de chaleur urbains et absorber le CO2.
- La Résistance au Changement et l'Importance de la Preuve :
Les initiatives de transformation urbaine se heurtent souvent à une forte résistance, notamment des automobilistes et des commerçants.
Démontrer concrètement les bénéfices du changement est crucial pour l'acceptation.
Idées et Faits Importants avec Citations
- L'Urgence d'Agir face à l'Impact de la Construction : Le secteur de la construction est identifié comme une source majeure de problèmes environnementaux.
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"...le secteur de la construction est le plus grand pollueur de la planète il est à l'origine de 40 % des émissions de CO2 et de 60 % des déchets mondiaux..."
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Barcelone et les Super Blocs :
Face à une densité de population élevée et une "ville asphyxiée", Barcelone a mis en place le projet Supermana (Super Bloc) pour limiter la circulation automobile.
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"...la capitale catalane est la deuxième métropole la plus densément peuplée d'Europe la ville est asphyxiée depuis longtemps déjà par les gaz d'échappement des trop nombreuses voitures et motos..." "...Le projet pilote s'inscrit dans le plan Supermanana Super Block... L'objectif étant de réduire les émissions de CO2..."
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Principes des Super Blocs : Basé sur la théorie des réseaux orthogonaux, le modèle vise à concentrer le trafic sur des axes principaux pour libérer l'espace à l'intérieur des blocs.
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"...chercher à établir une formule permettant d'atteindre un bon équilibre libérer 70 % de l'espace en ne réduisant que de 15 % le trafic automobile..." "...d'après cette théorie les réseaux orthogonaux sont les plus efficaces en terme de système urbain..."
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Bénéfices des Super Blocs : Amélioration de la qualité de vie, augmentation des déplacements doux (marche, vélo), et réduction du trafic.
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"...les superhéros offrent ainsi aux habitants une qualité de vie inédite en plein cœur de la ville les gens sourent plus ils sont plus heureux..." "...en 2023 on a pu constater que le nombre de véhicules en circulation à Barcelone avait déjà diminué de 25 % et dans le même temps le taux de déplacement à pied avait lui augmenté de 25 %..."
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La Réutilisation dans l'Architecture Durable (Barcelone, Sala Beckett) : L'exemple de la Sala Beckett à Poblenou démontre comment la réhabilitation d'un bâtiment existant en réutilisant les matériaux permet de réduire l'impact environnemental tout en préservant le patrimoine et l'histoire du lieu.
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"...on a pensé qu'il était de notre devoir de transmettre aux générations futures l'héritage tel qu'il est parvenu jusqu'à nous..." "...le projet montre que la réutilisation des matériaux permet de réduire les émissions de CO2 tout en posant des gelons esthétiques et culturels..." "...pour nous la durabilité repose sur la réhabilitation de ce que nous trouvons la réutilisation de tout ce qui est déjà construit il est fondamental de construire le moins possible du neuf et même de ne pas y avoir recours du tout..."
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Paris face à la Densité et au Manque d'Espaces Verts : Paris, la ville la plus densément peuplée d'Europe, fait face à un manque crucial d'espaces verts, bien en deçà des recommandations de l'OMS, ce qui aggrave l'impact du changement climatique, notamment les vagues de chaleur.
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"...on compte 5,8 m² d'espace vert par habitant l'organisation mondiale de la santé en recommande au moins 10 pour le bien-être en ville..." "...l'avenir s'annonce particulièrement critique en raison de l'extrême densité du bâti et des années d'inertie des pouvoirs publics on a des phénomènes que l'on a constaté qui sont bien connus qui sont celui des dôes de chaleur..."
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La Stratégie Parisienne : Piétonnisation et Végétalisation Massive : La municipalité de Paris a mis en œuvre des mesures pour réduire la place de la voiture et augmenter la végétalisation, malgré une forte opposition initiale. Le nouveau Plan Local d'Urbanisme (PLU) est l'outil clé de cette transformation.
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"...recuperer cette place là c'était une vraie bataille hein une guerre de territoire..." "...il fallait que le nombre de personnes qui aient cette expérience personnelle physique soit plus important pour pouvoir contrebalancer le bruit très négatif... on a gagné..." "...le choix qu'on a fait à Paris c'est d'abord de préserver le patrimoine... il ne sera plus possible de détruire pour reconstruire c'est uniquement la réhabilitation qui va primer ensuite c'est végétalisé partout partout partout partout où on le peut..." "...objectif 300 hectares d'espace vert et 120000 arbres supplémentaires à l'horizon 2050..."
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L'Innovation pour Végétaliser les Toits en Pente Parisiens : Face au défi des nombreux toits en pente, un prototype de plateforme végétalisée est testé pour ombrager les surfaces en zinc, lutter contre la chaleur et créer de nouveaux espaces verts sans altérer le patrimoine.
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"...le problème c'est que quatre bâtiments sur cinq à Paris ont un toit en pente et il y avait jusqu'à présent pas de solution pour permettre à ces tours en pente de bénéficier euh des services écosystémiques euh de la végétalisation..." "...il s'agit d'une plateforme en bois qu'on va déployer par-dessus les toits en zinc existants sans avoir besoin de démolir ou altérer euh les toits existant et leur valeur patrimonial mais qui vont permettre d'ombrager ces toits pour limiter l'accumulation de gain solaires..."
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Le Jardinage Urbain : L'exemple du jardin sur l'Opéra Bastille illustre la possibilité de cultiver en ville, même sur des surfaces limitées, contribuant à la fois à la production locale et à la végétalisation.
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"...sur l'opéra basti aujourd'hui on cultive toutes sortes de légumes des tomates des concombres des épinards toute l'année et on fournit différents restaurants tout autour de de l'Opéra Bastille avec ces produits frais..."
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L'Avenir de la Construction et de l'Urbanisme : Les transformations en cours sont considérables et représentent des opportunités, même si les solutions définitives ne sont pas encore clairement établies.
- "...ce qui est certain c'est que nous ne sommes qu'au début de changement considérables qui sont autant d'opportunités..."
Conclusion
Les exemples de Barcelone et Paris démontrent une volonté forte de repenser les villes face aux enjeux environnementaux.
La réduction de la place de la voiture, la réhabilitation et le réemploi des matériaux, ainsi que la végétalisation massive, y compris sur les toits, sont des stratégies clés mises en œuvre.
Malgré les résistances initiales, les bénéfices observés (amélioration de la qualité de l'air, augmentation des déplacements doux, meilleure qualité de vie) tendent à convaincre les populations.
Ces initiatives marquent le début de transformations profondes nécessaires pour rendre les villes plus vivables et résilientes face au changement climatique.
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DOCUMENT DE BRIEFING - AUDITION DE FRANÇOIS BAYROU SUR LES VIOLENCES SCOLAIRES, NOTAMMENT À NOTRE-DAME DE BÉTHARRAM
Date : [Insérer la date de l'audition si disponible, sinon indiquer "Non spécifié"] Sujet : Audition de François Bayrou devant la commission d'enquête sur les violences scolaires, en particulier à Notre-Dame de Bétharram. Source : Extraits de la retranscription de l'audition. Intervenant Principal : François Bayrou (Premier Ministre) Rapporteurs : Violette Spilbou, Paul Vanier Présidente : [Nom de la présidente non précisé dans les extraits]
1. Synthèse Exécutive
François Bayrou, auditionné sous serment, a abordé les accusations portées à son encontre concernant sa connaissance et sa gestion des violences, notamment sexuelles, au sein de l'établissement Notre-Dame de Bétharram.
Il a vivement contesté les allégations selon lesquelles il aurait protégé des pédocriminels ou minimisé la gravité des faits.
Il a insisté sur l'importance de son audition pour les victimes, qu'il considère comme le cœur du sujet, tout en dénonçant une instrumentalisation politique de l'affaire visant à l'abattre et à déstabiliser le gouvernement.
Bayrou a fourni une chronologie précise de ses liens avec Bétharram (en tant que parent d'élève de 1987 à 2002) et de son action en tant que Ministre de l'Éducation Nationale (1993-1997) face aux alertes reçues, notamment un rapport d'inspection de 1996 qu'il a commandé.
Il a longuement débattu avec les rapporteurs, en particulier sur les variations perçues dans ses déclarations antérieures et sur l'existence et le contenu d'une conversation avec le juge Mirand en 1998.
Il a également défendu son approche face à la violence, y compris un incident personnel controversé.
2. Points Clés et Thèmes Principaux
- La Protection des Victimes et le "Continent Caché" des Violences : Bayrou place les victimes au centre de sa préoccupation. Il décrit les violences, en particulier sexuelles, comme un "continent caché" qui émerge enfin, notant que cela ne se limite pas aux établissements scolaires mais touche de nombreux domaines (associations, sport, famille, etc.). Il exprime sa reconnaissance envers ceux qui ont "permis de dévoiler ce qui devait l'être".
- "pour moi le premier mot qui me vient quand je pense à cette audition c'est enfin... elle est très importante pour les garçons et les filles qui ont été victimes de violence et particulièrement de violence sexuelle depuis des décennies que ce soit à Betaram ou comme nous le découvrons tous les jours en beaucoup d'autres établissements scolaires et en beaucoup d'autres institutions associatives sportives dans le monde du spectacle en famille hélas c'est un j'ai employé cette expression un continent caché qui apparaît qui surgit"
- "ce sont celles-là les victimes qui m'intéressent qui trop souvent se sont tu parce qu'elles ont honte parce qu'elles n'osent pas parce qu'elles ne veulent pas faire de peine à leurs proches"
- Accusations Personnelles et Instrumentalisation Politique : Bayrou réfute vigoureusement les accusations selon lesquelles il aurait protégé des pédocriminels ou ignoré les alertes. Il perçoit l'affaire comme une "manœuvre", une "instrumentalisation" politique visant à "abattre ce gouvernement abattre le suivant et le suivant encore", utilisant le "scandale" comme arme, notamment via les réseaux sociaux.
- "Je n'ai jamais été informé de quoi que ce soit de violence ou de violence à forcerie sexuelle jamais" (déclaration contestée par les rapporteurs mais que Bayrou maintient dans son principe)
- "ce n'est pas parce que j'exprime cette reconnaissance que je n'identifie pas les manœuvres l'instrument l'instrumentalisation de tout cela en reprenant une phrase d'un des inspirateurs de certains d'entre vous abattre ce gouvernement abattre le suivant et le suivant encore et l'arme qui est utilisée c'est l'arme du scandale"
- "vous m'interrogez vous en montant à la tribune pour m'accuser d'avoir protégé des péd criminels"
- Lien avec Notre-Dame de Bétharram : Bayrou détaille son unique lien avec l'établissement, en tant que parent d'élèves de 1987 à 2002. Il réfute avoir été membre d'un organe de gouvernance. Il mentionne avoir été désigné représentant du conseil régional au conseil d'administration en 1985 mais affirme n'y avoir "jamais siégé". Il indique n'être entré dans l'établissement que lors d'événements ponctuels (inauguration d'un gymnase, réparation de la chapelle, inondation).
- "notre fille aînée est entrée à Betaram en première en 1987 il y a presque 40 ans et notre dernier fils a quitté cet établissement en 2002 il y a presque un quart de siècle voilà exactement mon lien avec Betaram"
- "vous m'avez demandé si j'avais été membre des organes de direction de Betaram jamais"
- "j'ai été désigné sans jamais siéger"
- Connaissance des Faits et Variation des Déclarations : Le débat central porte sur le moment où Bayrou a eu connaissance des violences. Il maintient initialement n'avoir été informé que "par la presse". Face aux questions insistantes des rapporteurs sur les variations de ses déclarations entre le 11 et le 18 février, il finit par reconnaître avoir évoqué les accusations de viol visant le père Caricar avec le juge Mirand, mais affirme que cette conversation n'a pas apporté d'informations nouvelles qui n'étaient pas déjà dans la presse. Il accuse les rapporteurs de "méthode malveillante" et de vouloir "tirer la réalité pour nourrir un procès en scandale".
- "je maintiens que les seules informations que j'ai eu étaient celles qui étaient dans le journal je n'en ai pas eu d'autres"
- "je n'ai jamais entendu parler de violence sexuelle avant que le journal La République des Pyrénées lesclair des Pyrénées et Sud-Ouest fassent mention de ces violences sexuelles on doit être le 29 mai de l'année 2016 de l'année 2000 hein 98 de l'année 1998 vous avez raison 29 mai"
- "j'ai pu parler avec le juge Christian Mirand de ces accusations de viol qui visent le père Caricalcal donc de violence sexuelle sans doute oui" (cité par le rapporteur, confirmé indirectement par Bayrou dans la suite)
- "je regrette je ne me laisserai pas entraîner par vous ma version n'a pas varié" (affirmation contestée par les rapporteurs)
- Le Rapport d'Inspection de 1996 : Face aux alertes de violences physiques en 1995, Bayrou, alors Ministre de l'Éducation Nationale, a commandé un rapport d'inspection en avril 1996. Il défend cette action comme une "vraie vérification", notant que l'inspecteur a entendu une vingtaine de personnes. Il rappelle que ce rapport concluait que l'établissement était "sage, objectif et favorable". Il a redécouvert ce rapport récemment via une publication dans la presse, n'en ayant pas conservé de trace. Il affirme avoir demandé un "suivi" et cite un courrier du directeur de l'établissement daté de novembre 1996 indiquant que les conclusions ont été exécutées (licenciement d'un surveillant, suppression des élèves surveillants).
- "il n'est pas vrai qu'il y a eu des articles de presse ou en tout cas je les ai jamais vu sur le jugement que vous évoquez en 1993 jamais moi j'ai jamais vu ça" (concernant les violences physiques mentionnées par les rapporteurs)
- "du au le 9 ou le 10 avril je demande une inspection de l'établissement"
- "il a entendu 20 personnes... je trouve moi que c'est une vraie vérification"
- "ce rapport d'inspection qui n'existait chez personne s'est retrouvé il a été publié par le Figaro et ce rapport d'inspection en effet on va en parler donne toutes les garanties et les... il est sage objectif et favorable à l'établissement"
- "je demande un suivi au recteur au-delà du rapport"
- "Je viens de licencier même si cela risque d'avoir des retombées le surveillant qui avait une certaine conception de la discipline" (citant le courrier du directeur)
- La Conversation avec le Juge Mirand (1998) et l'Accusation d'Intervention : Bayrou confirme avoir eu une conversation avec le juge Mirand (un ami proche, beau-frère d'une victime tragique de son village) en 1998, après que les articles de presse ont révélé les accusations de viol contre le père Caricar. Il maintient que Mirand n'a pas violé le secret de l'instruction et qu'il n'a rien appris de nouveau. Il réfute catégoriquement l'accusation d'être intervenu dans l'affaire, notamment en lien avec la libération du père Caricar. Il cite le témoignage sous serment de l'ex-Ministre de la Justice Elisabeth Guigou et un document écrit du procureur général de l'époque pour prouver que l'intervention était celle du numéro 2 de la Direction des Affaires Criminelles et des Grâces, Laurent Lemel, et non la sienne. Il accuse le gendarme Hontan et Matrassou d'affabuler ou de se tromper, et les rapporteurs de "manipulation".
- "je connais très bien les deux gendarmes Matrasou et en qui j'ai toujours toute confiance et s'il dit cela on a dû arriver" (cité par le rapporteur concernant la déclaration de Mirand, partiellement corroborant Hontan selon le rapporteur)
- "le gendarme entend soit il ment soit il affabule" (concernant la déclaration de Hontan)
- "celui qui est intervenu c'est le numéro 2 de la direction des affaires criminelles et des grâces or Laurent Lemel est encore en vie... il est assez facile de lui poser la question : est-ce que c'est moi qui suis intervenu auprès de lui ou quelqu'un d'autre"
- "je sous serment et pour moi un serment c'est pas rien j'affirme que je ne suis pas intervenu et que ceux qui m'en ont accusé ont conduit une manipulation"
- La Libération du Père Caricar : Bayrou revient sur la libération du père Caricar en 1998, notant que la chambre d'accusation a justifié cette décision notamment par le fait que l'instruction n'avait pas avancé pendant un an. Il s'étonne de l'absence d'actes d'instruction pendant cette période, mais réfute l'idée que sa libération ou son envoi en Italie soient dus à des pressions politiques, jugeant cette idée "délirante" dans le monde judiciaire. Il cite un courrier de l'avocat de la partie civile, Maître Blazi, "profondément choqué" par cette suggestion de pressions.
- "Il est libéré parce que la chambre de l'instruction dit en réalité il s'est présenté de lui-même et le maintenir en détention n'apportera rien à la recherche de la vérité"
- "pourquoi est-ce que la longueur du délai d'exécution de cette commission rogatoire ne peut justifier que soit maintenu à l'encontre de Pierre Siv Caricard des mesures restrictives de liberté qui ne sont absolument pas indispensables au bon déroulement de l'instruction" (citant l'ordonnance de la chambre de l'instruction)
- "je suis profondément choqué... que l'on puisse laisser entendre que des pressions auraient été exercées sur la chambre de l'instruction concernant la libération du père Caricar" (citant le courrier de Maître Blazi)
- Le Financement de Bétharram par le Conseil Général : Interrogé sur les subventions facultatives versées par le conseil général qu'il présidait après l'affaire Caricar, Bayrou répond qu'il n'y a jamais eu de "financement particulier" pour Bétharram, mais un règlement général pour tous les établissements privés du département. Il mentionne une participation exceptionnelle pour le remplacement de bâtiments préfabriqués dangereux, conforme à la loi Falloux.
- "il n'y a jamais eu de financement particulier pour Betaram il y a un règlement comme dans tous les départements"
- "Betaram a reconstruit en dur au lieu des préfabriqués pailleront point et je crois pour quelque chose comme le conseil général a dû donner quelque chose comme 50000 € une participation à la sécurité des enfants conformément à la loi fallou"
- La Déclaration de Madame Gulung : Bayrou conteste avec force le témoignage sous serment de Madame Gulung, enseignante, selon laquelle le père Vaillant lui aurait dit en 1996 "vous êtes là pour venger mon ami Caricar". Il affirme que cela est "pas possible" car le père Caricar n'intervient dans l'affaire qu'en 1998 et serait parti à Rome des années avant 1996. Il qualifie son témoignage d'"affabulation sous serment".
- "vous n'avez pas compris que vous êtes là pour venger mon ami Caricar c'est ce qu'elle a déclaré sousement devant vous" (cité par le rapporteur)
- "je répète Caricar est parti à Rome selon les interprétations entre 91 et 93 donc des années avant ces événements et elle dit que le père vaillant lui dit c'est pour venger Caricar"
- "je dis que l'affirmation qu'elle a faite sous serment devant vous est une affirmation qui ne peut pas tenir qui ne peut pas être acceptée et donc je dis que cette affirmation est une affabulation souserment"
- Le Contact entre son Cabinet et le Juge Mirand : Questionné sur l'appel de son conseiller, ancien procureur de Pau, au juge Mirand pour parler du secret de l'instruction, Bayrou confirme qu'il est "tout à fait possible et légitime" qu'un tel échange ait eu lieu entre personnes qui se connaissent, surtout face aux "déclarations" qui l'accusaient de manquer au secret de l'instruction. Il assume la responsabilité de ses collaborateurs.
- "je connais le juge Mirande que mon conseiller le connaît il a été procureur à peau pendant des années et que tous les journaux nous expliquaient que vous disiez qu'il y avait eu rupture du secret de l'instruction"
- "il est tout à fait possible et légitime que entre personnes qui se connaissent... il y a pas excommunication parce que quelqu'un dit à quelqu'un d'autre que on lui raconte que il a manqué au secret de l'instruction"
- "j'affirme je dis que mes collaborateurs sont sous ma responsabilité et j'ai pas l'intention de dire qu'ils font des trucs sans que je le sache"
- La Vision de la Violence Éducative et l'Incident de Strasbourg : Bayrou est interrogé sur l'incident de 2002 où il a donné une "tape" à un enfant. Il replace l'événement dans un contexte tendu (lapidation d'une mairie par des militants islamistes suite à son interdiction du voile à l'école) et justifie son geste comme une "tape de père de famille" face au vol de son portefeuille par l'enfant. Il maintient que "ce n'est pas de la violence" et qu'il soutient la lutte contre les violences éducatives ordinaires. Il affirme sa vision éducative basée sur le "langage", l'"esprit critique" et la "sécurité affective".
- "il est vrai qu'à Strasbourg en 2002 dans un moment extrêmement tendu... j'ai le réflexe quand je suis dans tout le temps de de vérifier si mon stylo mon portefeuille est à sa place... et en passant la main j'ai trouvé la main d'un petit garçon qui était en train de sortir mon portefeuille de ma poche et je lui ai donné une tape pas une claque"
- "pour moi ça n'est pas de la violence"
- "c'était un geste éducatif"
- "ma vision éducative c'est que ce qui permet d'accéder à un enfant c'est de lui parler je pense que la clé la plus importante c'est le langage"
- Omerta et Dysfonctionnements de l'État : Le thème de l'omerta est débattu. Bayrou réfute l'idée d'une omerta locale organisée dans sa région. Il reconnaît en revanche des dysfonctionnements systémiques dans la transmission d'informations entre administrations (Justice, Éducation) et le principe du "pas de vague" dans les institutions. Il propose de changer de méthode en créant un "mini commando de responsables" pour agir directement face aux problèmes.
- "il n'est pas vrai que chez nous y ait une omerta c'est pas vrai"
- "si le ministère de la justice avait informé et que le ministère de l'éducation avait provoqué des inspections par exemple peut-être ça aurait été différent mais c'est incommunicable chacun est dans son tuyau d'orge la justice parle pas en dépit de la circulaire que j'avais prise"
- "des grandes administrations comme ça elles vivent selon le principe du pas de vague chef d'établissement il dit pas de vague parce que l'inspecteur d'académie préfère qu'il ait pas de vague et l'inspecteur d'académie dit au recteur pas de vague et le recteur les recteurs il disent au ministre ça se passe très bien c'est comme ça"
- Propositions pour l'Avenir : En conclusion, Bayrou évoque la nécessité de garantir que chaque victime soit écoutée et que les signalements soient mieux recueillis. Il propose de s'inspirer de la loi allemande du 8 avril créant une autorité indépendante couvrant l'école, la culture et le sport, ainsi qu'un conseil scientifique et un conseil des victimes. Il mentionne le travail en cours de la Haute Commissaire à l'Enfance et de la ministre chargée de l'enfance placée.
- "comment pouvons-nous garantir aujourd'hui dans chaque établissement que chaque victime chaque famille chaque élève sera écouté et entendu ?" (Question posée par la rapporteur, reformulée par Bayrou comme un objectif)
- "j'ai proposé que regarde si on ne pouvait pas transplanter en France la loi qui a été votée le 8 avril en Allemagne... qui met en place une autorité qui touche tous les secteurs à la fois"
- "une autorité et deux conseils un conseil scientifique et un conseil des victimes"
- "j'ai nommé quelqu'un pour qui j'ai une très grande estime Sarah Elie au commissaire à l'enfance et elle est précisément en train de travailler... je pense qu'on est oui en en situation d'apporter des réponses qui ne s'enferment pas uniquement dans le cadre strict scolaire"
3. Principales Contradictions et Points de Tension
- Variation des Déclarations sur la Connaissance des Faits : Les rapporteurs ont insisté sur les changements perçus dans les déclarations de Bayrou entre le 11 et le 18 février concernant sa connaissance des violences physiques et sexuelles. Bayrou a contesté l'idée d'une variation, mais ses propres propos ont évolué de "Je n'ai jamais été informé de quoi que ce soit" à la reconnaissance d'avoir évoqué les accusations de viol avec le juge Mirand.
- Intervention dans l'Affaire Judiciaire : Malgré les preuves documentaires et les témoignages cités par les rapporteurs suggérant une intervention du procureur général suite à une démarche "de monsieur Bayrou", Bayrou a catégoriquement nié toute intervention personnelle, affirmant qu'il s'agissait de Laurent Lemel. La confrontation des témoignages sous serment du gendarme Hontan et du juge Mirand a ajouté à la confusion sur l'origine de cette information.
- La Crédibilité du Témoignage de Madame Gulung : Bayrou a attaqué frontalement la crédibilité du témoignage sous serment de Madame Gulung, le qualifiant d'"affabulation", ce qui a suscité la réaction des rapporteurs qui en avaient fait une "lanceuse d'alerte" crédible.
4. Faits Importants et Idées Clés à Retenir
- François Bayrou a été parent d'élèves à Bétharram de 1987 à 2002.
- En tant que Ministre de l'Éducation Nationale, il a commandé un rapport d'inspection sur Bétharram en avril 1996 suite à des alertes de violences physiques.
- Ce rapport de 1996 a conclu que l'établissement était "sage, objectif et favorable".
- Bayrou affirme avoir demandé un suivi et que le directeur de l'établissement a indiqué avoir mis en œuvre les conclusions (licenciement d'un surveillant, suppression des élèves surveillants).
- Bayrou a eu une conversation avec le juge Mirand en 1998 concernant les accusations de viol contre le père Caricar, mais affirme que cette conversation n'a pas révélé d'informations qui n'étaient pas déjà publiques.
- Il réfute catégoriquement toute intervention personnelle dans l'affaire judiciaire du père Caricar et cite des preuves pour étayer sa position.
- Il conteste la crédibilité du témoignage de Madame Gulung.
- Il reconnaît des dysfonctionnements systémiques dans la transmission d'informations entre administrations et le phénomène du "pas de vague".
- Il propose la création d'une autorité indépendante et de conseils scientifiques et des victimes pour lutter contre les violences sur les enfants dans différents domaines.
- Il défend son incident de 2002 à Strasbourg comme une "tape éducative de père de famille" et non comme de la violence.
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Note d'Information : Masculinisme et Cybersexisme sur TikTok
Source : Extraits de l'audition "Association, chercheur et journaliste sur les contenus masculinistes & sexistes sur les plateformes"
Date de l'audition : 2025
Participants :
- Pierre Gau : Journaliste, réalisateur du documentaire "Masculins"
- Chanley Lemou McLaren : Activiste féministe, cofondatrice de l'association Stop Ficha
- Pauline Ferrari : Journaliste indépendante, auteure de "Formé à la haine des femmes comment les masculinistes infiltrent les réseaux sociaux"
- Tristan Duvernet : Doctorant en socio-anthropologie
Principaux Thèmes :
- TikTok comme catalyseur de la radicalisation masculiniste et sexiste :
Les intervenants s'accordent à dire que TikTok joue un rôle crucial dans la propagation des discours masculinistes et sexistes, servant souvent de "porte d'entrée" vers des communautés et des idées plus radicales.
L'algorithme de la plateforme est identifié comme un facteur clé favorisant cette radicalisation.
- L'architecture de TikTok encourage les interactions offensantes :
Plusieurs caractéristiques de la plateforme, telles que l'anonymat, le caractère éphémère des interactions, l'asymétrie d'exposition (streamers visibles, audience non visible) et la distance physique, contribuent à déréguler les mécanismes d'autorégulation sociale et encouragent les comportements offensants et violents.
- La monétisation de l'attention et des conflits :
Le modèle économique de TikTok, basé sur l'économie de l'attention, incite à la production de contenus spectaculaires, clivants et offensants pour générer de la visibilité et de l'engagement, ce qui se traduit par des profits pour la plateforme et les créateurs. Les "clashs" et les "punchlines" sont récompensés par l'audience via des "cadeaux" monétisés.
- Le cybersexisme et les cyberviolences basées sur le genre :
Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par les cyberviolences.
L'association Stop Ficha documente une explosion de comptes diffusant des contenus intimes sans consentement (Ficha) et observe une misogynie constante et une représentation toxique des femmes sur la plateforme.
- L'influence des influenceurs masculinistes :
Des figures comme Alexis Chens, Bassem et Nasdas sont citées comme des exemples d'influenceurs promouvant le masculinisme et le sexisme, touchant particulièrement un public jeune et contribuant à banaliser les propos misogynes.
- Le lien entre masculinisme, extrême droite et antisémitisme :
Un chevauchement est observé entre les discours masculinistes et ceux de l'extrême droite, où les arguments sur le genre sont utilisés pour attirer les jeunes vers des idéologies radicales.
Des contenus antisémites utilisant l'architecture de TikTok ont également été signalés.
- Les lacunes de la modération et du signalement :
Bien que TikTok dispose de mécanismes de signalement et de partenariats de confiance avec des associations, la modération est jugée insuffisante pour les utilisateurs standards.
Les signalements de contenus offensants ou illégaux ne débouchent pas toujours sur une suppression, et le signalement des "lives" ou des messages privés pose des problèmes techniques.
- L'importance de la prévention et de l'éducation :
Au-delà de la régulation des plateformes, la sensibilisation des jeunes, des parents, des éducateurs et des forces de l'ordre est jugée essentielle pour lutter contre le cybersexisme et la radicalisation en ligne.
Idées et Faits les Plus Importants :
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TikTok comme "porte d'entrée" : "ces réseaux sociaux et donc TikTok étaient une porte d'entrée du discours masculiniste vers un discours qui était beaucoup plus radical après sur des communautés privées." (Pierre Gau)
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Stratégie des influenceurs : Les influenceurs utilisent des sujets comme la musculation, la séduction, le lifestyle pour attirer une audience qui est ensuite dirigée vers des contenus plus radicaux et des communautés privées payantes.
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Disproportion des cyberviolences : "60 % des femmes ont déclaré avoir été victimes de violence en ligne et elles sont 27 fois plus susceptible d'être harcelé en ligne que les hommes." (Chanley Lemou McLaren)
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Architecture de la misogynie en ligne :
Le cybersexisme est structurel, lié aux algorithmes sexistes, au manque de modération et à la sous-représentation des femmes dans la tech.
- Le rôle de l'algorithme :
"quand on crée un compte sur TikTok à partir de centre d'intérêt divers on se retrouve à force de scroll à tomber sur des contenus de plus en plus extrêmes et de plus en plus radicaux." (Pauline Ferrari)
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Rapidité de l'exposition aux contenus masculinistes : Des jeunes hommes sont confrontés à des contenus masculinistes "en moins de 20 minutes". (Pauline Ferrari, citant une étude)
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Incidence dans la vie hors ligne :
Les discours masculinistes en ligne ont des conséquences concrètes, comme des projets d'attentats.
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TikTok favorise les représentations sexistes : Une étude du HCE a montré "à quel point TikTok favorisait en fait les représentations extrêmement sexistes des femmes". (Pauline Ferrari)
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La dérégulation des interactions : Le contexte numérique de TikTok "fait tomber certaines modalités de régulation des offenses" présentes dans les interactions ordinaires. (Tristan Duvernet)
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La visibilité comme moteur : La plateforme "fait du gain de visibilité un moteur central des conversations qui sont produites publiquement". (Tristan Duvernet)
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Le "combat conversationnel" : Les interactions sur TikTok Live peuvent prendre la forme d'un "combat conversationnel" où les participants s'affrontent par "une surenchère d'offense" pour générer du spectacle. (Tristan Duvernet)
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La monétisation des propos offensants : "les phrases choc finalement dans ce dans ce live les punchline... elles sont récompensées par des cadeaux". (Tristan Duvernet)
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L'âge des jeunes radicalisés : Dans les communautés privées, les jeunes hommes adhérents avaient souvent entre 15 et 21 ans. (Pierre Gau)
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Le "marchand de misère" : Expression utilisée pour désigner les influenceurs masculinistes qui exploitent le mal-être des jeunes hommes pour faire un business. (Pierre Gau, citant Stéphanie Lamier)
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L'impunité grandissante : De nombreuses personnes publient des propos misogynes et extrémistes "à visage complètement découvert" sur des plateformes mainstream, constatant une "très grande impunité". (Chanley Lemou McLaren)
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Le continuum en ligne/hors ligne : Les cyberviolences en ligne se conjuguent souvent avec des violences physiques dans la vie réelle. (Chanley Lemou McLaren)
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La romantisation du masculinisme : L'utilisation de musiques "patriotiques" ou "warrior" contribue à glamouriser les contenus extrémistes et à attirer les jeunes. (Chanley Lemou McLaren)
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Les lacunes de la justice et de la police numérique : Le manque de moyens et de formation des forces de l'ordre et de la magistrature limite la réponse judiciaire face aux cyberviolences. (Chanley Lemou McLaren)
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La relation entre masculinisme et extrême droite/antisémitisme : "tous les influenceurs d'extrême droite portent en eux une vision stéréotypée et masculiniste des rôles genrés." (Pauline Ferrari)
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Le business des influenceurs masculinistes : Ils vendent des ebooks, des formations, des programmes de coaching, voire des stages, et reproduisent des modèles basés sur l'exploitation, comme celui d'Andrew Tate. (Pauline Ferrari)
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Utilisation de TikTok comme vitrine pour Telegram : Des comptes Ficha sur TikTok redirigent vers des chaînes Telegram payantes pour accéder à du contenu intime exclusif. (Chanley Lemou McLaren)
Recommandations suggérées par les intervenants (en réponse aux questions) :
- Diminuer le poids de la visibilité (likes, compteurs d'audience) dans l'algorithme et l'architecture de TikTok.
- Rétablir des mécanismes de contrôle social en ligne, potentiellement en rendant les relations plus durables, en créant une symétrie d'exposition ou en renforçant le lien entre identités numériques et hors ligne.
- Lutter contre l'impunité en améliorant le signalement et le traitement des contenus illégaux, notamment pour les lives et les messages privés.
- Accroître la transparence de TikTok sur ses politiques de modération, le nombre de modérateurs francophones et les résultats des signalements.
- Investir massivement dans les moyens de la police numérique et de la justice pour traiter les cyberviolences.
- Renforcer les programmes de prévention et d'éducation aux médias et à l'information dans les établissements scolaires et auprès des familles.
- Former les professionnels (éducateurs, forces de l'ordre, magistrats) aux enjeux du cybersexisme et des cyberviolences.
- Utiliser des cadres législatifs comme le DSA et la loi Seraine comme bases pour une régulation plus efficace des plateformes.
Conclusion :
L'audition met en lumière le rôle préoccupant de TikTok dans la propagation des discours masculinistes et sexistes, amplifié par son architecture et son modèle économique.
Les conséquences de cette diffusion sont tangibles, allant de la banalisation de la misogynie à des projets d'attentats.
Les intervenants soulignent les lacunes de la modération de la plateforme et le manque de moyens de la réponse institutionnelle française, tout en proposant des pistes d'action axées sur la régulation, le contrôle social en ligne et surtout la prévention et l'éducation.
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BRÈVE D'INFORMATION : Baromètre de l'esprit critique, 3e édition (2024)
Source : Excerpts from "Baromètre de l'esprit critique, 3e édition - Printemps de l'esprit critique" (Universcience, France Info, La Croix, L'Express, Opinionway)
Date de la publication/présentation : Printemps 2024
Objectif : Présenter les résultats de la 3ème édition du Baromètre de l'esprit critique, une enquête annuelle visant à évaluer la capacité des Français à trier l'information et à former une opinion éclairée. Cette édition met un focus particulier sur l'intelligence artificielle.
Méthodologie : Le baromètre est mené par Universcience en partenariat avec France Info, La Croix et L'Express, et réalisé par Opinionway.
L'enquête interroge un échantillon de la population française sur diverses thématiques liées à l'information, la science et l'esprit critique.
Principaux Thèmes et Idées Clés :
Définition et Pertinence de l'Esprit Critique :
- L'esprit critique est défini comme "la capacité à trier l'information pour construire une opinion fondée en déjouant les biais cognitifs et les biais argumentatifs".
- Universcience s'est saisie de cette question en 2021, notamment en réaction à la crise sanitaire et au "nouveau paradigme informationnel" caractérisé par une information "partout, surabondante, dérégulée".
- Le développement de l'esprit critique est présenté comme une réponse fondamentale à la question de "qui croire, en qui faire confiance".
- L'Intelligence Artificielle (IA) : Focus de l'Année 2024
- L'IA est la thématique supplémentaire abordée cette année.
- Perception de l'IA : 61% des répondants considèrent l'IA comme une révolution du même niveau que celle de l'imprimerie.
- Ambivalence face à l'IA : La prudence domine dans la perception de l'IA à travers différents secteurs (santé, défense, éducation, emploi). L'opinion dominante est que l'IA présente "autant de risque [que] d'avantage" (souvent plus de 30% par secteur).
- Les secteurs où les avantages sont les plus perçus sont la santé, les sciences/recherche scientifique, les transports/mobilité.
- Les secteurs où les risques sont les plus perçus sont les relations humaines (37% y voient d'abord des risques), l'emploi (31%), l'information (33%) et l'éducation. "dès qu'on est plus dans ce qui fait société, on voit qu'il y a quand même une forme d'inquiétude plus plus importante".
Confiance selon les usages de l'IA : La confiance dans l'IA varie considérablement en fonction des applications :
- Taux de confiance élevé pour les usages informationnels/analytiques (détecter des erreurs : 75%, analyser des données : 73%, trouver des informations : 70%).
- Taux de confiance beaucoup plus bas pour les décisions à forte responsabilité ou impact vital (décisions de justice : 25%, piloter un avion : 24%, prescrire un traitement : 33%, poser un diagnostic : 41%). "plus il y a des questions de responsabilité voire de risque vital plus la confiance décroit".
- Confiance envers les acteurs évaluant l'IA :Les scientifiques (59%) et les chercheurs (58%) sont les plus cités comme dignes de confiance pour évaluer les risques et bienfaits de l'IA.
- Les élus et représentants politiques sont tout en bas du classement (22%).
- Les entreprises (29% pour les GAFAM) sont perçues comme légèrement plus fiables que les politiques dans ce domaine.
- IA Générative (type ChatGPT) : Usage et Perception
- 23% de l'ensemble du panel a déjà utilisé l'IA générative. Ce chiffre monte à 46% chez les 18-24 ans. Environ 5% de l'ensemble des sondés l'utilisent régulièrement.
- Profil des utilisateurs : Plus souvent des hommes, des jeunes (18-24 ans en tête) et des CSP+.
- Principaux usages : Se renseigner sur un sujet (68%), traduire un texte (61%), rédiger un texte (59%). Les usages réguliers se concentrent aussi sur la recherche d'informations, la traduction et la rédaction.
- Regard critique sur l'IA générative :80% déclarent vouloir croiser les informations obtenues par l'IA avec d'autres sources.
- 78% s'interrogent sur la fiabilité des résultats obtenus.
- Une préoccupation est soulevée quant à l'usage de l'IA générative pour s'informer, car les IA ne sont pas des dictionnaires et "ne sont pas entraînées pour vous fournir des réponses factuelles mais pour vous fournir des réponses probables". Il y a un risque de "désordre total dans la tête de nos plus jeunes" si cet usage n'est pas accompagné d'esprit critique.
Rapport des Français à la Science :
- Il existe une "relation des Français à la science" qui est croisée avec la façon dont le public s'informe.
- L'intérêt pour l'information scientifique est plus élevé chez les jeunes (18-24 ans).
- Les sujets scientifiques les plus recherchés sont la santé, la médecine et le climat.
- Opinion générale : L'opinion est "plutôt positive". La science permet de mieux comprendre le monde (88%), développer de nouvelles technologies et améliorer la vie quotidienne.
- Confiance envers la science : Une "attitude positive qui n'est pas une carte blanche". Les Français ne donnent pas une confiance aveugle.
- 60% pensent que les scientifiques suivent des règles éthiques strictes.
- 51% pensent que la communauté scientifique est indépendante pour valider ses résultats.
- La confiance envers la science est "du même ordre un peu plus" élevée chez les jeunes par rapport au reste de la population.
- Les sciences humaines sont perçues comme plus à même de nourrir l'esprit critique que d'autres sciences (économie notamment).
- Il existe une inquiétude concernant l'attitude sceptique croissante vis-à-vis des sciences, potentiellement liée aux réseaux sociaux et à la "défiance des élites" où "en politique toutes les opinions se valent, alors en science peut-être aussi".
Rapport à l'Esprit Critique :
- Trois quarts des sondés estiment avoir l'esprit critique.
- Les personnes intéressées ou passionnées par la science sont plus nombreuses (80%) à affirmer avoir l'esprit critique.
- Compétences mobilisées : Raisonnement logique/rationnel, s'informer davantage, comparer différents points de vue.
- Comportements liés à l'esprit critique : Être prêt à changer d'opinion sur la base de raisons convaincantes (80%), comparer beaucoup de points de vue (78%), trouver important de remettre en question les croyances traditionnelles avec des preuves logiques/rationnelles.
- Le débat avec d'autres est considéré comme important par 60% des répondants, principalement dans la sphère privée.
- Typologies de répondants :Convaincus (30%) : Plus jeunes, masculins, confiants envers la science et les médias, plutôt positionnés à droite.
- Éloignés (15%) : Plus souvent féminins, moins diplômés, moins consommateurs d'information, faiblement engagés sur la science, se positionnent peu sur leur esprit critique.
- Défiance (12%) : Typologie moins détaillée dans les extraits mais mentionnée comme étant "plus bruyants que les autres" sur les réseaux sociaux. L'un des intervenants souligne cependant qu'il ne faut pas "s'obnubiler par ces 12%" en oubliant la majorité qui n'a pas cette posture.
Rôle de l'Éducation et des Médias :
- La question de l'évaluation de l'esprit critique chez les élèves, notamment face à l'IA, est un enjeu pour l'Éducation Nationale. L'IA générative pose le défi de la "boîte noire" algorithmique qui rend difficile l'évaluation des sources et de la fiabilité.
- L'éducation aux médias et à l'information (EMI) est jugée cruciale, d'autant plus avec l'augmentation attendue des "fausses sources d'information" générées par l'IA.
- Il est suggéré d'intégrer dans l'éducation la compréhension du protocole scientifique et potentiellement l'apprentissage du codage.
- Le rôle des organismes de médiation scientifique comme Universcience est souligné comme "primordial" pour rendre la science accessible et contribuer à l'éducation de tous âges.
- Les médias traditionnels font face à une baisse d'audience, notamment chez les jeunes, mais leur rôle est toujours perçu comme important pour "que la science ne soit pas reléguée au même rang que tout le tous les autres fait divers".
Relation entre Scientifiques et Politiques :
- Il existe une "défiance vis-à-vis des élites politiques" qui "touche les élites scientifiques et les deux se nourrissent".
- Les politiques sont tout en bas de la hiérarchie de confiance perçue par les Français, tandis que les scientifiques sont en haut.
- Une critique est émise sur la façon dont les politiques traitent la science ("budgétairement et intellectuellement"). Le manque de scientifiques au gouvernement est mentionné. "le problème c'est comment les politiques traitent budgétairement et intellectuellement la science".
- La "porosité" entre la critique des institutions et la critique de la science est reconnue, mais la hiérarchie de confiance reste distincte.
Conclusions Clés des Intervenants :
- Michel Vivorka : La société est "dans le mouvement" et "dans le changement", avec une jeunesse "très encourageante" qui porte cette dynamique et une confiance renouvelée dans l'idée de progrès. Les politiques semblent "à la traîne" de ce mouvement. L'IA apporte des outils pour "mieux réfléchir, mieux s'informer", mais elle ne peut pas remplacer la créativité humaine. Il faut réfléchir aux moyens de "maîtriser d'une manière ou d'une autre" l'IA.
- Magda Thomasini : L'intérêt se porte sur les jeunes (18-24 ans) qui sont plus familiarisés et utilisateurs de l'IA. L'Éducation Nationale cherche à évaluer leur "capacité critique par rapport à l'intelligence artificielle". La "boîte noire" des algorithmes IA pose des questions de transparence. L'esprit critique est "multifactoriel" (compétences, attitude, connaissances) et difficile à définir précisément.
- Michel Dubois : L'enquête "rassure tout le monde" en montrant que les Français "n'ont pas perdu le contact avec les sciences" et sont "très intéressés par les nouveaux développements". Il faut se méfier des discours anxiogènes basés sur une minorité (les 12% de "défiance"). L'ambivalence française face à l'IA est "un record quasiment à l'échelle mondiale". Un risque majeur identifié est l'usage de l'IA générative pour s'informer, qui repose sur une incompréhension de son fonctionnement et nécessite un "éveil cet esprit critique à l'égard des usages de l'IA". Il est crucial de "faire rentrer la science dans la culture" pour irriguer l'esprit critique au-delà des humanités.
- Emiliano Grossman : Il partage l'inquiétude sur l'usage de l'IA générative pour l'information ("la recette d'une forme de cauchemar informationnel"). La défiance, bien que minoritaire, est "plus bruyante que les autres", amplifiée par les réseaux sociaux. La confusion entre "bon doute" et "mauvais doute" est un enjeu : certains pensent que "toutes les opinions se valent" en science, par extension du populisme politique. Il faut une "une prise de conscience de des élites politiques de leur puissance [...] par rapport à la crédibilité des démarches scientifiques".
Quote Significative :
- Sur la définition de l'esprit critique : "... la capacité à trier l'information pour construire une opinion fondée en déjouant... les biais cognitifs et les biais argumentatifs..."
- Sur l'IA et les risques : "...dès qu'on est plus dans ce qui fait société, on voit qu'il y a quand même une forme d'inquiétude plus plus importante..."
- Sur la confiance et les usages de l'IA : "...plus il y a des questions de responsabilité voire de risque vital plus la confiance décroit..."
- Sur l'usage de l'IA générative : "...les IA ne sont pas des dictionnaires... ne sont pas entraînées pour vous fournir des réponses factuelles mais pour vous fournir des réponses probables..."
- Sur le rapport à la science : "...une attitude positive qui n'est pas une carte blanche..."
- Sur la défiance et les élites : "...en politique toutes les opinions se valent, alors en science peut-être aussi..."
- Sur la relation science-politique : "...le problème c'est comment les politiques traitent budgétairement et intellectuellement la science..."
- Cette synthèse met en lumière une population française globalement positive et intéressée par la science et la technologie, notamment chez les jeunes, mais marquée par une forte ambivalence face à l'IA et une inquiétude quant à la fiabilité de l'information à l'ère numérique.
L'enjeu de l'éducation à l'esprit critique, au-delà du cadre scolaire, et le rôle des différents acteurs (scientifiques, éducateurs, médias, politiques) sont soulignés comme essentiels pour naviguer dans ce paysage informationnel complexe.
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Briefing sur les défis de l'enfance et le rôle de la culture pour faire grandir les enfants
Source : Extraits de "Demain, quel défis pour les enfants - Faire grandir les enfants : quel rôle pour la culture ?"
Contexte : Cette table ronde réunit des experts et une jeune participante pour discuter de l'avenir de l'enfance, des défis auxquels les enfants sont confrontés et de la manière dont la culture peut jouer un rôle dans leur développement.
Les intervenants sont :
- Philippe Jaffé : Psychologue clinicien, professeur à l'Université de Genève, membre du Comité des droits de l'enfant aux Nations Unies.
- Lélia Benoît : Pédopsychiatre et chercheuse associée, travaillant sur l'écoanxiété des enfants et adolescents, auteure du livre "Infantisme".
- Virginie Wadeek : Ancienne inspectrice de l'éducation nationale, docteure en sociologie de l'éducation, travaillant sur l'égalité filles-garçons à l'école.
- Naïlem Gambaï : Élève de seconde, ayant participé à la rédaction de la Charte parisienne des droits de l'enfant et portant la voix des enfants sur des sujets d'actualité.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
- Définition et Nature de l'Enfance :
- Philippe Jaffé définit l'enfant d'un point de vue légal comme tout être humain de moins de 18 ans, mais insiste surtout sur le fait qu'il s'agit d'un être humain, une personne digne de considération. Il décrit l'enfance comme une période particulière et merveilleuse, caractérisée par la curiosité, l'altruisme et une grande intelligence.
- L'enfance est vue par les experts comme une période d'investissement dans l'avenir et d'optimisme pour l'humanité (Lélia Benoît).
- Motivation de l'Engagement en Faveur des Enfants :
- Philippe Jaffé cite un sentiment d'indignation face à la marginalisation des enfants ("l'enfant tais-toi et mange ta soupe"), ainsi qu'une sensibilité aux souffrances silencieuses vécues par de nombreux enfants. Son engagement vise à "tenter de le libérer dans une société qu'il considère plus" et à "soutenir de les propulser dans la vie sur des rails plus harmonieux".
- Virginie Wadeek est passionnée par l'écoute des enfants et leur vision du monde, trouvant leur intelligence "diablement intelligente".
- Lélia Benoît voit l'engagement comme une marque d'optimisme, l'envie de "miser sur l'avenir" et de transmettre "ce qu'on a de meilleur".
- Confiance et Inquiétudes pour l'Avenir :
- Naïlem Gambaï exprime à la fois confiance en sa génération d'adolescents engagés ("bah peut-être on va changer les choses plus vite ou mieux") et méfiance envers les adultes actuels qui "font n'importe quoi" et dont les actions ne sont pas toujours visibles ("on voit pas grand-chose à notre échelle").
- Les experts partagent certaines inquiétudes :
- Lélia Benoît est particulièrement préoccupée par la difficulté à entendre les besoins des enfants face au changement climatique, le fait qu'on les "ridiculiser à les humilier" lorsqu'ils s'expriment, et le manque de priorité donnée à leur avenir.
- Philippe Jaffé constate que de grandes réunions n'aboutissent pas à des actions concrètes, mais trouve espoir et inspiration auprès d'enfants exceptionnels qui le poussent à agir. Il note la difficulté pour les enfants à avoir une "place à la table", illustré par l'absence d'enfants lors d'une conférence sur l'éradication du travail des enfants.
- Virginie Wadeek a davantage confiance en la jeune génération pour son esprit critique aiguisé, notamment face aux fake news et à l'intelligence artificielle.
- Perceptions des Enfants sur l'Avenir de la Planète :
- Des enfants interrogés expriment des inquiétudes quant à l'avenir de la Terre en raison de la pollution et du manque d'attention des adultes.
- Cependant, d'autres enfants manifestent de l'espoir, citant l'engagement croissant de leur génération pour prendre soin de la nature, notamment à travers des manifestations. L'idée d'un collectif pour agir est mise en avant.
- Écoanxiété chez les Enfants et Adolescents :
- Lélia Benoît décrit l'écoanxiété comme l'ensemble des émotions (anxiété, colère, indignation, honte, espoir, envie d'agir) ressenties face aux dégradations environnementales.
- Elle souligne que l'écoanxiété n'est pas une maladie, mais une "réaction humaine saine" et une forme d'"éco empathie" (Philippe Jaffé) qui peut pousser à l'action.
- L'écoanxiété est augmentée lorsque les gouvernements ne prennent pas la mesure de l'urgence climatique.
- Philippe Jaffé note que cette sensibilité chez les enfants peut être perçue comme une perte d'innocence, car ils se sentent responsabilisés face à un problème créé par les adultes, alors qu'ils devraient pouvoir vivre pleinement leur enfance sans cette idée d'un avenir potentiellement "amputé".
- Égalité Filles-Garçons et Stéréotypes de Genre :
- Des enfants interrogés perçoivent une amélioration de l'égalité, citant notamment le droit de choisir ses vêtements indépendamment du genre.
- Virginie Wadeek observe des "évolutions, des reculs et des patinages" dans ce domaine.
- Elle décrit des stéréotypes persistants dans les pratiques enseignantes, comme le fait d'interroger plus spontanément les garçons pour des hypothèses en mathématiques et les filles pour des synthèses, ce qui peut avoir un impact sur les apprentissages.
- Elle souligne un recul dans les programmes scolaires, où l'égalité des sexes semble être devenue "de l'ordre du cosmétique" et non plus un objectif principal.
- Naïlem Gambaï témoigne de la persistance des stéréotypes dans l'orientation professionnelle (infirmière vs ingénieur), où la présence minoritaire dans certains domaines peut rendre difficile de se sentir "à sa place".
- L'Infantisme : Préjugés et Discriminations envers les Enfants :
- Lélia Benoît définit l'infantisme comme l'ensemble des préjugés et discriminations systématiques à l'encontre des enfants et adolescents (les moins de 18 ans). C'est une forme d'agéisme, mais souvent non reconnue comme telle en France.
- L'infantisme peut être lié à des motivations individuelles inconscientes (répétition de comportements vécus) ou à des aspects plus collectifs et sociologiques, considérant les enfants comme un groupe social minoritaire, ayant moins de droits et de pouvoir.
- Lélia Benoît affirme qu'on est dans un "infantisme systémique" qui se manifeste dans les politiques publiques (manque d'investissement dans l'éducation, la santé, la parentalité) et dans les comportements individuels quotidiens qui soumettent les enfants à des "humiliations".
- Elle réfute l'idée qu'il n'y aurait que des enfants maltraités d'un côté et des "enfants rois" de l'autre, soulignant que l'immense majorité des enfants subissent un lot d'humiliation quotidienne du simple fait de leur âge. La situation en France est pire que dans d'autres pays proches.
- Philippe Jaffé trouve la notion d'infantisme intéressante, liant discrimination et domination. Il suggère que les enfants, notamment les adolescents, défient parfois les catégories établies par les adultes, comme la fluidité de genre. Il souligne le manque de pouvoir des enfants dans notre société et la difficulté à reconnaître leurs "compétences évolutives".
- Droit de Vote pour les Enfants :
- Lélia Benoît propose sérieusement le droit de vote pour tous les enfants dès la naissance. Elle argumente que l'impuissance est plus terrible que la responsabilité, et que donner du pouvoir réduirait le poids de la responsabilité sur les enfants.
- Elle compare la situation à celle des personnes âgées qui votent par procuration même avec des capacités cognitives diminuées, soulignant le manque de considération pour la voix des enfants.
- L'idée est de passer d'un système où le droit de vote est acquis à 18 ans à un système où personne n'a le droit de voter pour soi après 18 ans, laissant une période où le vote serait accompagné mais progressif.
- Philippe Jaffé se déclare favorable, citant l'exemple de la Suisse où l'on vote souvent et où la participation des enfants enrichirait la démocratie. Il voit cela comme un moyen de reconnaître les compétences des enfants et d'obliger les adultes à tenir compte de leur opinion.
- Virginie Wadeek ne se prononce pas directement sur le droit de vote national, mais insiste sur le rôle de l'école comme "territoire d'apprentissage" de l'expression et du choix, citant l'exemple des conseils d'enfants.
- Naïlem Gambaï est favorable mais propose des nuances : pas forcément le vote pour les élections présidentielles qui pourrait être influencé par les parents et l'éloignement des enjeux, mais plutôt un vote sur des "actions" concrètes qui les concernent directement, peu importe le président élu. Elle suggère aussi un "droit de consultation" où l'avis serait écouté même si la décision finale revient aux adultes. Elle cite l'idée d'un "conseil de députés d'enfants".
- Consultation et Participation des Enfants :
- Il existe déjà des instances de consultation des jeunes (conseils de vie scolaire, conseils de jeunes, consultation UNICEF), mais une participante souligne le manque de visibilité de ces consultations pour le grand public adulte et la frustration qu'il peut y avoir si les propositions ne sont pas prises en compte.
- Il est souligné que les adultes ont beaucoup à apprendre des enfants et des plus jeunes.
- Naïlem Gambaï explique son engagement par le désir de "briser ces préjugés" sur les enfants et de montrer leur capacité et leurs idées. Elle souhaite des "réels débats" entre enfants et adultes sur des sujets qui les concernent, sans "se moquer de nous".
- Elle partage une expérience inspirante à l'Académie du Climat où elle a rencontré des enfants de pays en conflit qui étaient amis, illustrant la capacité des enfants à dépasser les frontières créées par les adultes.
- Pédagogies Alternatives à l'École :
- Une question est posée sur le manque de présence de pédagogies comme Montessori ou Freinet dans les écoles publiques.
- Virginie Wadeek, ayant enseigné dans une école Freinet publique, souligne l'importance de la formation des enseignants et la liberté pédagogique. Elle note que ces pédagogies ne sont pas toujours suffisamment abordées dans la formation initiale actuelle.
- Lélia Benoît ajoute que ces pédagogies respectent davantage les besoins et le rythme de l'enfant, mais que leur mise en œuvre dans les écoles publiques est freinée par le manque de moyens et un regard sur l'apprentissage centré sur le contenu théorique et non sur la pratique ou la coopération.
- Solutions pour Changer les Adultes :
- Lélia Benoît propose plusieurs pistes :
- L'"alphabétisation émotionnelle" pour aider les adultes à reconnaître et gérer leurs émotions face aux enfants, pour éviter de réprimer leur expression.
- Reconnaître et soutenir le travail d'éducation et de parentalité, souvent invisibilisé et épuisant, ce qui peut générer des frustrations reportées sur les enfants.
- Arrêter d'imposer la parentalité et offrir du soutien pour éviter le burnout.
Conclusion :
- La table ronde met en évidence les défis complexes auxquels les enfants sont confrontés, de l'écoanxiété à la persistance des stéréotypes de genre et à l'infantisme systémique.
Un point central qui émerge est le manque de pouvoir et de considération accordé à la voix des enfants dans la société.
L'engagement des experts et de la jeune participante Naïlem témoigne d'une volonté de changer les choses. Des pistes de solutions sont explorées, allant du droit de vote pour les enfants à une meilleure formation des enseignants et un soutien accru à la parentalité.
La consultation et la cocréation intergénérationnelle sont vues comme essentielles, à condition que la voix des enfants soit réellement écoutée et prise en compte pour éviter la frustration et l'impuissance.
Les témoignages d'enfants soulignent à la fois leurs inquiétudes et leur capacité d'engagement et d'optimisme.
Quotes Clés :
- Philippe Jaffé : "un enfant... c'est avant tout c'est un être humain c'est une personne c'est une personne qui est digne de considération et c'est une période tellement particulière et merveilleuse de l'existence humaine"
- Philippe Jaffé : "c'est le sentiment d'indignation qui m'a animé beaucoup celui de l'enfant tais-toi et mange ta soupe"
- Naïlem Gambaï : "j'ai confiance parce que bah les adolescentses de mon âge ou un peu plus grand je vois qu'ils sont engagés... mais par contre j'ai pas confiance en les adultes d'aujourd'hui parce qu'ils font n'importe quoi"
- Lélia Benoît : "l'écoanxiété c'est pas que de l'anxiété hein c'est l'ensemble des émotion qu'on peut ressentir face au aux dégradations environnementales"
- Lélia Benoît : "l'écoanxiété c'est pas une maladie du tout c'est plutôt une réaction humaine saine"
- Philippe Jaffé : "c'est l'expression d'un réalisme de la part de de jeunes gens et de et d'enfants"
- Lélia Benoît : "l'infantisme donc c'est l'ensemble des préjugés et discrimination systématique à l'encontre des enfants"
- Lélia Benoît : "l'immense majorité des enfants subit plus ou moins d'humiliation quotidienne du simple fait de leur âge"
- Naïlem Gambaï : "il y a toujours beaucoup trop de différence entre les filles et les garçons"
- Naïlem Gambaï : "on a l'impression de bah comme vous le disiez de grandir trop vite de devoir se mettre à la place des adultes de dev voir tout comprendre et c'est vrai que ça nous enlève une part d'innocence"
- Lélia Benoît : "ce qui est terrible c'est pas la responsabilité c'est l'impuissance"
- Lélia Benoît : "de 0 à 18 ans tous les gens qui peuvent aider les enfants... n'ont aucune voix"
- Naïlem Gambaï : "souvent on colle des étiquettes aux enfants qui sont pas capables qui sont pas assez intelligents et justement moi j'aimerais briser ces préjugés qu'on nous met et montrer que Ben les enfants on est autant capable qu'on a des meilleures idées que les adultes parfois"
- Naïlem Gambaï : "ces frontières ces lignes qu'il y a sur les globes bah nous on s'en fiche on les voit pas on est tous amis et on est tous être pareil"
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Note de Synthèse : Inscrire les enfants au cœur de nos actions - Faire grandir les enfants : quel rôle pour la culture ?
Date: 2024-05-16 Sujet: Compte rendu de la table ronde sur l'implication des enfants dans les actions culturelles et citoyennes.
Participants: Vanina Arigi de Casanova (Ville de Paris), Daniel Vallante (Universités de Genève et Lyon Lumière 2), Sophie Sage (Young V&A), Shinami Sakai (Young V&A).
1. Introduction
Cette table ronde réunit des professionnelles travaillant pour et avec les enfants dans des domaines variés : les droits de l'enfant à la Ville de Paris, la recherche sur le design participatif avec des enfants en situation de handicap visuel, et la muséographie au Young V&A, une branche du Victoria and Albert Museum dédiée au jeune public.
Le thème central de la discussion est l'importance et les modalités d'impliquer activement les enfants dans l'élaboration des actions qui les concernent.
2. Thèmes Principaux
- La Participation des Enfants comme Droit Fondamental : Un fil conducteur de la discussion est la reconnaissance que la participation des enfants n'est pas seulement une approche pédagogique ou méthodologique, mais un droit fondamental.
- Le Design Participatif et la Co-création : Plusieurs intervenantes présentent des méthodologies basées sur le design participatif, où les enfants sont impliqués dès les premières étapes de conception de projets, que ce soit des outils, des espaces ou des programmes.
- L'Empouvoirement (Empowerment) des Enfants : Les projets discutés visent à renforcer le pouvoir d'agir des enfants, à les rendre acteurs de leur vie et de la société, et à augmenter leur sentiment de compétence.
- L'Adaptation des Adultes aux Besoins et Perspectives des Enfants : Plutôt que d'attendre que les enfants s'adaptent aux structures et contenus conçus par les adultes, les intervenantes soulignent la nécessité pour les adultes de s'adapter aux particularités, aux besoins et aux modes d'expression des enfants.
- Les Défis de l'Implication des Enfants : La table ronde aborde également les obstacles et les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de démarches participatives avec les enfants, notamment le regard des adultes, la nécessité de lâcher le contrôle, les contraintes budgétaires et temporelles, et la culture organisationnelle.
3. Idées et Faits Importants
Vanina Arigi de Casanova (Ville de Paris) : Sa mission est de "sensibiliser tous les enfants parisiens à leurs droits fondamentaux".
L'impulsion initiale est venue d'une "recherche de sens" après une carrière de journaliste, constatant le manque de connaissance de la citoyenneté.
Le travail avec les enfants "apporte beaucoup de choses et qu'on a l'impression que ça fait sens parce que ça fait sens pour eux aujourd'hui et pour pour la société plus tard".
La Ville de Paris associe de plus en plus les enfants à des projets précis, comme la rénovation des cours d'école ("cours oasis") et les budgets participatifs.
La mission droit de l'enfant a débuté par une "grande consultation d'enfants" pour élaborer la "charte parisienne des droits de l'enfant".
Cette charte est un "manifeste de ce que les enfants demandent à la ville", une de leurs demandes essentielles étant de "pouvoir précisément s'exprimer en fait et être beaucoup plus associé à toutes les décisions".
Les méthodes d'atelier s'inspirent notamment de la méthode Freinet ("je critique, je désire, je propose").
Il est crucial de "crée[r] le cadre dans lequel ils peuvent s'exprimer" et qu'ils comprennent "le but dans lequel on les interroge".
Des consultations spécifiques ont été menées avec des enfants accompagnés par l'aide sociale à l'enfance pour l'élaboration du nouveau schéma de protection.
L'"assemblée citoyenne des enfants" est une instance rassemblant des adolescents pour "formuler des propositions au Conseil de Paris" sur des sujets comme l'environnement.
Donner le droit de vote aux enfants "changerait radicalement la manière dont on fait de la politique", potentiellement en introduisant des "visions à plus long terme". Le principal frein perçu est l'influence des adultes.
La participation rend les enfants "acteurs", "sujets de droit", "respecté[s]", "écouté[s]", et contribue à leur "propre protection" en leur donnant les moyens d'agir. Daniel Vallante (Universités de Genève et Lyon Lumière 2) : Sa recherche se concentre sur "comment rendre accessible la culture visuelle à des enfants insituation d'handicap visuel notamment les enfants aveugles".
Elle travaille sur la création d'images tactiles, d'illustrations en relief, et d'outils multisensoriels.
Le "design participatif" est une démarche clé, née du constat que créer des contenus pour les enfants aveugles sans leur participation ne permet pas de prendre en compte leur perception du monde (ex: le dessin de la rivière).
Le design participatif s'inscrit dans le "design centré sur l'utilisateur" mais "inclu[t] dès le début du processus", avant même que l'idée soit complètement formée.
Le travail avec les enfants aveugles nécessite de "créer des conditions de participation en passant par des médiations", souvent par le jeu et des expériences multisensorielles.
L'exemple du projet "petit explorateur tactile au musée" montre comment l'observation des interactions des enfants avec des objets a nourri la création d'illustrations et de textes basés sur des caractéristiques tactiles, sonores et des analogies.
Le design participatif s'aligne avec le slogan des Disability Studies : "rien sur nous sans nous".
La participation apporte un "sentiment de compétence" aux enfants et change la "représentation que l'entourage va avoir des compétences de ses enfants". C'est un "renversement de situation" pour des enfants pour qui l'on décide souvent.
Une difficulté du design participatif est de faire un budget car "on sait pas où on va", ce qui demande une "prise de risque" et de la "confiance". Le temps nécessaire est également un défi.
Sophie Sage et Shinami Sakai (Young V&A) :
Le Young V&A est une branche du Victoria and Albert Museum dédiée au jeune public, avec pour mission de "développer la créativité la confiance des prochaines générations".
La "Play Gallery" est un espace conçu pour les enfants, utilisant la texture, les couleurs et les sons, avec des objets "à hauteur d'enfant".
Le musée travaille en "cocréation" avec le public, impliquant architectes, designers et équipes de construction "à toutes les étapes du projet".
La cocréation est "au cœur de tout ce qu'on fait", une décision soutenue par la direction du musée.
Le jeu est un aspect central, reconnu pour les "compétences incroyables" qu'il apporte.
Un projet collaboratif a impliqué des familles pendant 6 semaines, explorant des répliques d'objets du musée pour créer un nouvel ensemble d'objets.
L'approche était basée sur "l'observation" des réactions des familles, en laissant les familles "répondre à nos propositions de façon très libres".
L'empouvoirement est vu de manière holistique, incluant les enfants "et les adultes qui les entour[ent]".
L'implication des parents, des soignants et du corps enseignant est cruciale car la vie d'un enfant est "beaucoup plus holistique" que les catégories muséales traditionnelles.
Les projets de cocréation ont permis de structurer le nouveau développement du musée, malgré le temps supplémentaire que cela peut demander.
Des projets plus petits, comme la création d'un diorama avec un maître Donjon et Dragon, ont également été menés en impliquant les enfants dont les suggestions ont été intégrées.
Les vitrines sont vues comme un obstacle à l'implication active des enfants. Pour contrer cela, des "kits" et des instructions ("playhack") sont proposés aux parents pour recréer les objets à la maison.
La cocréation a influencé des aspects plus larges du musée, comme la couleur des murs et la police d'écriture pour l'accueil des visiteurs, tirant parti des "témoignage[s] des enfants".
La difficulté réside dans le fait de devoir obtenir l'approbation de tous au sein de l'organisation et de changer la culture muséale.
4. Défis et Perspectives
La table ronde met en évidence les défis inhérents aux démarches participatives avec les enfants : le regard des adultes qui peut être restrictif, la nécessité d'accepter de lâcher le contrôle et l'incertitude des résultats (notamment financiers et temporels), et la remise en question des pratiques établies.
Cependant, l'expérience des intervenantes démontre que ces approches sont non seulement possibles mais profondément enrichissantes, permettant de créer des projets plus pertinents, adaptés et de renforcer l'agence et le bien-être des enfants.
La participation est un processus qui nécessite du temps, de la flexibilité et la volonté d'apprendre des enfants eux-mêmes.
En conclusion, la table ronde souligne l'importance cruciale d'intégrer les enfants non pas comme de simples bénéficiaires, mais comme des partenaires actifs dans la conception et la mise en œuvre des actions culturelles et citoyennes.
C'est une démarche qui, malgré ses défis, est essentielle pour faire grandir les enfants et, potentiellement, transformer positivement la société.
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Note de Synthèse : Audition des Représentants de Parents d'Élèves sur la Prévention des Violences en Milieu Scolaire
Date de l'audition : 2025
Participants :
- FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) : Monsieur Grégoire Ensel (vice-président)
- PEEP (Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public) : Monsieur Laurent Zamekovski (porte-parole)
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APEL (Association des parents d'élèves de l'école libre) : Madame Hélène Louign (présidente du bureau national), Monsieur Christophe Abraham (secrétaire général)
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Objet de l'audition : Modalités du contrôle par l'État et prévention des violences dans les établissements scolaires, avec un focus particulier sur les recours à la disposition des parents d'élèves lorsqu'ils suspectent des élèves victimes de violence par des adultes.
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Serment prêté par les intervenants : Tous les intervenants ont prêté serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
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Rôle des associations de parents d'élèves dans la prévention des violences :
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Les associations se définissent comme des "vigies", attentives aux signaux faibles et cherchant à engager le dialogue avec les chefs d'établissement et les autorités académiques.
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Leur action est variable en fonction de leur présence locale et de la qualité des échanges avec les instances académiques.
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La FCPE et la PEEP ont un rôle statutaire de lutte contre les violences sexuelles et peuvent se constituer partie civile en justice.
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L'APEL, bien qu'elle déplore fortement les violences, n'a pas le même statut de fédération structurée et ne peut pas se porter partie civile pour l'instant, mais souhaite sensibiliser les parents au signalement.
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Il existe une reconnaissance de la nécessité de la coéducation et de la présence des parents dans les établissements.
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Citation Clé (FCPE) : "nous avons un rôle de de vigie nous sommes extrêmement attentifs"
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Citation Clé (FCPE) : "notre fédération a dans ses statuts depuis maintenant de nombreuses années la lutte contre les violences sexuelles et donc nous sommes dans nos statut habilités à nous porter partie civile"
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Citation Clé (APEL) : "l'appel c'est une association euh donc àolitique non confessionnelle euh qui regroupe aujourd'hui un peu plus d'un million de de familles mais qui représente toutes les familles dans leur diversité au sein de l'enseignement catholique"
Recours et processus de signalement :
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Il n'y a pas de processus clair et unique pour les parents pour donner l'alerte.
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Le 119 est présenté par l'APEL comme un numéro unique qui devrait être la référence, mais il est reconnu comme difficilement joignable et manquant de moyens.
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Les associations privilégient d'abord le dialogue amiable (avec l'enseignant, le directeur d'école, l'inspecteur) pour comprendre la situation avant d'agir.
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La FCPE et la PEEP peuvent aller jusqu'à se porter partie civile en justice, s'appuyant sur leur réseau territorial pour faire remonter les informations jusqu'au niveau national.
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L'APEL, en raison de sa structure associative indépendante, déplore que les informations ne remontent pas systématiquement au niveau national. Elle souhaite mettre en place un processus de remontée.
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Les signalements aux procureurs sont une option, mais les associations explorent différentes voies (119, dialogue, actions en justice).
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Il y a un manque de transparence sur le suivi des signalements, ce qui peut créer de l'énervement et de la méfiance chez les parents.
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La question de la "médiation amiable ou temporisation" est soulevée par les rapporteurs comme potentiellement problématique si elle retarde le signalement. Les associations clarifient qu'il s'agit d'abord de comprendre pour mieux agir, pas de temporiser indûment.
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Citation Clé (FCPE) : "il n'y a pas clairement de process qui nous permettent de donner l'alerte"
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Citation Clé (APEL) : "nous constatons que nous avons plus que des trous dans la raquette les moyens de signalement ne sont pas efficaces aux yeux de l'appel aujourd'hui il devrait y avoir un numéro unique qui est le 119"
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Citation Clé (PEEP) : "nous on privilégie toujours en premier l'amiable les la discussion d'abord avec l'enseignant en deuxième temps si ça ne fonctionne pas la discussion avec le le chef d'établ enfin le chef d'établissement le directeur d'école l'inspecteur de circonscription"
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Citation Clé (APEL) : "nous ne pouvons que déplorer le fait que les informations ne nous remontent pas au niveau national"
Relations avec les établissements et les autorités :
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Dans l'enseignement public, il existe une communauté éducative qui fonctionne mieux quand la relation de confiance avec les associations de parents est établie. Cependant, les associations peuvent aussi être vues comme des "perturbateurs".
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Dans l'enseignement privé, l'APEL est partenaire de l'enseignement catholique mais revendique une "parole libre".
Les statuts de l'enseignement catholique reconnaissent l'APEL comme la seule association de parents, bien que d'autres pourraient théoriquement exister.
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Il existe des situations de "grand écart" entre les établissements où les associations de parents travaillent main dans la main avec la direction et ceux où elles sont tenues à l'écart.
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La question de l'opacité des contrôles de l'État sur les établissements privés sous contrat, qui reçoivent une part importante d'argent public, est soulevée par la FCPE.
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Citation Clé (PEEP) : "on nous incuse souvent de nous mêler de ce qui nous regarde pas"
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Citation Clé (PEEP) : "à l'inverse dans des écoles où l'association est bien implantée dans lequel on a une relation de confiance avec les équipes pédagogiques... on crée des cercles virtuux"
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Citation Clé (APEL) : "nous sommes partenaires avec l'enseignement catholique mais nous avons une parole libre et j'y tiens"
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Citation Clé (FCPE) : "aujourd'hui nous avons des établissements privés sur contrat qui touchent plus de 75 % d'argent public et qui échapperait à tout contrôle"
Problèmes structurels et dysfonctionnements :
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La situation de Betaram est mentionnée comme un élément déclencheur de l'audition et un exemple de dysfonctionnement grave, en partie lié à un environnement quasi "huis clos".
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Les victimes n'ont pas été protégées ni par leur école ni par la nation (selon la FCPE, en raison d'un manque de contrôle).
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Il y a un problème avec l'administration de l'Éducation Nationale, jugée "mortifère et mortelle", qui a tendance à "enfouir" les situations et manque de transparence.
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Les difficultés de joindre les instances (119, inspecteurs, etc.) sont un frein au signalement.
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Le manque de psychologues et d'infirmiers scolaires, en particulier dans l'enseignement catholique (selon l'APEL), est un problème majeur pour le suivi et le soutien des élèves.
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La question des conflits d'intérêts potentiels au sein de l'enseignement catholique, notamment en raison de la possibilité pour une même personne d'être membre de l'APEL et de l'OGEC (organisme de gestion employeur du personnel), est soulevée.
L'APEL reconnaît que cela n'est pas souhaitable et va revoir ses statuts, mais reconnaît que la pratique existe encore, surtout en Bretagne.
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La "loi du silence" ou l'omerta au sein de la communauté éducative est évoquée comme un facteur potentiel entravant les signalements.
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Citation Clé (FCPE) : "on n'est pas du tout sur le même fonctionnement a priori j'imagine en tout cas quand il y a quelque chose ça se vite après on doit on a un rôle de médiateur" (en comparaison avec Betaram)
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Citation Clé (FCPE) : "ces victimes n'ont pas été protégées... elles n'ont pas été protégées par la nation parce que la nation ne contrôle pas"
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Citation Clé (PEEP) : "nous avons aussi une administration qui est mortifère et mortelle une administration qui se veut euh maltraiter et qui est maltraitante et qui a une perte en ligne monumentale"
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Citation Clé (APEL) : "il y a quand même peu d'établissements où il y a des psychologues et des infirmières scolaires lorsque c'est le cas pour nous parents c'est totalement insuffisant"
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Citation Clé (Députée) : "est-ce que vous pensez que ce fonctionnement peut ou a pu générer des conflits d'intérêt serré entre le général et le particulier des fois la frontière est est mince surtout que les parents membres de l'OJEC je le répète ont la fonction d'employeur des personnels"
- Citation Clé (Députée) : "il y a une loi du silence il y a une omerta"
Moyens et structuration des associations :
- Comparaison des moyens (ETP, budget) des trois associations. La FCPE (13 ETP, budget 2.06 M€) et la PEEP (moins de 5 ETP, budget 0.75 M€) sont des fédérations structurées avec des associations locales, départementales et nationales.
L'APEL (20 ETP au national) est une union d'associations indépendantes, ce qui limite la remontée d'informations au niveau national malgré des moyens centraux importants.
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Les associations publiques peuvent s'appuyer sur leur réseau pour les actions en justice, un soutien juridique et une assurance pour leurs membres.
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L'APEL, en raison de son statut d'association et non de fédération, n'a pas de pouvoir hiérarchique sur ses structures locales, ce qui entrave la remontée systématique des signalements.
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Le bénévolat est en évolution, avec des engagements moins longs, ce qui rend la formation des représentants (délégués ou correspondants) d'autant plus cruciale.
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Il y a un besoin de moyens publics pour soutenir la mission des associations de parents d'élèves.
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Citation Clé (FCPE) : "nous n'avons pas autorité hiérarchique sur nos nos membres nous avons conseil des dialogues échange mais on n'impose pas une association départementale une action plutôt qu'une autre"
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Citation Clé (APEL) : "nous sommes une association donc chaque structure est indépendante et nous ne pouvons que déplorer le fait que les informations ne nous remontent pas au niveau national"
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Citation Clé (PEEP) : "le bon évela aujourd'hui est en crise et aujourd'hui c'est de plus en plus difficile d'avoir effectivement des subsides publics"
Propositions d'amélioration et avenir :
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Tolérance zéro : Affirmée par l'APEL.
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Amélioration du signalement : Numéro unique efficace (119 renforcé), transparence sur le suivi, communication claire aux parents sur les procédures.
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Contrôle renforcé : Création d'une agence nationale publique de contrôle des établissements privés sous contrat (proposition FCPE), contrôles périodiques et transparents, publication des rapports d'audit.
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Formation : Meilleure formation des enseignants, chefs d'établissement, inspecteurs sur la détection et le signalement des violences. Formation obligatoire des cadres de l'APEL sur ces sujets.
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Soutien psychologique et sanitaire : Augmentation du nombre de psychologues et infirmiers scolaires dans tous les établissements.
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Libération de la parole : Déploiement et application ferme du programme Evars, création de dispositifs d'écoute (présence adulte hors CPE/direction), dispositif d'alerte anonyme.
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Transparence : Sur les contrôles, le suivi des signalements, les conseils de discipline (étude sur les conseils de discipline demandée par la FCPE).
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Coopération : Meilleure collaboration entre l'État, les établissements et les associations de parents. Institutionnalisation du contact avec les fédérations reconnues d'utilité publique (proposition FCPE).
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Réflexion interne (APEL) : Audit externe sur le fonctionnement associatif et les relations avec l'OGEC et les directions diocésaines pour dégager un plan d'action structurel.
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Recrutement et suivi du personnel : Contrôles systématiques des antécédents judiciaires (B2) au recrutement et régulièrement, suivi des enseignants en difficulté.
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Valorisation de l'engagement parental : Campagne de communication publique sur l'importance des élections de parents d'élèves (proposition FCPE), moyens pour les associations de parents.
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Citation Clé (APEL) : "il faut vraiment une tolérance zéro dans l'ensemble de nos établissements"
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Citation Clé (APEL) : "il devrait y avoir un numéro unique qui est le 119"
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Citation Clé (FCPE) : "créer une agence nationale publique de contrôle des organismes privés sous contrat"
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Citation Clé (PEEP) : "il y a plus de ps il y a plus aussi vous avez tout vu l'émission la vie émission Joël Mazar café cette présence de quelqu'un qui ne soit pas le CPE qui soit pas la direction mais à qui on peut parler librement elle est fondamentale"
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Citation Clé (APEL) : "il faut à mon avis créer un dispositif d'alerte anonyme qui soit accessible à tous et qui soit compréhensible par tous"
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Citation Clé (APEL) : "il faut faire une véritable introspection... prendre un cabinet externe pour faire ce travail"
Points de convergence entre les associations :
- La nécessité d'une tolérance zéro face aux violences.
- L'importance du signalement, même si les processus actuels sont jugés insuffisants.
- Le besoin d'une meilleure formation des personnels éducatifs.
- Le manque de psychologues et infirmiers scolaires.
- L'importance de la présence des parents dans l'école et de la coéducation.
- Le besoin de transparence.
Points de divergence ou spécificités :
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Le statut (fédération vs association) et l'impact sur la remontée des informations et la capacité à se porter partie civile (FCPE et PEEP le peuvent, APEL pas actuellement).
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Les propositions plus spécifiques (agence de contrôle pour les privés sous contrat pour la FCPE, audit externe pour l'APEL).
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La relation avec l'enseignement catholique et les OGEC (spécifique à l'APEL).
Conclusion générale :
- L'audition met en lumière un consensus fort parmi les représentants de parents d'élèves sur la gravité des violences en milieu scolaire et la nécessité d'agir résolument. Cependant, elle révèle aussi des insuffisances importantes dans les dispositifs actuels de prévention, de signalement et de contrôle.
Les associations de parents, malgré leur engagement et leur rôle essentiel de "vigies" et de soutien aux familles, sont confrontées à des défis structurels, un manque de transparence de l'administration, et des relations variables avec les établissements et les autorités.
Des propositions concrètes sont formulées pour améliorer le système, notamment par un renforcement des contrôles (en particulier dans le privé sous contrat), une meilleure formation, des dispositifs de signalement plus efficaces et transparents, et un soutien accru aux associations elles-mêmes.
L'actualité récente a accentué la prise de conscience et la volonté d'agir, y compris au sein de l'APEL qui souhaite revoir son fonctionnement interne pour faciliter la remontée des informations.
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Briefing : Utiliser l'IA dans le monde associatif avec Yann Ferguson (LaborIA)
Source : Extraits de "Parlez-moi d’IA #67 Utiliser l'IA dans le monde associatif avec Yann Ferguson (LaborIA)", podcast animé par Jean-Philippe Clément, avec la participation de Yann Ferguson, chercheur et sociologue, directeur du laboratoire Laboria.
Contexte : Ce briefing est basé sur des extraits d'une table ronde organisée par la Maison de la Vie Associative et Citoyenne du 13ème arrondissement de Paris, abordant les enjeux, risques et bonnes pratiques de l'utilisation de l'IA dans le monde associatif.
Yann Ferguson, spécialiste de l'IA dans le monde du travail, y a partagé son expertise.
Thèmes Principaux :
- Origines et évolution de l'Intelligence Artificielle (IA).
- Impact de l'IA sur le monde du travail, notamment dans le secteur associatif.
- La crise récurrente de l'intelligence face aux nouvelles technologies.
- Avantages et risques de l'IA générative (ChatGPT) et l'émergence du "Shadow AI".
- Alternatives aux grands modèles d'IA et l'importance de l'Open Source et de l'IA frugale.
- Utilisation de l'IA dans l'éducation et le développement des compétences humaines.
Idées Clés et Faits Importants :
Définition et histoire de l'IA :
L'IA est avant tout une discipline de recherche formalisée à partir du milieu des années 1950.
Le terme "Intelligence Artificielle" a été choisi dès 1955 pour son pouvoir accrocheur et marketing, permettant d'attirer des financements.
Les fondateurs avaient pour ambition de créer des machines capables de réaliser des tâches nécessitant des processus mentaux de haut niveau, jusqu'alors mieux réalisées par les humains (raisonnement, organisation de la mémoire, pensée critique, apprentissage perceptuel).
Citation : "l'intelligence artificielle c'est une discipline de recherche avant d'être des outils et des applications qui... a commencé à se formaliser à partir de la deuxième moitié des années 50 donc 1950."
Citation : "Ils cherchaient un terme assez accrocheur... un peu qui avait une dimension marketing assez forte." Deux approches historiques de l'IA : Initialement, deux grandes voies ont été explorées :
L'imitation du raisonnement humain (IA logique ou symbolique) : reproduire les logiques des experts face aux problèmes. Cette approche a dominé jusqu'aux années 2000.
L'imitation de l'apprentissage humain (apprentissage machine - machine learning) : fabriquer des machines qui apprennent à partir d'exemples, comme les humains. Cette approche a connu un renouveau important depuis 2010, notamment grâce à l'avènement du Big Data.
Citation : "Le premier chemin consiste à imiter le raisonnement humain... La deuxième manière qu'ils ont imaginé c'est plutôt d'imiter le l'apprentissage humain."
Citation : "depuis 2010 on connaît un renouveau de l'intelligence artificielle mais plus autour de l'approche de limitation du raisonnement humain bien plus autour de l'approche de limitation de l'apprentissage humain."
Citation : "une des raisons pour lesquelles on a une accélération... ça a été le big data vous savez toutes ces données que l'on retrouve sur internet."
L'apprentissage profond (Deep Learning) et le problème de la boîte noire : Le Deep Learning, un courant du machine learning, a permis d'obtenir d'excellents résultats (conversation, reconnaissance d'images) mais souffre d'un problème d'opacité dans son fonctionnement, appelé "problème de l'explicabilité et de la boîte noire".
Citation : "un courant du machine learning qui est le deep learning l'apprentissage profond... avec un problème c'est que la façon dont la machine parvient à apprendre est assez opaque."
IA et le monde du travail : L'IA s'inscrit dans la révolution informatique, aux côtés de l'intelligence augmentée (l'ordinateur comme outil d'assistance) et de l'intelligence distribuée (réseau, Web, intelligence collective). L'IA, ou intelligence automatisée, est la machine capable de raisonner seule.
Citation : "l'intelligence artificielle elle prend place dans la dans la révolution informatique à partir des années 50 et autour de cette de ces nouvelles machines les ordinateurs il y a en fait trois promesses d'intelligence Il y a l'intelligence augmentée... l'intelligence distribué... la troisième l'intelligence artificielle qui était plutôt l'intelligence automatisée."
Les cinq scénarios du futur du travail face à l'IA : Yann Ferguson a identifié cinq grands récits sur l'impact de l'IA sur le travail :
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Le travailleur remplacé : la machine prend la place de l'humain.
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Le travailleur dominé : l'humain est commandé par la machine ou dépend de plateformes sans protection sociale ("uberisation").
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Les travailleurs divisés : apparition d'une classe de travailleurs pauvres avec des emplois peu intéressants et mal payés.
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Le travailleur augmenté : l'IA libère l'humain des tâches répétitives, lui permettant de se concentrer sur des tâches plus créatives et relationnelles. Le travailleur réhumanisé : Recentrage de l'humain sur des tâches dignes de son humanité.
Citation : "j'avais proposé cinq grandes directions à ce récit... Il y a évidemment le récit du travailleur remplacé... la deuxième le deuxième élément un peu dystopique aussi hein c'est le travailleur dominé... 3ème scénario négatif c'est ce que j'avais appelé les travailleurs divisés...
Il y avait quand même deux scénarios beaucoup plus optimistes Il y avait le scénario du travailleur euh du travailleur augmenté... Après le dernier c'est ce qu'on appelle le travailleur réhumanisé."
Le rôle essentiel du secteur associatif ("tiers secteur non marchand") : Jeremy Rifkin, dans les années 90, anticipait que le logiciel remplacerait de nombreux emplois, mais que le "tiers secteur non marchand" (l'associatif), essentiel pour vivre ensemble et non adressé par les logiques marchandes, prendrait une part importante de notre activité.
Citation : "il y a plein d'activités dont on a absolument besoin pour vivre ensemble Et il a appelé ça le tiers secteur non marchand."
Citation : "l'associatif c'est tout ce dont on a besoin pour vivre ensemble mais que le marché n'adresse pas."
L'impact de l'IA générative (ChatGPT) : La sortie de ChatGPT en novembre 2022 a transformé l'usage de l'IA, passant d'initiatives majoritairement patronales à une adoption par les employés eux-mêmes ("Shadow AI"). Plus de la moitié des Français utilisant l'IA au travail le font sans l'accord de leur manager.
Citation : "Lia générative ça change tout... Avant ChatGPT les études montraient que il y avait entre 1 et 10 % des Français qui pouvaient dire j'ai travaillé avec lire Voilà au moins une fois avec Chat GPT on a dépassé les 20 %."
Citation : "on est beaucoup plus dans moi employé j'utilise chat GPT et c'est mon employeur qui veut pas mais je le fais quand même Voilà on appelle ça le shadow AI."
La crise récurrente de l'intelligence face aux technologies : L'histoire montre une résistance récurrente aux nouvelles technologies de l'intelligence, de l'écriture (critiquée par Socrate) à l'imprimerie, la télévision, internet et Wikipédia, toutes accusées de "nous rendre idiot" ou de détruire le lien social. Cette crainte se manifeste aujourd'hui avec l'IA.
Citation : "Qu'est-ce qu'une technologie de l'intelligence c'est un un artefact qui va intervenir d'une façon ou d'une autre dans nos raisonnements Et un artefact très noble extrêmement valorisé dans les universités c'est l'écriture."
Citation : "on a eu différents moments de crise de l'intelligence en lien avec les technologies de l'intelligence L'imprimerie a été une crise dans l'intelligence majeure... Lorsque j'étais jeune c'était la la télévision hein qui était qui nous rendait idiot... internet non seulement devait nous rendre idiot mais aussi de mettre devait mettre fin au lien social... Wikipédia... lorsque Tiag GPT est arrivé on a dit il cite pas ses sources."
Citation : "on a une espèce de crise récurrente de l'intelligence qui amène souvent à considérer que la nouvelle technologie l'intelligence ça nous rend idiot." Perte de facultés versus développement de compétences supérieures : L'utilisation de technologies de l'intelligence peut entraîner une perte de certaines facultés (ex: mémorisation avec les smartphones), mais la question est de savoir si cette perte permet de se déplacer vers des facultés cognitives supérieures (raisonnement, interprétation).
Citation : "il y a toujours une perte de faculté euh lorsqu'on ne mobilise pas la compétence... Montigne nous dit il vaut mieux une tête bien faite qu'une tête bien pleine."
Le risque de la médiocrité généralisée par l'IA générative :
L'IA générative peut rendre un travail "moyen" accessible sans effort, ce qui est gratuit et peut satisfaire le marché (y compris associatif).
Le risque est d'accepter cette médiocrité intellectuelle au détriment d'un travail de meilleure qualité. Les experts sont mieux placés pour utiliser l'IA pour aller au-delà de la moyenne.
Citation : "l' générative dont on parle beaucoup de ce soir elle peut facilement rendre tout le monde moyen sans effort." Citation : "quand vous êtes très performant dans votre sujet et bien vous êtes finalement un bien meilleur utilisateur de lien." Citation : "l'escroquerie c'est de dire que tout le monde peut tout faire avec liagénérative Ça c'est le mensonge." Citation : "le risque c'est plutôt cette espèce de satisfaction générale pour des choses de médiocre qualité intellectuelle."
Alternatives Open Source et IA frugale : Face aux grands modèles propriétaires (comme ChatGPT d'OpenAI), il existe des alternatives Open Source dont le code est public et modifiable. Des modèles spécialisés et "frugaux" (moins consommateurs de ressources énergétiques) sont développés, permettant d'installer l'IA localement sur son ordinateur (ex: LM Studio).
Des acteurs comme Perplexity proposent des modèles qui citent leurs sources (même si la vérification reste nécessaire). Des initiatives françaises comme Playas entraînent des modèles Open Source sur des corpus de données transparents.
Citation : "il y a une une troisième voix qui est en train de s'ouvrir... J'ai il y a un acteur qui je trouve fait un travail fantastique en France qui s'appelle Playas qui est un acteur qui qui entraîne ses modèles ce qu'on appelle en open source."
Citation : "Les solutions commencent à émerger... il n'y a pas que les grands modèles générals qui sont après on va revenir peut-être à un moment donné mais qui sont très très consommateurs de ressources d'énergie On peut il y a il y a désormais une école de développement de l'IA qui est euh très frugal très spé spécial très spécifique à des sujets."
Citation : "Open AI est une solution privée où on ne connaît pas la source... Et il y a plein de modèles qui sont open source c'est-à-dire que le code il est publié en ligne."
L'éthique et l'écologie de l'IA : La course au "scaling" (augmenter l'échelle des modèles) des grands acteurs est très énergivore.
L'IA frugale, qui se concentre sur des tâches spécifiques et minimise les ressources, est une approche plus responsable. Une spécification AFNOR sur l'IA Frugale existe pour guider les développeurs.
Citation : "J'ai pas pu m'empêcher de faire mon petit coup de gueule sur l'usage des modèles généraux énormes et leur fabrication euh versus les petits modèles frugo et et open source."
Citation : "vous avez une spécification de l'AFNOR donc vraiment un truc officiel quand même qui s'appelle IA Frugal et qui donne des méthodes aux gens qui développent sur l'IA pour s'interroger sur la manière de le faire de la manière la plus la plus frugale."
Utilisation de l'IA comme outil d'amélioration dans l'éducation :
L'exemple de l'utilisation de l'IA pour aider une lycéenne à améliorer son devoir montre comment l'IA peut servir non pas à faire le travail à la place de l'humain, mais à le perfectionner et à développer des compétences critiques.
Citation : "on a plutôt essayé de voir comment Lia pouvait l'aider à faire mieux qu'à faire moins."
Conclusion Principale :
L'IA représente une évolution majeure de l'intelligence, inscrite dans une histoire longue de technologies qui ont suscité des craintes récurrentes.
Son impact sur le monde du travail, y compris dans le secteur associatif, est multiforme, avec des scénarios allant du remplacement à l'augmentation et à la réhumanisation du travail.
L'avènement de l'IA générative a démocratisé son usage, mais soulève des questions éthiques, écologiques et de qualité.
Il est crucial de ne pas se limiter aux grands modèles propriétaires et de considérer les alternatives Open Source et les approches d'IA frugale.
L'enjeu n'est pas nécessairement de "déléguer l'intelligence humaine à une machine", mais de comprendre comment l'IA peut être un outil pour améliorer et développer les compétences humaines, notamment en s'appuyant sur les forces relationnelles et créatives de l'humain, particulièrement importantes dans le monde associatif.
Être un "bon utilisateur" de l'IA, capable d'interpréter et de contextualiser ses réponses, est essentiel.
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NOTE D'INFORMATION : Traque des pédocriminels en ligne par l'association Les Enfants d'Argus
Source : Extraits du documentaire "Ils TRAQUENT les pédocriminels en ligne - documentaire complet" (france.tv access)
Date : 26/10/2023
Sujet : Activités et motivations de l'association Les Enfants d'Argus dans la lutte contre la pédocriminalité en ligne.
Résumé Exécutif :
- Le documentaire présente l'association Les Enfants d'Argus, composée de bénévoles qui se font passer pour des enfants de 10-12 ans sur les réseaux sociaux afin d'attirer et d'identifier des pédocriminels potentiels.
L'objectif est de recueillir des preuves d'infractions (corruption de mineurs, proposition sexuelle, diffusion d'images pornographiques, etc.) pour constituer des dossiers solides et les transmettre aux autorités judiciaires (police, gendarmerie, parquets) afin de mener à des arrestations et des condamnations.
L'association, active dans les pays francophones d'Europe (France, Suisse, Luxembourg, Belgique), s'appuie sur le travail d'une vingtaine à une trentaine de bénévoles, répartis en "enfants virtuels" (les appâts) et "enquêteurs" (ceux qui analysent les preuves et identifient les auteurs).
Les motivations des membres sont souvent liées à des expériences personnelles de traumatisme, la démarche étant perçue comme un moyen de trouver une utilité et de combattre un fléau omniprésent mais tabou.
Le travail est éprouvant émotionnellement et nécessite des précautions importantes pour la sécurité et la crédibilité des profils.
L'association collabore avec les autorités, précisant ne pas "voler" leur travail mais le compléter.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
La méthode de l'Appât Virtuel :
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L'association crée des profils fictifs sur les réseaux sociaux (principalement Facebook et Instagram) représentant des enfants de 10 à 12 ans. Ces profils sont conçus pour être crédibles, avec des centres d'intérêt (dessin, danse, chant, équitation), des photos (adultes rajeunis avec accord, photos libres de droit modifiées), et des publications imitant le langage et les fautes d'orthographe d'un enfant de cet âge.
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"Un enfant virtuel, comme son nom l'indique, ce n'est pas un enfant, c'est un adulte qui a rejoint notre association... qui représente, sur les réseaux sociaux, un enfant qui aurait entre 10 et 12 ans..."
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Ces comptes servent d'"appât" : "Le compte, c'est un appât ? - Oui, c'est un appât. - Et ça marche ? - Oui. Bah oui."
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Étonnamment, les algorithmes des réseaux sociaux aident à diriger les "enfants virtuels" vers des "présumés pédocriminels" via les suggestions d'amis.
"Paradoxalement, nous, on ne fait rien. Absolument rien. Les algorithmes des réseaux sociaux, d'une manière générale, vont eux-mêmes nous diriger, en suggestion d'amis, chez certains présumés pédocriminels." Un "enfant virtuel" mentionne avoir près de 1000 demandes d'amis, majoritairement d'hommes.
L'omniprésence de la Pédocriminalité :
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Les participants soulignent la fréquence alarmante des contacts initiés par des pédocriminels dès la création d'un faux profil enfant.
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Un membre affirme : "La pédocriminalité, c'est vraiment... On se rend pas compte que nous, on connaît tous des gens... C'est partout. En moyenne, il y en a trois par classe."
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Un autre ajoute : "sur les réseaux sociaux ou sur n'importe quel jeu électronique, il y a des pédocriminels. Comme je vous l'ai dit : là où il y a des enfants, il y aura des pédocriminels."
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Le documentaire souligne que les agresseurs ne correspondent pas à un "profil type" et peuvent être "ton jardinier, ça peut être ton boulanger, ça peut être absolument n'importe qui."
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La majorité des abus (environ 95%) ont lieu dans les cercles familiaux ou connus de l'enfant. L'association se concentre sur les 5% d'agressions commises par des inconnus rencontrés en ligne.
Les Motivations des Bénévoles :
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De nombreux membres sont personnellement touchés par le fléau, ayant eux-mêmes été victimes ou connaissant des proches abusés.
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"Je suis rentré dans l'association Les Enfants d'Argus parce que, malheureusement, comme beaucoup de gens dans le monde, j'ai été abusé quand j'étais enfant, et c'est ce qui a principalement motivé mes démarches pour rejoindre l'association."
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Un membre exprime sa motivation principale par la "haine" envers les agresseurs, qui lui donne "tellement de détermination".
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La démarche est aussi un moyen de trouver une "utilité à sa vie" et de "se servir de ses traumas comme d'une force".
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La "satisfaction" de voir un agresseur inquiété ou arrêté est un facteur de motivation.
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Le fait d'occuper les agresseurs sur les faux profils empêche ces derniers de contacter de vrais enfants : "même, juste le temps qu'on passe à parler avec ces mecs, c'est du temps en moins qu'ils ont à parler avec des vrais enfants. Donc, on ne fait pas rien."
Le Processus de Traque et de Constitution de Dossiers :
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Les "enfants virtuels" interagissent avec les agresseurs potentiels, en maintenant la crédibilité de leur rôle et en évitant toute incitation. "Ne jamais laisser sous-entendre qu'on est d'accord pour avoir des relations sexuelles... jamais d'incitation."
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Ils documentent les échanges, en particulier les "infractions claires et nettes" (demandes de photos, propositions sexuelles, envoi d'images pornographiques).
Les captures d'écran sont essentielles car les agresseurs suppriment souvent les messages. "Capture d'écran immédiatement et j'enregistre le média qu'il m'a envoyé... Heureusement qu'on l'a screenée, parce qu'on a bien notre preuve d'infraction."
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Il est crucial de rappeler l'âge supposé de l'enfant virtuel dans les conversations pour caractériser l'intentionnalité de l'agresseur. "C'est précieux pour aller sur l'aspect psychologique, sur ce qu'on appelle l'intentionnalité... En ayant créé un avatar et en ayant fait... plusieurs messages un peu types : 'J'ai cet âge-là', 'Ça me fait peur, ce que tu me dis'... Avec plusieurs messages comme ça, ça permet de caractériser toute l'intentionnalité."
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Les dossiers, compilant les preuves et les infractions caractérisées, sont ensuite transmis aux "enquêteurs".
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Les "enquêteurs" analysent les nombreuses captures d'écran et messages (parfois plus de 140 screens et 1500 messages par dossier).
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Ils effectuent des recherches en ligne ("OSINT" - Open Source INTelligence), en utilisant des informations publiques (profils Facebook, likes, photos, commentaires, etc.) pour tenter d'identifier l'auteur réel.
Des exemples de techniques d'identification sont donnés, comme l'analyse d'arrière-plans sur les photos pour repérer des lieux précis (une rambarde en fer forgé identifiée grâce à Google Street View).
- Une fois le dossier complet, il est révisé et envoyé au parquet, accompagné d'une lettre de dépôt de plainte.
L'association peut être convoquée comme partie civile lors du procès pour représenter l'enfant virtuel.
Les Défis et les Conséquences Émotionnelles :
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Le travail d'"enfant virtuel" et d'"enquêteur" est décrit comme "fastidieux" et demandant "énormément de temps".
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L'exposition constante à du contenu choquant ("voir des choses qui vont peut-être me faire vomir ou pleurer") est un poids émotionnel majeur.
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"On est parfois confrontés à des choses qui sont dures... Les écrits, ça peut être dur, au même titre que les vidéos... Ce qu'il y a de plus dur, c'est le son. C'est ça, le plus dur."
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Certains membres "craquent" et quittent l'association en raison de la difficulté émotionnelle.
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Le "syndrome de Peter Pan" est mentionné pour décrire l'idéalisation du monde de l'enfance par les pédophiles, souvent liée à un sentiment de frustration de leur propre jeunesse.
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Le suivi psychologique n'est pas optionnel pour les professionnels et est fortement recommandé pour les bénévoles compte tenu de l'exposition. Se mettre dans cette démarche sans préparation est perçu comme "se mettre soi-même en danger".
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Les bénévoles doivent apprendre à "faire la part des choses" et à prendre du temps pour "décompresser" afin de préserver leur santé mentale.
La Collaboration avec les Autorités :
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L'association précise ne pas "voler le travail de la police", mais les aider. "On n'est pas des shérifs... on va juste faire des dépôts de plaintes, et après, c'est entre les mains de la police ou de la gendarmerie et de la justice."
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La collaboration avec certaines unités de police ou de gendarmerie est décrite comme positive ("Eux, ils sont vraiment bien").
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Les dossiers bien documentés de l'association sont précieux pour les autorités car ils caractérisent l'"intentionnalité" des agresseurs.
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Un procureur adjoint reconnaît que le système judiciaire actuel est débordé par la masse de signalements et que, malgré l'existence de peines et de condamnations, les moyens humains et matériels sont limités. "si l'intégralité de ces plaintes devait amener à des procès, notre système exploserait."
Structure et Fonctionnement de l'Association :
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L'association compte entre 25 et 30 bénévoles, avec une limite d'environ 40-50 personnes pour rester gérable.
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Elle s'organise avec des "enfants virtuels" et des "enquêteurs", encadrés par des "chefs d'équipe".
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Une nouvelle salariée ("Akela") est embauchée pour professionnaliser l'association et aider à gérer la charge de travail croissante et les relations avec la justice.
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La communication interne peut être complexe ("ça part dans tous les sens ou ça s'engueule presque"), nécessitant de la diplomatie.
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Les arrivées et départs de bénévoles sont réguliers.
Conclusion :
Le documentaire met en lumière l'engagement profond et souvent douloureux des bénévoles de l'association
Les Enfants d'Argus dans la lutte contre la pédocriminalité en ligne.
Leur méthode, basée sur l'utilisation d'avatars d'enfants pour attirer les agresseurs et documenter leurs actes, est à la fois efficace pour obtenir des preuves et émotionnellement très éprouvante.
Bien que l'association contribue de manière significative à l'identification et la poursuite des agresseurs, elle opère dans un contexte où le phénomène de la pédocriminalité en ligne est massif et où le système judiciaire fait face à des contraintes de moyens importantes.
Les motivations personnelles, souvent liées à un passé traumatique, constituent un moteur puissant pour ces bénévoles, mais les risques pour leur santé mentale sont bien réels.
L'association représente une initiative citoyenne essentielle pour combler les lacunes dans la surveillance et la lutte contre ce fléau sur internet.
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Document de briefing : Nutrition et Santé : Démêler le vrai du faux
Date : 26 mai 2024
Source : Extraits de la conférence "Nutrition et Santé : démêler le vrai du faux"
Objet : Revue des points clés et des découvertes majeures présentées dans la conférence.
Introduction
Cette conférence, présentée par une chercheuse en épidémiologie nutritionnelle, a pour objectif d'expliquer l'impact de l'alimentation sur la santé et le fonctionnement du corps, notamment auprès d'un jeune public.
Elle met en lumière le rôle crucial de la recherche, en particulier l'épidémiologie, dans la compréhension de ces liens complexes.
Thèmes Principaux
- L'alimentation comme facteur déterminant de la santé : L'idée centrale est que ce que nous mangeons et buvons tout au long de notre vie a un impact profond et durable sur notre corps et notre santé, influençant le risque de développer diverses maladies.
- La complexité de l'alimentation au-delà des nutriments de base : Si historiquement la recherche s'est concentrée sur les graisses, sucres, sels et vitamines, l'alimentation moderne inclut également des composés issus de la transformation industrielle, tels que les additifs et les contaminants, dont l'impact sur la santé est un domaine de recherche actif.
- L'impact des aliments ultra-transformés et des additifs : La consommation d'aliments ultra-transformés est associée à un risque accru de maladies chroniques (cancers, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, obésité, mortalité). La recherche étudie plus précisément l'impact des additifs alimentaires et des contaminants issus des emballages.
- Le rôle crucial de la recherche en épidémiologie nutritionnelle : L'épidémiologie permet d'étudier l'impact de l'alimentation sur la santé en analysant de larges populations sur de longues périodes. Cette approche, complétée par des études en laboratoire (sur cellules ou animaux), permet de faire progresser les connaissances.
- La prévention des maladies par le mode de vie : Il est estimé qu'une part significative des cancers et d'autres maladies pourraient être évités en changeant certains aspects du mode de vie, notamment l'alimentation, l'activité physique et en évitant le tabac et l'alcool.
- Les recommandations nutritionnelles basées sur la recherche : Des guides, comme ceux disponibles sur mangerbouger.fr, fournissent des recommandations pratiques pour une alimentation équilibrée visant à réduire le risque de maladies.
- Le Nutriscore comme outil d'aide à la décision pour le consommateur : Créé par l'équipe de recherche, le Nutriscore vise à simplifier l'information nutritionnelle et à orienter les consommateurs vers des aliments de meilleure qualité, impactant positivement la qualité globale du panier d'achat.
- Les nouveaux domaines de recherche : La recherche continue d'explorer des aspects plus complexes de la nutrition, tels que le moment des repas, l'impact du microbiote intestinal et l'influence des facteurs comportementaux sur les choix alimentaires.
- L'importance de l'esprit critique face à la publicité et aux fake news : Les consommateurs sont encouragés à développer un esprit critique face aux messages marketing souvent trompeurs et aux informations non fiables circulant en ligne.
- Le lien entre alimentation et environnement : Les choix alimentaires ont également un impact sur la planète, notamment à travers l'élevage et les émissions de gaz à effet de se**rre.
Idées et Faits les plus importants
- Quantité ingérée au cours d'une vie : Au cours d'une vie, une personne consomme environ "30 tonnes d'aliments et 50 000 L de boisson". Cela souligne l'importance de l'impact cumulatif de l'alimentation sur le corps.
- Diversité des régimes alimentaires : L'alimentation varie considérablement selon les pays et même au sein d'un même pays, reflétant la diversité culturelle et l'accès aux aliments.
- Les macronutriments essentiels : L'organisme a besoin de glucides (pour l'énergie, notamment pour le cerveau et les muscles), de protéines (pour la construction du corps, comme les muscles, et les réactions chimiques internes) et de graisses/lipides (en différents types et provenant de diverses sources).
- L'importance des micronutriments : Les vitamines et les minéraux (comme le calcium dans les produits laitiers) sont indispensables au bon fonctionnement de l'organisme et à la construction du corps (par exemple, les os).
- Le lien entre alimentation déséquilibrée et maladies : Une alimentation déséquilibrée (manque de vitamines, excès de sucre ou de gras) peut entraîner des maladies telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires, le surpoids et l'obésité. Ces maladies sont multifactorielles mais l'alimentation et l'activité physique jouent un rôle important.
- La méthode de l'épidémiologie : Les chercheurs étudient l'impact de l'alimentation en suivant de larges populations ("10, 20, 300 ou plusieurs centaines de milliers de personnes") sur de longues périodes, comparant les habitudes alimentaires de ceux qui tombent malades et de ceux qui restent en bonne santé. L'étude Nutrinet-Santé en est un exemple majeur.
- Prévention des cancers : Il est estimé que "142 000 cancers" pourraient être évités en changeant le mode de vie, notamment en évitant le tabac, l'alcool et en adoptant une alimentation équilibrée.
- Mortalité liée à la nutrition : À l'échelle mondiale, "une personne sur sept" meurt à cause de problèmes liés à l'alimentation. Cela inclut la sous-nutrition dans certaines régions et les excès dans d'autres.
Recommandations clés de mangerbouger.fr :
- Consommer au moins "cinq portions de fruits et légumes tous les jours".
- Favoriser les légumes secs (lentilles, pois chiches) et les fruits à coque (une petite poignée par jour).
- Cuisiner maison si possible.
- Pratiquer une activité physique (au moins 1 à 2 heures par jour pour les enfants, 30 minutes pour les adultes).
- Choisir du pain complet plutôt que du pain blanc.
- Manger du poisson deux fois par semaine, dont un poisson gras.
- Utiliser des huiles végétales (olive, colza, noix) plutôt que du beurre.
- Consommer 3 à 4 produits laitiers par jour pour les enfants (2 pour les adultes).
- Privilégier les fruits et légumes de saison.
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Consommer des aliments bio quand c'est possible pour limiter les pesticides.
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Aliments à limiter : Produits sucrés (sodas, bonbons, barres chocolatées), sel, charcuterie, viande rouge, alcool.
- Pièges du marketing alimentaire : La publicité incite souvent à consommer des aliments riches en gras, sucre et sel, utilisant des messages parfois trompeurs.
- Le Nutriscore : Cet outil visuel simple (échelle de A à E) permet d'évaluer la qualité nutritionnelle des aliments. Les Nutriscores A et B sont les meilleurs, D et E sont à limiter en quantité et fréquence.
- Preuves scientifiques : Des études sur de larges cohortes ont montré que la consommation d'aliments mal classés au Nutriscore est associée à un "risque plus élevé de maladies chroniques" et à une "mortalité plus élevée". Inversement, le Nutriscore encourage l'achat d'aliments de meilleure qualité.
- Potentiel d'impact : La généralisation du Nutriscore pourrait entraîner une "réduction de mortalité par maladie chronique de plus de 3% par an" en Europe.
- Calcul du Nutriscore : Il est basé sur un système de points favorisant les fruits, légumes, fibres, protéines et pénalisant les sucres, acides gras saturés, sel, calories.
- Utilisation : Le Nutriscore est utilisé en France et dans plusieurs autres pays européens.
- Outils complémentaires : L'application Open Food Facts permet de scanner les produits pour obtenir le Nutriscore et d'autres informations (additifs, transformation).
- Aliments ultra-transformés (AUT) : Exemples : un "stick à la banane" sans banane, composé d'additifs et de sucres. La consommation régulière d'AUT est liée à un risque accru de maladies chroniques.
- Additifs alimentaires : Ils sont présents dans de nombreux produits (édulcorants, colorants). Des liens avec certaines maladies, comme le diabète, sont étudiés.
- Contaminants des emballages : Des substances chimiques peuvent migrer des emballages vers les aliments. Plus de "12 000 composés différents" peuvent être utilisés dans les emballages, et leur impact sur la santé est largement inconnu.
- Les pesticides : Associés à un risque plus bas de maladies, d'où l'intérêt de consommer des aliments bio.
- Le moment des repas : Des recherches émergentes suggèrent qu'il serait préférable de manger plutôt pendant la journée, avec un jeûne nocturne suffisant.
- La pleine conscience alimentaire : Manger en étant attentif aux signaux de faim et de satiété, en évitant les distractions (écrans), peut améliorer la qualité de l'alimentation.
- Le microbiote intestinal : Ces bactéries bénéfiques présentes dans le tube digestif aident à la digestion (notamment des fibres) et produisent des substances positives pour la santé. L'alimentation influence le microbiote.
- Impact environnemental de l'alimentation : Environ "un tiers" des gaz à effet de serre sont liés au bétail. Limiter la viande rouge et la charcuterie est aussi bénéfique pour l'environnement.
- Importance de l'information fiable : Encouragement à consulter des sources fiables comme mangerbouger.fr et à se méfier des fake news, notamment sur les réseaux sociaux.
- L'exposition "Alimentation : Démêler le vrai du faux" de l'INSERM est une ressource disponible pour les écoles.
- La Fabrique à Menus sur mangerbouger.fr propose des idées de recettes saines et conviviales.
- Le métier de chercheuse en nutrition-santé : Présenté comme passionnant, divers et impliquant recherche, communication publique et interaction avec les médias.
Conclusion
La conférence souligne l'importance capitale de l'alimentation pour la santé individuelle et collective.
Elle met en évidence les progrès de la recherche en épidémiologie pour comprendre les liens complexes entre nutrition, mode de vie et maladies.
Des outils comme le Nutriscore et des ressources en ligne sont disponibles pour aider les consommateurs à faire des choix éclairés.
Enfin, elle insiste sur la nécessité d'un esprit critique face à l'information et encourage l'adoption de bonnes habitudes alimentaires et un mode de vie actif dès le plus jeune âge.
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Document d'Information : Analyse des Biais Cognitifs, des Fake News et de la Post-Vérité
Source : Extraits de "Quels biais cognitifs à l’œuvre ?"
Date : [La date n'est pas précisée dans l'extrait, mais le contexte renvoie à des événements récents comme le Brexit et l'élection de Donald Trump.]
Auteur(s) : Michel Wieviorka (introduction) et Jean-Pierre Dozon (intervention sur la modernité sorcière).
Résumé Exécutif :
- Ces extraits abordent les phénomènes interconnectés des fake news, de la post-vérité et des biais cognitifs, en les situant dans le contexte politique récent (Brexit, élection de Trump, populisme) et en explorant leurs mécanismes, notamment la distinction entre logiques verticale et horizontale de diffusion.
L'intervention de Jean-Pierre Dozon propose une perspective anthropologique, établissant un parallèle entre les théories du complot et le modèle de la sorcellerie, suggérant que ce dernier n'est pas une relique du passé mais une "modernité sorcière" universelle, particulièrement exacerbée par les inégalités et la circulation de l'information à l'ère de la globalisation.
Les intervenants soulignent le danger de la dissolution des frontières entre le vrai et le faux et la nécessité de recherches solides et d'une pensée critique non complotiste pour y faire face.
Thèmes Principaux :
- Le Contexte et les Termes Clés : Post-Vérité et Fake News :
- Les phénomènes de post-vérité et de fake news sont étroitement liés à des événements politiques majeurs récents, tels que le Brexit et l'élection de Donald Trump.
- Ces termes ont acquis une reconnaissance officielle, "post-truth" étant le mot de l'année de l'Oxford Dictionaries et "fake news" celui du Collins.
- La post-vérité est décrite comme "une expression qui désigne à la fois une époque un moment où on ne sait plus où il vrai on ne sait plus où il faut et en même temps et en même temps qu'une époque un type peut-être deux sociétés".
- Les fake news sont présentées comme plus complexes qu'un simple mensonge, étant "à la fois quelque chose de faux mais un peu caviaré d'un peu un peu faux un peu comment dire bricolé".
- Mécanismes de Diffusion : Verticalité vs. Horizontalité :
- Initialement, l'analyse se concentrait sur des logiques "verticales" (top-down), où un gouvernement ou un candidat utilise une presse mensongère ou les réseaux sociaux pour atteindre une base électorale sensible aux émotions plutôt qu'à la raison. L'affaire Cambridge Analytica et la manipulation de données numériques par des acteurs étatiques sont citées en exemple, montrant le mélange du politique et d'autres intérêts (économiques).
- Cependant, il est souligné qu'il faut aller "beaucoup plus loin" et considérer également les logiques "horizontales" de diffusion. La contre-information sur les réseaux sociaux peut circuler "de manière virale comme des rumeurs" sans nécessairement provenir d'un acteur politique ou économique centralisé.
- L'exemple des Gilets Jaunes est utilisé pour illustrer cette logique horizontale, où "la vérité ici ce n'est pas ce qui est démontré ce n'est pas ce qui est argumenté c'est ce qui est reconnu à l'applaudimètre c'est ce qui obtient le plus de like sur facebook".
- Logiques de Confiance et de Défiance : Une Dissociation Dangereuse :
- Un point "important" est la distinction "radicalement" entre une logique de confiance et une logique de méfiance qui deviennent "séparées disjointes".
- À l'intérieur des groupes qui acceptent les fake news et les mensonges, il y a une "confiance qui devient absolue".
- En revanche, "tout ce qui semble venir d'ailleurs que de ce groupe à commencer par les élites les journalistes hommes politiques les intellectuels les enseignants les médecins des scientifiques etc tout ceci c'est le doute et le soupçon et au-delà très très vite c'est l'idée que de ce monde là ne peut venir que le mensonge et par conséquent derrière le mensonge le complot".
- Cette logique de défiance ou de méfiance mène "aux complotistes à la paranoïa".
- La question fondamentale posée est "comment éviter de vivre dans un monde où il n'y a plus que ces deux univers disjoints". La réponse passe par "des efforts pour réintroduire entre ces deux univers qui tendent à se dissocier la critique la pensée critique rationnelle constructive le débat l'argumentation démocratie".
- La Modernité Sorcière et les Théories du Complot (Jean-Pierre Dozon) :
- L'intervention de Jean-Pierre Dozon établit un parallèle entre les théories du complot contemporaines et le modèle de la sorcellerie africaine traditionnelle.
- La sorcellerie est présentée comme un "modèle archétypal" qui procède par un "dédoublement du réel", expliquant les "discontinuités de vie ordinaire" (maladies, mort, infortunes, mais aussi succès inattendus) par l'action d'une communauté de sorciers agissant dans un "double" du monde visible. Ce modèle obéit à des "ressorts cognitifs" (recherche d'explications) et "affectifs" (rancune, jalousie, haine).
- Contrairement à l'idée que la modernisation reléguerait la sorcellerie au passé, celle-ci a connu un "renforcement" et une adaptation à la "modernité africaine". Les nouvelles inégalités, les écarts de richesse et l'émergence de nouveaux milieux sociaux ont donné à la sorcellerie "de quoi devenir éminemment moderne".
- La "puissance blanche" coloniale, puis les pouvoirs d'État africains et les mondes urbains ont été assimilés à des pouvoirs occultes ou régis par une sorcellerie puissante.
- Les théories du complot contemporaines sont vues comme "assez proches des mécanismes qui président à ce qu'il est convenu d'appeler les théories du complot".
- Dans la "modernité sorcière", les limites à l'explication par un "arrière-monde" tendent à s'effacer, et tout ce qui trouble le monde ordinaire ne peut plus être expliqué autrement que par ce monde occulte, réputé "démentir les versions qui sont données par les autorités officielles".
- Des exemples concrets sont donnés, comme les explications complotistes entourant le SIDA et Ebola en Afrique, perçus comme des créations de laboratoires occidentaux ou des outils pour contrôler les populations. Ces récits sont favorisés par la "globalisation néolibérale" et la "défiance à l'égard du monde occidental".
- Le monde occidental est désormais perçu non plus seulement pour ses performances techniques (comme à l'époque coloniale) mais pour sa capacité à utiliser celles-ci "pour comploter contre l'Afrique et pour y répandre le malheur et la mort", souvent "en collusion avec les pouvoirs d'état africains".
- Les fondamentalismes religieux contemporains (évangélisme, islamisme) contribuent à cette vision binaire du monde en "diabolisant leurs adversaires" et en proposant "de tout autre vérité que celle qui résulte de l'activité scientifique".
- Jean-Pierre Dozon conclut que le modèle de la sorcellerie, bien qu'enraciné en Afrique, est "universel" par sa plasticité et trouve un terrain fertile dans "ces contextes ce en gros de la modernité économique marché consumérisme aux urbains etc" qui produisent des "discontinuités de bizarreries notamment des écarts et des disparités croissantes entre les humains". Il permet de "ne pas croire ne pas adhérer aux explications que nous donnent les pouvoirs publics les autorités scientifiques les médias" et d'en trouver d'autres qui prétendent "démontrer que ce que l'on raconte officiellement et mensongers".
- Une Nouvelle Ère ou un Moment de Transition ? :
- Une question ouverte est posée : "est-ce que nous sommes en train d'entrer nous sommes entrés dans une ère nouvelle" où la "principale caractéristique c'est la dissolution des frontières entre le faux et le vrai", un "régime d'historicité radicalement neuf avec un relativisme généralisé plus un immense scepticisme".
- Certains suggèrent que cela a commencé avec la modernité (Machiavel), d'autres que les croyances et les mensonges sont des traits anthropologiques constants.
- Il est cependant crucial de ne pas "sous-estimer le fait que tout ça prend l'allure que ça prend à cause aussi ou en raison aussi de l'existence de tout ce qu'apporte les technologies actuelles de communication le côté virale le côté interactif".
- L'émergence de ces phénomènes est également liée à la visibilité croissante de groupes "qui ont le sentiment plus ou moins fondé d'être en chute sociale disqualifié ignorés méprisés rester oublié tenus pour invisible".
- L'orateur penche davantage pour l'idée que "tout ceci est plutôt caractéristiques d'un passage d'un moment de mutation" lié à "la montée des populismes ça va avec la montée les fake news la dissolution des médiations la crise des systèmes de représentation politique la crise de tout ce qui faisait le vieux monde".
- L'espoir est exprimé que cette période soit un "moment d'un passage" et que des initiatives comme le colloque contribuent à "accélérer ce passage mais à le faire dans le dans le bon sens".
- Sociologie non Complotiste :
- Il est jugé "important" et "difficile" de mener des "sciences sociales qui ne soit pas complotistes" pour "rechercher des acteurs des logiques des systèmes d'action" qui "ont plutôt intérêt à être dans l'ombre".
Points Clés et Faits Importants :
- La post-vérité et les fake news sont des concepts centraux pour comprendre le paysage informationnel actuel.
- La diffusion de l'information (ou de la désinformation) peut être verticale (étatique, institutionnelle) ou horizontale (virale, réseaux sociaux).
- La logique horizontale peut mener à une "vérité" basée sur le "like" et la reconnaissance du groupe plutôt que sur l'argumentation.
- Une dissociation croissante entre une confiance absolue au sein des groupes adhérant aux fake news et une méfiance totale envers les sources "officielles" (élites, scientifiques, médias) est un phénomène majeur.
- Les théories du complot et la paranoïa sont une conséquence de cette logique de défiance.
- Le modèle anthropologique de la sorcellerie fournit une grille d'analyse pour comprendre les théories du complot comme une recherche d'explications satisfaisantes à des événements perçus comme troublants ou inattendus.
- La sorcellerie (ou ses mécanismes) s'est adaptée à la modernité, devenant une "modernité sorcière" exacerbée par les inégalités socio-économiques et la globalisation.
- Les technologies de communication actuelles (réseaux sociaux, écrans) jouent un rôle crucial dans la propagation rapide et virale des fausses informations et des récits complotistes.
- L'analyse suggère que ces phénomènes sont peut-être moins le signe d'une nouvelle ère définitive que d'un "moment de mutation" lié à la crise des anciennes structures politiques et sociales et à la montée des populismes.
- La nécessité d'une "sociologie non complotiste" et de la réintroduction de la pensée critique, du débat et de l'argumentation est soulignée comme un moyen de lutter contre la dissociation entre confiance et méfiance.
Citations Clés :
- "la post vérité c'est-à-dire une expression qui désigne à la fois une époque un moment où on ne sait plus où il vrai on ne sait plus où il faut et en même temps et en même temps qu'une époque un type peut-être deux sociétés"
- "il faut aller beaucoup plus loin élargir le constat et poser quelques grandes questions"
- "élargir le constat est posée quelques grandes questions est ce que la poste vérité c'est-à-dire une expression qui désigne à la fois une époque un moment où on ne sait plus où il vrai on ne sait plus où il faut et en même temps et en même temps qu'une époque un type peut-être deux sociétés j'y reviendrai est ce que la post vérité et les faits que nous c'est autre chose c'est les informations"
- "on a besoin de recherche sur tous ces phénomènes et des recherches ce solide"
- "il est devenu à mes yeux très clair qu'il faut distinguer malheureusement radicalement de logique dans ces phénomènes une logique de confiance et une logique de méfiance"
- "tout ceci c'est le doute et le soupçon et au delà très très vite c'est l'idée que de ce monde là ne peut venir que le mensonge et par conséquent derrière le mensonge le complot"
- "comment éviter de vivre dans un monde où il n'ya plus que ces deux univers disjoints"
- "la réponse passe évidemment mes yeux par des efforts pour réintroduire entre ces deux univers tendent à se dissocier la critique la pensée critique rationnelle constructive le débat l'argumentation démocratie"
- "le modèle archétypale de la sorcellerie... procède par une sorte de dédoublement du réel"
- "cette modernité sorcière qui s'applique plutôt assez bien à l'afrique ne lui est pas exclusive loin s'en faut"
- "tous ces changements tous ses processus de modernisation ont été au contraire par lui particulièrement favorable à leur renforcement"
- "tout cela a donné à la sorcellerie de quoi devenir éminemment moderne"
- "ces limites qui ont tendu et qui tente de plus en plus à s'effacer comme si tous du réel de ce qu'ils y un trouble et un certain ordre des choses n'étaient plus en mesure d'être expliquer autrement que par sa carrière monde lequel arrière monde et réputé au contraire démentir les versions qui sont données par les autorités officielles"
- "cette modernité sorcières comme cela comme je l'appelle ne concerne pas que l'afrique"
- "notre monde celui que l'on appelle développer métiers pré lumens dans un vaste mouvement de globalisation économique et technologique notre monde semblait participer pleinement en ils ont un rôle particulièrement nocifs"
- "les fondamentalismes religieux... ne cesse de diaboliser leurs adversaires ou toute sorte de choses qui ne leur conviennent pas"
- "on peut considérer que cette émergence de ces thèmes... a beaucoup à voir avec la formation visible de deux phénomènes sociaux dans lesquels des personnes et des groupes qui ont le sentiment plus ou moins fondées d'être en chute sociale disqualifié ignorés méprisés rester oublié tenus pour invisible"
- "tout ceci c'est pas forcément pas nécessairement la caractéristique du nouveau type de société dans lequel nous entrerions... Je pense que tout ceci est plutôt caractéristiques d'un passage d'un moment de mutation"
Conclusion :
Les extraits offrent une analyse riche et multidimensionnelle des phénomènes de fake news et de post-vérité, les ancrant dans le contexte socio-politique contemporain tout en proposant une perspective anthropologique.
Ils mettent en lumière la complexité de la diffusion de l'information à l'ère numérique et le danger d'une polarisation croissante alimentée par des logiques de confiance et de défiance dissociées.
L'analogie avec la "modernité sorcière" suggère que la recherche d'explications alternatives, même irrationnelles, est une réponse profondément ancrée à un monde perçu comme injuste ou incompréhensible.
La période actuelle est vue comme un moment de transition où les anciennes références (sciences, médias, politique) sont remises en cause, rendant la promotion de la pensée critique et du débat démocratique d'autant plus essentielle.
La nécessité de recherches sociales rigoureuses et non complotistes pour comprendre ces dynamiques est un appel majeur.
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NOTE DE SYNTHÈSE
Sujet : L'expérience de l'IVG en France : Persistance des tabous et complexité des vécus.
Source : Extraits du documentaire "IVG : Est-ce encore un sujet tabou en France ? - Documentaire complet" (sans mention d'une date de publication ou de diffusion précise dans les extraits).
Présentation générale :
- Le documentaire explore la réalité de l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) en France à travers les témoignages de plusieurs femmes ayant eu recours à cette procédure.
Il met en lumière la persistance d'un tabou autour de ce sujet, malgré sa légalisation depuis 1975 (Loi Veil).
Le film alterne récits personnels, extraits de discussions de groupe animées par une psychologue, et informations factuelles sur les méthodes et le contexte légal de l'IVG en France et dans le monde.
Un cas particulier est suivi à distance via des messages vocaux, documentant le parcours de Marion tout au long de son IVG médicamenteuse.
Thèmes principaux et idées clés :
- La persistance du tabou et du silence autour de l'IVG :
- De nombreuses femmes, même celles vivant dans de grandes villes et ayant eu un parcours "classique", gardent le secret sur leur avortement pendant des années.
- L'une des intervenantes explique avoir gardé le silence pendant plus de dix ans, ne trouvant pas l'occasion d'en parler et ayant l'impression que "si je n'en parlais pas, alors ça n'était pas arrivé. C'était un non-événement."
- Le documentaire souligne la difficulté de parler de l'IVG même au sein de cercles féministes ou militants où le sujet est censé ne pas être un tabou.
- Il est noté qu'il est parfois plus facile de se confier à des inconnus ou des femmes récemment rencontrées qu'à des proches, y compris les mères. L'exemple de mères ayant eu du mal à s'exprimer sur leurs propres IVG passées avec leurs filles est significatif.
- Le sentiment d'être seule est une expérience récurrente : "Je me suis jamais sentie aussi seule de ma vie que quand j'ai dû prendre cette décision."
- Les émotions complexes et parfois contradictoires ressenties par les femmes :
- Culpabilité et honte : Plusieurs femmes décrivent des sentiments de culpabilité, souvent exacerbés par l'éducation (ex: éducation catholique) ou par des remarques de professionnels de santé. L'une d'elles témoigne : "J'ai senti la honte, alors que j'avais pas honte. Je me sentais presque sale, alors qu'il y a rien de sale dans cette histoire." Une autre raconte avoir senti la culpabilité dès qu'elle a appris sa grossesse, pensant que ses parents la détesteraient.
- Tristesse, dépression, et deuil : Même lorsque la décision est assumée et considérée comme la bonne, l'IVG peut entraîner une tristesse profonde, voire une dépression. Une femme ayant déjà deux enfants ne comprenait pas sa tristesse après son IVG, car la décision était "un vrai choix". Elle a mis deux mois à accepter que même une décision assumée n'était "finalement pas anodin". Le sentiment d'avoir l'impression que sa tristesse était "arrivée à la date de péremption" est également évoqué.
- Soulagement et même joie : Paradoxalement, des sentiments de soulagement intense, de libération, et même de joie sont décrits une fois la procédure terminée. Une femme ayant eu une IVG instrumentale à 17 ans raconte s'être réveillée "avec le ventre vide" et s'être dit "OK, enfin, c'est fini". Une autre, après une IVG chirurgicale, rigolait en salle de réveil et ressentait un "bonheur aussi intense", décrivant ce moment comme "quelque chose de super agréable" malgré les aspects difficiles.
- Colère : L'une des intervenantes exprime une colère intense, particulièrement envers le corps médical et les remarques déplacées reçues lors de son IVG à 17 ans.
- La réalité des échecs contraceptifs et la nécessité de ne pas se justifier :
- Le documentaire souligne que 70% des avortements en France sont dus à des échecs contraceptifs. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas majoritairement les femmes n'utilisant pas de contraception qui y ont recours.
- Plusieurs femmes insistent sur le fait qu'elles étaient sous contraception au moment de la grossesse non désirée (pilule, rapports protégés, etc.).
- Un point important soulevé est le rejet de la nécessité de se justifier ou d'expliquer avoir utilisé une méthode contraceptive : "j'en ai marre de devoir... Enfin, j'ai plus envie d'en parler, de dire : 'Oui, en fait, j'étais sous telle contraception.' En fait, j'ai plus envie d'avoir à me justifier... C'est quelque chose qui ne doit être remis en question en aucun cas."
- Les expériences diverses avec le corps médical et l'accompagnement :
- Les témoignages révèlent des expériences très variables avec le personnel soignant. Certaines rencontrent des soignants "très bienveillants, très encadrants", des psychologues "vraiment très bienveillantes", des sage-femmes "qui m'a vraiment mise en confiance". L'une décrit une infirmière ayant su percevoir sa douleur sans qu'elle la demande et l'ayant bien prise en charge.
- À l'inverse, d'autres subissent des "violences gynécologiques" ou un accompagnement "très, très mal accompagné". L'exemple d'une gynécologue insistant pour proposer un stérilet au cuivre malgré les règles abondantes de la patiente, ou faisant des remarques sur les méthodes contraceptives masculines, est donné.
- Les remarques culpabilisatrices ou jugeantes de certains professionnels de santé sont dénoncées, comme celle d'un médecin traitant disant : "Ah, mais à toi ? Tu pensais pas que ça t'arriverait ?" ou faisant une lettre pour confier une patiente au chirurgien en la décrivant comme "une fille bien". Ceci est perçu comme transmettant l'idée que seules les femmes "bien" ont le droit d'avorter sans jugement excessif.
- Le sexisme dans le parcours de soins est évoqué, notamment lors des échographies où seule la femme reçoit des remarques alors que le conjoint n'est pas interpellé.
- La douleur physique des méthodes d'IVG, en particulier la méthode médicamenteuse, est décrite comme très intense, remettant en question l'idée d'une "IVG de confort". Marion la décrit comme "une des pires douleurs que j'aie jamais connues".
- La décision et la relation au "potentiel enfant" :
- Les raisons d'avorter sont variées : études, manque de moyens, jeune âge, maladie (ex: bipolarité), situation instable du couple, désir de ne pas transmettre de blessures, ou simplement le fait de ne pas désirer un enfant à ce moment-là.
- Certaines femmes ont vécu la grossesse non désirée comme un "signe" (après une dépression intense, ou en raison de difficultés potentielles à concevoir dues à l'endométriose), rendant la décision particulièrement difficile.
- La perception du "potentiel enfant" diffère grandement entre les témoignantes : pour certaines, ce n'était "pas un enfant", "pas un bébé", juste "un parasite". Pour d'autres, c'était un moment "particulier" où elles ont parlé à ce "potentiel enfant", un moment "super agréable" malgré les difficultés physiques et émotionnelles.
- Le contexte légal et mondial :
- La loi Veil de 1975 a légalisé l'IVG en France, mais initialement comme "une exception, l'ultime recours à des situations sans issue", définition contestée comme portant atteinte à la liberté de choix des femmes.
- Le délai légal pour l'IVG est passé de 12 à 14 semaines (16 semaines d'aménorrhée) en mars 2022.
- Il existe deux méthodes : médicamenteuse (jusqu'à 9 semaines d'aménorrhée, choisie par 72% des femmes) et instrumentale (chirurgicale, sous anesthésie, possible jusqu'à 16 semaines d'aménorrhée).
- Le débat législatif récent entre le terme "droit" (Assemblée Nationale) et "liberté" (Sénat) pour qualifier l'IVG dans la Constitution est mentionné, soulignant la fragilité potentielle de cet accès selon les gouvernements.
- Le documentaire rappelle le contexte mondial : plus de 40% des femmes en âge de concevoir vivent dans des États aux lois restrictives, et l'IVG est interdite dans une vingtaine de pays. Le recul du droit à l'avortement dans certains pays (ex: États-Unis) et les décès dus aux avortements clandestins (une femme toutes les 9 minutes dans le monde) sont soulignés.
L'importance du soutien et de la parole :
- L'importance d'un entourage soutenant, présent et fiable est soulignée comme "si précieux".
- Les cercles de parole permettent aux femmes de se sentir moins seules et de briser l'isolement. La psychologue animant un tel cercle vise à créer un espace "secure" où toutes les émotions sont bienvenues.
- Le simple fait d'en parler, même à des inconnus, est une première victoire et donne de la force. Une participante se sent "forte en fait" grâce à ces échanges.
- Recontacter des structures comme le Planning Familial après l'IVG peut apporter un soutien essentiel et aider à "être plus en paix avec soi-même".
Citations clés :
- "Comme plus de 200 000 femmes chaque année, j'ai avorté quand j'étais plus jeune... J'en ai très peu parlé autour de moi... Et puis, quelque part, si je n'en parlais pas, alors ça n'était pas arrivé. C'était un non-événement."
- "On m'a fait vivre une culpabilité énorme. Vraiment... J'ai senti la honte, alors que j'avais pas honte. Je me sentais presque sale, alors qu'il y a rien de sale dans cette histoire."
- "J'avais pas de réelles raisons d'avorter." (Sentiment de culpabilité basé sur une situation privilégiée).
- "j'ai une endométriose... Quand j'ai su que j'étais enceinte, je me suis dit que c'était un peu un signe et que je pouvais pas... Que je pouvais pas laisser passer cette 'chance'."
- "j'en ai marre de devoir... Enfin, j'ai plus envie d'en parler... En fait, j'ai plus envie d'avoir à me justifier... C'est quelque chose qui ne doit être remis en question en aucun cas."
- "En France, 70% des avortements sont dus à des échecs contraceptifs."
- "je trouve vraiment inégalitaire la recherche qui a été faite là-dessus [la contraception masculine]."
- "Mon copain était paniqué, il savait pas quoi faire... Les gens qui parlent d'IVG de confort... Voilà, je ne serai pas grossière, mais non, il n'y a rien de confortable là-dedans, vraiment."
- "J'avais l'impression qu'on attendait de moi que je sois triste, quand même, parce que faudrait pas que ce soit trop simple, mais que ça dure quelques jours et pas plus."
- "Ça m'aurait certainement aidée de savoir que tu l'avais fait avant, parce que je pense que du coup, je t'en aurais parlé pendant que j'étais en train de réfléchir à ce qu'on faisait, en fait." (Dialogue mère-fille).
- "tenter de définir une situation sans issue à la place d'une femme, c'est porter trop facilement atteinte à sa capacité de jugement, à sa liberté de choisir."
- "pour ces femmes, cette décision était la bonne, la seule possible."
- "Un des trucs hyper positifs pour aujourd'hui, c'est qu'en fait, parce que je savais que j'allais venir là et que j'allais raconter cette histoire, ça m'a permis de le dire à ces proches, de leur dire que le vrai bout de moi dont je vous ai parlé, il contenait ça aussi."
- "Il y a souvent cette phrase que je me dis : 'Un enfant ne peut pas avoir son enfant.' Et j'étais pas prête, en fait."
- "Il m'a dit : 'Ah, mais à toi ? Tu pensais pas que ça t'arriverait ?' Et vraiment, un peu... 'Tu te pensais la petite fille parfaite.'" (Remarque d'un médecin).
- "Ça transmet un truc horrible, je trouve, hyper culpabilisant et hyper lourd, en fait. Où est-ce qu'on met la limite de celles qui ont le droit et celles qui ont pas le droit ?"
- "dans un événement comme ça aussi, il y a un sexisme de fou."
- "Moi, je ne veux strictement pas appeler ça un enfant, parce que je sais que je n'avais pas un enfant en moi et je ne considère absolument pas avoir tué un enfant. Ça n'était pas un enfant."
- "Moi, j'ai vraiment pas du tout... Pour moi, ça n'existait même pas... Pour moi, c'était juste un parasite."
- "C'est là que j'ai pris conscience que cette décision m'appartenait. Enfin, c'était juste pour moi, en fait."
- "Le jour de mon avortement, on m'a mis de la musique... Elle a dansé avec moi un petit peu en me tenant la main et c'était super émouvant."
- "Je suis heureuse d'avoir vécu ça."
- "Ça m'a beaucoup aidée en me disant que c'était hyper banal comme situation. Et ça, il y avait peut-être qu'elle qui pouvait m'apporter ce regard-là." (Conseillère du planning familial).
- "Le droit à l'avortement reste un droit fragile pour lequel le combat ne sera jamais vraiment terminé."
- "en parler librement est déjà une première victoire."
- "Il y a tellement de nuances entre les ressentis de tout le monde... C'est pas possible d'avoir un avis aussi frontal sur quelque chose d'aussi nuancé."
- "Le fait d'être là et de se dire : 'Je suis en train de parler avec toutes ces personnes qui ont eu des histoires différentes', je me dis : 'Ah ouais, OK. Je suis forte en fait. Et vous êtes fortes aussi.'"
Conclusion :
Le documentaire révèle que, malgré sa légalisation depuis près de 50 ans, l'IVG demeure un sujet empreint de tabous en France.
Les femmes qui y ont recours vivent souvent cette expérience dans le silence et l'isolement, confrontées à des émotions complexes allant de la culpabilité à la tristesse, mais aussi au soulagement et à la joie.
Le rôle crucial de l'accompagnement (professionnel et personnel), la nécessité de normaliser le recours à l'IVG, notamment en cas d'échec contraceptif, et la dénonciation des jugements et du sexisme dans le parcours de soins sont des éléments centraux.
Les témoignages soulignent la diversité des vécus et l'importance fondamentale de la parole pour briser l'isolement et permettre aux femmes de se réapproprier leur histoire.
Le documentaire se termine sur un rappel de la fragilité du droit à l'IVG, à l'échelle nationale et internationale, et de l'importance continue de la lutte pour le garantir pleinement.
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Briefing Document : Enquête sur les travailleuses du sexe (OnlyFans & Mym)
Source : Extraits de "Enquête sur les travailleuses du SE*E (OnlyFans & Mym) - TDS le documentaire complet"
Date du briefing : 29 mai 2024
Objet : Analyse des témoignages de travailleuses du sexe en ligne (OnlyFans, Mym), explorant les motivations, les réalités du travail, les défis et les impacts personnels.
Thèmes Principaux :
- Les motivations et l'initiation au travail du sexe en ligne : Les témoignages révèlent diverses raisons pour commencer ce type de travail, souvent liées à des difficultés financières, le chômage ou la recherche d'un revenu rapide. L'idée de "l'argent facile" est mentionnée, bien que rapidement nuancée.
- La complexité et la réalité du travail en ligne : Contrairement à une idée reçue, ce travail est présenté comme exigeant, nécessitant un investissement constant en temps et en énergie. Il implique la création de contenu varié (photos, vidéos, contenu personnalisé), une présence en ligne H24, et la gestion des interactions avec les clients.
- Les risques et dangers associés au travail du sexe en ligne : Une préoccupation majeure est la sécurité, tant en ligne (harcèlement, fuite de contenu) que potentiellement physique (risque d'être retrouvée). Le harcèlement, la haine et le jugement social sont des réalités quotidiennes.
- L'impact psychologique et émotionnel : Le travail du sexe en ligne a un impact profond sur le bien-être mental des travailleuses. Il peut être une forme de revanche ou de reprise de contrôle après des expériences traumatisantes, mais aussi source de remise en question, de honte, d'anxiété et, dans les cas les plus graves, de pensées suicidaires.
- La création d'un personnage et la distanciation : Pour certaines, la création d'un personnage (avatar en ligne) permet de gérer le travail et de se protéger émotionnellement. Cependant, ce personnage peut finir par occuper une part importante de leur vie. *** Les relations avec les clients** : Les interactions avec les clients sont variées, allant de demandes intimes et respectueuses à des fantasmes extrêmes, illégaux ou offensants. Certaines travailleuses se sentent comme des confidentes ou même des "psychologues" pour leurs abonnés, répondant à un besoin d'intimité émotionnelle et de soutien.
- La stigmatisation et l'isolement social : Le jugement social et la stigmatisation sont très présents. De nombreuses travailleuses cachent leur activité à leur famille et à certains amis, ce qui peut avoir des conséquences sur leurs relations personnelles et leur vie intime.
- Les limites et la négociation des prestations : Chaque travailleuse établit ses propres limites quant au type de contenu et aux prestations qu'elle propose. Ces limites peuvent être mises à l'épreuve par des demandes extrêmes ou des offres financières importantes. Dépasser ces limites, souvent par nécessité financière, peut être vécu comme une agression ou une forme de "viol".
- La permanence de l'identité associée au travail du sexe : Les travailleuses expriment la difficulté, voire l'impossibilité, de se dissocier entièrement de leur identité de travailleuse du sexe une fois qu'elles ont été actives sur ces plateformes, soulignant que "quand tu commences ce métier, y a plus de retour en arrière."
Idées ou Faits Importants :
- "L'argent facile, ça n'existe pas. C'est de l'argent rapide, oui... mais facile, non." Ce travail nécessite un engagement important et constant pour générer des revenus.
- La nécessité d'une présence constante en ligne : "C'est important d'être tout le temps présent. On peut pas se permettre de faire une pause pendant un mois, sans contenus..."
- Le danger d'Internet : "Il faut vraiment avoir ça dans la tête, qu'Internet, ça reste dangereux, qu'on n'est pas à l'abri que, le lendemain, toute la France soit au courant des photos que t'as postées ou que tu apparaisses sur des sites un peu bizarres."
- Le harcèlement omniprésent : "Dès lors que tu es sur ces plateformes, tu vas te faire harceler sur les réseaux. Toute cette haine et tout, personne n'est fait pour supporter un tel impact, niveau social, niveau jugement. Personne."
- La création d'un personnage comme mécanisme de défense : Certaines créent un "perso" pour se détacher, mais cela peut prendre une part importante de leur vie.
- L'impact sur l'image de soi et le corps : Se voir filmer et monter son propre contenu peut être psychologiquement difficile, accentuant les complexes corporels.
- Un moyen de reprendre le contrôle après un traumatisme : Pour certaines, le travail du sexe en ligne est un moyen de "reprendre le contrôle" sur leur corps et leur sexualité après avoir subi des violences. "Ça permet, en fait, de reprendre le contrôle sur ce qu'elles ont pas pu faire, en fait, dans la vraie vie."
- La sexualisation monétisée comme forme de revanche : "OK, tu veux me sexualiser ? OK. Ben tu raques." Monétiser la sexualisation peut être une façon de récupérer du pouvoir.
- La confrontation à des fantasmes extrêmes et parfois illégaux : Les travailleuses sont confrontées à des demandes inhabituelles, voire choquantes, qui peuvent les marquer.
- Le rôle de "psychologue" ou de confidente : Certaines interactions dépassent le cadre sexuel, répondant à un besoin de connexion humaine chez les clients. "J'ai plus l'impression d'être psychologue, des fois, plutôt que TDS."
- Le risque accru pour les jeunes et les vulnérables : "C'est super dangereux, ces plateformes, pour les personnes qui sont pas en état psychologique de se lancer et qui sont trop jeunes, trop manipulables, trop influençables..."
- Le vécu de l'agression et du danger physique : Des témoignages font état d'agressions et de la peur d'être retrouvée et violentée.
- Les conséquences sur les relations personnelles : Le secret et la stigmatisation peuvent entraîner des ruptures ou des difficultés dans les relations intimes et familiales. "La conséquence dans ma vie intime, elle est simple : je vais me séparer."
- La difficulté à quitter l'activité et l'identité associée : L'image publique et l'identité construite rendent difficile un retour en arrière. "Je ne suis plus telle personne. Maintenant, je suis Betty. Et ça va durer tout le temps."
Conclusion Provisoire :
Les témoignages de ces travailleuses du sexe en ligne dressent un portrait complexe et souvent difficile de cette activité.
Si elle peut offrir un revenu rapide et, pour certaines, une forme d'empowerment ou de thérapie après un traumatisme, elle est également parsemée de dangers, de harcèlement, de jugement social et d'impacts psychologiques importants.
L'idée d'"argent facile" est un leurre, masquant un travail exigeant et des risques considérables, particulièrement pour les personnes jeunes ou vulnérables.
La ligne entre la vie professionnelle et personnelle est souvent floue, et l'identité associée au travail du sexe en ligne semble difficile à effacer.
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Briefing Document : Prostitution des mineures, enquête sur une jeunesse invisible
Ce briefing examine les thèmes centraux abordés dans le documentaire "Prostitution des mineures, enquête sur une jeunesse invisible", mettant en lumière les expériences des jeunes filles concernées, les défis rencontrés par les structures d'accueil et le regard de la société sur cette problématique complexe.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
- Vulnérabilité et Manipulation des Jeunes Filles :
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Les sources soulignent la grande vulnérabilité des mineures, souvent décrite comme "multivulnérables", cumulant diverses fragilités (antécédents de violence, problèmes familiaux, etc.). Les prédateurs identifient et exploitent ces faiblesses.
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Le mécanisme du "lover boy" est un élément crucial de la manipulation. Ces individus se présentent comme des amis ou des amoureux attentionnés pour établir un lien fort et une dépendance affective avant d'inciter les jeunes filles à la prostitution.
Une jeune fille témoigne : "Au début, il s'est présenté comme un copain, et c'était quelqu'un qui m'écoutait toujours quand je racontais mes petits problèmes, qui avait l'air attentionné... Et j'avais l'impression que c'était vraiment quelqu'un qui m'aimait, parce qu'il avait vu le fond de ma personne."
Elle reconnaît plus tard qu'il lui a "vendu du rêve" et qu'il avait "son but dans la tête" dès le début.
- La peur de perdre cet attachement, même face à la manipulation et aux mauvais traitements, rend la sortie de ce cycle difficile.
Une jeune fille exprime : "Je sais pas, c'est bizarre, un peu, mais j'ai toujours de l'attachement pour lui, un peu." malgré le mal qu'il lui a fait.
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La Fugue comme Facteur de Risque et Symptôme de Détresse :
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La fugue est identifiée comme l'un des risques les plus importants pour les jeunes filles en foyer. Comme l'écrit quelqu'un sur un Post-it : "La prostitution."
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La fugue est souvent perçue comme un cercle vicieux, menant rapidement à l'exposition aux dangers extérieurs et à la prostitution.
Une jeune fille raconte : "Moi, ma première fugue du foyer, c'était, je crois, le soir ou le lendemain de mon arrivée. En fait, ça va venir... C'est un cercle vicieux, ça va venir rythmer ta vie."
- Paradoxalement, certaines jeunes filles recherchent le danger ou l'adrénaline dans la fugue, bien que cela les expose à des risques extrêmes.
"Est-ce que, quelque part, ça nous plaît, ça nous fait du bien de nous mettre en danger, parce que ça nous apporte aussi des sensations ?" est une question soulevée lors d'un échange.
- La fugue est aussi un symptôme de la détresse et du mal-être des jeunes filles, confrontées à des problèmes complexes et à un sentiment d'isolement.
Le Foyer et la Protection de l'Enfance : Défis et Engagement :
- Les foyers de protection de l'enfance jouent un rôle crucial mais rencontrent d'énormes défis face à la complexité des situations. Ils sont confrontés aux fugues constantes et à la difficulté de retenir physiquement les jeunes filles.
Un éducateur note : "on sait que si on les retient de force, elles vont ouvrir la fenêtre et vont passer par la fenêtre..."
- Malgré ces difficultés, l'objectif principal est de maintenir le lien avec les jeunes filles, même lorsqu'elles sont en fugue, afin qu'elles puissent revenir et demander de l'aide si nécessaire.
"La priorité, c'est de ne pas perdre le lien... d'être suffisamment proches pour que, si un jour, elle a besoin de nous, elle puisse tendre la main pour qu'on l'attrape."
- Le personnel des foyers fait preuve d'un engagement profond, malgré le découragement et la fatigue. Ils travaillent pour protéger et accompagner les jeunes, même face à des situations extrêmes.
Un membre du personnel confie : "Il y a des moments où on a envie de baisser les bras et où on se dit que tout ce qu'on est en train de faire, ça ne sert à rien."
- La communication avec les familles et les autres institutions (ASE, police) est complexe et parfois source de frustration.
La mère d'Éva exprime sa colère envers l'ASE pour le placement de sa fille, estimant que sa situation a empiré depuis.
L'Exploitation Sexuelle et ses Conséquences Dévastatrices :
- Le documentaire ne mâche pas ses mots pour décrire l'horreur de la prostitution des mineures, insistant sur l'âge (souvent 13-14 ans) et l'absence de choix.
Un intervenant déclare :
"Il y a des hommes qui achètent l'accès au corps d'enfants. Je suis désolée : 13-14 ans !
Et quand on me parle de choix, j'aimerais qu'on m'explique de quel choix on parle."
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Les "clients" sont décrits comme violents, déshumanisants et sans remords. Une jeune fille témoigne : "Dès que je te passe l'argent, tu m'appartiens. Ils sont vraiment comme ça... Du coup, toi, tu te sens comme... Comme une déchetterie, en fait."
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Les conséquences psychologiques de l'exploitation sont profondes et durables, incluant la perte d'estime de soi, le sentiment de n'être qu'un objet, la honte et le traumatisme. Une jeune fille confie : "Pour moi, mon corps n'avait plus de valeur." et ressentait un "vide en moi".
- La violence physique et verbale de l'exploiteur est également décrite : "Et puis, là, c'était : 'Je te frappe, tu sers à rien, t'es qu'une pute...'"
- La diffusion de vidéos et photos intimes sans consentement ajoute une couche supplémentaire de victimisation et d'atteinte à la dignité.
"Vous voyez, quand vous dites : 'Il se passe rien, ça risque rien...' Vous découvrez toutes ces vidéos. Ça veut dire que quelqu'un vous a filmée en pleine situation..."
Le Rétablissement et le Cheminement vers la Guérison :
- Malgré la gravité des situations vécues, il y a des lueurs d'espoir.
Les jeunes filles cherchent des moyens de s'en sortir et de reconstruire leur vie.
Le désir de mener une vie "normale", comme les autres jeunes filles qui vont à l'école, est une motivation importante. "
Je commence à me dire que c'est pas normal d'envier quelqu'un dans la rue juste parce qu'il marche et qu'il a pas à faire ce que je dois faire après."
- Le soutien des éducateurs et des proches est essentiel dans ce processus.
La mère d'Éva exprime l'importance d'être "ensemble pour... être présents pour elle".
- Le témoignage d'une jeune fille sur le fait de ne pas avoir replongé depuis près d'un an, malgré les tentations, montre la force de leur résilience.
Elle reconnaît cependant la peur de rechuter dans les moments de faiblesse.
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Le processus de guérison est long et difficile, impliquant le travail sur le traumatisme, la confiance en soi et la capacité à se projeter dans l'avenir. Une jeune fille exprime la difficulté de se méfier des hommes et la peur de l'attachement.
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Le sentiment de honte lié au passé est un obstacle au partage et au soutien.
"Mes proches ne savent pas que j'ai été dans cette situation... c'est une chose dont j'ai encore honte, parce que je sais que la société n'est pas prête à accueillir ce genre de parole.
Le Regard de la Société et l'Indifférence :
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Le documentaire critique l'indifférence et le manque de compréhension de la société face à cette problématique. Un intervenant raconte comment les gens évitent le sujet lorsqu'il décrit les réalités vécues par ces jeunes. "très vite, tu te rends compte qu'il manque de la bière, que les gens vont chercher de la bière, mais ils ne reviennent jamais, quoi."
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Les justifications ou minimisations de la prostitution des mineures (achat de biens de luxe, consentement) sont fermement rejetées comme une méconnaissance profonde de la réalité et de la détresse des jeunes filles.
Un intervenant s'exclame : "Putain, mais merde... Si quelqu'un veut un sac à main à ce point-là, ça dit quelque chose de la valeur qu'il se donne. Il pense que sans ce sac à main, il n'est rien. Et c'est ça, le problème. C'est pas le sac à main."
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Le manque de réaction ou la lenteur des institutions (police, justice) pour démanteler les réseaux est également souligné. La mère d'Éva alerte la police, mais on lui répond : "Oui, mais nous, on ne peut rien faire."
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En conclusion, ce documentaire offre un aperçu poignant et sans concession de la réalité de la prostitution des mineures, mettant en lumière les parcours de vie brisés, la complexité de la protection de l'enfance et l'urgence d'une prise de conscience sociétale pour mieux protéger et accompagner ces jeunes filles.
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BRIEFING : L'ÉVOLUTION DE L'ÉGALITÉ FILLES-GARÇONS DANS L'ÉDUCATION
Date: 2025
Sujet: Analyse des jalons historiques, des défis actuels et des initiatives en faveur de l'égalité filles-garçons dans le système éducatif.
Sources: Excerpts from "Faire progresser l’égalité filles-garçons à l’école" (Multiple Intervenants)
Résumé Exécutif:
Les sources analysées explorent la progression historique et les défis persistants de l'égalité filles-garçons dans le système éducatif français.
Elles mettent en lumière les résistances passées à l'accès des filles à l'enseignement supérieur et aux matières considérées comme "masculines", tout en soulignant les inégalités qui subsistent aujourd'hui, notamment dans les domaines scientifiques et techniques.
Le rôle des stéréotypes de genre, la construction sociale des choix d'orientation et l'impact des politiques publiques et des initiatives locales sont des thèmes centraux.
Le document met également en avant des figures pionnières comme Julie Victoire Daubié et l'importance de la commémoration et de la visibilité des femmes dans l'histoire des sciences et de l'éducation.
Thèmes Principaux et Idées Clés:
La Longue Marche vers la Mixité et l'Accès à l'Enseignement Supérieur:
L'introduction souligne que si les programmes scolaires ont contribué à égaliser les chances pour les filles d'obtenir le baccalauréat et d'accéder aux études supérieures, cette mixité s'est installée "non sans mal".
Il est rappelé qu'en 1972, la majore de Polytechnique, Madame Chopinet, a été interrogée par un journaliste lui demandant si elle n'avait pas peur de "devenir un monstre et de faire fuir [ses] camarades masculins".
Ceci illustre les mentalités qui persistaient même après l'ouverture des portes.
Rebecca Rogers retrace l'histoire de l'éducation des filles en France, mettant en évidence la création progressive de structures dédiées (collèges et lycées de jeunes filles, écoles normales) tout en soulignant une vision initialement "différentialiste" visant à former de "bonnes épouses et mères".
L'enseignement classique (latin, grec) a longtemps été fermé aux filles, n'entrant officiellement dans les programmes des lycées de filles qu'en 1913.
L'accès au baccalauréat et à l'université a été une conquête lente.
La loi Guizot de 1833 n'a pas rendu l'école primaire publique obligatoire pour les filles, et il a fallu attendre la loi Paul Bert en 1879 pour une formation systématique des institutrices.
Le décret Bérard en 1924 est identifié comme un jalon majeur, ouvrant l'accès aux filles à l'infinité du savoir enseigné dans les lycées de garçons.
Les Inégalités Persistantes, Notamment dans les Sciences et Techniques:
Malgré les avancées, les stéréotypes de genre continuent de freiner les ambitions des filles dans les domaines scientifiques, en particulier les mathématiques.
Un professeur de mathématiques des années 1930 est cité, affirmant que les filles "apprennent ce que les garçons comprennent".
Aujourd'hui, les filles sont moins confiantes dans leurs capacités en mathématiques et ont moins de modèles de réussite dans ce domaine.
Elles s'orientent davantage vers la biologie que vers la physique ou l'informatique.
Le domaine de l'informatique, investi par les filles à ses débuts dans les années 1970, les a progressivement évincées "au fur et à mesure que la discipline [...] devient un enjeu de pouvoir économique et politique".
Les chiffres actuels de l'OCDE et des concours aux grandes écoles montrent une sous-représentation significative des femmes dans les "sciences dures" (mathématiques, physique, ingénierie), bien que la chimie et surtout la biologie attirent davantage de femmes.
Les filières professionnelles, comme la métallurgie ou la cuisine, ont également été fermées aux filles pendant longtemps, et il faut du temps pour "déconstruire" ces barrières, même après l'ouverture.
L'Influence des Stéréotypes de Genre et du Milieu Social: Les inégalités d'orientation sont présentées comme des "constructions sociales".
Le milieu social joue un rôle important, avec une "spécialisation" plus marquée des filles vers les filières littéraires ou scientifiques (SV) et des garçons vers les mathématiques dans les milieux aisés, "beaucoup plus spécialisé[s] que ne le sont les enfants de milieu populaire".
Il est suggéré que dans les milieux favorisés, les rôles de genre sont renforcés, et que les filles essaient de "rentabiliser" leur réussite en s'orientant vers des matières offrant la "meilleure insertion professionnelle".
Les stéréotypes de genre sont présents dans la mentalité sociétale, véhiculés par l'environnement familial, scolaire et plus généralement la société, "qui pousse les femmes enfin qui tend à les écarter dès très jeune des études scientifiques".
Le problème se déclare dès l'école élémentaire et s'amplifie au collège, au lycée et après.
Le Rôle Crucial de l'Éducation et de la Formation des Enseignants:
La formation scientifique des enseignants du premier degré est soulignée comme essentielle, car 84% à 91% d'entre eux sont des femmes. Si ces enseignantes ne sont pas à l'aise avec les matières scientifiques, cela peut impacter la perception des élèves.
Il est recommandé de renforcer la formation scientifique initiale et continue des professeurs des écoles pour qu'ils se sentent plus à l'aise et enseignent ces matières avec plus de goût.
L'identification et l'effacement des biais de genre, notamment dans les manuels scolaires, est une recommandation.
La sensibilisation de la communauté éducative à leurs propres biais de genre et à ceux de leurs collègues est jugée nécessaire pour rendre les propos genrés "incongru[s]".
Les Initiatives Concrètes et les Perspectives d'Action: Un groupe de travail associant l'inspection, la recherche et le terrain travaille sur les écarts de résultats en mathématiques au premier degré, proposant des formations et des grilles d'auto-évaluation.
Des initiatives locales, comme le projet dans une école de l'Essonne utilisant l'art et le jeu pour rendre les mathématiques plus attrayantes et mettre en place du tutorat, montrent des pistes d'action.
La création de "brigades égalité filles-garçons" dans les lycées est présentée comme un moyen d'impliquer les élèves dans la déconstruction des stéréotypes et la promotion du respect mutuel, avec des effets positifs sur l'engagement scolaire.
La labellisation Égalité filles-garçons est un moteur pour l'établissement d'objectifs clairs et la mise en place d'actions concrètes, comme l'accueil de collégiennes pour découvrir les filières techniques et scientifiques et des ateliers sur les stéréotypes.
L'importance de favoriser l'insertion des femmes dans le numérique est soulignée comme un enjeu majeur, non seulement pour l'emploi rémunérateur, mais aussi pour que les femmes participent à la création et à l'administration du monde digital.
Le développement de jeux pédagogiques par des étudiants ingénieurs pour sensibiliser les lycéens aux carrières d'ingénierie et déconstruire les stéréotypes est une autre initiative concrète, soulignant l'accessibilité de ces études par différentes voies et pour divers profils.
Figures Pionnières et Importance de l'Histoire:
Julie Victoire Daubié est célébrée comme une figure majeure pour sa lutte pour l'accès des femmes aux diplômes universitaires, notamment le baccalauréat en 1861. Son parcours d'autodidacte et son combat pour l'égalité salariale et l'ouverture de nouvelles carrières sont mis en avant.
L'analyse de ses écrits, notamment "La femme pauvre", révèle une critique de la société de son temps et une conscience de l'importance de l'apprentissage et de l'indépendance économique des femmes. L'histoire des femmes dans les sciences, avec l'exemple de Marie Curie et la conférence Solvay, souligne la sous-représentation historique.
La commémoration de figures féminines, comme Julie Victoire Daubié et Edmé Chandan, est vue comme un geste politique et symbolique important pour rendre visibles les contributions des femmes et inspirer les générations futures.
Réflexions sur la Nature du Savoir et de l'Égalité:
Les textes de Poulin de la Barre (17ème siècle) sont convoqués pour montrer une pensée précoce sur l'égalité des sexes en matière de capacité intellectuelle, affirmant que l'esprit "n'est pas sexué".
La distinction entre "prendre son droit" (comme Julie Victoire Daubié) et obtenir des droits par la loi est une perspective intéressante sur les stratégies d'émancipation.
Le savoir est présenté comme "subversif", et l'accès à un savoir "infini" pour les femmes (notamment après 1924) est vu comme un privilège majeur.
La réflexion de Simone de Beauvoir sur le "privilège" d'être une femme (lui permettant de se placer en marge pour analyser la condition féminine) et sur la différence entre se mêler de "ce qui [nous] regarde" et de "ce qui ne [nous] regarde pas" est un apport philosophique sur la position de l'intellectuel et la construction du savoir. La question de la restitution des "privilèges" nécessaires pour faire progresser l'égalité aujourd'hui est posée.
Citations Clés:
"...cette mixité s'installée mais je le répète non sans mal..." "...n'avez-vous pas peur de devenir un monstre et de faire fuir vos camarades masculins..." (Journaliste à Mme Chopinet en 1972) "...l'objectif n'est pas de former des femmes savantes ni des femmes professionnelles... mais de former de bonnes épouses et mères..." (M. Camille Sée, 1880) "...dans sa discipline les filles apprennent ce que les garçons comprennent..." (Professeur de mathématiques, années 1930) "...ces inégalités en terme d'orientation ce sont des constructions sociales..." "...il y a un vrai problème parce que c'est pas seulement une question d'égalité fille garçon à l'école... mais c'est quand même la question de savoir justement toutes ces disciplines qui permettent de bah quelque part de de de de penser le monde... il faut que les femmes participent à à cette construction..." "...l'économiste français de Duval il faut peut-être laisser et c'est là donc ce qui est un salaire rich liieu qui a envie qui est lié entre 62 et 70 ou euh donc d'autres évidemment intellectuel euh progressiste alors c'est un fourériste colonialiste comme il y en a beaucoup et Julie victoire dobier en correspondance intense avec Jules dual de même que avec d'autres hommes politiques comme Jul Simon qui reconnaissent son travail..." (Manuela Martini) "...les filles choisissent ce qu'elles ont envie de faire..." (Christophe Salomon) - Nuancé par la notion de choix socialement construit. "...le fait de choisir c'est quand même un petit peu plus complexe et que notamment... les jouets que l'on offre font qu'on a petit à petit on dé des intérêts et des et des compétences qui peuvent être très distinctes en fonction qu'on soit une fille ou un garçon..." (Participation du public) "...le savoir est subversif..." (Geneviève Fraisse, citant Condorcet) "...le privilège de la pensée..." (Geneviève Fraisse, à propos de Simone de Beauvoir)
Conclusion:
Les sources démontrent que la lutte pour l'égalité filles-garçons dans l'éducation est un processus historique long et complexe, marqué par des avancées législatives, des résistances sociales et des défis persistants.
Les inégalités d'orientation, en particulier dans les domaines scientifiques et techniques, restent une préoccupation majeure, alimentée par des stéréotypes de genre profondément ancrés et la construction sociale des choix individuels.
Cependant, les initiatives locales, le travail sur la formation des enseignants et la valorisation des figures pionnières et de l'histoire offrent des perspectives concrètes pour continuer à faire progresser l'égalité.
La commémoration de ces combats passés et la prise de parole sur les défis actuels sont essentielles pour sensibiliser et mobiliser l'ensemble de la société.
Prochaines Étapes Potentielles (non tirées des sources, mais suggestions découlant de l'analyse):
Analyser plus en détail l'impact des réformes récentes du système éducatif sur les choix d'orientation genrés. Développer des outils et des formations spécifiquement conçus pour déconstruire les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge.
Favoriser les partenariats entre les établissements scolaires, les universités, les entreprises et les associations pour offrir des modèles et des expériences diversifiées aux élèves.
Continuer à promouvoir la visibilité des femmes dans l'histoire des sciences, de la technologie et de l'éducation. Soutenir la recherche sur les facteurs qui influencent les choix d'orientation genrés et les inégalités qui en découlent.
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Compte Rendu de Séance : La Production Sociale des Inégalités de Santé (3) - Covid-19 et Vaccination
Source: Extraits de "La production sociale des inégalités de santé (3) - Nathalie Bajos (2024-2025)"
Date de la séance: Non précisée (seconde séance après le 3 avril)
Intervenante principale: Nathalie Bajos, sociologue à l'INSERM
Thème central: Les inégalités sociales et les discriminations dans le recours à la vaccination contre le Covid-19.
Points clés abordés:
Introduction et Cadre Problématique:
- Cette séance fait suite à une précédente intervention sur les inégalités d'exposition au risque du Covid-19 et se concentre sur la vaccination, enjeu majeur de santé publique.
- La vaccination a permis une réduction drastique des contaminations et des décès dans les pays où elle était accessible.
- Cependant, les réticences et les obstacles sociaux à la vaccination diffèrent des autres moyens de prévention.
- L'exemple du Covid-19 sera utilisé pour éclairer la question plus large des discriminations et de la santé.
- Deux dimensions sont essentielles pour comprendre le rapport au risque et à la vaccination : la construction individuelle de la définition du risque et le rapport à la discrimination.
- Sources et Méthodologie:
- L'analyse s'appuie sur plusieurs sources:
- L'enquête EPICOV (épidémiologie et conditions de vie), menée auprès de plusieurs dizaines de milliers de personnes à partir de mai 2020, avec des suivis réguliers. Cette enquête utilise un échantillon aléatoire pour garantir la fiabilité statistique.
- L'enquête Trakov de la Dares sur l'évolution perçue des conditions de travail (janvier-mars 2021, échantillon aléatoire de 15 423 personnes).
- Des recherches qualitatives, notamment des entretiens approfondis menés par Raphaël Chalier auprès de personnes non vaccinées dans le cadre du projet Epicov et Jendy.
- Le Concept de Risque : Approches Objectiviste et Constructiviste:
- Le concept de risque est central en santé publique mais très polysémique.
- Distinction entre deux approches :
- Objectiviste: Considère la définition biologique et médicale du risque comme un postulat. On analyse comment les individus se positionnent par rapport à cette définition institutionnelle. L'hypothèse implicite est que la logique sanitaire est la plus importante pour structurer les attitudes et pratiques.
- Constructiviste: Appréhende le risque comme une construction sociale résultant de la confrontation des intérêts, des savoirs et des pratiques entre différents acteurs sociaux. On cherche à comprendre comment les individus élaborent leur propre définition du risque selon leur position, leurs intérêts, etc.
- Ces deux approches ne sont pas antagonistes mais complémentaires. L'approche objectiviste permet une cartographie sociale du risque, l'approche constructiviste aide à comprendre la construction individuelle du risque et l'adoption ou non de moyens de prévention.
- Des exemples hors Covid-19 (contraception, VIH/SIDA) illustrent que la connaissance du risque seul ne suffit pas à expliquer les pratiques ; le contexte social et les conditions de vie jouent un rôle crucial.
- Discrimination et Santé:
- La discrimination, appréhendée comme une expérience, est une manifestation d'exclusion sociale.
- Hypothèse centrale: Se sentir socialement exclu est un obstacle majeur pour s'inscrire dans une démarche préventive, d'autant plus dans le cas de la vaccination contre le Covid-19 qui appelait à un sens citoyen ("se protéger et protéger les autres"). Le non-recours peut être en dissonance avec ce discours si l'on se sent exclu.
- Cette hypothèse s'appuie sur les travaux pionniers de Michael Pollak sur le VIH/SIDA, qui a montré que "l'homophobie est un facteur de risque de contamination par le VIH". Par analogie, les discriminations peuvent être des facteurs de risque de non-recours à la vaccination pour certains groupes sociaux.
- Définition de la discrimination:Juridique: Renvoie à des pratiques interdites par la loi sur 25 critères et concernant des domaines spécifiques (emploi, éducation, logement, accès aux biens et services publics et privés, santé). Introduite tardivement en France (2001) par rapport à d'autres pays.
- Sociologique: Concept d'analyse de la production des inégalités, invitant à resituer les différences de traitement comme des "rouages de la production ou de la reproduction des rapports de pouvoir structurels qui engendrent des groupes majoritaires et des groupes minoritaires."
- Liens entre discrimination et santé: Ils peuvent intervenir à différents niveaux :
- Conditions de vie néfastes pour la santé: Les personnes discriminées connaissent souvent des conditions de vie qui les exposent davantage aux maladies (discrimination indirecte).
- Difficultés d'accès aux soins: Pour des raisons financières, de l'offre de soins (certains professionnels refusent de prendre en charge certains patients, comme le montrent les rapports du Défenseur des droits), ou en raison d'attitudes et pratiques discriminatoires des professionnels (syndrome méditerranéen/Hispanique panique, homophobie/transphobie).
- Recommandations médicales discriminatoires: Basées sur des biais (ex: biais de genre dans le traitement de l'infarctus du myocarde).
- Dispositifs médico-juridiques et sociaux discriminatoires: L'exemple de l'Aide Médicale d'État (AME) et ses critères restrictifs.
- Le champ des liens entre discrimination et santé est encore peu exploré en recherche, à l'exception des liens entre discrimination et accès aux soins, principalement étudiés dans la littérature internationale sur les populations racisées.
- Réticence à la Vaccination Covid-19 et Caractéristiques Sociales (Données EPICOV):
- Intention de ne pas se faire vacciner (avant disponibilité): Plus fréquente chez les femmes, les jeunes (25-34 ans), les personnes peu diplômées, les personnes aux revenus les plus bas (D1), les natifs des DOM, les personnes appartenant à des minorités racisées. La confiance dans le gouvernement ou les scientifiques était un enjeu majeur.
- Qui était réticent et s'est quand même fait vacciner?: Les personnes réfractaires les plus aisées se sont davantage fait vacciner par la suite que les personnes réfractaires les plus pauvres. Parmi les personnes issues de l'immigration non européenne (1ère ou 2ème génération), celles qui étaient réfractaires sont restées non vaccinées.
- Dynamique de la vaccination en France:Un gradient social très marqué: Les personnes les plus diplômées se sont fait vacciner plus vite et même avant l'ouverture du calendrier vaccinal les concernant.
- Des écarts importants selon le revenu à tous les âges.
- Une opposition nette (sauf chez les plus âgés, bien que des différences existent) entre les personnes nées en France/pays d'Europe et les habitants des DOM/minorités racisées (Afrique sub-saharienne, Afrique du Nord), qui montrent des taux de vaccination cumulés plus faibles dès le début et qui s'accentuent.
- Conclusion sur les taux de recours: Moindre recours à la vaccination chez les personnes en bas de l'espace social et chez les minorités racisées.
- Liens entre Expériences de Discrimination et Absence de Vaccination (EPICOV Vague 2022):
- Se concentre sur les 7% de la population qui ne s'étaient toujours pas fait vacciner fin 2022.
- Profil des personnes non vaccinées fin 2022: Jeunes (18-24 ans, 25 ans et plus), hommes (alors que les femmes étaient plus réticentes au départ, elles se sont davantage fait vacciner par la suite, potentiellement en raison de leur rôle social de prise en charge du "care"), faible niveau de vie, faible diplôme, minorités racisées, habitants des DOM, habitants des petites agglomérations (moins que dans les grandes villes).
- Corrélation avec les expériences de discrimination (dans les 5 ans précédant l'enquête 2022):Le fait de déclarer avoir parfois vécu des expériences de discrimination multiplie par 1,78 la probabilité de ne pas être vacciné (indépendamment des autres facteurs sociaux).
- Le fait de déclarer avoir vécu des expériences de discrimination souvent multiplie par 2,43 cette probabilité.
- La déclaration d'expériences de discrimination est cohérente avec les données d'autres systèmes d'enquête.
- Lieu des discriminations et non-vaccination:Discriminations dans l'emploi: Augmentation significative mais modérée (multiplicateur 1,18).
- Discriminations dans le logement: Pas d'effet significatif.
- Discriminations dans le domaine de la santé: Effet très important, trois fois plus de chances de ne pas être vacciné.
- Discriminations dans les services publics: Effet important (16,4% de non-vaccinés parmi ceux qui rapportent des discriminations fréquentes dans ce domaine, contre 6,8% chez ceux qui n'en rapportent jamais).
- Importance cruciale des discriminations émanant des institutions (santé, services publics) sur le non-recours à la vaccination.
- Résultat majeur: Le lien entre expérience de discrimination et non-vaccination n'est pas spécifique aux personnes appartenant à des minorités racisées. Il est retrouvé dans tous les groupes sociaux, même si l'effet est statistiquement plus massif pour les personnes racisées car elles sont plus nombreuses à subir des discriminations.
- Le mécanisme de lien entre expérience de discrimination et non-vaccination se retrouve dans tous les groupes.
- Analyse Qualitative et Compréhension des Processus (Travail de Raphaël Chalier):
- Les refus de vaccin prolongent souvent des "vexations ressenties au contact des institutions".
- Exemples:Asatou (20 ans, vendeuse, parents maliens, porte le foulard): Sentiments de stigmatisation et d'exclusion ("tu n'es pas la citoyenne parfaite", "on n'est pas des Français inférieurs"). Cette expérience préexistante de racisme et la défiance vis-à-vis des autorités nourrie par les contrôles renforcés pendant les confinements ("expérience du racisme qui est préexistante à la crise sanitaire et qui a été renforcée pendant les confinements") expliquent sa défiance vis-à-vis du discours gouvernemental pro-vaccin.
- Yassine (chauffeur livreur, origine algérienne, contre le vaccin et le passe sanitaire): Parallèle entre le passe sanitaire et le racisme ("c'est un peu comme du racisme"). Cette interprétation est liée à ses expériences antérieures et celle de sa famille (difficultés d'accès aux aides pour son frère handicapé auprès des services publics). Cette expérience alimente une défiance vis-à-vis des services publics et, par conséquent, de la vaccination.
- Suzanne (ancienne commerçante, vit en camping-car, mari ouvrier, a perdu un enfant à la naissance par négligence attribuée aux personnels hospitaliers): Attribue le drame de son enfant et ses difficultés financières ("l'État ne nous aide pas", "on nous a laissé crever comme de la merde") à la défaillance de l'État. Les réticences vaccinales ("c'est pas à l'état de me dire 'Vous recevrez que deux personnes chez vous'") redoublent ces valeurs professionnelles et personnelles déjà hostiles à l'État. L'instauration de la peur a conduit à une défiance vis-à-vis de l'obligation et des effets indésirables.
- Ces exemples montrent que la défiance vis-à-vis de la vaccination est "ancrée dans l'expérience des gens bien avant l'arrivée du Covid et du vaccin".
- Conclusion et Implications Politiques:
- Bien que la majorité de la population se soit vaccinée, cette minorité non vaccinée (7% fin 2022) est importante à étudier. Il faut également être prudent car les enquêtes représentatives n'incluent pas les populations les plus marginalisées (SDF, sans-papiers) qui rencontrent d'énormes difficultés d'accès aux soins.
- Le profil social des non-vaccinés est stable entre 2021 et 2022, suggérant qu'il s'agit d'un non-recours qui s'est maintenu, non un simple retard.
- Ce non-recours s'explique par des "expériences vécues de discrimination qui renvoient à différentes sphères de la vie sociale (l'emploi, santé, etc.)".
- Les discriminations émanant des institutions sociales ou étatiques (santé, services publics) ont le plus de répercussions sur la vaccination.
- Ce lien entre expérience de discrimination et non-vaccination n'est pas limité aux minorités racisées mais se retrouve dans tous les groupes sociaux.
- Les non-vaccinés d'origine populaire ou racisée évoquent des vexations au contact des institutions. Les non-vaccinés de milieux populaires non racisés décrivent un État "prompt à contraindre mais défaillant lorsqu'on sollicite son appui".
- Les inégalités dans le recours aux soins (pourtant gratuits et accessibles) ne renvoient pas seulement à des croyances ou différences culturelles, mais s'expliquent "aussi par des pratiques discriminatoires qui ont contribué à modifier la vision du monde de celles et ceux qui en ont été victimes".
- Le "sentiment d'exclusion sociale est antagonique avec l'idée de s'inscrire dans une démarche de prévention pour soi et pour les autres".
- Ces résultats interrogent les politiques de prévention fondées uniquement sur une logique épidémiologique (ciblant les plus fragiles sans prendre en compte les inégalités sociales et les expériences vécues).
- Il était crucial, dès le début de la crise, de s'appuyer sur les connaissances acquises lors d'autres épidémies (comme le VIH), d'associer les personnes concernées et d'être attentif aux enjeux de rejet.
- "Vous ne pouvez pas imposer cette vision de définition objectiviste du risque... il faut essayer de comprendre comment les gens se positionnent et construisent leur rapport au risque en fonction de toutes leurs expériences passées et contemporaines."
- Ces inégalités de recours à la vaccination (alors que ces mêmes groupes étaient souvent plus enclins à utiliser le gel ou le masque) montrent la complexité des pratiques de prévention et la nécessité d'une analyse sociologique fine. Cela apporte une "autre compréhension de la réalité sociale".
Enjeux pour la discussion future:
Comment mobiliser les connaissances acquises dans la lutte contre le SIDA pour d'autres épidémies? Comment les politiques de prévention peuvent-elles mieux intégrer la dimension des discriminations et de l'exclusion sociale? Comment construire des discours de santé publique qui résonnent auprès de populations ayant des expériences de défiance vis-à-vis des institutions? L'intervention de Jérémy Vart apportera une perspective plus large sur les questions de vaccination et la spécificité de la vaccination Covid-19.
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Compte Rendu Détaillé : La Production Sociale des Inégalités de Santé - Le Cas de la Seine-Saint-Denis (2024-2025)
Ce document de briefing analyse les points clés et les arguments principaux présentés dans l'extrait de la conférence de Nathalie Bajos et l'intervention de Lor Piti, sociologue spécialiste des inégalités de santé.
La séance aborde la production sociale des inégalités de santé, avec un focus particulier sur la situation en Seine-Saint-Denis, notamment à la lumière de la pandémie de COVID-19.
Intervenantes :
- Nathalie Bajos : Sociologue, Professeur de sociologie à l'Université Sorbonne Paris Nord, chercheuse à l'IRIS.
- Lor Piti : Sociologue, Professeur de sociologie à l'Université Sorbonne Paris Nord, chercheuse à l'IRIS.
- Date : 2024-2025 (Séminaire associé à un cycle de cours).
Résumé Exécutif :
- L'intervention met en lumière la nature socialement construite et spatialisée des inégalités de santé. En utilisant le cas emblématique de la Seine-Saint-Denis, il est démontré que ces inégalités ne sont pas de simples variations aléatoires mais le résultat de rapports sociaux hiérarchisés et de l'organisation même du système de santé.
La pandémie de COVID-19 a agi comme un révélateur et un accélérateur de ces dynamiques, mettant en évidence la vulnérabilité des populations les plus défavorisées, notamment en Seine-Saint-Denis, due au cumul d'inégalités préexistantes (logement, conditions de travail, état de santé) et à des mesures de lutte contre la pandémie qui n'ont pas tenu compte de ces spécificités.
L'analyse souligne l'importance d'une approche systémique, incluant l'organisation du système de santé et l'offre de soins, pour comprendre et combattre ces inégalités. La notion de "syndémie" est proposée pour mieux saisir l'interaction complexe entre maladies épidémiques et contexte socio-environnemental.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
La Production Sociale et Spatiale des Inégalités de Santé :
- Les inégalités de santé sont définies comme des écarts entre groupes sociaux, non pas des différences naturelles, mais "socialement produites".
- Ces inégalités s'incarnent dans l'espace et sont marquées par des "effets de lieu", reprenant la notion de Pierre Bourdieu de la retraduction de l'espace social dans l'espace physique.
- "Il n'y a pas d'espace dans une société hiérarchisée qui ne soit pas hiérarchisée et qui n'exprime pas les hiérarchies et les distances sociales."
- Le cas de la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France hexagonale, illustre cette spatialisation, avec une forte concentration de classes populaires et de minorités racisées dont les états de santé sont dégradés par les conditions de travail, de logement et environnementales.
- La Seine-Saint-Denis comme Cas Exemplaire des Inégalités Socio-Spatiales de Santé :
- Emmanuel Vigneron a objectivé ces dimensions en comparant Paris et la Seine-Saint-Denis le long du RER B, montrant une "moindre espérance de vie" plus on va au nord-est.
- "En moins d'un quart d'heure de trajet le risque de mourir une année donnée augmente de 82 % pour les femmes entre les arrondissements les plus aisés de Paris et le quartier du Stade de France et de 74 % pour les hommes entre le centre de Paris et la ville de la Courneuve."
- Le département souffre d'un déficit majeur en offre de soins, étant devenu un "désert médical urbain", une dénomination longtemps réservée aux zones rurales.
- En 2011, on comptait 5,9 médecins généralistes et 1,6 médecins spécialistes pour 10 000 habitants à La Courneuve/Aubervilliers, contre 19,8 généralistes et 53,4 spécialistes à Port Royal (Paris).
- La Pandémie de COVID-19 : Révélateur et Accélérateur des Inégalités :
- La pandémie a mis "brutalement au jour le creusement de ces inégalités mais plus fortement encore leur caractère pluridimensionnel et la logique cumulative de leur production et de leur reproduction."
- La Seine-Saint-Denis a été frappée dès la deuxième quinzaine de mars 2020, avec des alertes précoces des professionnels de santé.
- Les chiffres hebdomadaires ont montré une augmentation spectaculaire du nombre de morts (+63% en une semaine dès fin mars, quasiment deux fois plus qu'à Paris).
- Au 5 mai 2020, la surmortalité en Seine-Saint-Denis avait augmenté de 130% en avril 2020 par rapport à l'année précédente.
- Le département a connu la plus forte surmortalité de tous les départements français en mars et avril 2020 (124% par rapport à 2019).
- Les Facteurs Expliquant la Surmortalité en Seine-Saint-Denis durant la Pandémie :
- Une population plus jeune et plus immigrée qu'ailleurs : Contrairement aux attentes, la surmortalité a touché une population plus jeune en Seine-Saint-Denis. Le département a la plus forte proportion de population immigrée en France (30%), ce qui est contre-intuitif car habituellement la mortalité des populations immigrées est plus faible ("effet migrant en bonne santé").
- Le cumul d'inégalités préexistantes :
- Logement : Forte "suroccupation des logements" (22% des franciliens en suroccupation en Seine-Saint-Denis malgré seulement 13,7% de la population régionale). L'impossibilité de s'isoler a accentué la circulation du virus, menant à l'expression de "cluster familiaux".
- État de santé : Prévalence élevée de l'obésité (1/5e de la population, l'une des plus élevées en France), du diabète (premier département de l'hexagone) et des troubles respiratoires (exposition à la pollution dans les quartiers politiques de la ville, où vit 39% de la population du département).
- Conditions de travail : Forte proportion de "travailleuses et travailleurs clés" (un actif sur 8 en Seine-Saint-Denis contre un sur 14 à Paris) occupant des emplois exposés au public (caissiers, livreurs, agents de nettoyage, transports en commun). Ces personnes ont continué à utiliser les transports publics, sans "distanciation sociale".
- Des mesures de lutte contre la pandémie uniformes face à des situations différenciées : Les mesures (distanciation sociale, confinement, tests, vaccination) ont été les mêmes qu'ailleurs, ce qui a creusé les écarts.
- La population de Seine-Saint-Denis, bien que plus touchée, a été "moins testée" et "moins pris en charge par les établissements de santé".
- Capacités d'accueil en réanimation significativement plus faibles (13 lits/100 000 habitants en Seine-Saint-Denis contre 35 à Paris).
- Sous-dotation en structures sanitaires (37% de lits d'hôpitaux publics en moins que la moyenne nationale, 25% de médecins généralistes en moins). Cette sous-dotation a empiré depuis 2018.
- Taux de vaccination plus bas que la moyenne départementale, régionale et nationale (moins de 60% dans la ville de Saint-Denis fin 2021). Les obstacles à la vaccination incluent l'absence de médecins traitants, le caractère enclavé de certains quartiers, et les inégalités de couverture sociale.
- Le Rôle du Système de Santé dans la Reproduction des Inégalités :
- Comprendre la reproduction des inégalités "impose dès lors... d'explorer le rôle joué par le système de santé lui-même autrement dit par l'offre de soins à l'échelle des territoires et par la qualité des soins."
- Le système français est caractérisé par une dichotomie ville/hôpital et privé/public.
- Le caractère libéral de la médecine de ville contribue à l'inégale répartition spatiale des soignants ("liberté d'installation").
- La pandémie a mis "crument la contribution du système de santé à la reproduction des inégalités sociales éponymes dans ces espaces urbains relégués et leur amplification en contexte critique."
- Les patients des communes les plus défavorisées ont un "risque de décès à l'hôpital plus important", potentiellement dû à un "risque de retard de prise en charge" (arrivée tardive, absence de médecin traitant).
- Les bénéficiaires de la C2S ou de l'AME ont une probabilité plus faible de transfert en soins de suite.
- Le soin est un "rapport social" influencé par l'organisation des soins, aboutissant à une "hiérarchie des clientèles sociales" (Antoinette Chauven).
- La Notion de Syndémie :
- Pour analyser la crise, il est préférable d'utiliser la notion de "syndémie" (Mary Singer) plutôt que pandémie seule.
- Une syndémie désigne une "relation dynamique entre deux ou plusieurs maladies épidémiques... et le contexte socio-environnemental qui favorise leur interaction".
- Ce concept inclut "l'organisation du système de santé dans ce contexte socio-environnemental", permettant de comprendre l'interaction délétère entre maladies chroniques (plus fréquentes en Seine-Saint-Denis) et la pandémie de COVID-19.
- Les Transformations des Mondes de la Santé à l'Épreuve des Crises :
- La pandémie a révélé et accéléré le "gouvernement métropolitain de la santé" (Marina Honta), où les collectivités territoriales et les villes s'impliquent dans l'organisation des soins malgré des compétences limitées en santé (compétence régalienne de l'État).
- Elle a révélé le paradoxe d'un "virage ambulatoire" prôné par les politiques, mais un caractère "hospitalocentré" de l'organisation des soins en pratique durant la crise.
- L'enquête sur l'organisation des soins de ville durant la première vague a montré "l'absence de régulation nationale et la force des bricolages locaux".
- Le rôle crucial des "collectifs de travail préexistants déjà éprouvés" dans les soins primaires (ex: centres de santé associatifs) qui ont assuré la "continuité des soins" là où d'autres cabinets médicaux libéraux avaient fermé. Ces structures ont assuré une "mission de service public".
- Ces équipes en quartier populaire se retrouvent "en position... d'être des acteurs relais d'une mission de service public alors que celles-ci sont constituées d'acteurs privés".
- Les professionnels de santé et du social ont entremêlé "fonctions de cure... et de care", allant au-delà du travail médical traditionnel (visites aux personnes isolées, aide à régler des problèmes non médicaux).
- Les Enjeux et les Perspectives :
- La pandémie a révélé la nécessité d'un "principe d'équité dit aussi d'universalisme proportionné" (Michael Marmot) pour corriger les inégalités, plutôt qu'une égalité arithmétique.
- L'expérimentation de 26 "structures d'exercice coordonné participative" dans les quartiers politiques de la ville, visant à corriger les dimensions structurelles des inégalités, est un exemple de tentative d'application de ce principe. La Seine-Saint-Denis en compte 3.
- Ces structures mobilisent divers professionnels (médecins, infirmiers, coordinateurs, médiateurs de santé) qui font le lien entre la population, le système de santé et la protection sociale.
- Cependant, la "traduction durable dans le droit commun de ces dispositifs de correction des inégalités" reste en suspens, l'expérimentation devant se terminer en avril 2025.
- "La lutte contre les inégalités sociales de santé reste donc un enjeu politique plein et entier."
- Les espaces comme la Seine-Saint-Denis sont considérés comme un "laboratoire" pour cette lutte.
- Points Importants et Faits Clés :
- La Seine-Saint-Denis est le département le plus pauvre de France hexagonale.
- Différence d'espérance de vie et risque de mortalité significativement plus élevés en Seine-Saint-Denis par rapport aux quartiers aisés de Paris (Emmanuel Vigneron, 2011).
- Déficit majeur de médecins généralistes et spécialistes en Seine-Saint-Denis en comparaison avec Paris.
- Surmortalité la plus élevée de tous les départements français durant la première vague de COVID-19 (124% en mars-avril 2020 par rapport à 2019).
- Surmortalité touchant une population plus jeune en Seine-Saint-Denis que dans l'ensemble du territoire.
- Retournement de l'effet "migrant en bonne santé" durant la pandémie (Myriam Clat et équipe), avec une surmortalité plus forte pour les populations immigrées, notamment originaires du Maghreb et d'Afrique sub-saharienne, majoritaires en Seine-Saint-Denis.
- Forte suroccupation des logements en Seine-Saint-Denis et prévalence élevée de maladies chroniques (obésité, diabète, troubles respiratoires).
- Proportion de travailleurs clés plus élevée en Seine-Saint-Denis qu'à Paris.
- Capacités d'accueil en réanimation significativement plus faibles en Seine-Saint-Denis.
- Baisse du nombre de lits hospitaliers et de médecins généralistes par habitant plus accentuée en Seine-Saint-Denis qu'ailleurs en France dans les années précédant la pandémie.
- Faible taux de vaccination en Seine-Saint-Denis, malgré la présence d'un vaccinodrome au Stade de France.
- Les patients des communes défavorisées et les bénéficiaires de la C2S/AME sont plus à risque de décès ou de moins bon suivi après des soins critiques.
- Les centres de santé associatifs et les collectifs de travail préexistants ont joué un rôle crucial dans la continuité des soins en quartier populaire durant la crise.
- L'expérimentation de structures d'exercice coordonné participative, bien que prometteuse, n'est pas encore inscrite dans le droit commun.
Conclusion :
La conférence de Lor Piti, ancrée dans le cas de la Seine-Saint-Denis et éclairée par la crise sanitaire, offre une analyse percutante des mécanismes sociaux, spatiaux et systémiques qui produisent et reproduisent les inégalités de santé.
Elle met en évidence l'urgence d'une approche globale qui dépasse la simple responsabilité individuelle et intègre pleinement l'organisation du système de santé comme un déterminant majeur de ces inégalités.
Le concept de syndémie s'avère particulièrement pertinent pour saisir la complexité de ces dynamiques en contexte de crise.
L'expérimentation en cours de nouvelles formes d'organisation des soins dans les quartiers défavorisés est une étape importante, mais la pérennisation de ces initiatives et la correction des inégalités structurelles du système de santé restent un défi politique majeur.
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Briefing sur l'identification et la lutte contre les dérives sectaires et les risques associés aux plateformes numériques, notamment TikTok
Source : Extraits de l'audition du chef de la Miviludes par une commission d'enquête parlementaire, et audition de psychologues cliniciennes et maître de conférence en psychologie cognitive et ergonomie.
Contexte : Cette audition fait suite à la publication d'un rapport d'activité de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) mettant l'accent sur les menaces que représente le numérique, en particulier pour les mineurs, ainsi qu'à une stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires annoncée en novembre 2023.
Les psychologues auditionnés apportent une expertise sur les aspects psychologiques de ces phénomènes, notamment les addictions comportementales.
Principaux Thèmes et Idées :
- Le Numérique comme Vecteur Majeur des Dérives Sectaires et Risques Associés : Le numérique est désormais une dimension quasi systématique des signalements reçus par la Miviludes, même si elle n'exclut pas toujours les rencontres physiques.
Les plateformes en ligne, dont TikTok, permettent d'atteindre les mineurs directement dans leur espace personnel, souvent à l'insu des parents.
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Citation : "...dans ces signalements il y a presque toujours une dimension numérique qui n'est souvent pas exclusive de rencontres physique mais la dimension numérique est est presque toujours présente..."
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Citation : "...ce phénomène des réseaux sociaux présente aussi cette nouveauté qu'ils peuvent atteindre des mineurs dans leur vie personnelle à la maison sans même que les parents comme vous le savez puissent en être informés sans avoir toujours les moyens de contrôle les connaissances techniques permettant de paramétrer l'outil pour sécuriser l'accès à un certain nombre de données..."
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Difficulté d'Identification et de Lutte face à de Nouveaux Phénomènes : Les dérives en ligne ne correspondent pas toujours à des infractions pénales clairement définies, rendant la lutte plus complexe. Des comportements peuvent être préoccupants pour la santé des mineurs sans relever immédiatement du droit pénal classique.
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Citation : "...il y a pas toujours d'infractions pénales qui sont commises et pour autant il peut y avoir des comportements qui peuvent prêter à réfléchir voire à à être préoccupé pour la santé des mineurs..."
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Citation : "...nous sommes face à des phénomènes sur lesquels nous devons certainement travailler davantage pour mieux savoir comment les prévenir parce que le droit pénal n'est pas forcément d'une grande utilité sur ce plan-là..."
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Prolifération d'Acteurs non Qualifiés et d'Influenceurs : De nombreuses personnes se présentent comme des professionnels (coachs de vie, coachs spirituels, coachs en développement personnel, experts en cryptomonnaies, etc.) sans diplômes reconnus ou compétences avérées.
Ces acteurs peuvent exercer une influence significative sur les mineurs, traitant de sujets intimes (blessures, chagrin, relations conflictuelles) et créant une forme de dépendance.
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Citation : "...beaucoup de nouveaux métiers et de en tout cas de personnes qui estiment exercer un nouveau métier et qui pour autant ne peuvent pas justifier d'un diplôme qui serait reconnu par l'État ou d'une compétence particulière dans des domaines dans lesquels ils exercent une influence importante dans la vie de ces mineurs alors je pourrais citer les influenceurs notamment spirituels mais pas seulement les coachs de vie les influenceurs pardon de développement personnel enfin toutes personnes qui euh dans certains cas peuvent présenter des compétences aléatoires..."
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Influence des Communautés en Ligne et Pression de Groupe : La formation de communautés en ligne est un phénomène nouveau qui rend difficile la prévention des abus. L'influence et la pression du groupe peuvent être particulièrement préoccupantes, surtout pour les mineurs.
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Citation : "...la formation de communauté en ligne et c'est un phénomène qui qui est quand même relativement nouveau et nous n'avons sans doute pas toutes les tous les éléments de réponse efficaces aujourd'hui pour prévenir les abus qui peuvent être commis dans ce type de de communauté en ligne..."
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Citation : "...lorsque vous avez un phénomène de foule ou un phénomène collectif de communauté en ligne il peut y avoir une influence du groupe une pression du groupe qui peut être préoccupante sur encore plus évidemment sur des mineurs..."
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Processus d'Emprise Mentale et Vulnérabilité des Mineurs : La Miviludes observe les différentes phases de l'emprise mentale, qui commence souvent par une phase de séduction/valorisation, suivie d'un endoctrinement, d'un isolement par rapport aux proches, puis d'une dépendance. Les mineurs sont particulièrement vulnérables à ce processus.
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Citation : "...de ce que nous avons observé en fait s'agissant de de l'emprise mentale puisque c'est de cela dont nous occupons principalement à la Mivilude... il y a d'abord une phase de séduction... et puis euh ensuite et bien il y a une phase d'endctrinement qui peut se manifester... et puis donc ensuite ça peut être une l'adoption d'une de nouvelles règles de vie qui crée un isolement... et puis donc à cette phase d'isolement peut succéder une phase de dépendance..."
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Citation : "...nous ce que nous pouvons observer c'est c'est quelque chose qui avait d'ailleurs été expliqué par des chercheurs c'est les différentes phases de l'emprise qui peut être et bien problématique par les liens de dépendance qu'il peut créer et la difficulté ensuite à s'en désengager pour les personnes qui sont concernées et encore plus de mineurs..."
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Risques Spécifiques Liés à TikTok : TikTok présente des particularités préoccupantes, notamment le système de micro-dons qui peut créer une "ambiance de show" incitant à donner toujours plus, et la facilité avec laquelle certains mineurs peuvent être touchés, combinée à un phénomène de "célébrité" qui peut générer une forte dépendance et un attente de l'influenceur. Des signalements spécifiques sur TikTok concernant des mineurs ont été reçus.
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Citation : "...s'agissant de de TikTok donc j'ai j'ai rappelé tout à l'heure la possibilité de pouvoir faire des micro don qui peut créer une ambiance très particulière surtout lorsqu'il s'agit de de mineurs qui sont en cause..."
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Citation : "...ce qui nous préoccupe s'agissant de TikTok c'est la manière dont certains mineurs peuvent être touchés... nous avions un signalement qui concernait donc des des mineurs donc de pour certains âgés de moins de 15 ans euh et qui pouvait lorsqu'on mêle l'aspect réseau social avec un phénomène de célébrité ou assimilé comme tel et bien il peut y avoir un enjeu de dépendance très fort avec des mineurs qui attendent la manifestation du leader du groupe d'une manière ou d'une autre..."
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Cas Spécifique de l'Influenceuse "Ophénia" : La Miviludes a effectué un signalement au procureur de Paris concernant cette influenceuse.
Les préoccupations portaient sur la composition de sa communauté (majoritairement des adolescentes, parfois très jeunes), les interactions directes et intenses, et les réactions passionnelles et mimétiques de ses abonnées (propos suicidaires, automutilation, grèves de la faim, menaces, harcèlement).
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Citation : "...nous avons été informés par le collectif maire donc mineur éthique et et réseau d'une masse d'information... j'ai signé donc un signalement à la procureur de Paris faisant état d'un certain nombre de faits préoccupants... j'ai rapporté ces ces faits là [tentative de suicide suite au comportement d'une influenceuse], j'ai rapporté aussi euh les éléments sur cette les idées de suicide que pouvait avoir euh de jeunes internautes... la communauté Bégénia puisque c'est le nom qu'elle elle a donné à sa communauté serait composé d'adolescentes parfois très jeunes..."
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Citation : "...les échanges en fait électroniques révélaient une forte adhésion au mouvement d'humeur d'OPIA... allant jusqu'à insulter tout détracteur voire à proférer des menaces de mort..."
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Citation : "...le comportement mimétique et parfois presque fanatique de membres de cette communauté qui nous paraissait euh préoccupant puisque lorsqueia faisait état d'une contrariété particulière des membres de sa communauté réagissaient de façon passionnelle et se montraient aussi affecté qu'elle avec des photos de jeunes filles portant des cicatrices de scarification ou des marques de blessures ou de jeunes filles qui annonçaient une grève de la fin ou des projets de tentative de suicide..."
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Dérives Financières (Cryptomonnaies, Coaching, Vente Pyramidale) : Le "culte de l'argent facile" et la promotion de la richesse rapide, notamment via les cryptomonnaies ou certains types de coaching, sont des sources d'attrait pour les jeunes et peuvent donner lieu à des systèmes de vente pyramidale et à une pression de groupe intense.
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Citation : "...le culte de l'argent facile est une source de très efficace d'attrait d'un grand nombre d'adolescents de jeunes adultes et donc il peut y avoir dans certaines organisations une forme de pression sur des objectifs commerciaux de ramener de nouveaux clients az vous avez évoqué les systèmes de de vente pyramidale et on a ces ces systèmes là que l'on retrouve de manière très claire..."
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Citation : "...ces valeurs de l'argent facile de des influenceurs à Dubaï cette vie voilà d'image de euh évidemment elle pèse dans l'ambiance générale..."
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Fake News et Complotisme : Le développement des fake news et du complotisme en ligne tend à relativiser les savoirs établis, contester la science, la médecine et les pouvoirs publics, constituant une "menace nouvelle".
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Citation : "...nous avons aussi le ce phénomène des fake news du complotisme qui s'est beaucoup développé et qui tend à relativiser pas mal toutes les formes de savoir et même à contester le monde de la science le monde de la médecine les pouvoirs publics toute menace nouvelle qui appelle certainement de nouvelles réponses..."
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Nouvelles Technologies (IA, Métavers) comme Risques Potentiels : L'intelligence artificielle et le métavers sont identifiés comme des technologies pouvant présenter des risques, notamment en termes de manipulation, accentués lorsqu'ils concernent les mineurs, bien que l'IA puisse aussi être une ressource pour l'identification des comportements problématiques.
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Citation : "...l'intelligence artificielle qui est une menace mais qui peut être aussi une ressource qui peut être utilisée pour mieux identifier un certain nombre de comportements problématiques..."
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Citation : "...une autre technologie dont on parle pas beaucoup ou plus beaucoup mais on va certainement en parler davantage à l'avenir c'est le c'est le métaverse qui qui reviendra avec la la possibilité de de vivre des expériences subjectives et donc avec des possibilités nouvelles de manipulation et qui sont évidemment très problématiques dès lors qu'on parle de mineurs..."
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Augmentation des Signalements et Demandes d'Information : La Miviludes constate une forte augmentation des sollicitations (signalements et demandes d'information), passant de 2160 en 2015 à 4570 en 2024. La gravité des signalements s'est également accrue.
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Citation : "...ces demandes d'information ces signalements sont en forte augmentation puisque nous avons plus d'un doublement depuis 2015 2160 en 2015 4570 en 2024..."
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Citation : "...ces signalements n'ont leur gravité n'a fait que s'amplifier d'après ce que me disent les membres de mon équipe..."
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Appréciation de la Réglementation Existant (DSA) et Besoin de Prévention : L'application du règlement sur les services numériques (DSA) est jugée nécessaire, mais elle requiert une meilleure formation pour l'identification et la documentation des "risques systémiques".
Cependant, au-delà de la réglementation, il est jugé essentiel de renforcer la prévention et l'information du public, notamment en matière de santé, en vulgarisant l'information scientifique et médicale sur les réseaux sociaux.
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Citation : "...s'agissant du règlement sur les services numériques qui est mis en œuvre qui est applicable en France... nous devons définir les risques systémiques et surtout les documenter et je dois dire que les agents de l'État ne sont peut-être pas tous complètement euh formés aujourd'hui pour appliquer cette réglementation..."
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Citation : "...avant même de savoir s'il faut la faire changer je pense qu'il faut déjà qu'on puisse l'appliquer de manière rigoureuse..."
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Citation : "...nous pouvons aussi certainement faire beaucoup mieux sans avoir besoin non plus de réglementation en terme de prévention et d'information donnée au public..."
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Citation : "...nous pourrions faire bien mieux en terme de vulgarisation scientifique médicale pour qu'il y ait une information de qualité immédiatement accessible pour les utilisateurs de ces réseaux sociaux y compris de TikTok..."
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Difficultés Liées aux Preuves et à l'Action en Justice : Les captures d'écran ne constituent pas une preuve suffisante en justice ; seuls les liens internet le sont, et leur enregistrement est essentiel (mention de la plateforme Faros).
La qualification des faits, notamment en ce qui concerne la corruption de mineurs ou les propos sexualisés, peut être difficile à établir. Le traitement de l'urgence est assuré, mais prouver les mécanismes de manipulation mentale peut prendre du temps.
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Citation : "...il me semble que les donc les captures d'écran ne sont pas une preuve il faut faire savoir ça au aux personnes qui nous sollicitent seul le lien internet peut-être une preuve et encore si on a pu démontrer qu'il était en ligne..."
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Citation : "...là on est sur quelque chose d'encore plus difficile à caractériser puisqueà partir de quand c'est problématique il y a une infraction de corruption de mineurs qui existe mais enfin il faut pour cela des éléments intentionnels et tout dépend la manière dont c'est reçu interprété reproduit et cetera..."
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Citation : "...l'urgence nous la traitons toujours en urgence mais les phénomènes de manipulation mentale nécessitent un travail qui peut être long pour prouver pour démontrer en tous les cas mécanisme donc c'est quelque chose qui peut prendre du temps..."
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Moyens Limités de la Miviludes : Malgré l'augmentation significative de la charge de travail et de la gravité des signalements, les effectifs de la Miviludes sont restés stables depuis 2015 (14-15 agents).
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Citation : "...nous sommes 14 il y a quatre contrats 10 mises à disposition d'agents donc de d'autres ministères donc nous sommes 14 avec un alternant ça fait 15..."
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Citation : "...nous avons le double de signalement depuis 2015 et ces signalements n'ont leur gravité n'a fait que s'amplifier... Et comment ont évolué les effectifs depuis 2015 de la Mivilude ? c'est resté à peu près stable..."
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Potentialités d'Utilisation des Plateformes par les Institutions : Certaines plateformes comme TikTok pourraient être utilisées par les institutions pour la prévention et l'information, comme le fait la police espagnole. Cela soulève cependant des questions sur la stratégie à adopter face à un outil posant par ailleurs problème.
- Citation : "...je pour avoir rencontré nos homologues espagnols la police espagnole a un compte TikTok qui est extrêmement populaire et qui fonctionne semble-t-il très bien... dans le domaine de l'information de la prévention nous pourrions nous emparer davantage de ces outils..."
Faits et Chiffres Clés :
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Augmentation des signalements à la Miviludes : 2160 en 2015, 4570 en 2024.
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Signalements adressés au parquet par la Miviludes : 80 sur 2023-2024 (contre 33 sur 2021-2022).
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Signalements spécifiques relatifs à TikTok reçus par la Miviludes : 135 au total, dont 17 concernaient spécifiquement des mineurs.
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Effectif de la Miviludes : 14-15 agents, stable depuis 2015.
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La stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires 2024-2027 inclut un volet numérique.
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Ce briefing résume les points essentiels abordés dans les sources, mettant en lumière les défis posés par le numérique et les réseaux sociaux dans la lutte contre les dérives sectaires, l'impact spécifique sur les mineurs, les difficultés d'action et les pistes de travail (prévention, information, application de la réglementation).
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Document de Briefing : Analyse des Auditions sur l'Organisation du Système de Santé
Date :2025
Objet : Synthèse des points clés des auditions de l'Ordre et des syndicats de médecins sur l'organisation du système de santé, axée sur l'accès aux soins et la démographie médicale.
Source : Extraits de la table ronde avec l'Ordre et les syndicats des médecins sur l’organisation du système de santé.
Résumé Exécutif :
- Les auditions révèlent une convergence de vues entre l'Ordre et les syndicats de médecins concernant le constat critique de la situation actuelle du système de santé français, en particulier l'accès aux soins et les difficultés démographiques.
Tous les intervenants soulignent l'urgence de trouver des solutions, tout en mettant en garde contre la précipitation et les mesures coercitives.
Les thèmes centraux incluent le manque cruel de données démographiques précises, la transformation de la pratique médicale due au vieillissement de la population et à la multimorbidité, l'iniquité territoriale, la nécessité de collaborateurs médicaux (assistants et infirmières), et l'importance d'une approche territoriale coordonnée et incitative plutôt que coercitive.
La formation des jeunes médecins, l'intégration des retraités et la régulation de certaines activités (comme la médecine esthétique) sont également identifiées comme des leviers essentiels.
Points Clés et Analyses :
Constat Démographique et Accès aux Soins :
- Un accord général sur l'énorme préoccupation concernant l'accès aux soins.
- Le problème démographique a été alerté dès 2010, mais sans réaction suffisante des élus et tutelles.
- Malgré l'augmentation du nombre d'étudiants (4000 par an prévus), les effets positifs sur la démographie médicale ne se feront sentir que dans 5 ans minimum, voire une douzaine d'années pour un impact significatif.
- Le numérus clausus (années 1980-2000) est largement identifié comme la cause principale de la pénurie actuelle. "nous sommes en grande difficulté c'est une réalité", "ça fait 40 ans que ça dure avec un numérus clausus qui a été extrêmement dur".
- Il y a un manque crucial de données démographiques précises et fiables sur le nombre de médecins par spécialité, par type d'exercice (traitant, urgences, soins non programmés, etc.) et par territoire. Impossible de construire une politique de santé efficace sans savoir de quoi on parle. "comment construire une politique de santé quand on ne sait pas de quoi on parle".
- Seulement environ 40 000 médecins généralistes sur près de 100 000 sont considérés comme des "médecins généralistes traitants" ayant en charge un nombre significatif de patients (plus de 200 contrats, moyenne 1000-1100). Cela signifie que 60 % de la profession générale fait autre chose.
Transformation de l'Exercice Médical et Temps Médical Disponible :
- Le temps médical disponible par médecin a diminué : une consultation moyenne prenait plus de temps qu'auparavant (passant de 35 à 25 consultations par jour pour un même temps de travail dans l'exemple donné).
- Cela est dû à deux facteurs principaux :
- Augmentation du temps administratif (+30% en 10 ans). "le temps administratif qui a augmenté de 30 % en 10 ans".
- Multimorbidité et complexité des patients : vieillissement, maladies chroniques multiples, problèmes psychosociaux. "les patients sont plus compliqués ils ont un voire deux voire plus maladies chroniques et ils ont des problèmes psychosociaux".
- La nécessité de collaborateurs médicaux (assistants médicaux, infirmières en pratique avancée - IPA) est cruciale pour aider les médecins dans la gestion administrative et la prise en charge des patients complexes/chroniques. L'assistant médical permettrait de prendre près de 300 patients supplémentaires en médecin traitant et d'augmenter la file active de 120 patients en moyenne.
Iniquité Territoriale et "Effet Dominos" :
- L'iniquité territoriale est une réalité, avec 87% des territoires sous-dotés.
- Les zones rurales sont particulièrement touchées par le départ à la retraite de médecins plus âgés, créant un "effet dominos" : le départ d'un médecin submerge les autres, qui finissent par partir également.
- L'attractivité des territoires est un facteur majeur : les jeunes médecins s'installent avec leur conjoint, et la disponibilité d'emploi et d'infrastructures (crèche, école, etc.) pour la famille est primordiale. Le modèle du "patriarcat médical est mort".
Rejet des Mesures Coercitives :
- Un consensus fort s'exprime contre les mesures coercitives, comme la régulation forcée de l'installation ou le retour des gardes obligatoires.
- Ces mesures sont considérées comme "une mauvaise solution et une solution de facilité" en période de pénurie et pourraient avoir des effets inverses, comme le départ des médecins à l'étranger, vers le salariat ou d'autres secteurs d'activité moins contraignants. "Je crois que c'est un remède qui soit pire que le mal".
- L'expérience de pays ayant mis en place de telles mesures (Canada, Québec) est citée comme exemple de leurs limites.
- Importance de l'Approche Territoriale et Incitative :
- La solution réside dans une organisation territoriale des soins, définie collectivement et adaptée aux besoins locaux. "le mot qui a été prononcé le plus c'est le mot territoire".
- Il faut développer une politique de "aller vers" : faciliter le transport des patients vers les zones de soins et permettre aux médecins d'aller consulter dans les zones sous-dotées (consultations avancées, médicobus). Les consultations avancées sont vues comme un dispositif fonctionnel basé sur le volontariat et la responsabilité collective.
- La permanence des soins (PDSA) est citée comme un exemple de responsabilité collective qui fonctionne (97% du territoire couvert le weekend, 93% en soirée, avec 40% des médecins généralistes participants). L'idée de la rendre obligatoire est vue comme risquant de "casser quelque chose qui est en train petit à petit de s'améliorer".
- Il faut une meilleure coordination entre les différents acteurs de santé sur un territoire (hôpitaux publics/privés, cliniques, médecins libéraux, agences de santé). Le travail "en silo" est délétère.
Formation et Attractivité de la Profession :
- Il est crucial d'augmenter le nombre de terrains de stage en libéral et en établissements privés pour les étudiants en médecine (externes et internes). Cela permettrait de mieux les former aux réalités de l'exercice libéral et de l'ensemble du système de santé. "les stages de nos étudiants en libéral sont indispensables".
- La réforme de la première année de médecine (Numérus Apertus couplée à la réforme) est jugée "extrêmement délétaire", ayant conduit à des abandons importants (15-20% après la 2ème année) et potentiellement une sélection de profils moins adaptés.
- Les internes sont dans un état psychologique "extrêmement altéré".
- Il faut simplifier l'exercice médical pour le rendre plus attractif (auto-déclarations d'arrêt de travail, simplification des prescriptions de transport, etc.).
- La "financiarisation du système de santé" qui oriente l'activité vers ce qui est le plus facile et lucratif, au détriment des besoins de la population, est un problème identifié.
Mobilisation de Ressources Additionnelles :
- Réactiver la réserve médicale en proposant des stages cliniques annuels et un accès à la formation continue pour les médecins retraités volontaires.
- Créer un statut de "médecin retraité remplaçant" pour permettre une activité à temps très partiel sans pénalités financières liées aux charges de retraite active. L'actuel système incite à travailler à plein temps ou pas du tout en retraite active.
Coopération avec les Autres Professions de Santé :
- La coopération avec les autres professions de santé est une "évidence".
- Elle doit se faire dans le cadre d'un exercice protocolisé et coordonné par le médecin, pour garantir la sécurité des patients et éviter une "perte de chance". "il faut unir tout le monde autour des malades la seule chose qui nous importe c'est l'accès aux soins l'absence de perte de chance".
Pertinence des Soins et Prévention :
- La "pertinence des soins" est la "mère des batailles". Elle permet de libérer du temps médical et de générer des économies (environ 30% d'examens seraient non pertinents).
- La prévention est insuffisante et doit être développée, même si ses effets sont à plus long terme. L'exemple du faible taux de vaccination contre la grippe chez les professionnels de santé est cité.
- Régulation de la Médecine Esthétique et Autres Activités Non Essentielles :
- La fuite de médecins (généralistes et spécialistes comme les dermatologues) vers des "niches" comme la médecine esthétique est un problème majeur qui contribue aux difficultés d'accès aux soins. "c'est une plie pour la profession".
- Il est nécessaire d'encadrer la médecine esthétique (et potentiellement d'autres activités où le niveau de preuve scientifique est faible) pour garantir un équilibre entre l'activité "esthétique" et l'activité de "mission de soins".
- Une proposition évoquée est d'encadrer la "double activité" en exigeant que la deuxième activité soit minoritaire par rapport à la spécialité principale.
- L'argument est également avancé que l'interdiction totale de la médecine esthétique par des médecins entraînerait l'essor de praticiens non qualifiés ("fake injectors"), avec des complications sanitaires à la charge de la sécurité sociale. Il faut donc trouver un équilibre.
- La certification des médecins dans leurs différentes activités est une piste pour aborder cette régulation.
Gestion des Médecins Étrangers :
- Les médecins étrangers sont une ressource précieuse, mais il est crucial de maintenir des évaluations sérieuses de leurs compétences ("supprimer les EVC supprimer les PCC supprimer toutes les critères qui permettent de les évaluer est une mauvaise idée").
Propositions Concrètes Évoquées (parmi d'autres) :
- Création d'un observatoire de la démographie en médecine générale.
- Élargissement dans le temps de la mesure protégeant les patients du départ à la retraite de leur médecin traitant.
- Développement massif des assistants médicaux et infirmières en pratique avancée dans les cabinets médicaux.
- Développement des consultations avancées et médicobus dans les zones sous-dotées.
- Mise en place d'un statut de médecin retraité remplaçant et réactivation de la réserve médicale.
- Définition claire des territoires de santé pour l'organisation des soins.
- Intégration de la formation à la régulation et aux gardes dans le cursus universitaire.
- Augmentation des lieux de stage en libéral et privé pour les étudiants.
- Assouplissement des carrières et valorisation des acquis de l'expérience pour les secondes activités minoritaires.
- Encadrement de la médecine esthétique et potentiellement d'autres activités.
- Développement des équipes de soins spécialisés sur les territoires.
- Amélioration de la pertinence des soins.
- Renforcement de la prévention.
- Réflexion sur la carte hospitalière et la permanence des soins en établissement de santé.
Conclusion :
- Les auditions confirment la gravité de la crise d'accès aux soins, largement imputée aux politiques démographiques passées.
L'Ordre et les syndicats plaident pour une approche globale, incitative et basée sur la coopération territoriale pour y remédier. Ils soulignent l'importance cruciale d'investir dans les ressources humaines (médecins et collaborateurs) et de simplifier l'exercice pour le rendre plus attractif.
Le rejet des mesures coercitives est net, au profit de solutions basées sur la responsabilité collective et les incitations.
La nécessaire régulation de certaines activités médicales non essentielles est également un point de convergence fort.
Recommandations Potentielles pour la Commission :
- Appuyer la création d'un observatoire national précis de la démographie médicale par spécialité et mode d'exercice.
- Soutenir les mesures incitatives pour l'installation dans les zones sous-dotées (aides à l'installation, aides aux conjoints, consultations avancées, etc.).
- Promouvoir le développement des assistants médicaux et IPA, et la coopération entre professionnels de santé, en veillant à la coordination médicale.
- Explorer les propositions relatives à la mobilisation des médecins retraités et à la simplification de l'exercice.
- Soutenir l'encadrement de la double activité médicale (notamment la médecine esthétique) pour préserver l'activité de soins essentielle.
- Veiller à l'amélioration de la formation initiale et continue des médecins, y compris l'accès aux stages en libéral et privé.
- Intégrer la réflexion sur la pertinence des soins et la prévention dans les politiques de santé.
- Considérer l'approche territoriale comme le socle de l'organisation future du système de santé, en définissant clairement les besoins et les ressources à l'échelle locale.
- Ce document est une synthèse basée sur les extraits fournis et ne prétend pas couvrir l'intégralité des débats ou des positions des intervenants.
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Note de Briefing : "Bernard Lahire. Les structures fondamentales des sociétés humaines"
Source: Extraits de la rencontre Kern.info avec Bernard Lahire, auteur de "Les structures fondamentales des sociétés humaines".
Date: 2025
Objet: Revue des thèmes principaux et des idées clés présentées par Bernard Lahire concernant son ouvrage "Les structures fondamentales des sociétés humaines".
Résumé:
- Bernard Lahire, sociologue et professeur, présente son dernier ouvrage qui se propose de revisiter les questions fondamentales de la sociologie et des sciences sociales en adoptant une approche comparative large.
L'originalité de son travail réside dans la comparaison non seulement entre différentes sociétés humaines à travers l'histoire et la géographie, mais aussi avec les sociétés animales, en puisant dans des disciplines telles que l'éthologie et la biologie évolutionniste.
Lahire critique l'atomisation et le constructivisme excessif des recherches contemporaines, plaidant pour une synthèse des acquis et la formulation de "lois" ou principes généraux du social.
Il identifie des invariants structurels, comme la domination et l'opposition "nous/eux", en soulignant leurs corrélats biologiques et culturels, tout en rejetant une biologisation du social au profit d'une "sociologisation" étendue.
L'ouvrage se veut un hommage aux sciences sociales et un appel à une collaboration interdisciplinaire renouvelée pour mieux comprendre la spécificité humaine et les défis sociaux contemporains.
Thèmes Principaux et Idées Clés:
- Reposer les Questions Fondamentales des Sciences Sociales: Lahire constate que les sciences sociales se sont habituées à éviter les questions trop générales, jugées trop philosophiques ou métaphysiques. Son livre vise à redonner aux sciences sociales la capacité de répondre à ces interrogations profondes sur ce que nous sommes, pourquoi nous vivons en société, et la spécificité humaine.
- Citation: "...dire des choses qu'on s'était habitué à ne plus dire en fait dans les sciences sociales poser des questions qu'on s'était habitué à ne plus poser en les trouvant trop général trop trop philosophique ou trop métaphysique comme on dit parfois..."
- Citation: "...les sciences sociales ont maintenant la possibilité de répondre à des questions qu'on jugeait auparavant métaphysique ou spéculative..."
- Méthode Comparative Large et Interdisciplinarité: L'approche de Lahire est explicitement comparative, étendant la comparaison non seulement entre sociétés humaines variées (historiquement et géographiquement) mais aussi aux sociétés animales. Il intègre les apports de diverses disciplines : sciences sociales (histoire, anthropologie, sociologie), préhistoire, paléoanthropologie, éthologie, et biologie évolutionniste.
- Citation: "...vous utilisez une méthode comparative vous comparez différentes sociétés humaines à différentes époques et en plus d'inclure les résultats de différentes sciences sociales vous allez aussi chercher du côté des sciences de la nature et on trouve des références bah notamment en éthologie en biologie évolutionniste..."
- Citation: "...pour arriver à dire des choses assez fondamentales sur ce que nous sommes nous humains il fallait forcément comparer euh comparer à l'intérieur des sociétés humaines effectivement comme vous l'avez dit mais aussi comparer par rapport à d'autres formes de vie sociales que des des des sociétés euh spécifiquement humaines..."
- Synthèse et Cumulativité Scientifique: L'ouvrage est une synthèse des travaux menés en sciences sociales depuis un siècle et demi. Lahire déplore le manque de cumulativité scientifique dans les sciences humaines et sociales, qui tendent à repartir de zéro au lieu de capitaliser sur les acquis et de formuler des lois ou principes généraux, à l'instar des sciences de la nature.
- Citation: "...mon travail relève un peu de ça alors je sais pas s'il sera internationalisé mais j'espère bien qu'il sera traduit dans différentes langues mais en tout cas je je fais de la synthèse pour aider en fait les gens qui qui me liront à ne pas partir de zéro en fait c'est ça un des gros problèmes je crois des sciences humaines et sociales à l'heure actuelle c'est qu'elles ont tendance à ne pas s'organiser pour constituer des des de la cumulativité scientifique comme on dit c'est-à-dire de dire on a des acquis on les formule et puis comme ça on peut s'appuyer sur eux pour aller un peu plus loin..."
- Citation: "...il y a des invariants il y a des régularités il y a des des constantes et il y a des lois très très générales de fonctionnement..."
- Critique de l'Atomisation et du Constructivisme Radical: Lahire s'inscrit en faux contre l'éclatement des recherches en sociologie, souvent fascinées par les variations et les singularités, au détriment de la mise en évidence des invariants. Il critique également une forme de constructivisme épistémologique qui douterait de l'existence d'une réalité extérieure à l'observateur.
- Citation: "...vous vous commencez l'ouvrage en parlant d'une certaine insatisfaction face à une atomisation des recherches en sociologie qui serait comme fasciné par les variations et qui tendent à oublier ces ces invariants que que vous mettez en en lumière..."
- Citation: "...il y a aussi un constructivisme épistémologique qui consiste à dire que nous n'avons que des points de vue que des regards sur une réalité dont certains doutent..."
- Plaidoyer pour un Réalisme Constructiviste: Lahire propose de concilier la prise en compte du regard construit de l'observateur avec l'affirmation de l'existence d'un réel à découvrir qui résiste à nos regards.
- Citation: "...le réalisme constructiviste ça veut dire il faut pas être naïf on a bien un regard particulier un point de vue particulier et des méthodes particulières d'accès au réel mais il y a il y a un réel qui euh ben résiste parfois à nos regards..."
- Distinction entre Social, Culturel et Historique: Lahire insiste sur la nécessité de démêler ces notions. La vie sociale existe chez de très nombreuses espèces (même peu culturelles). La culture est une forme de transmission, plus développée chez l'homme et surtout cumulative. L'histoire est une conséquence de l'accumulation culturelle. Cette distinction permet de mieux comprendre ce qui est spécifiquement humain.
- Citation: "...vous dénoncez notamment une confusion entre le social le culturel et l'historique et confusion qui a qui est lourde aussi de conséquence pour la définition des des disciplines..."
- Citation: "...la vie sociale on la on la trouve chez de très nombreuses espèces même les les moins culturels..."
- Citation: "...nous nous avons comme particularité d'avoir une culture qui se cumule qui s'accumule au cours de l'histoire..."
- Citation: "...l'histoire est une conséquence de l'accumulation culturelle..."
- Extension du "Social" aux Espèces Non-Humaines: En s'appuyant sur l'éthologie, Lahire montre que le social ne se limite pas aux humains. Il existe des formes de structuration sociale, de hiérarchie, de relations parents-enfants, d'évitement de l'inceste, etc., chez diverses espèces animales (primates, fourmis, oiseaux). Il propose une "sociologisation" de ces phénomènes, souvent considérés comme purement biologiques.
- Citation: "...le lieu du social est en un sens plus large que que que ne l'a pensé la sociologie pendant longtemps puisque vous comparer les sociétés animales aux sociétés humaines..."
- Citation: "...il y a des lois sociales qui structure aussi la vie des groupes d'espèces non humain non humaine et ça il faut s'habituer en fait à reconsidérer n nos catégories nature culture ça fonctionne pas..."
- La Dominance comme Invariant Structuel: Lahire identifie l'universalité de la domination dans les sociétés humaines, qu'il relie au phénomène biologique de l'altricialité secondaire (la longue dépendance du petit humain vis-à-vis des adultes). Cette expérience précoce de dépendance et de domination parentale sert de matrice à d'autres formes de domination (politique, économique, culturelle).
- Citation: "...l'un des faits que vous que vous observez dans toutes les sociétés humaines c'est le l'universalité du du fait de la domination..."
- Citation: "...cette altricialité a des effets sociaux immédiats c'est-à-dire que il y a des corrélats sociaux à cette à ce fait biologique ou des conséquences sociales de ce fait biologique puisque ça suppose que la première expérience humaine universelle quelle que soit la culture c'est le fait d'être sous domination parentale..."
- L'Opposition "Nous/Eux" comme Invariant Trans-Espèces: Le phénomène de distinction et d'opposition entre le groupe d'appartenance ("nous") et les groupes extérieurs ("eux") est un autre invariant, observable chez les animaux (fourmis, chimpanzés) et prenant des formes culturelles multiples et variées chez les humains (conflits entre quartiers, villes, nations, etc.).
- Citation: "...un autre invariant que vous soullignez et qu'on trouve même chez les chimpanzés c'est l'opposition entre nous et eux qui est une sorte d'invariant..."
- Citation: "...on se rend compte de plus en plus qu'il y a des logiques sociales il y a des lois sociales générales qui sont transespèces et qui prennent des formes particulières chez nous parce que nous avons des formes culturelles qui s'ajoutent à ces grandes lois sociales..."
- Conséquences Sociales des Propriétés Biologiques: Lahire insiste sur l'étude des effets sociaux ou corrélats sociaux des propriétés biologiques spécifiques à l'espèce humaine (comme l'altricialité ou la longévité), plutôt que de réduire le social au biologique. La longue longévité humaine, par exemple, permet la cohabitation de plusieurs générations, favorisant la transmission et l'accumulation culturelle.
- Citation: "...ce qui m'intéresse c'est les effets sociaux de ces propriétés biologiques alors souvent les les sociologues ou les chercheurs en sciences sociales plus généralement pensent que comme nous avons tous les mêmes propriétés biologiques c'est quelque chose qu'on peut négliger..."
- Citation: "...ces différences ces spécificités biologiques ces propriétés biologiques ont des conséquences tout à fait sociales et parfois même culturelles..."
- Interdiction/Évitement de l'Inceste: Lahire souligne que l'évitement de l'inceste n'est pas propre à l'homme mais existe chez de nombreuses espèces animales non humaines. La spécificité humaine réside dans la formulation de cet évitement sous forme de tabou ou d'interdit culturel et langagier. Il invite à étudier les exceptions à cette règle dans les sociétés humaines pour mieux comprendre les mécanismes en jeu.
- Coopération et Entraide: Si l'ouvrage met en évidence la domination et l'opposition, Lahire rappelle l'importance de l'entraide et de la coopération, particulièrement liées à l'expérience du soin parental (le "care") et à la division du travail dans les sociétés humaines. L'entraide, observable chez les animaux, a pris une dimension élargie chez l'homme.
- Implications pour la Formation et la Recherche en Sciences Sociales: Lahire plaide pour une réorganisation de la formation, incluant par exemple des cours d'éthologie pour les étudiants en sociologie. L'objectif est d'élargir "l'imagination scientifique" et de favoriser les comparaisons interdisciplinaires et trans-espèces. Il ne s'agit pas d'une dispersion mais d'un enrichissement et d'une clarification du regard.
- Citation: "...tout étudiant en sociologie devrait avoir un cours d'éthologie ça me paraît évident..."
- Citation: "...je pense que toutes ces toutes ces disciplines en fait ont des choses à dire sur des formes de structuration social et et donc euh c'est très simple d'enseigner ces chosesl euh à des étudiants qui d'un coup auront pas du tout les mêmes imaginations scientifiques..."
- Dialogue avec d'Autres Disciplines et Réception de l'Ouvrage: Lahire indique avoir cherché à dialoguer avec des experts d'autres domaines pour valider ses analyses. Il constate des retours positifs de collègues en anthropologie, préhistoire et même biologie, suggérant que son travail ouvre des perspectives pour une meilleure compréhension mutuelle et de nouvelles collaborations.
Enjeux et Perspectives:
L'ouvrage de Bernard Lahire propose un cadre ambitieux pour les sciences sociales, en les invitant à sortir de l'émiettement et à embrasser une perspective plus large, intégrant les acquis des sciences du vivant pour mieux comprendre la spécificité humaine et les invariants sociaux. En formulant des lois générales et en identifiant des structures fondamentales, il espère contribuer à la cumulativité scientifique et à un dialogue renouvelé entre disciplines. Son approche réaliste constructiviste cherche à fonder la connaissance sociale sur la reconnaissance d'un réel objectif, tout en tenant compte de la subjectivité du regard scientifique.
Le succès de cet appel dépendra de la capacité des chercheurs en sciences sociales à accepter cette ouverture et à intégrer ces perspectives nouvelles dans leurs travaux, potentiellement en redéfinissant les objets d'étude et les méthodes de comparaison. La réception positive observée jusqu'à présent, notamment au sein de la collection qu'il dirige, laisse entrevoir la possibilité d'un changement de regard et d'un renforcement des liens interdisciplinaires.
Conclusion:
"Les structures fondamentales des sociétés humaines" est un ouvrage stimulant qui invite à repenser les fondements de la sociologie et des sciences sociales. En puisant dans une variété de disciplines et en comparant l'humain aux autres espèces, Lahire propose une vision intégrative du social, mettant en évidence des invariants et des lois générales. Ce faisant, il offre des outils pour mieux comprendre les mécanismes sociaux profonds et, potentiellement, pour aborder les défis sociaux contemporains avec un regard renouvelé et enrichi.
Cette note de briefing cherche à capturer l'essentiel de l'entretien et des idées clés de l'ouvrage, en s'appuyant sur les propres termes de Bernard Lahire. N'hésitez pas si vous souhaitez des précisions ou un développement sur un point particulier.
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Note d'information : Former nos enfants à une démocratie solidaire
Date : 27 janjier 2021
Source : Extraits de "Former nos enfants à une économie social et solidaire ..." (Conférence en ligne)
Résumé Exécutif :
Ce document synthétise les principaux thèmes et idées abordées lors d'une conférence consacrée à l'éducation à la démocratie solidaire.
La discussion met en lumière la fragilité de nos démocraties actuelles, la nécessité urgente d'une éducation renouvelée impliquant la coéducation entre les parents, l'école et les "tiers lieux", et l'importance cruciale de former les enfants à penser par eux-mêmes et à fabriquer du commun.
Les intervenants soulignent les défis posés par l'individualisme social, la peur de l'altérité et les transformations du statut de l'enfant dans une société marquée par le capitalisme pulsionnel.
Ils proposent des pistes concrètes basées sur la coopération, la réflexivité, la valorisation du travail manuel et le partage de l'inépuisable (la culture).
Thèmes Principaux et Idées Clés :
- La Crise Sanitaire comme Révélateur de Fragilité et de Solidarité :
- La pandémie a mis en évidence notre "fragilité" mais aussi notre "solidarité".
- La solidarité est décrite comme "d'abord un fait" avant d'être une valeur : "nous sommes solidaires que nous le voulions ou non".
- Cette solidarité peut être activée "pour le meilleur ou la désactiver pour le pire".
- La crise appelle également à l'"inventivité".
- La Coéducation : un Trépied Éducatif Fondamental :
- L'éducation et le développement de l'enfant reposent sur la complémentarité de trois composantes essentielles : les parents, l'école et les "tiers lieux" (associations, clubs, etc.).
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La coéducation est une "réalité que nous le voulions ou non" car "c'est le même enfant qui va vivre dans sa famille, aller à l'école, pratiquer un sport ou dans une association".
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L'objectif est d'accompagner l'enfant vers une éducation "plus émancipatrice et une pédagogie plus solidaire".
Rôles Spécifiques des Acteurs Éducatifs :
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Les Parents : Assurent la mission éducative "fondatrice" de la filiation, mettent l'enfant au monde, lui présentent le monde et lui apprennent les gestes premiers. Ils lui permettent de découvrir que "le monde n'est pas entièrement à son service" et l'importance de la frustration pour une croissance équilibrée, conjuguée à la perspective du "retour" et du "bonheur d'être ensemble".
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L'École : Un lieu pour "apprendre ensemble et apprendre à apprendre ensemble", à partager des savoirs "en se respectant comme des individus singuliers". Elle "agrandit le cercle" des solidarités, passant de la solidarité intrafamiliale à la solidarité avec la classe, et au-delà, à la "solidarité avec la planète". C'est le pari de la République, visant le "développement complet de la personne" et l'interaction avec la famille et le territoire.
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Les Tiers Lieux : Lieux informels ou non formels où les enfants "se réunissent", "partent en vacances ensemble", "prennent des responsabilités dans des collectifs". Ils contribuent à la "responsabilisation" de l'enfant.
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Ces trois missions (filiation, transmission, responsabilisation) sont complémentaires pour une "véritable éducation".
Redéfinir les "Fondamentaux" de l'Éducation :
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Le terme "fondamentaux" fait débat, souvent réduit à lire, écrire et compter.
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Jules Ferry, en 1881, défendait une vision plus large incluant "les leçons de choses", le dessin, l'histoire naturelle, les musées scolaires, la gymnastique, les promenades, le travail manuel, le chant. Ces "accessoires" étaient "la chose principale" pour faire de l'école primaire une "école d'éducation libérale" (à la liberté).
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Ferdinand Buisson (1884) va plus loin, affirmant que l'instruction primaire est devenue une "instruction nationale embrassant l'ensemble des connaissances humaines, l'éducation toute entière physique, morale et intellectuelle". Cette éducation globale est "le fondement sur lequel reposera désormais l'édifice tout entier de la culture humaine" et la "condition de cet avenir" pour la démocratie moderne. Il récuse une conception "minimaliste, charitable" de l'éducation pour les déshérités.
Menaces Pesant sur Nos Démocraties (du point de vue éducatif) :
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Un nuage de mots basé sur les réponses des participants révèle les préoccupations : individualisme, peur, ignorance, intolérance, internet, communautarisme, isolement, complotisme, compétition, violence, égoïsme, médias, réseaux sociaux, inégalité, obscurantisme, populisme, extrémisme, désinformation, fondamentalisme.
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Montée de l'Individualisme Social : Ce n'est plus un défaut personnel mais un "mode de fonctionnement" de la société, lié à l'effondrement des systèmes religieux traditionnels et aux transformations sociétales (ex: contraception).
Cet individualisme, bien que source de progrès et d'émancipation, devient préoccupant lorsqu'il devient un système, entraînant une "perte de confiance à l'égard des institution" perçues comme ne servant pas forcément l'intérêt individuel plutôt que le "bien commun". La démocratie doit passer de l'émancipation des tutelles à la capacité de "se réunir ensemble pour construire... le pacte social".
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Attraction de l'Entre Soi et Refus de l'Altérité : Montée des "ghetos" (sociaux, économiques) et peur de se confronter à la différence.
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Évolution du Statut de l'Enfant : Les enfants désirés inversent parfois le rapport familial traditionnel, mettant une pression pour réussir. L'enfant a appris à obtenir satisfaction en créant de la surenchère entre les adultes, activé par la "machinerie publicitaire et commerciale" qui encourage le caprice et la satisfaction immédiate.
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Montée du Capitalisme Pulsionnel (Bernard Stigler) : Un capitalisme qui pousse à satisfaire les pulsions, à ne pas interroger la légitimité de ses désirs, à vouloir et exiger d'avoir tout ce qu'on désire.
Il est activé par les outils de l'immédiateté (smartphone, télécommande) et crée un "sentiment de toute puissance" et l'idée que "tout est réversible" comme dans les jeux électroniques, contrairement à la vie où "il y a de l'irréversible". Se laisser aller aux pulsions "abîme l'humain dans l'autre".
- Le Présentisme : Vivre pour la satisfaction immédiate des pulsions ou des besoins, peinant à se projeter dans un "futur commun" ou à transformer le "futur" (ce qui arrive) en "avenir" (ce qui doit être construit).
Principes Fondamentaux pour l'Éducation à la Démocratie :
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Apprendre à Penser par Soi-même : La maxime kantienne "Sapere aude" (ose penser par toi-même). C'est une "tâche gigantesque" qui exige de "tenir sous contrôle ses préventions, son plein de pulsion, d'espoir et d'intérêt" pour pouvoir "donner raison à l'autre" même si on a tort contre soi-même (Gadamer).
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Cela implique d'apprendre la "vertu du surcis", de "sursoir à l'acte", de "réfléchir avant d'agir" (l'exemple de Janusz Korczak et de sa "boîte des bagarres").
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Cela nécessite d'être "nourri par la culture" pour aider à réfléchir et à vivre, même les événements douloureux.
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Cela signifie transformer le "plaisir de savoir tout de suite" (comme dans les théories du complot qui bloquent l'apprentissage) en "plaisir de chercher", de se documenter, de travailler, d'enquêter.
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Cela requiert d'être "exigeant avec soi-même" pour penser de façon "toujours plus lucide", ne pas se satisfaire de l'approximation ou du slogan. Cette exigence doit être intériorisée par l'enfant (l'exemple du "polissage du texte libre" chez Freinet).
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Fabriquer du Commun : Les citoyens qui pensent par eux-mêmes doivent aussi "fabriquer du commun".
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Cela se fait en "débattant au lieu de se battre" (la métaphore de la Table Ronde de Marcel Mauss). Les éducateurs sont les "charpentiers de cornoille" qui fabriquent cette table.
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Cela implique l'"entraide", y compris comme une "obligation" (sur le modèle de la non-assistance à personne en danger), car "le but de la société c'est le bonheur de chacun" et l'entraide fabrique du commun et de la démocratie.
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Cela passe par la "confrontation", la "collaboration dans un projet", la "coopération dans son sens le plus exigeant" (comme dans la "classe puzzle" d'Elliot Aronson).
Pistes d'Action Concrètes (Propositions des Participants) :
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Sciences et Techniques : Présenter les sciences comme incertaines, enseigner la zéthétique et l'esprit critique, utiliser les nouvelles technologies comme leviers d'émancipation sous accompagnement.
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Culture et Arts : Mettre en avant le patrimoine local, faire venir la culture à l'école, donner la parole aux élèves.
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Citoyenneté, Numérique, Esprit Critique : Apprendre à s'informer, éduquer aux médias, questionner les sources, décoder les fake news, organiser des challenges sur les arguments fallacieux.
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Interculturel : Apprendre les langues en s'appuyant sur les langues du groupe, organiser des rencontres et partenariats interculturels (musique, cuisine, écriture), faire des partenariats avec d'autres pays.
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Rencontre et Vivre Ensemble : Mettre en place des liens de confiance parents-enseignants, penser la place des loisirs et de la pratique artistique et culturelle, faire de la classe un lieu de vie en société, favoriser le dialogue, former à la médiation et gestion de conflits, apprendre à accepter de ne pas savoir et le droit à l'échec.
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Écologie et Environnement : Sensibiliser à l'action concrète pour un "changement durable", sortir de l'ethnocentrisme, permettre aux enfants d'agir et décider d'initiatives locales.
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Organisation du Travail et Travail d'Équipe : Mettre en place des méthodes de travail collaboratives, modifier la politique salariale pour encourager les acteurs à faire autrement, développer l'évaluation du travail de groupe, impliquer les élèves dans la prise de décision et l'auto-évaluation, éduquer à l'acceptation des différents points de vue.
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Actions Militantes, Faits de Société, Mouvements Sociaux : Donner le goût de l'action collective, parler des mouvements sociaux, proposer des espaces de débat et d'engagement, valoriser et participer aux engagements, utiliser les outils de la communication non violente.
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Projet et Activité : Porter des projets communs et citoyens, lier l'individuel et le collectif (l'important est l'expérience, pas seulement le résultat), former les accompagnateurs à la démarche de projet, rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages et de leur responsabilisation.
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Économie Sociale et Solidaire : Responsabiliser les jeunes comme acteurs de projets entrepreneuriaux collectifs et d'utilité sociale, adopter des outils de prise de décision démocratique, promouvoir le bénévolat, le travail pour le plaisir, l'échange et la solidarité (pas seulement le profit financier).
Perspectives Pédagogiques :
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L'éducation doit redevenir une "responsabilité collective" de tout le "village".
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Face à une société où la réussite individuelle est supposée contribuer à l'intérêt collectif, il faut travailler à des formes de "coopération qui profitent à tous et construisent le commun".
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Face à une société de la satisfaction pulsionnelle et de l'immédiateté, il faut travailler sur le "surcis", la "réflexivité" et le "nourrissage par la culture".
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Face à une pédagogie bancaire (Paolo Freire) où l'on bâcle le travail, il faut faire de la "remise en chantier", de la "patience d'atelier" (Alain), en visant à "devenir meilleur que soi-même" (Albert Jacquard) plutôt que meilleur que les autres.
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Face à une société de la virtualisation de l'économie, il faut faire de la "rencontre avec la résistance de l'objet", du "travail concret", du "travail de la main" pour "obéir à des lois sans s'humilier en obéissant aux autres".
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Face à une société où l'on consomme l'épuisable, il faut permettre d'accéder aux "bien communs fondamentaux" et trouver sa satisfaction dans le "partage de l'inépuisable" (la culture).
L'Articulation Individuel/Collectif :
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C'est un "enjeu majeur" et un "problème" à considérer en éducation.
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Spontanément, la "division du travail" l'emporte, entraînant inégalités et intériorisation des rôles (concepteur, exécutant, chômeur, gêneur).
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L'éducation n'est pas le lieu de la production narcissique de l'éducateur.
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Il faut organiser le travail de groupe sur la "rotation des tâches" pour que chacun explore "tous les rôles" (l'exemple de Macarenko et du "président d'un jour"). Donner à chacun la possibilité d'explorer de nouvelles responsabilités et savoirs.
Conclusion :
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Nos démocraties sont "fragiles" et "mortelles", nécessitant un "investissement éducatif".
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Face à la fragilité, il n'y a que la "solidarité", qui demande de l'"inventivité".
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Il faut un "village solidaire", "exemplaire" (les adultes sont des repères), et "démocratique".
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Le travail est "compliqué" mais "on va y arriver" car l'enjeu est "essentiel".
Les démocraties ont besoin d'une "éducation à la démocratie" qui soit une "éducation à la solidarité" où chacun apprend à penser et à s'allier pour construire le bien commun.
Citations Clés :
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"Cette solidarité n'est pas d'abord une valeur c'est d'abord un fait nous sommes solidaires que nous le voulions ou non"
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"Former nos enfants à une démocratie solidaire ce que peuvent les parents l'école et l'éducation populaire"
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"c'est le même enfant que nous voulons accompagner ensemble pour une éducation à la fois plus émancipatrice et une pédagogie plus solidaire"
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"l'école de la République est celle qui précisément ne s'en tient pas à une vision des fondamentaux qui seraient étriqués... l'école de la République c'est une école qui vise le développement complet de la personne"
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"L'instruction primaire tel que l' définit loi du 28 mars 1882... n'est plus cet enseignement rudimentaire... c'est une instruction nationale embrassant l'ensemble des connaissances humaines l'éducation toute entière physique morale et intellectuelle" (Ferdinand Buisson)
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"ose penser par toi-même" (Kant, Sapere aude)
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"C'est véritablement une tâche gigantesque qui se trouve assignée à chaque homme à tout instant... Il s'agit de tenir sous contrôle ses préventions... suffisamment pour que l'autre ne devienne pas invisible... qu'on puisse donner raison à l'autre qu'on doiv tort contre soi-même" (Gadamer)
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"tu as le devoir de réfléchir avant de te battre" (Interprétation de l'action de Korczak)
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"Transformer le plaisir de savoir tout de suite en plaisir de chercher"
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"pour commencer il fallu d'abord poser les lances" (Marcel Mauss)
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"débattre au lieu de se battre"
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"il faut tout un village pour élever un enfant"
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"La bonne évaluation c'est celle qui permet de devenir meilleur que soi-même" (Albert Jacquard cité)
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"Le coût on le connaît et le coût il est réel le coût il est vrai le problème c'est que la société dans laquelle nous vivons n'est plus une société du coût c'est une société du prix"
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"les lois elles n'émanent pas de moi elles n'émanent pas de celui qui me les impose elles émanent du matériau même avec lequel je travaille"
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"nos démocraties modernes ont besoin d'une éducation à la démocratie qui soit une éducation à la solidarité et qui souhaite une éducation où chacun apprend à penser et apprend à s'allier avec autrui pour construire le bien commun"
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Synthèse de la Réunion : Victimes d'Abus en Institutions Objet : Réunion de la commission d'enquête sur les abus en institution scolaire.
Date : 2025
Participants : Députés, représentants de collectifs de victimes (Betaram, Garaison, Filles du Bon Pasteur, anciens de Saint-Dominique de Neuilly, Village d'enfants de Riom, Saint-François Xavier), victimes individuelles.
Principaux Thèmes Abordés :
Cette réunion a été marquée par des témoignages bouleversants de victimes d'abus physiques, psychologiques et sexuels survenus au sein d'institutions éducatives, principalement privées catholiques, sur une période allant des années 1950 aux années 1990, avec des répercussions jusqu'à aujourd'hui.
Les thèmes centraux qui émergent sont :
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L'ampleur et la gravité des abus : Les témoignages révèlent une diversité d'actes de violence, allant des gifles considérées comme "éducatives" aux agressions sexuelles graves et aux viols.
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Plusieurs institutions sont spécifiquement nommées : Betaram,
- Cendrillon,
- Notre Dame du Sacré Cœur à Dax,
- Istaris,
- Saint-Dominique de Neuilly,
- le Village d'enfants de Riom,
- Saint-François Xavier,
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et d'autres établissements associés aux "Bons Pasteurs".
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L'omerta et le silence institutionnel et sociétal :
Un fil conducteur majeur est le silence qui a entouré ces abus pendant des décennies. Ce silence est attribué à plusieurs facteurs :
- La honte, la culpabilité et l'humiliation ressenties par les victimes, les démolissant pour la vie entière.
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La peur des représailles et des conséquences (expulsion, punitions).
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Le refus des familles de croire ou de réagir ("tout le monde savait" mais "tout le monde a laissé faire").
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La protection de la réputation de l'institution, perçue comme plus importante que le bien-être des enfants ("on lave notre linge sale en famille").
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La hiérarchie ecclésiastique et les autorités de contrôle qui étaient au courant mais n'ont pas agi.
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Le rôle des institutions et des autorités :Établissements concernés : Principalement des écoles privées, souvent catholiques, accueillant parfois des enfants placés par la justice (ordonnances de 1945 et 1958).
Certains établissements, comme Riomont, ont été décrits comme des "lieux de privation de liberté" ou des "bagnes pour enfants".
- Recrutement des personnels :
Le recrutement est dénoncé comme étant souvent basé sur le "copinage" et l'adhésion à des méthodes violentes (la "pédoplégie" ou pédagogie par les coups), plutôt que sur les qualifications pédagogiques. Des individus ayant commis des abus ont été mutés dans d'autres établissements, sans traçabilité ni signalement.
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Absence de contrôle et inspections inefficaces : Les témoins affirment qu'il n'y avait que très peu, voire pas de contrôles, ou que ceux-ci étaient annoncés à l'avance, permettant aux établissements de masquer la réalité. Les enfants n'étaient pas entendus lors des inspections.
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Responsabilité de l'État et des autorités locales :
L'inaction de l'État pendant des décennies, malgré les signalements potentiels (notamment via les fugues récupérées par les forces de l'ordre), est mise en cause.
Les alliances objectives entre les institutions locales (justice, mairie) et les établissements, ainsi que le financement public sans contrôle effectif, ont permis à ces systèmes de perdurer.
- Le rôle du diocèse et de l'Église :
La couverture des abus par la hiérarchie ecclésiastique est fortement suggérée. La nébuleuse entourant la tutelle de certains établissements, comme Riomont, rend difficile l'identification des responsables.
- Les conséquences à long terme sur les victimes :
Les abus ont eu des impacts dévastateurs sur la vie des victimes, provoquant des troubles psychologiques (anorexie mentale, manque de confiance en soi, troubles de l'attention, hyperactivité), des addictions (alcool, drogue), des suicides, des problèmes de santé physique (altération de l'audition, traces physiques des coups), et des difficultés relationnelles, notamment avec les femmes.
Les victimes portent encore les "stigmates physiques" de ces violences.
- Le combat pour la reconnaissance et la réparation : La création de collectifs de victimes est perçue comme un jour "fondateur" permettant la libération de la parole.
L'objectif est que "ça n'advienne plus jamais".
Les victimes demandent la reconnaissance des souffrances subies, des excuses publiques de la part de l'État et des institutions, et des mesures concrètes pour que ces abus ne se reproduisent pas.
Idées et Faits Importants :
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Définition des violences : Les victimes rejettent l'idée de différencier les "gifles" et les "abus sexuels", soulignant que l'acceptation des violences physiques ouvre la porte à l'ensemble d'un système d'abus.
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"lorsqu'on dit euh un coup, une gifle, finalement euh à l'époque c'était accepté. Derrière les coûts, il y avait des violences physiques. Derrière les violences physiques, il y avait très souvent des violences sexuelles. Et en fait, lorsqu'on accepte le début, on ferme les yeux sur l'ensemble d'un système."
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La "pédoplégie" : Concept mis en avant pour décrire la "pédagogie par les coups" pratiquée dans certains établissements, notamment Betaram.
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Mutations et "exfiltrations" des abuseurs : Il est souligné que les prêtres ou surveillants mis en cause n'étaient pas sanctionnés, mais déplacés vers d'autres établissements, propageant ainsi le danger.
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"Ah, il est pas d'Xe, on l'a déplacé dans un département à côté."
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"le prêtre qui m'a le prêtre qui m'a agressé, il a été exfiltré de Cendrillon à l'époque. Il s'est retrouvé curé à Biscaros et après curé de Biscaros, il s'est retrouvé directeur à Tartase."
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Fugues comme signalements implicites : Les fugues fréquentes dans certains établissements, connues des forces de l'ordre, auraient dû alerter les autorités.
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Absence de traçabilité : Le manque de suivi des personnels ayant commis des actes répréhensibles est pointé du doigt.
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Le rôle des familles : Si certaines familles ont soutenu leurs enfants, d'autres n'ont pas voulu voir ou ont minimisé les faits, parfois par peur ou par conviction religieuse.
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Les conséquences physiques : Les témoignages évoquent des problèmes de santé lourds (cancers, endométriose) qui pourraient être liés aux traumatismes subis.
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Le contraste avec l'école publique actuelle : Un signalement pour harcèlement dans une école publique a été pris en charge rapidement, contrastant avec l'inertie constatée dans les établissements privés à l'époque.
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Propositions pour l'avenir :Création d'un "office national de prévention et de contrôle des établissements scolaires" avec des contrôles inopinés, s'inspirant des modèles existants dans d'autres secteurs (Ehpad).
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Amélioration du système de signalement, potentiellement avec un statut de lanceur d'alerte pour les professionnels de l'éducation.
- Meilleur recrutement du personnel, avec des règles claires et un suivi.
- Possibilité pour les députés de visiter tous les "espaces de privation de liberté", incluant potentiellement les écoles.
- Accompagnement psychologique et aide dans les démarches judiciaires pour les victimes, en respectant leur consentement.
- Un discours public de la part des élus qui reconnaisse la gravité des faits et s'engage pour l'avenir.
- L'argent et le financement public : Il est fait mention d'un financement important reçu par certains établissements, comme les "Bons Pasteurs", sans que cela n'empêche les abus ni n'entraîne leur fermeture.
- "en 1950, excusez-moi, je suis en 1954 21 bons pasteurs ont reçu la maicle 54, la maque somme de 1 milliard de l'époque"
Recommandations ou Questions Émergentes pour la Commission :
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Comment mettre en place des contrôles réellement efficaces et inopinés dans tous les établissements accueillant des enfants, qu'ils soient publics, privés sous contrat ou hors contrat, associatifs ou sportifs ?
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Comment assurer l'écoute des enfants lors des inspections ?
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Comment améliorer la traçabilité des personnels ayant fait l'objet de signalements ou d'accusations ?
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Comment responsabiliser les institutions (Église, associations, pouvoirs publics) qui ont couvert ces abus ?
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Comment faciliter les démarches judiciaires pour les victimes, en tenant compte de la prescription et du consentement ?
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Comment reconnaître et prendre en charge les conséquences à long terme (physiques et psychologiques) des abus subis par les victimes ?
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Quel discours les élus doivent-ils porter pour accompagner les victimes et éviter de répéter les erreurs du passé ?
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Est-il nécessaire de réformer les procédures de signalement au sein de l'éducation nationale ?
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Faut-il explorer le rôle et les alliances des acteurs locaux dans la pérennisation de ces systèmes abusifs ?
Sentiment Général :
La réunion a été marquée par une forte émotion et une détermination des victimes à obtenir justice et à faire en sorte que ces drames ne se reproduisent plus.
Le courage des témoins a été unanimement salué par les députés.
Le sentiment d'un "tsunami" inévitable qui fera tomber les silences a été évoqué.
Il y a un espoir que cette commission d'enquête permette d'avancer et de réparer ce qui a été brisé.
Prochaines Étapes :
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Poursuite des travaux de la commission d'enquête pendant plusieurs mois.
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Analyse des témoignages pour reconstituer comment les signalements, lorsqu'ils étaient émis, étaient traités.
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Examen des mesures proposées par le gouvernement.
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Élaboration de recommandations pour l'avenir.
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Document d'information : Gouverner autrement : radicalité ou compromis ?
Ce briefing examine les thèmes principaux et les idées clés abordées lors de la 34ème journée du Livre politique, centrée sur la question de savoir comment gouverner autrement, en explorant la tension entre la radicalité et le compromis.
La discussion, impliquant notamment Roseline Bachelot, Astrid Panosian Bouvet, et Dominique Rier, met en lumière les défis de l'exercice du pouvoir dans le contexte d'une crise démocratique et d'une configuration politique fragmentée.
Thèmes principaux :
- La tension entre radicalité et compromis : La question centrale est de savoir si ces deux approches, apparemment contradictoires, peuvent être compatibles dans la gouvernance.
- La crise démocratique et la défiance citoyenne : Un consensus émerge sur la période de crise démocratique actuelle, marquée par une forte défiance envers les institutions et des oppositions semblant irréconciliables, menant à un risque d'immobilisme politique.
- La culture française du compromis : Une interrogation subsiste quant à l'existence et à la force d'une culture du compromis en France, souvent comparée à celle des pays d'Europe du Nord.
- Le rôle des institutions et de la Constitution : L'impact de la Constitution de la 5ème République sur la capacité à délibérer et à trouver des compromis est discuté.
- La polarisation politique et la violence : Les intervenants soulignent la polarisation croissante de la vie politique, le risque de violence physique et la nécessité de préserver un cadre de désaccord civilisé.
- Les outils et pratiques pour favoriser le compromis : Des propositions sont faites pour adapter les institutions et les pratiques politiques afin de mieux intégrer le compromis.
Idées et faits importants :
- La polysémie des termes "radicalité" et "compromis" : Roseline Bachelot souligne l'ambivalence de ces termes.
La radicalité peut signifier l'intransigeance et l'atteinte aux racines (sens marxiste), mais aussi l'outrance et le refus d'écouter.
Le compromis peut être vu comme un abandon de convictions, mais aussi comme une culture de l'intérêt général. Bachelot se déclare "radicalement pour le compromis".
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Citation : "moi ce qui me frappe quand on oppose radicalité et compromis c'est l'ambivalence de ces deux termes et leur polycémie"
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Citation : "je suis radicalement pour le compromis"
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La radicalité comme vertu de clarté : Astrid Panosian Bouvet reconnaît que la radicalité a la vertu de la clarté et permet d'être ferme sur ses bases, sans pour autant exclure l'écoute et la recherche d'un chemin commun.
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Citation : "je pense que la radicalité ça a aussi la vertu de la clarté"
Le dialogue social comme modèle de compromis :
Panosian Bouvet, en tant que Ministre du Travail, exprime un profond respect pour le dialogue social, où des personnes ancrées dans la réalité du monde du travail recherchent des solutions communes.
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La Constitution de la 5ème République et les contre-pouvoirs : Contrairement à une vision simplifiée, la Constitution est décrite comme riche en éléments de contre-pouvoir, qui se manifestent moins en période de majorité absolue. La configuration politique post-2022 et surtout post-2024 révèle ces mécanismes.
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Citation : "elle est en réalité bourré d'éléments de contrepouvoir qui ne se manifeste pas dans les périodes de la majorité absolue pourquoi ? parce que on ne peut pas en vouloir à des organes qui ont tous la même couleur politique de penser la même chose"
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La délibération comme alternative au compromis mou : Le terme de délibération est mis en avant comme plus pertinent que celui de compromis dans la culture constitutionnelle française.
La délibération permet d'explorer toutes les sensibilités avant de prendre une décision. Radicalité et compromis sont vus comme les deux phases d'une même pièce (délibérer et décider).
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Citation : "la constitution et les textes ne connaissent pas le mot compromis mais le mot de délibération et moi je crois que c'est celui-ci qu'on devrait vraiment mettre en valeur"
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Citation : "la radicalité et le compromis sont en réalité les deux phases d'une même pièce c'est-à-dire qu'au moment où on prend une décision on délibère pour en comprendre les enjeux et on tranche parce qu'on décide"
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La distinction entre radicalité des mots et radicalité des actes : Dominique Rier met en garde contre la confusion entre une radicalité dans les termes et une impuissance dans l'action, tout en reconnaissant l'existence d'actes radicaux dangereux.
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L'intelligence d'aller au bout d'une idée radicale avant de revenir au réel : Rier suggère qu'il faut être capable de penser une idée dans sa dimension radicale, comme l'égalité absolue, pour qu'elle serve d'horizon, puis de "déradicaliser" la manière de la décrire pour la confronter à la réalité et permettre l'action. Les progrès historiques, comme l'égalité homme-femme, montrent que des idées initialement considérées comme radicales peuvent devenir réalité.
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Citation : "l'intelligence qui nous est demandé c'est de savoir aller dans la radicalité jusqu'au bout d'une idée"
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Citation : "l'idée de l'égalité entre nous tous est une forme de radicalité dont nous devons nous inspirer comme un horizon"
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La nécessité de fabriquer l'adhésion citoyenne : Le compromis implique que les citoyens se retrouvent dans la solution proposée pour qu'il y ait adhésion.
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Être d'accord sur la forme et l'intensité du désaccord : Dans le contexte de la polarisation, il est crucial d'accepter la défaite temporaire et de limiter l'intensité du désaccord pour éviter la violence physique.
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Citation : "il faut être d'accord sur au moins deux choses la forme du désaccord et l'intensité du désaccord"
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Citation : "il nous faut absolument fortlore la violence la violence physique nous menace nous ne sommes pas loin de la confrontation"
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Le compromis comme acte de courage : Roseline Bachelot cite Paul Ricoeur pour souligner que le compromis ne vise pas à résoudre un conflit mais à le rendre "soutenable".
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La fin des majorités "godillots" et la tripartition politique : Le retour à un fait majoritaire fort est jugé incertain et pas nécessairement souhaitable. La tripartition actuelle de l'Assemblée Nationale pose des défis de communication entre opinions.
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Moins de lois et plus de consensus : La période actuelle avec moins de législation pourrait prouver qu'il est possible de revenir à "moins de choses plus consensuelles" avec le schéma institutionnel existant.
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La polarisation liée au manque de tolérance mutuelle : La vie politique américaine est citée comme exemple d'une polarisation due au fait que les partis se voient comme des ennemis plutôt que des rivaux légitimes.
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La "retenue institutionnelle" comme frein à la polarisation : L'idée que majorité et opposition sachent utiliser les moyens légaux avec modération (le débat plutôt que l'obstruction, etc.) est cruciale. L'usage excessif du parlementarisme rationalisé (comme le 49.3) peut nuire à la légitimité des décisions.
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Outils institutionnels pour la culture du compromis : Roseline Bachelot propose la motion de censure constructive (sur le modèle allemand ou espagnol) et la question de confiance obligatoire pour formaliser les coalitions de gouvernement.
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Changements de pratiques nécessaires : Le dialogue social doit se situer en amont de la décision politique. L'expertise doit être professionnalisée et sécurisée, libre de l'influence de convictions préconçues. La stabilité ministérielle est également souhaitable.
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La Constitution offre des "boulevards" pour l'action politique : De nombreux changements de pratiques parlementaires (gestion du temps, amendements, culture de l'opposition, recours aux référendums) sont possibles sans modifier le texte constitutionnel.
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Le compromis n'inclut pas ceux qui remettent en cause l'état de droit : Le compromis a des limites, et il n'est pas possible de transiger sur les questions fondamentales comme l'état de droit. Cependant, il faut éviter de rejeter dans les ténèbres ceux qui ont élu des représentants sous certaines étiquettes, car cela empêche de les "reconquérir".
En synthèse, le débat souligne la complexité de gouverner dans un environnement politique fragmenté et de crise démocratique.
Si la radicalité et le compromis semblent opposés, ils sont présentés comme potentiellement complémentaires, la radicalité pouvant définir l'horizon des principes et le compromis la méthode pour les concrétiser dans la réalité.
Le défi majeur est de dépasser la polarisation et la défiance en renforçant la délibération, en adaptant les pratiques politiques et en redécouvrant les potentialités de la Constitution, tout en maintenant la fermeté sur les principes fondamentaux de l'état de droit. La question de la violence et de la détestation de l'autre est perçue comme une menace sérieuse nécessitant une attention renouvelée.
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Briefing : Comment se forme l'opinion ?
Contexte : Cette table ronde, dans le cadre de la 34ème journée du Livre politique, explore la complexité de la formation de l'opinion à l'ère des sondages omniprésents, des réseaux sociaux et d'une délibération collective fragmentée.
Elle réunit un sondeur (Bris Teinturier), une ancienne dirigeante d'institut de sondage et du MEDEF (Laurence Parisot), un député socialiste (Jérôme Guedj) et une humoriste et chroniqueuse (Sopia Aram).
Thèmes Principaux :
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La nature de l'opinion publique et sa mesure : Définition, évolution et le rôle des sondages.
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Les mécanismes de formation de l'opinion : Les facteurs historiques et nouveaux qui façonnent les croyances et les points de vue individuels et collectifs.
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L'impact des médias et des réseaux sociaux : La fragmentation de l'information, les bulles informationnelles et la polarisation.
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Le décalage entre les préoccupations réelles des citoyens et le débat public médiatisé.
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La violence et la radicalisation dans le débat public : Le rôle des réseaux sociaux et de certains acteurs politiques.
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Le rôle et la responsabilité des différents acteurs :
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Politiques,
- journalistes,
- sondeurs,
- citoyens.
Idées et Faits Importants :
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L'opinion, un concept insaisissable et mouvant : Bris Teinturier et Laurence Parisot soulignent la difficulté à cerner l'opinion. Parisot cite Alfred Sauvy : « l'opinion c'est le fort intérieur d'une nation ». Elle ajoute que, tout comme le fort intérieur, l'opinion est « extrêmement mouvante ».
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La pluralité des variables déterminant l'opinion : Bris Teinturier insiste sur le fait qu'il n'y a pas une seule cause : « ils sont pluriels il n'y a pas une variable ou deux variables qui façonneraient l’opinion ». Historiquement, le milieu social, l'âge, l'éducation et la politisation (le rôle des partis politiques comme le PCF est mentionné) étaient déterminants.
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L'importance croissante de l'expérience personnelle :
Avec la défiance généralisée envers les institutions, le savoir "expert" et les partis, l'expérience individuelle prend le dessus. Bris Teinturier : « plus je me replie sur mon expérience personnelle donc ça ça joue beaucoup on fait confiance à ses pères on fait confiance à soi-même et dans la formation des opinions il y a ce que j'ai expérimenté moi-même qui aujourd'hui joue beaucoup ».
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La fragmentation des médias : Ce phénomène, marquant des 10-15 dernières années selon Bris Teinturier, a dynamité l'espace de délibération collective. « le temps est loin où des gens de ma génération se retrouvaient le lundi matin... aujourd'hui la fragmentation... des audiences fait que le système de délibération collective a volé en éclat ». Cela conduit à des biais de confirmation accrus.
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La polarisation : Stade ultime de la formation de l'opinion figée, observée notamment aux États-Unis où les campagnes électorales se jouent sur la mobilisation plus que sur le changement d'avis.
En France, ce niveau de polarisation n'est pas encore atteint, et les campagnes électorales ont encore un impact, signe d'une démocratie « vivante » même si le phénomène de polarisation « s’affaiblit un peu ».
- Le rôle ambigu des sondages : Pour un politique comme Jérôme Guedj, les électeurs sont le juge de paix final. Les sondages doivent être maniés « avec précaution ».
Il reconnaît s'appuyer sur eux quand ils confortent son combat (ex. : les retraites) mais dénonce aussi leur utilisation pour des sujets épidermiques ou émotionnels (ex. : port du voile dans l'espace public).
Bris Teinturier nuance en affirmant que les enquêtes d'opinion, si elles sont basées sur un « échantillon représentatif », permettent d'« objectiver ce que sont les perceptions et les attentes des Français » et de mettre fin aux arguments d'autorité sur les « vrais sujets ».
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Les réseaux sociaux, nouveau champ de bataille et de polarisation : Jérôme Guedj les qualifie de « terrain de jeu voir un champ de bataille ». Laurence Parisot les identifie comme la « principale source d'information » aujourd'hui, participant à une multiplicité de sources. Sopia Aram les perçoit comme un espace à ne pas déserter, malgré les attaques, pour proposer un « contrediscours ».
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La force de la vidéo et le défi de l'IA : Laurence Parisot souligne le rôle transformateur de la vidéo dans la formation de l'opinion (ex. : cause animale).
L'intelligence artificielle est en train de « rebattre les cartes » en proposant des opinions générées. Le défi futur, soulevé par un participant, est la banalisation des « deepfakes » et la perte de la vidéo comme preuve, nécessitant une éducation aux médias et à l'image.
Sopia Aram ajoute que même des images fausses « s’encre quelque part dans notre dans notre esprit... et ça nous conditionne un peu ».
- Le décalage entre les préoccupations (santé, pouvoir d'achat) et le débat public (faits divers, polémiques) :
Jérôme Guedj, s'appuyant sur ses permanences et les sondages, constate un « immense décalage » entre les sujets qui préoccupent le plus (santé, pouvoir d'achat, logement) et ceux qui « accaparent le débat public et qui étaient la conséquence... du système médiatique complété aujourd'hui par celui des réseaux sociaux ».
- La violence dans le débat public et la "fabrique de cibles" : Sopia Aram dénonce une « bulle de violence symbolique mais comment dire déroulant le tapis pour une violence politique » orchestrée par certains acteurs, y compris des députés, qui « nous dessinent des cibles dans le dos ».
Elle lie ce phénomène au procès en islamophobie et met en garde contre un drame à venir.
Jérôme Guedj partage cette inquiétude, parlant d'un moment de « bascule » et d'une « banalisation dans l'opinion du harcèlement à destination de personnes ciblées ».
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L'appel à la responsabilité : Les intervenants appellent à une prise de responsabilité de tous. Laurence Parisot cible particulièrement les médias et « les chaînes d'information » qui devraient se poser des « questions éthiques sur leur mission véritable à l'égard du public ». Bris Teinturier insiste sur l'importance de la « bataille de mots » et de l'utilisation de « mots appropriés » pour contrer les « équivalences fallacieuses » et le « vide de la pensée ». Jérôme Guedj appelle les acteurs politiques à « refaire de la politique », à penser le « temps long » et à « bosser » pour proposer et comprendre.
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Le droit de ne pas avoir d'opinion : Une participante soulève la question de la pression à avoir une opinion sur tout. Bris Teinturier répond que c'est un « devoir... quand on n'a pas la compétence ou qu'on estime qu'on est absolument incompétent sur une question... il faut savoir se taire ».
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La crise de l'espérance et la repolitisation : Un participant suggère que la crise de la confiance pourrait être une crise de l'espérance. La question se pose de savoir qui doit projeter un nouveau monde et si un retour du clivage gauche-droite pourrait aider à « repolitisation du débat » et ramener ceux qui « ne s'intéressent plus du tout au débat » (Laurence Parisot).
Bris Teinturier conclut sur l'enjeu de la démocratie : gérer les conflits « en dehors de la violence » en étant « d'accord sur nos désaccords ».
Conclusion :
La formation de l'opinion est un processus complexe, influencé par des facteurs historiques, personnels, médiatiques et technologiques.
À l'ère numérique, marquée par la fragmentation et la polarisation, le débat public est rendu plus difficile et violent.
Les sondages, bien qu'utiles pour objectiver les préoccupations, doivent être utilisés avec discernement. Une prise de conscience et une responsabilité accrues des acteurs politiques, médiatiques et des citoyens sont nécessaires pour reconstruire un espace de délibération apaisé et contrer la banalisation de la violence et la falsification de la réalité.
L'éducation aux médias et le retour à un usage précis et approprié des mots sont des pistes essentielles pour l'avenir de la démocratie.
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Note de Synthèse : La Lutte pour le Droit de Vote des Femmes Européennes
Source : Extraits du documentaire "Citoyennes ! | Documentaire complet LCP"
Introduction
- Le documentaire "Citoyennes !" retrace l'histoire complexe et souvent tumultueuse de l'accès des femmes européennes au droit de vote, depuis la Révolution française jusqu'à la fin du XXe siècle.
Il souligne que cette histoire est loin d'avoir été un "long fleuve tranquille", marquant une lutte acharnée menée par des groupes de femmes (avec le soutien de quelques hommes) pour faire reconnaître leur statut de citoyennes à part entière.
Le documentaire explore les raisons de la longue hésitation des pays européens à accorder ce droit, la manière dont les femmes "citoyennes sans citoyenneté" ont participé à la vie politique et sociale, et les figures marquantes de ce combat.
Thèmes Principaux et Idées Clés
Une Lutte Ancienne et Persistante :
La participation des femmes à la vie publique et politique remonte bien avant la Révolution française, avec des figures historiques comme Jeanne d'Arc (bien que récupérée par le roman national) et des centaines d'autres femmes combattantes au Moyen-Âge.
À partir de la fin du XVIIe et début du XVIIIe siècle, les salons littéraires et scientifiques tenus par des aristocrates et grandes bourgeoises offrent un espace de débat où les femmes peuvent s'exprimer sur un pied d'égalité avec les hommes.
La Révolution Française : Un Moment Crucial mais Limité :
La Révolution française marque l'émergence des premières militantes au sens propre du terme, souvent issues des milieux populaires et de la petite bourgeoisie, comme les "dames de la halle" ou les "Poissardes".
Elles sont les premières pétitionnaires à plaider la cause du peuple, bien que leur mouvement soit plus axé sur des besoins fondamentaux comme "du pain pour le peuple, du pain pour leurs enfants" que sur un féminisme politique.
Les "citoyennes tricoteuses", assistant aux procès, symbolisent la présence féminine dans l'espace public, même sans droit de parole initialement.
Elles sont dépeintes de manière négative dans la propagande royaliste.
Des figures marquantes comme Olympe de Gouge ("l'autrice de la déclaration des droits de la femme, qui est vraiment le premier manifeste féminin"), guillotinée pour ses idées, montrent l'engagement politique radical mais aussi ses dangers.
D'autres militantes comme Manon Roland, Théroigne de Méricourt, Claire Lacombe et Pauline Léon plaident notamment pour le droit des femmes à l'autodéfense et à s'armer face aux violences.
Cependant, la Révolution française n'apporte pas de gains significatifs pour les femmes en termes de droits politiques. S'ensuit un "grand renfermement des femmes" qui préfigure la révolution conservatrice napoléonienne.
Le Code Civil de Napoléon (1804) : La Légalisation de l'Enfermement Domestique :
Le Code Civil de 1804 établit un cadre légal qui confine les femmes à la sphère domestique, limitant leur liberté et leurs droits.
"on va même créer un cadre légal à cet enfermement des femmes qui vont être dès lors complètement cantonné à la sphère domestique [...] ce qui va être traduit en fait en texte avec le code civil de Napoléon en en 1804". Ce code est également la traduction des mœurs et coutumes de l'époque.
L'Émergence du Mouvement Suffragiste au XIXe Siècle :
La Révolution de 1830 ouvre les consciences, et des femmes commencent à s'organiser en groupes en France, en Angleterre et dans d'autres pays européens.
Les suffragistes militent pour deux droits fondamentaux : le droit de vote ("le suffrage") et le droit d'être élue. Jeanne Deroin est la première Française à se présenter à une élection législative en 1849.
Le sujet du droit de vote des femmes est mis sur la table à partir de 1848, avec des auteurs féminins et masculins qui s'en emparent dans la presse.
Divergences et Soutiens au XIXe Siècle :
George Sand, figure féminine majeure du XIXe siècle, bien que provocatrice sur le plan des mœurs ("s'habille en pantalon qui fume le cigare qui revendique des amours homosexuels lesbiennes et cetera"), est contre le vote des femmes, estimant qu'elles ne sont pas assez éduquées et que la priorité doit être les droits civils.
Elle craint que leur vote ne soit influencé par leur mari ou l'Église.
Victor Hugo, en revanche, est un fervent défenseur du droit des femmes, exprimant son soutien publiquement, notamment lors d'un banquet républicain en 1872.
Figures Pionnières du Féminisme :
Hubertine Auclert est la première militante à se déclarer "féministe" en France.
Elle rejoint la Ligue française pour le droit des femmes en 1877 et milite pour le droit de vote, l'indépendance financière, la séparation des biens et la féminisation de certains mots.
Elle se présente symboliquement aux élections législatives en 1910. "Une République qui maintiendra les femmes dans une condition d'infériorité ne pourra pas faire les hommes égaux".
Le Mouvement Britannique des Suffragettes : Radicalisme et Action Directe :
Organisées depuis le milieu du XIXe siècle, les femmes britanniques, inspirées notamment par les campagnes de John Stuart Mill pour le droit de vote des femmes, intensifient leur action.
En 1897, plusieurs groupes se fédèrent pour former la National Union of Women's Suffrage Societies (NUWSS). John Stuart Mill dépose régulièrement des propositions de loi pour le vote des femmes au Parlement, sans succès.
Lassées du pacifisme, les suffragettes, menées par Emeline Pankhurst et ses filles, adoptent des méthodes plus radicales au début du XXe siècle.
Leur slogan est "Des actes, pas des mots".
Elles mènent des actions directes, parfois violentes :
incendies, explosions, bris de vitres, coupure de fils téléphoniques, incendie de boîtes aux lettres. Ces actions les rendent impopulaires en Europe.
Elles recourent à la grève de la faim en prison, entraînant des gavages forcés ("aujourd'hui on appellerait ça un viol finalement puisque c'est l'intrusion violente d'un corps étranger dans le corps d'une femme sans son consentement"). Ces violences institutionnelles choquent l'opinion publique.
L'action la plus spectaculaire est celle d'Émilie Davidson, qui se sacrifie lors du derby de Londres en 1913 pour attirer l'attention sur leur cause.
"Ces pétroleuses iront jusqu'au suicide politique comme Émilie Davidson qui n'hésite pas en 1913 à se faire piétiner par un cheval de l'écurie du roi George 5 lors du derby de Londres".
Les Premiers Pays à Accorder le Droit de Vote : Nouvelle-Zélande et Finlande :
La Nouvelle-Zélande est le premier pays au monde à accorder le droit de vote aux femmes en 1893.
La Finlande est le premier pays en Europe à accorder le droit de vote et d'éligibilité aux femmes en 1906. "Cela a été possible grâce à des femmes des régions rurales et des villes qui se sont réunies et qui ont dit 'Nous avons une opportunité. Nous sommes en train d'écrire l'histoire.'"
Une hypothèse avancée pour cette précocité est que ces pays étaient des nations jeunes, imprégnées d'une culture des affaires où le pouvoir politique était peut-être moins central que le pouvoir économique.
En Finlande, la lutte pour l'indépendance vis-à-vis de l'empire russe a créé un sentiment d'unité, et les femmes jouaient déjà des rôles importants dans la société. Le principe de solidarité a justifié leur participation politique.
La Première Guerre Mondiale : Un Tournant Ambigü : La déclaration de guerre en 1914 suspend les actions militantes en Europe, les femmes participant à l'effort de guerre (les "munitionnettes").
Certains hommes proposent le "vote des morts" pour que les femmes puissent représenter les soldats tombés au combat, reconnaissant symboliquement leur présence dans l'espace public.
Ce vote est adopté au Royaume-Uni et en Belgique.
Au Royaume-Uni, le droit de vote est accordé en 1918 à certaines catégories de femmes de plus de 30 ans ("soit chef de famille soit épouse de chef de famille propriétaire d'un bien immobilier d'une valeur d'au moins 5 livres par an ou diplômé de l'université").
Ce geste est présenté comme une récompense pour leur contribution à l'effort de guerre, occultant les années de lutte des suffragettes. Le suffrage égal à celui des hommes n'est obtenu qu'en 1928.
Dans d'autres pays (Russie, Allemagne, pays d'Europe centrale), le droit de vote est accordé aux femmes après 1918, souvent en lien avec des changements de régime et l'éclatement des empires.
Les Années de l'Entre-Deux-Guerres : Progrès et Résistances :
La majorité des pays européens accordent le droit de vote aux femmes entre les deux guerres, parfois sous conditions.
La France reste l'un des "irréductibles" qui résistent. Plusieurs propositions de loi sont bloquées par le Sénat, qui maintient une vision traditionnelle du rôle des femmes. Un sénateur décrit les mains des femmes comme "admirables et toutes semblables à des oiseaux", faites pour être baisées, pas pour voter.
Louise Weiss emerge comme une figure clé dans les années 1930, utilisant des méthodes radicales et modernes pour bousculer l'inertie politique (candidatures symboliques, manifestations burlesques, distribution de tracts lors d'événements publics).
"Elle avait finalement des modes d'action hyper moderne qu'on a pu voir ensuite utilisé par des groupes comme Greenpeace ou les Femon".
Le Front Populaire (1936) : Une Ouverture Limitée : Pour la première fois, trois femmes entrent au gouvernement sous le Front Populaire, en tant que sous-secrétaires d'État.
C'est une avancée symbolique. Cependant, Léon Blum, chef du gouvernement, craint le vote des femmes, pensant qu'elles pencheraient vers un vote catholique.
Il demande aux femmes ministres de renoncer à la question du droit de vote.
Cette expérience met en évidence la forte hostilité au vote des femmes au sein même du camp majoritaire (communistes, radicaux-socialistes).
La Seconde Guerre Mondiale et l'Obtention du Vote en France (1944) :
La déclaration de guerre en 1939 relègue à nouveau le droit de vote des femmes au second plan.
À partir de 1943, la France Libre à Alger prépare le futur régime. Le Général de Gaulle signe l'ordonnance du 21 avril 1944 accordant aux femmes majeures le droit d'être élues et électrices, sans restriction. "C'est absent des débats. Ça va arriver tardivement en fait dans le discours de du général de Gaulle".
Le vote est accordé en 1944, et les femmes peuvent voter pour la première fois aux élections municipales et législatives en 1945. La participation des femmes à la Résistance et leur présence accrue dans l'économie de guerre ont contribué à cette décision. "Il est indispensable que les femmes votent, une nécessité absolue, normale, un droit".
La France, patrie des droits de l'homme, arrive tardivement en comparaison d'autres pays européens. Une explication avancée est que le changement de régime (fin de la IIIe République et passage à un nouveau régime) a créé une opportunité, comme dans d'autres pays.
La forte présence de figures féminines allégoriques (Marianne) dans l'espace symbolique républicain est vue comme une compensation pour leur absence dans l'espace démocratique réel. "l'omniprésence de ces figures féminines dans l'ordre symbolique républicain c'est une façon de faire oublier leur absence dans l'espace public démocratique".
La Suisse : Un Cas Particulier de Retardataire : La Suisse est l'un des derniers pays au monde à accorder le droit de vote aux femmes. "C'est vraiment pas une histoire glorieuse".
Plus de 50 votations ont lieu entre 1919 et 1990 sur le sujet.
Trois raisons expliquent ce retard : Le système politique de démocratie semi-directe, où le peuple (masculin) est consulté et vote "non" à de nombreuses reprises.
Une société relativement conservatrice, influencée par le modèle germanique, où la place des femmes est traditionnellement au foyer.
L'épargne de la Suisse par les guerres mondiales, qui n'a donc pas eu la même dynamique de reconnaissance du rôle des femmes que d'autres pays.
Le mouvement suffragiste suisse privilégie des méthodes pacifiques, de pétitions et de persuasion, se démarquant de l'action violente des suffragettes anglaises.
L'avocate Antoinette Quinche est une figure marquante, argumentant que la Constitution suisse de 1848 garantit l'égalité des droits pour tous les Suisses (hommes et femmes).
Malgré l'obtention tardive du droit de vote, de nombreuses femmes ont mis du temps à oser voter, ne sachant pas toujours comment utiliser ce droit.
Les Combats Post-Suffrage : Droits Civils et Vagues Féministes :
L'obtention du droit de vote en 1944 en France ne marque pas la fin de la lutte pour les droits des femmes.
Les droits civils, notamment pour les femmes mariées, doivent encore être obtenus. Il faut attendre 1965 et 1970 pour que les femmes mariées acquièrent l'autonomie sur leur compte en banque et ne nécessitent plus l'autorisation de leur mari pour travailler ou gérer leurs biens.
"On va devoir attendre 1965 et 1970 pour qu'il y ait des réformes qui viennent donner un statut d'adulte aux femmes mariées et aux femmes mères". L'autorité parentale remplace l'autorité paternelle en 1970.
Le documentaire évoque les différentes "vagues" féministes :
La première vague (début du XXe siècle) axée sur le droit de vote.
La deuxième vague (années 1970) axée sur la libération des corps et l'égalité des sexes.
La troisième vague (années 1990) marquée par l'approche intersectionnelle, reconnaissant le cumul des formes de domination (genre, race, classe, etc.).
Le mouvement #MeToo est présenté comme une évolution majeure, un mouvement mondial d'une ampleur inédite, bien que principalement circonscrit au monde occidental.
Le combat féministe actuel est de plus en plus perçu comme un "combat humaniste", incluant la question des masculinités et la nécessité de libérer les hommes des stéréotypes de performance et de non-émotion. Conclusion
L'histoire du droit de vote des femmes en Europe est une épopée longue et difficile, marquée par la persévérance de militantes qui ont dû affronter l'hostilité, l'humiliation, l'emprisonnement et même la violence d'État.
Si l'obtention du droit de vote a constitué une victoire majeure, elle n'était qu'une étape dans la quête d'une pleine égalité, les droits civils ayant dû être arrachés ultérieurement dans de nombreux pays.
La diversité des tactiques militantes, des approches nationales (radicalisme anglo-saxon versus approche réformiste suisse) et des temporalités souligne la complexité de ce processus historique.
Les combats actuels continuent d'élargir la réflexion, intégrant les questions d'intersectionnalité et de redéfinition des masculinités dans une perspective humaniste plus large.
La France, malgré son rôle dans la Révolution et sa représentation symbolique des femmes (Marianne), a été un des derniers pays à accorder ce droit fondamental, un paradoxe qui interroge.
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Objet : Synthèse de l'audition d'Amélie Ebongué sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs
Date : 28 novembre 2023
Source : Extraits de "Effets psychologiques de Tiktok sur les mineurs : Audition d'Amélie Ebongué à l'Assemblée"
Introduction :
- Cette note de synthèse présente les points clés abordés lors de l'audition de Madame Amélie Ebongué, experte en stratégie de contenu sur les réseaux sociaux et auteure de "Génération TikTok, un nouvel Eldorado pour les marques", devant la commission d'enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs.
L'audition visait à établir un diagnostic des effets de la plateforme, de leur champ et de leur ampleur. Madame Ebongué, après avoir prêté serment, a partagé son expertise sur l'évolution de TikTok, l'usage par les mineurs, la stratégie des marques et les enjeux de régulation.
Principaux thèmes et idées importantes :
Genèse et évolution de TikTok :
- TikTok est une application chinoise issue de Douyin, sa version originale.
- ByteDance a lancé sa version internationale en 2017.
- Sa fusion avec Musical.ly, centrée sur la création de vidéos courtes sur fond musical, a été déterminante.
- TikTok est passé d'un simple réseau social à une plateforme de divertissement planétaire.
- Le nombre d'utilisateurs a considérablement augmenté, atteignant plus d'un milliard aujourd'hui, soit l'équivalent d'Instagram.
- La plateforme séduit par sa fluidité et l'immédiateté interactionnelle.
- Citation clé : "TikTok historiquement c'est une application donc chinoise qui doit sa naissance à son modèle purement oriental qui est donc Douin sa version créée à l'origine... On est passé d'une moyenne de 800 millions d'utilisateurs pendant le confinement à plus d'un milliard aujourd'hui C'est l'équivalent d'Instagram en terme de de d'utilisateur."
Les mineurs et TikTok :
- La Génération Alpha (née entre 2010 et début 2020, âgée de 9 à 12 ans) est considérée comme la plus technophile.
- Cette génération est à l'aise avec les codes du numérique et est la plus "fertile" à son ère.
- Leur identité se construit au prisme du numérique.
- Un fléau répandu est l'inscription précoce sur la plateforme.
- L'âge légal d'utilisation en France est de 13 ans, mais une majorité d'utilisateurs mineurs mentent sur leur âge pour y avoir accès.
- Citation clé : "Mon deuxième point euh il va se poser sur la déformation d'usage... C'est le cas du fléo le plus répandu aujourd'hui sur cette plateforme à savoir l'inscription sur le réseau social de manière précoce Quand on se penche sur les conditions générales d'utilisation de TikTok en tout cas en France l'âge légal il est de 13 ans Euh c'est une majorité d'utilisateur qui euh va mentir pour pouvoir avoir accès à cette plateforme."
Impact psychologique et addiction :
- L'usage excessif et sans régulation des réseaux sociaux peut altérer le comportement et influencer l'humeur.
- Le design et l'expérience utilisateur de TikTok sont conçus pour susciter un plaisir constant.
- Cette attention répétitive crée des habitudes régies par le collectif et son influence, particulièrement chez les mineurs.
- L'addiction à l'application a des conséquences sociales.
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Des études ont démontré une altération du comportement chez les jeunes, provoquant des troubles anxieux et pouvant aller jusqu'au suicide.
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Citation clé : "En soit c'est l'usage des réseaux sociaux de manière excessive et sans régulation qui altère le comportement des individus et finalement va jouer et influencer l'humeur L'expérience utilisateur et le design de TikTok à titre d'exemple nous démontre bien qu'elle est conçue pour susciter en nous un plaisir constant Cette attention répétitive crée des habitudes régies par le collectif et sous son influence C'est donc le cas chez les mineurs."
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Citation clé : "Des études ont démontré qu'il y avait une altération du comportement chez les jeunes et qui provoquait des troubles anxieux et de de manière assez importante au niveau du comportement allant même jusqu'au suicide Euh et ça a d'ailleurs été le cas en France il y a il y a quelques temps Euh donc oui la plateforme a euh joué sur le le comportement de certains individus et chez certains jeunes."
L'algorithme et la régulation :
- La clé de voûte de l'algorithme reste un mystère, sa formule n'ayant jamais été communiquée par l'entreprise.
- TikTok met en ligne la manière dont les créateurs peuvent émerger, mais pas la formule de calcul elle-même.
- En France, TikTok limite certaines fonctionnalités pour les utilisateurs de moins de 13 ans (messages privés, vidéos en direct, monétisation).
- Il est nécessaire de renforcer la prévention auprès des parents, qui sont les principaux garants d'opinion.
- La régulation de l'outil passe essentiellement par ce biais, mais il faut aussi renforcer l'écoute des parents qui se sentent délaissés.
- Des solutions peuvent être développées dans le système éducatif, notamment par des programmes en cours d'éducation civique.
- Un tissu préventif national avec des acteurs éducatifs volontaires est nécessaire.
- Des outils pourraient être adaptés dans les kiosques publics.
- L'experte considère que l'initiative de l'Australie d'interdire l'accès aux réseaux sociaux aux mineurs de moins de 15 ou 16 ans est une très bonne démarche, bien qu'elle ne puisse se prononcer sur sa faisabilité technique ou légale. Elle pense toutefois que techniquement, cela est possible.
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La responsabilité est partagée entre les parents et la plateforme en matière de régulation.
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Citation clé : "L'addiction que l'application procure aux utilisateurs et particulièrement auprès des plus jeunes a des conséquences sociales On ne peut pas exclure le caractère négatif de cette dernière puisque la clé de voûte de son algorithme aujourd'hui reste un mystère Aujourd'hui il faudra renforcer la prévention auprès des parents qui sont les principaux garantis d'opinion en particulier chez les enfants La régulation de l'outil elle se fait essentiellement par ce biais là Mais il faudra aussi renforcer l'écoute parce que la réalité c'est que beaucoup de parents se sentent laisés face à l'usage des plateformes sociales et de tout l'écosystème en général."
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Citation clé : "Toutefois que je trouve que c'est une excellente démarche C'est une très belle démarche." (À propos de la législation australienne).
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Citation clé : "Maintenant la responsabilité elle est partagée Oui le parent est responsable de ce que son enfant fait sur une plateforme sociale mais il y a aussi une notion de régulation et dans le cadre dans lequel c'est circonscrit."
Stratégies de marques et ciblage des mineurs :
- TikTok cherche à avoir un virage éducatif, proposant des contenus sur des sujets variés (culture, sport, littérature, sciences) et soutenant le hashtag populaire #apprendresurTikTok.
- Madame Ebongué, dans son activité de conseil, n'a pas vu de stratégies directes de marques visant le public très jeune (moins de 13 ans) sur le marché français.
- Selon elle, les mineurs sont encore en phase de stabilisation en termes de maturité et d'influence pour être une cible directe pour les marques.
- Elle n'a jamais été approchée pour aider à cibler des mineurs.
- Le DSA (Digital Services Act) interdit aux plateformes d'aider les annonceurs à cibler spécifiquement les mineurs. Les annonceurs sont plus vigilants, mais beaucoup n'utilisent pas encore la plateforme publicitaire de TikTok.
- Pour cibler une audience spécifique, y compris potentiellement des mineurs, il faut avoir recours à la plateforme de monétisation de TikTok et acheter de l'espace publicitaire, ce qui permet de cibler par centres d'intérêt et âge. Cette option n'est pas accessible à toutes les marques.
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Il existe une tendance croissante d'enfants influenceurs dont les parents approuvent et amplifient la présence sur la plateforme, les incitant à être plus commerciaux.
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Citation clé : "En ce qui concerne les marques d'un point de vue stratégique les marques qu' elles soit dans le secteur de la culture de la mode de la beauté ou même du sport quand on regarde sur le marché français je n'ai pas vu à ma connaissance des stratégies directes pour viser ce jeune public qui est quand même très jeune Donc en terme de maturité et d'influence ils sont pas encore stabilisés sur ces sujets Donc non je n'ai pas vu d'exemples de ce type."
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Citation clé : "Il vous a demandé si vous saviez si des des marques des des des vendeurs de produits peu importe avait recours au ciblage des mineurs Vous avez répondu que vous ne faisiez pas de ciblage des mineurs et et heureusement puisque c'est interdit comme il l'a rappelé Mais est-ce que vous avez déjà été sans que vous ne le fassiez mais est-ce que vous avez déjà été approché ne serait-ce qu'une fois sans nous donner le nom évidemment après vous êtes sous serment vous nous dites oui ou non on n demandera pas plus mais est-ce que vous avez déjà été approché par une marque ou je ne sais qui avec cette question de savoir est-ce que vous auriez la possibilité de m'aider à toucher des mineurs du tout Non du tout Je n'ai jamais été approché pour cibler des mineurs du tout Non pardon désolé."
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Citation clé : "dans ce cas si on souhaite avoir un ciblage beaucoup plus spécifique il faudrait avoir recours à une plateforme donc de monétisation et donc faire appel à l'achat d'espace sur TikTok qui permet avec un certain nombre de critères de cibler les centres d'intérêt et aussi en fonction de l'âge Voilà comment c'est c'est possible de le faire Mais seules certaines marques peuvent se permettre cette cette étape supplémentaire dans leur stratégie d'acquisition au global."
Impact sur la durée d'attention :
- L'habituation aux contenus courts et percutants (vidéos de 15 secondes, puis 1 minute, maintenant jusqu'à 10 minutes) pourrait entraîner une difficulté à se concentrer sur la durée, notamment chez les enfants.
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Cela pourrait impacter leur capacité à suivre des leçons plus longues, le cerveau s'habituant à obtenir l'information rapidement.
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Citation clé : "Est-ce que le fait de les habituer à des contenus d'une minute ou 1 minute 30 parce qu'il faut que ce soit percutant et que tout de suite l'enfant capte le message est-ce que selon vous ça n'entraîne pas chez les enfants une habitude à se concentrer une minute à avoir tout de suite l'histoire complète ce qu'ils ont envie d'avoir à la fin de l'histoire est-ce que ça n'engendre pas du coup une habitude à ne plus se concentrer et à avoir des difficultés dans les cours à suivre une leçon de plus de 10 minutes parce que bah voilà le le cerveau se formalise à suivre un contenu d'une minute ou 1 minute 30 Merci pour vos questions Je vais tenter d'y répondre avec précision Euh sur la première question Euh TikTok euh aujourd'hui c'est vrai que il propose des contenus donc comme je vous disais éducatifs Ça c'est leur volonté et c'est leur stratégie je dirais éditoriale par marché Euh de la même manière que aujourd'hui tout utilisateur est assez responsable de ce qu'il souhaite proposer et ce qu'il souhaite diffuser Euh la particularité de TikTok c'est qu'aujourd'hui ils ont commencé avec un produit vidéo donc qui est une vidéo courte qui est passée de 15 secondes à 1 minute maintenant jusqu'à 10 minutes Ils proposent différentes typologies de de formats comme on les appelle avec un format dit live qui est donc ce format qui attire beaucoup la jeunesse particulièrement les mineurs..." (La réponse de l'experte sur ce point précis n'est pas explicitement dans l'extrait fourni).
Autres points soulevés :
- Les tendances de contenu sur TikTok évoluent, incluant désormais le sport (#JeuxOlympiques), la littérature (#Booktok), l'écologie (#écogestes).
- Les artistes utilisent la plateforme pour la visibilité, mais cela n'est pas nécessairement significatif en termes de revenus directs.
- TikTok propose des formats variés, y compris le format "live" qui est très populaire chez les jeunes et permet une rémunération en fonction du classement.
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La nouvelle plateforme TikTok Shop, lancée récemment en France, permet l'achat direct de produits dans l'application. Des inquiétudes subsistent quant à la contrefaçon sur cette nouvelle fonctionnalité, pour laquelle il n'y a pas encore de mesures de contrôle claires.
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Citation clé : "Et par exemple qu'est-ce que vous leur conseillez aux artistes alors moi je leur conseille d'avoir une stratégie cohérente sur les différentes plateformes et de pas capitaliser uniquement sur l'une d'entre elles Souvent on a envie d'avoir une présence très forte sur TikTok ce qui n'est pas forcément efficace derrière en terme de génération de de revenus puisque les artistes se rémunèrent de différents moyens avec le ticketing le concert mais aussi par la vente de merch de produits dérivés et pas uniquement avec ce qu'il diffuse sur les plateformes comme Spotify Donc c'est vrai qu'aujourd'hui les réseaux sociaux c'est un vrai levier pour eux pour vendre derrière mais c'est pas nécessairement significatif en terme de revenu."
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Citation clé : "Depuis lundi est apparue la plateforme Tit Shop Cette plateforme on le voit déjà aux États-Unis au 3e trimestre 2024 elle a déjà beaucoup plus de vente que Shing ou que Sephora Elle utilise des micro voire des nanoinfluenceurs c'estàdire les nanos moins de 10000 abonnés Est-ce que donc la stratégie des marques va changer pour accrocher sur ce nouveau réseau que les TikTok et moi ma question c'est principalement sur la contrefaçon..."
Conclusion :
L'audition met en évidence les enjeux complexes liés à l'utilisation de TikTok par les mineurs.
La plateforme, par son design et son fonctionnement, est particulièrement addictive et peut avoir des effets néfastes sur la santé mentale des jeunes.
Bien que TikTok s'efforce de promouvoir des contenus éducatifs et mette en place certaines limitations pour les utilisateurs mineurs, la problématique de l'accès précoce et du manque de régulation de l'usage demeure cruciale.
La responsabilité partagée entre la plateforme, les parents et le système éducatif est soulignée comme essentielle pour protéger les mineurs.
La stratégie des marques ne semble pas, pour l'instant, cibler directement les très jeunes en France selon l'experte, mais la possibilité de ciblage via la plateforme publicitaire de TikTok existe.
L'émergence de TikTok Shop soulève de nouvelles interrogations, notamment en matière de contrôle de la contrefaçon. La question de l'impact des formats courts sur la durée d'attention des enfants reste également un point d'inquiétude.
Madame Ebongué a également indiqué qu'elle était ouverte à compléter ses échanges via le questionnaire envoyé par la rapporteure.
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Note d'Information : Analyse du Documentaire "Citoyennes !" et de la Discussion sur les Droits des Femmes en France
Source : Extraits de "Citoyennes ! | ZED - Zone d'éducation documentaire"
Date : 2025 Objet : Synthèse des thèmes principaux, des idées clés et des faits importants tirés d'une discussion autour du documentaire "Citoyennes !" et des droits des femmes.
Participants clés :
- Jean-Frédéric Thibau : Réalisateur du documentaire "Citoyennes !"
- Anne-Cécile Mailfert : Présidente de la Fondation des Femmes
- Élèves du Collège Moulinj à Colombe
Résumé Exécutif :
- Ce document analyse une discussion entre le réalisateur du film "Citoyennes !", la présidente de la Fondation des Femmes et des élèves de collège, explorant l'histoire du vote des femmes en France, les combats féministes passés et présents, les inégalités persistantes malgré l'égalité de droit, la division au sein du mouvement féministe, l'importance du collectif et le rôle des hommes dans la lutte pour l'égalité.
La discussion met en lumière le décalage entre l'image symbolique de la France et la lenteur historique de l'acquisition de droits fondamentaux pour les femmes, tout en soulignant les défis actuels, notamment la montée du masculinisme et des contenus anti-féministes sur les réseaux sociaux.
Thèmes Principaux :
- L'histoire lente et difficile du droit de vote des femmes en France : Le documentaire "Citoyennes !" met en évidence le fait que la France, malgré une image symbolique forte de figures féminines comme Marianne, a été l'un des derniers pays européens à accorder le droit de vote aux femmes, en 1944, soit près de 80 ans avant la discussion.
- Les combats persistants pour l'égalité : Les intervenants soulignent que l'histoire des femmes est marquée par une lutte continue pour leurs droits et que cette vigilance est toujours nécessaire aujourd'hui.
- Le décalage entre l'égalité de droit et l'égalité réelle : Malgré l'égalité inscrite dans la loi française, les élèves et Anne-Cécile Mailfert constatent des inégalités sociales et comportementales persistantes dans la vie quotidienne.
- La division et les défis au sein du mouvement féministe : La discussion aborde pourquoi certaines femmes ne se mobilisent pas ou s'opposent au féminisme, évoquant la peur, les difficultés personnelles ou le calcul stratégique.
- L'importance du collectif et du soutien mutuel : L'expérience personnelle d'Anne-Cécile Mailfert met en évidence la nécessité de s'organiser collectivement pour défendre ses droits face aux risques de violence et d'isolement.
- Le rôle des hommes dans le féminisme : Il est reconnu que les hommes peuvent et doivent être féministes ("pro-féministes" ou "alliés"), en soutenant les femmes, en éduquant les autres hommes et en remettant en question les normes de masculinité traditionnelles.
- La montée du masculinisme et des contenus anti-féministes sur les réseaux sociaux : Ce phénomène récent et dangereux est identifié comme un nouveau défi majeur, ciblant particulièrement les jeunes hommes avec des discours machistes et régressifs, et les jeunes femmes avec des contenus prônant la soumission.
Idées Clés et Faits Importants :
- Lenteur du droit de vote en France : Jean-Frédéric Thibau explique son étonnement de découvrir que la France a voté le droit des femmes en 1944, se classant 56ème, bien après la plupart des pays européens qui l'avaient fait après 1918. Il cite : "on arrive en 56e position la France pratiquement toute l'Europe avait voté le vote des femmes après la guerre de 14 donc en 1918 et nous on arrive en en 44 donc il y a un truc et je me suis dit qu'est-ce qui a buggé ?".
- Les suffragettes et la violence : L'étonnement face à la violence subie par les suffragettes anglaises, contraintes d'apprendre le jiu-jitsu pour se défendre contre la police, est souligné : "j'ai surtout été très étonnée par euh les suffragettes anglaises et par cette violence invraisemblable les suffragettes anglaises sont régulièrement arrêtées et violentées par les forces de l'ordre et certaines d'entre elles apprennent le jug dessus afin de pouvoir terrasser les policemanes troposlés elles apprennent le jug dessus pour pouvoir se défendre".
- Le combat permanent : Anne-Cécile Mailfert insiste sur la nécessité d'une vigilance constante : "faut rester vigilante et il faut continuer aussi à se battre aujourd'hui et peut-être dans les années à venir aussi pour défendre nos droits donc il faut pas penser que ce qu'on a une fois qu'on l' on l'a pour toujours l'histoire des femmes elle montre qu' a des moments c'était mieux c'était moins bien et puis en fait les femmes elles ont dû se bagarrer pour faire en sorte d'être les égals des hommes".
- Absence de musée de l'histoire des femmes : L'absence d'un lieu institutionnel dédié à l'histoire des femmes et du féminisme en France est un fait marquant, contrastant avec l'existence de musées sur des sujets très variés. Anne-Cécile Mailfert mentionne : "il y a je sais pas combien de musées du sabot du Camemberbert maison de l'eau de la terre de la mer de tout ce que vous voulez mais il y a pas de musée des femmes il y a pas de musée de l'histoire des femmes en France il y a pas de musée de l'histoire du féminisme encore moins".
- L'égalité de droit vs. l'égalité réelle : Il est clairement établi que l'égalité légale ne se traduit pas toujours en égalité dans la vie de tous les jours. Anne-Cécile Mailfert explique : "dans la Constitution française c'est écrit que globalement je le pour résumer on n pas le droit de discriminer quelqu'un en fonction de son sexe donc normalement quand on est une femme ou un homme en France on a le même droit dans la loi après comme vous avez pu le constater par vous-même malheureusement dans la vraie vie c'est pas tout à fait comme ça".
- La sexualité comme point de cristallisation des inégalités : L'expérience personnelle d'Anne-Cécile Mailfert au collège autour de la question de la masturbation féminine illustre comment la sexualité peut révéler et exacerber les inégalités de genre et entraîner des violences. Elle décrit le harcèlement subi : "les insultes ont commencé à fuser contre moi... j'ai dû changer de collège parce qu'en fait j'étais insultée tous les jours tous les matins tous les midis tous les soirs dès que j'étais dans le couloir toutes les classes c'était Anne Cécile qui avait dit "Ah et du coup avec des tas d'insultes comme vous pouvez vous imaginer"".
- Le choix du compagnon comme acte féministe (pour les hétérosexuelles) : Anne-Cécile Mailfert insiste sur l'importance pour les femmes hétérosexuelles de choisir un partenaire qui ne cherche pas à les dominer ou à minimiser leurs ambitions : "le plus important si vous êtes hétérosexuel c'est de bien choisir votre mec ça c'est vraiment la base".
- Les hommes féministes comme "alliés" : Le rôle des hommes dans le féminisme est vu comme complémentaire à celui des femmes, axé sur le soutien, la remise en question des normes masculines et l'éducation des autres hommes. Anne-Cécile Mailfert affirme : "les hommes doivent être féministes et doivent se battre à nos côtés mais ils font pas le même job que nous".
- Le masculinisme expliqué par les élèves : Les élèves démontrent une bonne compréhension du masculinisme, le décrivant comme une autopression masculine à correspondre à un idéal de force, de dominance et de non-émotion. Une élève le définit comme : "quand les hommes se mettent une sorte de carapace qui font qui moi je suis plus fort moi je gagne l'argent moi je porte tous les tout le fardeau du monde sur moi moi je suis C'est pas quelque chose c'est très très proche de ça".
- Danger des algorithmes et des contenus régressifs : Il est souligné que les algorithmes des réseaux sociaux ciblent particulièrement les jeunes garçons avec des contenus masculinistes et les jeunes filles avec des contenus prônant des rôles traditionnels et soumissifs, contribuant à une régression potentielle de la société. Jean-Frédéric Thibau s'alarme : "ce qui est très dangereux c'est qu'on voit par la suite non seulement moi il y a quelques années je me disais mais ils sont ils sont ils sont malades ils sont pas bien et en fait malheureusement il y en a beaucoup et puis ils ciblent beaucoup les les hommes et les garçons et on voit aussi qu'aujourd'hui c'est une espèce de culture hyper macho qui revient".
Conclusions :
La discussion révèle que malgré des avancées significatives dans l'acquisition de droits, notamment le droit de vote, les femmes en France continuent de faire face à des inégalités profondes, ancrées dans les normes sociales et les comportements quotidiens.
L'histoire du féminisme est une histoire de lutte constante et la vigilance reste primordiale face aux tentatives de remise en cause des acquis.
L'engagement des hommes, en tant qu'alliés, est essentiel pour faire progresser l'égalité, notamment en travaillant sur la déconstruction des stéréotypes de masculinité.
Enfin, les réseaux sociaux apparaissent comme un nouveau champ de bataille, où la propagation de discours masculinistes et anti-féministes représente une menace sérieuse pour l'avenir de l'égalité des genres.
L'éducation et la sensibilisation, comme le montre l'engagement des élèves présents, sont cruciales pour contrer ces tendances régressives.
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Note de Synthèse : La Production Sociale des Inégalités de Santé (1) - Nathalie Bajos (2024-2025)
Objet : Synthèse des principaux thèmes et idées clés présentés par Nathalie Bajos lors de la première séance de sa chaire de santé publique sur la production sociale des inégalités de santé, axée sur le cas du COVID-19.
Source : Extraits de la présentation de Nathalie Bajos.
Date de la présentation : 2024-2025 (date précise de la séance non spécifiée, mais fait référence à la leçon inaugurale du 3 avril 2025).
Conférencière : Nathalie Bajos, sociologue et démographe, directrice de recherche à l'INCERM et à l'EHESS. Titulaire de la chaire de santé publique pour l'année 2024-2025.
Résumé :
- Cette première séance de la chaire de Nathalie Bajos aborde la question fondamentale de la production sociale des inégalités de santé, en se concentrant sur le cas de la pandémie de COVID-19.
L'objectif principal est de démontrer comment les inégalités d'exposition au risque de contracter le virus, et par extension de développer des formes graves de la maladie, ne sont pas aléatoires mais sont profondément enracinées dans les structures sociales et économiques.
La présentation met l'accent sur l'importance de l'analyse intersectionnelle pour comprendre comment les rapports de domination de genre, de classe et de race se conjuguent pour créer des vulnérabilités différenciées face à la maladie.
En s'appuyant sur diverses études (quantitatives, qualitatives, analyses d'archives et de recommandations médicales), la conférencière illustre l'ampleur de ces inégalités, notamment selon la profession, la "position raciale" (terme utilisé dans les études citées) et les conditions de vie et de travail.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
- Le Caractère Socialement Construit des Inégalités de Santé :
- Les inégalités de santé, y compris le risque de contracter le virus du COVID-19, sont la "manifestation [...] de la structuration hiérarchisée de l'espace social par les rapports de domination de genre de classe de races qui s’expriment dans les corps".
- Ces rapports sociaux de domination ne fonctionnent pas indépendamment les uns des autres, mais sont "consubstantiels".
- L'Intersectionnalité comme Outil d'Analyse :
- L'analyse "intersectionnelle" ou de "consubstantialité" est présentée comme essentielle pour comprendre la réalité sociale des inégalités de santé. Elle implique de "tenir compte simultanément de ces différents rapports [genre, classe, race, etc.] pour comprendre la réalité sociale".
- L'exemple de l'aide-soignante immigrée du Mali travaillant en milieu hospitalier pendant le COVID-19 est utilisé pour illustrer la complexité des vulnérabilités dues à la combinaison de ces facteurs.
- Le Processus en Chaîne de la Production des Inégalités de Santé :
- La mortalité ou la morbidité est le résultat final d'une série d'étapes interconnectées :
- Conditions de vie et de travail (déterminent l'exposition au risque).
- Pratiques de prévention et vaccination (modulent l'infection à exposition équivalente).
- Recours au test et accès au système de santé (facilitent une prise en charge rapide).
- Prise en charge médicale.
- Corps et comorbidités (influencent l'issue).
- La présentation insiste sur l'importance de la première étape (conditions de vie et de travail), souvent négligée dans l'analyse épidémiologique, car les inégalités importantes commencent dès ce stade et se renforcent par la suite.
- L'Ampleur des Inégalités d'Exposition au Risque (COVID-19) :
- Les études internationales (Royaume-Uni, États-Unis) ont rapidement montré une "surmortalité très importante selon la profession" et les "minorités racisées".
- Au Royaume-Uni, un "gradient de mortalité très marqué" selon la profession a été observé, ainsi qu'une "surmortalité très importante des minorités racisées par rapport aux personnes blanches".
- Aux États-Unis, le risque de mortalité était nettement supérieur pour les hommes hispaniques et noirs par rapport aux hommes blancs, "même pour les métiers plus [favorisés]".
Une surmortalité pour les catégories sociales les plus défavorisées et les minorités racisées a été confirmée dans tous les pays.
- En France, bien que les données soient moins fines, la surmortalité a été "importante en Seine Saint-Denis par rapport à d'autres [départements]".
- L'effet "healthy migrant" (les migrants sont en meilleure santé à l'arrivée) a été inversé par le COVID-19, avec une "évolution absolument spectaculaire" de la mortalité entre 2019 et 2020 pour les personnes nées en Afrique subsaharienne, avec une surmortalité "plus de 18 fois plus élevée" que pour les personnes nées en France.
- L'Explication des Inégalités : Facteurs Structurels vs Individuels :
- Les inégalités s'expliquent par une multitude de facteurs, au-delà des facteurs biomédicaux (âge, comorbidités, génétique).
- Les "facteurs sociaux qui exposent" sont cruciaux : travail à l'extérieur, utilisation des transports en commun, lieu de vie, conditions de logement, type d'emploi, contacts sociaux, pratiques préventives, dépistage, accès aux soins.
- Les données de l'enquête Epicov montrent que l'exposition au risque (densité du lieu de résidence, logement surpeuplé, télétravail) est "extrêmement différente selon les caractéristiques sociales des personnes".
- Un résultat majeur de l'enquête Epicov est que la "surexposition des personnes nées en dehors d'un pays européen" (2,4 fois plus de risque d'être contaminé) "ne devient plus significative quand on tient compte de leurs conditions de vie de leurs conditions de travail et cetera".
- Le message clé est que cette surexposition "n'est pas que ces personnes ont des gênes particuliers ou je ne sais quoi ni d'ailleurs que ces personnes se protègent moins". Au contraire, les populations les plus précaires étaient "plus enclines à utiliser le masque à à utiliser des des gels hydroalcoolique et à respecter les distances".
- Ces inégalités sont liées à des "logiques structurelles qui renvoient à des politiques sociales qui datent de décennies" (relégation dans certaines zones, politique de l'habitat, ségrégation raciale du marché du travail).
- L'Évolution du Profil Social de l'Épidémie et l'Impact du Confinement :
- Il y a eu une "inversion de la dynamique sociale de l'épidémie" entre la période précédant et suivant le premier confinement.
- Avant le confinement, les personnes contaminées étaient davantage issues des "milieux sociaux les plus favorisées" (voyages, restaurants).
- Après le confinement, les personnes contaminées étaient celles qui "sont allées travailler", en particulier dans les "professions essentielles" (santé, vente au détail, transports, etc.), "les personnes des milieux les plus défavorisés".
- Cela montre que les "politiques de prévention aussi fortes que le confinement peuvent jouer de manière différente", protégeant davantage certaines populations que d'autres.
- Les Conditions de Travail comme Déterminant Majeur :
- Les métiers les plus touchés étaient ceux avec des "contacts avec le public" (agents d'exploitation des transports, personnel de santé, commerce, etc.).
- Les études qualitatives (conducteurs routiers, grande distribution alimentaire) illustrent comment les "conditions de travail qui déjà étaient très précaire [...] quand l'épidémie survient et oblige à des reconfigurations importantes c'est encore plus de travail et encore plus de risque pour arriver à à se à se protéger".
- La possibilité ou non d'adopter des pratiques de prévention est modulée par les "conditions de travail" (non-respect de la distanciation, manque de soutien hiérarchique, absence de moyens suffisants).
- Les Inégalités dans l'Accès aux Soins et la Prise en Charge Médicale :
- Même en cas de COVID grave, les inégalités persistent dans la phase de prise en charge.
- Les données sur les hospitalisations montrent un "effet de revenu extrêmement important" : les personnes les plus défavorisées ont un risque plus élevé d'être ventilées mécaniquement (forme très grave) et de décéder à l'hôpital.
- Ces inégalités dans les issues ne s'expliquent pas par l'âge ou les comorbidités (ces données sont ajustées) mais suggèrent un "retard d'accès au système de soin".
- Ce retard est "multifactoriel" (distance géographique, mais aussi perception des symptômes, rapport à la santé, "moins de fluidité dans les relations avec le système de soins").
- Les Limites des Données Statistiques en France :
- La France souffre d'un manque de données "en routine" sur la "profession" (détails précis de l'activité) et l'"appartenance ethnoraciale" (bien que le terme soit critiqué, le besoin de données sur l'auto-déclaration de l'origine ou la couleur de peau est crucial).
- Ce manque de données rend difficile la "surveillance" des inégalités et la "décomposition pour comprendre où se situent les problèmes".
- Sans ces données, il est difficile de "mettre en place des politiques de prévention beaucoup plus fines et beaucoup plus adaptées".
- Les Limites des Politiques de Prévention Basées Uniquement sur une Logique Épidémiologique :
- Les politiques de prévention basées uniquement sur des facteurs épidémiologiques (âge, comorbidités), comme cela a été largement le cas pour le COVID-19, "font fi de toutes les logiques sociales et structurel".
- Ces politiques "ne réduisent pas les inégalités et qui au contraire contribuent à les accroître".
- L'intérêt des travaux présentés est de montrer que "en plus de l'âge il y a tous ces éléments-là qui interviennent", soulignant la nécessité d'approches plus complètes pour des politiques de prévention efficaces.
Citations Clés :
- "la production sociale des inégalités de santé" (Titre de la chaire et thème central)
- "la manifestation comme disait Bourdieu de la structuration hiérarchisée de l'espace social par les rapports de domination de genre de classe de races qui s’expriment dans les corps et ces rapports sont consubstantiels" (Définition des inégalités de santé)
- "tenir compte simultanément de ces différents rapports pour comprendre la réalité sociale" (Définition de l'analyse intersectionnelle/consubstantielle)
- "une surexposition des personnes né né en Afrique sub-saharienne [...] elle existe elle est vraie elle est indénégéniable [...] mais ce surrisque il est pas il il ne devient plus significatif quand on tient compte de leurs conditions de vie de leurs conditions de travail et cetera" (Démonstration de l'effet des conditions de vie et de travail sur l'exposition)
- "ces populations les plus précaires qui sont les plus touchées c'est pas parce qu'elles se protégeaient moins" (Infirmation d'une idée reçue sur les pratiques préventives)
- "cette cartographie sociale elle est liée à des logiques structurelles qui renvoie à des politiques sociales qui datent de décennies de mise en place de relégation dans certaines zones de d'habit politique de l'habitat et une ségrégation aussi du marché euh ségrégation raciale du marché du travail" (Causes profondes des inégalités)
- "en gros hein les personnes qui sont dans des popul des des professions les plus en bas de l'espace social c'est 2,4 fois plus de de contact avec le public que celle que les quatre supérieurs" (Illustration de l'exposition au travail selon la position sociale)
- "vous passez de 7 % pour tout le monde et vous passez à 26 % pour les femmes être soignantes appartenant à une minorité révisible c'est une minorité racisée" (Exemple concret de l'effet de l'intersectionnalité)
- "c'est pas du tout tant une question de connaissance des moyens de prévention que de la possibilité sociale d'utiliser de pratiquer les gestes préventifs qui étaient nécessaires" (Importance de la capacité à appliquer les mesures de prévention)
- "à chaque fois les personnes les plus défavorisées ont eu un risque on plus important d'être ventilé mais d' c'estd que c'était vraiment un Covid très grave de mourir" (Inégalités face aux issues graves du COVID-19)
- "l'hypothèse la plus probable c'est que ces personnes sont arrivées plus tard à l'hôpital" (Explication des inégalités face aux issues graves)
- "on a une une variable d'extrêmement vague comme est née en Afrique sub-saharienne donc toutes les secondes générations on a rien sur eux et donc c'est c'est voilà c'est c'est un manque vraiment problématique" (Critique du manque de données fines en France)
- "si on tient compte que d'éléments de type strictement euh épidémiologique quand on s'enferme dans une logique épidémiologique et ben on met en place des politiques de prévention qui ne réduisent pas les inégalités et qui au contraire contribuent à les accroître" (Critique des politiques de prévention unilatérales)
Méthodologie et Sources Utilisées :
La présentation s'appuie sur une variété de méthodes et de sources, illustrant la diversité abordée dans la chaire :
- Enquêtes quantitatives (Epicov, Saprise, Trackov).
- Entretiens qualitatifs.
- Observations.
- Analyse d'archives.
- Analyse de recommandations médicales.
- Littérature scientifique internationale.
- Données statistiques nationales (France, Royaume-Uni, États-Unis).
Structure des Prochaines Séances :
Les huit séances de la chaire couvriront différentes questions de santé (discriminations, maladies cardio-vasculaires, santé mentale, sexualité, avortement, santé environnementale) en se situant à différentes étapes du processus de production des inégalités, sur différentes populations (population générale, médecins, personnes privées de liberté, zones géographiques spécifiques) et en utilisant différentes méthodes.
La chaire se conclura par un colloque international interdisciplinaire (sociologues, anthropologues, économistes, démographes, épidémiologistes) confrontant modèles théoriques et données empiriques.
Implications pour les Politiques Publiques :
Les travaux présentés visent à "nourrir les politiques publiques la réflexion pour essayer de réduire ses inégalités".
L'analyse des logiques structurelles et l'utilisation d'une perspective intersectionnelle devraient permettre la mise en place de "politiques de prévention beaucoup plus fines et beaucoup plus adaptées" qui ne se limitent pas aux facteurs épidémiologiques mais prennent en compte les déterminants sociaux de l'exposition et de l'accès aux soins. Le manque de données fines est un frein majeur à cette adaptation.
Conclusion :
Cette première séance établit clairement le cadre de la chaire : les inégalités de santé sont un produit social, inextricablement lié aux rapports de domination (genre, classe, race).
L'analyse intersectionnelle est indispensable pour comprendre la complexité de ces inégalités, particulièrement visible dans le cas du COVID-19.
Les conditions de vie et de travail jouent un rôle majeur dans l'exposition au risque, et ces facteurs structurels persistent tout au long du parcours de santé, influençant l'accès aux soins et les issues.
L'approche multidisciplinaire et méthodologiquement diverse de la chaire promet d'éclairer ces mécanismes complexes et de contribuer à une réflexion plus pertinente pour des politiques publiques visant à réduire ces inégalités.
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Dossier d'information : "Pauvreté - Aussi en Suisse ? | Dans la tête d'un pauvre"
Ce dossier d'information présente un résumé des thèmes principaux, des idées essentielles et des faits marquants abordés dans le documentaire "Pauvreté - Aussi en Suisse ? | Dans la tête d'un pauvre".
Il s'appuie sur des extraits clés pour illustrer les points soulevés.
Thèmes principaux:
La perception et l'indifférence face à la pauvreté:
Le documentaire débute en soulignant le manque d'empathie et l'indifférence dont les personnes perçues comme pauvres sont victimes, en s'appuyant sur une expérience de psychologie sociale.
Il met en lumière le rapport compliqué de la société à la pauvreté, souvent synonyme d'exclusion et de honte pour les personnes concernées.
La pauvreté en Suisse: une réalité cachée: Malgré l'image de richesse du pays, le documentaire affirme que "entre 7 et 14 % de la population est considérée comme pauvre", un chiffre significatif et souvent invisible "au premier coup d'oeil".
L'impact psychologique et cognitif de la pauvreté: Le stress constant lié au manque de revenus a des conséquences profondes sur la capacité intellectuelle, la prise de décision et le bien-être mental des personnes en situation de précarité.
Une expérience démontre une baisse significative des performances cognitives chez les personnes pauvres après un scénario de stress financier.
Les stéréotypes et la culpabilisation des pauvres:
Le documentaire déconstruit les clichés selon lesquels les pauvres manquent d'ambition ou sont responsables de leur situation.
Il explique comment la pauvreté elle-même peut générer un manque d'ambition et comment les stéréotypes négatifs renforcent le sentiment de honte et de culpabilité chez les personnes démunies.
L'injustice perçue et acceptée:
Des expériences, notamment avec des enfants, montrent une aversion innée à l'injustice. Cependant, le documentaire explore comment les adultes, au contact des inégalités quotidiennes, finissent par les accepter, voire les justifier.
Le rôle de l'école et de la mobilité sociale:
L'école, bien que présentée comme un lieu d'égalité des chances, reproduit souvent les inégalités sociales. Des enseignants peuvent être inconsciemment influencés par l'origine socio-économique des élèves, affectant leur évaluation. Le documentaire remet en question le mythe de l'ascenseur social en Suisse.
Les obstacles structurels et le manque de volonté politique:
Le professeur Jean-Pierre Tabac souligne que la pauvreté est un problème structurel lié à la distribution inégale des richesses et au manque de politiques d'habitat, de création d'emplois et de redistribution. L'absence d'une volonté politique forte pour éradiquer la pauvreté est critiquée.
La résilience et les stratégies d'adaptation:
Malgré les difficultés, le documentaire présente des témoignages de personnes qui développent des stratégies pour survivre et trouver du sens à leur vie, même dans des situations précaires.
Idées et faits importants:
Expérience de l'indifférence: "à voir l'apparence d'un pauvre provoque clairement un manque d'empathie de la part des autres".
Prévalence de la pauvreté en Suisse: "dans notre pays entre 7 et 14 % de la population est considérée comme pauvre".
Impact sur l'ambition: "ce n'est pas vrai que les pauvres sont pauvres parce qu'il manque d'ambition dans l'autre sens c'est la pauvreté qui crée le manque d'ambition".
Le stress monétaire et les capacités cognitives:
Des expériences démontrent que les préoccupations financières affectent négativement la "bande passante disponible" du cerveau, réduisant la capacité de réflexion et les performances cognitives. "leurs résultats aux tests sont moins bon donc des individus qui cinq minutes avant réussissait aussi bien que leurs camarades riches... maintenant qu'ils ont des soucis d'argent au moins de disponibilités cérébrale et réussissent moins bien les tests". Cela équivaut à "13.2 cuill en moins".
Le changement sémantique de l'exploitation à l'exclusion:
Le professeur Tabac explique comment le passage du concept d'exploitation à celui d'exclusion dans le discours social a pour conséquence de rendre "personne responsable de cette exclusion".
Culpabilisation par les dispositifs sociaux:
Les mécanismes d'aide sociale peuvent renforcer le sentiment de responsabilité individuelle de la situation de pauvreté, car ils se concentrent sur ce que la personne "a en vous les moyens de vous en sortir".
La menace du stéréotype:
Pour les personnes issues de milieux défavorisés, le fait de savoir qu'il existe des stéréotypes sur leurs capacités "interfère avec la performance et donc in fine et on a une performance qui est effectivement inférieure".
Influence des stéréotypes sur les enseignants:
Une expérience montre que les futurs enseignants, même avec la même copie de dictée, donnent une moins bonne note à l'élève perçu comme étant issu d'un milieu défavorisé ("en moyenne les enseignants donnent un demi point en plus sale week à brian pour la même dictée").
Reproduction des inégalités par l'école:
L'école, en traitant tous les enfants de la même manière, "reproduit toute une série d' inégalités parce que tous les enfants n'arrivent pas égaux à l'école".
Persistance des inégalités intergénérationnelles:
Thomas Piketty a montré que "les inégalités sociales perdurent et surtout se transmettent entre les générations".
Manque de volonté politique pour combattre la pauvreté:
Le professeur Tabac affirme que "la volonté politique de changement de la situation de la pauvreté n'est pas aujourd'hui spécialement présente".
Inégalité de la richesse en Suisse: "les 20% les plus riches possèdent six fois plus que tous les autres réunis et les 2 % les plus riches des riches possèdent autant que le reste de la population".
Impact des inégalités sur la santé de la population: "plus le niveau d'inégalité été au plus l'ensemble de la population elle est mal".
Le rôle du langage dans le développement de l'enfant:
Le niveau socioculturel affecte le développement cognitif des enfants, notamment l'acquisition du langage. "le niveau de langage à 4 ans est la variable qui prédit le mieux la réussite ou l'échec de la scolarité".
La résilience humaine:
Malgré les difficultés, "les individus peuvent s'adapter à toute situation en fait même aux plus désavantagés". Cette adaptation peut passer par la "justification" ou l'"acceptation" de leur sort, un "processus mental complexe".
Le témoignage de Roger Cuneo: Son parcours illustre la possibilité de sortir de la misère grâce à l'aide d'autrui et à la capacité de "savoir voir la chance". Pour lui, la pauvreté "c'est de ne rien avoir dans la tête c'est de ne rien ressentir dans son cœur", un manque "d'amour" et de "curiosité".
En conclusion, ce documentaire dresse un portrait nuancé et percutant de la pauvreté en Suisse, en mettant l'accent sur ses dimensions invisibles, son impact sur les individus et les obstacles structurels qui la perpétuent.
Il souligne l'importance de briser les stéréotypes et de reconnaître la pauvreté comme un problème de société nécessitant une volonté politique forte pour être combattu efficacement.
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BRIEFING : Analyse des Extraits de "Dans la tête...d'un gentil"
Objectif : Ce document vise à résumer les principaux thèmes et les idées cruciales explorées dans les extraits de l'émission "Dans la tête...d'un gentil", en mettant en lumière les arguments clés et les exemples présentés.
Résumé :
L'émission s'interroge sur la nature de l'être humain : sommes-nous intrinsèquement gentils ou égoïstes ?
En s'appuyant sur la recherche scientifique, des témoignages et des expériences, elle explore la gentillesse sous divers angles : son existence au quotidien, sa perception sociale souvent ambivalente, son expression chez les enfants, son rôle dans la collaboration versus la compétition, et les moyens de la cultiver, notamment par la méditation.
L'émission remet en question la croyance largement répandue en l'égoïsme fondamental de l'homme, suggérant que la gentillesse est plus répandue qu'on ne le croit, bien qu'elle nécessite un effort de culture et de civilisation pour dominer les instincts plus compétitifs et excluants.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
La Question Fondamentale : Gentil ou Méchant ? L'émission pose dès le départ la question centrale, faisant référence à l'opposition classique entre Rousseau (homme fondamentalement bon) et Hobbes (l'homme est un loup pour l'homme).
Elle ne prétend pas apporter une réponse définitive, mais se concentre sur les "avancées de la recherche scientifique autour de la gentillesse".
La Gentillesse au Quotidien : Témoignages et Exemples
L'expérience d'Annie Marcel, infirmière, illustre la gentillesse dans un contexte professionnel tourné vers les autres.
Son choix de carrière est né d'une "révélation" en prenant soin de son père vulnérable, ce qui la pousse à "se mettre au service des plus vulnérables".
Elle souligne que la gentillesse dans sa profession implique d'être "à leur écoute", de susciter la "confiance" et de permettre aux patients de "ne pas avoir peur de me parler".
L'émission aborde l'idée d'un "outsourcing de cette gentillesse", où la société confie la tâche de prendre soin des plus vulnérables à certaines professions, se déchargeant ainsi d'une responsabilité individuelle.
Annie Marcel témoigne également recevoir de la gentillesse en retour, soulignant le caractère réciproque potentiel de cette attitude.
Définition et Nuances de la Gentillesse
La gentillesse est définie comme une "attitude", un "désir de le bien d'autrui", qui se traduit par des "actes de bienveillance, d'altruisme". Ce sont souvent de "petites choses qu'on fait pour les autres".
Elle est "tournée vers l'autre et vers les autres", incluant la "non-violence", la "non-jalousie" et la "non-indifférence à l'autre".
Le terme "gentil" est perçu comme "très ambivalent" dans la société. Rebecca Shankland, professeur de psychologie, souligne que dire de quelqu'un qu'il est gentil n'est "pas très valorisant" et peut même être interprété comme un "signe de faiblesse".
Il existe une "survalorisation finalement de l'esprit critique" dans notre société, amenant à penser qu'une personne positive ou gentille est "naïf" car elle ne verrait pas les aspects négatifs que la personne critique est capable de discerner.
Gentillesse Spontanée ou Apprentie ? Études et Expériences
Une expérience de caméra discrète à Genève montre que la plupart des passants "aident spontanément notre complice", malgré quelques exceptions. Cela suggère que "la gentillesse est bien plus répandue qu'on imagine".
L'émission conteste la croyance que "nous sommes convaincus que l'homme est fondamentalement égoïste", même en situation de crise.
L'exemple de l'ouragan Katrina est utilisé pour démontrer que les rumeurs de violence étaient fausses et que la "solidarité et l'entraide" ont prévalu, souvent de manière "très structuré, très organisé, très coordonnée".
Cette coopération en situation de crise s'expliquerait par un "sentiment de sort commun, un sentiment d'identité commune" qui pousse les gens à s'aider comme s'ils connaissaient l'autre, comme s'il s'agissait de membres de leur groupe.
Concernant les enfants, des expériences montrent qu'ils ont dès un très jeune âge une "capacité, cette envie extrêmement innée d'être en sympathie".
Les nouveau-nés se mettent au diapason des attitudes des autres, ce qui est considéré comme un premier signe de "sympathie" et de "gentillesse".
À 18 mois, les enfants aident volontiers, mais cette aide est déjà influencée par l'apprentissage et la valorisation (être remercié), ce qui rend difficile de parler d'un comportement "inné qui viendrait tout seul".
Lorsque des jeux "irrésistibles" sont proposés, les enfants peuvent manifester un comportement d'imitation immédiate, arrachant un jouet à un camarade.
L'émission insiste sur l'importance pour les adultes de ne pas "mettre un sens moral" à ce comportement, car il est "absolument normal à cet âge-là" et n'est ni "méchant" ni "gentil" au sens moral adulte.
La Gentillesse dans l'Engagement Bénévole
L'exemple de l'association Solid'aire met en lumière la gentillesse chez les bénévoles qui "donnent de son temps et de son énergie pour les autres".
L'originalité de leur approche réside dans l'"inconditionnalité qu'il est absolument totale".
Ils "ne demandent rien à personne" et font confiance, rejetant l'idée d'abus.
Cette approche permet de créer du "lien" et de "faire participer un peu tout le monde", gommant la distinction entre organisateurs et bénéficiaires.
Anaïs et Alexandre, bien qu'engagés dans une démarche de soutien, ne se définissent pas nécessairement comme "gentils". Ils se sentent plutôt "concerné" et "un peu fâché" par la "réalité qui nous entoure", soulignant que leur motivation est aussi liée à l'indignation face aux difficultés rencontrées par les autres.
Rebecca Shankland valide l'approche de l'inconditionnalité, expliquant qu'elle permet de "lever ce frein" pour les personnes qui ont honte ou se sentent vulnérables en demandant de l'aide.
Elle permet de réduire l'"asymétrie" dans la relation d'aide et de créer une relation "d'égal à égal".
Cependant, le simple fait de donner ne fait pas automatiquement de nous un être gentil, surtout si l'aide n'est pas adaptée aux besoins de l'autre et accentue un sentiment de mal-être.
L'empathie et la prise en compte de la perspective d'autrui sont essentielles.
Collaboration vs Compétition : L'Impact sur les Comportements
Une expérience avec un jeu de manipulation d'étriers montre l'efficacité de la collaboration.
Les groupes ayant une consigne de coopération se caractérisent par une "beaucoup de communication", une capacité à "s'écouter", à "s'encourager", à "intégrer les points de vue de tout le monde" et une "réflexion sur les processus de groupe" (autorégulation).
Cette stratégie est "très payante" pour résoudre une tâche complexe, permettant l'émergence de solutions "innovantes" et "créatives".
L'idée reçue selon laquelle un groupe a besoin d'un chef pour fonctionner est remise en question.
L'ajout d'une consigne d'évaluation individuelle ("on va évaluer la contribution de chacun") "sabote la collaboration". Les groupes deviennent une "somme d'individus", ne s'écoutent pas bien, se coupent la parole et prennent des initiatives sans consensus, entraînant des résultats "pas très bons".
Cela s'explique par le fait que l'évaluation individuelle transforme les camarades en "adversaires", un schéma auquel nous sommes "très habitué" et qui devient "presque naturel".
La "compétition" et l'"exclusion" sont présentées comme des "fort instant" humains, au même titre que l'instinct de gentillesse.
Cultiver la Gentillesse : Le Rôle de la Culture et de la Méditation
Bertrand Kiefer affirme qu'il est un "projet de culture que de faire dominer la bienveillance, la gentillesse, l'ouverture à autrui par rapport à exclusion".
La méditation est présentée comme l'un des moyens de "muscler son ouverture aux autres" et de "cultiver sa bienveillance".
Félix témoigne que la méditation l'aide à gérer le stress et à être "beaucoup plus à l'écoute de moi", ce qui le rend aussi "si beaucoup plus à l'écoute des autres". "Si on est bien nous avec nous-mêmes, on va vraiment pouvoir aider les gens".
Rebecca Shankland corrobore les bienfaits de la méditation, citant une expérimentation où un programme de pleine conscience a significativement augmenté les "comportements altruistes" (céder sa place à une personne en béquilles).
La méditation est également liée à la psychologie positive, qui vise à "diminuer notre biais de négativité" et à "réorienter l'attention vers les aspects satisfaisant du quotidien", augmentant ainsi le "bien-être" et la "disponibilité mentale" pour mieux prendre en compte les besoins de l'autre.
Citations Clés :
- "sommes-nous naturellement gentil ou méchant altruiste ou égoïste"
- "je pense que c'était pour me mettre au service des plus vulnérables"
- "on paie des gens pour s'occuper des malades des personnes âgées des handicapés même et son conte à y mettre les mains dans le cambouis une espèce doubt sourcing comme ça de cette gentillesse"
- "la gentillesse c'est d'abord eu une attitude ses désirs et le bien d'autrui"
- "quand on dit d'une personne qu'elle est gentil gentil c'est pas très valorisant"
- "ça peut être justement considéré un peu comme un signe de faiblesse en tout cas c'est moins valorisés dans notre société"
- "la gentillesse est bien plus répandue qu'on imagine mais nous refusons de le croire"
- "dans les situations d'urgence, on voit apparaître des comportements très structuré très organisé très coordonnée"
- "lorsqu'on est dans la même situation de catastrophe les gens qui sont là développe un sort commun sentiment de sort commun un sentiment d'identité commune qui ensuite les amène à aider les autres comme si c'était des gens qui connaissent"
- "depuis un toutou jeune âge les enfants ils ont cette capacité cette envie extrêmement in et d'être en sympathie"
- "ne met pas un sens moral à ce comportement qui n'a rien de moral ni méchants des gentils"
- "la première chose très particulière cette inconditionnalité qu'il est absolument totale"
- "On est concerné et puis un peu fâché plus tôt... en fait la réalité qui nous entoure"
- "c'est vraiment un acte de gentillesse de permettre de réduire cette asymétrie"
- "si on prend vraiment la perspective d'autrui... on va aussi être plus en mesure de favoriser son pouvoir d'agir"
- "le maître mot ici c'est la collaboration"
- "le prototype du groupe qui fonctionne c'est le groupe avec un chef"
- "pour résoudre une tâche complexe, on a besoin de communiquer de façon sereine"
- "un peu de compétition suffit donc à saboter la collaboration"
- "c'est un projet de culture que de faire dominer la bienveillance... par rapport à exclusion"
- "la méditation de pleine conscience propose justement de cultiver sa bienveillance en prenant soin de soi"
- "quand je prends ces temps pour méditer... je suis si beaucoup plus à l'écoute des autres"
- "les personnes qui ont suivi le programme de pleine conscience 50% d'entre elles cèdent leur place dans les deux minutes contre moins de 20% du groupe témoin"
- "l'objectif est d'aider à diminuer notre biais de négativité"
Conclusion Provisoire :
Les extraits de "Dans la tête...d'un gentil" présentent un argument nuancé sur la nature humaine.
Bien que la société ait tendance à dévaloriser la gentillesse et à survaloriser la critique et la compétition, les expériences et les témoignages suggèrent que la gentillesse et la collaboration sont des aspects importants de notre comportement, présents dès l'enfance et particulièrement efficaces en situation de crise.
L'émission souligne que la gentillesse n'est pas seulement un instinct, mais aussi un "projet de culture" qui peut être activement cultivé, notamment par des pratiques comme la méditation.
L'accent mis sur l'inconditionnalité et la collaboration dans les initiatives d'aide met en évidence l'importance de réduire les asymétries et de favoriser l'empowerment mutuel.
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Compte-rendu : Ce que tout le monde se trompe sur l'IA et l'apprentissage – Explication de Derek Muller
Ce compte-rendu analyse le discours de Derek Muller, créateur de la chaîne YouTube Veritasium, sur le rôle de l'IA dans l'éducation.
L'orateur explore les attentes autour des "révolutions" éducatives induites par la technologie et propose une perspective basée sur les travaux de Daniel Kahneman et la théorie de la charge cognitive.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
Les Promesses de Révolution Éducative et leur Échec Historique :
Muller souligne que l'idée de la technologie révolutionnant l'éducation n'est pas nouvelle et qu'elle s'est manifestée à travers divers médias au cours du siècle dernier.
Il cite des exemples comme le cinéma (Thomas Edison, 1922), la radio (années 1930), la télévision (années 1950), les ordinateurs interactifs (années 1980), les vidéodisques (années 1990) et les MOOCs (il y a environ 13 ans).
Chacune de ces technologies a été présentée comme un moyen de transformer radicalement l'éducation, souvent en remplaçant les enseignants et en permettant une économie d'échelle.
Citation Clé : "Clearly the expectation of a revolution is here but the truth is people expecting a revolution in education have been around for at least 100 years." (Clairement, l'attente d'une révolution est là, mais la vérité est que les gens s'attendent à une révolution dans l'éducation depuis au moins 100 ans.)
Il utilise la citation de Thomas Edison sur le cinéma : "the motion picture is destined to revolutionize our educational system and in a few years it will supplant largely if not entirely the use of textbooks". (le cinéma est destiné à révolutionner notre système éducatif et dans quelques années il remplacera en grande partie sinon entièrement l'utilisation des manuels.)
Il note l'ironie de ces prédictions, car les manuels existent toujours et ces technologies n'ont pas radicalement changé la structure fondamentale de l'éducation.
Le Modèle Bicompartimental de la Pensée (Système 1 et Système 2) :
S'appuyant sur les travaux de Daniel Kahneman dans "Thinking, Fast and Slow", Muller introduit les deux systèmes de pensée : le Système 1 (rapide, intuitif, automatique, basé sur la mémoire à long terme) et le Système 2 (lent, effort, délibéré, capable de traiter des informations nouvelles et complexes).
Citation Clé : "in the book he's talking about our two systems of of thought that we've got two things two kinds of processes going on in our brains at one time the fast processes system one and slow processes system two". (dans le livre, il parle de nos deux systèmes de pensée, que nous avons deux choses, deux types de processus en cours dans notre cerveau en même temps, les processus rapides du système un et les processus lents du système deux.)
Le Système 1 est associé à la mémoire à long terme et permet une reconnaissance rapide des motifs et des situations familières. Le Système 2 est limité en capacité de traitement (environ 4 éléments à la fois dans la mémoire de travail) et demande un effort cognitif.
La Charge Cognitive : Muller décrit la charge cognitive comme la quantité d'effort mental investi dans une tâche. Il la divise en trois catégories :
Charge Cognitive Intrinsèque : La difficulté inhérente à la tâche elle-même, liée à la complexité des nouveaux concepts.
Charge Cognitive Extrinsèque : Les distractions et les obstacles qui détournent l'attention et l'effort cognitif (bruit, siège inconfortable, police illisible, accent).
Charge Cognitive Pertinente (Germane Cognitive Load) : L'effort cognitif utilisé pour traiter l'information, l'intégrer à la mémoire à long terme et développer la compréhension en profondeur.
Citation Clé : "this measure is known as cognitive load or another way of thinking of how much mental effort you are investing in something". (cette mesure est connue sous le nom de charge cognitive ou une autre façon de penser à la quantité d'effort mental que vous investissez dans quelque chose.)
L'Importance de la Mémoire à Long Terme et du "Chunking" :
L'expertise dans un domaine est expliquée par le développement d'une vaste structure de mémoire à long terme qui permet le "chunking" - la capacité de regrouper des informations disparates en une seule unité significative.
Cela réduit la charge cognitive sur le Système 2 et permet de gérer des situations complexes.
Citation Clé : "The more we get experience with things the more we practice the more we interact the more we use system 2 to uh work through problems the more we develop this long-term memory and that long-term memory allows us to chunk the things in our world". (Plus nous acquérons de l'expérience avec les choses, plus nous pratiquons, plus nous interagissons, plus nous utilisons le système 2 pour résoudre des problèmes, plus nous développons cette mémoire à long terme, et cette mémoire à long terme nous permet de "chunker" les choses dans notre monde.)
L'exemple des maîtres d'échecs est utilisé : ils ne sont pas meilleurs pour retenir des positions aléatoires de pièces (qui ne peuvent pas être "chunkées"), mais excellent à retenir des configurations de jeu réelles grâce à leur expérience. Cela réfute l'idée d'une compétence générale de "pensée" ou de "résolution de problèmes" transférable à tous les domaines.
Implications pour l'Éducation : En se basant sur ces concepts, Muller propose plusieurs implications pour une éducation efficace :
Éliminer la Charge Cognitive Extrinsèque :
Minimiser les distractions et optimiser l'environnement d'apprentissage.
Limiter la Charge Cognitive Intrinsèque : Présenter de nouveaux concepts par petites étapes ("bite-sized"), en commençant par où se trouvent les étudiants et en introduisant un nombre limité de nouveautés par leçon.
L'utilisation d'exemples travaillés ("worked examples") et un soutien progressif ("fading out") sont des stratégies efficaces.
Encourager la Pratique Effortée Répétée pour Atteindre la Maîtrise : La pratique délibérée utilisant le Système 2 est essentielle pour construire la mémoire à long terme et automatiser les compétences (passer du Système 2 au Système 1). La maîtrise rend l'information accessible sans effort, libérant ainsi le Système 2 pour des tâches plus complexes.
Augmenter la Charge Pertinente (Germane Load) : Engager activement le Système 2. L'exemple du test de réflexion cognitive imprimé en police illisible montre qu'une difficulté modérée peut forcer le Système 2 à s'activer et à trouver la bonne réponse.
Le Rôle de l'IA dans l'Éducation : Potentiels et Préoccupations : Muller voit un rôle positif pour l'IA dans la fourniture de rétroaction rapide et personnalisée, essentielle pour l'apprentissage des compétences.
Citation Clé : "I think the positive role that I see for AI is that it can provide timely feedback and that's essential when you are learning any skill". (Je pense que le rôle positif que je vois pour l'IA est qu'elle peut fournir une rétroaction rapide, ce qui est essentiel lorsque vous apprenez une compétence.)
Cependant, sa plus grande préoccupation est le potentiel de l'IA à réduire la pratique effortée.
Si l'IA peut faire le travail pour les étudiants (écrire des dissertations, résoudre des problèmes), cela pourrait les empêcher de développer les réseaux de mémoire à long terme nécessaires.
Citation Clé : "the thing that I'm really worried about is how AI has this opportunity to reduce effortful practice". (ce qui m'inquiète vraiment, c'est comment l'IA a cette opportunité de réduire la pratique effortée.)
Il s'inquiète de l'impact sur des compétences comme l'écriture ou le dessin si les étudiants s'appuient sur l'IA pour faire le travail à leur place.
Pourquoi les Révolutions Éducatives n'ont pas eu lieu et pourquoi les gens n'apprennent pas toujours :
Muller suggère que l'échec des révolutions technologiques vient du fait qu'elles se concentrent souvent sur la transmission de l'information, qui n'est pas le principal problème de l'éducation.
L'information est déjà largement disponible (dans les livres, en ligne). Le véritable défi est d'amener les étudiants à s'engager activement et de manière répétée avec cette information.
L'éducation est fondamentalement une activité sociale. Les enseignants jouent un rôle crucial en tant que "entraîneurs personnels" qui motivent, responsabilisent, créent une communauté d'apprenants et encouragent la pratique effortée.
Citation Clé : "Education is it's a social activity you know people care about other people... I think that the tech hype comes from a place of believing that the problem of education is not being able to get the information to the student that's not the problem". (L'éducation est une activité sociale, vous savez, les gens se soucient des autres...
Je pense que l'engouement pour la technologie vient de l'idée que le problème de l'éducation n'est pas de pouvoir transmettre l'information à l'étudiant, ce n'est pas le problème.)
La raison pour laquelle certaines personnes ne retiennent pas des informations de base pourrait être liée à la façon dont nos cerveaux sont conçus pour se concentrer sur la survie et l'interaction sociale plutôt que sur les connaissances théoriques, surtout dans un monde rempli de distractions.
Réponses aux Questions de l'Audience :
Utilisation de l'IA pour les réponses :
Si l'IA est fiable, l'utiliser pour obtenir des réponses peut être plus efficace que de chercher longuement dans les livres. Le temps passé à chercher ne garantit pas nécessairement un meilleur apprentissage si l'engagement cognitif n'est pas pertinent.
Politique Éducative : C'est un domaine difficile à rechercher et à influencer. Il y a des preuves en faveur de l'enseignement directé et de la pratique effortée, mais leur mise en œuvre est complexe.
Art et IA : Il est encourageant que certaines personnes créent de l'art pour le plaisir, mais il s'inquiète toujours de la perte potentielle de développement de compétences si l'IA fait le travail à la place de l'individu.
IA et Système 2 : Il est préoccupé par le fait que l'IA puisse encourager l'utilisation excessive du Système 1 au détriment du Système 2, potentiellement réduisant la curiosité et la capacité à s'attaquer à des problèmes complexes.
Scaling de l'Éducation : On ne peut pas "scaler" un entraîneur personnel ou un plombier.
L'éducation de qualité nécessite un nombre suffisant d'enseignants qualifiés. C'est un problème structurel qui nécessite plus de ressources pour l'enseignement et la formation.
Intégration de l'IA : L'IA peut être utilisée comme un outil de "drill and practice" et de feedback rapide. Le danger est quand elle remplace le travail efforté essentiel à l'apprentissage.
Évaluation avec l'IA : L'IA pose un défi majeur pour l'évaluation.
Il suggère de modifier les méthodes d'évaluation, potentiellement en faisant les devoirs sous surveillance ou en intégrant plus de questions d'évaluation fréquentes et actives pendant les leçons.
Il insiste sur le fait que la pratique doit être intégrée au processus d'apprentissage, et si les étudiants ne pratiquent pas via les devoirs, cela se verra dans les examens.
Éducation en Ligne vs en Personne : L'éducation en ligne peut exceller dans l'edutainment et l'excitation, mais elle ne remplace pas nécessairement la pratique effortée guidée par un enseignant dans un cadre social.
L'apprentissage en ligne attire ceux qui sont déjà motivés ("self-select").
Interaction Sociale avec l'IA : La question de savoir si une interaction avec une IA très réaliste pourrait compter comme une interaction sociale est posée, potentiellement répliquant les bénéfices d'un tutorat individuel.
En résumé, le discours de Derek Muller soutient que l'IA, comme les technologies précédentes, ne révolutionnera pas l'éducation dans le sens d'une transformation structurelle fondamentale.
L'apprentissage efficace repose sur la pratique effortée utilisant les ressources limitées du Système 2 pour construire une mémoire à long terme riche et permettre l'automatisation (Système 1).
L'éducation est intrinsèquement sociale, nécessitant des enseignants pour motiver et guider.
Si l'IA peut être un outil précieux pour la rétroaction et la pratique dirigée, son plus grand danger réside dans sa capacité à permettre aux étudiants d'éviter le travail difficile nécessaire à l'apprentissage profond.
Le principal défi pour l'éducation à l'ère de l'IA est de trouver comment obliger les étudiants à s'engager dans cette pratique effortée, même lorsque la technologie peut offrir un raccourci.
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NOTE DE SYNTHÈSE : Dans la tête d'un colérique
Introduction
Cette note de synthèse explore les facettes de la colère présentées dans les extraits de l'émission "Dans la tête d'un colérique".
Le documentaire examine la nature de cette émotion souvent perçue négativement, sa gestion individuelle et collective, ses manifestations, ses fonctions insoupçonnées, et les conséquences de son refoulement ou de son expression violente.
À travers des témoignages, des analyses de spécialistes et des expériences, l'émission offre un éclairage nuancé sur une émotion complexe et puissante.
Thèmes Principaux
La perception sociale de la colère et son contrôle: La colère est largement considérée comme une émotion négative et "mal vue".
L'éducation et les règles de bienséance nous incitent à la contrôler.
La fonction intrinsèque et l'utilité de la colère: Malgré sa mauvaise réputation, les spécialistes affirment que la colère est nécessaire. Elle peut nous protéger et, de manière surprenante, augmenter considérablement nos performances physiques et cognitives.
Les manifestations et mécanismes de la colère individuelle: Le témoignage d'Eduardo illustre comment la colère peut être déclenchée par la peur (face à une agression) ou la frustration (avec ses enfants), entraînant des réactions physiques intenses ("tout ton corps qui change si ce mr bouillir... les yeux qui devient pour les rouges tout ça"). Chez un colérique, la tension monte vite et très haut, rendant difficile la prise en compte d'autres perspectives ("il est plus capable de penser... il n'ya plus que son point de vue qui compte").
La colère dans les relations proches:
Les émotions, y compris la colère, débordent davantage avec ceux qu'on aime.
L'anticipation des réactions de l'autre ("je savais que tu allais faire ça") et le système d'attachement (sécurisé ou insécure) influencent la gestion de la colère dans les relations intimes.
Un système d'attachement insécure peut amplifier les émotions négatives ("ça va alimenter active est encore plus mes émotions de tristesse de colère").
La réaction face à la colère d'autrui:
Être confronté à la colère d'un inconnu provoque souvent la "pétrification" ou la "sidération".
La colère fait peur car elle "menace potentiellement l'intégrité d'autrui", mais aussi "l'intégrité des règles de civilité". On ne sait jamais quelles sont les "limites" de la personne en colère, d'où la peur et le retrait.
Les conséquences de la colère non maîtrisée et violente:
La colère, surtout lorsqu'elle devient violente, fait souffrir non seulement les proches mais aussi les personnes colériques elles-mêmes.
Dans les cas extrêmes, elle peut empêcher de vivre et mener à des comportements autodestructeurs ou hétéro-agressifs.
Le témoignage de Mischa, une femme violente, met en lumière la honte et le caractère dévastateur de sa colère ("c'est très violent c'est c'est comme un tremblement de terre").
La gestion et la canalisation de la colère:
Refouler la colère est comparé à un "cancer" qui peut créer des "pathologies physiques".
Apprendre à réguler sa colère ne signifie pas l'éradiquer, mais trouver d'autres stratégies pour soulager la tension interne.
L'utilité fonctionnelle de la colère:Communication et positionnement:
La colère est un "outil de communication" dès l'enfance et permet, à l'âge adulte, de "mettre des limites" et de ne pas se faire "bouffer par les autres".
Performance physique: Une expérience a démontré que la colère (induite par un sentiment d'injustice) peut augmenter la force physique ("augmentent leur force physique").
La colère agit comme un "moteur", un "booster" qui "permet d'optimiser les performances" physiques car elle est associée à un niveau d'"activation" et d'"éveil" élevé.
Performance cognitive (inconsciente):
Une autre expérience suggère que l'activation inconsciente du concept de colère (par des images subliminales) peut faciliter les performances cognitives et rendre le cœur plus efficace ("économise son énergie et devient plus efficace").
Ce processus doit être inconscient pour fonctionner. Performance sociale et politique: La colère peut être utilisée consciemment pour "faire passer un message", comme le fait l'entraîneur Bernard Challandes.
La "colère sociale" est perçue comme un "moteur" essentiel pour "changer les choses" et maintenir l'engagement dans les mouvements collectifs (comme la grève du climat). Les colères collectives ont historiquement fait peur car elles sont "synonyme d'émeutes" et de "révolution", mobilisant les individus en une force collective qui peut ébranler l'ordre établi.
Le traitement de la colère:
L'approche pour gérer la colère dépend de sa nature. La psychiatrie peut être pertinente si la difficulté à contrôler la colère est constante, survient dans différents contextes et est associée à des comportements délétères, suggérant un trouble psychiatrique sous-jacent (comme une dépression).
Cependant, pour des difficultés comportementales, des approches se concentrant sur l'apprentissage de la gestion des émotions et le renforcement de l'estime de soi sont également efficaces, notamment pour les femmes violentes qui recherchent souvent de l'aide comportementale plutôt que psychiatrique.
Idées ou Faits Importants et Citations Clés
La colère, une émotion nécessaire:
"pourtant les spécialistes l'affirment nous ne pourrions pas vivre sans colère elle nous protège et vous le verrez dans cette émission elle augmente considérablement nos performances physiques et cognitives".
La montée rapide de la colère chez certains:
"[chez Eduardo] la tension monte très vite un très rapidement mais aussi très haut et qu'à ce moment là sur une émotion qui semble être de la colère il est plus capable de penser".
La colère dans les relations proches:
"les psychologues le disent les émotions déborde davantage avec ceux qu'on aime".
L'influence du système d'attachement:
Un système d'attachement insécure "va très vite interpréter les signaux que me donne l'autre comme il est en train de me laisser tomber... ça va alimenter active est encore plus mes émotions de tristesse de colère ou tout autre émotion négative".
La peur face à la colère d'autrui:
"les émotions de colère elles elles font peur parce que menace potentiellement l'intégrité d'autrui... face à la colère d'autrui surtout des personnes inconnues on est plutôt dans un état de pétrification de sidération".
Les conséquences du refoulement:
"je pense que la colère c'est comme un cancer c'est que si on la garde à l'intérieur qu'on laval caen laval caen laval... réellement je pense que oui ça rend malade sa c'est sûr ça j'en suis sûre et certaine".
La fonction de communication de la colère:
"c'est un outil de communication déjà depuis la petite la prime enfance c'est un outil qui me sera utile aussi plus tard à l'âge adulte pour me positionner dans la vie mettre des limites... Si je me mets jamais en colère je me fais bouffer par les autres".
La colère comme moteur de performance physique:
"la colère c'est une sorte de moteur un booster qui va permettre d'optimiser les performances mais certaines performances performance physique".
La colère et la performance cognitive inconsciente:
"cette activation d'une idée de la colère de penser à la colère peut influencer comment je m'applique pendant une tâche... la colère peut faciliter nos actions". "tout ça doit être inconscient".
La colère collective comme moteur du changement social: "il faut une colère sociale pour changer les choses Sinon c'est quoi le moteur". "les colères collective elles ont toujours fait extrêmement peur parce que ça a été synonyme d' émeutes synonyme de l'annoncé de révolution".
Conclusion
L'émission "Dans la tête d'un colérique" démystifie la colère en la présentant non pas uniquement comme une émotion destructive, mais aussi comme une force intrinsèque et potentiellement utile.
Si sa manifestation violente ou constante peut avoir des conséquences dévastatrices pour l'individu et ses proches, la colère, lorsqu'elle est comprise et gérée de manière appropriée, peut servir d'outil de communication, de motivation et même de catalyseur pour le changement social.
Il est crucial d'apprendre à canaliser cette énergie plutôt que de la refouler ou de la laisser déborder de manière incontrôlée.
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Note d'information : Analyse des mécanismes psychologiques du courage et de la lâcheté
Introduction
Cet extrait de l'émission "Dans la tête d'un lâche" explore les mécanismes psychologiques complexes qui sous-tendent le courage et la lâcheté, notamment en présence d'une situation d'urgence où une personne est en danger.
À travers des témoignages personnels, des expériences reproduites et des analyses d'experts en psychologie, l'émission met en lumière les facteurs qui nous poussent à agir ou, au contraire, nous paralysent face à la détresse d'autrui.
Principaux Thèmes Abordés et Idées Clés
La Sidération et le Blocage de l'Action Face à la Peur Extrême (Freezing)
Observation Clé : Le témoignage d'Aurélia dans le train et l'exemple de l'homme au quai de la Gare de Lyon illustrent une incapacité à agir malgré la conscience du danger.
Analyse Psychologique : Selon David Sander, directeur du CISA, la peur extrême peut entraîner une réaction de "freezing" ou d'immobilisation tonique.
Dans cet état, l'organisme devient moins sensible aux stimulations externes, mais les muscles restent toniques et le rythme cardiaque s'accélère. L'individu est figé, incapable de se défendre ou d'agir.
Citation Pertinente : "qu'est ce qui se passe à ce moment là c'est la peur qui entrent en jeu... la troisième réaction qu'on appelle en anglais freezing"
Le Conflit Cognitif et le Blocage de l'Action Observation Clé : Aurélia ressentait à la fois la peur d'être agressée si elle intervenait (tendance à l'évitement) et une possible émotion pro-sociale comme la compassion qui la poussait à vouloir aider.
Analyse Psychologique : Lorsque deux tendances à l'action sont d'une même intensité, cela crée un conflit cognitif maximal, source d'anxiété, qui "va surtout bloquer l'action".
Citation Pertinente : "Si jamais elle est dans cette situation dans laquelle les deux tendances à l'action sont d'une même intensité... on est dans le cas maximum du conflit cognitifs qui est anxiogène et puis qui va surtout bloquer l'action"
L'Effet Spectateur et la Diffusion de la Responsabilité
Observation Clé : L'expérience reproduite à l'arrêt de bus de Genève et l'expérience classique de Latané et Darley démontrent que la présence de nombreux témoins diminue la probabilité et la rapidité d'intervention.
Analyse Psychologique : Plus il y a de témoins, moins chaque individu se sent personnellement responsable d'agir. La responsabilité est "partagée" entre les membres du groupe.
Citations Pertinentes : "Le fait d'être plusieurs permet-il à la victime d'être plus rapidement secouru... Malgré le ton qui monte les passants plongent leur nez dans leur téléphone... Personne ne réagit." et "plus on est nombreux et moi on se sent responsable si on est cinq ou six et assister à une urgence après tout pourquoi est ce que moi je devrait intervenir si les autres n'interviennent pas"
L'Ignorance Plurielle
Observation Clé : À l'arrêt de bus, les passants regardent autour d'eux pour savoir comment réagir. Voyant que personne d'autre n'agit, ils restent passifs.
Analyse Psychologique : En situation d'incertitude, les individus cherchent des indices sur le comportement approprié en observant les autres. Si tout le monde fait de même, personne n'agit, renforçant l'idée qu'il n'y a pas lieu d'intervenir.
Citation Pertinente : "on va avoir tendance à chercher autour de nous des indications qui vont nous dire comment est ce qu'on est censé agir quel est le comportement que l'on doit suivre et donc regarder ce que font les autres... C'est ce qu'on appelle l'ignorance plurielle"
L'Incertitude Quant à la Nature de la Situation
Observation Clé : Dans l'expérience de l'arrêt de bus, les témoins ne savent pas si l'interaction est une agression, une scène de ménage, ou si la victime souhaite réellement de l'aide.
Analyse Psychologique : L'incertitude sur le danger réel de la situation pour la victime peut entraver l'intervention. Une "levée de l'incertitude" par rapport au danger rend l'intervention plus probable.
Citations Pertinentes : "immédiatement des gens dans la situation de l'arrêt de bus on sait pas vraiment quel est le lien entre la victime et son agresseur... est-ce qu'on doit intervenir ou pas est-ce que c'est notre rôle" et "l'effet spectateurs diminue voire disparaît si jamais il y a une levée de l'incertitude par rapport au danger de la situation"
L'Évaluation des Risques pour le Témoin
Observation Clé : Dans le récit d'Aurélia, elle craint d'être elle-même victime si elle intervient.
Dans l'histoire d'Igor, il évalue le risque de sauter dans le Rhône glacial.
Analyse Psychologique : La probabilité d'agir dépend de l'évaluation des risques auxquels le témoin est confronté s'il décide d'intervenir.
Citation Pertinente : "il y a le danger concours la victime mais également celui auquel le témoin doit faire face ils décident d'agir l'évaluation des risques en cas d'intervention va être un élément déterminant pour passer à l'acte ou non"
La Réduction de la Dissonance Cognitive
Observation Clé : Les participants à l'expérience de Latané et Darley qui n'ont pas agi minimisent a posteriori le danger de la situation simulée. Aurélia a "effacé" de sa mémoire l'événement dans un premier temps.
Analyse Psychologique : Si un individu agit d'une manière contraire à ses croyances ou valeurs (ex: ne pas aider quelqu'un en danger alors qu'on croit qu'il faut aider), cela crée un inconfort (dissonance cognitive).
Pour réduire cet inconfort, l'individu va souvent modifier ses opinions ou sa perception de la situation pour les aligner sur son comportement.
Citations Pertinentes : "si nous n'agissons pas lorsque la situation le requiert nous adaptons par la suite nos valeurs à notre comportement" et "le plus simple c'est toujours de remettre en question cette situation l'a essayé d'ignorer la situation considéré que c'était pas si grave"
La Culpabilité de la Non-Assistance
Observation Clé : Marie et Aurélia ressentent une forte culpabilité après ne pas être intervenues.
Analyse Psychologique : La culpabilité est une réaction fréquente chez les témoins de situations traumatisantes où ils n'ont pas pu ou su agir.
Elle peut persister pendant des années. Cependant, la culpabilité peut aussi être une forme de "pouvoir" sur une situation où l'on se sentait impuissant, en s'attribuant la responsabilité.
Citations Pertinentes : "est ce qu'on a le sens de la culpabilité à ce moment là vous êtes sentie coupable a évidemment enfin c'est certain parce que à ce moment là on se dit que peut-être la vie d'une petite fille est bousillée et qu'on a rien fait" et "le fait de pouvoir s'accuser soi-même de quelque chose ça nous permet de nous donner comme un son un peu de pouvoir sur une situation sur lequel on en avait pas"
Le Courage et la Lâcheté comme Concepts Moraux et Sociaux
Analyse Psychologique : Le courage est souvent défini par rapport à la capacité à surmonter sa peur lorsqu'il faut agir, tandis que la lâcheté est définie par le fait de trop laisser sa peur dicter ses actions.
Ces notions sont intimement liées aux valeurs morales et aux règles sociales établies par la société.
Citation Pertinente : "les notions de courage de lâcheté sont donc intimement liée à des valeurs morales du genre il est important d'aider son prochain et également un direct de sociétés plus concrètes"
Le Développement de la Notion de Courage et de Lâcheté chez l'Enfant
Observation Clé : Les enfants plus jeunes (4-6 ans) se réfèrent principalement aux règles absolues ("Il ne faut pas voler") et à leurs peurs personnelles ("J'ai peur du noir") pour juger du comportement.
Les enfants plus âgés (à partir de 7 ans) commencent à relativiser les règles en fonction des valeurs morales supérieures (sauver une vie).
Analyse Psychologique : La capacité à concilier des règles contradictoires et à agir en fonction de valeurs d'intérêt supérieur se développe avec l'âge et l'intégration des normes sociales et morales.
Citations Pertinentes : "pour les enfants en fait le courage c'est d'abord en tout cas avant qu'ils aient 7 8 ans le courage c'est d'apprendre à se contrôler soi même" et "on va traiter de courageux celui qui a été capable d'enfreindre une règle pour réaliser une règle d'intérêt supérieur"
Le Courage face à la Désobéissance aux Lois Injustes
Observation Clé : Le témoignage de Lisa Mozzini démontre un acte de "courage" qui consiste à enfreindre la loi pour défendre une valeur jugée supérieure : la dignité humaine et la nécessité de sauver des vies.
Analyse Psychologique : Dans certains cas extrêmes, le courage peut impliquer de désobéir aux règles établies si elles entrent en conflit avec des valeurs morales fondamentales.
L'évaluation du "coût" de l'action (conséquences légales) par rapport au "coût" de la lâcheté (laisser mourir des gens) devient alors centrale.
Citations Pertinentes : "Si on doit sauver quelqu'un c'est l'avis des quelconques on doit sauver... on doit voler des médicaments casser une vitrine Ouais on le fait parce qu'on peut sauver une vie" et "Je trouve que la dignité humaine c'était plus important préserver la dignité humaine que les lois"
Facteurs Favorisant l'Action Courageuse
Analyse Psychologique : L'émission suggère plusieurs pistes pour surmonter la passivité :
Reconnaître que la non-réaction de la victime ne signifie pas consentement ou absence de danger.
Se faire confiance dans son évaluation de la situation et accepter la possibilité d'avoir l'air ridicule si l'intervention n'était pas nécessaire (le coût est faible par rapport au gain potentiel).
Utiliser l'effet de groupe en s'adressant directement à d'autres témoins pour créer une chaîne de solidarité et mobiliser l'action collective.
Citations Pertinentes : "le premier c'est de se dire que la victime de l'agression même si jamais elle ne marque pas des signes évidents de défense et de peur ça ne veut pas dire que parce qu'ils ne réagissent pas ils ne sont pas en danger" et "le dernier élément c'est de faire jouer justement l'effet du groupe... de s'adresser à son voisin et pas forcément à l'agresseur"
Conclusion
L'émission met en évidence que la lâcheté n'est pas nécessairement un trait de caractère inné ou une pure malveillance, mais souvent le résultat de mécanismes psychologiques complexes et de facteurs contextuels comme la peur, l'incertitude, la diffusion de la responsabilité et l'ignorance plurielle.
Comprendre ces mécanismes peut nous aider à mieux réagir dans les situations d'urgence et à reconnaître que le courage peut être appris, notamment en se préparant (comme les professionnels du secours) et en surmontant les barrières psychologiques.
La culpabilité ressentie après une non-assistance, bien que douloureuse, peut également être un moteur pour agir différemment à l'avenir, comme le montre le parcours d'Aurélia.
Finalement, les notions de courage et de lâcheté sont intrinsèquement liées à notre système de valeurs morales et à notre capacité à concilier les règles sociales avec un sens plus élevé de la justice et de la dignité humaine.
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Briefing : Les Addictions et les Nouvelles Approaches Thérapeutiques
Ce briefing examine la nature complexe des addictions, les défis actuels dans leur traitement, et les nouvelles pistes de recherche, notamment les vaccins et les médicaments agissant sur le craving.
1. La Nature des Addictions et leur Impact :
Réalité Difficile et Omniprésente : Les addictions sont une réalité difficile à accepter. "On a beau savoir que certaines choses nous font du mal on ne peut pas s'empêcher d'y toucher."
Elles touchent une large gamme de substances et de comportements, allant des drogues illicites (cocaïne, fantanyl, amphétamines) aux substances légales (alcool, nicotine, sucre, café) et même à des activités (escalade, méditation).
Impact Global et Coût Économique :
L'alcoolisme seul touche plus de 3% des adultes mondialement et coûte cher aux systèmes de santé (plus de 9 milliards d'euros en Allemagne en 2018). Les drogues illicites, en particulier, causent des ravages dans le monde entier.
Nouvelles Substances Plus Puissantes :
De nouvelles substances toujours plus addictives et dangereuses apparaissent régulièrement.
Le fantanyl, par exemple, est un opioïde synthétique environ 100 fois plus puissant que la morphine, avec un écart infime entre la dose récréative et la dose létale.
Augmentation de la Consommation :
La consommation de drogues illicites, comme la cocaïne et l'extasie, a fortement augmenté en Allemagne et en France ces dernières années.
En France, la consommation de cocaïne a presque doublé entre 2017 et 2022, et celle d'extasie a également fortement augmenté.
Facilité d'Accès :
Le marché de la drogue est désormais accessible via les téléphones portables, rendant l'accès "à n'importe quoi n'importe quand", ce qui complique la sortie de la toxicomanie.
Concentration Accrue des Substances :
La concentration des substances a considérablement augmenté. Par exemple, le cannabis vendu en Europe contient en moyenne 22,3% de THC aujourd'hui, contre 1 à 2% il y a 30 ans.
2. Le Manque d'Options Thérapeutiques Efficaces Actuelles :
Guérison Totale Difficile : À l'heure actuelle, on considère qu'il n'y a "aucune possibilité de guérir totalement une addiction."
Taux de Rechute Élevés : Après une cure de sevrage du fantanyl, seulement 20 à 30% des patients restent durablement abstinents.
Le scénario classique est que les patients "arrêtent leur traitement de substitution puis replongent dans la drogue". Rester abstinent demande un effort quotidien et constant, comme "si on était constamment en proie à des démangeaisons".
Les Traitements Actuels ne Suffisent Pas :
Les traitements dont on dispose aujourd'hui "ne font pas le poids" face à la permanence de l'envie de céder.
3. Nouvelles Approches Thérapeutiques :
Vaccins Anti-Drogues :
Concept : Un vaccin anti-drogue, comme celui contre le fantanyl, est un "différent type de stratégie".
Il utilise un morceau de la substance chimique addictive pour induire la production d'anticorps.
Si la personne vaccinée consomme la substance, les anticorps s'y lient, l'empêchant d'atteindre le cerveau.
La substance est ensuite éliminée par les reins.
Statut : Le vaccin contre le fantanyl doit être testé en Europe fin 2025, avec des essais cliniques de phase 1 prévus le plus tôt possible, prioritairement sur des personnes souhaitant arrêter.
Objectifs : Ces vaccins sont vus comme un "moyen de prévention antirechute".
L'objectif est d'éviter les décès et les rechutes, offrant de meilleures chances de "décrocher".
Limites : Un vaccin ne guérit pas de la dépendance elle-même.
Il n'efface pas la dépendance psychologique ou le craving.
Si la substance devient inefficace, une personne pourrait chercher une autre drogue.
Autres Vaccins en Développement : Des vaccins contre la méthamphétamine, la cocaïne et la nicotine sont en développement, mais à un stade précoce.
Médicaments Anti-Craving (Agonistes du GLP-1) :Concept : Le sémaglutide (présent dans l'Ozempic et le Wegovy), initialement utilisé pour traiter l'obésité, imite l'action du GLP-1, une hormone qui induit la sensation de satiété. En réduisant le désir de nourriture, il agit comme un "médicament antiraving".
Mécanisme : Il agit sur le cerveau en faisant disparaître le désir ("craving") de la substance addictive, contrairement aux vaccins qui agissent en empêchant la substance d'atteindre le cerveau.
Potentiel pour Autres Addictions : Des parallèles existent entre l'addiction à la nourriture et aux drogues, ce qui suggère que le sémaglutide pourrait être efficace contre d'autres addictions, comme celles à l'alcool ou à la nicotine.
Des études sont en cours, et les rapports préliminaires sont positifs.
Différence avec les Médicaments Anti-Craving Existants : Des médicaments anti-craving comme le nalméphène ou le baclofène existent déjà, mais leur efficacité varie considérablement d'un patient à l'autre. Le sémaglutide semble potentiellement plus efficace en agissant directement sur le désir.
Thérapie Génique :
Concept : L'introduction du facteur GDNF, une neuroprotéine régulant les émotions, pourrait réduire la tendance à consommer des substances addictives. Chez les alcoolodépendants, le taux de GDNF est plus bas.
Étude sur les Singes : Une étude sur des singes rhésus accoutumés à l'alcool a montré qu'augmenter leur facteur GDNF par thérapie génique réduisait leur consommation d'environ 60%.
Potentiel et Limites : Cette approche est prometteuse, mais le passage de l'expérimentation animale à un traitement humain est un "grand pas".
4. Comprendre la Dépendance :
Définition Clinique : La dépendance est définie par six critères médicaux : envie irrépressible, perte de contrôle, symptômes physiques de manque, augmentation de la dose, perte d'intérêt pour d'autres activités, et poursuite du comportement malgré les conséquences.
La présence de trois de ces symptômes en moins d'un an indique une dépendance.
La définition la plus pertinente est "quand la drogue devient l'élément qui détermine votre vie".
Maladie, Pas Vice de Caractère : L'addiction est reconnue comme une maladie depuis le 19ème siècle, remplaçant l'ancienne vision méprisante du "vice de caractère".
Pirater le Circuit de la Récompense : Les drogues "piratent" le circuit cérébral de la récompense, essentiel à notre survie (besoins fondamentaux comme la nourriture et le sexe). Les drogues augmentent le niveau de dopamine dans ce circuit bien plus que les renforçateurs primaires (jusqu'à 1000 fois plus).
Facteurs de Vulnérabilité : La dépendance est influencée par une combinaison de facteurs :
Génétique : La génétique compte pour "40 à 60 %" de la prédisposition. Des variations génétiques jouent un rôle, mais identifier les gènes spécifiques est complexe ("chercher une aiguille dans une botte de foin").
Environnement : L'éducation, les liens sociaux, les expériences de vie (traumatismes) jouent un rôle crucial.
Épigénétique : La "passerelle sociologique" entre l'ADN et l'environnement, qui pilote l'activation des gènes.
Facteurs Psychologiques : Troubles de l'attention (impulsivité), dépression, sentiment d'infériorité augmentent le risque.
Facteurs Sociaux : La solitude, le harcèlement, le manque de perspectives peuvent pousser les gens à se tourner vers la drogue pour "se trouver une raison d'être" ou "échapper au quotidien".
5. Perspectives et Défis :
Les Vaccins, un Espoir, Pas une Panacée : Les vaccins comme celui contre le fantanyl représentent un espoir pour éviter les décès et les rechutes, mais ne résolvent pas les problèmes existentiels sous-jacents qui poussent à la consommation.
Le Coût de la Recherche et de la Production : Développer ces vaccins coûte cher, mais les "ravages causés par le fantanyl ont un coût bien plus élevé".
Le Droit à s'Enivrer vs la Protection de la Communauté : La recherche de plaisir et "le droit à s'enivrer" font partie de la culture humaine, mais doivent avoir des limites légales pour la "protection du bien commun".
Une Société Moins Propice aux Addictions : Il est possible d'imaginer une société où les addictions seraient moins fréquentes en s'attaquant aux facteurs sociaux favorisant la toxicomanie (solitude, harcèlement, manque de perspectives) et en "prenant plus soin les uns des autres".
L'Addiction n'est Pas Inéluctable : Bien que la génétique joue un rôle, les facteurs environnementaux sont déterminants, ce qui signifie que la dépendance n'est pas une fatalité.
Un Monde Sans Addiction Reste de la Science-Fiction : Un monde totalement sans addiction semble irréaliste, mais de nouvelles méthodes offrent l'espoir d'aider les personnes dépendantes à se libérer.
En conclusion, bien qu'il n'existe pas de solution unique pour "désactiver" les addictions, la recherche explore activement de nouvelles voies thérapeutiques prometteuses, comme les vaccins et les médicaments anti-craving.
Cependant, il est crucial de reconnaître la complexité des addictions, influencées par des facteurs génétiques, environnementaux et sociaux, et de s'attaquer aux causes profondes pour réduire leur prévalence.
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Note de Synthèse : Le Mouvement pour une Adolescence Sans Portable en Espagne et en Europe
Date : 26 mai 2024 Sujet : Examen des enjeux liés à l'utilisation des smartphones par les adolescents et le mouvement croissant pour restreindre leur accès, basé sur le documentaire "Smartphone interdit ! | ARTE Regards".
Introduction :
Ce briefing examine le mouvement grandissant, né en Espagne, qui milite pour une adolescence sans portable.
Le mouvement répond aux préoccupations croissantes concernant l'impact des smartphones et des écrans sur la santé physique et mentale des jeunes, leur développement cognitif et leur bien-être social.
Il met en lumière les actions des parents, des professionnels de la santé et des chercheurs pour sensibiliser le public et influencer les politiques.
Thèmes Principaux :
Prévalence et Dépendance aux Smartphones chez les Adolescents Espagnols :
Le documentaire souligne la très haute prévalence des smartphones chez les jeunes en Espagne : "en Espagne 88 % des enfants de 13 ans ont déjà un portable".
L'utilisation intensive est décrite comme une véritable addiction, avec des enfants passant "plus de 3 heur sur les écrans chaque jour près de 5h le weekend".
Lucia, une jeune femme ayant commencé les consultations à 16 ans pour des problèmes d'insomnie et d'anxiété liés aux écrans, témoigne : "chaque fois que je suis un peu mal il faut que je passe des heures sur mon portable pour laisser mon cerveau de côté et ne pas penser à ce qui m'angoisse et c'est tellement facile plus facile que d'appeler ou de sortir voir des gens alors que c'est ça qui me ferait du bien".
Selon certaines études mentionnées, "l'addiction aux écrans serait comparable à l'addiction à la cocaïne".
Origines et Expansion du Mouvement Parental :
Le mouvement a débuté à Barcelone, dans le quartier de Poblenou, initié par Elisabeth en septembre 2023.
Elle a commencé par un simple groupe WhatsApp appelé "Poblenou adolescence libre de portable" avec quelques parents, mais a rapidement vu le groupe s'étendre à des milliers.
Le mouvement s'est rapidement étendu à toute l'Espagne et réunit aujourd'hui "plus de 30000 familles dans toute l'Espagne".
L'objectif initial était de "baisser la pression sociale" sur les enfants en créant un réseau de parents solidaires. Préoccupations Parentales et Familiales :
Les parents sont de plus en plus inquiets de l'impact des smartphones sur leurs enfants. La mère de Mar exprime sa frustration : "au grand désespoir des enfants de plus en plus de parents espagnols s'engagent aujourd'hui dans un mouvement pour une adolescence sans portable".
Les parents tentent de mettre en place des règles strictes à la maison, comme pas d'écrans dans les chambres et l'utilisation de l'ordinateur dans le salon, visible de tous.
Ils reconnaissent également leur propre dépendance pour être "cohérent avec notre enfant avec nous-même on se rend compte que ben il il est trop présent".
Les enfants expriment leur frustration face à l'interdiction ou au retardement de l'achat d'un portable, se sentant "exclu" des conversations de groupe.
Mar dit : "tout le monde là et c'est comme si j'étais exclu parce qu'il y a un chat avec toute la classe et je ne peux pas voir tout ce qu'ils se disent entre eux dans ton groupe".
Les parents ayant retiré le smartphone à leurs enfants témoignent d'un changement positif, disant qu'ils ont "récupéré leur fils il s'est remis à jouer avec ses frères et sœurs".
Arguments Scientifiques et Médicaux Contre l'Usage Précoce des Smartphones :
Des professionnels de la santé, notamment des pédiatres et des chercheurs en neuroscience, soutiennent activement le mouvement. Le Dr Maria Salmeron, pédiatre spécialisée en adolescence, a été une des premières à alerter sur les dangers, même si elle était initialement considérée comme une "extrémiste".
Marina Fernandez, présidente de l'association en Catalogne, travaille dans la santé et observe une "aggravait lorsque les écran était là dans le développement psychomoteur dans le langage en compéten social et en compétence émotionnelle".
Les recherches montrent un impact négatif sur le développement du cerveau, en particulier sur le cortex préfrontal, zone vulnérable aux "interférences" comme celles causées par les écrans.
Les expériences d'électroencéphalographie montrent que l'activité cérébrale lors du défilement sur un smartphone est "plus plate plus homogène", plaçant le cerveau en "standby", une situation de "léthargie" où la motivation et l'attention ne sont pas aiguisées. Cela contraste avec la lecture ou les jeux stratégiques qui activent des zones du cerveau importantes pour le langage, la mémoire et la résolution de problèmes.
Les dangers ne se limitent pas à la dépendance : le cyberharcèlement et l'accès à des contenus inappropriés ("mon fils à 8 ans est entré dans une maison close virtuelle") sont des préoccupations majeures. Actions Politiques et Recommandations :
Le mouvement vise à influencer les décisions politiques aux niveaux local, régional et national.
Des initiatives concrètes sont proposées, comme la mise en place d'autocollants dans les commerces pour permettre aux enfants sans portable d'appeler en cas de besoin.
La mobilisation a déjà eu un impact significatif en Espagne : "en décembre 2023 face au mouvement des parents le gouvernement a interdit les portables en classe et dans la cour de récréation en primaire et au collège".
L'Association Espagnole des Pédiatres a émis de nouvelles recommandations strictes : "avant 6 ans zéro écran", "de 2 à 16 ans moins de 2 heures d'écran comptant le temps scolaire", "mettre un contrôle parental", "privilégier les téléphones sans accès à internet et retarder l'achat du premier smartphone le plus tard c'est le mieux et si c'est 18 ans c'est mieux que 16 ans et 23 ans ce serait mieux que 18 ans".
Ces recommandations sont considérées comme "les plus strictes au monde".
L'appel est lancé pour une régulation plus large au niveau des entreprises technologiques et des gouvernements nationaux et internationaux, arguant que la bataille ne peut pas être seulement locale. Le Dr Salmeron dit : "je pense qu'il faut demander aux entreprises technologiques qu'elles soient éthiques parce que quand tu as des intérêts économiques tu ne peux pas prendre des décisions qui affectent la santé publique".
Dimension Européenne et Résistance à la Numérisation : Le mouvement espagnol cherche à s'étendre à d'autres pays européens, organisant des réunions internationales avec des associations de parents, professeurs et professionnels d'autres nations.
Il est noté que la lutte contre la numérisation va à l'encontre des "projets lancés par l'Europe" qui poussent à investir dans la numérisation de l'éducation.
L'idée d'influencer les représentants européens est considérée comme une stratégie potentielle.
Il est fait référence aux pays scandinaves qui, après avoir été précurseurs dans la digitalisation, "sont en train de faire machine arrière parce qu'ils ont réalisé à quel point c'était mauvais".
Certains gouvernements commencent à réagir : "la France devrait interdire totalement les portables dans les écoles et les collèges dès la rentrée 2025".
Les Défis et la Détermination du Mouvement :
Le mouvement fait face à la résistance de certains parents, au sentiment de "criminalisation" des écrans et à la difficulté d'accompagner les jeunes dans un monde numérique. Il reconnaît également le pouvoir des lobbies technologiques, décrits comme ayant les "plus grands lobby de la planète avec les plus grands porte-monnai" qui "bombarde d'info disant 'Le numérique c'est super c'est le futur nous devons tout digitaliser jusqu'à la maternelle'".
Malgré les difficultés, la détermination reste forte. Luna affirme : "clairement on ne peut pas convaincre tout le monde et on ne prétend pas y arriver mais on veut que l'information soit accessible à plus de gens".
L'objectif est de protéger non pas un seul enfant, mais "tout le groupe" car "il sort dans la maison de ses copains il va au collège il y a des smartphones dans la cour de récré il y a internet dans les classes et donc les enfants voient plein de choses ça ne sert à rien de protéger un seul enfant il faut protéger tout le groupe".
La conviction est que la "raison est de notre côté" et que le succès est "simplement une question de temps" car "les institutions les familles les experts voient bien ce qu'il se passe les chiffres sont sur la table".
Faits et Idées Clés :
88% des enfants de 13 ans en Espagne ont un portable. Les enfants passent en moyenne plus de 3 heures par jour sur les écrans, jusqu'à 5 heures le weekend.
Un mouvement parental né à Barcelone en septembre 2023 compte plus de 30 000 familles en Espagne.
Les professionnels de la santé soutiennent le mouvement, mettant en garde contre les impacts négatifs sur le développement cognitif (cortex préfrontal), la santé mentale (anxiété, insomnie, insécurité corporelle) et le bien-être social.
L'activité cérébrale lors de l'utilisation d'un smartphone est décrite comme "plate" et "homogène", mettant le cerveau en "léthargie".
Les nouvelles recommandations de l'Association Espagnole des Pédiatres sont les plus strictes au monde : zéro écran avant 6 ans, moins de 2 heures jusqu'à 16 ans (temps scolaire inclus), retarder l'achat du premier smartphone.
Le gouvernement espagnol a interdit les portables en classe et dans la cour de récréation en primaire et au collège en décembre 2023.
Le mouvement cherche à s'étendre au niveau européen pour contrer la pression à la numérisation et influencer les politiques internationales.
Les défis incluent la résistance de certains parents, le manque de soutien de tous les groupes politiques et le pouvoir des lobbies technologiques.
La détermination du mouvement repose sur la conviction que les faits scientifiques et les observations pratiques soutiennent leur cause.
Conclusion :
Le documentaire "Smartphone interdit ! | ARTE Regards" dresse le portrait d'un mouvement parental dynamique et de plus en plus influent en Espagne, soucieux de protéger l'adolescence de l'impact potentiellement néfaste des smartphones.
Soutenu par des professionnels de la santé et des chercheurs, le mouvement a déjà obtenu des victoires politiques importantes en Espagne et cherche désormais à étendre sa portée au niveau européen pour contrecarrer les tendances à la numérisation et exiger une régulation plus éthique de l'industrie technologique.
La bataille est loin d'être terminée, mais la conviction est forte que le temps et les preuves scientifiques sont de leur côté.
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Note de Synthèse : Audition de MM. Serge Abitbol et Tancrède Dewe par la Commission d'Enquête sur TikTok
Contexte de l'Audition : L'audition a pour objectif d'éclairer la commission d'enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. Les intervenants sont les co-auteurs du livre "Le temps des algorithmes".
Présentation des Intervenants :
- Serge Abitbol : Sans compte TikTok, ayant présidé une commission sur les réseaux sociaux ("mission Facebook") en 2019 (rapport préfigurant certains aspects du DSA), co-auteur de "Nous sommes les réseaux sociaux" (2022). Déclare n'avoir aucun intérêt public ou privé de nature à influencer ses déclarations.
- Tancrède Dewe : Sans compte TikTok ni Facebook, ayant un site web personnel qu'il administre. Déclare n'avoir aucune action TikTok. Met en question la formulation restreinte de la question de la commission, suggérant qu'il s'agit plus largement des effets des plateformes de diffusion de vidéos et du "web symétrique" ou "web 2.0".
- Principaux Thèmes et Idées Clés :
- Nature et Algorithmes de TikTok :
- TikTok est basé sur le partage de vidéos courtes, de plus en plus utilisées pour l'information et comme moteur de recherche, particulièrement par les jeunes.
- TikTok utilise principalement des algorithmes de recommandation (pour proposer du contenu aux utilisateurs) et de modération (pour bloquer certains contenus). Il existe aussi des algorithmes pour la publicité.
- L'algorithme de recommandation de TikTok est réputé pour son efficacité à cerner les goûts des utilisateurs en analysant leur comportement (visionnage, likes, recherches, etc.). Cette compétence est vue comme un avantage stratégique majeur pour l'entreprise.
- TikTok dans le Paysage Numérique et Géopolitique :
- TikTok est un réseau social globalement classique qui imite les modèles américains (Facebook, Instagram).
- Sa principale particularité est de ne pas être américain, ce qui le place au centre d'un conflit commercial (avec les plateformes US) et géopolitique.
- Pour les États-Unis, TikTok représente la perte d'un monopole critique dans le secteur des réseaux sociaux.
- Pour les Européens, la question est le contrôle des données personnelles par un pays (Chine) potentiellement non ami, d'autant plus que les lois chinoises (comme le Cloud Act américain) permettent l'accès du gouvernement à ces données.
- Il est souligné que les données européennes des réseaux sociaux américains (Meta, Google) sont également accessibles par le gouvernement américain via le Cloud Act.
- Citation (Serge Abitbol) : "pour les Européens la question c'est de voir toutes ces masses de données personnelles dans un réseau social on met plein de données personnelles... sous le contrôle d'un pays qui n'est pas forcément amis".
- D'un point de vue européen, avoir des alternatives aux réseaux américains pourrait ne pas être une mauvaise chose pour la souveraineté numérique, bien que les réseaux sociaux ne soient pas considérés comme aussi stratégiques que les OS, le cloud ou l'IA.
- Le marché chinois est également très fermé aux entreprises américaines (Google, Facebook).
- TikTok et les Jeunes :
- TikTok est le réseau social le plus populaire chez les enfants et jeunes adolescents.
- Il est devenu un moyen d'information prioritaire et un moteur de recherche pour cette tranche d'âge.
- Sa popularité auprès des enfants confère une "énorme responsabilité" à la plateforme, car elle influence leur formation identitaire et leur caractère.
- Il existe des "effets négatifs qu'on mesure mal" sur la psychologie des jeunes, nécessitant des études plus poussées. Les intervenants ne sont pas spécialistes de ces effets mais soulignent la nécessité d'auditionner des psychologues et psychiatres.
- Les plateformes sociales ne sont pas naturellement enclines à révéler leurs problèmes internes (référence à l'affaire Frances Haugen / Facebook Files).
- Fonctionnement des Algorithmes de Recommandation et Conséquences :
- Les algorithmes de recommandation sélectionnent les contenus présentés à l'utilisateur parmi des millions, jouant un rôle éditorial crucial.
- Ces algorithmes visent à plaire à l'utilisateur pour le fidéliser et monétiser son attention. Ils privilégient les informations récentes, liées au cercle d'amis, générant des réactions, ou intéressant l'utilisateur.
- Les critères exacts sont un "secret industriel" et sont "extrêmement instables", pouvant changer fréquemment.
- Bien que les biais soient initialement "à votre bénéfice", ils finissent par devenir des "choix éditoriaux commerciaux voire politiques de la plateforme".
- Conséquence majeure : L'effet de bulle, qui enferme l'utilisateur dans ses préférences et limite l'ouverture à d'autres perspectives.
- Problème de perception : Contrairement à la consommation d'un journal politique dont on sait qu'il est biaisé, l'utilisateur a l'impression que le contenu présenté par un réseau social est "universel", alors qu'il est fortement personnalisé et biaisé selon ses propres goûts et comportements sur la plateforme.
- Exemple : Une légère curiosité pour la théorie de la Terre plate peut entraîner une inondation de vidéos platistes, renforçant l'erreur sans que l'utilisateur en ait conscience.
- Le "Web Symétrique" ou "Web 2.0" et ses Implications :
- Le "web symétrique" (incluant réseaux sociaux, microblogage, plateformes vidéo) a aboli la dissymétrie émetteur/récepteur du "web 1.0". Auparavant, seuls les "savants ou puissants" (politiques, enseignants, clergé) pouvaient s'adresser à une foule. Désormais, "tout le monde peut parler et tout le monde peut entendre ce que tout le monde dit, et de plus, n'importe quand".
- Ce changement radical a des conséquences majeures :
- Partage de connaissance sans précédent : Exemple de Wikipédia, 100 fois plus grande que les encyclopédies traditionnelles.
- Bouleversement des institutions politiques : Difficulté de concevoir une démocratie représentative dans un monde où chacun peut s'exprimer directement. Le rôle du représentant politique est transformé.
- Effets secondaires négatifs / Appels à une réflexion éthique et à un contrôle :Changement de statut de l'injure : L'injure ou l'accusation sans preuve n'est plus limitée à un cercle restreint (ex: un bar) mais peut atteindre le monde entier. Certains théorisent l'inutilité de l'action judiciaire, la sanction venant du "peuple".
- Absence de contrôle des messages passés : Une fois un contenu publié (ex: une vidéo d'adolescence), il est presque impossible de le supprimer définitivement car il peut être copié et rediffusé (exemple de la vidéo sur le Nutella).
- Risque de logorrhée : La facilité de publication encourage la production massive de contenu, souvent de faible qualité (comparaison avec Racine).
- Tendance à parler de soi : Quand on n'a rien d'autre à dire, la facilité est de raconter sa propre vie, ce qui est souvent inintéressant. Cela reflète un mode d'expression centré sur la première personne.
- Risque de captation de données personnelles : Contrairement au premier web (géré par le W3C), le web symétrique est géré par des entreprises privées dont le modèle économique repose sur l'exploitation des données personnelles.
- Les utilisateurs partagent de nombreuses données sans s'en rendre compte (nom, comportement, localisation, connexions, etc.).
- Même des informations apparemment anecdotiques (redoubler sa terminale, avoir des angines à répétition, visiter un lieu religieux, lire un auteur spécifique) sont statistiquement très informatives et peuvent révéler la position politique, les croyances, la sexualité, etc., avec une très forte probabilité, surtout en les croisant.
- Citation (Serge Abitbol) : "des études... montrent qu'avec une énorme probabilité mais pratiquement 100 % on arrive à des gens qui sont très actifs on arrive à détecter leur position politique leurs croyances religieuses leur sexualité et cetera on on arrive à des choses très très fines en croisant toutes les informations".
- Ces données sont très utiles et achetées par les employeurs, vendeurs, églises, partis politiques, etc.
- Alternative possible : Un modèle payant (quelques euros par mois) pourrait générer le même profit sans revendre les données personnelles.
- Manipulation Politique et Contrôle de Contenu :
- TikTok a dans le passé bloqué des contenus désapprouvés par les autorités chinoises (ex: soutien aux Ouïghours), bien qu'ils aient fait marche arrière sous la pression. Il est probable qu'ils limitent au minimum la propagation de tels contenus, ce qui est une forme d'éditorialisation.
- ByteDance (maison mère de TikTok) a développé en Chine un système de notation sociale, non proposé en Europe/US car interdit (ex: par l'AI Act), mais qui montre la nature de l'entreprise.
- Distinction des Termes : Algorithme, Machine, Humain :
- Il est important de distinguer "algorithme" (méthode de calcul, suite finie de règles) de "machine" ou "ordinateur". Les algorithmes sont conçus par des humains et existent depuis longtemps. Les ordinateurs exécutent ces algorithmes.
- La confusion entre algorithme et machine peut donner l'impression fausse que les machines sont totalement autonomes.
- Les humains interviennent dans les algorithmes : en les programmant, en les modifiant (ils sont instables et mis à jour en permanence), et parfois en validant les décisions (ex: fermeture de compte).
- Citation (M. Dewe) : "Je comprends pas du tout cette opposition je comprends pas du tout cette opposition entre humain d'un côté et algorithme de l'autre s'il y a humain d'un côté ce qu'il y a de l'autre côté c'est machine c'est ordinateur".
- Cependant, face à l'énorme volume de contenu (ex: million de vidéos par jour sur TikTok), il est impossible de se passer des ordinateurs pour des tâches comme la modération.
- Régulation et DSA :
- Les intervenants saluent l'existence du Digital Services Act (DSA) comme une étape positive.
- Préoccupation majeure : L'application et le contrôle du DSA. Il est douté que la Commission européenne seule à Bruxelles puisse y parvenir efficacement.
- Recommandation : Une intervention plus directe des États membres est nécessaire, en particulier des "pays de destination" où les effets sont le plus ressentis, plutôt que de concentrer la responsabilité sur l'"état d'origine" (souvent l'Irlande).
- La régulation doit se concentrer sur l'obligation pour les plateformes d'avoir des "comportements responsables". Le DSA est une première étape.
- Alternatives au Modèle Actuel des Réseaux Sociaux :
- Il est erroné de croire que le modèle dominant (Facebook, Instagram, TikTok) est la seule façon d'avoir des réseaux sociaux.
- Ce modèle impose un silo où l'utilisateur est passif, n'a aucun choix sur la modération ou la recommandation, et est traité comme une "marchandise".
- Idée d'amélioration : Redonner aux utilisateurs le contrôle de leur destin, leur permettre d'avoir des choix en matière de modération et de recommandation.
- Problème de concentration et d'interopérabilité : Le modèle actuel crée d'énormes concentrations de pouvoir et empêche l'interopérabilité (on doit être sur la même plateforme pour communiquer).
- Solutions techniques existantes : Des technologies comme ActivityPub permettent l'échange d'informations entre réseaux sociaux. Le législateur pourrait encourager leur adoption.
- Méthodologie des Études sur les Effets Psychologiques :
- L'adjectif "addictif" doit être employé avec rigueur, sur la base de travaux scientifiques solides.
- Il faut se méfier des "études pseudoscientifiques" ou "fake news" qui présentent des biais idéologiques et peuvent être méthodologiquement erronées (exemple de l'étude retirée liant écrans et autisme). Il faut se concentrer sur des études qui démontrent réellement les difficultés psychologiques.
- Conclusion Provisoire : L'audition met en lumière la complexité de TikTok en tant que plateforme numérique au carrefour d'enjeux technologiques (algorithmes sophistiqués et instables), sociaux (popularité chez les jeunes, effets potentiels sur la psychologie et l'identité), économiques (modèle basé sur la captation de données) et géopolitiques (conflit US/Chine, souveraineté européenne). Les intervenants soulignent la nécessité d'une régulation efficace, bien que complexe à mettre en œuvre, et appellent à une réflexion sur des modèles de réseaux sociaux alternatifs, plus respectueux des utilisateurs et moins concentrés. Ils mettent également en garde contre l'emploi imprécis des termes techniques et la nécessité d'études scientifiques rigoureuses pour évaluer les effets psychologiques. La part humaine dans la conception et la modification des algorithmes est réaffirmée face à la perception d'une autonomie totale des machines.
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NOTE DE SYNTHÈSE : AUDITION DE LA DACG SUR LA POLITIQUE PÉNALE FACE AUX VIOLENCES SCOLAIRES
Date :2025
Source : Extraits de "🔴 Quelle politique pénale face aux violences scolaires ?
Suivez l’audition de la DACG" Participants à l'audition (côté Ministère de la Justice) : Directrice adjointe des affaires criminelles et des grâces, accompagnée de Mme Anne Mao Mercier, adjointe à la chef du bureau de la politique pénale générale.
Sujet : Examen de la politique pénale face aux violences commises par des adultes sur des élèves en milieu scolaire.
1. Introduction et Cadre Général
- L'audition porte sur un sujet d'une importance capitale pour le Ministère de la Justice : la lutte contre les violences commises sur les mineurs, en particulier en milieu scolaire.
L'école est présentée comme un "sanctuaire" où de telles violences sont "inacceptables". Le Ministère de la Justice est fermement engagé dans ce combat, qui constitue une "priorité de politique pénale du gouvernement". Cette priorité est régulièrement rappelée dans les circulaires et dépêches adressées aux procureurs.
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Citation clé : "l'école doit être un sanctuaire où on doit effectivement et bien euh développer la personnalité de de nos de nos jeunes jeunes enfants il est inacceptable effectivement que de telles violences puissent y être commises certains faits dramatiques nous obligent tout particulièrement"
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Une circulaire importante du 28 mars 2023 est citée comme une circulaire cadre visant à élever la lutte contre les violences sur mineurs à un niveau d'engagement similaire à celui mis en œuvre pour les violences intrafamiliales (suite au Grenelle).
Elle couvre l'ensemble du traitement des violences contre les mineurs, incluant les politiques de juridiction, les politiques partenariales et la politique pénale de fond.
Toutes les violences sur mineurs sont concernées, avec une attention particulière pour celles commises en établissements scolaires.
2. Renforcement de l'Arsenal Juridique
Le Ministère de la Justice, via la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG), contribue activement à l'évolution normative en matière de lutte contre les violences sur mineurs.
L'arsenal juridique est décrit comme "riche", bien que toujours susceptible d'amélioration.
- Exemples d'enrichissements récents :Aggravation de la répression des violences sexuelles : Concerne toutes les victimes, mais particulièrement celles en milieu ou aux abords des établissements scolaires.
- Loi du 21 avril 2021 : A supprimé la notion de consentement pour les relations sexuelles entre majeur et mineur.
- Allongement de la durée de prescription : Travail législatif mené sur 35 ans pour favoriser la révélation des faits, même des années après. Le point de départ de la prescription a été retardé à la majorité et le délai considérablement allongé (jusqu'à 30 ans pour les crimes sexuels, 20 ans pour les agressions et atteintes sexuelles). La loi de 2021 a introduit la "prescription glissante".
- Loi du 14 avril 2016 : Création d'un cadre plus étoffé (articles 11-2 et 706-47-4 du code de procédure pénale) pour régir la transmission d'informations entre l'autorité judiciaire et les administrations, en particulier l'Éducation Nationale. Ce dispositif d'information peut être facultatif ou obligatoire.
3. Élaboration et Animation des Politiques Pénales
La DACG est également en charge du développement et de l'animation des politiques pénales sur le sujet. De nombreuses circulaires et dépêches ont été diffusées pour guider l'action des procureurs.
- Objectifs des circulaires :Favoriser la révélation des faits et la transmission des plaintes/dénonciations à l'autorité judiciaire.
- Améliorer l'efficacité des enquêtes.
- Garantir l'information, l'accompagnement et la protection des victimes tout au long du parcours judiciaire.
- Donner des instructions claires sur les réponses pénales à apporter pour prévenir le renouvellement des faits et protéger les victimes.
4. Renforcement des Partenariats, en Particulier avec l'Éducation Nationale
Un axe fort de la politique pénale est le renforcement des partenariats entre l'autorité judiciaire et l'Éducation Nationale. L'article 40 du Code de procédure pénale, qui impose aux fonctionnaires de signaler tout crime ou délit dont ils ont connaissance, est un élément clé de ce partenariat.
- Modalités du partenariat :Conventions : Conclusion de conventions entre les parquets et les établissements scolaires (publics, privés sous contrat). Une dépêche du 8 octobre 2021, faisant suite aux travaux de la CIASE, a invité les parquets à conclure des conventions avec les diocèses (avec un taux de signature de plus de 84% en octobre 2024). Une autre dépêche du 5 septembre 2023 (relative aux infractions en milieu scolaire) a invité à conclure des partenariats avec l'Éducation Nationale/établissements scolaires pour établir des circuits de signalement et des modalités d'échange (plus de 73% de conventions conclues en 2023, estimé à plus de 90% aujourd'hui).
- Échanges et contacts directs : Notamment entre les référents éducation nationale (dans les parquets) et les référents justice (dans les académies). Cette pratique ancienne a été généralisée suite à une circulaire du 11 mars 2015. Les référents sont des points de contact essentiels pour faciliter l'obtention d'informations.
- Bonnes pratiques : Attention portée aux réunions annuelles organisées par certains parquets avec les chefs d'établissement et leurs équipes. Ces rencontres permettent d'échanger sur les difficultés, de faire le point sur les circuits mis en place et d'améliorer les pratiques. La DACG souhaiterait généraliser ces réunions, bien qu'elles ne se tiennent pas dans tous les ressorts en raison de la charge de travail.
5. Qualité du Traitement des Faits Dénoncés
Au-delà de la transmission des signalements, la DACG met l'accent sur la qualité du traitement des faits dénoncés.
- Gestion des faits prescrits : Malgré l'allongement des délais de prescription, de nombreuses plaintes portent sur des faits prescrits. Une dépêche du 26 février 2021 invite les procureurs à ouvrir systématiquement des enquêtes même si les faits semblent prescrits.
- Objectifs de l'ouverture systématique d'enquêtes sur faits prescrits :S'assurer que les faits sont bien prescrits après étude approfondie.
- Identifier d'autres victimes potentielles pour lesquelles les faits ne seraient pas prescrits.
- Lutter contre le sentiment d'impunité.
- Permettre à la victime d'être entendue et à l'auteur (même s'il ne peut être poursuivi) d'être entendu, ce qui peut être important pour la victime.
- Effectuer des investigations pour s'assurer qu'il n'y a pas d'autres risques de commission d'faits sur d'autres personnes.
- Délai de traitement et prise en charge des victimes : La DACG est attentive au délai de traitement dans les services d'enquête, à la qualité de l'accueil et de l'audition des victimes, ainsi qu'à la prise en charge pluridisciplinaire.
- Traitement rapide des procédures : Idée de traiter rapidement les procédures à réception dans les juridictions, notamment dans le cadre de "filières de l'urgence", pour permettre des poursuites rapides (ex: comparution immédiate) et la mise en œuvre de mesures de sûreté (contrôle judiciaire, détention provisoire). L'action contre l'auteur est aussi une mesure de protection pour le mineur.
- Classement sans suite : Le classement sans suite reste possible. La circulaire de mars 2023 insiste sur l'importance d'un examen attentif de la procédure avant classement et de la notification du classement aux victimes avec explication des motifs.
6. Réponses Pénales et Suivi
Les réponses pénales doivent être "rapides" et "fermes quand c'est nécessaire", en fonction de la nature des faits, de la gravité du préjudice et des antécédents de la personne mise en cause.
- Peines spécifiques : Insistance sur certaines peines, comme l'interdiction d'exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec des mineurs (pouvant être obligatoire dans certains cas).
- Inscription au FIGES : Essentielle pour le contrôle d'honorabilité des personnes recrutées par l'Éducation Nationale.
- Retour d'information : Nécessité de veiller au retour d'informations à l'Éducation Nationale et à ceux ayant transmis les plaintes/dénonciations au parquet.
7. Points de Discussion et Questions des Rapporteurs/Députés
Plusieurs points spécifiques ont été abordés lors de l'échange :
- Transmission de l'information à l'Éducation Nationale au moment du signalement : La loi de 2016 trouve un équilibre entre nécessité d'informer et présomption d'innocence/enquête. La transmission d'information intervient au moment de l'engagement des poursuites ou de la condamnation, pas nécessairement immédiatement au stade de l'enquête. Des échanges informels entre référents sont possibles mais pas systématiques. Le délai de transmission varie selon la complexité, le risque de réitération et la nécessité de protéger immédiatement la victime.
- Protection de l'enfant en urgence : La préoccupation est essentielle pour les procureurs. En cas de danger, une saisine du conseil départemental (aide sociale à l'enfance) est possible pour envisager un placement. La diligence de l'enquête et le recours à des procédures rapides (filières d'urgence, comparution immédiate) permettent d'envisager la mise en place de mesures de sûreté pour protéger les victimes.
- Uniformisation des référents : Présence de référents justice dans tous les parquets, mais la connaissance de leur existence dans toutes les académies n'est pas assurée.
- Partage d'information : Le niveau de gravité/certitude pour le partage d'information n'est pas nécessairement uniformisé, bien que les textes (loi de 2016) fixent des critères obligatoires qui sont censés s'appliquer uniformément. L'article 11-2 laisse une souplesse (transmission facultative), mais les circulaires sensibilisent les procureurs à la nécessité de partager l'information dans le cadre des relations partenariales.
- Réunions annuelles : Considérées comme une bonne pratique à généraliser (1er et 2nd degré, tous établissements). Elles ne se tiennent pas partout, mais les échanges existent (conventions, référents). La DACG n'a pas de vision consolidée de leur mise en place systématique ni des établissements invités (publics/privés). L'organisation est laissée à la main des parquets, avec des directives par circulaire. Des outils numériques sont en développement pour aider les magistrats et faciliter les échanges d'information, notamment pour ne pas "louper certaines obligations" de transmission.
- Information du parquet sur les mesures disciplinaires/conservatoires de l'employeur : L'article 40 impose le signalement des crimes/délits, ce qui peut parfois inclure des informations sur les mesures disciplinaires. Cette information n'est pas toujours complète au départ mais peut être transmise ultérieurement via les échanges. Normalement, les conventions de partenariat peuvent inclure la transmission systématique de cette information. La DACG n'est pas certaine que cette information soit toujours effective dans la pratique mais la juge "toujours très intéressante d'avoir ce type d'information".
- Recteurs/Inspecteurs sollicitant les parquets sur les procédures judiciaires : Normalement, si des poursuites pénales sont engagées contre du personnel en contact avec des mineurs (notamment pour les infractions visées par l'article 706-47-4), l'information doit être portée obligatoirement à la connaissance de l'Éducation Nationale par le parquet. Cette transmission est prévue par écrit, bien que des pratiques informelles (conversations téléphoniques) puissent exister.
- Cas individuels (Notre Dame de Baram, Riomont, Lycée Bayen) : La directrice adjointe ne peut pas se prononcer sur des affaires individuelles, invoquant l'article 11 (seul le parquet peut communiquer) et son incompétence pour se prononcer sur des affaires spécifiques sans autorisation.
- Avertissement avant poursuite (pratique ancienne) : Réponse concernant le cas de 1996 (Notre Dame de Baram) : Le procureur dispose de la liberté de classer ou d'engager des alternatives aux poursuites (comme l'avertissement solennel, qui n'existe plus sous cette forme). Les avertissements avant poursuite étaient réservés aux faits les moins graves. La circulaire de mars 2023 invite à relever le niveau de réponse pénale, en particulier face à la qualité de la personne mise en cause. L'avertissement avant poursuite est un classement qui peut être réexaminé en cas d'éléments nouveaux ou de récidive (principe de l'opportunité des poursuites). Il ne s'agit pas forcément d'une "mise en attente" mais d'un classement faute d'éléments suffisants à l'instant T pour poursuivre l'enquête ou engager des poursuites. En 1996, la loi de 2016 n'était pas adoptée, il est difficile de dire si l'information aurait dû être transmise. Dans le cadre actuel, s'il n'y a pas eu de poursuite, il n'y a pas de transmission obligatoire.
- Décès de l'auteur (Lycée Bayen) : Le décès de l'auteur n'implique pas forcément un classement immédiat pour extinction de l'action publique ; la procédure peut être toujours en cours (auditions). La directrice adjointe ne peut toujours pas se prononcer.
- Information des enseignants sur les procédures (différence CRIP/parquet, article 40, etc.) : Les conventions de partenariat devraient inclure des notices d'information à diffuser aux personnels de l'Éducation Nationale. La difficulté réside dans le fait de faire vivre ces conventions et de sensibiliser les magistrats. La bonne volonté ne suffit pas ; des "process, des moyens, des outils" sont nécessaires. Il est vrai que les magistrats (juges des enfants) sont saturés. L'information générale est normalement le but de ces conventions et de leurs annexes, à retravailler lors des réunions.
- Signalement hors voie hiérarchique : Si un personnel signale des faits sans passer par la voie hiérarchique, c'est bien considéré comme un fait émanant potentiellement de l'Éducation Nationale.
- Pourcentage de classements sans suite et de faits prescrits (violences sexuelles sur mineurs) : Les chiffres précis ne sont pas immédiatement disponibles mais peuvent être communiqués. Le taux de classement peut être "extrêmement décevant" mais est lié aux difficultés d'établir les faits (déperdition de preuves avec le temps, faits commis en huis clos).
- Imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs : La DACG n'y est pas favorable.
- Arguments contre l'imprescriptibilité :Ne résoudrait pas forcément les problèmes liés à la déperdition de preuves et aux difficultés d'enquête dans des affaires anciennes.
- Ne garantirait pas nécessairement que plus de victimes parlent (certaines pourraient être incitées à parler avant la date butoir actuelle).
- Remettrait en cause la cohérence d'ensemble des délais de prescription du système répressif français.
- Conseils pour déposer plainte rapidement : Il est préférable de s'adresser directement à un service d'enquête (commissariat/gendarmerie) plutôt qu'uniquement par courrier au procureur, pour gagner du temps. Il est conseillé de se faire accompagner par une association d'aide aux victimes pour être orienté et soutenu.
- Plaintes sur faits prescrits et protection des jeunes : L'ouverture systématique d'enquêtes sur faits prescrits (dépêche de 2021) permet, outre les objectifs déjà cités (écoute de la victime, audition de l'auteur, lutte contre l'impunité), de rechercher d'autres victimes ou risques potentiels en investigant l'environnement de l'auteur. Le lien avec d'autres parquets est implicite via ces enquêtes qui peuvent révéler des faits commis ailleurs.
- Association au plan "Brisons le silence, agissons ensemble" : Le Ministère de la Justice n'a pas été associé à l'élaboration de ce plan.
8. Conclusion
Beaucoup a été fait en matière de politique pénale et de renforcement de l'arsenal juridique pour lutter contre les violences sur mineurs, mais "beaucoup reste à faire".
La DACG est attentive aux remontées du terrain et aux travaux de la commission d'enquête. Des efforts sont déployés pour renforcer les partenariats, améliorer le traitement des dossiers (même prescrits) et utiliser les outils numériques pour pallier les manques.
Les défis persistent, notamment en termes de moyens pour les juridictions et d'uniformisation des pratiques à l'échelle nationale.
La position sur l'imprescriptibilité est claire : elle n'est pas considérée comme une solution pertinente.
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Document de synthèse : Audition sur les violences scolaires de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche
Source : Extraits de la vidéo "🔴Violences scolaires : audition de l’Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche"
Date de l'audition : 31 mars 2025 (selon l'extrait, bien que le député mentionne une audition de Caroline Pascal le 31 mars dernier)
Participants de l'IGESR :
- Dominique Marchand, Directrice de l'IGESR
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Christelle Gillard, Chef du pôle des affaires juridiques et contrôle
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Éric Roser, Responsable du collège expertise administrative et éducative
Objet de l'audition : Examiner le rôle, le fonctionnement et l'activité de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) en matière de contrôle et d'enquête, particulièrement en lien avec les violences scolaires, et ce dans le cadre de travaux d'enquête parlementaire.
Points clés et thèmes principaux :
Mission et Périmètre de l'IGESR :
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L'IGESR est issue de la fusion de quatre inspections générales en 2019 (IGUNR, Inspection des bibliothèques, Inspection du sport et de la jeunesse).
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Son champ d'activité est large, couvrant l'éducation nationale, l'enseignement supérieur, la jeunesse, les sports, les bibliothèques et la lecture publique.
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Ses missions se déclinent en trois axes : évaluation des politiques publiques (force de proposition), inspection et contrôle, appui et accompagnement des acteurs locaux et des établissements.
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Citation : "...notre activité est multiple dans chacun des champs d'action de l'inspection générale qui si je devais les synthétiser en trois axes serait de l'ordre de l'évaluation des politiques publiques... inspection contrôle naturellement... et puis aussi des missions d'appui d'accompagnement des acteurs locaux des établissements."
Conditions de Saisine et Autorité :
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L'IGESR intervient exclusivement sous l'autorité et à la demande des ministres de tutelle (ministre de l'éducation, de l'enseignement supérieur, de la recherche, de la jeunesse, des sports ou du Premier ministre).
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Il n'y a pas d'autosaisine de l'inspection générale.
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Les rapports sont remis aux ministres commanditaires qui décident de leur usage, de la mise en œuvre des recommandations et de leur diffusion/publication.
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Citation : "...nous intervenons sous l'autorité du ministre des ministres de tutelle sur leur saisine qu'il n'y a pas d'autosésine de l'inspection générale..." et "...il appartient au commanditaires de mettre en œuvre d'utiliser les recommandations... et enfin d'autoriser la diffusion ou la publication des rapports."
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Les critères qui poussent un ministre à saisir l'IGESR sont généralement : la gravité de la situation, la nécessité d'un dépaysement (éviter un traitement local), le niveau de responsabilité des personnes impliquées (ex: chef d'établissement), la médiatisation de l'affaire, ou le manque de ressources ou de capacité d'expertise dans l'académie concernée.
Distinction entre Enquête Administrative et Contrôle :
- Enquête administrative : Déclenchée suite à des signalements précis ou des situations avérées.
La méthodologie est très rigoureuse, incluant de nombreuses auditions individuelles avec procès-verbaux. L'objectif est d'établir la matérialité des faits et d'identifier les responsabilités individuelles.
Elles sont susceptibles d'entraîner des suites disciplinaires. Elles obéissent à un Vademecum méthodologique public.
- Contrôle : Vise plutôt la régularité des actes au regard des prescriptions législatives et réglementaires.
La méthodologie est considérée comme moins rigoureuse que celle des enquêtes administratives, bien que des auditions puissent avoir lieu.
Il s'agit plus de vérifier la conformité à un certain nombre de critères.
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Citation (Christelle Gillard) : "en ce qui concerne effectivement ce qui distingue c'est aussi la méthodologie qui va être abordée... l'enquête administrative est susceptible de suite disciplinaires et d'identifier des responsabilités individuelles qui pourraient... établir la matérialité des faits..." et "...un contrôle ça sera peut-être un peu plus léger en terme de rigueur méthodologique puisqueeffectivement on est là pour avoir un certain nombre de critères..."
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La limite entre les deux peut être fragile, et une mission de contrôle peut évoluer vers une enquête administrative si de nouveaux éléments graves apparaissent.
Statistiques d'activité (partielles) :
- En 2024 (jusqu'à la date de l'audition), l'IGESR a réalisé 28 enquêtes administratives tous périmètres confondus.
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Parmi celles-ci, 17 concernent le périmètre éducation nationale.
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Sur ces 17, 7 portent sur des établissements scolaires.
Ces 7 établissements étaient publics. Aucun établissement privé (sous ou hors contrat) n'a fait l'objet d'une enquête administrative de l'IGESR en 2024 à la connaissance des personnes auditionnées.
- Un seul contrôle d'établissement privé sous contrat a eu lieu en 2024.
Gestion des missions et Indépendance des Inspecteurs :
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La désignation des inspecteurs pour une mission relève de la responsabilité du chef de service (la Directrice).
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Les missions sont attribuées sur la base d'un appel à candidature en interne, en fonction des compétences et de l'expertise.
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Pour les enquêtes administratives, une formation obligatoire préalable est requise. L'équipe doit inclure un pilote expérimenté et des collègues formés.
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Chaque mission est accompagnée d'un référent (appui conseil en cours de mission) et d'un relecteur (relecture approfondie du rapport final, "challenge" des conclusions). Ces rôles contribuent à la collégialité et à l'objectivité.
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Les inspecteurs généraux missionnés signent le rapport sous leur responsabilité.
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La chef de service transmet le rapport au ministre commanditaire, mais ne modifie pas le contenu du rapport lui-même. En cas de désaccord majeur, une procédure réglementaire spécifique est prévue (lettre séparée au ministre, recours à une commission).
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L'indépendance des inspecteurs est soulignée, notamment par leur capacité à décider seuls de la nécessité de faire un signalement Article 40 du Code de procédure pénale (transmission au procureur des faits susceptibles de constituer une infraction pénale), information que les ministres découvrent lors de la réception du rapport.
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Citation (Dominique Marchand) : "...c'est un élément important qui euh témoigne de l'indépendance des inspecteurs généraux qui sont missionnés qui signent sous leur responsabilité..." et "...si les inspecteurs généraux considèrent que il y a lieu de faire un article 40 c'est de leur décision et les ministres eux-mêmes n'en sont n'en sont informés mais que lorsqu'ils reçoivent le rapport dans lequel il est indiqué la nécessité d'une saisine de l'article 40."
Signalements Article 40 :
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Depuis 2022, l'IGESR a réalisé 43 signalements Article 40.
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Répartition par année : 11 en 2022, 17 en 2023, 12 en 2024, 3 en 2025 (jusqu'à la date de l'audition).
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Dans le périmètre éducation nationale (sur 17 enquêtes administratives en 2023-2024), 4 rapports ont fait l'objet d'un signalement Article 40.
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Ces signalements concernent souvent des comportements inappropriés susceptibles de revêtir une qualification pénale, tels que l'outrage sexiste aggravé (surtout en cas de figure d'autorité) ou le harcèlement moral (lorsqu'il correspond à la définition du code pénal).
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L'IGESR propose de transmettre une liste des rapports liés aux violences, VSS et harcèlement pour illustrer directement ces situations.
Suivi des Recommandations :
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Le suivi des recommandations formulées dans les rapports n'est pas systématisé ni formalisé réglementairement pour l'IGESR (contrairement à d'autres inspections comme l'IGAS).
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Il appartient aux ministres commanditaires de donner suite aux recommandations.
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Des échanges peuvent avoir lieu avec les administrations centrales ou les rectorats dans une logique d'appui et de conseil.
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Le cas du collège Stanislas est mentionné : un premier point d'étape formalisé a eu lieu avec le rectorat de Paris, puis la mise en œuvre a été laissée à la responsabilité du rectorat.
Diffusion des Rapports :
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La publication des rapports est à la décision des ministres.
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La chef de service de l'IGESR considère qu'il n'est pas "anormal" que tous les rapports ne soient pas diffusés, car l'IGESR a aussi un rôle de conseil confidentiel auprès des ministres.
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Des circonstances conjoncturelles (changement de gouvernement/cabinet) peuvent influencer la publication.
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Les rapports non rendus publics sont généralement transmis aux ministres et aux directions d'administration centrale concernées.
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Des rapports peuvent être transformés en guides ou notes pour les usagers, même s'ils ne sont pas publiés intégralement.
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La transmission à des tiers (élus, personnalités politiques) dépend du Code des relations du public avec l'administration (CRPA), et peut impliquer l'occultation de parties confidentielles (notamment pour les enquêtes administratives).
Cas Particuliers et Interrogations :
Collège Stanislas (Paris) :
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L'auditeur soulève une contradiction perçue entre des PV d'audition d'élèves et de parents (faisant état d'insultes et propos homophobes, de climat raciste) et le rapport final qui, selon l'auditeur, minimiserait ces phénomènes (homophobie présentée comme révolue, racisme non mentionné, homophobie non caractérisée d'institutionnelle ou systémique).
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Les représentants de l'IGESR défendent le rapport, estimant qu'il décrit précisément les constats (règlement intérieur, voyages scolaires, livrets genrés, difficultés entre élèves) et mentionne un "climat de rejet de l'homosexualité par de conséquences propistes au risque d'homophobie", même si le caractère institutionnel n'a pas été retenu par les inspecteurs.
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L'absence de mention explicite du racisme dans le rapport est notée, sans explication immédiate des auditionnés.
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La chef de service rappelle que la responsabilité des constats et conclusions revient aux inspecteurs missionnés qui ont signé le rapport. Elle s'engage à relayer ces interrogations auprès d'eux.
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La question de la caractérisation "systémique" ou "institutionnelle" renvoie à l'analyse des inspecteurs basée sur l'ensemble des éléments recueillis, y compris ceux à "décharge" (éléments qui contredisent l'existence de problèmes).
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Lycée Avros (Lille) :
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Le rapport de l'IGESR de juin 2020 est jugé très favorable sur le fonctionnement pédagogique de l'établissement.
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L'auditeur s'interroge sur la rupture exceptionnelle du contrat d'association de l'établissement 3 ans plus tard (2023), décision prise par le préfet sur la base de griefs (notamment pédagogiques) mais qui ne semblent pas fondés sur le rapport de l'IGESR.
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L'IGESR confirme que son rapport de 2020 était positif et ne fondait pas une décision de rupture de contrat.
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La question est soulevée de l'intervention d'une Chambre Régionale des Comptes sur des aspects pédagogiques, ce qui semble inhabituel pour l'IGESR ("objectivment que c'est à la chambre régionale ou à la cour des comptes que vous devriez poser la question").
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Lycée Pierre Bayen (Châlons-en-Champagne) :
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Le rapport analyse les dysfonctionnements dans la transmission de signalements de violences sexuelles d'un enseignant sur des élèves.
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Une préconisation interpelle : proposer une sensibilisation/formation aux cadres supérieurs de l'académie de Reims sur les modalités d'exercice de l'Article 40.
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Les représentants de l'IGESR confirment que le rapport met en évidence des défaillances à tous les niveaux de la hiérarchie (chef d'établissement, DSDEN, rectorat) dans le traitement de cette affaire.
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Ils reconnaissent un besoin général de clarification concernant l'articulation entre les enquêtes administratives/disciplinaires et les procédures pénales (Article 40), car cette distinction n'est pas toujours bien intégrée par les acteurs, malgré les efforts d'information.
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Questions supplémentaires et Réponses :
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Existence de "CTIG" (Correspondants territoriaux de l'inspection générale) : Oui, ils existent au niveau académique et en région académique.
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Programme de travail des inspections territoriales (IA-IPR, IEN) : Arrêté par le recteur. L'IGESR n'intervient pas dans l'appréciation de ce programme (contrairement à l'IGEN avant la fusion).
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Inspection de l'enseignement privé par les corps territoriaux : L'auditeur s'interroge s'ils y portent suffisamment attention. L'IGESR ne se prononce pas directement sur ce point, mais note que la modification de l'évaluation des enseignants a réduit le nombre d'inspections individuelles dans les classes en général.
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Remontée des "faits établissement" les plus graves : Ils remontent aux Hauts fonctionnaires de défense et de sécurité. L'IGESR n'est pas destinataire de ces signalements ("De fait établissement l'inspection générale n'est pas destinataire").
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Création d'une unité dédiée aux signalements de violence scolaire dans les académies : Il existe déjà des conseillers techniques Établissement et Vie Scolaire et les services de défense et de sécurité académique qui ont cette mission. L'IGESR ne formule pas de préconisation sur une nouvelle unité.
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Mémoire institutionnelle de l'IGESR : L'auditeur regrette que les nouveaux arrivants ne puissent pas répondre sur des dossiers passés (ex: Avros transmission rapport élus). L'IGESR répond qu'ils peuvent interroger les collègues qui ont mené les missions, la responsabilité incombant aux signataires du rapport.
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Immaculée Conception de Pau : L'IGESR n'a pas été saisie de ce sujet.
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Signalements directs reçus par l'IGESR : C'est rarissime. Lorsqu'ils en reçoivent (non VSS pour le cas mentionné), ils transmettent au rectorat concerné, car cela relève de sa responsabilité.
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Recours pour les enseignants (harcèlement hiérarchique, etc.) : Voie hiérarchique ou recours aux corps d'inspection (ex: Inspection Santé Sécurité au Travail) qui existent dans chaque rectorat avec une garantie de confidentialité.
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Publication des comptes des établissements privés (ex: Boramau/Betaram) : Le contrôle de la publication des comptes ne relève pas du ressort de l'IGESR. C'est une mission externe à leur périmètre.
Principales lacunes ou points non éclaircis :
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L'explication complète de l'absence de mention du racisme dans le rapport Stanislas, malgré des témoignages rapportés dans les PV d'audition.
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Les raisons précises et les fondements de la rupture du contrat d'association du lycée Avros, qui semblent déconnectées du rapport favorable de l'IGESR.
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Les modalités de coordination formelle entre l'IGESR et d'autres inspections (IGF, IGAS) ou organismes de contrôle (Chambres régionales des comptes) pour assurer une vision complète (le "360") lors d'une inspection d'établissement.
L'audition mentionne des saisines conjointes, mais pas de mécanismes systématiques pour avoir connaissance des contrôles passés par d'autres instances.
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Le détail des chiffres d'inspection des établissements privés (sous et hors contrat) par les corps d'inspection territoriaux.
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La raison pour laquelle la liste des rapports réalisés n'apparaît plus dans le rapport d'activité annuel 2023-2024 (expliqué comme un possible oubli, mais la raison de cet oubli n'est pas totalement éclaircie).
Synthèse générale :
- L'audition a mis en lumière le rôle central mais strictement encadré de l'IGESR, qui intervient uniquement à la demande des ministres.
La distinction entre enquête administrative (rigoureuse, identification des responsabilités individuelles, susceptibles de suites disciplinaires et d'Article 40) et contrôle (vérification de la conformité réglementaire) est cruciale, bien que la limite puisse être ténue sur le terrain. L'indépendance des inspecteurs dans la conduite des missions et la rédaction des rapports, ainsi que leur capacité à décider des Article 40, est un point fort souligné.
- Cependant, des interrogations majeures subsistent concernant la cohérence entre les témoignages recueillis lors des enquêtes (notamment à Stanislas concernant l'homophobie et le racisme) et le contenu final des rapports publiés, soulevant des questions sur la manière dont l'analyse des faits est conduite et présentée.
La complexité de la coordination entre les différentes instances de contrôle de l'État (IGESR, Chambres des Comptes, corps territoriaux) et le manque de mécanismes systématiques d'échange d'informations apparaissent comme un défi pour assurer un traitement exhaustif des situations complexes impliquant plusieurs domaines (pédagogique, financier, protection de l'enfance, etc.).
Enfin, la difficulté à obtenir des réponses claires sur des dossiers passés (Avros, signalements directs) en raison des changements de direction de l'IGESR soulève des questions sur la mémoire institutionnelle de cette instance.
L'audition sur le lycée Pierre Bayen met en évidence le besoin persistant de formation sur les procédures de signalement (Article 40) au sein même de l'administration.
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Document de synthèse : Les nouveaux enjeux de la paternité et l'égalité parentale
Ce document de synthèse examine les principaux thèmes et idées issus d'échanges entre journalistes, créateurs de podcasts et législateurs concernant les enjeux contemporains de la paternité en France, notamment à travers le prisme de l'égalité parentale et des droits des femmes.
La discussion met en lumière les défis persistants en matière de partage des tâches, le rôle crucial des congés parentaux et l'importance d'une éducation qui valorise le "prendre soin" et les émotions.
1. Le Constat de l'Inégalité et l'"Arnaque des Nouveaux Pères"
Un thème central qui émerge est le décalage entre la perception que les pères ont de leur implication et la réalité statistique du partage des tâches parentales et domestiques.
Stéphane Jourdin et Guillaume Daudin, co-auteurs de la bande dessinée "L'arnaque des nouveaux pères", soulignent cette dichotomie :
"Pour nous il y a arnaque parce qu'il y a un delta entre c'est ce que vous venez de dire entre la perception qu'ils ont et l'affichage qu'ils en font… et qu'ils sont pas les seuls à faire… il y a un décalage entre cette perception cet affichage et la réalité des des statistiques euh froides presque métallique de l'INC..."
Les chiffres de l'INSEE révèlent que malgré des avancées, la répartition des tâches reste très inégalitaire : les femmes effectuaient environ 80% des tâches domestiques et parentales en 1986, un chiffre qui n'est descendu qu'à 70% au début des années 2010.
Les hommes tendent à prendre en charge les tâches plus gratifiantes, laissant les tâches ingrates aux femmes.
Plusieurs "stratégies de défausse" sont identifiées chez les pères, notamment le père qui "vient en aide" sans organiser, le "feignant", l'"élogieux" ("tu fais ça si bien ma chérie"), ou celui qui a des "standards différents".
L'arrivée de l'enfant exacerbe souvent cette inégalité en augmentant le volume global des tâches et en renforçant la répartition traditionnelle.
2. Le Rôle Clé des Congés Parentaux : Paternité et Parental
La discussion met en évidence l'importance cruciale des congés, notamment le congé paternité, pour favoriser un investissement égal des parents dès la naissance.
Le système actuel (7 jours obligatoires, 28 jours possibles, peu rémunérés) est considéré comme un message clair qui relègue le père au rôle de "parent auxiliaire" ou "assistant".
"Le message est très clair c'est-à-dire que le boulot du papa ça va être de retrouver le travail de retourner au boulot et que tout ce qui est avant bon bah il peut traîner dans le coin avoir une oreille qui traîne mais l'essentiel des de la transmission sur comment on s'occupe d'un d'un nouveau né va être adressé essentiellement à la mer..."
Un congé égal pour les deux parents est fortement préconisé, avec une durée plus longue et une partie obligatoire significative.
L'exemple de la Suède, où le père est encouragé à se retrouver seul avec l'enfant pendant plusieurs semaines ou mois, est cité comme un modèle incitatif qui change fondamentalement l'implication paternelle.
Il existe un problème de transmission pour les pères, qui ne bénéficient pas de la même socialisation au "prendre soin" que les mères.
Concernant le congé parental, sa faible utilisation par les hommes (0,8% contre 12% pour les femmes) est attribuée à sa très faible rémunération. Un projet de réforme envisagé (raccourcir sa durée à 4 mois par an mais mieux le rémunérer) est accueilli avec prudence.
Il est souligné que toute évolution du congé parental sans prérequis paritaire sur les congés maternité et paternité pourrait renvoyer les femmes à la maison, particulièrement les femmes précaires.
3. L'Adaptation du Monde du Travail et les Freins Structurels
Le monde de l'entreprise est identifié comme un frein majeur à l'égalité parentale.
L'organisation du travail reste pensée pour des hommes sans enfants ou qui ne s'en occupent pas.
La conciliation vie professionnelle-vie familiale est rendue difficile par des horaires rigides, des réunions à des heures clés et une culture d'entreprise qui valorise la disponibilité totale.
"Aujourd'hui quand vous avez un enfant de 3 mois l'entreprise attend autant de vous que quand vous en avez un de 20 les demandes sont pas du tout les mêmes quand vous revenez de congé paternel bah du jour au lendemain vous reprenez complètement le travail et du jour au lendemain vous avez les mêmes horaires les mêmes tâches et on attend les mêmes choses de vous..."
Plusieurs leviers sont proposés pour favoriser un meilleur investissement des pères, notamment :
Rendre la flexibilité obligatoire dans les entreprises : plages horaires aménageables, télétravail accessible, jours d'absence familiaux prévus dans les accords, sans dépendre du bon vouloir du manager.
Former les managers : les aider à reconnaître la parentalité comme un enjeu de performance durable. Changer le regard social : combattre la pression sociale et le sentiment d'être moins fiable lorsqu'un père s'occupe de ses enfants.
Agir au niveau des pouvoirs publics : montrer l'exemple dans la fonction publique et conditionner certains avantages fiscaux ou aides aux entreprises à des politiques familiales claires.
La question de l'utilisation des congés enfants malades (seulement 20% pris par les hommes) illustre parfaitement cette pression sociale et structurelle.
Il est suggéré d'inscrire dans le code du travail le "droit au respect de la vie de famille" sur le modèle du droit à la déconnexion, afin de sortir de la négociation individuelle.
4. L'Accompagnement de l'Adolescence et la Santé Mentale
La période de l'adolescence présente des enjeux spécifiques pour les parents et les enfants, notamment en matière de santé mentale.
Les dispositifs d'accompagnement pour les parents d'adolescents sont jugés insuffisants. La question de la santé mentale des adolescents, particulièrement touchés par l'anxiété et la dépression, est une préoccupation majeure.
Il est souligné l'urgence d'un parcours de soins en santé mentale mieux remboursé et accessible.
Au-delà des soins directs aux adolescents, il est essentiel d'aider les parents à prendre conscience de l'importance de la santé mentale et à gérer les difficultés au sein de la cellule familiale.
Un aspect novateur soulevé concerne l'impact de l'espace public et virtuel sur les adolescents.
Le manque d'autonomie dans le monde réel (réduction drastique du périmètre de déplacement autonome) et l'exposition non régulée au monde virtuel (réseaux sociaux, masculinisme) sont identifiés comme des facteurs contribuant aux troubles de santé mentale et à la perpétuation de stéréotypes sexistes.
"... on a complètement on disait on a trop légiféré par rapport à la responsabilité pénale des maires et et oui permet juste de dire je trouve que ce que vous là vous nous ouvrez un champ qu'on avait pas encore beaucoup exploré là mais la question de l'espace de des enfants et des et des adolescents dans l'espace public enfin comment l'accompagnement des parents c'est aussi ça c'est comment on a une géographie un espace public accueillant et qui comprend les besoins des parents et des des enfants donc je trouve ça vraiment passionnant..."
Des pistes de politiques publiques sont évoquées, comme se positionner sur la régulation des réseaux sociaux (exemple australien d'un âge minimum), repenser l'aménagement urbain pour favoriser l'autonomie des enfants et des adolescents, et même interroger le droit de vote local pour redonner du pouvoir aux adolescents.
5. L'Éducation pour l'Égalité : Famille, École et Représentations Culturelles
L'éducation joue un rôle fondamental dans la construction d'une société plus égalitaire.
L'exemple des cours d'"économie domestique" en Suède est cité comme une illustration d'une éducation concrète qui apprend aux garçons comme aux filles à maîtriser les tâches du quotidien et qui remet en question les inégalités persistantes.
"... on a assisté à un cours qui s'appelle de mémoire MKCAP c'est en gros euh économie domestique donc en fait on était dans une salle avec ces collégiens qui pendant 2h ont commencé par préparer des lasagnes... et puis ils sont posés à une table et là ils ont regardé des vidéos éducatives où on leur expliquait que tout ça c'était très bien mais que leur pays restait quand même assez inégalitaire que les femmes en faisaient encore beaucoup plus à la maison que les hommes euh et que et que ça n'allait pas..."
Il est souligné que l'éducation ne se limite pas à l'école ; l'exemple donné par les parents à la maison est essentiel. Si les enfants voient un partage inégal des tâches, cela renforce les stéréotypes.
D'autres pistes éducatives incluent :
Éduquer aux émotions dès le plus jeune âge : apprendre aux enfants à reconnaître et gérer leurs émotions (peur, angoisse), notamment à travers des approches comme la méditation.
Revaloriser le "prendre soin" : encourager dès la petite enfance une culture qui valorise le soin, chez les garçons comme chez les filles, en combattant l'infériorisation associée au féminin.
Repenser les représentations culturelles : promouvoir dans les livres, dessins animés et autres supports des modèles de familles et de rôles plus égalitaires.
Questionner la charge mentale des enfants : alléger les emplois du temps scolaires, revoir les attentes en matière d'orientation professionnelle dès le collège.
Réintroduire des compétences du quotidien dans l'enseignement : à l'instar des anciens cours de "techno" qui incluaient cuisine et couture, réintégrer ces savoirs et compétences pratiques, peut-être dès l'école maternelle, en les intégrant dans des apprentissages plus larges.
Conclusion
La discussion révèle la complexité des enjeux liés à la paternité et à l'égalité parentale.
Les défis sont à la fois individuels (perceptions et comportements des pères) et structurels (lois, politiques publiques, organisation du travail, éducation).
Si des avancées sont observées, le chemin vers une égalité réelle est encore long. Les intervenants soulignent l'importance d'une volonté politique forte, de politiques publiques ambitieuses (notamment en matière de congés et de modes d'accueil), d'une transformation du monde du travail, et d'une éducation qui remet en cause les stéréotypes de genre et valorise le "prendre soin" et les émotions.
Le rôle des médias (BD, podcasts) pour sensibiliser et ouvrir des espaces de dialogue sur ces sujets intimes est également mis en avant.
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Document de synthèse : Audition de France enfance protégée
Source : Excerpts from "🔴 Violences dans des établissements scolaires: audition de France enfance protégée"
Date de l'audition : Non précisée dans les extraits.
Organisme auditionné : France enfance protégée, représentée par sa directrice générale.
Objet de l'audition : Violences dans les établissements scolaires et rôle de France enfance protégée dans leur prévention et leur protection, notamment à travers le numéro 119 et l'Observatoire national de la protection de l'enfance.
Points clés :
1. Contexte et Structure de France enfance protégée :
- France enfance protégée est une création récente (suite à la loi du 7 février 2022) regroupant plusieurs dispositifs préexistants : le Service national d'écoute téléphonique (119), l'Observatoire national de la protection de l'enfance (ONPE), l'Agence Française de l'Adoption et le Conseil national d'accès aux origines.
- L'organisme est financé à parts égales (50/50) par l'État et les départements, avec un budget de recettes d'un peu moins de 10 millions d'euros et des dépenses légèrement supérieures (environ 11,5 millions d'euros).
- La gouvernance est tripartite : présidence assurée par la présidente de Départements de France (actuellement Florence Dabin), vice-présidence assurée par l'État (DGCS) et deuxième vice-présidence assurée par des associations (représentées par Martine Brous de La Voix de l'enfant). Les associations sont présentes dans la gouvernance mais ne contribuent pas financièrement.
- Le personnel compte environ 110 ETP, dont un tiers sont des écoutants du 119 (environ 25 ETP mais près de 50 personnes en nombre physique), le reste étant réparti entre l'adoption, l'ONPE, le Conseil national de l'accès aux origines et les services support.
2. Le rôle du 119 et le processus de signalement :
- Le 119 "allo enfance en danger" est ouvert 24h/24 et doublé d'un site internet (allo119.gouof.fr). Son affichage est obligatoire dans les établissements scolaires.
- Le 119 reçoit et traite environ 35 000 situations par an.
- Le processus de signalement implique un tri initial des appels. Les appels qui ne concernent pas le périmètre direct (violences sur adultes, harcèlement non lié à un danger pour l'enfant) sont réorientés.
- La majorité des violences signalées sont intrafamiliales.
- Les violences institutionnelles repérées sont encore très faibles, avec environ 450 situations identifiées en 2021 sur 32 000 appels. La recherche de ce chiffre nécessite des études spécifiques.
- Lorsqu'un appel est traité et qu'un danger est identifié, une fiche d'information est remplie par l'écoutant pour recueillir un maximum de détails.
- Toutes les fiches sont transmises à la Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes (CRIP) du département concerné, conformément à la loi.
- Deux exceptions à la transmission à la CRIP existent :
- Danger immédiat : appel direct à la police.
- Danger grave et imminent : signalement direct au procureur.
- La directrice générale reconnaît des points d'amélioration dans le processus, notamment sur le faible taux de retour des CRIP sur les suites données aux signalements transmis. Sur les violences institutionnelles, une enquête a montré environ un tiers de retours.
3. Relations avec l'Éducation nationale :
- Des professionnels de l'Éducation nationale (enseignants, proviseurs, infirmières scolaires) appellent le 119, parfois par doute ou avant d'utiliser leur propre circuit de signalement.
- Ces professionnels sont systématiquement invités à utiliser le circuit de signalement interne à l'Éducation nationale (service social aux élèves).
- France enfance protégée recueille l'information et avertit la CRIP en parallèle si un danger est identifié.
- Le protocole actuel avec l'Éducation nationale concerne principalement l'affichage obligatoire du 119 et les campagnes d'information. Il n'y a pas de protocole détaillé sur le circuit de signalement.
- Cela peut entraîner des "flottements" et de l'incertitude chez les professionnels sur qui alerter et leur rôle.
- Deux types de signalements liés à l'Éducation nationale sont identifiés :
- Signalements par des professionnels pour des situations familiales de l'élève (plusieurs milliers par an).
- Signalements concernant des professionnels de l'Éducation nationale ou du périscolaire (environ une centaine par an), principalement pour des violences psychologiques et physiques.
- Il existe un besoin de retravailler ce circuit avec l'Éducation nationale. La DGESCO est l'interlocuteur au niveau de l'administration centrale.
- La question du circuit de signalement en cas de violences par un adulte sur un enfant en milieu scolaire est soulevée, interrogeant la nécessité de passer par le 119 alors qu'un circuit interne devrait exister.
- La directrice générale souhaite comprendre l'organisation et l'information donnée aux enseignants sur les procédures à suivre en cas de suspicion de maltraitance.
4. Défis et pistes d'amélioration :
- Qualité de la donnée et système d'information : Le manque de système d'information unifié en protection de l'enfance rend difficile la caractérisation et l'addition du nombre total d'informations préoccupantes en France, ainsi que le suivi des suites données. Un travail est en cours par l'Adres et la DGCS pour unifier les systèmes d'information.
- Retours des CRIP : Le faible taux de retour des CRIP constitue un problème majeur pour le suivi des signalements.
- Violences institutionnelles : Le 119 était initialement centré sur les violences intrafamiliales. La question de la gestion des violences institutionnelles est plus récente et nécessite une meilleure communication et un réflexe CRIP/119. Un rapport de Florence Dabin souligne la nécessité d'améliorer la culture du repérage, la formation des professionnels et la prise en charge des familles et des enfants victimes.
- Multiplicité des numéros et canaux de signalement : La présence de plusieurs numéros d'urgence (119, etc.) est jugée "aberrante" par un député. L'idée d'un numéro unique et national est évoquée.
- Accès au 119 pour les jeunes enfants : Le 119 nécessite de savoir lire et compter, ce qui exclut les plus petits. Les initiatives comme les "boîtes aux lettres Papillon" sont citées comme un moyen complémentaire et nécessaire pour permettre aux enfants de signaler des alertes par des dessins ou des mots simples. La reconnaissance institutionnelle de ces initiatives est souhaitée.
- Affichage du 119 : Bien qu'obligatoire, le contrôle de l'affichage effectif n'est pas assuré par France enfance protégée. Le lieu d'affichage dans les établissements est également questionné pour garantir son accessibilité aux élèves sans la surveillance d'un adulte.
- Protocoles avec les institutions : Un besoin de protocoles plus précis et détaillés est identifié avec toutes les institutions, notamment l'Éducation nationale, pour définir clairement qui fait quoi en cas de signalement et assurer un suivi complet.
- Etablissements à double tutelle : La question de l'affichage du 119 dans les établissements agricoles et professionnels est soulevée. Un protocole avec le ministère de l'Agriculture semble plus avancé que celui avec l'Éducation nationale.
- Recentralisation : La directrice générale ne se positionne pas sur la recentralisation mais souligne la complexité générée par les différentes organisations départementales des CRIP et des services. L'unification des systèmes d'information est une alternative pour améliorer la cohérence.
- Interface avec l'Éducation nationale : L'idée d'avoir des éducateurs spécialisés formés en protection de l'enfance directement auprès des directeurs académiques est suggérée comme une interface pour faciliter les échanges et le traitement des signalements.
- Transmission d'information sur les auteurs de violences : Le manque de transmission d'information entre départements sur les auteurs de violences identifiés et signalés permet parfois leur réembauche auprès d'enfants. Le fichier figes est en cours de déploiement mais ne couvre pas toutes les situations. La notion d'interdiction d'exercer est jugée à géométrie variable.
- Signalements dans la petite enfance : La question de la part des signalements concernant les moins de 3 ans et de leur évolution récente dans les structures d'accueil est posée.
- Formation et moyens des écoutants : Les écoutants sont principalement des travailleurs sociaux et psychologues. Il est difficile de recruter et de fidéliser le personnel, notamment en raison des conditions de travail (temps incomplet, cycle 24/24). La directrice générale travaille à améliorer l'attractivité des postes et l'organisation du service. Le manque de personnel et de moyens nécessaires pour faire face à l'augmentation des attentes est implicitement reconnu. L'organisation actuelle ne permet pas de répondre dans un cas sur deux aux appels entrants. La qualité des compétences professionnelles des écoutants est une priorité à maintenir. L'efficience du système, notamment le pré-accueil, est en cours d'étude.
- Soutien psychologique des écoutants : La question du soutien moral des écoutants confrontés à des situations difficiles est posée.
Citations marquantes :
- "nous avons souhaité vous entendre notamment parce que l'organisme que vous dirigez est responsable de deux outils en lien avec notre sujet le numéro 119 allo en enfance en danger ouvert 24h/ 24 désormais doublé d'un site internet allo119.gouof.fr dont un affichage dans les les établissements scolaires doit obligatoirement signaler l'existence aux élèves et l'Observatoire national de la protection de l'enfance grâce auquel vous disposez de données statistiques sur les violences dont les enfants sont victimes"
- "chacun des départements est appelé à contribution c'est obligatoire et de l'état donc euh dans le texte de loi c'est clairement un partage 50 % 50 % entre État et département"
- "la cripe donc la cellule de recueil des informations préoccupantes des départements avaient une place essentielle euh dans ce dispositif et en même temps parfois elle n'apparaît pas dans les chaînes de signalement"
- "en gros sur une année on a 37 35000 situations traitées"
- "le nombre de violence insuelle repéré était de 450 donc vous voyez 30 à l'époque il y avait 32000 appels 450 repérage de violence institutionnelle on est sur des proportions très faibles"
- "la majorité des violences que l'on reçoit sont des violences signalées dans le intrafamilial"
- "toute fiche part vers la cellule de recueil d'informations préoccupante à deux exceptions près quand on estime qu'il y a un danger immédiat en fait on appelle la police directement"
- "les cripes sont dans le cœur du réacteur puisque dans le quand il a il a créé ses cellules voulait que au niveau local il y ait un seul lieu de recueil qui permette ensuite de faire une enquête sociale une évaluation sociale plus exactement"
- "on a énormément de situations qui concernent des gens qui nous appellent notamment des des des enseignants des proviseurs des infirmièes scolaires qui parfois dans le doute avant d'appeler leur propre circuit de signalement... vont nous appeler le 119"
- "on a environ 90 professionnels qui sont concernés par des des violences institutionnelles enfin des qui sont eux-mêmes violents"
- "sur les 100 situations et types de dangers repérés qui peuvent être cumulables on a les violences psychologiques qui sont les premières sur l'éducation nationale et ensuite les violences physiques"
- "aujourd'hui on l'a pas systématiquement sur les violences dit institutionnelles il y a eu une enquête même de fait ils ont essayé de savoir les collègues euh où on était la la suivie on a eu un tiers de réponses à peu près"
- "aujourd'hui on n'est pas capable de caractériser aujourd'hui le nombre total d'informations préoccupante en France puisque le 119 c'est une part c'est 20 % à peu près des des IP"
- "il il y a eu des enquêtes hiigas notamment je crois que c'était IGAS qui étit voir un peu ce qui se passait quand il y a des en fait les IGAS viennent régulièrement voir la ce qui se passe dans les départements... on sait que c'est pas une déperdition sur la situation mais qu' peut avoir beaucoup de temps parfois entre le moment où le dossier arrive à la cripe et la mise en œuvre de l'évaluation ça peut être en plusieurs semaines voir plusieurs mois"
- "sur le le viol et sur le fait que on est euh en tout cas un faisau de d'éléments on le fera le signalement au procureur d'autant plus si c'est une parole d'enfant ou de jeune qui pourrait être concerné lui-même euh là on doit signaler au procureur"
- "je suis arrivée depuis peu peu sur ce poste mais c'est une de mes priorités c'est vraiment que on améliore absolument le taux de éviter que les personnes soient obligées de rappeler parce que quand elle rappelle souvent on peut passer à côté de quelque chose notamment pour les enfants"
- "on a pu constater je vous en cache je je que parfois il peut y avoir une interprétation écoutant et que donc il faut que nos protocoles soient une forme scénarisé"
- "on n'a pas aujourd'hui le problème c'est qu'on n pas un outil unique qui nous permett d'unifier ce qu'on envoie s peu on peut tracer tout tout ce qu'on envoie un peut le tracer on ne peut pas tracer tout ce qui nous revient ou pas"
- "j'ai vraiment vous écoutant la la sensation qu'on a faire à une usine à gaz alors qu'on devrait avoir à faire un protocole quand il y a un risque on est en mode gestion de risque et on met en place un protocole qui n'apparaît pas comme une aide qu'on apporte mais comme un processus hyper carré hyper clair hyper suivi pour qu'il n'y ait pas de de sement de louper"
- "on a pas moins de cinq numéros différents pour signaler des cas de violence... c'est aberrant enfin voilà il faut que ça s'arrête et c'était une de un des cris du cœur d'un des d'une des victimes du collectif betaram un seul numéro unique"
- "les boîtes au lett papillon évidemment qu'elles ont fait leur qu'elles ont eu leur leur impact et qu'on voit qu'elles permettent à des enfants par des dessins par des mots parfois très simples de de signaler"
- "on voit bien que nousmême au niveau du 119 on a ouvert un chat mais il y a trs très peu de temps alors que ENF on paraît des fois on est en 2025 mais c'est vrai que le chat je crois qu'on l'a ouvert il y a 2 3 ans on aurait pu l'ouvrir il y a 15 ans"
- "on n'a pas de moyen nous de contrôle de à part quand on passe dans des écoles à titre privé ou ou ou quand on va faire des des réunions dans un certain nombre de sites mais on n'a pas le contrôle il serait logique qu'il y ait une forme de contrôle de l'affichage"
- "on a une enfin en tout cas la vous savez que le 119 maintenant est mis dans les carnets de santé pourrait se poser la question mais je crois que le 119 il faut que je vérifie s'il est mis dans les carnets de correspondance mais j'ai un doute je crois pas"
- "avec l'éducation nationale c'est vra qu'on est avant tout sur la question de l'affiche obligatoire"
- "notre interlocuteur au niveau administration centrale c'est la direction générale de la scolarité la dgsco qui avec lequel on doit bientôt travailler sur ces questionsl"
- "si on commence à avoir des circuits parallèle ça va devenir compliqué par contre ça empêche pas qu'on signale en même temps à la CRIP et à l'inspection d'académie"
- "l'éducation nationale a la chance d'avoir une ressource le service social aux élèves alors quel les moyens qu'ils ont hein c'est pas voilà c'est c'est parfois compliqué puisque travailleurs sociaux en école infirmière et médecins scolair si je prends l'ensemble de l'équipe service social et médecine scolaire c'est des petits effectifs"
- "l'on est peut-être le point faible globalement avec toute institution c'est comment protocolise de manière très précise j'ai ce signalement à qui je m'adresse comment il est qui fait quoi entre le niveau local le niveau national et ensuite le retour ça il y a pas aujourd'hui d'exemple de modèle de de ce type de circuit complet"
- "on n'arrive pas à obtenir un affichage obligatoire une communication obligatoire sur votre numéro on sait mettre en place un processus pour les risques attentats les risques de violence fait aux enfants sont j'ai pas envie de quantifier mais bien plus élevés"
- "il peut sembler aberérrant un petit peu comme le ressentz madame la Présidente que des professionnels de l'éducation nationale appellent le 119 pour savoir ce qu'ils ont à faire"
- "la DGC elle ne traite absolument pas des établissements prévés sous contrat il y en a 7500 il y a 2 millions d'élèves qui sont scolarisé"
- "je viens d'un département où l'enseignement privé est en très présent il y avait euh un on avait un travail en fait quasiment quotidien entre l'inspection d'académie et la Direction Diocésaine euh et notamment sur des questions"
- "c'est très compliqué de s'y retrouver de savoir quel est l'interlocuteur à à à aborder on le voit pour des députés et donc aussi pour l'éducation nationale"
- "beaucoup de signalements ne sont sont refusés par les procureurs ou la protection l'enfance parce que pas forcément bien écrit parce que c'est pas la même culture professionnelle en protection de l'enfance que dans l'éducation national"
- "même les départements en trou n'utilisent pas les mêmes logiciels et que l'adresse oou l'INC s'en plaigne actuellement"
- "est-ce que vous pensez que recentraliser le recueil des signalement faciliterai la gestion et le traitement des signalements"
- "qu'est-ce que vous penseriez de l'idée d'avoir des éducateurs spécialisés formés en protection de l'enfance directement auprès donc on dit facilement inspecteur d'académie mais maintenant c'est les daenes"
- "les enseignants qui appelaient ou en tout cas les personnels de l'Éducation nationale appel le votre numéro avant de déclencher les procédures c'est un besoin de Ré c'est un besoin de soutien c'est un besoin de se sentir légitime à déclencher les procédure et à protéger l'enfant dans une institution qui ne s'occupe que d'enfants"
- "je ne m'explique pas que en 2025 avec ce que l'on connaît ces boîtes lettes n''est pas le droit de citer au sein des établissements de l'éducation nationale précisément"
- "il y a des situations qui nous sont remontées où des auteurs d'agression de violence étaient identifiés donc signalés et donc ils étaient sortis d'une certaine manière au bout d'un moment quand c'était trop pesant des établissements et ils étaient tout simplement réembauchés dans le département d'à côté sans qu'il a en fait de transmission d'information"
- "le figes donc le fichier des infractions euh euh à caractère donc sexuel et des violences sexuelles et et autres euh va être mis en place sur aujourd'hui les professionnels donc des établissements d'accueil du jeune enfant de la protection de l'enfance"
- "je crois qu'elle est en 2026 ils ont déjà repéré des situations des professionnels travaillaient dans des dans des lieux il y a pu avoir des des matchs entre guillemets entre le fait qu'il y avait son inscription figes et que la personne était auprès d'enfant je crois que c'est je je ils vous en parleront mieux mais une soit déjà une 70 80 ce qui est ça peut paraître un petit chiffre mais c'est énorme"
- "il y a la question quand même de l'interdiction d'exercer qui moi m'a toujours surpris sur les assistants familiaux par exemple ou assistants maternels"
- "aujourd'hui on a beaucoup de personnes à temps incomplet on a du mal à recruter et je comprends pourquoi on a du mal à recruter parce qu'il y a aussi les conditions de travail qu'on propose et le cycle de travail"
- "on n'est pas assez attractif et la question donc du nombre je pourrais répondre parce que j'ai eu la question à la fois du côté syndical mais aussi ministériel de en gros est-ce que vous avez assez d'écoutant aujourd'hui je suis dans l'organisation actuelle je peux pas répondre dans une future organisation un peu plus struct é je pourrais vous dire"
- "il faut pas qu'on baisse la qualité des compétences professionnelles que l'on a c'est-à-dire qu'aujourd'hui on est avec des écoutants qui sont trailleurs sociaux psychologues principalement"
- "Madame la Directrice générale je viens de me faire prendre ma question parce qu'effectivement c'était la question des écoutants comment sont-ils formés par qui est-ce qu'ils sont souvent renouvelés ou pas et est-ce qu' moralement est-ce qu'ils tiennent aussi"
Demandes de documents :
- Protocole sur l'affichage obligatoire du 119.
- Protocole écrit actuel des écoutants et le contenu de leur formation.
- Support référentiel 2022 de la Haute Autorité de Santé pour l'évaluation sociale des informations préoccupantes.
- Contribution sur les premières pistes d'amélioration souhaitées par la directrice générale, même si elles ne sont pas finalisées, en se libérant des contraintes actuelles.
Conclusion (implicite) :
- L'audition met en lumière la complexité du système de protection de l'enfance en France, notamment dans sa gestion des signalements de violences, et le besoin urgent d'améliorations, de simplification, d'harmonisation et d'unification pour garantir une prise en charge efficace et un suivi rigoureux des situations d'enfants en danger, en particulier dans le contexte scolaire.
La collaboration entre les différentes institutions, un système d'information unifié et l'amélioration des moyens alloués au 119 sont des pistes essentielles pour progresser.
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Compte Rendu d'Audition : Violences dans les Établissements Scolaires
Source: Extraits de "🔴Violences dans des établissements scolaires: Ciase et Inirr auditionnées dans le cadre de l’enquête"
Date de l'audition: 2025
Personnes auditionnées:
- M. Jean-Marc Sauvé, Président de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l'Église (SIAZ)
- Mme Marie Derain de Vaucresson, Présidente de l’Instance Nationale Indépendante de la Reconnaissance et de la Réparation (Inirr)
- M. Antoine Garapon, Président de la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR)
- Objet: Examen des modalités du contrôle de l'État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires, dans le cadre des travaux d'enquête parlementaire, suite à la publication du rapport de la SIAZ en octobre 2021.
Thèmes principaux abordés:
- L'ampleur des violences sexuelles sur mineurs en France: Les intervenants rappellent l'estimation de 5,5 millions de personnes majeures ayant été sexuellement agressées pendant leur minorité en France, soulignant que cela doit être le cadre global de la réflexion sur les violences en milieu scolaire.
- La répartition des agressions sexuelles selon le lieu:Familles ou relations avec des amis des familles: 45%
- Hors institution (rue, transports, relations entre jeunes): 33,2%
- Institutions publiques et privées: plus de 15%
- La part des agressions sexuelles commises dans l'Église catholique: 6% du total des agressions sexuelles identifiées (sur les 15% commis en institution).
- Les violences dans l'enseignement privé (hors Église catholique): Estimées à 108 000 cas, représentant 2% du total des agressions sexuelles.
- Les violences dans l'enseignement public: Estimées à 191 000 cas (50 000 en internat, 141 000 en externat), représentant 3,4% du total des victimes. Il est souligné que l'enseignement public scolarise 80% des élèves, contre 20% pour le privé, ce qui explique la différence de prévalence. La proportion plus élevée d'élèves en internat dans le privé est également mentionnée comme un facteur propice aux abus.
- La défaillance de l'autorité institutionnelle: Les abus se sont produits dans un contexte de "défaillance de l'autorité" dans toutes les institutions accueillant des mineurs (établissements scolaires, clubs sportifs, accueils collectifs). Cette autorité, censée garantir la bientraitance et protéger les enfants, a été "souvent absente, indifférente," permettant ainsi aux abus de se produire et de se maintenir.
- Analyse des abus dans l'enseignement scolaire catholique:Auteurs: Dans la période 1940-1969, les enseignants membres du clergé étaient à l'origine de 30,6% des abus. Ce chiffre a diminué progressivement pour atteindre 3,5% sur la période 1990-2020. Sur l'ensemble de la période étudiée, ils sont à l'origine de 24,5% des agressions sexuelles dans l'Église catholique.
- Lieux: Les établissements scolaires (y compris les internats) ont représenté 36,3% des abus dans l'Église catholique sur la période 1940-1969, diminuant à 8,9% sur 1990-2020. En moyenne, "près d'un tiers des abus sexuels dans l'Église catholique se sont produits dans les établissements d'enseignement internat et externat à la fois".
- Constatations spécifiques de la CRR (Commission Reconnaissance et Réparation):44% des situations de victimes mineures traitées par la CRR concernent des établissements scolaires.
- La plupart des faits sont anciens (40-50 ans après les faits), à une époque où les directions et les surveillants de dortoir étaient souvent confiés à des religieux.
- Dans près de 100% des cas, les agresseurs sont des hommes.
- Les agresseurs par ordre décroissant sont : le directeur, les enseignants, les surveillants de dortoir, le chef de chorale et l'aumônier.
- 80% des victimes sont de petits garçons, souvent agressés avant ou autour de la puberté.
- Les prédateurs repèrent des enfants particulièrement vulnérables.
- Une surreprésentation de l'Ouest de la France est observée.
- Existence de "clusters", c'est-à-dire des établissements avec plusieurs prédateurs et un fonctionnement "quasi systémique" entre le directeur et un ou deux enseignants. Ces établissements, bien que peu nombreux, ont généré un grand nombre de victimes.
- Le pensionnat est un cadre propice aux abus, souvent répétés sur de longues périodes.
- Il existe des "scénarios" ou "dispositifs" utilisés par les agresseurs.
- Dans certains cas, on peut se demander s'il n'y avait pas une "culture d'établissement".
- L'enfant ne peut souvent pas parler à sa famille (peur de ne pas être cru, peur de faire exploser la famille ou l'établissement).
- L'absence de sanctions dans la quasi-totalité des cas et la couverture des agissements sont soulignées.
- Constat des vies "dévastées" des victimes, même des décennies après les faits (alcoolisme, solitude, phobies, isolement social, incapacité à communiquer).
- Le travail de réparation aide les victimes à sortir du silence, même en cas d'amnésie traumatique.
- La honte et la culpabilité ressenties par les victimes, qui pensent parfois être responsables de ce qui leur est arrivé.
- Explication de la différence de taux de prévalence public/privé:L'internat est un facteur objectif majeur.
- Dans le privé, notamment dans la première période, des "dévoiements, dénaturations, perversions" ont eu lieu, notamment dans le cadre de l'accompagnement spirituel et des sacrements (confession).
- Lieu de l'autorité institutionnelle dans l'enseignement catholique: L'autorité se situe au niveau des "organes de gestion des établissements d'enseignement catholique". Le Secrétariat Général de l'Enseignement Catholique n'est pas une autorité hiérarchique directe, contrairement au Ministère de l'Éducation Nationale et aux recteurs pour le public. Cette absence d'autorité hiérarchique directe sur les établissements privés a été une "découverte tout à fait récente" pour M. Sauvé.
- Pertinence d'une approche nationale et transversale: Une approche nationale et transversale de la prévention de la maltraitance, intégrant l'enseignement public et privé (sous et hors contrat), est jugée "pleinement pertinente". Un dispositif de remontée et de traitement des alertes à ce niveau ne porterait pas atteinte au caractère propre des établissements privés.
- Importance d'une stratégie proactive et de formations: Les dispositifs d'alerte doivent être accompagnés de formations obligatoires. L'inquiétude concerne les établissements qui ne font rien remonter, suggérant qu'il n'y a pas de "vie angélique".
- La périodisation (1940-1969, 1970-1989, 1990-2020): Cette périodisation, inspirée par des historiens, correspond à des moments de bascule dans l'histoire de l'Église catholique et de l'enseignement.
- Avant 1970: Période avant Vatican II, forte présence des internats (petits séminaires), nombreux prêtres et religieux dans les établissements.
- 1970-1989: Réduction significative du nombre d'internats et de prêtres/religieux dans les établissements, confiés de plus en plus à des laïcs.
- 1990-2020: Prise de conscience de la gravité des violences sexuelles sur mineurs dans les années 90. Changement de doctrine au Ministère de l'Éducation Nationale en 1998 (signalement systématique au parquet, poursuites disciplinaires). Décision de "tolérance zéro" par la Conférence des Évêques en 2000. Temps de latence plus long dans l'Église catholique pour passer de la parole aux actes en raison d'un milieu plus restreint et d'une ambiance de fraternité. Le "véritable basculement" dans l'Église catholique a eu lieu avec l'affaire de la Parole Libérée à Lyon (2015-2016).
- Estimation du nombre de prêtres et religieux abuseurs: Estimé à 2800-2900 depuis 1945, soit 2,6% à 2,7% du total. Comparaisons internationales montrent des variations (Pays-Bas : 2,2-2,3%, États-Unis/Allemagne : 4,5%, Australie/Irlande : >7%). Les chercheurs ont souligné l'impact de la tradition française post-Révolution dans la "maîtrise" de ces dysfonctionnements par rapport à des sociétés "pilarisées" où l'Église était ultra dominante.
- Caractère systémique des abus: Le caractère systémique, sauf exception (certains petits séminaires, communautés nouvelles), ne réside pas dans des organisations dédiées à la commission d'agressions, mais dans le fait que "l'institution n'a pas su voir et entendre", n'a pas su capter les "signaux faibles". Lorsque la réalité s'imposait, elle a réagi par le "déni", puis les "mutations discrètes" plutôt que le signalement au parquet et les sanctions.
- La libération de la parole: Le phénomène de libération de la parole reste "profondément troublant et mystérieux". Malgré la publicité des appels à témoignages et la notoriété de la SIAZ, le nombre de victimes identifiées (2750 pendant les travaux, plus 200 après la publication) est très faible par rapport aux 360 000 estimations, ce qui a conduit à des accusations de "fabriquer des chiffres".
- Application des recommandations de la SIAZ: Les recommandations concernant la reconnaissance et la réparation du passé ont été "prises en charge et mises en œuvre immédiatement". Pour les autres recommandations (prévention, contrôle), les intervenants ont une visibilité limitée, car cela dépasse leur mission actuelle.
- Le rôle des parents: La question du rôle des parents est soulevée : l'absence, le refus de voir, ou l'incapacité à entendre. Dans les familles populaires, l'autorité du prêtre pouvait rendre "inconcevable" ou "inimaginable" les abus. Certains parents, même sachant, continuaient de placer leurs enfants dans ces établissements, les considérant comme la "meilleure solution".
- La "culture d'établissement": Mélange d'un contexte géographique (souvent campagne), de l'absence de recours pour les victimes, d'un discours religieux manipulé pour créer une emprise (terrorisme, menace de mort violente en enfer), d'une atmosphère austère et triste, mais aussi "extrêmement sexualisée" (nudité forcée, voyeurisme). Cette culture est "très difficilement" réformable.
- Le syndrome d'occupation intérieure: Les traumatismes liés aux abus "occupent toute la vie" des victimes, les empêchant littéralement de vivre, les forçant à échapper à des souvenirs ou des sensations qui les rappellent l'abus. La libération de ce "fardeau intérieur" est un objectif de la réparation.
- Liens entre réparation et prévention: La réparation et la reconnaissance des violences passées sont "indissociables de la prévention". La meilleure prévention passe par la "responsabilisation des auteurs", les sanctions automatiques (exemple de l'armée), l'éclaircissement de ce qui s'est passé, les appels à témoignages, et l'association des associations de victimes au travail de réforme.
- Le sort des établissements concernés: Nombre de ces établissements ont fermé. Se pose la question de "que faire de ces établissements". La demande des associations de victimes que l'État s'excuse est évoquée, ainsi que l'incompréhension de voir certains de ces lieux (qualifiés de "bagnes", "prisons", "cachots" par les victimes) être aujourd'hui utilisés pour des activités festives ou de loisirs.
- L'enrichissement du service public de la justice: Nécessité de réfléchir à l'offre de "solutions restauratives" pour les victimes dont l'auteur est décédé ou fortuné, au-delà de la seule compensation financière, qui, bien que nécessaire, ne peut réparer l'irréparable. Ces solutions devraient s'appliquer à d'autres secteurs (arts vivants, fédérations sportives).
- Échanges avec le SGEEC (Secrétariat Général de l'Enseignement Catholique): M. Sauvé reconnaît ne pas avoir alerté spécifiquement le SGEEC après la remise du rapport de la SIAZ, pensant que les recommandations générales suffiraient et que le problème des abus dans l'enseignement catholique diminuait. Il a rencontré le secrétaire général plus récemment, à l'occasion du dossier de Betaram.
Idées ou faits les plus importants:
- L'ampleur alarmante des violences sexuelles sur mineurs en France, touchant des millions de personnes.
- La part significative des abus commis en institution, dont l'enseignement catholique et l'enseignement public.
- La défaillance généralisée de l'autorité institutionnelle comme facteur clé ayant permis ces abus.
- L'évolution chronologique des abus dans l'enseignement catholique, avec une forte présence des religieux dans les périodes anciennes.
- La description poignante par la CRR des vies dévastées des victimes, souvent des décennies après les faits, et le rôle crucial de la réparation pour les aider à sortir du silence.
- L'existence de "clusters" et potentiellement d'une "culture d'établissement" propice aux abus dans certains lieux.
- Le caractère systémique des abus dans l'Église catholique résidant dans l'incapacité de l'institution à voir, entendre et réagir de manière appropriée.
- Le constat de la faible proportion de signalements ayant atteint l'institution ecclésiale.
- La reconnaissance par M. Sauvé de ne pas avoir spécifiquement alerté l'enseignement catholique après son rapport, et la pertinence d'une approche nationale sur la prévention.
- La demande des associations de victimes que l'État s'excuse et la question de l'utilisation actuelle de lieux ayant été le théâtre d'abus.
- La nécessité d'enrichir le service public de la justice avec des offres restauratives pour les victimes.
Citations importantes:
- "Nous avons estimé à 5 millions et demi le nombre de personnes majeures dans notre société qui ont été sexuellement agressé pendant leur minorité et ceci doit être vraiment le cadre de notre réflexion." (M. Sauvé)
- "tous ces abus se sont produit dans un contexte dans lequel l'autorité s'est révélée défaillante... elle a été trop souvent absente indifférente et c'est ce qui a permis à ses abus de se de se produire et de se maintenir" (M. Sauvé)
- "près d'un tiers des abus sexuels dans l'Église catholique se sont produits dans les établissements d'enseignement internat et externat à la fois" (M. Sauvé)
- "on constate dans le temps que ce sont des faits anciens la plupart des victimes qui s'adressent à nous viennent 40 ans 50 ans après les faits" (M. Garapon)
- "il y a des clusters il y a des établissements où il y a plus d'un prédateur 2 3 avec un fonctionnement quasi systémique entre le directeur et un ou deux enseignants" (M. Garapon)
- "souvent l'enfant ne peut pas parler à sa famille... il a peur de ne pas être cru a peur de faire exploser l'établissement de faire exploser sa famille" (M. Garapon)
- "je vois des vies dévastées que je ne soupçonnais pas au moment où j'étais juge des enfants je ne soupçonnais pas la dévastation le le les destins terribles des gens que nous voyons" (M. Garapon)
- "le caractère systémique ou institutionnel il a résidé dans le fait que l'institution n'a pas su voir et entendre n'a pas su capter des signaux faibles" (M. Sauvé)
- "l'Église catholique n'a été informé que de 4 % du nombre abus" (M. Sauvé)
- "il n'y avait absolument rien à retirer pas un mot à retrancher [des recommandations de la SIAZ]" (M. Sauvé)
- "on est très souvent sur des modes de défense de l'institution... qui a pour conséquence de ne pas accueillir les personnes victimes au bon niveau ne serait-ce que pour les entendre" (Mme Derain)
- "comment on réforme une culture d'établissement comment on on pense à des choses que bon auxquelles il faut avoir été victime pour le pour le comprendre" (M. Garapon)
- "la meilleure des préventions c'est de pouvoir c'est c'est de c'est de responsabiliser de responsabiliser les auteurs" (M. Garapon)
Questions pour la suite:
- Obtenir le nombre précis de clusters recensés par la CRR.
- Explorer davantage les mécanismes de la "culture d'établissement" et les moyens concrets d'en sortir.
- Évaluer l'application effective des recommandations de la SIAZ par les différentes administrations de l'État concernées (éducation nationale, justice, etc.).
- Demander les rapports de février 2023 de la Conférence des Évêques sur le suivi des recommandations de la SIAZ.
- Interroger les associations de parents d'élèves sur leur connaissance et leur rôle face aux violences en milieu scolaire.
- Analyser le traitement différencié des signalements selon les situations et les établissements.
- Réfléchir à la responsabilité de l'État concernant le financement et l'utilisation des lieux ayant été le théâtre d'abus.
- Explorer les possibilités concrètes de développer des offres de justice restaurative pour les victimes, au-delà des solutions financières.
- Disposer des correspondances et échanges entre la SIAZ, l'Inirr/CRR et le SGEEC concernant les violences en milieu scolaire.
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synthèse détaillée des principaux thèmes et idées importantes issus des extraits de l'audition de François Rebsamen sur la politique d'aménagement du territoire du Gouvernement, présentée sous forme de document de synthèse.
Document de Synthèse : Audition de François Rebsamen sur la Politique d'Aménagement du Territoire du Gouvernement
Date de l'audition : (La date exacte n'est pas précisée, mais les références internes suggèrent une audition récente)
Source : Extraits de "🔴 Audition de François Rebsamen sur la politique d’aménagement du territoire du Gouvernement"
Intervenant principal : Monsieur François Rebsamen, (fonction non spécifiée dans les extraits, mais il s'agit d'un membre du Gouvernement en charge de la politique d'aménagement du territoire et des collectivités locales).
Principaux interlocuteurs : Membres de la délégation (parlementaires, probablement de l'Assemblée Nationale, étant donné la référence à l'examen d'une proposition de loi issue du Sénat à l'Assemblée).
Thèmes abordés :
Finances des collectivités territoriales : Situation financière tendue, en particulier pour les départements, impact des politiques nationales et réformes du financement local.
Dispositifs financiers spécifiques : Fond de sauvegarde, dispositif de lissage conjoncturel (Dilco), Caisse Nationale de Retraite des Collectivités Locales (CNRACL), DMTO (Droits de Mutation à Titre Onéreux).
Relations État-Collectivités : Nécessité d'un partenariat renforcé, contractualisation, conférence financière des territoires.
Organisation territoriale et décentralisation : Réflexions sur une éventuelle réforme structurelle, répartition des compétences, simplification de l'intercommunalité, propositions du rapport Éric Woerth.
Statut de l'élu local : Découragement, freins à l'engagement, propositions d'amélioration des droits et obligations, protection contre la violence.
Services publics en milieu rural : Rôle des Espaces France Services, financement et montée en puissance. Simplification administrative : Initiatives pour réduire la complexité des démarches pour les collectivités.
Questions diverses : Marseille en Grand, risques naturels et adaptation, cybersécurité, rôle des agences de l'État, logement en ruralité, péréquation, mineurs non accompagnés (MNA), cumul des mandats. Synthèse des points clés et idées importantes :
L'audition met en lumière la situation financière difficile de nombreuses collectivités territoriales, en particulier les départements.
Un parlementaire d'entrée de jeu exprime cette préoccupation : "près d'un département sur trois serait éligible au fond de sauvegarde en 2025 contre seulement 14 l'année précédente cela illustre la fragilité croissante des finances départementales qui porte sur elle le poids de la crise sociale que traverse notre pays".
Le président de département de France, François Sauvadet, a même alerté sur le risque d'une "véritable cessation de paiement de certains départements".
Le dispositif de lissage conjoncturel (Dilco), remplaçant un fonds de réserve controversé, est présenté comme une contribution des collectivités au redressement des finances publiques à hauteur d'un milliard d'euros en 2025.
L'incertitude sur la liste des collectivités concernées et le montant de leur contribution est une source de préoccupation. Les dernières estimations évoquent "2099 collectivités et groupements dont 1906 communes et 131 nepci".
Le relèvement progressif du taux de cotisation employeur à la CNRACL sur 4 ans est un autre sujet de préoccupation majeur pour les collectivités, en particulier les départements et les petites communes, en raison de son coût "parfois considérable".
Une série d'auditions est prévue pour explorer des pistes de réforme structurelle de la caisse afin de ne pas aggraver davantage la situation financière des collectivités employeurs.
Ces tensions financières récurrentes soulignent "les limites du modèle actuel de financement des collectivités articulé autour de l'attribution unilatérale de dotation d’État ou de part de fiscalité nationale".
L'idée d'une plus grande autonomie fiscale, donnant aux collectivités un pouvoir de taux ou d'assiette sur une taxe à déterminer, est avancée comme une voie à explorer pour renforcer le principe d'autonomie financière reconnu par la Constitution (article 72-2).
Monsieur Rebsamen confirme l'intention de réunir une conférence financière des territoires dans les prochaines semaines avec la ministre en charge des comptes publics.
Cette conférence, qui devrait avoir lieu "début avril", vise à établir un état des lieux et, potentiellement lors d'une seconde session fin juin, d'entrer dans une phase de contractualisation triennale (sur 3 ans) pour offrir une meilleure prévisibilité des recettes aux collectivités, alignée sur les engagements budgétaires européens jusqu'en 2029.
Sur l'organisation territoriale, le ministre indique qu'il n'y aura "pas de réforme structurelle de l'organisation territoriale d'ici 2027", estimant que cela relève d'une décision majeure "digne d'un programme présidentiel". Il partage néanmoins à titre personnel une idée : les assemblées départementales pourraient être composées de représentants des EPCI (Établissements Publics de Coopération Intercommunale) pour une représentation plus juste et une vision plus large de l'intérêt départemental.
Cela permettrait "d'éviter des doublons" et potentiellement de supprimer l'élection départementale directe par canton, optant pour une désignation au second degré.
Le découragement des élus locaux et les difficultés à constituer des listes de candidats, en particulier dans certaines communes, sont des sujets de vive préoccupation. L'audition aborde la nécessité de donner un signal fort et de lever les freins à l'engagement public local.
Une proposition de loi sur le statut de l'élu, issue du Sénat, sera examinée à l'Assemblée Nationale "au prochain trimestre" (mai).
Ce texte pourrait être enrichi par des dispositions améliorant les droits des élus (handicap, retraite, reconversion, formation), clarifiant leurs droits et obligations, et renforçant leur protection.
La violence envers les élus est spécifiquement abordée, avec un rappel des avancées législatives récentes (renforcement des sanctions pénales, extension de la protection fonctionnelle).
Cependant, il est souligné que malgré ces mesures, de nombreux élus ne connaissent pas leurs droits et les dispositifs de protection.
Le ministre s'engage à améliorer la communication sur ces sujets, notamment via les préfets et une potentielle refonte du Guide des élus. Il insiste sur la nécessité d'une réponse pénale plus ferme et rapide face aux agressions.
Les Espaces France Services sont présentés comme un succès dans l'accès aux services publics en milieu rural, mais leur succès même les rend victimes de leur saturation, nécessitant un accompagnement financier accru.
Le ministre confirme l'objectif de 3000 espaces et la volonté de porter les subventions de fonctionnement à 45 000 € cette année et 50 000 € l'an prochain.
Plusieurs points spécifiques sont également soulevés :
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Marseille en Grand : Le ministre défend l'avancement du plan malgré les retards initiaux (1,3% de crédits consommés selon un rapport de la Cour des comptes de 2024, passé à 30% un an et demi plus tard), expliqués par la complexité de la mise en place des établissements publics. Il note l'absence pour l'instant d'un volet spécifique sur la revitalisation économique du centre-ville.
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DMTO et péréquation : La possibilité pour les départements d'augmenter les DMTO est une mesure d'urgence mais non durable. La question de la péréquation des DMTO entre départements riches et pauvres est soulevée comme une solution de solidarité, coûteuse pour certains départements mais "coûte zéro à l'État". Le ministre l'entend et s'engage à en discuter avec l'Association des Départements de France.
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Mineurs Non Accompagnés (MNA) : Considérée comme une compétence régalienne de l'État, la prise en charge des MNA pèse lourdement sur les budgets départementaux, en particulier les plus modestes. Un effort accru de l'État est demandé. Le ministre en est "attentif".
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Risques naturels et cybersécurité : L'idée d'une péréquation du risque climatique est jugée "excellente", potentiellement via une réforme de la DSU ou un fonds dédié. L'extension du FNADT à la cybersécurité est envisagée pour aider les collectivités à renforcer leur résilience.
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Loi 3DS et différenciation territoriale : Le ministre est "très partisan du fait qu'on puisse aller sur une différenciation territoriale" et souhaite que les préfets appliquent mieux les possibilités offertes par la loi 3DS, même si les "doctrines différentes entre certains services de l’État dans des départements" mitoyens peuvent surprendre.
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Agences de l'État : Leur rôle et leur coût sont questionnés, avec le souhait que leur action soit mieux alignée sur les orientations politiques définies par le gouvernement et qu'on évite les doublons avec l'ingénierie offerte par les collectivités elles-mêmes (départements, métropoles).
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Logement en ruralité : Une réflexion est en cours, notamment au sein de l'ANRU, pour intervenir davantage dans les petites et moyennes villes ayant des problèmes de logement et d'insalubrité. Des fonds spécifiques (100 millions d'euros mentionnés) sont alloués, en complément de la DETR.
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Fiscalité locale et lien citoyen : La dépendance des communes à la taxe foncière sur les propriétés bâties, qui ne touche qu'une partie des résidents, est jugée intenable à terme. L'idée de trouver un "nouveau lien de résidence plafonné" est avancée comme une piste de réflexion.
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DETR : Le ministre défend fermement le maintien de la DETR, outil essentiel pour les communes rurales, et s'oppose à toute fusion avec d'autres enveloppes (Dsil, Fond Vert).
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Cumul des mandats : Le ministre est favorable au cumul d'un mandat exécutif local et d'un mandat national, regrettant que certains parlementaires n'aient pas une connaissance du terrain issue d'une expérience d'élu local.
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Assurabilité des communes : Suite aux sinistres climatiques et urbains, de nombreuses communes peinent à trouver des assurances. Des "assises de l'assurabilité" sont prévues (Rocloire) pour trouver des solutions, potentiellement via une mutualisation, le renforcement des outils de solidarité nationale et la dynamisation du marché de l'assurance.
En conclusion, l'audition dépeint un paysage complexe pour les collectivités locales, marqué par des tensions financières, la nécessité d'adapter les politiques aux enjeux contemporains (climatiques, sociaux, sécurité), et une réflexion continue sur la relation État-collectivités et l'organisation territoriale.
La volonté d'améliorer la prévisibilité financière via la contractualisation et de renforcer le statut de l'élu local sont des priorités affichées par le ministre, tout en reconnaissant les limites des réformes structurelles possibles dans le contexte politique actuel.
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Note de synthèse : Audition de Philippe Baptiste sur sa feuille de route pour l’enseignement supérieur et la recherche
Date : [Date de l'audition - non précisée dans le texte] Sujet : Examen de la feuille de route du Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste. Source : Extraits de l'audition parlementaire de Philippe Baptiste.
Vue d'ensemble : L'audition de Philippe Baptiste devant la représentation nationale aborde les défis et les orientations stratégiques du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR).
Le Ministre présente sa feuille de route centrée sur deux axes majeurs : la souveraineté et la jeunesse, tout en reconnaissant les préoccupations des parlementaires concernant le financement, la vie étudiante, la politisation de l'université, l'adaptation des études, la précarité et l'impact de l'intelligence artificielle.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
Financement et Budget :
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Préoccupations des Parlementaires : Plusieurs intervenants soulignent les difficultés financières des universités, dont une large majorité est déficitaire. Ils s'inquiètent du non-respect des paliers budgétaires fixés par la Loi de Programmation de la Recherche (LPR) de 2020 et s'interrogent sur l'efficacité du Crédit d'Impôt Recherche (CIR), jugé coûteux (plus de 7 milliards d'euros par an) et bénéficiant principalement aux grandes entreprises sans impact notable sur l'investissement privé en R&D.
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Position du Ministre : Philippe Baptiste défend le budget obtenu pour son ministère dans un contexte difficile. Il tient à clarifier la distinction entre le périmètre de la mission "Recherche et Enseignement Supérieur" (MIRES) et le budget direct du MESR. Il affirme que la baisse de crédits évoquée (environ 930 millions d'euros) concerne principalement des programmes budgétaires d'autres ministères et non ceux de la recherche universitaire, de base ou de la vie étudiante.
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Chiffres Clés Avancés par le Ministre :Progression de 300 millions d'euros sur le budget des universités en 2025 par rapport à 2024, compensant le gel de crédits et dédiant 100 millions aux mesures RH de la LPR.
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Un prélèvement de trésorerie d'environ 100 millions d'euros sur le CNRS, justifié par des réserves de 1,4 milliards d'euros.
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Trésorerie cumulée des universités dépassant 5 milliards d'euros, soit près de 150 jours de fonctionnement (chiffre contesté par une parlementaire).
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La LPR a apporté 2,2 milliards d'euros de financement supplémentaire aux universités.
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Le budget de la vie étudiante reste stable.
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Au total, le budget du MESR est en progression de 137 millions d'euros par rapport à 2024.
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Réflexion sur l'allocation des moyens : Le Ministre reconnaît les limites du système actuel d'allocation des moyens (Sympa) et la nécessité de réfléchir à un modèle plus dynamique, prenant en compte l'activité des universités et les contrats d'objectif et de performance. Un rapport de l'IGF et de l'IGESR sur le modèle économique des universités est attendu.
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Articulation recherche publique/privée : La France est en retard sur ses objectifs en R&D, en grande partie due à un manque d'investissement privé. Le ministère vise à accompagner la hausse de cet investissement et interrogera l'efficacité des dispositifs existants, notamment le CIR.
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Axes Stratégiques de la Feuille de Route : Souveraineté et Jeunesse :
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Conviction du Ministre : "l’enseignement supérieur et la recherche sont les clés de notre avenir".
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Souveraineté : La recherche contribue à garantir la souveraineté de la France en lui permettant de se projeter dans l'avenir, notamment en matière de technologies de pointe, d'industrie, mais aussi de démocratie et de valeurs. Cela assure l'indépendance stratégique du pays. La recherche structure les agences de programme pour identifier les priorités stratégiques dans des domaines comme le spatial, l'IA, la santé, les composants, mais aussi les sciences humaines et sociales.
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Jeunesse : L'enseignement supérieur forme la jeunesse, qui aura la responsabilité de l'avenir. Le Ministre est conscient des difficultés matérielles et de santé mentale rencontrées par les jeunes.
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Ancrage Territorial : Ces deux axes doivent s'ancrer dans les territoires.
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Vie Étudiante et Conditions de Vie :
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Précarité Étudiante : La précarité est une préoccupation majeure. Environ un étudiant sur quatre serait en situation de précarité. Le système de bourses actuel prend mal en compte la dé-cohabitation.
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Réforme du Système de Bourses : C'est un "gros chantier", un enjeu d'organisation, de justice sociale et budgétaire. Le Ministre souhaite avancer sur ce sujet en particulier avec les organisations étudiantes.
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Logement Étudiant : Malgré des efforts passés (30 000 logements sociaux créés entre 2018-2022, dont 12 000 par les Crous), les besoins sont importants. L'objectif est de rénover 12 000 logements vétustes et de créer 35 000 nouveaux logements d'ici 2027. Le Premier Ministre a annoncé 15 000 logements par an sur 3 ans, privilégiant le social et l'intermédiaire.
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Restauration Universitaire : 43 millions de repas servis l'an dernier, 10 millions de plus qu'en 2022. Plus de 50% des repas sont à 1€.
- Aménagement des Études : Nécessité d'adapter les études aux autres activités des étudiants, notamment les sportifs de haut niveau qui ne disposent pas d'un statut clair.
Valeurs et Libertés Académiques :
- Défense des Valeurs : Le Ministre met au cœur de son action la défense des valeurs fondamentales :
- Libertés académiques : "aucun compromis n'est possible".
- Refus absolu de toute forme de discrimination et de violence : lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et combat résolu contre le racisme, "et en particulier contre l'antisémitisme".
- Lutte contre l'Antisémitisme : Un travail est mené avec le garde des Sceaux. Les procureurs ont reçu des consignes claires pour traiter en priorité les signalements (article 40). Une proposition de loi sur les commissions disciplinaires plus efficaces est attendue.
- Égalité Homme-Femme : Promotion par un effort renouvelé, notamment pour accroître l'attractivité de la science pour les femmes, où elles sont sous-représentées.
- Politisation de l'Université : Un parlementaire s'inquiète de l'"instrumentalisation croissante" de l'université à des fins idéologiques, notamment via l'utilisation des fonds de la CVEC et les prises de position partisanes de certains universitaires et présidents d'université.
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Réponse du Ministre : La CVEC est gérée par les établissements avec la participation des étudiants. L'utilisation des fonds doit être conforme aux valeurs républicaines. L'université est un lieu de savoir, de pluralité, de débat libre. Les présidents d'université ont des pouvoirs de police pour garantir l'ordre public et la continuité du service. Une coopération plus étroite avec les préfets et les forces de l'ordre est mise en place. L'organisation de conférences devrait idéalement assurer une expression pluraliste (charte envisagée par France Universités).
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Organisation et Simplification :
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Clause de Revoyure de la LPR : Le Ministre compte la mettre en œuvre pour faire le bilan de ce qui a été fait et ce qui reste à faire.
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Simplification : Nécessité de réduire la bureaucratie qui touche laboratoires et amphithéâtres. Le mode de financement par appels à projets, devenu majoritaire, doit être "profondément repensé", sans pour autant les supprimer entièrement. D'autres moyens de financement doivent être développés.
Orientation et Accès à l'Enseignement Supérieur :
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Ancrage Territorial et Besoins Locaux : Les besoins des territoires doivent guider la définition des cartes de formation pour offrir perspectives d'études et d'emploi aux jeunes. L'objectif est de garantir l'accès à une formation de qualité à proximité. La continuité Bac-3 / Bac+3 est une priorité, en coopération avec le Ministère de l'Éducation Nationale.
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Orientation : Dialogue constant avec le MEN pour améliorer l'orientation et apporter de la clarté aux jeunes et familles. Parcoursup, bien qu'utile, suscite angoisses et questions. Une approche territorialisée de l'orientation est nécessaire pour préserver les chances d'études du plus grand nombre.
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Régulation du Privé Post-Bac : Le Ministre s'engage à réguler le secteur privé post-bac. Il existe des formations privées lucratives profitant de la "candeur" des étudiants et dont certaines relèvent de la répression des fraudes. Le Ministère travaille à les réguler, notamment en les retirant de Parcoursup et en collaborant avec le Ministère du Travail pour un label conjoint basé sur Caliopi. Un travail sur le code de l'éducation est envisagé.
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Bacheliers Professionnels : Ils sont souvent confrontés à l'échec dans le supérieur (taux de réussite très faible en licence). Ils doivent être au cœur du projet. Les formations propédeutiques (type "Wisi") peuvent apporter des réponses pour leur donner les moyens de réussir.
Intelligence Artificielle :
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Impact Majeur : L'IA bouleverse déjà la recherche (rédaction, recherche expérimentale, traitement de données). C'est un "défi vertigineux" pour l'enseignement supérieur.
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Intégration dans la Formation : Il est essentiel d'intégrer l'IA dans les maquettes pédagogiques et d'expliquer aux étudiants son fonctionnement, ses limites et ses biais.
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Fiabilité des Données : L'IA soulève la question de la fiabilité des données et de l'intégrité des publications scientifiques. Le Ministère soutient l'Open Source et l'Open Data. La régulation doit être menée par les communautés scientifiques, souvent au niveau international.
Questions Spécifiques :
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Violences sur les Campus : Préoccupation face aux violences, notamment celles liées à l'extrême gauche ("Antifa"). Le Ministre réaffirme la responsabilité des présidents d'université pour garantir l'ordre public et la sécurité, avec le soutien des forces de l'ordre. Des poursuites judiciaires (article 40) sont prioritaires pour les actes graves, en particulier l'antisémitisme et le racisme.
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Études de Santé : Réforme nécessaire des études de santé (Pass/LAS). Le système actuel, bien qu'imparfait, a réduit le "gâchis" (moins d'étudiants quittant le système après échec). Cependant, la grande diversité des organisations universitaires rend le système complexe. Un travail de simplification est prévu avec le Ministère de la Santé. Les universités sont le lieu historique de formation en santé et la confrontation à la recherche y est essentielle.
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"Kilabs" au CNRS : Le projet du président du CNRS a suscité interrogations et questions. Le Ministre a décrété un moratoire. Le CNRS a une politique scientifique propre, différente de la somme des politiques universitaires, mais elle doit être articulée avec celle des établissements et discutée en amont avec le ministère. L'excellence n'est pas uniforme, mais il faut donner à chaque laboratoire les moyens de développer son excellence, y compris les futurs laboratoires d'excellence. La concertation en cours sera déterminante.
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Égalité des Chances en Classes Préparatoires : Les prépas publiques sont performantes, notamment en sciences, mais des questions se posent sur les filières économiques où les prépas privées payantes sont mieux classées. Le Ministre reconnaît le sujet et souhaite l'étudier.
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Formation des Enseignants (INSPE) : Bien que la formation soit universitaire, les ESPE travaillent en lien étroit avec les enseignants du premier et second degrés, confrontant les universitaires à la pratique sur le terrain.
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Rénovation Énergétique du Parc Universitaire : Les besoins sont considérables (estimés à 15 milliards d'euros pour l'ESR, dont 40% de passoires énergétiques). Les budgets actuels sont insuffisants malgré les efforts. Le Ministre mentionne l'impossibilité pour les universités d'emprunter facilement et le rôle du budget de l'État dans cette décision. C'est un sujet important.
Citations Pertinentes :
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"le niveau des moyens budgétaires consacrés à la recherche est tout aussi préoccupant contrairement à C nombre de voisins européens la France reste loin de l'objectif de Lisbonne qui est fixé qui a fixé l'effort en matière de recherche à 3 % du PIB" (Parlementaire)
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"le très coûteux crédit d'impôt recherche du moins de sa version actuelle représentant un coût fiscal de plus de 7 milliards d'euros par an il bénéficie essentiellement aux grandes entreprises sans produire des faits notable sur la part d'investissement privé de recherche dans le PIB" (Parlementaire)
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"l'enseignement supérieur doit être le lieu qui prépare notre jeunesse à se saisir du monde dans toute sa complexité" (Ministre)
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"l’enseignement supérieur et la recherche sont les clés de notre avenir" (Ministre)
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"par la recherche nous pouvons contribuer à garantir la souveraineté de notre pays" (Ministre)
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"pour l'enseignement nous formons la jeunesse de notre pays qui aura en assumé la responsabilité souveraineté et jeunesse voici les deux axes de ma feuille de route" (Ministre)
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"les libertés académiques sur lesquelles aucun compromis n'est possible" (Ministre)
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"le refus absolu le refus absolu de toute forme de discrimination et de toute violence" (Ministre)
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"la promotion des passe par un effort renouvelé en faveur de l'égalité homme-femme dans l'enseignement supérieur et la recherche" (Ministre)
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"le système d'enseignement supérieur et de la recherche doit avoir les moyens ces moyens il faut les utiliser au mieux au service des chercheurs des enseignants chercheurs des enseignants des étudiants ou encore des personnels non ignants" (Ministre)
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"faciliter le travail de tous des laborato aux enfi c'est aussi travailler sur un chantier de simplification" (Ministre)
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"l'université doit rester un lieu de savoir et de débat libre mais elle ne peut pas devenir un instrument de militantisme financé par des contributions obligatoire d'étudiants" (Parlementaire)
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"la recherche et l'élévation du niveau général d'éducation sont nos rempart contre l'obscurantisme et nos leviers face au bouversement climatique" (Parlementaire)
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"un plan social de masse se prépare dans les universités et les laboratoires français" (Parlementaire - LFI)
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"l'objectif n'est pas l'efficacité budgétaire mais la destruction programmée de l'Université de la recherche publique pouroser un système élitiste payant et soumis aux intérêts privés" (Parlementaire - LFI)
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"le défaut de choix d'orientation n'est certainement pas la seule explication le changement de cadre de pédagogie et de méthode d'apprentissage joue aussi un rôle important" (Parlementaire)
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"les étudiants ne choisissent pas toujours les études qui leur correspondent le mieux ce qui se traduit en pratique par un taux d'échec parfois élevé" (Parlementaire)
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"l'université est le lieu de la transmission du savoir et des humanités pas le laboratoire du wisme ni celui de la violence d'extrême gauche" (Parlementaire)
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"nous assistons à une dérive idéologique préoccupante [au CNRS] l'initiative ho kitics [...] vise à inciter les utilisateurs du réseau social X à migrer vers des plateformes alternatives jugé plus conformes au stand de modération de l'extrême gauche" (Parlementaire)
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"Quand des étudiants dénoncent une injustice ils sont immédiatement réprimé et quand l'extrême droite droite propage la haine au cœur de l'université le gouvernement détourne le regard" (Parlementaire - LFI)
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Enjeux et Perspectives : Le Ministre s'engage à travailler sur des sujets clés comme la réforme des bourses, l'amélioration du logement étudiant, la simplification administrative, la régulation de l'enseignement supérieur privé, l'amélioration de l'orientation, le soutien aux bacheliers professionnels et l'adaptation à l'IA.
Il réaffirme la nécessité de défendre les valeurs républicaines et académiques face aux tensions et aux violences.
La question du financement reste centrale, malgré la défense du budget par le Ministre.
L'articulation entre recherche publique et privée et la modernisation de l'allocation des ressources universitaires sont également des chantiers importants.
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Document de synthèse : Analyse des sources sur la protection de l'enfance et les enjeux démocratiques
Ce briefing document analyse les thèmes principaux, les idées essentielles et les faits les plus marquants issus des sources fournies, principalement centrées sur le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les défaillances de la protection de l'enfance en France, ainsi que sur des discussions autour de la "conception narrative de la vérité" et de la proposition de loi PLM.
Thèmes principaux :
- Les défaillances structurelles de la protection de l'enfance en France : Le rapport de la commission d'enquête met en lumière un système "profondément et structurellement dysfonctionnel", caractérisé par un "échec des politiques de protection de l'enfance", admis même par le gouvernement. Les "scandales de maltraitance et les défaillances répétées" révèlent des "dysfonctionnements très profonds".
- Le désinvestissement historique de l'État et l'opacité du système : L'État est accusé d'avoir "toujours refusé de voir et de prendre en charge cette question", déléguant historiquement cette politique publique et ne s'étant "jamais regardé" sur ses propres responsabilités. Cette délégation a créé un "millefeuille de responsabilité mêlant département, association, secteur privé qui conduit à ce que personne ne soit responsable de rien". L'opacité du système, caractérisée par une "omerta", rend les enquêtes extrêmement difficiles.
- Le manque de moyens et ses conséquences dramatiques : Le système souffre d'un "manque de moyens criant", entraînant des conditions d'accueil déplorables, notamment dans les pouponnières où les normes d'encadrement sont jugées insuffisantes ou inexistantes pour les plus âgés. Les conséquences pour les enfants placés sont alarmantes, avec des chiffres édifiants concernant leur santé et une espérance de vie inférieure de 20 ans.
- La "conception narrative de la vérité" et ses implications politiques et judiciaires : La phrase des juges concernant les déclarations de Marine Le Pen comme relevant d'une "conception narrative de la vérité" est analysée comme un refus d'entrer dans la démarche judiciaire d'établissement des faits, préférant un récit politique. Ce phénomène est comparé à la "trumpisation de la vie publique" et à la post-vérité, où le récit tend à remplacer les faits objectifs.
- La proposition de loi PLM et le mode de scrutin dans les grandes villes : La proposition de loi visant à modifier le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille soulève un débat sur le retour au droit commun, la lisibilité du vote et les motivations électoralistes de cette réforme, soulevant des divisions au sein de la classe politique.
- Idées et faits les plus importants :
- Rapport de la commission d'enquête parlementaire :
- Titre : "Protection de l'enfance : les défaillances de l'Etat".
- Contenu : 523 pages, 83 heures d'audition, 126 personnes entendues, 7 déplacements, 92 recommandations.
- Constat : "Notre République a failli à protéger les plus vulnérables", "échec de la protection de l'enfance", "action publique profondément et structurellement dysfonctionnelle".
- Responsabilité : L'État "a toujours refusé de voir et de prendre en charge cette question", un "millefeuille de responsabilité" où "personne ne soit responsable de rien".
- Conséquences : "machine à broyer de l'humain", espérance de vie inférieure de 20 ans, deux fois plus de maladies cardio-vasculaires et de cancers, onze fois plus de démences chez les enfants placés.
- Conditions d'accueil : Normes d'encadrement insuffisantes (1 adulte pour 6 bébés en journée, 1 pour 30 la nuit) et aucune norme pour les 3-18 ans, favorisant le secteur privé lucratif et l'intérim. Témoignages d'enfants "tristes", qui "ne jouent plus", "ne pleurent plus car personne ne venait à leur secours".
- Propositions : Réformer le pilotage, augmenter les moyens via une loi de programmation pluriannuelle, renforcer les contrôles et les rendre plus indépendants (contrôle au moins tous les 2 ans, contre tous les 10 ou 15 ans actuellement), mieux former et encadrer le personnel, créer une commission de réparation pour les enfants victimes.
- Accueil du rapport : Accueilli avec "espoir et prudence", crainte d'un "nième rapport qui soit émis sans pouvoir définir clairement où sont les responsabilités".
- Importance de l'historique : L'État a toujours délégué cette politique publique, passée de la charité à un secteur associatif professionnalisant, avec une décentralisation qui a entraîné un "empilement de compétences".
- Opacité et omerta : Difficulté à enquêter due à un "mur du silence absolument énorme", une "omerta" au sein des conseils départementaux et des structures.
- Témoignages : Exemples de Malakaille (enfant de 7 ans mort malgré le suivi de l'ASE), Marina (enfant morte en 2009 malgré des rapports dénonçant les défaillances), Mamie Diara (ancien enfant placé ayant subi de la maltraitance en foyer, soulignant l'importance de l'accès aux droits et la connaissance de ceux-ci par les enfants).
- La situation à Marseille : 90% des foyers dépendant de l'aide sociale à l'enfance seraient des centres de recrutement pour les proxénètes.
- L'accès aux droits : Les enfants placés ou dans leur famille d'origine "souffre d'un manque de moyen pour signaler toute forme de maltraitance". Proposition de rendre obligatoire l'assistance par avocat devant le juge des enfants, mesure qui n'a pas été adoptée malgré plusieurs tentatives.
- La question de la compétence départementale : Le cas de Châteauroux (60 enfants placés sans agrément dans des familles d'accueil maltraitantes par l'ASE du Nord) est emblématique des défaillances de contrôle et de la possible "jugé partie" du département dans l'agrément et le contrôle. Proposition de créer une commission de contrôle indépendante et de permettre aux parlementaires de visiter, y compris de manière inopinée.
- Les familles d'accueil : Le cas de Châteauroux n'impliquait pas des assistants familiaux agréés mais des personnes non habilitées. Nécessité de revaloriser les salaires des assistants familiaux et de repenser l'organisation des séjours de répit. Proposition d'ouvrir l'accueil à "tous" (avec labellisation et sécurisation) et de ne pas se limiter aux modèles traditionnels.
- Les foyers : Proposition d'une loi de programmation sur 5 ans pour former plus d'éducateurs spécialisés, résoudre la crise des vocations et mettre en place un fond d'urgence.
- L'adoption : La proposition de Catherine Vautrin de favoriser l'adoption des enfants placés est jugée pertinente pour les pupilles mais ne concerne qu'une petite partie des enfants sous protection (350 000 mesures au total).
- La sécurité des données : Les données des enfants confiés et des associations ne sont pas suffisamment sécurisées.
- Interdiction des bébés en foyers : Proposition d'interdire l'accueil des enfants de 0 à 3 ans en foyers d'ici 5 ans.
- Financement : L'investissement dans l'enfance, notamment la prévention, est jugé indispensable malgré les déficits, car les études montrent que les problèmes de santé liés aux défaillances coûtent déjà 38 milliards par an.
- La "conception narrative de la vérité" :
- Source : Jugement de Marine Le Pen et de ses coaccusés, notamment la phrase : "les déclarations des prévenus relèvent d'une conception à tout le moins narrative de la vérité".
- Analyse : Refus de la part de la défense d'entrer dans le processus judiciaire d'établissement des faits, préférant un récit politique et une "zone de non-droit" extrajudiciaire.
- Comparaison : Parallèle avec les "alternative facts" de Donald Trump et la "trumpisation de la vie publique", où le populisme refuse les médiations judiciaires et préfère la mise en scène de points de vue.
- Conséquence : Le récit remplace les faits, menace les piliers de la vérité (justice, presse, science).
- Discours réactionnaire : Lien avec un discours plus large (présent aux États-Unis et en Russie) sur la décadence de l'Occident libéral, où les piliers de la démocratie sont considérés comme des freins au capitalisme. Ce discours basé sur l'émotion, l'identité et la morale plutôt que sur les faits est une "offensive" menaçante.
- Le courage des juges : Les juges, en affirmant leur position dans un délibéré détaillé, font une "œuvre pédagogique" et de "salut public" face à cette déconstruction de la vérité.
- La proposition de loi PLM :
- Objet : Changer le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille pour revenir au droit commun, où les électeurs votent directement pour les conseillers municipaux qui élisent ensuite le maire.
- Arguments en faveur : Revient au droit commun, 9 habitants sur 10 seraient favorables au changement, taux d'abstention plus élevé dans ces villes.
- Arguments contre : Manœuvre électoraliste ("loi de convenance personnelle" pour Rachida Dati), absence de concertation, ne résout pas le problème de la prime majoritaire, crée un statut spécifique pour ces communes.
- Timing : Modifier les règles à moins d'un an des municipales est critiqué, bien que des exemples historiques existent (loi de 1982 adoptée moins de 3 mois avant les élections de 1983).
- Divisions politiques : Soutenue par le Premier ministre, Rachida Dati, le RN et LFI. Opposée par les communistes, et divisant les Républicains et le Parti socialiste.
- Avenir de la loi : Probable adoption à l'Assemblée Nationale, opposition possible au Sénat, puis discussion en commission mixte paritaire. Possible saisine du Conseil d'État et du Conseil Constitutionnel.
Citations pertinentes :
- "Notre République a failli à protéger les plus vulnérables." (Première phrase du rapport de la commission d'enquête)
- "l'échec de la protection de l'enfance dans notre pays." (Catherine Vautrin, ministre des Solidarités)
- "un trou noir de la République." (Thibault Enoc, journaliste)
- "une action publique profondément et structurellement dysfonctionnelle." (Rapport de la commission d'enquête)
- "un millefeuille de responsabilité mêlant département, association, secteur privé qui conduit à ce que personne ne soit responsable de rien." (Thibault Enoc, journaliste)
- "une machine à broyer de l'humain." (Thibault Enoc, journaliste)
- "les bébés qu'on a vu et qui avaient 3 mois pour certains on a vu des enfants à l'étage qu'on ne descendait pas parce qu'il y avait pas de bras pour les sortir au sens de les promener ces enfants sont concrètement tristes ils ne jouent plus c'est des enfants qui parfois ne pleurent plus quand ils se font mal des bébés qui ne pleurent plus car personne ne venait à leur secours quand ils pleuraient." (Thibault Enoc, journaliste)
- "l'État a toujours délégué cette politique publique ça permet de dire que les responsabilités en fait il n'a on a passé les décennies à ne pas regarder que l'État était totalement désinvesti c'est pour ça que je parle d'un impensé des politiques publiques de la protection de l'enfance." (Isabelle Santiago, rapporteur de la commission d'enquête)
- "il existe une omerta pas simplement au niveau de des conseils départementaux mais aussi au sein des structures de l'aide sociale dans l'enfance." (Claude Ardide, grand reporter)
- "90 % des foyers qui dépendent de l'aide sociale de l'enfance sont des centres de recrutement pour les proxénètes avec des gamines qui ont moins de 15 ans." (Claude Ardide, grand reporter, citant la chef du parquet mineur de Marseille)
- "exercer un droit c'est avant tout le connaître et donc il faut des relais de transmission de ces droits fondamentaux." (Sarah Despré, avocate)
- "les déclarations des prévenus relèvent d'une conception à tout le moins narrative de la vérité." (Extrait du jugement des juges)
- "la conception narrative de la vérité c'est qu'on raconte une histoire." (Christian Salmon, écrivain et chercheur)
- "On a là un symptôme de la trumpisation de la vie publique et en particulier de la justice." (Christian Salmon, écrivain et chercheur)
- "le récit remplace les faits." (Christian Salmon, écrivain et chercheur)
- "c'est la grande nouveauté de l'époque hein c'est-à-dire que jusqu'à présent il y avait une sorte de consensus entre le développement économique le capitalisme et la démocratie euh tous ces théoriciens dont vous parlez ont brisé ce lien." (Christian Salmon, écrivain et chercheur)
- "c'est une manœuvre électorale et comme toute manœuvre électorale c'est une basse manœuvre." (Céline Vieux, députée socialiste)
Ce briefing met en évidence la gravité de la crise de la protection de l'enfance en France, les manquements de l'État, et la complexité des réformes nécessaires.
Il souligne également les enjeux démocratiques liés à la vérité et à la manière dont les récits peuvent affecter le débat public et la justice.
Enfin, il illustre les tensions politiques autour de la réforme du mode de scrutin dans les grandes villes.
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Document de synthèse : Analyse des sources sur la prescription des violences sexuelles
Ce document de synthèse examine les points clés et les arguments présentés dans les extraits de l'audition des professeures de Droit et ex-membres de la CIIVISE sur la prescription des violences sexuelles.
1. Constat général et contexte :
- Les violences sexuelles constituent un phénomène de masse en France, avec un nombre élevé de victimes déclarées (270 000 en 2023 selon le ministère de l'Intérieur).
- Le mouvement #MeToo a libéré la parole des victimes, mais de nombreuses plaintes pour faits anciens sont classées sans suite en raison de la prescription.
- Les victimes mettent souvent des années, voire des décennies, à pouvoir nommer ou se souvenir des violences subies et à dénoncer leurs agresseurs, parfois en raison d'amnésie traumatique.
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La question de la prescription est donc centrale dans la problématique des violences sexuelles.
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Réglementation actuelle et réformes récentes :
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Les règles de prescription ont été assouplies et élargies par des réformes successives.
- Actuellement, le délai de prescription pour les crimes sexuels sur mineurs est de 30 ans à compter de la majorité de la victime.
- Pour le viol sur majeur, le délai est de 20 ans à compter de la commission du crime.
- Un dispositif de prescription glissante existe pour les crimes sexuels sur mineurs : si l'auteur commet une nouvelle infraction sexuelle sur un autre mineur avant l'expiration du délai initial, le délai de prescription du crime initial est prolongé jusqu'à la date de prescription de la nouvelle infraction.
3. Propositions et débats :
- La CIIVISE préconise l'imprescriptibilité des crimes sexuels commis contre les mineurs dans son rapport de novembre 2023.
- Une proposition de loi d'Aurore Berger prévoit l'imprescriptibilité des viols commis sur des mineurs en matière civile (pour la réparation du dommage) et non pénale (Article 1er).
- L'Article 2 de cette proposition de loi vise à étendre le dispositif de prescription glissante aux majeurs.
- Ces questions suscitent des débats tant juridiques que sociétaux.
4. Analyse de la prescription glissante et de son extension aux majeurs :
- Arguments favorables à l'extension aux majeurs :D'un point de vue purement juridique, cela ne soulève pas de problématique et constitue un choix politique possible (Audrey Darsonville).
- C'est un mécanisme pertinent et légitime, car le caractère sériel des infractions visées pallie les difficultés de preuve et fait obstacle au droit à l'oubli (Julie Klein).
- Rien ne justifie techniquement que ce mécanisme soit réservé aux seules victimes mineures, le caractère sériel étant identique (Julie Klein).
- L'extension permettrait de lutter contre le caractère hautement sériel des violences sexuelles (Karine Durrieu-Diebolt).
- Un acte d'enquête dans une affaire permettrait l'interruption dans toutes les autres affaires impliquant le même auteur, y compris pour les majeurs (Audrey Darsonville).
- L'absence d'extension aux majeurs crée une injustice pour les victimes dont les faits sont prescrits mais qui pourraient être rattachées à des faits plus récents du même auteur (Karine Durrieu-Diebolt).
- Points de vigilance et interrogations :Il est impossible de faire un bilan de la prescription glissante actuelle car elle est trop récente (2 ans) (Audrey Darsonville).
- L'efficacité de la prescription glissante, notamment pour les auteurs sériels qui se déplacent, suppose une coordination nationale renforcée des services de police (Audrey Darsonville).
- Le mécanisme crée une "chaîne" de prescriptions. Que se passe-t-il si une infraction dans la chaîne disparaît (par exemple, n'est pas caractérisée ou change de qualification) ? Il n'y a pas de dispositif normatif pour éviter que cela ne brise toute la chaîne, ce qui pourrait être difficile à expliquer aux victimes (Audrey Darsonville).
- Si la prescription glissante est étendue aux majeurs, elle sera sollicitée pour d'autres infractions (comme les homicides en série) car la spécificité actuelle réside dans les victimes mineures. C'est un choix de politique pénale à assumer (Audrey Darsonville).
5. Analyse de l'imprescriptibilité :
- Imprescriptibilité pénale (sur les mineurs) :Audrey Darsonville y est plutôt défavorable.
- Elle estime que les réformes récentes ont déjà largement allongé la prescription (30 ans à partir de la majorité) avec de nombreux actes interruptifs possibles, rendant l'imprescriptibilité pénale moins nécessaire.
- Elle doute que la justice pénale soit en mesure d'apporter une réponse efficace à des plaintes extrêmement tardives.
- Elle perçoit l'imprescriptibilité pénale comme une "façon un peu à moindre coût d'offrir une réponse qui ne sera pas assorti de véritable opportunités pénales".
- La justice pénale ne peut pas être le seul outil de réparation. D'autres outils comme la justice restaurative, peu développée en France, pourraient offrir une réponse structurée.
- L'ouverture des enquêtes sur faits prescrits devrait être inscrite dans la loi, car même sans réponse pénale pour les faits prescrits, cela peut permettre de remonter à des victimes plus récentes et ainsi de poursuivre l'auteur. Cet outil est jugé plus efficient que l'imprescriptibilité pénale.
- Arnaud Gallet y est favorable, estimant que c'est un choix de société pour répondre à la sérialité et au traumatisme des victimes. Il souligne que d'autres pays ont mis en place l'imprescriptibilité avec succès.
- Imprescriptibilité civile (sur les mineurs) :Audrey Darsonville, en tant que pénaliste, soulève des interrogations : que pourra faire le juge civil que le juge pénal ne peut pas faire, le juge civil ne disposant pas des mêmes outils d'investigation ?
- Elle s'inquiète de la symbolique de l'imprescriptibilité de l'indemnisation, craignant que cela ne renforce l'idée que les victimes déposent plainte pour l'argent, alors que leur demande première est pénale (sanction de l'auteur et reconnaissance du statut de victime). Elle juge ce débat "assez néfaste".
- Karine Durrieu-Diebolt y est favorable.
- Elle souligne la diversité et la complexité des délais de prescription actuels (tribunal civil, CIVI), qui rendent la compréhension difficile pour les victimes et les justiciables. L'imprescriptibilité civile permettrait d'harmoniser les délais.
- Elle met en avant les avancées jurisprudentielles, notamment l'arrêt de la Cour de cassation du 7 juillet 2022 qui retient la date de fin de la thérapie comme point de départ du délai de prescription pour la réparation civile, allongeant considérablement les délais. Elle a personnellement des affaires en cours basées sur cette jurisprudence qui montrent la possibilité d'obtenir réparation civile même si les faits sont prescrits pénalement.
- Elle souligne que même si ce n'est pas une reconnaissance pénale, c'est une forme de reconnaissance pour les victimes.
- Elle explique que les victimes déposent souvent une plainte pénale même prescrite pour bénéficier de l'enquête préliminaire et recueillir des preuves pour une action civile.
- Elle mentionne les avancées technologiques (ADN, échanges numériques, confidences) qui peuvent faciliter la preuve même après de nombreuses années.
- Julie Klein y est plus réservée.
- Elle juge cette proposition théoriquement criticable et pratiquement inutile.
- Elle conteste l'idée que l'imprescriptibilité civile ne soulève pas les obstacles de l'imprescriptibilité pénale, estimant que les règles d'administration de la preuve sont plus rigides en matière civile et que la victime est seule à porter la charge de la preuve sans le bénéfice du travail des enquêteurs. Les obstacles à une action tardive se retrouvent donc au moins à l'identique.
- L'imprescriptibilité est un mécanisme étranger au droit de la prescription extinctive en matière civile, visant un intérêt purement privé (pécuniaire), ce qui la rend moins légitime théoriquement qu'en droit pénal.
- Elle considère la proposition pratiquement inutile car la jurisprudence actuelle (arrêt du 7 juillet 2022 sur la consolidation du dommage psychologique) permet déjà dans les faits une imprescriptibilité de facto dans certains cas, la consolidation étant très difficile à atteindre.
- Paradoxalement, la position de la jurisprudence, en appliquant la notion de consolidation indépendamment de l'âge de la victime, est plus protectrice pour les victimes majeures que la proposition de loi qui limite l'imprescriptibilité civile aux seules victimes mineures.
6. Points spécifiques et transversaux :
- Choc traumatique et amnésie dissociative : Ces phénomènes expliquent pourquoi les victimes mettent du temps à parler. Le droit actuel ne prend pas suffisamment en compte cette temporalité spécifique. L'amnésie dissociative n'est pas un simple oubli mais un mécanisme neurobiologique. Il est "inacceptable" qu'une victime retrouvant la mémoire trop tard ne puisse agir en justice (Julie Delpech). L'inscription de la prise en compte de l'amnésie traumatique dans la loi est demandée par certains experts pour contrer la théorie des faux souvenirs (Arnaud Gallet).
- Caractère sériel des violences sexuelles : C'est un élément central qui justifie des adaptations de la prescription (Karine Durrieu-Diebolt, Julie Klein).
- Accès à la justice pour les victimes : La prescription actuelle limite l'accès à la justice pour les victimes. L'objectif des propositions est d'offrir un cadre plus juste et adapté à leur parcours (Julie Delpech).
- Rôle de la justice pénale et punitivité :Certains s'interrogent sur la possibilité ou la souhaitabilité pour la justice pénale de devenir un "instrument thérapeutique" (question de Mme Toria, faisant écho aux propos de Julie Klein).
- Le "populisme pénal" et le renforcement continu de l'arsenal punitif, alimenté par la souffrance des victimes, peut masquer l'indigence des politiques publiques de protection et empêcher de penser les causes et les moyens de prévention/réparation (André Toria).
- Le procès pénal n'a pas été pensé pour la victime fondamentalement, et le phénomène de victimisation secondaire est important (André Toria).
- Les victimes ne cherchent pas la justice pénale pour un bien psychique mais pour une reconnaissance (Karine Durrieu-Diebolt). Le parcours thérapeutique est parallèle.
- Difficultés probatoires : L'allongement des délais peut rendre la preuve plus difficile, mais les difficultés existent déjà peu de temps après les faits (Karine Durrieu-Diebolt). Il ne faut pas sous-estimer le risque pour les victimes de subir une double peine (le traumatisme et le rejet de la justice) (Julie Klein).
- Exemples internationaux : Des pays comme l'Écosse, la Belgique et certains États américains ont mis en place l'imprescriptibilité. Ces expériences montrent une baisse des classements sans suite lorsque ces mesures s'accompagnent de moyens suffisants, de formations massives (notamment sur les stéréotypes de genre et le psychotrauma), et d'une volonté politique forte (Arnaud Gallet, Karine Durrieu-Diebolt). Le sens de la loi est crucial (Arnaud Gallet).
- Hiérarchie des crimes : L'extension de l'imprescriptibilité au-delà des crimes contre l'humanité soulève des questions sur la dilution de sa portée symbolique (Gisèle Lelouis). Cependant, il est possible d'inscrire l'imprescriptibilité pour les crimes sexuels parmi les crimes les plus graves sans remettre en question la spécificité des crimes contre l'humanité, par une hiérarchisation claire dans le droit (Arnaud Gallet citant Benjamin Maître).
- Nécessité d'une approche globale : La succession de réformes ponctuelles sans recul n'est peut-être pas la meilleure politique législative (Julie Klein). Il faudrait une approche globale et systémique des violences, potentiellement par une loi cadre (Marie Charlotte Garin, Julie Klein).
- Signalement des faits : Le signalement des faits par des tiers est fondamental et peut permettre aux victimes de franchir le pas de la plainte, surtout pour les personnes vulnérables (Arnaud Gallet). Le taux élevé de "non dénonciation" souligne l'importance d'un réflexe protecteur de la société.
- Impact des réformes sur le nombre de plaintes : L'augmentation significative du nombre de plaintes (de 23 000 en 2019 à 67 000 en 2023) suggère que la médiatisation et les évolutions législatives encouragent les victimes à parler (Arnaud Gallet).
- Formation des professionnels : La formation des policiers, magistrats et autres professionnels à l'accueil de la parole des victimes et aux stéréotypes de genre est essentielle et pourrait changer le biais de l'enquête (Karine Durrieu-Diebolt, Arnaud Gallet).
7. Conclusion :
Les sources soulignent la nécessité d'adapter le droit de la prescription pour mieux prendre en compte le parcours des victimes de violences sexuelles, marqué par le choc traumatique, l'amnésie et le caractère sériel des agressions.
L'extension de la prescription glissante aux majeurs semble recueillir un certain consensus sur sa légitimité et sa pertinence.
Le débat sur l'imprescriptibilité, qu'elle soit pénale ou civile, est plus complexe.
S'il y a un fort plaidoyer en faveur de l'imprescriptibilité, notamment en raison de la colère des victimes face à l'impunité et des exemples internationaux, des réserves sont émises quant à son efficacité réelle sans moyens d'enquête accrus et sans une réflexion plus large sur le rôle de la justice et la réparation.
L'importance d'une approche globale, de formations pour les professionnels et d'une volonté politique forte pour accompagner toute évolution législative est un point majeur soulevé par plusieurs intervenants.
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Note d'information : Audition d'Adrien Taquet sur les manquements des politiques de protection de l'enfance
Date de l'audition : (Non spécifiée dans l'extrait, mais contextuellement récente compte tenu de la référence à la loi de 2022)
Personne auditionnée : Monsieur Adrien Taquet, ancien Secrétaire d'État chargé de l'Enfance et des Familles (Janvier 2019 - Mai 2022)
Objet : Audition dans le cadre d'une commission d'enquête parlementaire sur les défaillances des politiques publiques de protection de l'enfance.
- Introduction et Contexte
Adrien Taquet, dans son propos liminaire, a reconnu l'existence de "défaillances", "inconstances" et "manques évidents" au sein du système de protection de l'enfance en France.
Cependant, il a souhaité contextualiser son action en rappelant que ce système, malgré ses difficultés, "sauve 350 000 enfants chaque année".
Il a également souligné le dévouement des professionnels du secteur et la sensibilisation croissante de la société aux violences faites aux enfants.
Il a présenté la politique qu'il a menée durant son mandat, articulée autour d'un "pacte pour l'enfance" reposant sur trois piliers, et la loi du 7 février 2022 qui en constitue une brique législative majeure.
2. Les Trois Piliers du Pacte pour l'Enfance
- Le pacte pour l'enfance visait à apporter une cohérence à l'ensemble des actions menées et s'inscrit dans la continuité des lois de 2007 et 2016.
Pilier 1 : La Prévention
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Adrien Taquet a insisté sur l'importance fondamentale de la prévention, affirmant qu'"il n'y a pas de protection de l'enfance sans prévention".
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Ce pilier s'est traduit par des politiques telles que la "politique autour des 1000 premiers jours de la vie de l'enfant" (0-3 ans), un domaine sous-investi en France mais crucial pour lutter contre les inégalités précoces.
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Des investissements ont été réalisés dans la psychiatrie périnatale pour détecter précocement les souffrances psychiques.
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La Stratégie Nationale de Prévention et de Protection de l'Enfance inclut la contractualisation avec les départements et un réinvestissement de l'État (100 millions d'euros sur 3 ans) dans les PMI (Protection Maternelle et Infantile) pour compenser les désinvestissements départementaux des 10 années précédentes.
Pilier 2 : Lutte directe contre les violences faites aux enfants
Ce fut un axe central du mandat d'Adrien Taquet.
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Mise en place d'un Plan de lutte contre les violences aux enfants (novembre 2019), incluant un volet prévention (cours sur la vie affective et sexuelle à l'école) et un volet numérique (contrôle parental par défaut, contrôle d'âge sur les sites pornographiques).
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Généralisation des UAPED (Unités d'Accueil Pédiatrique Enfants en Danger) pour l'écoute des enfants victimes.
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Soutien à la recherche sur la prostitution des mineurs, aboutissant au premier plan national de lutte contre la prostitution infantile (novembre 2021), reconnaissant le mineur prostitué comme une victime relevant de la protection de l'enfance (inscrit dans la loi de 2022).
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Déploiement du dispositif "Stop", une ligne téléphonique pour les auteurs potentiels de crimes sexuels sur enfants, inspiré des modèles anglais et allemand.
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Accent mis sur la lutte contre les violences sexuelles et l'inceste, avec la création de la CIVISE (Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles) en septembre 2020.
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Abaissement du seuil de non-consentement à 15 ans avec le Garde des Sceaux.
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Prise en compte du syndrome du bébé secoué et des violences éducatives ordinaires (interdiction du droit de correction en juillet 2019).
Pilier 3 : Amélioration du système institutionnel de protection de l'enfance (Aide Sociale à l'Enfance - ASE)
Ce pilier a cherché à articuler les différentes dispositions et a abouti à la loi du 7 février 2022.
Ce pilier repose sur quatre blocs :
- Bloc réglementaire :Demande à la Haute Autorité de Santé (HAS) d'un référentiel unique d'évaluation des situations de danger, car "un enfant n'est pas considéré en danger de la même façon qu'il soit à Lille ou à Marseille".
- Lancement d'expérimentations pour améliorer la santé des enfants de l'ASE (Santé Protégée, Pégase).
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Travail pour doter les CRIP (Cellules de Recueil d'Information Préoccupantes) de ressources pour les situations liées au handicap.
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Bloc conventionnel :Négociations avec les acteurs (associations, syndicats, employeurs) pour améliorer l'attractivité et les conditions de travail des assistantes familiales.
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Bloc contractuel :Démarche de contractualisation avec les 100 départements, avec des financements de l'État conditionnés à la mise en place d'un ODPE (Observatoire Départemental de la Protection de l'Enfance) et au réinvestissement dans les PMI.
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Bloc législatif (Loi du 7 février 2022) :Intégration de dispositions négociées (référentiel HAS, assistantes familiales, PMI, prostitution des mineurs).
Réaffirmation de l'interdiction de la séparation des fratries (quand l'intérêt de l'enfant le permet), facilitée par le financement de la construction de 600 Villages d'enfants.
Instauration de l'obligation de désigner un parrain pour chaque enfant de la protection de l'enfance, après le financement de 10 000 dispositifs de parrainage.
Adrien Taquet a souligné que l'effectivité de la loi, bien qu'imparfaite, a été préparée par des mesures antérieures.
3. Points de Discussion et Défis Soulevés par la Commission
Les députés ont soulevé plusieurs points critiques et défis majeurs du système actuel :
- Crise du système : Malgré les lois et stratégies, la situation est jugée "catastrophique", croisant une crise des métiers du secteur médico-social et une augmentation des placements d'enfants après le Covid.
- Manque de normes et décrets d'application :Le décret de 1974 sur les pouponnières est jugé "obsolète" et non adapté aux besoins fondamentaux des enfants.
- Il y a un manque criant de normes dans le secteur de la protection de l'enfance concernant l'encadrement et les fiches métiers, contrairement aux autres secteurs de l'enfance. Un décret, prêt en 2022 selon M. Taquet, n'est toujours pas paru.
- Des décrets d'application de la loi de 2022 n'ont pas été publiés, notamment celui concernant l'interdiction des placements à l'hôtel et celui sur les normes dans les établissements. Adrien Taquet a exprimé ses regrets à ce sujet, sans pouvoir expliquer les blocages après son départ du gouvernement, bien qu'il ait mentionné des "effets d'embouteillage" au niveau des services du Premier ministre et du Conseil d'État en fin de mandat. Les députés ont insisté pour connaître les raisons précises de ces blocages, potentiellement liées à des coûts financiers ou à l'opposition des départements.
- Crise des métiers et formation : Le secteur manque de 30 000 postes. La formation initiale est jugée trop généraliste et inadaptée aux spécificités de la protection de l'enfance et aux psychotraumas des enfants. Adrien Taquet a reconnu ne pas avoir su "agripper le sujet" de la formation, un de ses regrets, et a suggéré une forme de "renationalisation" de la formation du travail social. L'attractivité des métiers nécessite une amélioration de la qualité de vie au travail et une revalorisation financière et symbolique.
- Manque de données : Il n'existe pas de données fiables et centralisées au niveau national pour piloter les politiques publiques. Chaque département utilise son propre logiciel, un choix induit par le principe de libre administration des collectivités locales. Adrien Taquet a expliqué avoir renforcé l'ONPE et confié le système de remontée d'informations (Olympe) à l'ADRESSE pour tenter d'améliorer la situation.
- Placement à l'hôtel : Malgré l'interdiction légale et la période transitoire de 2 ans, des enfants sont toujours placés à l'hôtel. Le décret transitoire prévoyant un accompagnement renforcé n'est jamais sorti.
- Enfants "incasables" et handicap : Le terme est le reflet de l'incapacité du système à trouver des solutions pour ces enfants, souvent au croisement de l'ASE et du handicap. Adrien Taquet a reconnu des insatisfactions sur ce sujet et le manque de dispositifs innovants.
- Accompagnement des jeunes majeurs : Malgré les dispositions de la loi de 2022 (droit au retour, entretiens), l'application par les départements est inégale (50% assurent l'accompagnement jusqu'à 21 ans). Le "projet pour l'autonomie" (décret d'août 2022), censé remplacer le "contrat jeune majeur" et s'inspirant de bonnes pratiques (visite en Val de Marne), vise à améliorer la prise en charge pluridisciplinaire, mais le contrat jeune majeur n'a pas été supprimé. La saisine de la justice par les jeunes (rendue possible par la loi) et les décisions du Conseil d'État rappellent aux départements leurs obligations.
- Articulation administratif/judiciaire et graduation des mesures : Demande des professionnels de mettre en place des normes également dans le milieu ouvert (AED, AEMO). Adrien Taquet a exprimé le regret de ne pas avoir assez soutenu les mesures en milieu ouvert et a mentionné une conférence de consensus sur le sujet.
- Contrôle des établissements et indépendance des AdEPAP : Questionnement sur le refus de créer un organisme de contrôle indépendant des lieux de placement. Adrien Taquet a souligné la difficulté de contrôler les 25 000 familles d'accueil en plus des foyers et a mis en avant les contrôles exercés par les départements et les ARS, ainsi que l'obligation pour les départements d'avoir des plans de contrôle. Il a jugé "très intéressant" la suggestion d'un fléchage d'une partie du budget départemental vers les AdEPAP pour garantir leur indépendance.
- Avocat pour chaque enfant : Opposition d'Adrien Taquet à un avocat systématique pour chaque enfant devant le juge, craignant l'introduction d'une "conflictualité" inutile dans les situations de défaillance parentale simple. Il a rappelé que le recours à l'avocat est déjà possible à la demande de l'enfant ou du juge.
- Utilisation de psychotropes : Des signalements d'utilisation de psychotropes sur des enfants placés sans diagnostic ou ordonnance (camisole chimique) ont été évoqués. Adrien Taquet a lié cela à la pénurie de personnels de santé et à la crise de la pédopsychiatrie, qui, face à l'absence de professionnels, peuvent conduire à des utilisations "dévoyées" de ces substances.
- Absence de ministre dédié : Un député a souligné l'absence actuelle d'un ministre spécifiquement en charge de l'enfance, contrastant avec les déclarations faisant de ce sujet une priorité.
4. Regrets et Perspectives (évoqués ou suggérés)
- Ne pas avoir su "agripper le sujet" de la formation initiale et continue des travailleurs sociaux.
- Ne pas avoir suffisamment soutenu les mesures en milieu ouvert.
- Ne pas avoir réussi à supprimer le contrat jeune majeur et à le remplacer totalement par le projet pour l'autonomie.
- Le manque de "constance" et de "temps" pour que les lois produisent leurs effets.
- La question des mineurs auteurs de violences sexuelles sur d'autres mineurs, un domaine sous-abordé.
- La nécessité de généraliser les comités départementaux de la protection de l'enfance (CDPE).
- L'urgence de s'occuper de la situation dans les Outre-mer ("le carnage là-bas").
- L'importance d'investir dans la rénovation et la modernisation des foyers de l'ASE (rapport de la Caisse des Dépôts).
5. Conclusion
L'audition a mis en lumière les efforts déployés par Adrien Taquet durant son mandat pour réformer et renforcer le système de protection de l'enfance, notamment à travers le pacte pour l'enfance et la loi de 2022.
Cependant, elle a aussi révélé les limites et les défis persistants, en particulier l'écart entre les intentions législatives et leur application sur le terrain, le manque criant de moyens humains et financiers, et la nécessité urgente de s'attaquer aux problèmes structurels tels que la formation, le manque de données et le contrôle des pratiques.
Les regrets exprimés par l'ancien Secrétaire d'État soulignent la complexité du sujet et les chantiers qui restent à ouvrir pour garantir une protection effective et bienveillante à tous les enfants.
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Compte rendu d'audition: Violences dans la culture - Me Anne Bouillon et Me Violaine de Filippis-Abate
Date: [Date de l'audition - non précisée dans les extraits]
Intervenantes: Me Anne Bouillon, Me Violaine de Filippis-Abate (Avocates spécialisées dans la lutte contre les violences faites aux femmes)
Commission d'enquête: Violences commises contre les mineurs et les majeurs dans le secteur du cinéma, de l'audiovisuel et du spectacle vivant.
Résumé:
Cette audition a mis en lumière la persistance des violences sexistes et sexuelles dans le milieu culturel, notamment dans le cinéma et l'audiovisuel, tout en soulignant leur caractère systémique qui s'étend à d'autres sphères de la société.
Les avocates ont insisté sur la nécessité de reconnaître l'existence de ces violences, de comprendre les mécanismes de domination à l'œuvre, d'améliorer la prise en charge de la parole des victimes et de repenser les procédures judiciaires et les mesures de protection.
Thèmes Principaux et Idées Clés:
Le caractère systémique et massif des violences: * Les intervenantes affirment que les violences faites aux femmes et aux enfants sont "non seulement massives, mais [qu'elles] structurent profondément qui nous sommes". * Bien que le milieu culturel présente des spécificités ("emprise, chantage, omerta, verticalité des hiérarchies", prétexte de la création artistique), les mécanismes de domination sont universels et se retrouvent dans tous les milieux (politique, entreprises, syndicats, famille, couple). * Ces violences sont "inhérentes à notre organisation sociale" et "une condition de la perpétuation de notre système".
Les mécanismes de domination et l'omerta:
- Un point central est la "profonde conviction", voire la "profonde croyance" des auteurs de violences quant à leur "légitimité au passage à l'acte violent".
- Cette conviction est renforcée par une "construction sociale hiérarchisée" où l'appartenance à la catégorie "homme" (perçue comme supérieure) autorise à "ne pas s'empêcher" (d'abuser, de violenter, de violer, de tuer).
- Dans le milieu culturel, ce phénomène est accentué par le statut "d'artiste, de créateur", élevé au rang de "monstres sacrés", qui semble autoriser de tels comportements.
- L'omerta est particulièrement forte dans ce milieu, rendant la "libération de la parole" des victimes d'autant plus difficile.
La légitimité de la parole des victimes et le déni:
- Il est crucial de "faire contrepoids" au "déni" des auteurs en faisant émerger la parole des victimes et en la faisant "regagner en légitimité".
- Dire ("Je te crois") à une victime est une "œuvre de réparation" et une parole "performative" qui permet de lutter contre la "victimisation secondaire".
- Le déni des auteurs est manifeste lorsqu'ils reconnaissent les faits ("ont contraint leurs femmes à des rapports sexuels") mais refusent de se reconnaître comme "violeur" ou "hommes violents", se tenant "à distance [...] des figures d'altérité du monstre, du pervers".
Les obstacles à la procédure judiciaire et les pistes d'amélioration:
- Le "dépôt de plainte" est un "saut dans le vide", une "prise du risque", "vertigineux" et une "brèche dans l'omerta". Seulement "6% des victimes déposent plainte".
- L'"accueil par l'institution judiciaire et policière est toujours un frein énorme". Les "portes pèsent toujours aussi lourd". La "qualité d'accueil" varie considérablement.
- Les "classements sans suite" sont massifs ("96% des plaintes déposées entre 2012 et 2021 ont été classées sans suite").
- Pistes d'amélioration:Lutter contre les "classements sans suite" et "poser le principe d'acte d'enquête obligatoire".
Il faut "chercher", "faire les enquêtes". * "Mieux accueillir et traiter la parole des victimes" en pratiquant le "Je te crois". * Lutter contre les "processus de victimisation secondaire". * Sortir du "sempiternel parole contre parole" et ne pas demander à la parole des victimes d'être la "preuve cardinale", mais de ne pas être traitées comme des "menteuses". * Réfléchir à la place de la partie civile dans le procès. * Travailler sur la question des procédures "bâillon" et de la "menace de ces procédures bâillon systématiquement".
La question de la protection des victimes:
- La "protection" est un "angle mort de nos réflexions".
- Les progrès en la matière sont "toujours pas suffisants". De nombreuses femmes "vivent la peur au ventre".
- Il faut "mieux informer les plaignantes de ce qu'il advient de leur plainte".
- Il faut "réformer l'ordonnance de protection judiciaire qui lie toujours pour être obtenu la vraisemblance des violences et l'existence d'un danger". Il faut "faire sauter cette double condition cumulative".
- Les féminicides sont un "scandale absolu" et il faut "investiguer ce scandale absolu".
La prévention et l'éducation:
- La figure du "monstre" (comme dans le cas de Depardieu) est une construction sociale qui masque la réalité : dans "9 cas sur 10", l'agresseur est "monsieur tout le monde".
- Il y a un "vrai problème sociétal de d'éducation".
- Pistes d'amélioration:Renforcer l'éducation dès l'école ("séances la vie affective et sexuelle") et sur l'égalité ("matière obligatoire" sur l'égalité). Ces séances devraient être tenues, car c'est dans la loi depuis 2001.
- "Sensibiliser" les forces de l'ordre et les instituteurs.
- Empêcher certains hommes de "devenir des violeurs" en travaillant sur le consentement.
- L'éducation est une solution à "long terme" qui "prend des décennies".
Le rôle de l'expertise judiciaire:
- Le "trouble de stress post-traumatique (TSPT)" est "très mal diagnostiqué" bien qu'il soit un "témoin de l'agression", un "marqueur de l'agression" et donc une "preuve au dossier".
- Les expertises psy sont souvent "misogynes".
- Il faut "former les expert psis à ça".
- Explorer les avancées de l'"épigénétique" et la possibilité de "chercher ces marqueurs-là" (sur le gène nr3c1) pour diagnostiquer le TSPT. Le TSPT est réversible, ce qui est une "bonne nouvelle" mais nécessite des soins.
- La "présence de l'avocate ou de l'avocat est hyper importante pour éviter les phénomènes de victimisation secondaire". Cette prise en charge devrait être "prise en charge par l'État sans conditions de ressources".
- L'accompagnement des victimes et l'accès à la justice:
- L'accompagnement des victimes "avant le dépôt de plainte" est essentiel. Les avocats peuvent déjà le faire, mais il faudrait "prévoir une aide juridictionnelle pour ça" et "systématiser" le travail préparatoire des travailleurs sociaux dans les commissariats.
- Il est "désespérant" d'avoir à "prendre rendez-vous avec un ou une policière dont [on] sait qu'il va lui assurer une écoute bienveillante" pour éviter la victimisation secondaire.
- La justice devrait être "friendly aux victimes", perçue comme une "passerelle de sortie possible".
- Le "classement sans suite" peut entraîner des "suicides".
- Le discours de la victime d'agression sexuelle peut être "incohérent", ce qui est "au contraire une preuve qu'elle a été agressée".
La question de la "folie des femmes" et la protection de la vie privée:
- On "essaie de [les] faire passer pour folle" pour "discréditer, délégitimer leurs paroles". Cela renvoie à des imaginaires de "sorcières" et d'"hystérie".
- Les expertises psychologiques cherchent souvent une "forme de folie ou d'instabilité psychologique" chez les femmes qui dénoncent.
- Les personnes ayant parlé sont considérées comme "folles, fragiles et délicates", se voyant proposer des "soins" plutôt que de la "réparation".
- Il faut interdire l'"investigation sur la sexualité des femmes", car leur "passé leurs propres aventures amoureuses, sexuelles soit investiguer et soit porter finalement comme un argument à leur rencontre". Cela permettrait de ne pas les faire passer pour "légère ou pour nymphomane".
La question de l'emprise et du contrôle coercitif:
- L'emprise est un "phénomène protéiforme complexe" et est "très peu" dans le code pénal.
- Il faudrait une "vraie réflexion sur le contrôle coercitif qui est le pendant en prise", c'est-à-dire les "actes posés et voulus par l'auteur avec un dessin concerté qui est celui de maintenir la victime sous emprise".
- La jurisprudence a déjà commencé à définir le contrôle coercitif, ce qui est utile.
- La codification de l'emprise doit être abordée avec "précaution".
La nécessaire spécialisation et circulation de l'information:
- La "circulation de l'information" au sein des tribunaux est essentielle pour traiter les dossiers de manière globale.
- Le "décloisonnement des services" et la "mise en œuvre de processus qui sont spécifiques" (comme les juridictions dédiées aux violences intrafamiliales à Nantes) permettent de "gagner en efficacité" et de mieux appréhender les situations.
- Il faut rendre la justice "friendly aux victimes".
Citations Clés:
- "nous sommes là actuellement en plein vote de la motion de censure"
- "notre commission d'enquête cherche à faire la lumière sur les violences commises contre les mineurs et les majeurs dans le secteur du cinéma de l'audio visuel et du spectacle vivant"
- "tous les mécanismes de domination que nous connaissons que sont l'emprise le chantage l'omerta la verticalité des hiérarchies sans compter le prétexte fallacieux de la création artistique au nom de laquelle tout serait toujours permis il trouve un terrain d'expression particulièrement favorable"
- "la violence faite aux femmes et aux enfants existe et cette violence est non seulement massive mais cette violence structure profondément qui nous sommes"
- "le dénis est nécessaire nécessaire et indispensable comme garant de la perpétuation du système"
- "tous ceux qui le sont ont en commun la conviction de la légitimité de leur légitimité à ne pas s'empêcher"
- "sortir du sampéternel parole contre parole"
- "mieux accueillir et traiter la parole des victime ça veut dire pratiquer en tout cas c'est ce que nous faisons le je te crois"
- "lutter contre les classements sans suite"
- "La protection est souvent un angle mort"
- "vivre la peur au ventre c'est quelque une expérience à nul autre pareil"
- "il faut faire sauter cette double condition cumulative [pour l'ordonnance de protection]"
- "je n'en peux plus nous n'en pouvons plus de compter nos mortes"
- "ça répond au même système que toutes les autres violences faites aux femmes avec effectivement cette particularité peut-être et même sûrement que on y retrouve des lieux de pouvoir des lieux d'influence"
- "en terme de prévention d'éducation des l'école justement on dit souvent aux enfants mais non t'inquiète pas les monstres n'existent pas mais en réalité on leur dit pas tu peux enfin évidemment on va pas leur dire à 5 ans bien sûr on va pas leur dire tu peux être agressé par ton copain ou voilà mais ce que je dire par là c'est que on a un vrai problème sociétal de d'éducation"
- "dans 9 cas sur 10 ce monstre là c'est pas un monstre c'est monsieur tout le monde"
- "sur les enquêtes on n'a pas d'enquête aujourd'hui on n'a pas assez d'actes d'investigation"
- "former les expert psis à ça parce qu'en fait déjà ils sont pas formés puis souvent ils sont misogynes c'est un problème"
- "on sait que le TSPT a des conséquences sur l'épigénétique"
- "une justice de d'abord de classe une justice de dossier"
- "un réseau d'entraide masculin qui permet d'échapper à toute poursuite ou à toute dénonciation publique"
- "on les femmes payent le fruit de siècles de euh croyance articulé autour de l'idée que leur parole est euh déraisonnable"
- "les tribunaux se saisissent de ça ils sont au travail hein déjà sur cette questionl et sur la circulation de l'information et le décloisonnement"
- "La justice n'est pas un soin"
- "elle me disent toutes J'ai besoin d'être reconnu"
- "on demande aux femme d'avoir un discours clair"
- "un discours incohérent chez une femme victime d'agression sexuelle c'est au contraire une preuve qu'elle a été agressée"
- "elles se taisent là-dessus [sur leur vie privée] parce que évidemment les policiers adorent des poser ces questions là"
- "l'attention du législateur devrait peut-être davantage se tourner sur cette notion là [le contrôle coercitif] plutôt que sur celle de l'emprise"
Points d'attention et Questions en Suspens:
- La possibilité d'une "matière obligatoire" sur l'égalité à l'école.
- Les moyens concrets pour obliger les enquêtes à être menées après un dépôt de plainte (décret, loi, liste d'actes minimums).
- Comment assurer une prise en charge psychologique (spécialisée en TSPT) pour les victimes, idéalement prise en charge par l'État.
- Comment réformer les expertises psy pour garantir leur impartialité et leur compétence en matière de TSPT.
- Comment mettre en place une "plateforme de suivi" des plaintes pour les victimes.
- Les moyens de protéger réellement les témoins.
- La définition et la codification éventuelle du contrôle coercitif dans le code pénal.
Conclusion:
L'audition a souligné la complexité et la profondeur des violences sexistes et sexuelles, appelant à une approche globale qui combine prévention, éducation, réforme du système judiciaire, amélioration de l'accueil des victimes et renforcement des mesures de protection.
Les intervenantes ont insisté sur la nécessité d'une volonté politique forte pour mettre en œuvre les changements nécessaires.
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synthèse détaillée des sources fournies, organisée sous forme de note d'information.
NOTE D'INFORMATION
Objet : Table ronde sur la prostitution des mineurs - Synthèse des principaux éléments
Date : [Date de la table ronde - non précisée dans le texte, laisser vide ou compléter si connue]
Participants clés :
Sophie Antoine, Responsable juridique et plaidoyer, Agir contre la prostitution des enfants et les violences sexuelles (ACPE) Stéphanie Kadek, Directrice, Mouvement du Nid Claire Kidé, Présidente, Mouvement du Nid Hélène David, Responsable stratégique et du module Adosexo, ACPE Députés (Stéphane Vogetta, Monsieur Masseglia, Monsieur Arenas, Arnaud Bonet, Nathalie Colin Osterley, Madame Bourois, Madame Dufeu) Introduction
Cette table ronde a réuni des représentants d'associations travaillant sur la prostitution des mineurs et des députés pour discuter de l'état des lieux, des défis et des propositions pour lutter contre ce phénomène.
Les discussions ont mis en lumière l'ampleur du problème, l'impact croissant du numérique, les vulnérabilités des victimes et la nécessité d'une réponse globale et coordonnée.
Principaux Thèmes et Idées Forces
Ampleur et Nature du Phénomène :
- Les associations estiment qu'entre 7 000 et 10 000 mineurs se livrent à la prostitution en France, un chiffre certainement sous-estimé.
Le Mouvement du Nid suggère même "au moins le double", soulignant le manque d'études objectives pour quantifier précisément le phénomène. * La prostitution des mineurs touche tous les milieux sociaux et familiaux, en milieu urbain comme en milieu rural. Elle concerne principalement les filles, mais aussi les garçons.
- Ce n'est pas un phénomène nouveau ; les associations comme le Mouvement du Nid alertaient déjà dans les années 1960, mais il y a eu un fort déni pendant longtemps. Le sujet est désormais mieux reconnu et pris en compte par les politiques publiques ("plan mineur").
Mutation et Impact du Numérique :
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Il y a eu une "mutation des comportements prostitutionnels". Le Mouvement du Nid indique qu'en 2015, 62% de la prostitution passait par internet ; l'Office central de répression de la traite des êtres humains parle désormais de "90 %", voire "quasi unanime".
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Internet ouvre "le champ des possibles prostitutionnel" et est un "facteur essentiel de probablement l'augmentation de la prostitution des mineurs".
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Le numérique permet un "plus grand accès aux victimes" pour les proxénètes et un "plus grand accès" pour les clients, qui peuvent agir de manière plus "anonymisé".
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Les plateformes de "pornographie à la demande type OnlyFans, Mym etc." génèrent des revenus considérables et constituent un modèle qui "la plupart du temps se résume à de la pornographie sur demande". Il y a une inquiétude concernant l'activité des "managers only fans" qui se comportent comme des "rabatteurs".
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Le numérique est à la fois le "support d'infraction" et le "moyen d'infraction". Il facilite l'"exploitation sexuelle" et contribue à la "glamourisation" de certaines pratiques ("webcaming", vente de photos/vidéos dénudées) qui ne sont pas toujours définies comme de la prostitution par la jurisprudence actuelle (requérant un contact physique).
- Il y a une "loi qui n'est pas adaptée à une évolution numérique" très rapide, conduisant à une "surlégislation" fragmentée.
Vulnérabilités des Victimes :
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La moitié des jeunes impliqués auraient subi des violences durant leur enfance. Les établissements de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) sont particulièrement exposés en raison de la fragilité des jeunes accueillis.
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Les jeunes fragilisés ont souvent une "vision de leur corps biaisée par les violences qu'ils ont subi" et s'"illusionnent souvent en pensant qu'ils maîtrisent leur corps". Certains n'ont "pas conscience que leur comportement relève de la prostitution".
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Un "passif traumatique" est un facteur commun ("violences sexuelles incestueuses dans de nombreux cas, harcèlement scolaire qui n'est pas pris en charge"). Cette "vulnérabilité qui augmente [...] est détectée par des prédateurs".
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La "minorité" est le "premier facteur de vulnérabilité". Les mineurs ont une "immaturité cognitive et affective" qui nécessite un accompagnement "sur mesure".
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Les plus jeunes (moins de 16 ans) sont "beaucoup plus compliqué[s]" à accompagner car ils se disent "consentants" et "heureux de vivre ce qu'ils vivent". Le travail sur la motivation à sortir est crucial.
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De nouveaux facteurs de fragilisation émergent, notamment l'addiction à la pornographie chez des enfants dès 10 ans et demi, qui constitue un "traumatisme sévère".
Le Rôle des Proxénètes et des Clients :
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Les prédateurs se font passer pour le "gentil petit copain ou la gentille petite copine au démarrage et puis ensuite tomber sur du proxinétisme".
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Il y a une "multiplicité d'acheteurs donc de pédocriminels qui achètent des actes sexuels aux enfants". Il est essentiel de lutter contre "l'impunité de ceux qui achètent des actes sexuels aux enfants".
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De plus en plus, il y a une "professionnalisation du proxénétisme des mineurs" avec l'utilisation de "protocoles" et de techniques de "recrutement très très efficaces".
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Les réseaux de "deal" s'emparent de la prostitution, utilisant les stupéfiants comme "l'arme absolue pour recruter".
Le "produit c'est de la soumission chimique", il "sert aussi à installer une dette" et à créer une dépendance, rendant la sortie de la prostitution très difficile sans accompagnement de soins.
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Il y a un "sentiment d'impunité" chez certains proxénètes et clients, comme illustré par l'anecdote du commentaire Google laissé par un client.
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La justice a du mal à appliquer les qualifications adaptées (viol vs recours à la prostitution de mineurs), et les peines sont parfois jugées insuffisantes.
La Prostitution des Mineurs comme Violence Sexiste et Sexuelle :
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La prostitution est qualifiée de "violence extrême qui est extrêmement destructrice pour les personnes qui la subissent".
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Elle fait "partie des violences sexistes et sexuelles", et le traitement de cette question doit en tenir compte.
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Il existe un "continuum mineur majeur" dans le système prostitutionnel, bien que les mineurs aient un statut juridique et des vulnérabilités spécifiques.
Réponses Actuelles et Propositions :
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Accompagnement : Il est crucial d'accompagner les mineurs qui décident d'arrêter et ceux qui sont dans des "conduites à risque et les conduites de fragilisation". L'accompagnement doit être "psychoéducatif", "individualisé et global", prenant en compte le "psychotrauma" et les addictions.
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Formation des professionnels : Il est essentiel de former les "actrices et acteurs sociaux au sens très large y compris la police la justice", notamment les "infirmière scolaire assistante sociale scolaire et psychologue scolaire", ainsi que les travailleurs sociaux de l'ASE, car beaucoup n'ont jamais été formés sur le sujet de la prostitution. Cette formation permet de "mieux détecter", d'"avoir le regard un peu plus affuté" et d'avoir des "outils pour être à l'aise pour aborder la question".
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Lutte contre la banalisation et le déni : Il faut lutter contre la "banalisation de ces pratiques" et le "déni des jeunes victimes".
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Soutien aux familles : Les parents sont souvent en "solitude et leurs difficultés face à leurs enfants qui se prostituent". Les associations les accompagnent et les conseillent. Il est important de "mieux répondre à ses parents".
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Cadre législatif et répression :La loi sur la prostitution des mineurs existe (interdiction depuis 2002), mais il y a un "problème d'application qui est quand même important".
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Il faut se demander si le cadre législatif, notamment concernant le numérique, est adapté. Il faudrait envisager de "retravailler la définition de la prostitution pour que ce soit adapté aussi à des pratiques en ligne".
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Il faut lutter contre l'"impunité croissante des clients et des proxénètes".
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Il est essentiel d'avoir une "responsabilisation des plateformes en ligne". L'arrestation récente du propriétaire de Coco et sa mise en examen pour proxénétisme sont vues comme une première étape positive.
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Il faudrait retenir plus souvent l'infraction de "traite des êtres humains", qui "ouvre beaucoup plus de moyens d'enquête" et permet une "stigmatisation beaucoup plus importante sur les auteurs".
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Coordination et Politiques Publiques :L'interministériel est important.
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Il y a un regret que le plan de lutte spécifique contre la prostitution des mineurs n'ait pas été reconduit de manière dédiée.
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Il faut un "pilotage national" avec un cadre clair qui affirme que "la prostitution des mineurs c'est une violence sexuelle faite aux mineurs et les mineurs doivent être accompagnés comme tel".
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Il y a un "vrai problème de moyens et d'organisation côté protection de l'enfance".
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Les commissions départementales de lutte contre la prostitution sont importantes, mais il faut que les associations travaillant spécifiquement avec les mineurs y aient "une voix" et un "accès suffisant".
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Il faut soutenir durablement les initiatives associatives innovantes (outils numériques, guides, etc.) et "faire vivre aussi les outils qui sont créés".
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Prévention et Éducation :L'éducation à la sexualité, notamment via le numérique ("outil numérique qui s'appelle dans ma banane"), est un levier "hyper important" pour aider les jeunes à identifier les situations de violence et les relations toxiques, et à demander de l'aide.
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Il faut "former les enseignants" et la "communauté éducative".
Continuum Mineurs/Majeurs :
- Il existe un "continuum mineur majeur" dans les parcours, et il est "très dangereux" d'opposer la prostitution des mineurs et celle des majeurs, car le "système est le même".
Beaucoup de personnes majeures dans la prostitution ont commencé mineures.
Citations Clés
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"entre 7000 et 10000 mineurs se livreraient à la prostitution en France ces chiffres certainement sous-estimés traduisent l'ampleur d'un phénomène qui doit tous nous interroger" (Introduction)
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"dorén avant 62 % de la prostitution passerait par Internet ouvrant donc le champ des possibles prostitutionnel" (Introduction) - chiffre précisé ultérieurement comme étant désormais plus proche de 90%.
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"la moitié des jeunes se livrant à conduites prostitutionnelle ou pré-prostitutionnelle auraient subi des violences durant leur enfance" (Introduction)
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"ces jeunes fragilisés qui ont une vision de leur corps biaisé par les violences qu'ils ont subi s'illusionnent souvent en pensant qu'ils maîtrisent leur corps" (Introduction)
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"il existe un système prostitutionnel et des personnes qui ont un voilà un statut juridique différent du fait de leur minorité ou de leur majorité mais le système est le même" (Mouvement du Nid)
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"la prostitution c'est une violence extrême qui est extrêmement destructrice pour les personnes qui la subissent et que donc vraiment ça fait partie des violences sexistes et sexuelles" (Mouvement du Nid)
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"on a une multiplicité de victimes parce qu'on sait qu'on a malheureusement énormément de victime de violence sexuelle dans l'enfance on a une multiplicité d'acheteurs donc de pédocriminels qui achètent des actes sexuels aux enfants et ça je pense que c'est vraiment important qu'on l'IT en tête parce que on parle toujours et c'est très bien de plus en plus en tout cas des mineurs en situation de prostitution pour se demander comment ça se fait qu'il tombe dans la prostitution mais par contre on se demande assez peu et on met très peu de moyens dans nos politiques publiques pour se demander comment on fait pour lutter contre l'impunité de ceux qui achètent des actes sexuels aux enfants" (Mouvement du Nid)
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"la grosse différence c'est que si elles ont accepté un joint et boire un verre de vodka alors la jeune est beaucoup plus encline à dire j'étais consentante" (ACPE)
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"le premier facteur de vulnérabilité c'est véritablement la minorité" (ACPE)
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"pour les plus jeunes c'est-à-dire les moins de 16 ans l'accompagnement est beaucoup plus compliqué parce que ils ils se disent consentant et ils se disent heureux de vivre ce qu'ils vivent" (ACPE)
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"il y a une confusion qui est faite même au niveau des politiques... sur ah bah la la les la prostitution bah c'est c'est c'est autorisé ben non pas du tout non" (ACPE)
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"On a une loi qui n'est pas adaptée à une évolution numérique" (ACPE)
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"il faut une responsabilisation des plateformes en ligne" (ACPE)
Points d'Attention / Défis Soulignés
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Manque de données objectives et d'études pour quantifier précisément la prostitution des mineurs.
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L'adaptation du cadre juridique à l'évolution rapide du numérique.
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La difficulté à retenir certaines qualifications judiciaires (ex: traite des êtres humains, viol) et l'application des peines.
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Le manque de formation initiale et continue des professionnels (travailleurs sociaux, éducateurs, personnels de l'éducation nationale) sur la prostitution des mineurs.
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Le manque de moyens et d'organisation au sein de la protection de l'enfance pour accompagner les jeunes victimes.
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L'intégration et la participation des associations spécialisées dans les instances de coordination départementale.
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La banalisation et le déni du phénomène, y compris chez les jeunes victimes elles-mêmes.
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L'impact croissant des réseaux de deal et l'utilisation de stupéfiants pour recruter et maintenir l'emprise.
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La "pornographie à la demande" et le rôle des "managers OnlyFans".
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La prostitution entre mineurs dans les établissements (ex: ASE, écoles).
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Le soutien financier insuffisant et non pérenne des initiatives associatives par l'État.
Recommandations Implicites / Explicites
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Réaliser une étude objective pour mieux estimer le nombre de mineurs concernés.
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Adapter le cadre juridique pour inclure les pratiques d'exploitation sexuelle en ligne dans la définition du proxénétisme.
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Lutter plus efficacement contre l'impunité des clients et des proxénètes, y compris en retenant l'infraction de traite des êtres humains.
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Responsabiliser les plateformes en ligne.
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Renforcer la formation des professionnels travaillant auprès des enfants et des jeunes.
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Mettre à disposition les moyens nécessaires pour l'accompagnement des jeunes victimes, en individualisant la réponse.
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Assurer un pilotage national clair avec un cadre définissant la prostitution des mineurs comme une violence sexuelle.
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Améliorer la coordination au sein des commissions départementales et inclure les associations spécialisées.
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Soutenir durablement les initiatives de prévention et d'éducation (ex: éducation à la sexualité, outils numériques).
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Développer des modules d'accompagnement spécifiques pour les mineurs qui sont à la fois victimes et auteurs.
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En résumé, cette table ronde a mis en évidence un phénomène complexe en pleine mutation sous l'effet du numérique, touchant des jeunes vulnérables.
Les associations soulignent la nécessité d'une réponse globale, mieux coordonnée, mieux financée, axée sur la formation des professionnels, l'adaptation du cadre juridique et une lutte renforcée contre l'impunité des auteurs.
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synthèse détaillée des sources fournies, organisée sous forme de note de synthèse ou briefing document, reprenant les thèmes principaux, les idées les plus importantes et incluant des citations clés.
Note de Synthèse sur la Situation des Mineurs Non Accompagnés (MNA) et la Protection de l'Enfance en France
Introduction:
Ce document synthétise les principaux constats et recommandations issus des extraits de présentations de rapports parlementaires concernant la situation des Mineurs Non Accompagnés (MNA) et, plus largement, du système de protection de l'enfance en France.
Les discussions mettent en évidence des dysfonctionnements majeurs, des inégalités territoriales et un "grand gâchis" sur les plans humain, budgétaire et politique.
Thèmes Principaux:
- Hétérogénéité et inégalité de traitement: Disparités importantes dans l'évaluation et la prise en charge des MNA entre les départements, ainsi qu'une différence marquée avec les enfants français natifs.
- Processus d'évaluation défaillant: Une évaluation qui se concentre davantage sur la recherche de la minorité plutôt que sur l'évaluation des besoins sociaux, avec des délais judiciaires excessivement longs.
- Manquements graves des départements et de l'État: Refus de prise en charge, placement dans des conditions indignes (hôtels), et manque de coordination entre les différents acteurs.
- Situation critique à Mayotte: Conditions d'accueil insuffisantes, identification difficile des mineurs en errance, manque de structures et de professionnels, et recours à la rétention administrative et à l'expulsion.
- Augmentation du nombre de MNA: Une hausse significative du nombre de MNA sur le territoire français en quelques années.
- Confusion médiatique et politique: Tendance à stigmatiser les MNA en les associant à la délinquance, souvent par confusion avec les jeunes majeurs errants.
- Obstacles administratifs et juridiques: Difficultés majeures pour obtenir des documents administratifs (titres de séjour), instabilité organisée par la courte durée de validité de ces documents, et recours fréquents aux Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF).
- Financement insuffisant et répartition inéquitable: Manque de budget pour les contrats jeune majeur et besoin d'une meilleure répartition des financements entre l'État et les départements.
- Difficultés de la recherche et du transfert de connaissances: Manque de financements pour la recherche, difficulté d'accès aux données, et manque de liens entre la recherche et la prise de décision politique, ce qui contribue à une méconnaissance des situations et des besoins.
- Saturation du système de protection de l'enfance: Difficulté croissante à prendre en charge tous les enfants confiés à l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE), y compris les enfants natifs.
- Problématique du placement: Recours important au placement, parfois en raison du manque d'alternatives et d'une prévention insuffisante, avec des taux élevés d'échec de retour en famille.
- Défis de la détection de la maltraitance: Manque de coordination entre les différentes institutions et services pour identifier et traiter les situations de maltraitance, particulièrement dans les milieux favorisés.
- Besoin de renforcer la formation et le soutien des professionnels: Manque de moyens pour la formation continue des travailleurs sociaux et besoin de mieux soutenir les professionnels confrontés à des situations traumatisantes.
- Importance de la participation des enfants: Nécessité de mieux prendre en compte la parole et le vécu des enfants et des jeunes concernés par la protection de l'enfance.
Idées ou Faits les Plus Importants et Citations Clés:
- Inégalité de prise en charge et d'évaluation: "dans beaucoup de départements une prise en charge très différente en fonction euh des euh des des natifs et des des MNA" et "une évaluation qui est beaucoup plus une évaluation de minorité ou de majorité d'ailleurs qu'une évaluation sociale à proprement parler". Cette inégalité est soulignée avec des exemples de prix journée pour les MNA (60 € ou 45 €) comparés à ceux pour les natifs (100 € à 170 €).
- Délais judiciaires impactant la scolarisation: "des délais qui peuvent être de 2 mois voire de 8 mois et qui font que parfois et bien les jeunes arrivent avec la décision judiciaire final alors qu'ils sont devenus majeurs et donc il y a eu une perte de temps énorme sur la question et bien de la scolarisation notamment et de la prise en charge".
- Refus de prise en charge et mise en danger: Mention d'un département "qui maintenant refuse la prise en charge de mineurs non accompagné" constituant une "mise en danger d'un enfant".
- Conditions de placement indignes: "une mineure non accompagné fille par exemple placé dans un hôtel apigal vous voyez sur l'évaluation des besoins et des risques on est très très loin du compte". La situation des hôtels est décrite comme un "véritable scandale", "une rente de situation" pour les propriétaires au détriment des conditions d'accueil des jeunes. "Parfois il n'y a pas suffisamment de place dans les structures dédiées donc on les met à l'accueil en les mettant à l'accueil on assure une rente àe pour les propriétaires de ces hôtels".
- Présomption de minorité: Une recommandation forte est la "présemption de minorité jusqu'à la décision judiciaire", s'appuyant sur les observations du Comité des droits de l'enfant, afin d'éviter la perte de temps pour la prise en charge.
- Situation catastrophique à Mayotte: Des milliers de mineurs "en situation d'errance", une cellule d'évaluation qui ne traite que "20 % des signalements", un manque criant d'assistants familiaux, et le recours à la rétention et à l'expulsion. "les MNA à Mayot peuvent être retenu dans des centres de rétention administrative il en existe un et expulsé par leur attachement arbitraire à des adultes avec lesquels ils n'ont aucun lien de parenté".
- Augmentation du nombre de MNA: "en 2021 c'est 19893... en 2023 le dernier chiffre qu'on qu'on a reconnaissance il y aurait 29965 MNA sur le territoire français ce qui fait quand même une augmentation de de 50 % en 2 ans".
- Confusion entre MNA et migrants majeurs: "on a beaucoup auditionné on est on a fait également une journée visite notamment on est allé à Bordeaux... il nous a expliqué tout le travail que qui qui pouvait mener notamment par rapport au tram où on voyait que il pouvait notamment MNA alors nous on a parlé plutôt de migrants entre nous parce que tant qu'on sait pas si c'est des MNA ou des migrants tant que des fois il y a pas de d'évaluation et je crois qu'il faut être aussi si on veut éviter de stigmatiser les MNA des fois il vaut mieux parler de migrant notamment par rapport au fait délictueux parce que bien souvent ce sont des migrants c'estàd sont plutôt des majeurs des jeunes majeurs et non pas des des des vrais MNA".
- Le "grand gâchis": La situation des MNA est décrite comme un "grand gâchi ou le grand scandale" sur les plans humain, budgétaire ("ça coûte beaucoup d'argent"), politique ("souvent les départements... ont le sentiment que ce sont des décisions verticales qui leur sont imposées") et scolaire/professionnel ("c'est effectivement cette durée de latence pendant laquelle le MNA n'est pas prise en charge par l'institution éducative il devient la proie de certains adultes plus aguéris il tombe dans la petite délinquance cette petite délinquance qui va défréer la chronique et qui va finalement stigmatiser les MNA"). Il est aussi question d'un "grand gâchi médiatique".
- Discrimination et obstacles administratifs: Les MNA sont relégués "aux frontières de la protection de l'enfant", perçus comme relevant d'un "droit d'exception". Il existe des "mécanismes que l'État met en place actuellement et depuis un certain temps et qui freine l'obtention des documents administratifs". Les titres de séjour sont souvent "valables que 3 mois". L'instabilité créée par cette situation est critiquée : "C instabilisé cette vraiment cette instabilité pardon qui est organisée pose un énorme problème".
- Financement de la protection de l'enfance: Les MNA représentent "plus d'un milliard sur le budget des 10 milliards de la protection de l'enfance". Le manque de budget pour les contrats jeune majeur est souligné.
- Manque de formation et méconnaissance des droits: "il y avait une très grande méconnaissance des droits à régularisation pour les mineurs non accompagnés c'est vrai en préfecture et c'est vrai en protection de l'enfance où très clairement il y a des agents qui aujour aujourd'hui ne sont pas suffisamment formés à la question des titres de séjour".
- La barrière des 16 ans pour la régularisation: Cette condition est critiquée car elle peut entraîner un allongement volontaire des procédures et des départs plus précoces des enfants.
- Manque de demandes chiffrées argumentées des départements: Les départements semblent avoir des difficultés à formuler des demandes claires et consensuelles auprès de l'État concernant les moyens nécessaires.
- Iniquité territoriale: Malgré la loi, certains départements ne l'appliquent pas entièrement (réévaluation des MNA, hébergement en hôtel), créant une "iniquité territoriale".
- Nécessité de coordination et de moyens: Il est proposé la création d'un "poste délégé interministériel pour coordonner l'ensemble des acteurs". Les services de l'État et des départements sont jugés "ni assez outillés donc pas formé ni assez étaufé et ni assez coordonné".
- La réalité des jeunes majeurs délinquants: Il existe des jeunes majeurs, souvent venus d'Afrique du Nord, impliqués dans des faits délictueux, qui ne sont pas des MNA mais qui sont abusivement présentés comme tels par la presse. Ces cas relèvent du ministère des Affaires étrangères et posent la question de la reconduite à la frontière.
- Loi Taquet: Bien que la loi Taquet ait repris certaines préconisations, sa mise en œuvre n'est pas systématique ("un certain nombre de dispositions de cette loi ne sont pas appliqué").
- Discrimination fondée sur l'accès aux ressources: "il y a une rupture de l'égalité entre les MNA selon que vous serez puissant misérable selon que vous serez vous aurez un carnet d'adresse selon que vous aurez été présenté à un député ou un sénateur".
- État de la recherche: Il y a un besoin de différencier la recherche scientifique des outils de pilotage des politiques publiques. La recherche en protection de l'enfance manque de financements et n'est pas suffisamment valorisée ou utilisée par les décideurs politiques. L'accès aux données statistiques est complexe et coûteux pour les chercheurs.
- Observation départementale de protection de l'enfance (ODPE): Ces observatoires sont considérés comme un "très bel outil" et une porte d'entrée pour la recherche dans les départements, mais leur efficacité dépend de leurs capacités et de l'espace qui leur est accordé.
- Modalités de placement et tiers digne de confiance: Le placement reste central, mais il y a un manque de prévention et de moyens. L'augmentation du recours aux tiers dignes de confiance pourrait être liée au déficit de places, mais il existe aussi des initiatives positives d'accueil par des proches. La loi de 2022 est considérée comme ambivalente sur la question de l'accueil.
- Échec des retours en famille: Un taux important d'enfants retournent en famille pour être replacés ensuite, souvent parce que le retour n'a pas été suffisamment accompagné.
- Détection de la maltraitance: Il existe des difficultés de coordination entre les institutions, et les cas de maltraitance dans les milieux aisés peuvent être moins bien repérés en raison de stratégies d'évitement. La question de la responsabilité individuelle et collective des institutions est posée.
- Formation des professionnels: Le manque de moyens pour la formation continue et la surcharge de travail des professionnels limitent l'accès à la formation et à l'analyse des pratiques.
- Sens du métier et continuité institutionnelle: Les changements fréquents de personnel (directeurs, juges pour enfants) et la complexité des textes peuvent impacter le sens du travail et la continuité de l'accompagnement pour les enfants.
Conclusion:
- L'ensemble des sources converge vers un constat alarmant concernant la situation des MNA et les fragilités structurelles du système français de protection de l'enfance.
Les recommandations mettent l'accent sur la nécessité d'une approche plus humaine, d'une meilleure coordination interministérielle et interdépartementale, d'un renforcement des moyens alloués, d'une réforme des processus d'évaluation et d'accès aux droits, ainsi que d'une meilleure valorisation de la recherche et de son lien avec la décision politique.
La situation à Mayotte est un exemple extrême des dysfonctionnements décrits à l'échelle nationale.
La confusion entre MNA et délinquants majeurs est identifiée comme un obstacle majeur à une prise en charge adéquate et à un débat public serein.
Le manque de données fiables et l'accès difficile à celles-ci sont également des freins importants à l'évaluation des politiques publiques et à l'amélioration des pratiques.
L'appel à une plus grande responsabilité de l'État et des départements, ainsi qu'à une reconsidération de l'enfant, qu'il soit natif ou étranger, comme ayant les mêmes droits et besoins fondamentaux, est un fil rouge de ces interventions.
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Note de Synthèse : Rapport sur la prise en charge des urgences psychiatriques
Introduction :
- Ce document présente un aperçu des conclusions d'une mission d'information transpartisane sur la prise en charge des urgences psychiatriques, menée conjointement par Mme Nicole Dubré-Chira et Mme Sandrine Rousseau.
Le rapport, fruit de près d'un an de travail, incluant plus de 360 auditions et visites de terrain à travers la France (y compris en Outre-Mer), répond à des alertes généralisées des acteurs de la psychiatrie et suscite de fortes attentes. Il souligne une crise profonde de la psychiatrie en France, exacerbée par la crise sanitaire, et formule des propositions concrètes pour y remédier.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
- Détérioration Alarmante de la Santé Mentale, en Particulier chez les Jeunes :
- Le rapport met en évidence une dégradation "préoccupante" et "rapide" des indicateurs de santé mentale depuis 2020.
- Cette dégradation est particulièrement marquée chez les jeunes (18-24 ans), avec une augmentation de 77% de la prévalence des épisodes dépressifs entre 2017 et 2021, atteignant 20,8% de cette population.
- La situation est "particulièrement alarmante" chez les jeunes femmes : "les hospitalisations liées aux gestes auto-infligés c’est-à-dire aux tentatives de suicide et auto-agression chez les femmes âgées de 10 à 19 ans (...) ont progressé de 133 % entre 2020 et aujourd’hui et de 570 % entre 2007 et aujourd’hui."
- La consommation de psychotropes chez les jeunes (12-25 ans) a augmenté de 19% entre 2019 et 2023.
- Cette souffrance psychique se traduit par une "hausse de l’activité d’urgence" : le nombre de passages aux urgences pour motifs psychiatriques a augmenté de 21% entre 2019 et 2023, une croissance plus rapide que celle des urgences générales.
- Crise Profonde des Services de Psychiatrie et Dysfonctionnements :
- La notion même d'"urgence psychiatrique" reste mal définie et il n'existe pas de services dédiés, la prise en charge relevant traditionnellement du secteur psychiatrique. Un examen somatique préalable est nécessaire.
- Les services d'urgence ne sont pas toujours adaptés pour gérer les crises psychiques, ce qui conduit à une "orientation par défaut tardive des patients en crise psychique".
- Les patients peuvent attendre "parfois des jours voire des semaines qu’une place en hospitalisation se libère et ce dans des conditions rudimentaires pour ne pas dire plus". Des témoignages font état de "personnes en contention dans les services d’urgence".
- La prise en charge est souvent tardive, dans un état de santé dégradé, faisant des urgences un "point d’entrée incontournable dans le système de soins psychiatrique".
- La prise en charge aux urgences tend à se "substituer à un suivi psychiatrique" pour de nombreux patients, compte tenu de la saturation de l'offre de soins de ville.
- Déséquilibre entre Secteurs Public et Privé Lucratif :
- L'activité de psychiatrie d'urgence repose "largement sur le secteur public et le secteur privé à but non lucratif qui accueille 80 % de ces épisodes de crise".
- Le "virage ambulatoire" a entraîné la suppression de 7000 lits d'hospitalisation complète en psychiatrie en 15 ans, principalement dans les hôpitaux publics et privés à but non lucratif (10400 lits en moins depuis 2008), tandis que 3700 lits étaient créés dans le privé lucratif.
- Le rythme des fermetures de lits s'est "emballé" après la crise sanitaire en raison du manque de personnel.
- Le secteur privé lucratif gère près d'un quart des capacités et est la "discipline la plus rentable aujourd’hui du secteur privé lucratif avec un taux de marge qui avoisine les 9 %".
- Ce contraste est saisissant car les hôpitaux publics assurent la "permanence des soins, la prise en charge des patients les plus lourds ainsi que les hospitalisations sous contrainte".
- Situation "Sinistrée" de la Pédopsychiatrie :
- Le secteur de la pédopsychiatrie est "totalement sinistré" et caractérisé par une offre de soins "cruellement insuffisante", notamment dans le contexte de l'explosion de la souffrance psychique des jeunes.
- Le nombre de pédopsychiatres a chuté de 34% entre 2010 et 2022.
- 58% des lits d'hospitalisation en pédopsychiatrie ont été fermés entre 1986 et 2013.
- Les Centres Médico-Psychologiques infantojuveniles (CMP) sont saturés, avec des délais de rendez-vous pouvant atteindre "18 mois ou 24 mois".
- La prévention est "défaillante", en particulier en milieu scolaire où la médecine scolaire est "elle-même déficiente".
- La prise en charge des mineurs est souvent inadaptée, dans des conditions potentiellement traumatisantes (hospitalisation dans des unités d'adultes), voire "parfois impossible", entraînant des "pertes de chance évidentes". En 2023, 123 enfants de moins de 15 ans s'étant présentés aux urgences du CHU de Nantes pour idées suicidaires ou tentative de suicide n'ont pu être hospitalisés malgré l'indication d'un pédopsychiatre.
- Les défaillances actuelles "hypothèquent la santé mentale d’une génération d’enfants et c’est toute la société qui en paiera le prix".
- Manque de Moyens Humains et d'Attractivité des Métiers :
- Il existe un "manque alarmant de psychiatres et d’infirmières en santé mentale".
- La hausse des effectifs (+21% entre 2010 et 2023) est un "trompe-l’œil", principalement liée au recours aux retraités actifs, intermittents et médecins à diplôme étranger.
- Le manque de moyens humains et matériels est corrélé au "recours à la contention des patients".
- Les conditions de travail sont dégradées, ce qui nuit au bien-être des soignants et à la qualité des soins.
- Les soignants, en particulier dans le corps infirmier, sont en "très grande souffrance personnelle" et perdent le "sens de leur travail" faute de moyens, recourant à la contention ou à l'administration de substances chimiques.
Propositions et Recommandations Clés (Organisées selon 5 axes) :
- Axe 1 : Renforcer l'offre de soins de premier niveau pour éviter le passage aux urgences.
Cela passe par une meilleure formation des médecins généralistes (stage obligatoire en psychiatrie, numéro territorial pour conseils), le renforcement des moyens des CMP (pivots du secteur) et l'élargissement de leurs horaires, ainsi que la simplification de l'organisation territoriale des soins psychiatriques pour la rendre plus lisible et accessible.
- Axe 2 : Structurer un parcours de prise en charge d'urgence clair et accessible.
Établir un parcours commun, généraliser le volet psychiatrique dans les Services d'Accès aux Soins (SAS), systématiser le suivi post-urgence, modifier les conditions d'accueil aux urgences et créer des lits dédiés en Unités d'Hospitalisation de Courte Durée (UHCD).
- Axe 3 : Mobiliser davantage le secteur privé.
Réviser les obligations de permanence des soins pour inclure la psychiatrie, garantir un quota de service public en psychiatrie dans chaque territoire, y compris dans les cliniques.
- Axe 4 : Soutenir particulièrement la pédopsychiatrie et la santé des jeunes.
Mettre en place les recommandations des Assises de la Pédiatrie et de la Santé de l'Enfant de 2024, prévoir des mesures ciblées pour les enfants protégés et la psychiatrie périnatale, garantir une offre de soins pédopsychiatrique homogène et adaptée, commander un diagnostic sur l'usage croissant des psychotropes et renforcer les moyens de prévention (médecine scolaire). Une "révolution de la santé mentale dans l'éducation nationale" est appelée de leurs vœux.
- Axe 5 : Améliorer la formation et l'attractivité des métiers de la psychiatrie.
Renforcer massivement l'offre de formation (augmentation des effectifs de psychiatres et d'infirmiers, passerelles, IPA), rendre la filière plus attractive (campagne de communication, stages obligatoires pour déstigmatiser), commander un audit sur les conditions de travail et les améliorer (rémunérations). * Nécessité d'une Action Politique Ambitieuse et Urgente : * Les politiques actuelles sont "pas suffisantes face à l’ampleur des besoins". * La situation oblige "collectivement à une prise de conscience et à une action résolue en faveur de la jeunesse et de l’avenir de notre société". * Les attentes du secteur sont "très fortes". La Grande Cause Nationale dédiée à la santé mentale en 2025 doit se traduire par un "portage au plus haut niveau", des "moyens supplémentaires substantiels" et une "participation effective du secteur privé". * Des "choix politiques majeurs sont nécessaires pour définir une stratégie de long terme". * Les rapporteurs souhaitent que leurs travaux débouchent sur un colloque à l'Assemblée nationale et la rédaction d'une proposition de loi transpartisane sur la santé mentale et la psychiatrie.
Points de Discussion et Interrogations Soulevées lors des Échanges :
- La distinction entre santé mentale et psychiatrie comme enjeu essentiel.
- L'impact des violences sexistes et sexuelles, ainsi que de l'éco-anxiété, sur la santé mentale des jeunes.
- La place croissante du secteur privé et les inquiétudes quant à une "solution" reposant sur sa progression.
- L'impact de la loi RIST sur le départ des professionnels vers le privé.
- L'amélioration de l'accès aux CMP (délais d'attente, visibilité, publics vulnérables).
- La nécessité de reconsidérer l'évolution des moyens financiers et humains dédiés à la psychiatrie.
- La difficulté à obtenir des données précises sur la psychiatrie aux urgences.
- La situation des soins psychiques en prison, la surreprésentation des troubles psychiatriques et les dispositifs sous-dimensionnés (UHSA).
- L'articulation entre les structures d'addictologie et de psychiatrie.
- La réinterrogation du rattachement de la médecine scolaire au Ministère de l'Éducation Nationale.
- L'impact de la T2A (Tarification à l'Activité) et la financiarisation sur les pratiques psychiatriques (temps de relation, contention, médicaments, temps avec la famille).
- Le rôle délétère des réseaux sociaux.
- Le dispositif "mon soutien psy" et son adéquation.
- La coordination entre les professionnels de santé de ville (CPTS, Contrats Locaux de Santé Mentale).
- L'importance de la prévention et du dépistage précoce à tous les niveaux (écoles, collectivités, associations, entreprises, familles).
- L'intérêt d'une loi de santé pluriannuelle pour assurer un suivi serré des objectifs.
- La question de l'irresponsabilité pénale et la difficulté de sa mise en œuvre.
- La situation particulière de la gérontopsychiatrie (taux de suicide élevé, isolement, manque de suivi).
- L'intérêt d'un délégué interministériel sur la santé mentale ou d'un secrétariat d'État dédié.
- Le développement des équipes de liaison pour faciliter l'accueil et prévenir la violence aux urgences.
- La sollicitation croissante des structures d'aide aux jeunes (missions locales, PAJ) par les établissements scolaires.
- Le manque d'accompagnement dans les universités.
- La question de l'intégration des psychologues dans la filière.
- La réflexion sur le "transfert de propriétés" et l'élargissement du secteur public (proposition de nationalisation de cliniques).
- L'impact de la baisse de la natalité et de la vision de la famille sur la pédopsychiatrie.
- L'augmentation de la consommation de stupéfiants chez les jeunes.
- La question des politiques sanitaires mises en œuvre pendant la pandémie et leur contribution à la dégradation de la santé mentale.
Conclusion :
Le rapport dresse un tableau sombre mais réaliste de la prise en charge des urgences psychiatriques en France, révélant une crise systémique de la psychiatrie.
Les conclusions et recommandations formulées appellent à une action urgente et coordonnée de tous les acteurs, avec un accent particulier sur la prévention, le renforcement de l'offre de soins de proximité, la structuration des parcours, la mobilisation du secteur privé, et surtout, un investissement massif dans la pédopsychiatrie et l'amélioration de l'attractivité des métiers.
La désignation de la santé mentale comme Grande Cause Nationale en 2025 est vue comme une opportunité majeure qui doit être saisie par des moyens substantiels et un portage politique fort pour éviter une "promesse trahie".
Le travail transpartisan de la mission d'information est salué comme un modèle pour les actions futures, y compris la proposition d'une loi sur le sujet.
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compte-rendu détaillé de l'audition de Claire Hédon, Défenseure des droits, basé sur les extraits fournis.
Document d'information : Audition de Claire Hédon, Défenseure des droits
Date : [Date de l'audition - non précisée dans l'extrait, mais identifiée comme ayant eu lieu suite à la dissolution de la législature précédente et avant fin 2023/début 2024] Objet : Présentation du rapport annuel d'activité de la Défenseure des droits et échanges sur l'état de la protection des droits en France. Intervenante principale : Madame Claire Hédon, Défenseure des droits.
Accompagnants : Madame Mireille Lec (secrétaire générale), Madame Cécile Barrois de Sarigny (adjointe chargée de l'accompagnement des lanceurs d'alerte), Monsieur Daniel Agazenski (délégué général à la médiation), et son chef de cabinet.
Résumé Exécutif :
L'audition de Madame Claire Hédon devant la commission des lois visait à présenter le rapport annuel d'activité de l'institution du Défenseur des droits.
Ce rapport ne se limite pas à un compte-rendu d'activité mais constitue un état des lieux de la défense et de la protection des droits en France, mettant en lumière l'écart entre le droit proclamé et son effectivité.
La Défenseure des droits, dont l'institution est inscrite dans la Constitution, s'appuie sur cinq champs de compétences principaux :
- la protection des usagers des services publics,
- la lutte contre les discriminations, la protection des droits des enfants,
- le contrôle de la déontologie des forces de sécurité,
- et la protection des lanceurs d'alerte.
Les principaux thèmes abordés sont : le recul des services publics et ses conséquences sur l'accès aux droits, la fragilisation de l'État de droit, et la nécessité croissante des missions du Défenseur des droits pour pallier ces difficultés.
Les statistiques pour 2023 font état de 138 000 réclamations reçues, un chiffre en augmentation constante, principalement liées aux difficultés d'accès aux services publics (80%).
La Défenseure souligne la déshumanisation et la dématérialisation excessive de l'administration comme obstacles majeurs, touchant particulièrement les plus vulnérables et les habitants des Outre-mer et des quartiers prioritaires.
Un autre point d'inquiétude majeur est la fragilisation de l'État de droit, perçue à travers des atteintes concrètes aux droits fondamentaux, l'inexécution de décisions de justice, et les attaques visant ceux qui défendent les droits (associations, universitaires).
Cette érosion s'accompagne d'un discours banalisant les atteintes aux droits et présentant le droit comme un obstacle.
Face à ces constats, la Défenseure des droits réaffirme l'importance de son rôle de recours, de médiation et de force de proposition pour améliorer le droit et rendre effectifs les droits de chacun.
Elle met en avant le travail de ses délégués territoriaux, l'importance de la visibilité de l'institution, et la nécessité de renforcer les moyens pour lutter contre les discriminations et garantir un accès effectif aux services publics.
Points Clés et Thèmes Majeurs :
- Le Recul des Services Publics et ses Effets sur l'Accès aux Droits:
- Constat principal : Recul des services publics, fossé entre usagers et administration, déshumanisation.
- Chiffres Clés : 80% des réclamations concernent les problèmes avec les services publics. 138 000 réclamations reçues en 2023 (augmentation annuelle d'environ 10%).
- Dématérialisation Excessive : Considérée comme "délétère" et source d'exclusion pour près d'un tiers de la population éloignée du numérique.
- "Je crois surtout que c'est le service public qui s'est éloigné d'elles notamment des plus vulnérables des plus pauvres des plus en difficulté en faisant peser sur eux une charge administrative une charge matérielle et mentale très lourde."
- Étude sur les plateformes téléphoniques (CAF, Assurance Maladie, Pôle Emploi, Retraite) : Sur 1500 appels, 40% n'ont pas abouti, et 60% des appels aboutis ont donné lieu à des réponses erronées ou incomplètes.
- Conséquences Concrètes : Difficultés d'accès aux droits, charge administrative lourde pour les usagers, recul dans les territoires (Outre-mer, rural, quartiers prioritaires).
- Exemples : Attente de liquidation de retraite aux Antilles (plus d'un an, voire 2 ans), accès aléatoire à l'eau en Guadeloupe, heures de cours non assurées aux Antilles (jusqu'à 20%, faisant perdre une année scolaire en primaire), milliers d'enfants déscolarisés à Mayotte, difficultés d'accès aux subventions MaPrimeRenov, lycéens sans affectation à la rentrée (27 000 en 2023), désertification médicale, renoncement aux soins, enfants handicapés sans accompagnement scolaire suffisant.
- Recommandation : Les services publics doivent s'adapter à l'usager, non l'inverse. Maintenir plusieurs modalités d'accès, notamment physiques.
- Les Droits des Étrangers : Un Révélateur des Dysfonctionnements :
- Constat : Le droit des étrangers est le premier motif de saisine pour la 2e année consécutive (plus d'un quart des réclamations).
- Difficultés Principales : Impossibilité de prendre rendez-vous en préfecture, délais d'instruction excessifs pour les renouvellements de titres (même simples).
- Conséquences : Des milliers d'étrangers, parfois établis depuis longtemps, se retrouvent en situation irrégulière involontairement, entraînant des ruptures de droits (perte d'emploi, de logement).
- "Cela maintient les étrangers régulièrement établis parfois depuis très longtemps dans une forme d'insécurité administrative permanente et les étrangers ne constituent pas un groupe isolé du reste de la population française."
- La Défenseure des droits ne peut se substituer aux services publics et s'inquiète d'une "embolie" de l'institution face à l'ampleur du problème.
- La loi immigration n'apporte aucune réponse satisfaisante, préférant fragiliser cette population.
- Actions : Lancement d'une enquête auprès des préfectures pour identifier les facteurs de dysfonctionnement et les bonnes pratiques, et d'une instruction sur l'administration numérique des étrangers en France (ANEF).
- La Fragilisation de l'État de Droit :
- Constat : L'année 2023 a été marquée par une "fragilisation" et une "banalisation" des atteintes aux droits.
- Formes de Fragilisation :
- Atteintes concrètes aux droits fondamentaux : Conditionnalité accrue du RSA, facilitation des expulsions de logement (loi Kasbarian critiquée pour son atteinte potentielle au droit au respect de la vie privée et à ne pas subir de traitements inhumains/dégradants, bien que la Défenseure souligne défendre les droits de tous, y compris les propriétaires).
- "J'ai largement détaillé ces risques dans des avis au Parlement publiés en 2023."
- Inexécution croissante des décisions de justice (nationales et CEDH) : Mesures de juges des enfants non exécutées, rattachements arbitraires d'enfants à Mayotte pour les éloigner du territoire (malgré les décisions de justice et de la CEDH). "Oui nous avons vu des situations de français expulsés au Comor dans lequel il n'avaient pas de lien fam familux c'est aussi ça la réalité de ce que nous voyons dans nos réclamations".
- Attaques contre ceux qui défendent les droits et libertés : Menaces contre les associations (liberté d'association menacée, suspension de subventions), atteintes à la liberté académique.
- Pratiques d'intimidation des forces de l'ordre envers les associations (expulsions de campements, défense de l'environnement).
- Discours Banalisant les Atteintes : Les droits sont présentés comme des "obstacles" à l'efficacité ou à la volonté générale. Les juridictions sont critiquées.
- "Cette fragilisation n'est pas nouvelle s'inscrit dans une tendance de fond mais il semble que nous fisions face à une accélération qui pose la question de la santé de de notre démocratie."
- La Nécessité des Missions du Défenseur des Droits :
- Rôle : Régler les situations individuelles, faire émerger des questions d'intérêt général dans le débat public, combler le fossé entre usagers et services publics, contribuer à l'amélioration du droit.
- Atouts : Indépendance, connaissance fine du terrain (600 délégués territoriaux dans 1000 lieux de permanence), expertise juridique solide.
- Chiffres d'Activité : 138 000 réclamations traitées. 80% des cas font l'objet de médiation, avec un taux de succès de 75%.
- Exemples de succès : Arrêt de bus scolaire pour trois enfants en zone rurale, personnes atteintes de maladies chroniques devenant militaires, jeunes footballeuses non discriminées dans leurs contrats.
- Accessibilité : Joignable gratuitement par courrier, mail, formulaire en ligne, téléphone (plateforme générale, 3928 pour les discriminations, 3141 pour les personnes détenues), 600 délégués territoriaux. Ouverture de permanences dans de nouveaux lieux (associations, centres sociaux, missions locales, tiers-lieux).
- Lutte contre les Discriminations : Travail pour rendre visible les discriminations (personnes d'origine asiatique, personnes en situation de pauvreté, accès au logement social). Lutte contre les contrôles d'identité discriminatoires (enquête de 2017 révélant 20 fois plus de risque pour les jeunes hommes perçus comme noirs ou arabes). Relance de cette enquête.
- Décision du Conseil d'État (suite aux observations du Défenseur) reconnaissant que les contrôles d'identité discriminatoires ne sont pas des actes isolés et relèvent d'une politique publique.
- Demande d'évaluation à la Cour des comptes sur les contrôles d'identité : 47 millions de contrôles en 2021 (dont 32 millions hors contrôles routiers), avec peu de résultats judiciaires dans la majorité des cas.
- Recommandations sur les contrôles d'identité : Traçabilité (globale et individuelle, étude des modèles étrangers), meilleur encadrement des forces de l'ordre, meilleur contrôle du parquet.
- Protection des Lanceurs d'Alerte : Accompagnement et orientation vers les autorités compétentes, publication d'un guide, publication d'un rapport bisannuel sur les dispositifs de protection.
- Réponses aux Questions Spécifiques des Députés :
- Loi Kasbarian (squats) : Inquiétude quant aux atteintes aux droits des occupants, mais la Défenseure rappelle défendre les droits de tous, y compris les propriétaires. Souligne le besoin de données sur l'impact de la loi et les profils des personnes concernées.
- Robustesse de l'État de Droit : L'État de droit repose sur la séparation des pouvoirs, le respect de la hiérarchie des normes, l'égalité des citoyens, le respect des droits fondamentaux, la liberté associative, d'expression, de manifestation. Sa fragilisation vient des atteintes concrètes et d'un discours qui les légitime.
- Contrôles d'Identité Discriminatoires : Voir point 4.
- Accès à la Protection Sociale pour les Français de l'Étranger : Augmentation des réclamations, étude plus large en cours.
- Discriminations Systémiques (origine) : L'ampleur n'est pas visible dans les saisines et contentieux par peur des représailles et manque de confiance dans l'utilité des démarches. L'application du droit est nécessaire, facilitation des recours (actions de groupe, testing).
- Services Postaux en Zone Rurale : Partage du constat, réaffirme l'importance de la présence physique, note le retour possible sur la coupe budgétaire.
- Violences dans les Manifestations : Compétence limitée à la déontologie des forces de sécurité. Souligne la nécessité de l'usage nécessaire et proportionné de la force et des formations à la désescalade.
- Instrumentalisation du Conseil Constitutionnel : Vote d'articles (cavaliers législatifs) dont l'inconstitutionnalité est connue. Le rôle est au législateur de ne pas les voter.
- Libertés Associatives : Inquiétude face aux atteintes observées, saisines en augmentation, potentielle enquête approfondie. Compétence pour défendre les associations au titre des libertés d'expression et d'association, même si le contenu de leur action (environnement, etc.) n'est pas un champ de compétence direct.
- Visibilité de l'Institution : Partage du constat, demande de moyens pour une grande campagne de communication, notamment sur les discriminations.
- France Services : Amélioration reconnue, mais insuffisante faute d'accès des agents aux dossiers du backoffice. Recommande des permanences des services concernés.
- Vidéosurveillance Algorithmique : Question d'équilibre entre sécurité et libertés. Saisines en cours, décision à venir. L'auto-saisine a permis des actions concrètes (logements étudiants, continuité des droits sociaux pendant les JO).
- Mayotte : Reconnaît une situation de crise multifactorielle "effrayante pour tout le monde". Souligne les difficultés d'accès à l'eau, à l'école, à la justice, au logement, et l'éloignement. Refuse de mettre en concurrence les populations (étrangers vs Mahorais). Affirme que la France "manque d'humanité" non seulement avec les étrangers mais avec un certain nombre de personnes ayant du mal à faire valoir leurs droits.
- Accès à l'Eau (hors Outre-mer) : Difficultés observées en France continentale, notamment en zones rurales et de montagne. Question abordée dans le rapport enfants sur le droit à un environnement sain.
- Critique de la Loi par la Défenseure : Affirme que ses avis au Parlement sont basés sur les difficultés observées dans les réclamations et l'impact potentiel de certains articles. Défend l'indépendance de son jugement ("la défense du droit n'est pas une question de droite ou de gauche").
- Contributions au Conseil Constitutionnel : Confirmées, effectuées sept fois depuis la création de l'institution, considérées comme un droit de contribution citoyenne.
- Compétence sur les Lanceurs d'Alerte : Clarification : Compétence sur l'orientation, la certification et l'accompagnement en cas de représailles pour tous les lanceurs d'alerte. Compétence sur le contenu de l'alerte dans les quatre domaines traditionnels de l'institution.
- Accès au Logement Social : Les plus pauvres ont le plus de mal à y accéder, quelle que soit l'origine. Situation dramatique due au manque de construction de logements sociaux, surtout très sociaux. Urgence à construire.
- Contrôles d'Identité (détails) : Nécessité de la présence sur le terrain, mais pas de contrôles systématiques. Expérimentation pour comparer les méthodes de traçabilité (modèles anglais/allemand, caméras piétons). Contrôle du parquet nécessaire.
- Protection de l'Enfance : Enquête en cours (contradiction avec 14 départements). Inquiétude face aux décisions de justice non appliquées, manque de travailleurs sociaux. Refus de mettre en opposition MNA et enfants protégés, ne résout pas le problème.
- Difficultés des Étudiants (Parcoursup, Mon Master) : Préoccupation face au manque de transparence des algorithmes et aux difficultés de recours. Saisines peu nombreuses, difficulté d'atteindre ce public. Ouverture de permanences en université. Rapport à venir sur l'IA et les services publics.
- Amende Forfaitaire Délictuelle (AFD) : Inquiétude sur le non-accès au juge, l'individualisation de la peine, l'inscription au casier judiciaire sans jugement, les difficultés de contestation (montant, procédure). Souvent observée pour des situations où les aires d'accueil ne sont pas suffisantes ou de qualité. Défend les droits de tous sans opposer les populations. Met en avant l'impact sur les victimes et la rupture d'égalité devant la justice.
Citations Clés :
- "Ce que je viens vous dire c'est pas simplement je dirais un simple rapport d'activité sur ce que nous faisons mais bien un état de la défense et de la protection des droits et nous sommes pour cela un très bon observatoire des difficultés que les personnes peuvent rencontrer dans l'accès au droits et je dirais de l'écart entre le droit annoncé et son effectivité."
- "La dématérialisation ne peut pas être considérée comme un progrès si elle exclut et si elle déshumanise le service public."
- "C'est au service public de s'adapter à l'usager et non pas l'inverse."
- "Remettre en cause aussi profondément leurs droits menace la cohésion sociale dans son ensemble et l'intégration dans notre République." (concernant les étrangers)
- "Cette érosion elle prend plusieurs formes d'abord il faut le redire cela passe par des atteintes très concrètes aux droits fondamentaux des personnes... Cela passe aussi par l'inexécution de plus en plus importante de décisions de justice..."
- "Dès menaces se traduisent parfois par la suspension de subventions accordé par l'État et mis bout à bout ces éléments dessinent la fragilisation d'un édifice celui de l'État de droit par la relativisation des droits et du juge par la limitation des libertés qui font la démocratie."
- "Je crois pas que vous connaissiez mes opinions politique et la question de la défense du droit n'est pas une question de droite ou de gauche et j'espère qu'elle est au-delà justement des questions d'opinion d'opinion politique."
- "Mettre en concurrence les populations n'a jamais permis de de mieux défendre les droits des maorés c'est une erreur de mettre en concurrence les populations."
- "Oui la France manque d'humanité moi je le dirais exactement comme ça oui oui et la France manque d'humanité pas simplement d'ailleurs avec les étrangers elle manque d'humanité avec un certain nombre de personnes qui ont du mal à faire valoir leurs droits."
Recommandations Émergentes :
- Maintenir et renforcer les modalités d'accès physiques aux services publics.
- Garantir la possibilité de déposer des dossiers en format papier.
- Adapter les services publics aux besoins des usagers, en particulier les plus vulnérables.
- Réaliser des études d'impact des lois sur l'accès aux droits et les droits fondamentaux.
- Améliorer la traçabilité et l'encadrement des contrôles d'identité.
- Faciliter le recours en justice et les actions de groupe en matière de discrimination.
- Investir dans la protection de l'enfance pour garantir l'exécution des décisions de justice et la qualité de l'accompagnement.
- Construire davantage de logements sociaux, en particulier très sociaux.
- Garantir la transparence et l'objectivité des algorithmes utilisés dans l'administration.
- Abroger ou modifier les dispositions législatives portant atteinte de manière disproportionnée aux droits fondamentaux.
- Mener une campagne de communication pour mieux faire connaître l'institution et les droits des citoyens.
Perspectives Futures / Suivi :
- Rapports à venir sur l'accès à l'eau pour les enfants et le droit à un environnement sain (novembre).
- Décisions à venir sur les atteintes à la déontologie des forces de sécurité (en cours d'enquête).
- Rapport et décisions à venir sur la protection de l'enfance (fin janvier).
- Décisions à venir sur Mayotte (début d'année prochaine).
- Rapport à venir sur l'intelligence artificielle et les services publics (début novembre).
- Décision à venir sur les saisines liées aux Jeux Olympiques (en cours d'enquête).
- Poursuite de l'enquête sur les contrôles d'identité discriminatoires.
- Ce document résume les principaux points abordés lors de l'audition, en mettant l'accent sur les préoccupations exprimées par la Défenseure des droits et les actions menées par son institution.
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Briefing sur l'impact psychologique des réseaux sociaux sur les jeunes
Ce briefing examine les points de vue exprimés par
- un chercheur en développement cognitif et socio-émotionnel (M. Borst),
- une pédiatre clinicienne (Mme Dieu-Osika) et
- un psychologue et spécialiste des écrans (M. Tisseron)
concernant l'impact des réseaux sociaux, et notamment de TikTok, sur les jeunes.
Les discussions mettent en lumière la complexité du sujet, les défis méthodologiques pour établir des liens de causalité clairs et la nécessité d'une approche multifacette incluant la responsabilité des plateformes, l'éducation et le soutien parental.
Thèmes principaux et idées importantes :
Le déficit de données scientifiques probantes sur les liens de causalité :
M. Borst souligne un manque de données scientifiques solides permettant d'établir des liens de cause à effet directs entre l'exposition aux réseaux sociaux et les impacts sur le développement cognitif et socio-émotionnel, en particulier chez les adolescents.
"On a un déficit de données scientifiques probantes sur la question de de l'effet des réseaux sociaux sur le développement cognitif et socio-émotionnel de l'adolescent (...) la qualité des études est faible (...) on a peu d'études longitudinales qui sont les études qui nous permettent d'établir potentiellement des liens de cause à effet".
Les études existantes montrent souvent des associations plutôt que des causalités, ce qui rend l'interprétation complexe.
Il n'existe pas d'études spécifiques sur TikTok à l'heure actuelle, rendant difficile la distinction de ses effets par rapport à d'autres plateformes.
L'hétérogénéité de la population adolescente et les vulnérabilités spécifiques :
L'adolescence est une période de grande variabilité individuelle, marquée par des différences de genre significatives dans le développement cérébral, créant des facteurs de vulnérabilité distincts.
"La population adolescente a une particularité c'est que c'est une population extrêmement hétérogène (...)
L'hétérogénéité la variabilité entre les individus est sans doute l'une des plus fortes qu'on observe par rapport à toute autre période de la vie. On a notamment des différences de genre qui sont extrêmement marquées".
Les études montrent que les effets des réseaux sociaux en population générale sont faibles, mais il existe des interactions complexes en fonction de l'âge, du genre et des vulnérabilités préexistantes.
Par exemple, une étude de 2024 suggère une augmentation des symptômes dépressifs chez les filles mais pas chez les garçons en lien avec le développement de certains réseaux cérébraux.
L'adolescent est considéré comme vulnérable "par nature" du fait de cette période de développement, avec ou sans facteurs familiaux complexes.
L'impact indirect via le sommeil :
Il y a un consensus clair sur l'impact négatif de l'exposition aux écrans (pas uniquement les réseaux sociaux) sur la qualité du sommeil chez les adolescents, qui connaissent déjà un déficit de sommeil important.
"Le sommeil joue sur la santé physique et sur la santé mentale et que l'exposition aux écran pas spécifiquement les réseaux sociaux mais aux écrans va altérer la qualité du sommeil adolescent on va avoir des impacts potentiels sur la santé mentale".
Cet impact sur le sommeil a des conséquences potentielles sur la santé mentale et physique, bien que le lien soit indirect.
La terminologie : addiction, dépendance ou usage problématique ?
La question de savoir si l'utilisation des réseaux sociaux constitue une "addiction" est débattue. M. Tisseron et M. Porst sont réticents à utiliser ce terme tel que défini par l'OMS pour le jeu vidéo (nécessitant une mono-activité exclusive, désocialisation complète, etc.), compte tenu de la diversité des usages des réseaux sociaux.
M. Borst souligne que les addictologues eux-mêmes ne qualifient pas encore l'utilisation des réseaux sociaux d'addiction au sens strict.
Mme Josica parle d'"usage problématique", d'"usage excessif" et note que certains addictologues utilisent le terme "addiction", mentionnant les critères d'usage (besoin d'y être, augmentation du temps en cas de mal-être, source de conflits, absentéisme).
Il est suggéré que le débat sur la définition ne doit pas éclipser la discussion sur les problèmes concrets liés à l'usage excessif.
La crise de la santé mentale des jeunes :
Tous les intervenants reconnaissent une dégradation importante de la santé mentale des enfants et adolescents.
Mme Dieu-Osika présente des chiffres alarmants montrant une aggravation continue, avec une augmentation des gestes suicidaires.
M. Borst insiste sur l'urgence d'un "grand plan pour la santé mentale des adolescents en France", notant qu'une proportion importante présente des symptômes dépressifs.
Bien que les réseaux sociaux puissent amplifier les vulnérabilités, il est crucial de ne pas attribuer tout le mal-être des jeunes uniquement à leur utilisation (M. Tisseron mentionne l'éco-anxiété, M. Borst la crise de la COVID).
Le rôle des plateformes et de leurs mécanismes :
Les plateformes sont conçues pour être "addictives par nature" (Mme Dieu-Osika), utilisant des mécanismes de "captologie" et d'"économie de l'attention" (M. Tisseron) pour retenir les utilisateurs.
M. Borst estime que la "première responsabilité c'est les plateforme", dénonçant leur manque de coopération et le fait qu'elles ne fassent pas respecter les âges minimum déclaratifs.
Des mécanismes comme la comparaison sociale ("toi tu vis une super vie sur le réseau et moi ma vie elle est compliquée"), la survalorisation de l'apparence physique, les retours quantifiables (likes) et la permanence du contenu contribuent aux effets négatifs observés.
Des études (comme celle de Common Sense Media citée par Mme Dieu-Osika) montrent des temps d'écran mesurés, des notifications excessives (parfois plus de 500 par jour pour 20% des jeunes), y compris la nuit.
Les effets négatifs spécifiques mis en évidence par les études et l'observation clinique :
Bien que les effets statistiques en population générale puissent être modestes, de nombreuses études longitudinales et transversales, ainsi que l'observation clinique, mettent en évidence des liens avec :
La dépression, l'anxiété et une faible estime de soi. Les idées et risques suicidaires (le rapport d'Amnesty International sur TikTok est cité).
Les troubles du comportement alimentaire (anorexie mentale en particulier), amplifiés par des "challenges" et des contenus pro-ana.
Mme Dieu-Osika insiste sur l'augmentation "absolument prodigieuse" de l'anorexie mentale, lien que M. Borst semble relativiser en citant d'autres études qui ne montrent pas d'augmentation de la prévalence globale depuis l'émergence des réseaux sociaux, tout en reconnaissant qu'ils peuvent amplifier le problème pour certains individus vulnérables.
Une image corporelle négative, notamment chez les jeunes filles (une étude interne d'Instagram fuitée montrant une dégradation de la perception de leur corps chez plus d'un tiers des utilisatrices adolescentes est mentionnée par M. Vogeta).
La sédentarité, l'obésité et des problèmes de santé physique (hypertension, diabète, vision dégradée, diminution des performances physiques).
Le cyberharcèlement.
Le "FOMO" (Fear of Missing Out).
Les défis méthodologiques et l'interprétation des études : M. Borst critique la tendance au "cherry picking" des études qui montrent des effets négatifs sans considérer l'ensemble de la littérature, y compris les études pré-enregistrées qui ne trouvent pas d'effets significatifs en population générale.
Il souligne l'importance de considérer la "taille de l'effet" des résultats statistiques pour guider les politiques publiques.
Il insiste sur la nécessité de la recherche sur le long terme (études longitudinales, cohortes), idéalement en France pour tenir compte du contexte social et culturel spécifique.
La nécessité d'une approche globale et des solutions :
Il y a un appel à une approche "holistique" (M. Borst) et à "faire feu de tout bois" (M. Borst) incluant :
La responsabilisation des plateformes : Mettre en place des systèmes contraignants de vérification de l'âge.
M. Borst et Mme Dieu-Osika sont d'accord sur ce point, bien que M. Borst note que l'application des lois existantes (sur la pornographie) est un défi.
L'éducation : Éduquer les parents (M. Tisseron mentionne que la moitié des parents se sentent insuffisamment informés) et les enfants dès la maternelle sur le numérique et les risques potentiels.
M. Borst insiste aussi sur l'éducation des jeunes à ce qu'est l'adolescence et ses particularités.
Le soutien à la parentalité : Informer les parents sur le développement de l'enfant et de l'adolescent pour leur permettre de faire des choix éclairés.
M. Tisseron propose que les smartphones soient vendus avec les réseaux sociaux bloqués jusqu'à 13 ans (ou plus, selon la décision parentale) pour obliger les parents à s'informer et à négocier avec leurs enfants.
Il met en garde contre la "dérésponsabilisation des parents" par une intervention excessive de l'État.
Le renforcement des facteurs de protection : Améliorer l'accès à la pédopsychiatrie, développer les activités extrascolaires et périscolaires, réouvrir des espaces physiques où les jeunes peuvent se rencontrer librement pour réduire leur dépendance aux écrans pour lutter contre l'ennui et l'isolement.
M. Tisseron propose d'ouvrir les cours de récréation et les gymnases le weekend.
La promotion d'alternatives : Promouvoir des réseaux sociaux éthiques (comme Mastodon) ou l'utilisation de téléphones "DUM Phone" sans accès à internet (Mme Dieu-Osika donne l'exemple d'écoles de son quartier).
La régulation : Agir au niveau européen (et potentiellement mondial) pour réguler les plateformes (M. Borst) et limiter les risques (M. Vogeta cite l'exemple de la loi influenceurs comme point de départ).
L'évaluation : Évaluer systématiquement l'impact réel des politiques publiques mises en place (M. Porst).
Les fonctions des réseaux sociaux pour les jeunes :
M. Tisseron souligne que les jeunes utilisent TikTok pour diverses raisons, pas seulement négatives : lutter contre l'ennui, se rassurer ("safe place"), s'amuser, décompresser et s'informer. Il est important de comprendre ces besoins avant d'envisager des interdictions.
Points de divergence notables :
Le degré de certitude scientifique concernant les liens de causalité directs entre l'usage des réseaux sociaux et les impacts négatifs sur la santé mentale.
M. Borst adopte une posture plus réservée basée sur les données de recherche en population générale, tandis que Mme Dieu-Osika insiste sur la convergence des études récentes et l'observation clinique pour conclure à des effets négatifs clairs et importants, justifiant des mesures d'urgence.
L'augmentation de la prévalence de certains troubles comme l'anorexie mentale : Mme Dieu-Osika affirme une augmentation "prodigieuse" en lien avec les réseaux sociaux, tandis que M. Borst cite des études qui ne montrent pas d'augmentation de la prévalence globale.
En résumé, les sources consultées présentent un tableau nuancé mais globalement préoccupant de l'impact des réseaux sociaux sur les jeunes.
Si l'établissement de liens de causalité directs à grande échelle reste un défi méthodologique, l'observation clinique et de nombreuses études récentes suggèrent des associations fortes et des mécanismes clairs par lesquels les plateformes peuvent amplifier les vulnérabilités préexistantes et contribuer à la dégradation de la santé mentale, du sommeil et de la santé physique.
Les intervenants s'accordent sur la nécessité d'agir de manière globale, en incluant la responsabilisation des plateformes, une éducation précoce et continue, et un renforcement des facteurs de protection pour les jeunes, tout en tenant compte du rôle essentiel et de la responsabilité des parents.
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Briefing : Être Humain et Protéger la Nature : Une Contradiction ? Analyse des Fondements de l'Action Écologique et du Raisonnement Humain
Source : Excerpts from "Être humain et protéger la nature : une contradiction ?" (Présentation orale)
Date : [Date de la présentation - non précisée dans l'extrait, à insérer si disponible]
Présentateur : [Nom du présentateur - non précisé dans l'extrait, à insérer si disponible]
I. Thèmes Principaux :
La Destruction comme Processus Naturel et Ancien : L'idée que la destruction n'est pas une caractéristique intrinsèquement humaine mais un processus fondamental et nécessaire à la vie depuis ses origines.
La Spécificité Humaine : L'Empêchement de la Régénération : La contribution unique de l'humanité n'est pas la destruction en soi, mais l'empêchement de la régénération du milieu, rendu possible par l'extraction excessive de ressources.
L'Écologie Pense "À l'Envers" : Une critique de l'approche écologique actuelle qui se concentre sur l'action en aval plutôt que sur les processus destructeurs en amont dont nous sommes issus.
La Permanence de l'Objet et le Récit Collectif : L'importance de la capacité humaine à mentaliser des objets indépendamment de leur existence réelle, et comment cela a contribué au développement d'outils, de récits collectifs et potentiellement à une forme de déni.
L'Autodomestication et la Coopération : L'hypothèse que l'humanité s'est progressivement autodomestiquée en favorisant la coopération, ce qui a eu des conséquences biologiques (réduction de la taille du cerveau) et sociales (interdépendance accrue).
La Théorie Argumentative du Raisonnement : L'idée que le raisonnement humain n'a pas pour objectif principal de trouver des réponses objectives aux problèmes (comme l'écologie), mais de construire des arguments pour convaincre les autres ou rejeter leurs idées, expliquant ainsi l'échec collectif à résoudre la crise écologique et la polarisation des débats.
II. Idées et Faits Clés :
La Destruction Création : Le processus de destruction est indissociable de la création dans le vivant.
Depuis 3,8 milliards d'années, pour que de nouvelles formes de vie apparaissent ou se développent, l'état précédent doit être détruit. "systématiquement à chaque fois que de l'énergie et des molécules sont transformé pour pour devenir quelque chose de vivant il y a destruction de l'état précédent"
Cela se manifeste par la photosynthèse (les végétaux détruisent l'état du milieu minéral pour se construire) et l'alimentation (les organismes hétérotrophes mangent d'autres organismes vivants).
"manger c'est détruire de la vie toujours"
La Nouveauté Humaine n'est pas la Destruction, mais l'Empêchement de la Régénération : L'humanité, comme tout autre vivant, détruit pour exister. Cependant, sa capacité à extraire excessivement matière et énergie empêche le milieu de se régénérer.
"Nous avons apporté l'empêchement de la régénération c'est cela que nous avons imposer au vivants"
"la nouveauté n'est pas la destruction elle était déjà là c'est l'empêchement par capture excessive de matières diverses matière organique ou matière minérale c'est cette capture excessive qui empêche le vivant de se régénérer autour"
Critique de l'Approche Écologique Actuelle : En se focalisant sur l'action en aval (nos comportements actuels), l'écologie néglige le fait fondamental que notre existence même découle de processus destructeurs en amont.
"je pense que l'écologie pense à l'envers globalement en disant aujourd'hui nous avons un problème de destruction non nous avons un problème d'empêchement du renouvellement"
"l'écologie a tendance à penser que ce qui doit être résolu est l'action... alors que notre problème à nous il est en amont c'est que juste le fait d'être aujourd'hui ici est issu d'un processus destructeur"
Cette focalisation sur l'aval rend l'approche actuelle "très conservatrice" car elle n'aborde jamais le processus destructeur originel dont nous sommes issus.
La Permanence de l'Objet et ses Conséquences : Cette capacité cognitive unique permet de penser les choses indépendamment de leur présence réelle.
Essentielle pour le développement technique (combinaison de concepts abstraits pour créer des outils comme le marteau).
Permet potentiellement un déni : après avoir détruit le réel, on peut imaginer que ce qui a été détruit "existe encore" mentalement (ex: troupeau de zébus chassé).
Jean-Louis Le Quellec suggère que les peintures rupestres pourraient être liées à cette permanence de l'objet, rendant éternel dans l'imaginaire ce qui est source de vie mais peut disparaître.
Permet la construction de récits collectifs et l'attribution de propriétés ou d'intentionnalités aux objets ou êtres non-humains (ex: mythe du message perverti et du lièvre).
Le Mythe du Message Perverti : Un mythe ancien (datant potentiellement d'avant l'agriculture) présent dans de nombreuses cultures, où un messager (souvent un lièvre) corrompt un message de vie de la lune à l'humanité, condamnant celle-ci à la mort.
Le présentateur suggère que ce mythe nécessite une permanence mentale du lièvre et décharge l'humanité de sa propre responsabilité en l'attribuant à l'animal.
L'Autodomestication : La coopération humaine, favorisée par les récits et techniques communes, aurait conduit à une sélection culturelle contre l'agressivité et l'impulsivité, entraînant une réduction de la taille du cerveau humain et une spécialisation accrue.
La gestion de la complexité collective est externalisée dans les mythes, l'organisation sociale, la technique, réduisant la charge cognitive individuelle.
Cela a rendu les humains modernes "strictement interdépendants" et incapables de gérer la complexité des environnements naturels comme les chasseurs-cueilleurs.
La Théorie Argumentative du Raisonnement (Ugo Mercier) : Le raisonnement humain est principalement activé dans les contextes de débat ou de rejet d'information, avec pour fonction première de trouver des arguments convaincants ou de justifier ses propres positions.
"nous raisonnons principalement lorsque n lorsque nous devons chercher des arguments pour convaincre une autre personne"
"La fonction du raisonnement n'est pas de nous aider à former de meilleures connaissances généralement mais d'évaluer des arguments afin de déterminer les prémisses qui seront convainquantes ou les conclusions qu'il faut accepter"
Cette théorie explique pourquoi, malgré la conscience des risques écologiques, les actions ne changent pas fondamentalement : le raisonnement sert à défendre le statu quo (ex: maintenir la production de richesse) plutôt qu'à résoudre objectivement le problème.
Elle éclaire la polarisation des débats : on évite de remettre en cause fondamentale notre adaptation en sélectionnant les conflits argumentatifs qui nous arrangent.
Exemple de la Transition Énergétique : Le débat se focalise sur le faux dilemme nucléaire vs renouvelables, évitant la question fondamentale de savoir si une transition énergétique est réellement possible, car cette question est trop angoissante.
III. Points de Discussion Clés Soulevés par le Public et Réponses :
Nature de la Destruction Humaine vs Animale/Végétale : Une question suggère que la destruction humaine est différente (jouissive, répondant à un désir plutôt qu'à un besoin) et qu'elle devrait rester au cœur du discours écologique.
Réponse du Présentateur : Le présentateur maintient que la destruction est fondamentale à l'existence.
L'enjeu écologique clé n'est pas la destruction en soi (qui est en amont de notre existence), mais l'empêchement de la régénération causé par l'extraction excessive.
La seule façon efficace de réduire notre impact est de "réduire notre demande en amont", notamment notre niveau de richesse.
"La seule façon pour quelqu'un qui est riche de réduire son empreinte environnementale... c'est pas d'avoir une action écologique de main c'est pas ça c'est de réduire sa demande en richesse"
Le discours écologique actuel, centré sur l'action (voiture électrique, permaculture, etc.), permet aux personnes riches de se sentir investies sans remettre en cause leur niveau de consommation et la production de richesse qui en découle.
L'Humain qui "Va Bien" : Un humain qui "va bien" dans le contexte actuel n'est pas nécessairement un humain "écologique" au sens de réduire sa demande, mais un humain capable de participer au débat et à l'action en aval, évitant ainsi de traiter de la question existentielle fondamentale de notre impact en amont.
"un humain qui va bien face à l'écoanxiété c'est un humain qui agit un humain qui agit c'est pas un humain qui réduit la production de richesse c'est pas la même chose"
Le Raisonnement Évite les Questions Angoissantes : L'incapacité à résoudre la crise écologique vient du fait que notre raisonnement collectif sert à nous défendre contre des idées dérangeantes plutôt qu'à trouver des solutions réelles.
Nous débattons de faux problèmes pour éviter de poser les vraies questions existentielles.
IV. Implications et Perspectives :
Le présentateur suggère que pour sortir de l'impasse écologique, il est nécessaire de :
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Reconnaître la destruction comme un processus inhérent au vivant et dont l'humanité est issue.
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Comprendre que la spécificité humaine réside dans l'empêchement de la régénération, lié à l'extraction excessive de ressources et à la structure de nos sociétés.
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Remettre en question l'approche écologique actuelle, jugée "à l'envers", en s'attaquant à la demande en amont (notamment la production de richesse) plutôt qu'aux actions en aval.
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Être conscient que notre propre capacité de raisonnement peut nous maintenir dans un déni ou un débat stérile, car sa fonction première est argumentative et non objectivement résolutive.
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Aborder les questions écologiques d'un point de vue existentiel et systémique, plutôt que de se limiter à des actions comportementales qui ne remettent pas en cause les fondements de notre mode de vie et de notre organisation sociale.
Ce briefing met en lumière une perspective critique sur l'action écologique, enracinée dans une analyse de l'histoire du vivant et de la psychologie cognitive humaine, suggérant que les solutions résident moins dans des changements de comportement marginaux que dans une remise en cause profonde de notre rapport à l'existence et à la production de richesse.
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Réunion Virtuelle FLE : Les clés de la pédagogie positive
Date : 24 avril 2025 Animateur : Margoline Pierré (Formatrice au Cavilam Alliance Française)
Introduction et modération : Sébrine Bre (Responsable Formation aux éditions Maison des langues)
Résumé exécutif :
Cette rencontre virtuelle FLE est le lancement d'un parcours pédagogique sur la pédagogie positive organisé par les éditions Maison des langues en collaboration avec le Cavilam.
Margoline Pierré présente les principes fondamentaux de la pédagogie positive, ses figures inspirantes et ses applications concrètes dans la classe de FLE.
L'objectif est de découvrir cette approche pour faire évoluer les pratiques enseignantes et favoriser un environnement d'apprentissage respectueux, encourageant et porteur pour les élèves.
Points clés et thèmes principaux :
La pédagogie positive n'est pas une théorie unique mais un courant basé sur des principes communs issus de la psychologie, des sciences de l'éducation, des neurosciences et de la communication non violente.
L'idée centrale est de "mettre l'élève au centre de l'apprentissage dans un cadre respectueux encourageant et porteur."
Figures inspirantes :
Plusieurs figures ont influencé la réflexion sur la pédagogie positive, parmi lesquelles :
- Martin Sellingman : Fondateur de la psychologie positive, axée sur les forces et les émotions positives pour l'épanouissement.
- Jane Nelson : Psychologue et éducatrice, à l'origine de la discipline positive qui combine fermeté et bienveillance.
- Philippe Meirieu : Chercheur en sciences de l'éducation, insiste sur l'importance de la relation éducative.
- Catherine Gueguen : Pédiatre formée aux neurosciences affectives et sociales, souligne l'impact du climat relationnel sur l'apprentissage.
- Marshall Rosenberg : Créateur de la communication non violente (CNV) pour favoriser l'écoute et l'empathie.
- Céline Alvarez : Pédagogue, s'appuie sur la liberté, la manipulation concrète, le respect du rythme et les neurosciences.
- Howard Gardner : Psychologue, connu pour la théorie des intelligences multiples, valorisant la diversité des talents.
Les sept principes fondamentaux de la pédagogie positive :
Répondre aux besoins de reconnaissance et d'appartenance : Ces besoins fondamentaux (se sentir vu, entendu, intégré, accepté) créent un cadre sécurisant propice à l'apprentissage.
Des actions simples comme nommer les élèves, des mots d'encouragement, des activités brise-glace et des travaux de groupe peuvent y contribuer.
Comme le disait Marshall Rosenberg : "Connect before correct." Avant d'enseigner, il faut savoir accueillir.
Exemple d'activité : Cercle de présentation avec un moyen mnémotechnique lié au prénom (ex: "Je m'appelle Marjoline et j'aime manger des mangues"). Afficher un nuage de prénoms dans la classe peut renforcer le sentiment d'appartenance.
Nourrir l'estime de soi et la confiance en soi : La confiance en soi (liée à l'action, la capacité de faire) et l'estime de soi (liée à l'image de soi, la valeur reconnue) sont cruciales et se construisent notamment dans le regard de l'enseignant.
L'effet Pygmalion (ou prophétie autoréalisatrice) démontre l'influence des attentes positives sur les performances. Il faut éviter les étiquettes négatives et privilégier les phrases qui encouragent et renforcent la croyance en leurs capacités.
Exemples de phrases à privilégier : "Je sais que tu peux le faire", "Tu es capable d'y arriver même si c'est difficile". Exemples de phrases à éviter : "Tu es lent(e)", "Tu n'as pas la bosse des maths", "Tu es bavarde".
Valoriser l'effort plutôt que le résultat est important.
Exemple d'activité : Utiliser les 24 forces de caractère de Martin Sellingman sous forme de cartes à s'offrir mutuellement en explicitant la force reconnue chez l'autre ("ça nourrit à fond l'estime de soi et la confiance").
Prendre en compte les émotions : Les élèves sont des personnes entières avec des émotions qui influencent directement les processus cognitifs (attention, mémorisation, motivation). Un élève stressé ou inquiet ne sera pas disponible pour apprendre. Il est important d'accueillir, d'expliciter et d'utiliser les émotions en classe.
L'apprentissage à mieux se connaître émotionnellement (compétences sociales et émotionnelles) et à mieux connaître les autres (empathie) est essentiel. "Tous les travaux autour des neuroscience nous montre bien que les émotions sont indissociables du des processus cognitifs."
Exemple d'activité : Utiliser des cartes d'émotion pour un temps d'échange en début de cours ou en fin de cycle ("Comment te sens-tu aujourd'hui et pourquoi ?"). Cela permet de prendre la température émotionnelle de la classe et de travailler la communication orale.
Tenir compte des différents profils d'apprentissage : Les élèves apprennent de différentes manières. Plusieurs grilles de lecture existent pour comprendre cette diversité, comme le modèle VAK (Visuel, Auditif, Kinesthésique), la théorie des intelligences multiples d'Howard Gardner, les sept personnalités d'apprentissage, ou la boussole des quatre couleurs (inspirée du modèle DISC). Comprendre ces profils permet d'adapter sa posture, de diversifier les approches, les activités et les supports, et de valoriser la diversité. Adapter sa pédagogie n'est pas "en faire plus" mais "en faire autrement."
Valoriser l'erreur et favoriser les feedbacks positifs : L'erreur est trop souvent perçue négativement. Il faut convaincre les élèves qu'elle est inévitable, naturelle et indispensable à l'apprentissage.
L'erreur est un signal, un point d'appui pour la compréhension et l'avancement. "On apprend de ses erreurs" est une réalité neurocognitive. Il faut créer un climat de sécurité où les élèves n'ont pas peur de se tromper et instaurer une "culture de l'essai".
Le feedback doit être bienveillant, utile et constructif, avec des compliments descriptifs et spécifiques.
Le "feedback sandwich" (point fort, point à améliorer, encouragement) est une technique utile.
Il est important d'impliquer l'élève dans le processus en lui demandant ce qu'il pense de son travail.
Citations inspirantes : "Le meilleur maître, c'est l'échec" (Maître Yoda), "Il y a de l'or dans l'erreur" (Matthieu Cheddid). "Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j'apprends." (Nelson Mandela).
Exemple d'activité : Le "bingo des erreurs" où les élèves recherchent et analysent collectivement des erreurs anonymes dans un corpus. Cela permet de dédramatiser et de jouer avec l'erreur.
Préserver la motivation et l'implication : La motivation des élèves repose sur les "4 C" :
- Choix : Sentiment d'avoir un peu de liberté et de contrôle dans la classe (ex: choisir des exercices, l'ordre des activités).
- Connexion : Sentiment d'être connecté au groupe, à l'enseignant et au contenu.
- Compétences : Sentiment d'être capable de progresser et de réussir à son niveau. L'enseignant doit bien choisir le niveau de difficulté des activités.
- Compréhension : Besoin de comprendre pourquoi ils apprennent, le but des activités, ce à quoi cela va les mener.
Il est crucial de changer la perception de l'intelligence. Selon les travaux de Carole Dweck sur les mindsets, un état d'esprit fixe considère l'intelligence comme innée et figée, ce qui freine la prise de risque et la progression.
Un état d'esprit de développement considère que les compétences peuvent évoluer avec l'effort et les stratégies ("Je ne peux pas encore").
"On peut progresser toute ton de vie."
L'enseignant doit aussi se motiver lui-même pour être entraînant et "réenchanter" le quotidien de la classe (varier les supports, dynamiser les activités, apporter de la couleur, utiliser le jeu, stimuler la créativité, attiser la curiosité).
Développer l'autonomie : Rendre les apprenants responsables et acteurs de leur apprentissage, en privilégiant une pédagogie active où ils participent, expérimentent, cherchent et construisent leurs connaissances.
Encourager la métacognition (réfléchir à sa propre manière d'apprendre) est essentiel pour leur donner des outils. Apprendre à réapprendre (grâce aux neurosciences cognitives) est une compétence clé.
L'apprentissage informel (regarder des séries, suivre des comptes sur les réseaux sociaux, créer un groupe WhatsApp de classe) est une autre voie vers l'autonomie. S'inspirer de la "classe autonome" en proposant des ateliers autocorrectifs est également une piste.
"L'autonomie, c'est pas de laisser l'apprenant seul, c'est l'accompagner et créer des conditions pour qu'il apprenne à apprendre par lui-même."
Citation : "Apprendre, c'est devenir capable de se passer de l'enseignant." (Jean-Pierre Astolfi)
Parcours pédagogique et ateliers complémentaires :
Le parcours pédagogique comprend deux rencontres virtuelles FLE gratuites et quatre ateliers virtuels payants (27,90 € par atelier) plus interactifs et pratiques (2h, max 50 personnes, tâches avant et après). Un certificat de 3 heures de formation est délivré par les éditions Maison des langues.
Rencontre virtuelle FLE n°1 (Lancement) : 24 avril - "Les clés de la pédagogie positive" (Margoline Pierré) Rencontre virtuelle FLE n°2 : 30 avril - Application des concepts dans l'offre éditoriale des éditions Maison des langues (Sébastien Devraz)
Atelier virtuel n°1 : 21 mai - "Prise en compte et gestion des dimensions [émotionnelles] dans la classe de FLE" (Margoline Pierré)
Atelier virtuel n°2 : 18 juin - "Profils et personnalités d'apprentissage de nos apprenants" (Margoline Pierré)
Atelier virtuel n°3 (Automne) : Apport des neurosciences sur l'apprentissage (Laurence Rogie)
Atelier virtuel n°4 (Automne) : Pédagogie de l'erreur et gestion des rétroactions (Magalie Delcombel)
Les inscriptions aux rencontres virtuelles sont gratuites via Evenbrite. L'inscription au premier atelier (21 mai) ouvre dès le 2 mai.
Remarques et questions du public :
- Difficulté pour les ados à parler de leurs émotions : L'animatrice suggère une approche progressive, en commençant par des émotions positives ou en racontant des anecdotes passées.
- Demande de référence sur les sept personnalités d'apprentissage (qui sera incluse dans la sitographie).
- Appréciation de la participation et du dynamisme malgré le format virtuel.
- Souligne l'importance de la formation continue pour les enseignants.
Conclusion de la rencontre :
Cette première rencontre a posé les bases de la pédagogie positive et ses sept principes.
Elle invite les participants à explorer davantage ces concepts et à les appliquer dans leurs pratiques, en soulignant que "déjà avec cette base là vous pouvez faire de grandes choses".
Le parcours proposé par les éditions Maison des langues et le Cavilam offre des approfondissements précieux pour ceux qui souhaitent aller plus loin.
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summary - This is one of the videos in a series of youtube videos on the Tempcast DIY masonry heater build - to - first masonry heater build video - https://hyp.is/c81uVCaOEfCf09ulXDjNLg/www.youtube.com/watch?v=-IKzWqoSDps
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Briefing : Renouer avec l'Autorité à l'École avec Jean-Pierre Bellon
Source : Extraits de "Instant Canopé : renouer avec l'autorité à l'école avec Jean Pierre Bellon"
Date : Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire (veille) 2024
Intervenants :
- Sophie Courau : Directrice d'ESF sciences humaines, éditrice des ouvrages de Jean-Pierre Bellon.
- Jean-Pierre Bellon : Professeur de philosophie, pionnier de la lutte contre le harcèlement scolaire en France, auteur de "Renouer avec l'autorité à l'école".
- Public : Professionnels de l'éducation (enseignants, chefs d'établissement, CPE, directeurs d'école).
Synthèse :
Cette discussion avec Jean-Pierre Bellon met en lumière les liens étroits entre la crise de l'autorité à l'école, le harcèlement scolaire et le chahut en classe.
Bellon, fort de son expérience d'enseignant et de son travail sur le harcèlement, propose dix mesures concrètes pour restaurer un climat scolaire apaisé, insistant sur la nécessité d'une autorité bienveillante alliant courtoisie et fermeté.
Il critique le manque de formation des enseignants sur la gestion des incivilités et des classes difficiles, le flou entourant la définition et la hiérarchisation des infractions scolaires, et l'inefficacité perçue des sanctions actuelles, notamment dans le premier degré.
Des propositions sont faites pour repenser les punitions, les sanctions (notamment l'exclusion temporaire), l'utilisation des téléphones portables, l'architecture des établissements et les relations entre l'école et les familles, en plaidant pour des protocoles clairs, une approche collective et une verticalité institutionnelle renforcée.
Thèmes principaux et Idées clés :
Lien entre Manque d'Autorité, Harcèlement et Chahut : Bellon établit un lien direct entre la défaillance de l'autorité et les phénomènes de harcèlement et de chahut.
Les élèves victimes de harcèlement témoignent que la situation est "le pire" dans les classes des professeurs en difficulté.
Le chahut, tout comme le harcèlement, est un phénomène de groupe, rendant les sanctions individuelles inefficaces et potentiellement contre-productives en provoquant la coalition du groupe.
Le manque d'autorité se manifeste par le chahut, dont la réalité dans les classes françaises est confirmée par des enquêtes internationales comme PISA. PISA 2022 révèle qu'un lycéen sur deux considère qu'il y a trop de bruit en classe pour entendre le professeur, une situation qualifiée d'"injustice scolaire gigantesque".
Citation : "Le lien est direct moi le lien que j'ai vu d'abord entre le le harcèlement et et les classes dites dit difficile il était le suivant tous les élèves victime de brimade tous les élèves victimes de harcèlement faisaient tous le même constat c'est que c'était dans la classe du professeur en difficulté lui-même que la situation était le pire."
Citation : "le harcèlement comme le Chahu sont deux symptômes d'une défaillance de l'autorité tout de même." Citation : "PISA 2022 nous apprend qu'un lycéen sur de considère qu'il y a trop de bruit dans sa classe au point qu'il n'entend pas ce que dit le professeur imaginez l'injustice que cela représente."
La Crise de l'Autorité à l'École, Symptôme d'une Crise Sociétale :
Bellon reconnaît que l'école n'échappe pas à une crise de l'autorité plus vaste qui touche la société.
Cependant, il estime que l'école est un lieu où il est possible "d'essayer de faire quelque chose" pour rétablir l'autorité, en raison du contact quotidien et prolongé (de 8h à 17h) avec les jeunes en formation.
Propositions pour Rétablir l'Autorité :
Allier Courtoisie et Fermeté : S'inspirant d'Hannah Arendt, l'autorité se situe entre la force/contrainte et la persuasion/négociation. Il s'agit de donner des injonctions claires et fermes, tout en maintenant la courtoisie.
L'objectif est de ne laisser à l'élève récalcitrant que le choix du refus d'obtempérer, qui peut alors être traité formellement.
Citation : "cette alliance entre courtoisie et fermeté ne laisse à l'élève contrevenant si jeose dire qu'une seule porte de sortie c'est le refus d'obtempéré."
Citation : "je pense qu'il convient absolument de rétablir au sein de des établissements scolaires des règles de courtoisie de civilité."
Nécessité de la Formation des Enseignants : Il existe un "scandale" concernant le manque de formation des enseignants à la gestion des comportements difficiles (élèves arrogants, insultants, menaçants). Contrairement à d'autres métiers en contact avec le public, les enseignants ne disposent pas de protocoles de réaction.
Citation : "le défaut de formation des enseignants il est quand même criant c'est un purure scandale."
Citation : "on nous a pas formé à un protocole sur comment je réagis lorsque j'ai face à moi un élève arrogant un élève insultant un élève menaçant et cetera."
Définir et Hiérarchiser les Infractions Scolaires : Il n'existe pas de liste claire et hiérarchisée des incidents scolaires non délictuels. Bellon a tenté de le faire (56 incidents listés) pour permettre aux enseignants de savoir à quoi s'attendre et de faire la distinction entre les incidents mineurs et graves. Le manque de hiérarchie conduit à des sanctions disproportionnées (ex: lettre d'excuse pour une insulte grave).
Citation : "on s'était jamais penché sur qu'est-ce que c'est qu'un incident scolaire j'ai essayé de le faire j'ai essayer rédiger la liste des incidents scolaires c'estàdire tout ce qui ne devrait pas se faire se produire dans une classe dans un établissement dans une école et cetera je suis arrivé à 56 inincid."
Citation : "Avouez quand même que oublier son livre et insulter un professeur c'est pas tout à fait de même nature." Tolérance Zéro et Signalement Systématique : Toutes les infractions, même mineures, doivent être systématiquement signalées. Cela permettrait d'informer l'opinion, les parents et les élèves, et de s'accorder sur une "échelle" de gravité et de sanctions appropriées ("un barème").
Citation : "non pas forcément mais elles doivent être systématiquement signalé il faut en laisser passer aucune faut une tolérance zéro à cet égard il faut un signalement systématique de toutes les infractions."
Réformer le Système de Sanctions (Punitions vs Sanctions) :
La distinction actuelle entre punitions (données par tout personnel) et sanctions (données par le chef d'établissement) est jugée désordonnée et inefficace.
Les enseignants sont mis en difficulté en devant gérer seuls les punitions.
Bellon suggère de supprimer le pouvoir discrétionnaire de punition des enseignants.
Citation : "ce désordre de la distinction entre les punitions et les sanctions c'est quelque chose qui a fait son temps qui n'a plus de sens."
Citation : "je suggère qu'on leur retire ce pouvoir discrétionnaire dont ils ne savent pas quoi faire d'ailleurs et qu' est met à risque parce que l'occasion de la sanction en classe c'est un risque authentique pour les professeurs."
Confier la Proposition de Sanctions à une Commission : Il est proposé de créer une commission (composée de différents professionnels de l'établissement) qui examinerait tous les incidents signalés et ferait une proposition de sanction au chef d'établissement. Cela permettrait une plus grande cohérence et déchargerait l'enseignant.
Adapter la Sanction dans le Primaire : La situation dans le premier degré est décrite comme un "désordre absolu" en matière de sanctions, avec un manque criant de "vie scolaire" et de lieux dédiés pour gérer les élèves perturbateurs. La solitude des professeurs des écoles est soulignée.
Repenser l'Exclusion Temporaire (Exclusion Internée) : L'exclusion sèche est paradoxale et inefficace, surtout pour les élèves en difficulté.
L'exclusion devrait être "internée", c'est-à-dire que l'élève reste dans l'établissement mais avec des contraintes (horaires décalés, lieu spécifique, travail différent).
Il s'agit d'une pratique héritée des Bénédictins (règle de Saint-Benoît). La sanction doit être "frustrante" (enlever quelque chose) et "signifiante" (verbalisée).
Citation : "renvoyer un garçon ou une fille chez lui ça peut pas marcher ben c'est bien précisément le contraire qu'il faut faire."
Citation : "l'idée de que l'exclusion soit internée c'est-à-dire que l'élève a l'obligation devenenir en cours mais il pourra peut-être pas faire exactement les mêmes choses."
Citation : "pour une sanction pour qu'elle soit éducative faut qu'elle soit dite faut qu'elle soit mise en mot faut qu'elle soit verbalisée... il faut qu'aussi la sanction elle soit frustrante."
Gérer l'Utilisation du Téléphone Portable : Il n'y a pas de "ligne claire" en France sur ce sujet. Bellon préconise une règle simple et ferme : téléphone éteint dans le sac au fond de la pièce, comme lors d'un examen.
Toute utilisation entraîne un signalement et une sanction. Le téléphone en classe représente un risque pour les enseignants. L'exemple d'un incident où une enseignante est insultée après avoir demandé à un élève de ranger son téléphone illustre cette difficulté.
Citation : "sur la question du téléphone portable il faut quand même avoir une ligne claire en France on n'a pas de ligne clair."
Citation : "franchement les téléphones portables ils n'ont rien à faire à l'école."
Aménager l'Espace et le Temps Scolaire (Architecture des Établissements) : L'architecture actuelle des établissements peut être propice aux problèmes d'autorité (ex: salle des profs inadaptée, cours de récréation regroupant tous les élèves).
Bellon suggère de repenser les espaces pour les adapter aux besoins (bureaux pour les enseignants, plusieurs cours de récréation, lieux dédiés pour les sanctions). Ce point est considéré comme un projet à plus long terme ("le lycée Hannah Arendt").
Citation : "tous les architectes scolaires d'ailleurs j'observent que les architectes scolaires c'est pas toujours ils interrogent pas toujours les professeurs pour c'est quand même énorme ça quand on construit une maison en général on s'intéresse à aux habitants là non pas trop."
Améliorer les Relations École-Familles : Les relations entre l'école et les parents sont souvent tendues, avec des directeurs d'école et enseignants confrontés à des incivilités et des contestations (44% des directeurs d'école insultés selon une étude). Bellon recommande l'établissement de protocoles pour accueillir les familles et gérer les situations difficiles.
Il souligne que les professionnels du primaire sont plus exposés en l'absence de sas d'accueil.
Citation : "vous pointez les mauvaises relations qu'entretiennent trop souvent les parents avec l'institution scolaire et vous citez notamment une étude de George futinos selon laquelle 44 % des directeurs d'école ont déclaré avoir été insultés par des parents d'élèves."
Citation : "il faut vraiment là encore avoir un protocole pour réagir face aux incivilités."
Principes de la Sanction Éducative :
S'inspirant d'Éric Prerat, Bellon insiste sur trois aspects d'une sanction éducative :
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Signifiante : Elle doit être dite, verbalisée, prononcée avec gravité et solennité, en distinguant l'infraction de la personne.
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Frustrante : Elle doit enlever quelque chose à l'élève (un droit, un avantage, la participation à une activité).
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Réparatrice : Elle doit inclure une dimension de réparation, en lien avec le préjudice causé à la vie collective ou aux personnes (excuses, réparation matérielle).
Citation : "Eric prerat dit que pour une sanction pour qu'elle soit éducative faut qu'elle soit dite faut qu'elle soit mise en mot faut qu'elle soit verbalisée."
Citation : "il faut qu'aussi la sanction elle soit frustrante faut qu'on m'enlève quelque chose."
Citation : "il faut que la sanction elle est une dimension réparatrice."
Nécessité d'une Approche Collective et Institutionnelle :
Les directeurs d'école, en particulier, manquent de pouvoir hiérarchique et de protection institutionnelle face aux contestations des parents.
L'idée de rattacher les écoles aux collèges (proposée par un ancien ministre) aurait pu offrir une direction institutionnelle et une vie scolaire dans le primaire.
La contestation des parents est également vue comme un symptôme d'une forte inquiétude quant à l'avenir de leurs enfants, qui se manifeste par une contestation systématique de la moindre sanction.
Il est crucial qu'il y ait une "verticalité" et une "protection systématique" de la part de l'institution (rectorat, dasen, chefs d'établissement) pour soutenir les enseignants face aux contestations et aux pressions. Les failles institutionnelles peuvent être exploitées par des "adversaires de l'école".
Citation : "il faudrait renforcer le pouvoir hiérarchique des directeurs du Prim."
Citation : "il faut une verticalité il faut qu'il y ait des choses qui ne se négocient pas."
Certaines règles devraient être non négociables : contenu des enseignements, règles de civilité/courtoisie, respect absolu des personnes, tenue correcte.
Les enseignants sont des modèles pour les élèves et doivent également faire preuve d'élégance et de distinction. Le travail de rétablissement de l'autorité et de gestion des difficultés doit être "construit collectivement" au sein des établissements, en s'inspirant des erreurs et des bonnes pratiques.
Le dispositif SCORE (inspiré de la préoccupation partagée) pour les classes difficiles est présenté comme un exemple d'approche collective et axée sur la recherche de solutions par les élèves eux-mêmes.
Points d'action suggérés par Jean-Pierre Bellon :
Développer des formations spécifiques pour les enseignants sur la gestion des comportements difficiles et l'application de protocoles.
Établir une liste claire et hiérarchisée des infractions scolaires.
Mettre en place un système de signalement systématique de toutes les infractions.
Supprimer le pouvoir discrétionnaire de punition des enseignants et le confier, ainsi que la proposition de sanction, à une commission dédiée.
Repenser et adapter les sanctions dans le premier degré, notamment en explorant l'idée d'espaces et d'organisation permettant des sanctions frustrantes (ex: récréation décalée).
Généraliser l'exclusion temporaire "internée". Instaurer une règle claire et ferme concernant l'utilisation des téléphones portables en classe.
Engager une réflexion à long terme sur l'architecture des établissements pour mieux gérer l'espace et le temps scolaire.
Développer des protocoles d'accueil et de gestion des relations avec les familles, notamment dans le primaire, et renforcer le soutien institutionnel aux professionnels de terrain.
Construire collectivement au sein des établissements des chartes ou des règles non négociables concernant le comportement, le respect et la tenue. Utiliser des dispositifs collectifs comme SCORE pour gérer les classes difficiles.
Conclusion :
Jean-Pierre Bellon propose une approche globale pour faire face à la crise de l'autorité à l'école, en identifiant les liens entre ce phénomène, le harcèlement et le chahut.
Ses propositions visent à professionnaliser la gestion des incivilités et des conflits, à clarifier les règles et les conséquences des manquements, à repenser les sanctions pour les rendre plus éducatives, et à renforcer la protection et le soutien institutionnel des professionnels de l'éducation.
L'accent est mis sur la nécessité d'une action collective au sein des établissements et d'une réaffirmation de la verticalité institutionnelle pour faire face aux contestations et garantir un climat scolaire apaisé.
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Note de Synthèse : : Extraits du reportage "Lycée du Blanc-Mesnil : du pire au meilleur de France"
Date : Non spécifiée dans l'extrait, mais couvre une période de 10 ans.
Résumé Exécutif :
Ce reportage explore la transformation remarquable du Lycée Mozart au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), passant en l'espace de 10 ans du dernier lycée de France au premier lycée public selon un classement récent.
Le succès est attribué à une combinaison de discipline stricte, d'un engagement fort du personnel enseignant, et d'une volonté d'inclure et de faire progresser tous les élèves, indépendamment de leur origine sociale.
L'établissement met l'accent sur la préparation intensive au baccalauréat et l'accompagnement personnalisé, ouvrant des perspectives d'études supérieures pour des élèves qui n'auraient peut-être pas eu cette chance ailleurs.
Thèmes Principaux :
La Rigueur comme Fondement du Succès : Le lycée Mozart a instauré des règles strictes, notamment en matière de ponctualité et d'assiduité. Cette discipline est perçue comme essentielle pour créer un environnement d'apprentissage propice.
L'Engagement Inconditionnel du Personnel : Les enseignants et le personnel de vie scolaire font preuve d'un dévouement exceptionnel, allant au-delà de leurs obligations pour soutenir les élèves.
L'Inclusion et l'Égalité des Chances : Le lycée refuse d'exclure les élèves en difficulté et s'efforce de donner à chacun les moyens de réussir, reconnaissant les inégalités sociales et financières auxquelles beaucoup sont confrontés.
La Préparation Intensive au Baccalauréat : Une grande partie de la stratégie du lycée tourne autour de la préparation rigoureuse aux examens, incluant des devoirs sur table hebdomadaires et des stages de révision pendant les vacances.
L'Ouverture vers les Études Supérieures : Le lycée travaille activement à préparer les élèves aux études post-bac, notamment par le biais de partenariats comme celui avec Sciences Po.
Idées et Faits Importants :
Transformation Spectaculaire des Résultats : Il y a 10 ans, le taux de réussite au baccalauréat était de 49,7 %. Aujourd'hui, il est de 88 %, au-dessus de la moyenne nationale. Le lycée a été classé premier lycée public de France récemment.
Lutte Contre l'Absentéisme : Grâce à une discipline ferme, le taux d'absentéisme a été divisé par deux en 10 ans. Jamel, le responsable de la vie scolaire, joue un rôle central dans cette démarche : "pour qu'ils arrivent toujours plus tôt si on les accepte à chaque fois qu' en retard les professeurs ne pourront à pourront pas faire leur cours correctement c'est sévère et on a des bons résultats par rapport à la séduité par rapport à la présence en classe par rapport à l'arrivée le matin grâce un petit peu à ce système là"
Soutien aux Familles Dépassées : La rigueur n'est pas une fin en soi, mais un moyen de soutenir les familles qui peuvent être en difficulté. Jamel se voit d'abord comme un allié pour les parents.
Valorisation de Tous les Élèves : L'ambition est de "faire progresser tout le monde et donner sa chance à chaque élève même le moins favorisé". Personne n'est exclu pour mauvais résultats.
Exemples d'Élèves :
Collins : Ayant échoué au bac l'année précédente et ayant un passé de comportement difficile ("je répondais au prof après dès qu'il osse le ton j'ossis le ton sinon maintenant voilà je suis calme prof il parle j'écoute je me tais"), il a été réintégré et s'accroche pour devenir prof de sport. Son père, chauffeur de bus sans diplôme, met l'accent sur l'importance des études : "Les études c'est la clé c'est la clé du succès faut pas lâcher nous ici on lâche trop".
Fati : Élève en Terminale S, il bénéficie des stages de révision gratuits car il ne peut pas compter sur l'aide de ses parents, qui parlent turc à la maison et n'ont pas eu la possibilité d'étudier. Il exprime que le français a été appris tardivement, ce qui peut le pénaliser. Sa mère insiste sur l'importance du diplôme : "le diplôme c'est vraiment important c'est un passeport pour les entreprises la seule façon d'ouvrir les portes de l'avenir et d'avoir un vrai métier". Fati rêve d'intégrer une école d'ingénieur. Maxens : Issu d'une famille de la classe moyenne, il vise Sciences Po et bénéficie d'un coaching hebdomadaire spécifique pour préparer l'oral, rendu possible par le partenariat avec l'établissement.
Engagement des Enseignants : Des professeurs comme Jean-Luc Thazi, professeur de physique-chimie depuis 23 ans, sacrifient une partie de leurs vacances pour proposer des stages de révision gratuits. Il estime que ses élèves ont besoin d'un "coup de pouce supplémentaire" car ils n'ont pas forcément les mêmes ressources que d'autres, financièrement ou personnellement à la maison.
Devoirs sur Table Hebdomadaires : Le samedi matin est désormais réservé aux devoirs sur table obligatoires, pour habituer les élèves à la pression des examens. Le professeur d'économie Ahmed Khelif souligne l'importance d'aborder des thèmes qui parlent aux élèves, comme la mobilité sociale et le rôle de l'école dans la réduction des inégalités, reflétant la diversité sociale du lycée : "la question de l'ascenseur sociale est-ce que un fils d'ouvrier a les mêmes chances de devenir cadre qu'un enfant cadre par exemple et ça c'est des thématiques qui leur parl beaucoup l'origine sociale des est plutôt éterog a une certaine mixité sociale"
Partenariat avec Sciences Po : L'accord avec Sciences Po, qui dispense les élèves de l'épreuve écrite d'admissibilité, a permis de retenir les meilleurs élèves et de créer une "dynamique collective" tirant l'ensemble du lycée vers le haut :
"L'idée c'est pas que 4 5 si élèves réussissent c'est pas ça l'intérêt l'intérêt c'est bien sûr on est très content qu' in po on est très content mais l'idée c'est qu'il une dynamique collective que ce soit l'ensemble du lycée qui soit qui soit qui soit je dirais tiré vers le vers le haut et je crois qu'on a plutôt plutôt bien réussi puisque le lycée c'est s redressé depuis 10 ans voilà on était classé par L'Express il y a 10 ans dernier lycée de France 1593e sur 1593 et là on est on a été classé récemment premier"
Conclusion :
Le reportage présente le Lycée Mozart comme un modèle de réussite éducative dans un environnement potentiellement difficile.
En combinant une discipline ferme, un soutien personnalisé intense et un engagement profond de la communauté éducative, l'établissement a non seulement amélioré ses résultats de manière spectaculaire, mais a surtout réussi à redonner espoir et ouvrir des portes aux élèves, prouvant que l'origine sociale n'est pas une fatalité pour la réussite scolaire.
L'accent mis sur la préparation au bac et l'orientation vers les études supérieures semble être une stratégie payante.
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synthèse détaillée des points clés et des idées principales tirées des extraits de "Élise Huillery (Université PSL) - Réussite à l’École - CESE" :
Thèmes Principaux :
L'équité comme moteur de performance éducative et économique. L'importance cruciale des compétences non-cognitives (comportementales et sociales) pour la réussite. La nécessité de réformer le système éducatif français pour développer ces compétences et réduire les inégalités.
Points Clés et Faits Importants :
Lien entre Équité et Performance : Les enquêtes internationales comme PISA (couvrant environ 80 pays) démontrent que les systèmes éducatifs les plus équitables (ceux avec les moins d'inégalités socio-économiques entre élèves) sont également les plus performants.
Citation : "...il existe des travaux qui montrent que les systèmes éducatifs les plus équitables donc ceux qui ont le moins de d'inégalités entre entre les élèves selon leur régime social sont également les plus performants sur l'ensemble des pays qui passent les tests pizza c'est à dire 80 pays à peu près donc on voit que l'équité dans l'éducation va plutôt de concert avec la performance et l'excellence dans l'éducation..."
Impact Économique de l'Éducation : L'équité et la performance éducatives ont des effets positifs avérés sur l'économie. Les "rendements de l'éducation" (gains privés et publics liés à une meilleure éducation) sont largement documentés dans la littérature économique, influençant positivement les salaires, la croissance et l'innovation.
Citation : "...ce qui est ensuite entraîne des effets évidemment positifs sur l'économie puisque les rendements de l'éducation c'est à dire les gains privés et public liés à plus d'éducation sont largement démontrés dans la littérature économique à la fois sur les salaires mais aussi sur la croissance l'innovation donc la performance économique."
Définition des Compétences Comportementales : Elles se rapportent à la qualité du rapport à soi. Cela inclut : La confiance en soi.
Un état d'esprit de développement (optimisme quant à la progression et la réussite).
L'autodiscipline et le contrôle de soi (capacité à différer la gratification pour des bénéfices futurs).
Citation : "alors les compétences comportementales ça réfère à tout ce qui est rapport à soi c'est-à-dire la qualité du rapport à soi à la fois la confiance en soi évidemment un état d'esprit de développement c'est à dire une forme d'optimisme par rapport à ses chances de progression ces chances de réussite également tout ce qui va être de l'ordre de la l'autodiscipline et le contrôle de soi donc la capacité à réfréner des désirs immédiats pour faire des efforts qui amèneront des bénéfices futurs plus importants..."
Définition des Compétences Sociales :
Elles se rapportent à la qualité du rapport aux autres. Cela inclut : * La coopération. * La confiance. * La tolérance et le respect des différences. * Le sentiment d'appartenance (faire partie d'une équipe, se sentir soutenu et soutenir les autres).
Citation : "...les compétences sociales vont référer au rapport aux autres à la qualité du rapport aux autres donc à la coopération à la confiance à la capacité de tolérance de respect des différences et puis aussi au sentiment d'appartenance c'est-à-dire au sentiment de faire partie d'une équipe de se sentir soutenu par les autres et de soutenir les autres..."
Impact des Compétences Non-Cognitives sur la Réussite : Des études importantes menées depuis environ une décennie démontrent l'impact causal significatif des compétences sociales et comportementales sur la réussite scolaire et l'insertion professionnelle.
Citation : "oui elle contribue très nettement à la réussite scolaire il y a des études très importantes maintenant depuis une décennie à peu près sur le rôle le l'impact causal des compétences sociales et des compétences comportementales sur la réussite scolaire également sur l'insertion professionnelle a réussi scolaire donner..."
Importance Égale à l'Intelligence (QI) : L'importance de ces compétences est au moins égale à celle de l'intelligence mesurée par le quotient intellectuel (QI). Elles ont été longtemps négligées et doivent être remises au cœur du système éducatif.
Citation : "...on sait que ce sont des compétences qui agissent au moins autant que l'intelligence donc mesurée par exemple le quotient intellectuel l'importance de ces compétences est au moins égale à l'intelligence et c'est quelque chose qui a été longtemps négligé et qu'il faut justement remettre au coeur du système éducatif puisque les travaux ont démontré leur importance."
Déficit en France : Les élèves français présentent un "très fort déficit" en compétences sociales et comportementales.
Citation : "...les élèves français se démarquent par un très fort déficit en compétences sociales et comportementale donc il faut modifier les pratiques pédagogiques également les pratiques parentales pour aider à développer ses compétences qui aujourd'hui manque cruellement aux élèves français."
Recommandations de Réforme : Pour développer ces compétences et réduire les inégalités, trois recommandations principales sont formulées :
Formation des Enseignants : Intégrer de manière significative le développement des compétences sociales et comportementales dans la formation initiale et continue des enseignants.
Citation : "La première c'est lié à ce que je viens d'écrire c'est une formation des enseignants qui incorporent de manière importante ce qui n'a pas tout le cas aujourd'hui le développement des compétences sociales et comportementales donc une formation continue et une formation initiale où on forme les enseignants aux pratiques pédagogiques qui permettent de développer ses compétences sociales et comportementsales parce que ça a un potentiel de réduction des inégalités sociales agricoles très important..."
Réforme de l'Orientation et des Aides Financières : Améliorer l'accompagnement à l'orientation pour lutter contre l'autocensure et les biais, et réformer les aides financières pour les étudiants d'origine modeste afin de favoriser l'accès à l'enseignement supérieur.
Citation : "...la deuxième recommandation de mon point de vue d'après les travaux de recherche c'est de changer de réformer l'accompagnement à l'orientation et les aides financières qui sont apportées aux enfants d'origine modeste pour l'enseignement supérieur on cède après les travaux de recherche que l'orientation n'est pas encore suffisamment favorable à l'égalité des chances beaucoup d'autocensure beaucoup de biais dans la perception de ses compétences donc ça c'est quelque chose sur lequel il faut réformer l'accompagnement également les aides qui ont démontré un effet positif sur l'accès à l'enseignement supérieur..."
Promotion de la Mixité Sociale : Encourager la mixité sociale dans les établissements, particulièrement en maternelle et en primaire, car elle a des effets positifs sur les performances scolaires, le bien-être social et la cohésion sociale à l'âge adulte.
Citation : "...la troisième recommandation réfère à la mixité sociale dans les établissements surtout au niveau de l'école maternelle et au niveau de l'école primaire où on sait d'après les travaux de recherche que la mixité sociale a un jeune âge à des effets positifs non seulement sur les performances scolaires mais également sur les le bien-être social et les attitudes de cohésion sociale à l'âge adulte."
En résumé, le document souligne l'importance fondamentale de l'équité et du développement des compétences non-cognitives (sociales et comportementales) pour améliorer à la fois la performance éducative et l'égalité des chances en France, et propose des pistes de réforme concrètes pour y parvenir.
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synthèse détaillée des principales thématiques et idées importantes issues des extraits que vous avez fournis, incluant des citations pertinentes.
Briefing : École et inégalités – Conférence Delahaye & De Cock
Ce briefing synthétise les points clés abordés lors de la conférence de Jean-Paul Delahaye et Laurence De Cock sur les enjeux de l'école face aux inégalités, en particulier celles liées à la pauvreté et aux origines sociales.
1. La jeunesse "invisible" : les enfants des pauvres
Constat : Les intervenants mettent en lumière une population souvent négligée dans les débats sur l'école : les enfants issus de milieux défavorisés. Jean-Paul Delahaye, en particulier, s'identifie comme une "exception consolante", reprenant l'expression de Ferdinand Buisson pour décrire le faible nombre d'enfants de pauvres qui parviennent à intégrer le système scolaire secondaire d'élite.
Citation : "c'est monsieur jean paul ii l'avait donc je le présentais un je suis pas journaliste donc je sais gérer aussi aller sur wikipédia je suis désolé mais effectivement c'est ça... aujourd'hui auteur d'un livre d'exception consolante un grain de pauvres dans la machine j'adore le titre je lis tout ce qui est qui et qui faisait dire beaucoup de choses"
Citation : "effectivement je pense que c'est plutôt intéressant de commencer par parler d'une jeunesse dont on parle finalement assez peu les enfants les enfants des pauvres une jeunesse invisible en parler alors vous l'avez dit oui voilà parce que je viens de sortir un livre qui s'appelle exception consolante acception consolante c'est l'expression utilisée par ferdinand buisson qui était le collaborateur de jules ferry comme vous le savez qui bien conscient que dès la fin 19ème siècle y avait quelque chose qui n'allait pas bien dans le système"
Réalité de la pauvreté à l'école : La pauvreté se manifeste par des difficultés concrètes ayant un impact direct sur la scolarité : Manque d'argent chronique, privations (fournitures, vêtements).
Citation : "il ya d'abord une première chose c'est un manque permanent d'argent et privation d insatisfaction permanente" Conditions de logement précaires (insalubrité, exiguïté) rendant le travail scolaire à la maison difficile voire impossible.
Citation : "autre chose les conditions de logement... on a dans nos écoles collèges et lycées aujourd'hui des élèves qui ont des difficultés considérables liés à leurs conditions de logement insalubre exigu"
Difficultés d'accès aux ressources éducatives hors de l'école (livres, espace de travail). Citation : "les enfants de pauvres aujourd'hui ont beaucoup de difficulté de vivre à la maison ce qu'ils apprennent à l'école pas de livre pas d'endroit pour travailler"
2. Les limites et les efforts de l'institution scolaire
Reconnaissance des efforts locaux : Les intervenants saluent l'engagement du personnel scolaire (enseignants, directions) qui fait preuve d'ingéniosité et de solidarité face aux difficultés des élèves. Citation : "hommage à nos écoles collèges et lycées qui sont au contact de ces difficultés et qui déploient des trésors d'imagination"
Citation : "je pense assez que de ces écoles maternelles ou dans les salles des maîtres il ya des cartons avec des réserves de bonnes et de pulls de pantalon je pense à ce collège aubervilliers où ils ont une petite salle où il ya trois machines à laver on lave le linge des gamins" L'école, refuge et repère : Pour beaucoup de familles en difficulté, l'école devient un lieu de soutien et de sécurité au-delà de sa fonction éducative stricte.
Citation : "c'est devenu en fait des refuges des repères pour un certain nombre de familles ont des difficultés pour se nourrir"
Des fonds sociaux insuffisants et vulnérables : Les aides directes aux familles (fonds sociaux) ont diminué drastiquement par le passé et restent en deçà des besoins, servant souvent de "variable d'ajustement budgétaire".
Citation : "ces fonds sociaux il était le montant était de 70 millions d'euros en 2002 et ils sont tombés à 32 millions d'euros en 2012... on a divisé les fonds sociaux par 2,3 pour faire les fins de mois du ministère de l'éducation nationale c'est à dire que ces fonds sociaux sont une variable d'ajustement budgétaire"
Des bourses scolaires dérisoires et un non-recours important : Le montant des bourses est jugé trop faible pour couvrir les dépenses réelles, et de nombreuses familles n'y ont pas recours.
Citation : "la bourse maximum d'un collégien vous entendez bien l'amour ce maximum donc c'est pour les csp - - - c'est c'était 360 euros et je laisse toujours planer un petit silence 360 euros par an... ça fait même pas le prix d'accès à la restauration scolaire" Citation : "on a beaucoup de familles qui n'accèdent pas aux droits il ya un non recours au droit à la bourse qui est trop important dans ce pays"
Manque de personnel socio-médical: Le système éducatif souffre d'une pénurie de professionnels (infirmières, assistants sociaux, médecins scolaires) indispensables pour accompagner les élèves en difficulté. Citation : "on n'a pas suffisamment d'infirmières infirmiers des assistants sociaux de médecins scolaires médecin scolaire"
Inégalités dans l'accompagnement éducatif : L'accompagnement éducatif est loin d'être réparti équitablement. Des budgets importants sont alloués aux filières d'élite (classes préparatoires), tandis que les élèves de l'éducation prioritaire bénéficient de fonds bien moindres.
Citation : "il ya un accompagnement éducatif qui est dans un budget sans contrainte... c'est l'accompagnement éducatif dans les classes préparatoires aux grandes écoles qu'on appelle les heures de colle... ça ruisselle dans ce pays mais ça réussit pas vraiment à l'endroit sa richesse plutôt à l'envers"
3. La notion d'émancipation et ses différentes interprétations
Un mot "vidé de sa substance" : Laurence De Cock souligne que le terme d'émancipation, historiquement lié à la gauche et à la libération des aliénations, a été récupéré et réinterprété dans un sens "libéral", synonyme de "libre entreprise de soi" et de dépassement individuel par la concurrence.
Citation : "émancipation sociale... c'est un mot qui est à la fois suranné et des substances y alizés... c'est l'un des maux de la gauche qui a été un petit peu laissé de côté qu'on a laissé un petit peu s'effilocher évidemment quand la gauche laisse s'effilocher des concepts importants ils sont immédiatement récupéré"
Citation : "cette émancipation est aujourd'hui un terme que l'on voit sans aucun problème fleurir dans le monde entrepreneurial dans le monde de l'école privée un petit peu partout voilà mais pas dans sa spécificité initial qui est celle du discours d'une gauche d'émancipation"
L'émancipation sociale : Pour Laurence De Cock, l'émancipation sociale dans son sens original implique de se libérer des différentes formes d'aliénation (idéologiques, communautaires, familiales, etc.) non pas par la concurrence, mais en en prenant conscience pour s'en libérer collectivement.
Citation : "ce n'est pas du tout une logique entrepreneuriale c'est pas la libre entreprise de soi il ya effectivement l'idée de se libérer d aliénation sa indéniablement"
L'utopie comme moteur : Penser l'école, c'est penser une utopie, se projeter vers un avenir meilleur, même si les propositions pour y parvenir doivent être réalisables.
Citation : "leur langage c'est celui de l'utopie que distille il dispensait l'école c'est se projeter vers un futur meilleur"
- La "réussite" scolaire : une construction sociale à déconstruire
Hiérarchie des voies : La notion de réussite scolaire est socialement construite et valorise excessivement les études longues et les filières générales, dévalorisant les voies professionnelles.
Citation : "il faut aller au lycée général enfin il faut c'est ça la réussite il faut les en prépa et en fait le lycée professionnel c'était un peu pour ces jeunes on cessé c'est pas si bien que ça"
Citation : "réussir c'est faire des grandes études c'est devenir médecin c'est de venir c'est de passer l'agrégation c'est de devenir avocat etc et personne ne dira qu'il a très très bien réussi il a eu un cap2 chaudronnerie donc c'est bien une construction sociale"
Le collège unique, un échec partiel : L'instauration du collège unique n'a pas suffi à rendre l'école truly inclusive. En supprimant les activités manuelles et pratiques qui existaient auparavant, il n'a pas été pensé pour tous les enfants.
Citation : "on a supprimé les instits on a supprimé les profs violent et on a mis comme modèle unique du collège le professeur de lycée... ce qui fait qu'aujourd'hui on a un collège unique qui n'a pas été pensée pour tous les enfants"
Vers l'égalisation des dignités : Pour lutter contre cette hiérarchie, il est nécessaire de donner une égale dignité aux matières intellectuelles et manuelles.
Citation : "mettre à égale dignité les matières accessible à tous les enfants de telle sorte ce que l'intellectuel le manuel soit mis en équivalence"
Redéfinir la démocratisation scolaire : La démocratisation ne doit pas être synonyme d'"égalité des chances" (qui conduit à considérer l'échec comme une responsabilité individuelle), mais plutôt permettre à chaque élève d'accomplir la trajectoire scolaire de son choix, sans contrainte et avec un accès égal à la culture scolaire et aux méthodes d'apprentissage.
Citation : "quand on intériorise l'idée de l'égalité des chances... c'est quand même de sa faute quoi donc c'est ce qu'il appelle des inégalités juste"
Citation : "c'est donner la possibilité à l'ensemble des élèves d'accomplir la trajectoire scolaire de leur choix et tout est dans le choix parce que il y as choix s'il n'ya pas orientation contraintes"
Citation : "offrir le même axe est d'offrir un accès à la même culture scolaire à l'ensemble des enfants et culture scolaire au sens véritablement de pas simplement des contenus d'enseignement un mais aussi de comment on apprend comment on apprend"
- Les obstacles au changement et les leviers d'action
Inégalités dans l'offre de formation : La disparité de la qualité de l'enseignement entre les établissements, notamment en termes de stabilité du corps professoral (turn-over, recours aux contractuels), crée des "zones de non-mêmes droits".
Citation : "il ya des établissements scolaires où il ya très peu titulaire parmi les enseignants il ya des contractuels et quand ils sont malades en plus ils sont pas remplacés" Citation : "il ya des zones de non mêmes droits il ya des endroits de notre pays qui n'ont pas les mêmes droits tout simplement dans l'oeuvre de formation"
Manque de courage politique et tensions sociales : La volonté de changement se heurte à des résistances, notamment de la part des catégories sociales favorisées dont les enfants bénéficient du système actuel.
Citation : "on a une partie de la population dont les enfants réussissent bien à l'école telle qu'elle est aujourd'hui qui n'a aucun intérêt à ce que ça ce que ça change"
Le rôle de la formation des enseignants : Les enseignants manquent de formation en pédagogie, sociologie et psychologie, ce qui limite leur capacité à comprendre et accompagner les élèves issus de milieux divers.
Citation : "ils connaissent pas un nom de pédagogue ils ne sont pas formés à la sociologie de l'éducation" Citation : "on peut reprocher et réclamé une formation digne de ce nom et donc commencer une formation en pédagogie en sociologie en psychologie d au moins la première année d'un cursus universitaire"
La nécessité des "alliances" et du travail avec les territoires : L'école ne peut résoudre seule les problèmes liés à la pauvreté et aux inégalités. Il est crucial de tisser des "alliances" (plutôt que des "partenariats" formels) entre l'école, les familles, les associations et les acteurs locaux.
Citation : "l'école est tout seul ne peut pas régler tous les problèmes des des élèves et des familles" Citation : "tisser des alliances c'était une expression qui était donnée... il y avait un atelier sur l'éducation populaire et qui a tourné autour de la nécessité de tisser des alliances"
Citation : "nous sommes dans une séquence dans laquelle l'école est très attaquée et donc il faut trouver des lieux de résistance des espaces de résistance j'ai pris conscience que les territoires peuvent pas mal en fait peuvent faire beaucoup"
L'importance de la mixité sociale dans et hors de l'école : La mixité sociale est un facteur clé de réussite, mais elle ne peut être atteinte par l'école seule. Elle dépend aussi des politiques d'urbanisme et de logement social.
Citation : "comment vous voulez faire de la mixité sociale et scolaire avec une offre de formation aussi disparates dans notre pays"
Citation : "on ne fera pas on fera pas des miracles dans l'éducation nationale si la société elle-même ne prend pas ce sujet vraiment à coeur"
Repenser la petite enfance : Les politiques de la petite enfance sont également essentielles pour agir en amont sur les inégalités et leur impact sur le développement de l'enfant.
Citation : "je voulais savoir aussi à ce niveau là si vous avez des éléments à nous partager sur aussi ce que fait la pauvreté la petite enfance est ce qu'on peut faire la petite enfance à la pauvreté"
6. Les zones de non-droit et de non-mêmes droits
Une remise en cause du pacte républicain : L'existence de "zones de non-mêmes droits" (où l'offre de formation est inégale) est une menace pour la cohésion sociale, car elle peut conduire certains citoyens à remettre en question leurs devoirs envers une République qui ne leur garantit pas les mêmes droits.
Citation : "il y a des zones de non mêmes droits il y a des endroits de notre pays qui n'ont pas les mêmes droits tout simplement dans l'oeuvre de formation et donc ça c'est un problème parce que nous mettons notre pacte républicain en cause en quelque sorte"
Citation : "celles et ceux de nos concitoyens qui a tord ou à raison considèrent qu'ils n'ont pas eu les mêmes droits que d'autres vont pas longtemps considéré qu'ils ont les mêmes devoirs que les autres"
En conclusion, les deux intervenants dressent un tableau lucide des inégalités profondes qui traversent le système éducatif français, étroitement liées à la pauvreté.
Ils soulignent les limites de l'action de l'école seule tout en reconnaissant les efforts du personnel.
Ils appellent à une redéfinition de la "réussite" et de l'"émancipation" dans un sens social et collectif, à une réorientation des budgets vers l'éducation prioritaire et la petite enfance, à un renforcement du personnel socio-médical, à une meilleure formation des enseignants et à un travail d'alliances fort avec les acteurs locaux et la société dans son ensemble pour lutter contre les "zones de non-mêmes droits" et construire une école véritablement égalitaire.
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- Apr 2025
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Briefing : Les compétences émotionnelles chez l’enfant
Source : Extrait du webinaire gratuit "Les compétences émotionnelles chez l’enfant" de l'APPEA,
Présentatrice : Anna Malika Kamblatz, Docteur en neuropsychologie, Présidente fondatrice de Emmopsie, membre du conseil scientifique de Whatsup neuropsychologie clinique.
Thème : Définition, développement et évaluation des compétences émotionnelles chez l'enfant.
Introduction et Contexte :
Le webinaire, 60ème du nom pour l APPEA, accueille Anna Malika Kamblatz pour aborder un sujet jugé essentiel mais encore insuffisamment outillé : les compétences émotionnelles chez l'enfant.
L'enregistrement sera disponible en replay, ainsi que le support PowerPoint.
Il est précisé qu'aucune attestation de formation n'est délivrée pour ce format gratuit.
Anna Malika Kamblatz, forte de 15 ans de recherche, principalement à l'université de Bordeaux, s'est intéressée au lien entre émotion et cognition et à l'efficacité des prises en charge thérapeutiques.
Son projet actuel, Emopsie, vise à créer une batterie d'évaluation des compétences émotionnelles pour les enfants, conçue en collaboration avec des enseignants chercheurs et des psychologues de terrain.
Définition et Modèles des Compétences Émotionnelles :
Ressentir une émotion provoque des changements cognitifs, physiologiques et comportementaux. La manière d'y réagir dépend des compétences émotionnelles.
Modèle de Sarnie : Une des premières à théoriser le concept, elle identifie neuf compétences (conscience de ses émotions, vocabulaire émotionnel, empathie...). Elle insiste sur le rôle primordial du contexte social, rendant difficile l'évaluation standardisée.
Courant de l'Intelligence Émotionnelle : Développé en parallèle, ce courant se concentre sur la capacité à raisonner sur les émotions.
Il implique la capacité à percevoir les émotions, les utiliser pour favoriser la réflexion, les comprendre et les réguler.
Ces habiletés sont considérées comme entraînables et évaluables, relevant de processus cognitifs.
L'intelligence émotionnelle a été popularisée (notamment par Goleman) et parfois transformée.
Modèle de Nicolas Jacques (2009) : Ayant synthétisé les principaux modèles d'intelligence émotionnelle, Nicolas Jacques propose un modèle basé sur les dimensions les plus récurrentes et utilise le terme de "compétences émotionnelles". Son modèle initial inclut la capacité à :
- Reconnaître les émotions.
- Exprimer les émotions.
- Comprendre les causes et conséquences d'une émotion.
- Mettre en place des stratégies de régulation.
- Utiliser les émotions pour modifier les actions.
Une méta-analyse de 2024 suggère que la cinquième compétence serait plutôt une stratégie de régulation.
Compétences retenues par Emopsie : Le projet Emopsie se concentre sur les quatre premières compétences identifiées par Nicolas Jacques, car des difficultés dans ces domaines sont largement démontrées dans diverses pathologies ou handicaps, entraînant des conséquences comme l'isolement social, des difficultés à repérer les situations à risque, un bien-être moindre et un risque accru de troubles anxieux/dépressifs.
Les Quatre Compétences Clés et leur Évaluation :
Anna Malika Kamblatz détaille ensuite chaque compétence, son développement et les outils d'évaluation existants ou en développement chez Emopsie.
L'idée d'Emopsie est de créer des tests pertinents scientifiquement et adaptés à la pratique clinique, développés en itération avec des professionnels.
Reconnaissance des Émotions : Définition : Capacité à identifier les émotions à partir d'expressions non verbales (visage, voix, corps) dans les interactions sociales.
Cela permet de comprendre et de réagir aux attentes d'autrui et d'anticiper ses intentions.
Développement : Se développe progressivement. Dès la naissance, les bases sont là. Vers 4 ans, reconnaissance de la joie, colère, tristesse. Plus tardivement la peur, puis la surprise et le dégoût (vers 10 ans).
Vers 12 ans, les capacités sont similaires entre enfants et adultes, bien que la reconnaissance continue d'évoluer.
La reconnaissance faciale implique d'explorer des zones clés (yeux, nez, bouche) et d'intégrer diverses informations, nécessitant la mémoire de travail.
Évaluations existantes :Sous-test de la batterie Nepsie 2 : présentation d'un visage exprimant une émotion, choix parmi quatre propositions.
DAN (version française) : catégorisation d'une émotion exprimée sur photo (faiblement ou fortement) parmi quatre choix (joie, colère, peur, tristesse). Critique des tests existants : Ils utilisent principalement des photos de visage, ne prenant pas en compte la voix, la posture et le mouvement dynamique des émotions dans les interactions réelles.
Test Emopsie : Utilisation de vidéos d'enfants exprimant des émotions (joie, colère, peur, tristesse, fortement ou faiblement) via le visage, la voix et la posture. Demande d'identifier l'émotion.
Il y a des niveaux de difficulté (émotions de plus en plus subtiles).
Des scores sont obtenus par émotion, intensité, et pour les modalités (visage/posture seuls, voix seule).
L'objectif est d'intégrer le dynamisme et les multiples canaux de l'expression émotionnelle.
Expression des Émotions : Définition : Production d'émotions, verbale (langage) ou non verbale (visage, voix, posture). L'accent est mis ici sur le vocabulaire émotionnel verbal, jugé fondamental.
- Importance du vocabulaire émotionnel : Permet de conceptualiser le ressenti affectif, de l'encadrer, de l'associer à des sensations, des causes, des stratégies de régulation. Facilite le partage avec l'entourage et la recherche d'aide.
- Développement : Suit la même trajectoire que la reconnaissance. Mots relatifs à la joie, colère, tristesse apparaissent tôt. Peur, surprise, dégoût plus tardivement. Vers 11 ans, le vocabulaire se complexifie (autres catégories, émotions abstraites comme l'envie).
- Vocabulaire réceptif vs expressif :Réceptif : Nombre de mots compris ("dictionnaire interne"). Évalué classiquement par appariement mot/image.
- Expressif : Nombre de mots produits à l'oral. Évalué classiquement par des tâches de fluence verbale.
- Évaluations existantes en français (vocabulaire émotionnel) : Peu de tests validés spécifiquement pour les enfants. Des tests de vocabulaire général existent. Il est crucial d'évaluer séparément le réceptif et l'expressif.
- Tests Emopsie :Vocabulaire réceptif : Appariement mot émotionnel/image parmi quatre options. Niveaux de difficulté croissante.
- Vocabulaire expressif : Tâche de fluence affective (dire le maximum de noms d'émotions en une minute). Les résultats sont influencés par l'exposition aux émotions (ex: le film "Vice Versa").
- Compréhension des Émotions :
- Définition : Capacité à saisir les causes d'une émotion, sa signification et comment en modifier les conséquences. Essentielle pour identifier les antécédents émotionnels, anticiper les réactions (les siennes et celles des autres) et adopter un comportement adapté.
- Modèle développemental de Pis (et al.) : Trois grandes périodes :
- Vers 3 ans (dimension externe) : Reconnaissance des émotions, compréhension que des événements externes peuvent en être la cause (perdre un jouet). Compréhension du lien mémoire/émotion (objets qui rappellent des souvenirs/émotions).
- Vers 5 ans (dimension interne) : Compréhension que des événements internes (pensées, désirs, croyances) peuvent provoquer des émotions. Compréhension que l'émotion montrée n'est pas toujours celle ressentie intérieurement.
- Vers 8 ans (dimension complexe) : Intégration du rôle de la régulation. Compréhension qu'on peut ressentir plusieurs émotions simultanément. Influence de la morale et des normes sociales sur les émotions. Le développement se poursuit de 3 à 11 ans.
- Évaluations existantes :Test international de compréhension des émotions (très utilisé à l'étranger, moins en France malgré une version française) : Lecture d'une histoire, demande comment se sent le personnage, choix parmi quatre propositions. Critique : une seule histoire par composante, évaluation binaire (acquis/non acquis).
- Tests en France (ex: QCEE) : Lecture d'histoires, identification de l'émotion du protagoniste. Souvent limités à l'influence des causes externes, entraînant des effets plafond.
- Tests Emopsie : Utilisation de petits dessins animés (format plus adapté) représentant des situations émotionnelles quotidiennes. L'enfant suit un personnage et doit dire comment il se sent et pourquoi. L'évaluation porte sur la justification de l'enfant, et non l'émotion nommée. Les bonshommes bâtons minimisent les stéréotypes physiques. Chaque animation a une double lecture (externe/interne/souvenir) pour évaluer la complexité de la compréhension. L'évaluation est conversationnelle. Une deuxième tâche évalue la compréhension du fait de ressentir plusieurs émotions simultanément (proches temporellement ou en même temps).
- Régulation des Émotions :
- Définition : Influencer une émotion (diminuer, augmenter, maintenir, rendre plus positive/négative, modifier durée/intensité) en mettant en place des stratégies (techniques conscientes ou non, comportementales ou cognitives). Il existe une grande variété de stratégies (éviter, confronter, exprimer, masquer, penser, se distraire, ruminer...).
- Développement : Au début, la régulation est assurée par l'entourage. Vers 2 ans, avec le langage, l'enfant devient plus actif. Jusqu'à 6 ans, stratégies majoritairement comportementales (taper dans un coussin). Avec le développement cognitif (langage, fonctions exécutives), les stratégies se complexifient. Vers 10 ans, processus de régulation de plus en plus internes (positiver, relativiser). Le développement va vers une autonomie croissante.
- Adaptation des stratégies : L'idée de stratégies "adaptées" vs "inadaptées" est remise en question. La pertinence d'une stratégie dépend du contexte, des capacités et des besoins.
- Modèles de Flexibilité de Régulation : Assez récents, ils postulent que face à une situation émotionnelle, on analyse le besoin de régulation, on cherche une stratégie dans son "répertoire", on l'applique et on évalue son efficacité. Si elle ne répond pas au besoin, il faut réanalyser la situation et chercher une autre stratégie, montrant une capacité à changer de type de stratégie. Peu d'études chez l'enfant sur ces modèles.
- Évaluations existantes en français : Principalement des questionnaires évaluant la fréquence d'utilisation de stratégies (adaptées ou non) ou des concepts associés (labilité émotionnelle, acceptation, conscience...). Pas d'évaluation validée de la flexibilité de régulation chez l'enfant.
- Test Emopsie : Évaluation de la flexibilité via des dessins animés. L'enfant s'imagine dans la situation, décrit comment il se sent et ce qu'il ferait/penserait (première stratégie). Deux "feedbacks négatifs" (si ça ne suffit pas, que ferais-tu d'autre ?). L'évaluation est qualitative (stratégies disponibles) et quantitative (largeur du répertoire, indice de persistance/rigidité à utiliser le même type de stratégie).
- Projet Emopsie et Perspectives :
- Statut des tests : Les tests Emopsie sont en cours de validation/étalonnage. Un appel est lancé pour trouver 600 enfants (6-12 ans inclus) pour participer (visio d'environ 1h15). Contact possible via le site Emopsie.
- Public visé : Principalement les psychologues, mais une réflexion est en cours pour une utilisation par d'autres professionnels du médico-social (orthophonistes, psychomotriciens) selon les compétences évaluées.
- Format : Application numérique (en ligne).
- Accompagnement : Formation prévue pour l'utilisation de la batterie. Développement d'un centre de ressources avec des outils de psychoéducation et de remédiation (vidéos, dessins animés, jeux, roues des émotions/stratégies).
- Études futures : Inclusion de groupes cliniques (TSA, TDAH, déficience intellectuelle) dès l'année prochaine pour évaluer la sensibilité des tests. Développement d'un manuel évolutif.
- Versions pour adolescents et adultes : Envisagées après la version enfant. Deux versions possibles : une adaptée pour les personnes ayant un handicap (ex: déficience intellectuelle) avec des situations et émotions différentes ; une plus écologique pour les personnes sans déficience intellectuelle, utilisant l'Ecological Momentary Assessment (EMA) via smartphone pour évaluer les compétences dans le vécu quotidien.
- Objectif de la batterie : Mesurer les quatre dimensions des compétences émotionnelles pour orienter la remédiation et cibler les domaines à travailler en priorité.
- Corrélation entre les compétences : Bien que liées, les études Emopsie suggèrent que les compétences de reconnaissance et d'expression sont distinctes, notamment grâce à l'utilisation de choix multiples qui minimisent l'impact du vocabulaire sur la reconnaissance.
- Impact de l'environnement : L'hypothèse est émise que l'exposition et la discussion ouverte sur les émotions en famille ou à l'école (via les compétences psychosociales) pourraient favoriser un développement plus précoce des compétences émotionnelles.
- Émotions complexes vs sentiments : Distinction (selon une définition possible) entre émotions de base (courtes, intenses), émotions complexes (mélange d'émotions de base, courtes) et sentiments (états affectifs durables, comme l'amour).
- Questions Diverses et Remarques :
- Interrogations sur les outils de remédiation une fois l'évaluation faite. La mallette MOI (Méthode d'Observation et d'Intervention) du site Défi Science est citée comme ressource existante. Emopsie développera ses propres outils.
- Question sur le lien entre l'attribution causale (causes internes/externes) et la compréhension des émotions. Anna Malika Kamblatz trouve la question intéressante mais n'a pas de réponse immédiate basée sur ses lectures.
- Question sur les programmes pour les parents et leur implication dans la psychoéducation. Aujourd'hui, l'utilisation des roues des émotions est courante. Emopsie souhaite proposer des outils que les professionnels pourront partager avec les parents. Il manque des programmes complets pour travailler l'alexithymie par exemple.
- Comment rester informé de l'avancement de la batterie ? Via le formulaire de contact sur le site Emopsie (pour laisser ses coordonnées et être recontacté) ou en suivant Anna Malika Kamblatz sur LinkedIn.
- Question technique sur l'outil : proposera-t-il un système de rapport ou de datavision pour visualiser l'évolution des compétences ? Oui, c'est prévu, pour faciliter le suivi.
- Question sur les effets test-retest potentiels. L'étude longitudinale prévue sur une cinquantaine d'enfants permettra d'évaluer cet effet d'apprentissage et l'évolution naturelle des compétences émotionnelles sur la durée. Aujourd'hui, il n'y a pas de réponse précise.
- Quel aspect travailler en priorité chez un enfant avec un trouble neurodéveloppemental sans évaluation fine disponible ? Dépend des difficultés cognitives associées. Pour une déficience intellectuelle modérée, commencer par la reconnaissance. Pour le TSA sans DI, les difficultés pourraient être plus marquées dans la prosodie que la reconnaissance faciale visuelle (selon une étude). Emopsie développera une grille pour aider les psychologues à identifier les tests pertinents selon la plainte.
- En conclusion, le webinaire souligne le manque criant d'outils validés pour évaluer les compétences émotionnelles chez l'enfant en France. Le projet Emopsie vise à combler cette lacune en proposant une batterie d'évaluation innovante et adaptée, basée sur les dernières recherches et conçue en étroite collaboration avec les professionnels de terrain, dans le but de faciliter le diagnostic et d'orienter les interventions.
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ipfs.indy0.net ipfs.indy0.net
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he processby which those previously independent organisms came together to form neworganisms is called endosymbiosis. The process of endosymbiosis was first pos-tulated in the early 20 th century but verified later by Lynn Margulis, who wasalso instrumental in developing the Gaia theory with chemist James Lovelock.
for - definition - endosymbiosis - to - explainer video on Major Evolutionary Transitions - https://hyp.is/zXozbCT8EfCSIF_rc_6riQ/www.youtube.com/watch?v=VUfNEHl44hc - adjacency - major evolutionary transition - endosymbiosis
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https://www.reddit.com/r/typewriters/comments/1k3jhx1/storage_hunter_simulator_overwood/
"Overwood" typewriter in Storage Hunter Simulator. (An obvious take on an Underwood typewriter, specifically an Underwood Champion.)
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https://www.reddit.com/r/typewriters/comments/1k2rus1/typewriter_in_singularity/
Dirty/rusted typewriter seen in the video game Singularity
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Typewriter in video game Mafia (2002).
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Briefing Document : L'Enfermement des Enfants - Thèmes et Idées Clés
Ce document de briefing synthétise les principaux thèmes, idées et faits saillants ressortant des sources fournies concernant l'enfermement des enfants, tant dans un contexte migratoire que pénal, ainsi que les enjeux liés à leur prise en charge psychiatrique.
1. L'Enfermement des Enfants : Une Exception qui Devient Norme ?
La première source, un colloque sur l'enfermement des enfants, pose d'emblée le principe que l'enfermement d'un enfant devrait être une exception.
"l'enfermement euh d'un enfant euh par essence et euh quelque chose de qui doit être exceptionnel et qui euh qui peut en tout cas au regard des des textes qui s'applique textes internationaux comme de nos textes fondamentaux euh être une exception si ce n'est une contrariété ou quelque chose de d'assez euh contreintuitif."
L'enfant est défini comme un être en devenir, en construction, que la société pousse à l'ouverture et à la progression. L'enfermement, au contraire, constitue un arrêt et une fermeture, ce qui apparaît comme un non-sens au regard de la nature de l'enfance.
Le colloque distingue deux formes principales d'enfermement :
Hors champ pénal : Concerne les enfants en contexte migratoire (risque de menace à l'ordre public, demande d'asile à la frontière, mineurs étrangers en transit).
Dans le champ pénal : Conséquence d'une décision de justice suite à une infraction.
2. L'Enfermement des Enfants en Contexte Migratoire : Chiffres et Conséquences
Les chiffres présentés soulignent une réalité préoccupante :
Au niveau international : Environ 330 000 enfants sont privés de liberté chaque année dans un contexte migratoire.
En France (estimation depuis 2012) : 40 000 enfants placés en rétention, dont plus de 1500 en métropole et l'immense majorité à Mayotte.
En 2023 : 3349 enfants placés en rétention en France, dont 3262 à Mayotte.
En zone d'attente (chiffres 2022) : Au moins 5338 enfants enfermés, contre 372 en 2021.
L'âge moyen des enfants concernés est très faible.
La durée de rétention peut être brève, mais ses conséquences sont réelles et graves sur la santé des enfants :
"la communauté scientifique est assez unanime sur le fait que le enfermer un enfant particulier pour des raisons migratoires a de graves conséquences sur sur son état de santé"
Ces conséquences incluent : repli sur soi, refus de s'alimenter, insomnies, stress, stress post-traumatique.
Les enfants peuvent être exposés à des événements traumatisants en rétention (tentatives de suicide, automutilations, violences, éloignements sous contrainte).
L'environnement global de la rétention est décrit comme anxiogène (bruits, grillages, barbelés, présence policière constante).
Des psychiatres observent que même les bébés ressentent l'anxiété de cet environnement.
La situation à Mayotte est particulièrement critique, avec un nombre d'enfants enfermés 37 fois supérieur à celui de l'Hexagone.
Les conditions de prise en charge dans les centres de rétention administrative y sont qualifiées de "juste au-dessus du niveau terrain vague", avec des problèmes d'accès à l'eau et une violence moins organisée qu'en métropole mais bien présente en raison de l'ennui et du manque d'activités.
La confusion entre zones d'attente et rétention administrative y règne.
Sur le territoire hexagonal, les zones d'attente sont une notion juridique parfois sans existence physique concrète (chambres d'hôtels).
La non-admission signifie que fictivement, les personnes en zone d'attente ne sont pas considérées comme étant en France.
Le réacheminement vers le pays d'origine n'est pas autorisé pour les enfants.
L'accès aux droits est problématique, notamment l'accès aux interprètes pour les personnes non francophones.
Des situations absurdes sont relevées, comme des mineurs non contestés recevant des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF).
La question des nourrissons en zone d'attente est également soulevée.
Un protocole départemental à Menton concernant l'accueil des mineurs non accompagnés a fait l'objet de critiques de la Défenseure des Droits et pourrait conduire à un contentieux.
Le recours à l'incarcération dans le champ pénal est parfois utilisé par des magistrats comme une mesure de protection pour les mineurs non accompagnés, notamment victimes de trafic, par manque d'alternatives adéquates.
Cela a pu entraîner une saturation des quartiers mineurs.
Une circulaire ministérielle de 2023 est mentionnée, rappelant l'interdiction de placer en CRA ou LRA les familles accompagnées de mineurs (sauf à Mayotte) et incitant à transformer les anciennes places familles en places adultes.
Elle rappelle également la nécessité d'exécuter les mesures d'éloignement et d'envisager l'assignation à résidence, tout en soulignant la compatibilité des obligations avec la vie privée et familiale (scolarisation des enfants).
La possibilité d'éloignement de la famille lors d'une visite domiciliaire sur autorisation du juge est également évoquée, suscitant une vigilance particulière.
La question des rattachements fictifs de mineurs à des adultes pour justifier leur éloignement est condamnée par la CEDH.
Des modifications de dates de naissance pour transformer des mineurs en majeurs sont également signalées, notamment en zone d'attente en métropole.
3. La Protection de l'Enfance et la Dimension Sémantique
Un éducateur de la PJJ souligne la dimension sémantique préoccupante dans le débat public actuel, où la notion de protection des enfants en CRA ou en prison tend à disparaître au profit d'un discours sur les "enfants dangereux", notamment en lien avec les trafics de drogue.
La situation à Mayotte est perçue comme dérogeant à un certain nombre de droits fondamentaux, posant la question de l'égalité des droits sur le territoire de la République.
L'évolution des pratiques d'éloignement, passant de l'expulsion des parents laissant les enfants seuls à l'éloignement de toute la famille, est également source d'inquiétude au regard des besoins fondamentaux de l'enfant (liens avec ses parents).
4. Soins Psychiatriques des Mineurs : Consentement, Isolement et Contention La question des soins sans consentement chez les mineurs est abordée, soulignant une "idiotie juridique" puisque, par définition, les soins (y compris l'hospitalisation) sont décidés par les parents ou les détenteurs de l'autorité parentale, sur indication médicale.
La seule exception est la décision du représentant de l'État (SDRE). Le consentement du mineur n'est pas requis stricto sensu pour l'hospitalisation.
Cependant, la dimension clinique et humaine reste essentielle, et l'adhésion du mineur et de ses parents aux soins est un enjeu important, tout comme la préparation de la sortie et le maintien de l'adhésion.
Le pédopsychiatre intervenant souligne que, bien que le consentement juridique soit parental, la question de la prise en compte de l'opinion de l'enfant et de l'adolescent dans les décisions de soins est fondamentale.
L'isolement et la contention sont des pratiques utilisées, mais dans des contextes spécifiques et pas toujours en urgence, notamment pour des troubles importants du comportement ou des troubles du spectre autistique.
La DGOS travaille à une réforme des autorisations d'activités en psychiatrie, entrée en vigueur en juin 2023, visant à homogénéiser la qualité de la prise en charge, notamment en pédopsychiatrie.
Désormais, un établissement souhaitant faire de la pédopsychiatrie devra être autorisé spécifiquement, de même que pour les soins sans consentement.
L'offre de soins devra comprendre l'ambulatoire, l'hospitalisation partielle et à temps complet. La prise en charge en pédopsychiatrie s'étend désormais jusqu'à 18 ans.
La décision médicale d'isolement ou de contention doit être une mesure de dernier recours, non une sanction ou une facilitation pour les soignants, et ne peut concerner que les patients en soins sans consentement.
Un contrôle du juge est prévu, avec une durée maximale et des réévaluations médicales régulières.
Cependant, des situations persistent où des mineurs en soins libres font l'objet de mesures d'isolement ou de contention, soulevant un flou jurisprudentiel quant à la compétence du juge dans ces cas.
Le ministère de la Santé reste convaincu que ces décisions sont justifiées médicalement. Un travail est nécessaire avec le ministère de la Justice, le CGLPL et les professionnels pour clarifier et améliorer cette situation.
La question du statut du mineur hospitalisé en psychiatrie à la demande de ses parents mérite d'être réexaminée.
5. Le Contexte de la Psychiatrie Infantile et les Défis La pédopsychiatrie en France est confrontée à une crise démographique majeure et à un modèle psychiatrique qui peine à s'aligner sur les directives internationales prônant la désinstitutionnalisation.
La diversité doctrinale complexifie la compréhension et l'application du droit.
La situation est encore plus critique en pédopsychiatrie, avec des départements entiers sans service d'hospitalisation à temps complet, entraînant une hospitalisation massive en état de crise par manque de prévention.
Le statut juridique des mineurs en crise diffère de celui des adultes.
Dès lors qu'il y a une décision d'autorité parentale (ou une ordonnance de placement provisoire), le mineur est considéré comme étant en soins libres, même en cas d'hospitalisation.
Cette fiction juridique signifie qu'il ne bénéficie pas des mêmes droits et protections que les patients en soins sans consentement (droits de la défense, contrôle du JLD).
L'isolement et la contention ne sont pas autorisés en soins libres. Cependant, le CGLPL constate que cette règle n'est pas toujours respectée, avec un flou jurisprudentiel persistant et des juges parfois réticents à se déclarer compétents ou à lever les mesures illégales.
Le CGLPL, bien que reconnaissant le manque de base légale de ces pratiques, peine à formuler des recommandations concrètes et hésite à recourir à l'article 40 du Code de procédure pénale (signalement d'un acte de séquestration).
Le rôle des avocats est crucial pour la progression du droit de la psychiatrie. Il est nécessaire de continuer à saisir les tribunaux, y compris le juge administratif sur la question des conditions indignes d'hospitalisation, en s'inspirant des avancées obtenues pour les conditions de détention.
Un JLD spécialisé pourrait être une piste à explorer, bien que la tendance actuelle soit à la déspécialisation.
La prise en compte de l'opinion de l'enfant dans les décisions de soins est un principe fondamental (article 12 de la Convention des droits de l'enfant), qui doit être mieux intégré dans les procédures, y compris par le JLD.
Le rôle de l'assistance éducative et de l'administrateur ad hoc peut être clé pour garantir la protection des droits de l'enfant.
6. L'Action du Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté (CGLPL)
Le CGLPL visite régulièrement les quartiers mineurs (QM) et les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM), parfois plusieurs fois. Il reçoit très peu de saisines directes de la part des mineurs incarcérés.
Les contrôleurs auditionnent les mineurs seuls en cellule ou en salle d'audience, inspectent les conditions matérielles de détention et discutent des conditions de vie. Ils constatent souvent un manque d'accès à des activités adaptées et un ennui important.
La violence est présente mais moins organisée qu'en milieu adulte. L'offre de formation et d'enseignement est essentielle mais doit être adaptée.
La question des transferts vers des établissements pour majeurs à la majorité est un point de vigilance.
Le CGLPL dispose d'une ligne téléphonique confidentielle pour les détenus. Il publie des rapports et fait des recommandations pour améliorer les conditions de détention et le respect des droits.
7. Le Rôle du Bâtonnier et l'Opération "Diego"
Depuis 2021, l'article 719 du Code de procédure pénale confère au Bâtonnier un droit de visite dans les lieux de privation de liberté. Un guide pratique a été élaboré pour faciliter l'exercice de ce droit.
L'opération "Diego", menée par la Conférence des Bâtonniers, vise à rendre effectif ce droit de visite et à vérifier le respect des droits fondamentaux des mineurs en détention (éducation, santé, dignité, respect).
Des affiches informant les mineurs de la possibilité de consultations gratuites avec des avocats sont installées dans les lieux de parloir.
De nombreux barreaux se sont mobilisés et ont intégré cette prérogative. Cependant, des difficultés persistent, notamment en ce qui concerne l'accès aux établissements pénitentiaires (circulaires limitant l'accompagnement du Bâtonnier) et aux Centres Éducatifs Fermés (CEF), où l'accès peut être plus complexe.
Les visites permettent de constater des améliorations concrètes, comme des travaux de rénovation d'urgence. Le Bâtonnier peut également saisir les autorités compétentes en cas de manquements constatés.
8. La Situation des Mineurs Incarcérés : Perspectives de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ)
La PJJ a une mission conjointe avec l'administration pénitentiaire pour accompagner les mineurs détenus et organiser l'individualisation de leur parcours.
L'intervention éducative est assurée soit par des services éducatifs en détention (EPM, gros QM) soit par les services de milieu ouvert (autres établissements).
Les services de la PJJ sont chargés de construire et de proposer au magistrat un projet de sortie individualisé.
Un travail est mené avec les familles pour maintenir le lien et les impliquer dans le projet de sortie.
Des initiatives concrètes sont développées en détention (cafés des parents, goûters préparés par les mineurs, brochures d'information, réunions de remise de bulletins).
La PJJ favorise l'accès aux droits des mineurs détenus et l'information aux familles, notamment en participant à la grande consultation du Défenseur des Droits et en élaborant un guide d'accès aux droits adapté aux jeunes.
Le travail sur le rapport à l'altérité et la citoyenneté est également important.
L'accès à l'enseignement et à la formation est une obligation (Code de l'éducation).
Des personnels de l'Éducation Nationale sont présents en détention, mais les spécificités de ce public nécessitent des adaptations.
Des certifications peuvent être obtenues en détention. Des projets d'orientation sont mis en place.
9. Peut-on Rendre Utile la Prison pour les Enfants ? Débats et Perspectives
La question centrale est de savoir si la prison peut être utile pour les enfants.
L'avocate Amélie Mourino exprime un doute profond, notamment en ce qui concerne la détention provisoire, qui ne semble utile qu'en termes de prévention de la réitération immédiate, sans prendre en compte le sens pour le mineur. Les délais courts de la détention provisoire ne permettent pas un travail significatif avec le jeune.
Concernant la prison comme peine, elle rejoint la notion de désistance, un processus long et complexe, marqué par des rechutes et des ambivalences, qui dépend de nombreux facteurs environnementaux et de la création de nouveaux liens sociaux pro-sociaux.
La prison a tendance à isoler et à couper des alliés potentiels. Le temps de la détention est rarement celui de la désistance.
Les mécanismes d'aménagement de peine, souvent automatiques et rapides, peuvent perdre de leur sens. Rares sont les mineurs pour lesquels la prison a été un coup d'arrêt définitif à la délinquance ; ceux-là auraient probablement pu être aidés par la seule rencontre avec la justice des mineurs.
Les conditions d'incarcération des mineurs sont également un sujet préoccupant.
La juge pour enfants Aurélie Champion aborde la question de l'utilité de la détention à travers la notion de parcours du mineur.
L'utilité ne se mesure pas à l'instant de la détention mais sur un temps plus long, si on parvient à lui donner du sens et à partager ce sens avec le mineur.
La pensée symbolique de la prison comme menace peut avoir un impact pour certains mineurs, mais pas pour les plus fragiles.
Il est essentiel de connaître le parcours du mineur et les facteurs de vulnérabilité et de protection pour prendre des décisions cohérentes, notamment celle du placement en détention, et éviter qu'elle n'arrive au "mauvais moment".
L'audience unique, dans le cadre du CJPM, confie la décision du placement en détention provisoire à des magistrats qui ne connaissent pas le mineur, marquant une rupture potentielle dans son parcours. Des aménagements existent pour un second examen par le juge des enfants.
La détention provisoire sert souvent à préparer un projet de sortie, parfois sans réelle participation du mineur.
La question du post-sentenciel, avec l'application automatique des aménagements de peine, pose la question du sens de la détention si le suivi n'est pas effectif.
La PJJ souligne que, malgré la contrainte de la détention, un travail de fond est mené pour donner du sens à cette période, en se fondant sur le droit commun et en tendant vers le respect de l'obligation de scolarité et de formation.
L'individualisation du parcours, le maintien du lien familial et la préparation de la sortie sont des axes essentiels. Des initiatives concrètes sont développées en détention pour soutenir ces objectifs.
Un débat émerge concernant l'efficacité des dispositifs de "sentinelles" (jeunes pairs aidant) en détention, soulignant la nécessité d'une approche collective et de la sensibilisation de l'ensemble de la communauté éducative.
Face au discours ambiant favorisant la répression et l'incarcération des mineurs, il est rappelé l'importance de considérer le parcours de fragilité de ces jeunes et le rôle essentiel de la justice restaurative, encore trop peu développée pour les mineurs en France.
Le soutien du Conseil National des Barreaux à la PJJ, face aux contraintes budgétaires, souligne l'importance des moyens dédiés à la prise en charge éducative.
En conclusion, la question de l'utilité de la prison pour les enfants reste ouverte et complexe.
Si la nécessité de la contrainte peut être admise dans certains cas, un consensus semble émerger sur l'importance de privilégier des approches éducatives individualisées, de maintenir le lien familial, de préparer activement la sortie et de favoriser l'accès aux droits et à la formation, afin de donner un sens à cette période et de favoriser la désistance à long terme.
Les conditions d'enfermement et le respect des droits fondamentaux des mineurs doivent être une priorité constante.
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Briefing Document : Justice Pénale, Justice Restaurative et leurs Applications Diverses
Ce document de briefing synthétise les principaux thèmes et idées issus des sources fournies, explorant la justice restaurative dans le contexte de la justice pénale, ses modalités de mise en œuvre, ses bénéfices potentiels et les défis rencontrés dans son application, notamment dans des cas d'infractions graves et en matière environnementale.
Thèmes Principaux et Idées Clés
1. Définition et Champ d'Application de la Justice Restaurative :
La justice restaurative est présentée comme une réflexion alternative à la justice pénale traditionnelle, cherchant à impliquer les auteurs et les victimes d'infractions dans un processus de réparation et de dialogue.
Bien que la loi française n'exclue aucune infraction du champ de la justice restaurative, des limitations peuvent exister dans la pratique au niveau local en raison de considérations de moyens, de disponibilité des intervenants, de politiques locales et de la nature de certaines infractions (par exemple, les violences conjugales font souvent débat).
"même si la loi ne n'interdit pas enfin n'exclut aucune infraction du champ de la justice restaurative certains acteurs locaux qui vont considérer que elle n'est pas adapté pour tel ou tel tel ou telle nature d'infraction euh notamment les violences conjugal ça peut faire souvent débat"
La participation des auteurs et des victimes doit être pleinement consentie et ils ont la possibilité de se retirer du dispositif à tout moment.
La reconnaissance des faits par l'auteur est une condition nécessaire, non pas dans les moindres détails, mais dans leur principe et leurs éléments principaux, y compris l'élément intentionnel.
"c'est un dispositif qui implique nécessairement la reconnaissance des faits par son auteur alors la loi et le le code de procédure pénale on trouve un peu partout cette cette référence à la reconnaissance des faits"
2. Autonomie et Complémentarité avec la Justice Pénale :
La justice restaurative est autonome par rapport à la procédure pénale et peut être mise en œuvre à n'importe quel stade de la procédure (avant, pendant, après) voire même en l'absence de procédure (infractions prescrites, classement sans suite).
En théorie, la participation à une mesure de justice restaurative n'a pas d'influence directe sur la procédure pénale, l'exécution de la peine ou l'indemnisation de la victime. Une décision judiciaire ne peut être motivée sur cette seule base.
Cependant, une incidence psychologique sur les décisions des magistrats n'est pas totalement exclue.
"on évoque régulièrement l'absence d'influence sur la procédure judiciaire en ce que effectivement la justice restaurative n'aura aucune conséquence sur la procédure pénale sur l'exécution de la peine"
3. Acteurs et Mise en Œuvre de la Justice Restaurative :
La mise en œuvre de la justice restaurative repose sur un partenariat entre divers acteurs : les services de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), les Services Pénitentiaires d'Insertion et de Probation (SPIP), les associations d'aide aux victimes, la juridiction (principalement en tant que prescripteur), le barreau (de plus en plus impliqué).
Au niveau local, ce partenariat se formalise souvent par des conventions et des réunions régulières (groupes projets) pour coordonner les mesures.
Au niveau national, le Ministère de la Justice joue un rôle central à travers le Comité National de la Justice Restaurative, instance interdirectionnelle chargée du développement de la justice restaurative. Le ministère finance également la formation des acteurs et soutient les associations spécialisées (comme la FGR).
4. Défis et Freins au Développement de la Justice Restaurative :
Manque de visibilité et caractère encore confidentiel : Malgré un cadre légal favorable, le nombre de mesures de justice restaurative reste très faible par rapport au volume des condamnations pénales.
En 2023, on comptait 302 mesures pour plus de 500 000 condamnations délictuelles et 2400 condamnations criminelles.
Comment rendre la justice restaurative plus visible et accessible aux bénéficiaires potentiels reste une question cruciale.
Manque de moyens (notamment budgétaires) : Le budget alloué à la justice restaurative est jugé largement insuffisant pour permettre un développement à grande échelle.
Le coût est estimé à environ 1 200 000 € en France, une fraction infime du budget de la justice.
Le nombre de professionnels formés et certifiés (environ 1000 animateurs) est également insuffisant pour répondre à une demande potentielle beaucoup plus importante.
Le financement par l'auteur à travers la "contribution citoyenne" est principalement destiné à l'aide aux victimes et non directement au financement des mesures de justice restaurative pour cet auteur.
Résistances et manque d'implication de certains acteurs : Les autorités judiciaires ne sont pas toujours motrices dans la prescription de mesures de justice restaurative, ce qui peut s'expliquer par la nature complémentaire du dispositif par rapport à leur office traditionnel.
Difficultés opérationnelles : Des problèmes logistiques, comme le manque d'information sur les personnes formées dans différents établissements pénitentiaires, peuvent entraver la continuité des mesures.
Craintes spécifiques liées à certaines infractions : En matière de terrorisme, par exemple, des freins importants peuvent exister au niveau de la magistrature, des avocats et de l'administration pénitentiaire.
5. Bénéfices et Potentiel de la Justice Restaurative :
La justice restaurative est perçue comme un outil puissant de réparation pour les victimes, favorisant l'apaisement, la compréhension et potentiellement le pardon. Le témoignage de Nathalie illustre profondément ce potentiel de guérison et de réappropriation de son histoire.
Pour les auteurs, elle peut favoriser la prise de conscience des conséquences de leurs actes, la reconnaissance de leur responsabilité et leur réinsertion sociale.
Sur le plan économique et social, des études suggèrent que la justice restaurative pourrait générer des économies significatives en termes de coûts de justice pénale et de réduction de la récidive. Le rapport coût-bénéfice est estimé à 1 € investi pour 8 € économisés.
Elle permet de restaurer le lien social et de reconstruire un rapport à l'État et à la justice parfois fragilisé.
6. Application à des Contextes Spécifiques : Terrorisme et Environnement :
Terrorisme : Bien que représentant une infime partie des mesures de justice restaurative, l'expérience montre que l'approche est applicable aux infractions à caractère terroriste, sans limitation légale.
L'accent est mis sur la reconnaissance de responsabilité de l'auteur, l'accompagnement individualisé et sécurisé, et la prise en compte de toutes les personnes touchées (y compris la famille des auteurs).
Les craintes liées aux justifications idéologiques ou à l'absence de remords existent, mais sont similaires à celles rencontrées dans d'autres types d'infractions.
Les expériences partagées soulignent le potentiel de dialogue et de prise de conscience, même dans des contextes d'extrême violence.
Environnement : La justice restaurative est envisagée comme une réponse possible aux infractions environnementales, axée sur la réparation des préjudices (souvent envers la nature, mais avec des conséquences pour les humains).
L'intégration de la justice restaurative dans le cadre institutionnel existant (pôles régionaux environnement, magistrats référents) est possible, mais nécessite une mobilisation des associations environnementales et une meilleure reconnaissance de leur rôle.
Des défis persistent, notamment en termes de reconnaissance de culpabilité, d'efficacité de la justice environnementale et de la place des victimes (souvent les associations de protection de l'environnement).
L'exemple de la justice transitionnelle en Colombie, reconnaissant la nature comme victime, offre des perspectives intéressantes, bien que difficilement transposables en l'état. Conclusion :
La justice restaurative représente une approche prometteuse et potentiellement transformatrice de la justice, complémentaire à la justice pénale traditionnelle.
Bien qu'elle soit applicable à un large éventail d'infractions, y compris les plus graves, son développement se heurte à des obstacles significatifs, principalement liés au manque de moyens et à des résistances culturelles ou institutionnelles.
Les expériences menées, notamment dans le domaine du terrorisme, soulignent son potentiel de réparation et de dialogue.
L'intégration de la justice restaurative dans des domaines spécifiques comme l'environnement offre également des perspectives intéressantes, à condition de surmonter les défis propres à ces contextes.
Un engagement politique et des moyens accrus sont nécessaires pour que la justice restaurative puisse pleinement déployer son potentiel et devenir une composante essentielle du paysage judiciaire français.
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Briefing Document : La Santé Mentale de Nos Enfants (Forum de Bioéthique, Février 2025)
Thème Central : L'augmentation significative des troubles de santé mentale chez les enfants et les adolescents, exacerbée par les crises sociétales récentes (notamment la crise covid), et la nécessité urgente d'une approche multidimensionnelle et sociétale pour y faire face, dans un contexte de crise de la pédopsychiatrie.
Introduction (Sarah Sananes, Pédopsychiatre et Modératrice) :
La santé mentale des enfants est un thème ambitieux, actuel et intemporel qui concerne toute la société.
On observe une augmentation des troubles psychiatriques, notamment chez les plus jeunes, suite aux crises sociétales, en particulier la crise covid.
Cette situation pose de nouveaux défis sociétaux et met en lumière la crise majeure et systémique que traverse la pédopsychiatrie.
Prendre soin de la santé mentale dès le plus jeune âge est un enjeu majeur de santé publique.
"les troubles psychiatriques sont très fréquents euh dans les suites de nombreuses crises de société la crise covid est souvent mentionnée pour ne citer que celle-là euh les problèmes de santé mental ne cesse d'augmenter notamment chez les plus jeunes et ça pose des nouveaux défis de société"
Principaux Thèmes et Idées Développés par les Experts :
1. L'Augmentation des Troubles Psychiques chez les Adolescents et son Contexte (Julie Rolling, Pédopsychiatre) :
Environ 15% des adolescents en France souffrent d'un trouble psychique diagnostiqué (Santé Publique France, 2023), et la moitié des troubles psychiatriques adultes débutent avant 14 ans.
La déstigmatisation progressive des troubles psychiques est globalement bénéfique car elle favorise l'accès aux soins.
"il y a sans conteste ces 10 dernières années une déstigmatisation des troubles psychiques qui est globalement bénéfique parce qu'elle favorise l'accès aux soins elle réduit l'exclusion sociale et elle améliore la qualité de vie des personnes que l'on est amené à rencontrer"
La crise covid a agi comme un modèle expérimental unique, révélant la vulnérabilité du psychisme adolescent en période de bouleversement.
On a observé une augmentation significative des passages aux urgences et des consultations pour troubles du comportement alimentaire, épisodes dépressifs et idées suicidaires chez les jeunes pendant la pandémie.
L'adolescence est une période de changements majeurs (physiques, psychiques, sociaux) qui peut être vécue comme une "tempête intérieure". L'issue de cette période dépend des fondations narcissiques et identitaires de l'adolescent et de ses appuis extérieurs.
Le modèle biopsychosocial (Engel, 1977) est pertinent pour comprendre les troubles psychiques comme l'interaction de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux (environnement).
L'un des enjeux sociétaux est que chaque adulte puisse occuper sa fonction auprès des enfants, offrant une "contenance systémique".
Les troubles anxieux et le refus scolaire anxieux ont connu une augmentation significative, interrogeant le rôle de la société perfectionniste, de la peur de l'échec, de la pression sociale (réseaux sociaux) et des nouvelles technologies (intelligence artificielle). La modernité pourrait favoriser l'évitement.
Le rapport au corps réel est modifié par l'hyperconnectivité et la digitalisation, affectant l'ancrage existentiel et pouvant favoriser l'angoisse. Le contact physique est riche d'indices inconscients importants.
Les troubles des comportements alimentaires ont également augmenté, possiblement liés à la pression sur l'image corporelle amplifiée par les réseaux sociaux et l'accès à des communautés encourageant ces troubles.
Le rôle du cyberharcèlement dans les passages à l'acte suicidaire chez les jeunes est devenu majeur, avec un effet de masse et de persistance de la trace en ligne.
La question du regard à l'adolescence est cruciale, avec l'influence des réseaux sociaux (audience imaginée, relations avec des personnes jamais rencontrées physiquement) et potentiellement de l'intelligence artificielle (biais algorithmiques, bulles cognitives).
Être un adulte de référence ne signifie pas être parfait, mais être à l'écoute, valider les ressentis, être cohérent et continu.
"il faut vraiment imaginer ces adolescents qui vont vivre des changements qui vont les traverser des changement physique bien sûr l'accession à la puberté le changement du corps la sexualisation et ces changements physiques et neuropsychologique soutendent un certain nombre de changements psychique qui se caractérise par la question de l'autonomisation par rapport au parents la projection dans l'avenir le rapport au monde qui peut changer et l'ensemble de cette traversée de l'adolescence va permettre aux jeunes de parfaire leur construction identitaire"
"penser les choses de cette manière mais d'embler en évidence la marge d'action possible à l'échelle du d'une société pour améliorer la santé des plus jeunes"
2. Les Adolescents "Difficiles" et la Dérive des Contenants (Maurice Corcos, Professeur de Psychiatrie et Psychanalyste) :
Il existe une population d'adolescents "difficiles" (borderline, "sauvageons") particulièrement touchée et peu évoquée dans le débat public, bien que très fréquente en psychiatrie (hospitalisation, consultation).
Ces adolescents ont particulièrement souffert du confinement et n'ont pas pu bénéficier des soins appropriés.
On observe un démarrage plus précoce de l'hétéroagressivité et des tentatives de suicide plus intenses et chez des sujets plus jeunes.
Les troubles des conduites alimentaires chez les filles ont évolué vers des formes mixtes (boulimie-anorexie), avec une comorbidité toxicomaniaque plus rapide.
Ces patients sont souvent rejetés, y compris par la psychiatrie, qui peine à les prendre en charge.
Ces "maladies sociales" sont massivement marquées par des traumatismes depuis l'enfance et même au niveau transgénérationnel. La prévention primaire dès la maternité est cruciale.
Les familles de ces adolescents sont souvent monoparentales (mère seule) avec des difficultés socio-économiques importantes.
On observe une "dérive des contenants" : défaillance du contenant maternel, absence du père, déliquescence du soutien sociétal, difficultés de l'éducation nationale, désorganisation du contenant santé, et tensions au niveau policier et judiciaire.
Le confinement a montré que la famille est un refuge, mais un enfermement prolongé peut être délétère, surtout pour les plus vulnérables. L'environnement est central. Le manque de contenance et de soutien peut entraîner une contre-investissement en emprise de la part des adultes (parents, éducateurs, soignants), aggravant la situation.
Il est essentiel de mettre l'accent sur les facteurs sociologiques dans la recherche sur les troubles de santé mentale.
"ces adolescents difficiles c'est un neuphémisme c'est ce qu'on appelle aussi les patients borderline les patients limite c'est ce qu'on appelle aussi dans des termes beaucoup plus stigmatisants les sauvageons les barbares"
"ces patients ces états limites ces fonctionnements limit ces borderline c'estes barbares c'estes sauvages sont des maladies sociales des maladies sociétales"
"la dérive des contenants c'est que de ne pas être suffisamment bien les adultes face à des enfants qui ont à vivre aussi des événements considérables comme la pandémie par exemple ces enfants nous regarde sont très attentifs à l'anxiété l'angoisse la dépression ce'est la désorganisation qui nous prend ça les affole considérablement"
3. Déterminisme, Devenir et la Crise de la Psychiatrie (François Ansermet, Professeur Honoraire de Pédopsychiatrie et Psychanalyste) :
La santé mentale est autant fonction de la façon dont on la considère que de la façon dont on y répond.
L'enjeu majeur autour de la santé mentale des enfants est la question du déterminisme (génétique, social, neuroscientifique, psychanalytique, etc.). Il faudrait organiser des "assises des déterminismes".
Il existe un risque performatif dans la psychiatrie de l'enfant (spécialiste de la prédiction du passé, effet Pygmalion généralisé).
Il faut miser sur l'"au-delà du déterminisme", sur la part non déterminée, sur le "hiatus" entre d'où l'on vient et ce que l'on devient.
La pratique clinique doit miser sur un devenir possible, sur une "clinique de la solution" et une "logique de la réponse" plutôt qu'une logique de la cause.
La responsabilité est liée à la réponse ; il s'agit que l'enfant puisse devenir responsable d'un devenir.
La crise de la psychiatrie est liée au malaise dans la civilisation, dans l'institution et dans les savoirs. C'est une occasion de changement vers un nouveau paradigme.
On observe un passage de la norme pour tous à chacun sa norme, voire au hors norme pour tous, impliquant une reconfiguration du champ.
La question de l'amnésie infantile et de l'accès à la souffrance dans la petite enfance doit être remise au travail.
Les nouvelles formes de fabrication des enfants reconfigurent la notion de famille.
L'inclusion de la cité et de la culture dans les lieux de soins pour enfants et adolescents est centrale (exemple de la Maison de l'Enfance et de l'Adolescence à Genève). La souffrance mentale peut être conçue comme une nouvelle allure de la vie.
"notre pratique c'est une pratique qui mise sur un devenir possible"
"une crise est toujours une occasion d'un changement"
"une conception de la souffrance mentale la souffrance psychique pourquoi pas de la maladie psychique comme une nouvelle allure de la vie"
4. Dépendance, Identité et le Rôle Ambivalent des Réseaux Sociaux (Serge Tisseron, Psychiatre et Docteur en Psychologie) :
On observe une dépendance matérielle croissante des adolescents à leur famille sur une période plus longue, couplée à une dépendance psychologique croissante aux réseaux sociaux, créant une contradiction.
La dépendance aux réseaux sociaux est liée au manque d'espaces de rencontre physiques pour les jeunes, à la recherche de popularité pour ceux en difficulté scolaire, et aux algorithmes regroupant les usagers par centres d'intérêt.
Cette contradiction peut se traduire par de nouvelles symptomatalogies :
Syndrome de Münchhausen partagé : Adolescents maltraités qui adoptent une complicité avec leurs parents dans les services de soins.
Identification pathologique via les réseaux sociaux : Adolescents prétendant avoir des symptômes (autisme, troubles bipolaires, Gilles de la Tourette) mis en avant par des youtubeurs.
Les réseaux sociaux ont des effets ambivalents sur la santé mentale (lutte contre la solitude, augmentation des amitiés existantes), mais aussi des risques.
L'éducation par les pairs en ligne (via youtubeurs et communautés) est une réalité et peut être une alternative ou un complément aux stratégies traditionnelles d'éducation à la santé mentale.
Il faut se méfier de la "prédiction qui se réalise" (dire que les ados vont mal peut contribuer à cela).
L'engagement des jeunes dans des causes diverses est un signe positif.
Un point commun à leur souffrance est une crise de confiance envers les autres et envers soi. Il est crucial de renforcer leur estime de soi.
Il faut valoriser les compétences extrascolaires, souvent ignorées par l'institution.
Les parents ont intérêt à s'intéresser aux domaines d'intérêt de leurs enfants (numérique, jeux vidéo, musique, réseaux sociaux) pour renforcer la confiance mutuelle et comprendre la nouvelle société.
"le problème n'est pas qu'ils aient cette dépendance à leur famille seulement c'est pas qu'ils aient seulement cette dépendance aux réseaux sociaux c'est que les deux sont en contradiction absolue c'est ça le problème"
"l'éducation par les pères dans PS évidemment est une alternative ou un complément aux stratégies d'éducation à la santé traditionnelle"
"toute leur souffrance à mon avis un point commun et c'est làdus que je voudrais terminer c'est que c'est c'est une crise de confi envers les autres envers soi donc je pense que si on veut faire en sorte que les choses évoluent au mieux ben il faut vraiment renforcer toutes les occasions qu'on a d'augmenter leur estime d'eux-même"
Conclusion Générale :
Les experts convergent sur la nécessité d'une approche globale et coordonnée pour faire face à la crise de la santé mentale des enfants et des adolescents.
Cela implique une meilleure compréhension des facteurs de risque et de protection (biologiques, psychologiques, sociaux), une action précoce dès la périnatalité, un renforcement des moyens de la pédopsychiatrie et des autres institutions (éducation, justice, social), une prise en compte de l'impact des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, une valorisation de l'estime de soi des jeunes, et une remise en question des déterminismes pour favoriser un devenir positif.
La prévention, sous toutes ses formes, est un enjeu majeur.
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Briefing Document : Enfant et Handicap, une Question de Société
Date : 15 mai 2024 Source : Excerpts de "ENFANCE ET HANDICAP | FEB 2022" (Transcription d'une table ronde)
Introduction :
Ce document présente un résumé des principaux thèmes et idées clés abordés lors d'une table ronde intitulée "Enfance et Handicap : une question de société".
La discussion a réuni des professionnels de divers horizons (chirurgien orthopédiste, professionnel de la petite enfance et du secteur médico-social, responsable du débat public en éthique, psychotraumatologue) ainsi qu'une élève de 5ème présentant le travail de son groupe sur le sujet.
La table ronde a exploré la complexité de la situation des enfants en situation de handicap, les défis rencontrés par les familles, les questions d'inclusion et les perspectives d'amélioration.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
1. Témoignage d'une Élève et Sensibilisation au Handicap :
Madeline, élève de 5ème, a présenté le travail de son groupe sur le thème "enfant et handicap dans la société". Leur initiative principale est l'organisation d'une semaine du handicap dans leur collège pour sensibiliser les autres élèves.
L'inclusion est perçue comme essentielle : "les inclusions c'est quand on est inclus dans notre classe de rattachement et donc il faut aussi montrer qu'on est qu'on est capable de faire pareil".
Les aménagements et le soutien financier sont jugés insuffisants : "on trouve aussi qu'il faudrait plus d'AVS et aussi qu'on devrait dépenser plus d'argent pour aménager par exemple des les trottoirs pour les fauteuils roulants".
L'éducation dès le plus jeune âge par les parents est soulignée : "c'est aussi au parents d'expliquer aux enfants tout petit ce que c'est le handicap". Le regard des autres et la peur de la différence sont des obstacles à surmonter.
2. L'Annonce du Handicap et l'Accompagnement Familial :
Pour Michel Rongier, chirurgien orthopédiste, l'annonce du handicap est une étape cruciale et doit être faite avec clarté, calme et en prenant le temps d'expliquer les possibilités de suivi et de soins.
L'annonce est comparée à un "coup de tonner" et nécessite d'aider les parents à faire le "deuil de l'enfant parfait" et à découvrir les potentialités de leur enfant.
Le regard doit se porter sur l'enfant avant son handicap : "le regard doit se porter sur l'enfant certes mais plus sur l'enfant que sur l'enfant handicapé".
Il est essentiel de prendre en charge non seulement l'enfant mais aussi les parents et la fratrie.
La différence ne doit pas être perçue comme une faute ou une punition.
L'importance d'un partenariat entre les parents et les professionnels est soulignée : "il faut qu'ils soient à côté l'un d'autre faut qu'il soit un petit peu comme des gens qui sont en partenariat on est ensemble pour s'occuper du problème".
3. La Perception Sociale du Handicap et la Notion de Normalité :
Michel Rongier rappelle que les enfants en situation de handicap sont parfois considérés comme des "anormaux" et non comme des victimes de maladies.
Il cite Georges Canguilhem pour distinguer normalité et pathologie : "l'anormalité c'est pas la maladie le normal n'est pas le contraire du pathologique le normal c'est un point statistique sur une c une courbe".
L'enfant handicapé peut retrouver un nouvel état d'équilibre.
La différence est trop souvent vue comme une anormalité, conduisant à l'exclusion et parfois à la peur de la contagion.
L'empathie, définie comme une disposition cognitive à comprendre l'autre et ses émotions, est fondamentale.
4. Les Enjeux de l'Inclusion, en Particulier pour les Tout-Petits :
Claudine Ridel, professionnelle de la petite enfance, partage son expérience de terrain et souligne l'ambition d'une société inclusive permettant à chaque enfant de trouver sa place.
La question du "comment faire concrètement" pour les tout-petits ayant des besoins spécifiques est posée.
L'inclusion concerne aussi l'entourage familial.
L'évolution du concept de handicap est retracée : inexistence/exclusion, ségrégation, intégration, inclusion.
L'intégration est définie comme l'insertion dans un système existant, nécessitant un effort d'adaptation de la part de la personne handicapée.
L'inclusion, au contraire, implique une adaptation du milieu ordinaire pour accueillir tous les enfants. "l'inclusion elle déplace la charge de la responsabilité c'est pas l'enfant qui doit s'intégrer mais c'est plutôt la structure qui doit offrir les conditions nécessaires à l'accueil de tous les enfants".
La complexité de l'individualisation dans un contexte de classes nombreuses et de moyens limités est reconnue. L'inclusion ne doit pas nécessairement s'opposer à des lieux d'accueil spécialisés pour des besoins spécifiques.
Les bénéfices de l'inclusion pour les enfants (ordinaires et en situation de handicap) sont mis en avant : acquisition d'ouverture, acceptation de la différence, développement de l'empathie, amélioration de la communication et de l'autonomie.
Des freins à l'inclusion persistent : manque de moyens, manque d'AVS/AESH, difficultés pour les enfants polyhandicapés et ceux ayant des troubles du comportement sévères.
Des initiatives positives existent, comme le bonus handicap de la CAF pour les structures petite enfance inclusives.
5. La Question de la Différence et de l'Identité :
Sébastien Cless, responsable du débat public en éthique, aborde la question de la différence d'un point de vue philosophique, en lien avec l'enfance.
L'enfant apporte du nouveau au monde, notamment par un "qui suis-je".
Les personnes en situation de handicap sont souvent cantonnées au rôle de témoin et non reconnues comme des acteurs de la réflexion.
La perception de la différence a évolué au cours de l'histoire (non-différence, indifférence, discrimination).
La différence peut être à la fois une source de discrimination et une opportunité de construire un monde commun.
La capacité à "se nommer" et à agir est essentielle pour l'inclusion.
Un témoignage poignant d'une élève (Lou) illustre le manque d'autonomie et de reconnaissance parfois vécu. l'"aesh fait à ma place sans même me demander l'autorisation".
La question de la fin de l'enfance pour les personnes en situation de handicap est posée, notamment en lien avec l'autodétermination et la minorité.
L'importance d'inclure l'ensemble de la communauté éducative dans l'accueil et l'accompagnement est soulignée.
Une logique de "non-exclusion" plutôt que d'"inclusion" à marche forcée est proposée, en adaptant l'environnement aux spécificités de chacun.
Le maintien de structures spécialisées pour certains besoins est également jugé important.
6. La Situation des Handicaps Graves et le Polyhandicap :
La situation particulièrement difficile des enfants polyhandicapés est soulignée par la modératrice, notamment en termes d'inclusion scolaire et de perception sociale.
Claudine Ridel confirme la difficulté de trouver des lieux d'accueil et d'accompagnement adaptés après 3 ans pour ces enfants, ainsi que le manque de répit pour les parents.
Le rôle essentiel des structures médico-sociales pour ces enfants est rappelé.
Dominique Mastelli, psychotraumatologue, évoque un décalage dans le système, où le manque de places dans certaines structures conduit à une inadéquation des prises en charge.
Le manque de reconnaissance et d'évaluation sociale dans les MDPH est également pointé.
Le groupe Polyhandicap France a alerté sur le manque de moyens pendant la crise sanitaire.
Michel Rongier insiste sur l'épuisement des parents d'enfants avec des handicaps lourds et sur le déchirement du placement.
Il critique les positions extrêmes prônant la fermeture de tous les centres spécialisés. Il souligne le manque de réponse de l'État aux alertes concernant les besoins spécifiques de ces enfants pendant la pandémie.
7. Les Défis pour l'Autonomisation des Adultes Handicapés :
Une question du public soulève la problématique de l'autonomisation des adultes handicapés qui conservent des besoins importants similaires à ceux de l'enfance, alors que de nombreuses structures s'arrêtent à 18 ans.
Michel Rongier reconnaît ce problème et insiste sur la nécessité d'une continuité de la prise en charge au-delà de l'âge civil.
Dominique Mastelli évoque l'existence de structures pour adultes (ESAT, MAS) mais souligne les difficultés financières et les limites de l'amendement Creton, qui maintient certains jeunes majeurs dans des structures pour enfants, bloquant ainsi l'accès pour les plus jeunes. Il insiste sur la complexité des situations et les délais d'instruction des dossiers MDPH.
Conclusion et Perspectives :
La table ronde met en lumière la complexité de la question de l'enfance et du handicap, soulignant les progrès réalisés mais aussi les nombreux défis qui subsistent.
L'inclusion est un objectif largement partagé, mais sa mise en œuvre concrète se heurte à des obstacles multiples : manque de moyens humains et financiers, complexité administrative, manque de formation adaptée, préjugés sociaux et difficultés spécifiques pour certains types de handicap (polyhandicap, troubles du comportement sévères).
Les intervenants insistent sur la nécessité d'une approche individualisée, d'une meilleure coordination entre les différents acteurs, d'une prise en compte globale des besoins de l'enfant et de sa famille, et d'une évolution des mentalités vers une véritable acceptation de la différence.
La question des ressources est cruciale, mais une meilleure répartition et une réorientation des efforts vers la qualité de l'accompagnement sont également essentielles.
Le respect des lois existantes et une meilleure évaluation des besoins sont des pistes d'amélioration concrètes.
La question de savoir si un doublement des efforts suffirait à résoudre les problèmes reste ouverte, mais la nécessité d'une action continue et d'une réflexion approfondie sur les besoins spécifiques de chaque enfant en situation de handicap est indéniable.
Les besoins ne sont jamais complètement finis, mais des progrès significatifs peuvent être réalisés en améliorant la qualité et l'accessibilité des dispositifs existants.
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Briefing Document : Éducation à la Sexualité en France
Source : Excerpts de "Texte collé" (Transcription d'un webinaire)
Date du document : Inconnu (le webinaire semble être postérieur au 3 février 2024, date de publication du programme d'éducation à la sexualité)
Objectif du document : Analyser les principaux thèmes, idées et faits saillants concernant l'éducation à la sexualité en France, tels qu'exprimés par les intervenants du webinaire.
Intervenants principaux :
- Marc Pelletier : (Fonction non explicitement mentionnée, mais semble être impliqué dans l'élaboration des programmes d'éducation à la sexualité au niveau national - probablement au Conseil Supérieur des Programmes).
- Sarah Durocher : Représentante du Planning Familial.
- Adeline Gouttenoire : Animatrice du webinaire.
- Samira Meguellati : (Rôle non explicitement mentionné, pose des questions).
Thèmes Principaux et Idées Clés :
1. Contexte et Nécessité de l'Éducation à la Sexualité :
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Obligation légale : L'éducation à la sexualité est une éducation obligatoire en France, inscrite par le législateur. ("le législateur a choisi de l'inscrire parmi les éducations obligatoires." - 00:04:17-00:04:19).
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Évolution sociétale : La prise de conscience et l'importance accordée à cette question ont grandi avec l'évolution de la société, notamment l'autonomie croissante de la jeunesse, l'évolution des modes de socialisation, l'importance des médias et l'évolution des droits, en particulier les droits des femmes. ("à mesure que la jeunesse est devenue un peu plus autonome, que les modalités de socialisation de la jeunesse ont également évolué... les médias sont devenus progressivement plus importants à mesure également que la société se transformait, notamment à travers l'évolution des droits et notamment des droits des femmes.
Et bien de nouvelles questions sont apparues et progressivement, on a eu une attention...” - 00:04:37-00:05:08).
-
Réponse aux enjeux actuels : L'éducation à la sexualité est essentielle pour répondre aux questions que se posent les jeunes aujourd'hui dans la société. ("très directement finalement aux questions qui se posent aujourd'hui dans la société." - 00:11:16-00:11:21).
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Lutte contre la désinformation : Il existe de nombreuses idées reçues et une désinformation importante concernant la sexualité, rendant l'éducation cruciale. (Sarah Durocher souligne la désinformation autour du Planning Familial - 00:12:39-00:12:41).
2. Évolution du Concept : De l'Information Sexuelle à l'Éducation à la Sexualité :
- Élargissement du champ : L'approche a évolué d'une simple information biologique (corps humain, procréation) vers une éducation plus holistique intégrant des dimensions psychologiques (respect de soi, intimité), affectives, sociales (égalité fille-garçon, prévention des violences, droits).
("Ce n'est que progressivement dans les années 70 80 90, que cette information s'est élargie et progressivement devenue une éducation à la sexualité, c'est-à-dire comme lorsqu'on passe d'une information sexuelle à une éducation à la sexualité, on aborde de nouvelles dimensions au champ biologique... on ajoute des dimensions psychologiques... affectives... sociales...” - 00:06:11-00:06:55).
- Valeurs fondamentales : L'éducation à la sexualité est centrée autour de la tolérance, la liberté, le respect de soi et d'autrui, et vise à aider les élèves à adopter des attitudes responsables.
("et qui est d'emblée, d'ailleurs, dès les années 90, qui est centrée autour de la tolérance, la liberté, le respect de soi et d'autrui et d'aider les individus, les élèves à s'intégrer finalement dans à adopter des attitudes responsables en termes individuels, familiales et sociales." - 00:07:09-00:07:27).
3. Le Nouveau Programme d'Éducation à la Sexualité :
-
Impulsion législative : La loi de 2001 relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception a marqué une étape importante en étant déclinée dans le code de l'éducation, rendant l'éducation à la sexualité obligatoire à l'école.
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Élaboration du programme : Un nouveau programme a été élaboré par le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) suite à une lettre de saisine de 2023.
Un groupe d'experts a été constitué de manière transparente.
-
Objectifs principaux de la lettre de saisine :Attention particulière au premier degré.
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Articulation avec les trois piliers de l'éducation à la sexualité
- dimensions biologiques,
- socio-culturelles et
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psycho-affectives).
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Inscription dans le cadre du développement des compétences psycho-sociales des élèves.
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Adoption et publication : Le programme a été adopté en janvier 2024 et publié le 3 février 2024, à la demande de la ministre.
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Réponse aux besoins essentiels : Le programme vise à répondre aux besoins actuels des jeunes en matière de relations, de respect, de bien-être et de prévention des violences.
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Structure autour de trois questions :
Le programme s'articule autour de trois grandes questions :
- Comment devenir soi ?
- Comment rencontrer les autres ?
- Comment trouver sa place dans la société ?
4. Mise en Œuvre et Intervenants :
- Distinction premier et second degré : Le terme "sexualité" n'apparaît explicitement dans le programme qu'à partir de la classe de quatrième.
Au premier degré, on parle d'éducation à la vie affective et relationnelle.
-
Rôle des enseignants : Les enseignants sont les premiers acteurs de cette éducation, en lien avec les valeurs de l'école.
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Rôle des intervenants extérieurs (associations agréées) : Des associations comme le Planning Familial, agréées par l'Éducation Nationale, interviennent depuis des décennies et sont un complément important.
Elles sont formées et ont une expertise spécifique. ("le planning familial, c'est une association féministe d'éducation populaire qui va bientôt avoir 70 ans... on intervient aussi... dans le cadre scolaire ou ça fait des décennies maintenant. Et on a un agrément pour ça...” - 00:12:31-00:13:16).
-
Formation des intervenants : Les intervenants des associations agréées sont formés sur les questions de sexualité, de consentement, de lutte contre les discriminations, etc. Certains ont des formations spécifiques comme le conseil conjugal et familial (diplôme d'état).
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Respect de la parole et neutralité : Les interventions doivent garantir un climat de confiance, une position neutre et bienveillante, respecter la parole de chacun et favoriser les échanges sans imposer de vues personnelles.
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Information aux parents : Les parents doivent être informés des projets et des contenus abordés dans le cadre de l'éducation à la vie affective et relationnelle. Les établissements sont encouragés à présenter les projets aux parents lors de réunions.
5. Réponses aux Questions et Préoccupations :
- Droit des parents : L'éducation à la sexualité est obligatoire. Une absence ponctuelle pour des motifs philosophiques ou religieux peut être signalée, mais ne constitue pas un droit de retrait général.
Il est important de dialoguer avec l'établissement. ("L'instruction est obligatoire, l'éducation à la sexualité est une de ses composantes.
Donc, il n'y a pas de possibilité de se soustraire à cet enseignement." - 00:57:21-00:57:34).
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Formation des enseignants : Un vaste programme de formation est mis en place au niveau national et académique pour accompagner la mise en œuvre du nouveau programme. Des ressources pédagogiques seront mises à disposition.
-
Notion de consentement et d'intimité : Le consentement est abordé dès le plus jeune âge comme le fait de demander l'autorisation avant de faire quelque chose à quelqu'un.
L'intimité est la sphère privée de chacun, qu'il faut respecter dès l'enfance.
- Impact sur la violence sexuelle : L'éducation à la sexualité vise à prévenir les violences en informant sur le consentement, le respect, l'égalité et les droits.
Elle ne supprimera pas la violence à elle seule, mais contribue à une société plus informée et respectueuse.
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Perception du programme : Il existe des perceptions diverses, avec des parents inquiets et d'autres qui y voient une nécessité pour la protection et l'information des enfants. Il est crucial de lire le programme et de dialoguer.
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"Théorie du genre" : L'ancienne ministre de l'Éducation Nationale a affirmé que la théorie du genre n'existait pas et n'était pas présente dans les programmes.
Conclusion :
- Le webinaire met en lumière l'importance et l'évolution de l'éducation à la sexualité en France, désormais encadrée par un nouveau programme national.
Les intervenants insistent sur la nécessité de cette éducation pour répondre aux enjeux sociétaux, lutter contre la désinformation et prévenir les violences.
Ils soulignent le rôle complémentaire des enseignants et des associations agréées, ainsi que l'importance de la formation des professionnels et de l'information aux parents.
Malgré certaines inquiétudes, le programme vise à instaurer un cadre clair et respectueux des valeurs de la République, en adaptant les contenus à l'âge des élèves et en favorisant le dialogue.
-
webinaire organisé par la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d'Élèves) intitulé « Evars : halte aux idées reçues », portant sur le nouveau programme d'éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité (EVARS) qui entrera en application en septembre 2025 de la maternelle au lycée.
L'objectif principal de cet événement était de clarifier les fondements, les objectifs et les modalités de cet enseignement, en présence de représentants du Ministère de l'Éducation nationale et du Planning familial, afin de répondre aux interrogations des parents et de dissiper les malentendus concernant ce programme obligatoire.
Les discussions ont abordé l'importance d'une approche progressive et adaptée à l'âge des élèves, le rôle des intervenants, l'information et l'implication des parents, ainsi que les ressources pédagogiques mises à disposition.
- 0:03:700 - 0:09:460 : Bienvenue au webinaire "Halte aux idées reçues" consacré à l'éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité.
- 0:10:520 - 0:17:100 : Introduction par Aline n, secrétaire générale adjointe de la FCPE nationale, qui ouvre le webinaire sur l'éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité.
- 0:17:31:460 - 0:18:820 : Évocation des questions qui arrivent très tôt et de la question de la pornographie comme source d'information chez les jeunes, soulignant l'existence d'une loi de 2001 permettant d'aborder ces sujets.
- 0:20:30:190 - 0:20:41:930 : Présentation de points de convergence dégagés au printemps 2023 pour renforcer l'effectivité des séances d'éducation à la vie affective et sexuelle.
- 0:23:10:820 - 0:24:660 : Information sur la saisine du Conseil Supérieur des Programmes en juin 2023 et la constitution transparente d'un groupe d'experts face aux incertitudes et informations erronées.
- 0:25:40:420 - 0:25:47:600 : Insistance sur le fait que le programme répond à des besoins essentiels et que les programmes d'enseignement sont contextualisés à une époque.
- 0:26:21:960 - 0:26:37:130 : Présentation des finalités du programme : prévention et lutte contre les violences sexistes et sexuelles (un enfant victime d'agression sexuelle toutes les trois minutes) et contre le harcèlement à l'école.
- 0:27:38:740 - 0:27:50:440 : Annonce de la présentation de l'organisation progressive du programme entre le premier et le second degré.
- 0:28:58:180 - 0:29:08:630 : Affirmation de l'inscription des intervenants agréés dans ce programme et de leur audition avec d'autres acteurs.
- 0:29:42:660 - 0:30:23:290 : Mention des stéréotypes de genre et de la continuité du travail des associations dans ce programme, soulignant que ce programme est un compromis, une première pierre importante et historique, attendu depuis longtemps.
- 0:30:57:710 - 0:31:10:650 : Explication que le programme met un cadre et évite la désinformation, en s'appuyant sur des associations agréées et des professionnels formés.
- 0:31:59:930 - 0:32:12:850 : Mention d'exemples de jeunes formés qui informent d'autres jeunes, soulignant la volonté des jeunes d'avoir cette éducation.
- 0:34:45:220 - 0:35:13:250 : Conclusion d'une partie et annonce d'une pause pour répondre aux premières questions sur le chat, notamment concernant la formation des intervenants.
- 0:35:35:600 - 0:35:55:670 : Questions sur la formation des intervenants (comment, durée) et sur la possibilité d'avoir plus de trois interventions obligatoires par an.
- 0:35:56:290 - 0:37:19:590 : Réponse distinguant le premier et le second degré, précisant que le terme "sexualité" n'apparaît dans le programme qu'à partir de la classe de quatrième, visant une éducation progressive et adaptée à l'âge des enfants.
- 0:38:54:450 - 0:42:08:200 : Précisions sur le fait que dans le premier degré, les séances sont menées par les professeurs, éventuellement avec des personnels sociaux et de santé, et que dans le second degré, cela peut se faire avec le personnel de l'éducation et potentiellement une association agréée, le tout étant écrit et rappelé aux équipes.
- 0:43:14:710 - 0:44:33:680 : Détails sur la mise en œuvre des séances, reposant sur le projet d'établissement, avec des principes éthiques et pédagogiques précis (climat de confiance, neutralité, respect de la parole, favoriser les échanges sans imposer ses propres réponses, distinguer le public du privé).
- 0:44:54:780 - 0:47:14:960 : Modalités de mise en place dans le premier degré (initiative des établissements), obligation dans les établissements publics et privés sous contrat, présentation des projets aux parents, explication des thèmes abordés progressivement.
- 0:47:57:980 - 0:48:34:990 : Explication qu'il n'est pas prévu d'annoncer spécifiquement chaque séance, mais plutôt d'informer dans l'année du contenu général, avec un besoin de pédagogie et de communication.
- 0:50:32:940 - 0:51:06:640 : Information sur la formation des intervenants par les associations (y compris une formation au conseil conjugal et familial) et sur leur expérience quotidienne.
- 0:51:36:300 - 0:52:40:840 : Témoignage sur l'étonnement face à la parole des jeunes et aux questions posées, et sur l'approche des intervenants qui utilisent des outils pour l'échange et recadrent les propos inacceptables (transphobes, homophobes, sexistes).
- 0:52:56:160 - 0:53:41:750 : Insistance sur l'importance de réaliser les trois séances annuelles obligatoires, rappelant que peu de jeunes ont actuellement cette éducation, et rassurant sur le fait qu'on part des questions des jeunes et qu'on ne parle pas de sexualité avant tard.
- 0:55:28:540 - 0:57:30:680 : Contexte du webinaire pour expliquer que l'éducation à la vie affective et sexuelle n'est pas nouvelle mais est désormais inscrite dans la loi de manière plus claire, et qu'il y a un bon espoir que le programme améliore l'effectivité de ces séances obligatoires.
- 0:57:30:680 - 0:59:32:760 : Clarification sur l'application du programme, insistance sur le dialogue et la transparence, l'accès libre aux supports pédagogiques, et rappel historique de l'existence de cette éducation depuis les années 70, rendue obligatoire au début des années 2000.
- 0:59:49:800 - 1:01:24:470 : Information sur la nécessité d'une formation spécifique renforcée, l'existence de personnes formées et de référents académiques, et le lancement d'un vaste programme de formation nationale décliné dans les académies, avec la création de ressources pédagogiques consultables par tous, réaffirmant que le terme "sexualité" n'intervient qu'en quatrième.
- 1:01:31:000 - 1:02:41:080 : Transition vers les aspects pratiques de la mise en place, rappelant l'importance de l'éducation à la sexualité et les rôles des intervenants et des associations.
- 1:03:18:050 - 1:03:53:120 : Présentation des trois questions structurant les apprentissages : comment se connaître, vivre et grandir ? Comment rencontrer les autres, construire des relations respectueuses et s'épanouir ? Comment trouver sa place dans la société, être libre et responsable ?.
- 1:05:07:370 - 1:05:30:450 : Soulignement du principe de construire un parcours sur l'année avec des séances complémentaires, et de l'adaptation des thèmes selon les milieux.
- 1:05:52:190 - 1:07:23:420 : Présentation de la structure du programme pour l'école maternelle, organisé autour des trois questions, avec des items très simples et adaptés à l'âge pour connaître son corps, exprimer ses émotions, etc..
- 1:07:42:340 - 1:09:24:590 : Explication que les supports pédagogiques pour la maternelle sont proches des pratiques enseignantes, avec des activités simples pour aborder des questions précoces, et que tout est progressif jusqu'au collège, où la sexualité est abordée plus tardivement.
- 1:09:46:820 - 1:11:31:480 : Réaffirmation de la progressivité et de l'adaptation à l'âge, avec l'exemple de la maternelle, explication de l'organisation des séances (en équipe dans le premier degré, parcours imaginé avec des séances de deux heures privilégiées dans le second degré pour favoriser l'échange).
- 1:11:36:940 - 1:12:47:990 : Rappel de la présence de l'enseignant lors des interventions, des principes éthiques et pédagogiques (confiance, expression, échanges à partir des questions des élèves).
- 1:14:27:540 - 1:17:26:010 : Insistance sur le travail des associations et des équipes pédagogiques depuis des décennies, leur adaptation aux évolutions (comme les réseaux sociaux), et le rôle des espaces créés pour échanger et informer les jeunes.
- 1:21:07:920 - 1:25:40:370 : Début de la session de questions-réponses, avec une question sur la notion de consentement, son explication et l'âge auquel elle est abordée (dès la maternelle de manière adaptée avec des scènes simples sur l'intimité et le respect du corps).
- 1:25:40:370 - 1:27:02:890 : Réaffirmation de l'importance de connaître son corps et de nommer les parties, du respect du programme adapté aux âges, et de la prise en compte des difficultés éventuelles.
- 1:27:31:870 - 1:28:27:130 : Précision sur la possibilité de poser des questions individuelles en dehors du cadre collectif et sur l'opportunité d'avoir un temps d'échange avec un personnel de santé (infirmier/ère).
- 1:29:07:730 - 1:30:38:470 : Information sur le vaste programme d'accompagnement et de formation (national et académique) en s'appuyant sur les formateurs existants, et sur la mise à disposition de ressources pour le grand public (site de la FCPE nationale) et les professionnels (site Educasol).
- 1:30:56:210 - 1:32:42:540 : Rappel de la possibilité pour les parents de demander des informations et d'être accompagnés, et de l'existence de foire aux questions et de contacts pour obtenir des réponses.
- 1:32:48:120 - 1:35:34:900 : Constat du besoin de rassurer les parents et question sur la manière dont l'EVARS va supprimer la violence sexuelle, avec une réponse soulignant que cela fait partie d'un ensemble d'actions (prévention, repérage des violences, information).
- 1:35:34:900 - 1:37:35:480 : Explication que l'EVARS permet le repérage systématique des violences, informe sur la définition de la violence, et aborde des sujets importants comme les violences conjugales, le consentement et le harcèlement dès les premières relations.
- 1:37:35:480 - 1:39:42:160 : Importance d'aborder la question de la pornographie comme source d'information chez les jeunes et de pouvoir répondre à leurs questions et les rassurer, ainsi que de développer l'esprit critique face aux informations en ligne et d'identifier les lieux ressources.
- 1:40:48:460 - 1:42:22:580 : Présentation de l'EVARS comme un levier essentiel pour former les citoyens de demain, avec un parallèle avec les séances d'empathie qui ont montré des résultats positifs sur l'apaisement et le respect d'autrui.
- 1:44:48:050 - 1:45:28:810 : Rappel que l'EVARS n'est pas un enseignement ordinaire et met en place des dispositifs pédagogiques favorisant l'échange, la réflexion et l'esprit critique.
- 1:45:29:810 - 1:47:23:900 : Détails sur les outils d'éducation populaire utilisés (boîtes à questions, jeux, discussions en cercle sans table) pour favoriser l'échange bienveillant et non stigmatisant, adaptés à l'âge des participants (lectures pour les plus jeunes).
- 1:49:07:690 - 1:49:17:190 : Insistance sur l'explication du cadre dès le départ des interventions, ce qui permet généralement un bon déroulement.
- 1:49:20:320 - 1:51:26:740 : Conclusion du webinaire, rappelant l'importance de l'EVARS, son caractère évolutif, et remerciements aux intervenants et aux participants.
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chronologie détaillée et la liste des personnages principaux mentionnés dans la source :
Chronologie des événements principaux :
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Années 70-90 : Progressivement, l'information sur la reproduction et la physiologie s'élargit pour devenir une éducation à la sexualité, intégrant des dimensions psychologiques (respect de soi, intimité), affectives et sociales (égalité fille-garçon, prévention des violences, droits des personnes).
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Années 80-90 : On passe véritablement à une éducation à la sexualité centrée sur la tolérance, la liberté, le respect de soi et d'autrui, et l'adoption d'attitudes responsables.
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2001 : La loi relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception prévoit l'éducation à la sexualité comme une obligation dans le cadre scolaire. Cette loi est déclinée dans le code de l'éducation, rendant l'éducation à la sexualité obligatoire à l'école.
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Depuis 2001 : Le Planning Familial attend la pleine application de la loi de 2001 et continue d'intervenir en milieu scolaire depuis des décennies, fort d'un agrément.
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Juin 2023 : Le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) est saisi pour élaborer un programme d'éducation à la sexualité.
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Fin janvier 2025 : Le projet de programme d'éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité est adopté par le CSP.
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3 février 2025 : Le programme est publié suite à la demande de la ministre.
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Période suivant la publication : Mise en place d'un vaste programme d'accompagnement et de formation des professionnels au niveau national et académique. Création de ressources pédagogiques mises à disposition des professionnels (et potentiellement consultables par tous).
Cast des personnages principaux et leurs brèves bios : * Marc Pelletier : Un des intervenants de la discussion ("bi" mentionné au début), prenant la parole en premier pour répondre à la question de l'évolution de l'éducation à la sexualité et de son caractère éducatif. Il semble être un expert ou une figure institutionnelle impliquée dans les questions d'éducation.
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Sarah Durocher : La deuxième intervenante à prendre la parole. Elle représente le Planning Familial et apporte le point de vue d'une association de terrain impliquée depuis longtemps dans l'éducation à la sexualité. Elle a 15 ans d'expérience d'intervention au sein du Planning Familial.
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Adeline : L'animatrice ou la modératrice de la discussion ("bi"). Elle introduit les intervenants, pose les questions et gère le déroulement de l'échange.
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Samira : Une personne posant des questions lors de la discussion, notamment sur la formation des intervenants, le consentement et l'intimité. Elle semble relayer des préoccupations du public.
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La Ministre (mentionnée) : La ministre ayant demandé la publication du programme d'éducation à la sexualité le 3 février. Bien que non nommée, elle représente le niveau gouvernemental ayant validé et rendu public le programme.
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Ancienne Ministre de l'Éducation Nationale (mentionnée) : A déclaré que la "théorie du genre" n'existait pas et n'était pas présente dans les programmes. Cette mention vise à rassurer sur le contenu de l'éducation à la sexualité.
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Briefing Document : "L'École dans et avec la nature"
Sources : Excerpts de la conférence "L'École dans et avec la nature" dans le cadre des "Mercredis des Savoirs",
avec les interventions de
- Christine Boutevin,
- Céline Serva (CEMEA),
- Corine Martel (IEN),
- Sylvain Vagnon (Faculté d'éducation), et
- Laurent Gautier (Association nationale des CEMEA).
Date de la conférence : Non spécifiée précisément, mais présentée comme la deuxième conférence des "Mercredis des Savoirs".
Thème central : L'importance et les enjeux de l'éducation dans et avec la nature, abordée sous un angle historique, théorique, pratique et prospectif.
Intervenants et leurs rôles :
- Christine Boutevin : Chargée de mission pour les "Mercredis des Savoirs", elle introduit la conférence et souligne l'intérêt actuel et structurel du thème.
- Céline Serva (CMEA) : Présente le déroulement de la soirée et met en avant le partenariat avec les CMEA (Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active). Elle souligne l'objectif de retracer l'histoire de l'école du dehors, de faire des liens avec la formation citoyenne et d'expliciter les enjeux de l'éducation avec la nature pour la compréhension du monde.
- Corine Martel (IEN) : IEN chargée de mission "Science et éducation à l'environnement et au développement durable", elle présente la mise en contexte de l'école dehors à travers des initiatives concrètes, son lien avec les programmes scolaires et les enjeux actuels (biodiversité, réchauffement climatique, inégalités).
- Sylvain Vagnon (Faculté d'éducation) : Professeur des universités en Sciences de l'éducation, il aborde le sujet sous un angle socio-historique, retraçant l'histoire de l'école dehors, ses fondements pédagogiques (éducation nouvelle) et soulève des défis et critiques.
- Laurent Gautier (Association nationale des CMEA) : Responsable du secteur école aux CMEA, il élargit la perspective à l'éducation dehors au sens large (périscolaire, rue, ville), met en avant la complémentarité des acteurs éducatifs et le lien avec les classes de découverte, et présente des ressources des CMEA.
- Principaux Thèmes et Idées Clés :
1. Mise en perspective historique de l'école dehors (Sylvain Vagnon) :
- Les écoles de plein air (années 20-30) : Nées dans un contexte hygiéniste et sanitaire pour purifier l'air et lutter contre les maladies infantiles. L'école de Suresnes est citée comme prototype.
- Citation : "c'est ces écoles et je vous ai mis évidemment celle de Suren qui est une école extrêmement importante hein parce que justement elle sera un prototype hein de ces écoles de plein air".
- Les initiatives espagnoles (années 30) : Une vision de l'école dehors en lien avec l'environnement local, comme l'école de la mer à Barcelone, visant à connecter les enfants à leur environnement et aux activités de leurs parents.
- L'éducation nouvelle (fin 19e - début 20e) : Mouvement pédagogique fondamental avec des figures comme Montessori, Decroly, Freinet, qui prônent une éducation active, concrète et en phase avec l'environnement de l'enfant.
- Citation d'Adolphe Ferrière : "l'enfant aime la nature on le parca dans les salles closes". Cette citation illustre la critique de l'éducation traditionnelle par l'éducation nouvelle.
- La classe promenade : Utilisée notamment par Freinet, elle permet de sortir de la salle de classe pour observer le monde et la nature, puis de revenir en classe pour travailler sur ces observations.
- Citation de Freinet : "La classe promenade fut pour moi la planche de salut". Il décrit l'importance de ces sorties pour l'apprentissage direct et sensoriel.
- Concepts clés de l'éducation nouvelle liés à l'école dehors : Éducation intégrale (tête, mains, cœur), prise en compte des besoins et intérêts de l'enfant, autonomie, singularité, pensée de l'individu comme être social, révolution copernicienne (enfant au centre), relation équilibrée avec les êtres vivants.
2. Défis et critiques de l'école dehors (Sylvain Vagnon) :
Risque d'une nature idéalisée ou mythifiée.
Écueil de pratiques simplement transférées de l'intérieur vers l'extérieur sans adaptation pédagogique. Intention louable mais nécessité de pérennisation et de clarification pédagogique.
Critique d'une "fantaisie petite bourgeoise" et risque de boboïsation de l'éducation par l'école dehors, soulevant la question de l'égalité d'accès. Nécessité de penser l'école dehors de la maternelle à l'université.
3. Mise en contexte actuelle et initiatives concrètes (Corine Martel) :
- Liens avec les enjeux actuels : Préservation de la biodiversité, réchauffement climatique, et nécessité d'une vision systémique dès le plus jeune âge.
- Repenser le futur : Face au pessimisme des jeunes, l'éducation dehors peut offrir des perspectives et un pouvoir d'action.
- Objectifs de Développement Durable (ODD) : Cadre pour penser l'éducation future (qualité pour tous, lutte contre les inégalités, biodiversité, climat).
- Parcours de l'élève (maternelle à université) : Nécessité d'égalité et d'équité d'accès aux ressources, quelle que soit la localisation géographique.
- Égalité filles-garçons et inclusion : Exemples concrets d'activités (jardinage) permettant de travailler les compétences de manière transversale et d'inclure les élèves à besoins particuliers (handicap moteur, troubles de l'attention, TSA).
- Dispositifs institutionnels :Aires Terrestres Éducatives (ATE), Marines Éducatives (AME), Fluviales Éducatives (AFE) : Projets concrets de gestion de sites naturels par les élèves, en lien avec les collectivités et l'OFB. Objectif de 720 ATE d'ici 2030 dans l'académie.
- Labilisation des établissements E3D (Établissement en Démarche de Développement Durable) : Formation des éco-délégués (cycle 3 à lycée), basée sur les 20 mesures pour la transition écologique à l'école.
- Instances de participation : Conseils de vie collégienne/lycéenne (CVC/CVL), CESCE (Comité d'éducation à la santé, à la citoyenneté et à l'environnement).
- Parcours santé : Activité physique quotidienne (APQ), lutte contre l'obésité, renforcement du système immunitaire, développement des compétences psychosociales (coopération, entraide, respect du vivant).
- Apprentissages disciplinaires concrets : L'école dehors permet d'expérimenter, d'analyser et de comprendre de manière active les notions (ex: érosion des sols, cycle de l'eau).
- Pédagogie de projet : L'exemple du jardin scolaire comme lieu d'apprentissage transversal (maths, français, sciences, coopération, alimentation, littérature de jeunesse).
- Exemples concrets d'activités à différents niveaux : Classe dehors en maternelle, étude du paysage en élémentaire (sol, géologie, histoire), énergies renouvelables au collège, formation continue des professeurs.
4. Éduquer dehors au sens large et complémentarité des acteurs (Laurent Gautier) :
- Éduquer dehors vs. École dans la nature : Le "dehors" ne se limite pas à la nature (cour d'école, rue, ville).
- Villes à hauteur d'enfants : Nécessité de repenser les espaces urbains pour qu'ils soient aussi des lieux éducatifs pour les enfants.
- Prise de risque : Élément important de l'éducation, à intégrer dans un cadre sécurisé.
- Terrains d'aventure : Espaces éducatifs extérieurs (parfois en milieu urbain) où les enfants peuvent expérimenter, construire et prendre des risques.
- Complémentarité des acteurs éducatifs : Enseignants, ATSEM, AED, animateurs périscolaires, parents. Importance de changer la nature des rapports lors des activités extérieures.
- Continuité éducative : De la crèche (crèches du dehors) à l'université.
- Lien entre École dehors et Classes de découverte : Non-opposition, mais complémentarité et possibilité de passer de l'une à l'autre.
- Ressources CEMEA : Revue "Éduquer dehors ou éduquer au dehors", dossier numérique gratuit sur Yakaméia (activités, jeux, vidéos, témoignages), podcasts "Éduquer dehors ça s'accompagne".
- Rencontres internationales de la classe dehors : Prochaines rencontres à Marseille (14-17 mai), lieu d'échange et de mutualisation pour tous les acteurs.
5. Éléments Soulevés lors des Questions/Réponses :
- Partenariat avec le monde de l'éducation à l'environnement (CPIE) : Importance de créer des réseaux territoriaux pour avancer ensemble (éducation nationale, recherche, collectivités, associations). De nombreuses collaborations et démarches participatives existent déjà.
- Formation des enseignants et des acteurs de terrain : Mise en place de formations académiques et de circonscription, développement de ressources (Magistère Canopé, repères de progression Eduscol), verdissement progressif des programmes. Nécessité de penser des séquences d'apprentissage sur le long terme, en équipe.
- Volonté politique : Un projet éducatif est lié à un projet de société. Une ambition et une volonté politique sont nécessaires pour soutenir et développer l'éducation dehors.
- Gestion de l'imprévu : Savoir saisir les opportunités d'apprentissage offertes par les événements inattendus lors des sorties.
- Conception d'outils pour l'école dehors : Des ouvrages et des outils pratiques existent déjà, mais la réflexion continue.
- Engagement des lycées : Les éco-délégués, les maisons des lycéens sont des acteurs importants. Mise en place d'initiatives concrètes (sentiers de la biodiversité). Valorisation à travers le prix de l'action éco-délégué. Formation spécifique des éco-délégués. Les 20 mesures gouvernementales pour la transition écologique visent une labellisation E3D à 100% d'ici 2030.
Conclusion :
- La conférence "L'École dans et avec la nature" a mis en lumière la richesse et la profondeur de ce concept éducatif.
Ancré dans une histoire pédagogique riche, répondant aux enjeux environnementaux et sociétaux actuels, l'école dehors se présente comme une approche pertinente et nécessaire.
Elle nécessite cependant une réflexion pédagogique approfondie, une formation adéquate des acteurs, une volonté politique forte et un développement de partenariats solides pour garantir son égalité d'accès et sa pérennisation au sein du système éducatif.
L'élan actuel, renforcé par des initiatives concrètes et des réseaux d'acteurs engagés, ouvre des perspectives prometteuses pour l'avenir de l'éducation.
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Note de Briefing : "Comment faire école à celles et ceux qui n'y sont pas ?" - Présentation d'Antoine Gentil Date : 24 mai 2024 (basé sur la mention de la date de sortie de l'essai)
Source : Transcription d'une conférence de Christine Boutevin et Antoine Gentil à la faculté d'éducation, introduisant la problématique de la rescolarisation des jeunes décrocheurs et présentant le dispositif "Starter" et l'ouvrage "Classe réparatoire : un chemin pour se réconcilier avec l'école".
Public Cible : Acteurs et futurs acteurs de l'éducation, professionnels intéressés par la problématique du décrochage scolaire et les approches alternatives.
Thèmes Principaux :
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La question centrale : Comment faire école à celles et ceux qui n'y sont plus ? Cette question est le fil conducteur de la conférence et interroge les pratiques éducatives traditionnelles face aux jeunes en rupture avec le système scolaire.
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Nécessité de se décaler d'une "école de la performance" vers une "école de la reconnaissance des individualités" et du respect des droits de l'enfant. Antoine Gentil souligne la pression de la performance et propose une approche centrée sur la reconnaissance des singularités et le respect de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant.
Il pose la question : "comment se décaler d'une d'une école de la performance qui envahit les discours de façon relativement obsessionnelle [...] pour penser une école de la reconnaissance des individualités ?"
- Importance d'une approche systémique, territoriale et multipartenariale de la scolarité et de la prévention. L'intégration de la scolarité dans un réseau de partenaires et la prise en compte de l'enfant dans son écosystème familial et social sont présentées comme essentielles.
"Comment inscrire la scolarité dans un système de prévention intégré aux institutions territorialisées multipartenariales ?"
- Considération des vulnérabilités psychosociales, en particulier des enfants relevant de la protection de l'enfance.
La conférence met en lumière les spécificités des enfants victimes d'abandon, de violence, d'errance, etc., et la nécessité d'adapter les propositions scolaires à leurs besoins.
"Comment proposer une scolarité qui va tenir compte des vulnérabilités psychosociales en considérant tout particulièrement les enfants relevants de la protection de l'enfance ?"
Présentation du dispositif "Starter" comme une "classe réparatoire" expérimentale à Grenoble.
Antoine Gentil, enseignant spécialisé, décrit le projet Starter qui accueille des adolescents de 14-15 ans pour un parcours de rescolarisation et d'orientation d'une année. Le dispositif se caractérise par :
- Un repérage des vulnérabilités privilégiant les jeunes de la protection de l'enfance et en situation de polyexclusion.
- La construction de coréférences partenariales en amont et pendant le projet.
- Un espace de recherche et de formation.
L'engagement professionnel et associatif d'Antoine Gentil.
Son rôle de coordonnateur de Starter et de délégué général de l'association "Par le Verbe Parer" illustre un engagement double pour l'innovation et la prévention.
L'association "Parer" est présentée comme "un laboratoire d'idées entre professionnels qui va modéliser des actions en prévention par la mise en œuvre d'alliance éducative ou on pourrait dire aussi de tissage de de maillages territoriaux autour des situations d'enfants et d'adolescents éprouvés."
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Principes philosophiques sous-tendant l'approche :Penser l'expérience depuis l'expérience pour l'expérience.
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Considérer l'enfant comme un individu capacitaire et vulnérable, et non comme un simple élève ou usager.
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Adopter une approche écosystémique et anthropologique de l'action éducative.
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Reconnaître l'acte éducatif comme un "art de l'immanence" se jouant dans l'instant présent.
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Souligner l'importance de la part sensible de l'acte éducatif.
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Affirmer l'indissociabilité des enjeux d'orientation et d'individuation, d'agentivité et d'émancipation.
"Les enjeux d'orientation sont indissociables des enjeux d'individuation ça veut dire se construire en tant qu'individu [...] rendre indissociable l'orientation de l'agentivité le fait d'être acteur de sa propre vie et d'émancipation le fait de pouvoir se sortir des déterminismes".
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Plaider pour une logique d'"essage" plutôt que de "duplication" des projets expérimentaux, en tenant compte des spécificités territoriales.
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Réflexion sur le décrochage scolaire : Distinguer les définitions statistiques et sociologiques, et identifier trois pôles de facteurs en jeu : difficultés d'apprentissage, angoisse envahissante, et vulnérabilités psychosociales.
L'accent est mis sur la sur-représentation des enfants de la protection de l'enfance dans les chiffres du décrochage scolaire.
"Les enfants de la protection de l'enfance sont massivement concernés par le décrochage scolaire [...] 13 % des enfants pris en charge par l'aide sociale à l'enfance valident le diplôme national du brevet."
Fonctionnement du dispositif Starter :
- Phase d'information et d'investigation en amont (1 à 2 ans).
- Mise en place d'un coréférencement partenarial.
- Pratique d'entretiens pour mettre l'enfant et la famille en projection et construire un dossier de candidature.
- Commission académique statuant sur les candidatures.
- Entretien initial marquant l'entrée dans le parcours.
- Rythme scolaire alternant 4 semaines de classe et 2 semaines de stage.
Éléments clés de l'approche éducative à Starter :Reconnaissance des vulnérabilités psychosociales : Être attentif aux signaux de mal-être, placer les termes "rencontrer" et "reconnaître" au centre du métier, pratiquer la "clinique éducative" (analyse de l'expérience subjective de la rencontre).
- Relation éducative : Organisée autour des "quatre L et quatre A" (loi, limites, lieux, langage ; attention, affection, acceptation, accompagnement), importance de la pratique de l'entretien, de l'accueil au seuil de l'établissement, de l'hospitalité, de l'empathie méthodologique, de l'humour (avec prudence), du conflit éducatif et de l'autorité éducative ("une autorité qui va de soi [...] mais explicite").
Principe fondamental : "Tu es digne d'intérêt, tu es irremplaçable." * Alliances éducatives : Travail en réseau avec les familles et les professionnels (éducateurs PJJ, assistants sociaux, équipes de soin, etc.), basé sur l'identification, la reconnaissance, l'information, le partage d'analyses, la définition d'objets de dialogue et de projets communs, et la mise de sens sur l'intervention de chaque partenaire. * Approches pédagogiques : Privilégier les pédagogies de l'explicite (compréhension des stratégies d'apprentissage, réflexivité sur les peurs liées à l'apprentissage, questionnement de la normativité) et l'expression de soi, notamment à travers l'atelier d'écriture quotidien. * Accompagnement à l'orientation : Viser l'"s'orienter" plutôt que l'"orienter", aider à la compréhension des logiques du système, autoriser le rêve, proposer des stages comme expériences initiatiques encadrées, et articuler l'orientation avec la médiation culturelle et les projets à vocation citoyenne.
Points Saillants et Citations Clés :
- Sur la nécessité d'un changement de perspective : "comment se décaler d'une d'une école de la performance [...] pour penser une école de la reconnaissance des individualités ?"
- Sur l'importance de la prise en compte de l'écosystème : "comment considérer l'enfant et sa famille dans son écosystème ?"
- Sur la définition de Starter : "[une] classe réparatoire".
- Sur la sur-représentation des enfants de l'ASE dans le décrochage : "13 % des enfants pris en charge par l'aide sociale à l'enfance valident le diplôme national du brevet."
- Sur le principe fondamental de la relation éducative à Starter : "Tu es digne d'intérêt, tu es irremplaçable."
- Sur l'importance de l'alliance éducative : "agir en alliance éducative" (référence au rapport interministériel).
- Sur la visée de l'orientation : "Est-ce qu'on oriente ou est-ce qu'on s'oriente ?"
Prolongements et Perspectives :
- Lecture de l'essai "Classe réparatoire : un chemin pour se réconcilier avec l'école" d'Antoine Gentil (Presses Universitaires de Grenoble, 2024).
- Consultation des ressources documentaires au CRD de la faculté d'éducation.
- Visionnage du film documentaire "Un bon début" de Chabi Agnas Molia et participation aux séances-débats.
- Exploration du site internet de l'association "Par le Verbe Parer" et de la page dédiée à Starter sur le site du lycée Guinemmer de Grenoble.
- Réflexion sur les possibilités d'essaimage des approches développées à Starter, en tenant compte des spécificités territoriales.
En conclusion, la conférence d'Antoine Gentil met en lumière une approche éducative profondément humaine et systémique pour répondre à la complexité du décrochage scolaire, en particulier chez les jeunes les plus vulnérables.
Le dispositif Starter, ancré dans des principes philosophiques forts et une pratique de la relation éducative attentive, offre un modèle inspirant pour repenser l'école et sa capacité à "faire école à celles et ceux qui n'y sont plus."
L'insistance sur le travail en alliance et la nécessité de considérer l'enfant dans sa globalité constituent des pistes essentielles pour les acteurs de l'éducation souhaitant agir face à cette problématique cruciale.
Glossaire des termes clés
- Classe réparatoire : Terme utilisé par Antoine Gentil pour désigner un dispositif spécifique (comme Starter) visant à réconcilier les jeunes en rupture avec l'école.
- Décrochage scolaire : Processus complexe et plurifactoriel de désaffiliation progressive d'un jeune vis-à-vis des apprentissages et de l'institution scolaire. Peut être défini statistiquement (sortie sans diplôme) ou sociologiquement (processus).
- Vulnérabilités psychosociales : Ensemble des facteurs sociaux, affectifs et psychologiques qui fragilisent un individu et peuvent impacter négativement son parcours, notamment scolaire.
- Protection de l'enfance : Terme générique désignant les dispositifs et les actions visant à assurer la sécurité et le bien-être des enfants en danger ou en risque de l'être, incluant l'aide sociale à l'enfance et la protection judiciaire de la jeunesse.
- Poli/multiexclusion : Situation d'accumulation de difficultés et d'exclusions dans différents domaines de la vie (social, familial, scolaire, etc.).
- Coréférence partenariale : Collaboration structurée entre différents professionnels (éducatifs, sociaux, de santé, etc.) autour d'un même enfant ou adolescent afin d'assurer une prise en charge globale et cohérente.
- Clinique éducative : Approche qui met l'accent sur l'expérience subjective de la rencontre éducative, l'analyse des situations individuelles et la prise en compte de l'histoire et du vécu de l'enfant.
- Acte éducatif (art de l'immanence) : Conception de l'enseignement et de l'éducation comme se déroulant principalement dans l'instant présent, nécessitant adaptation et réactivité face aux circonstances.
- Alliances éducatives : Collaboration et partenariat entre l'école, la famille et les autres acteurs du territoire pour soutenir le parcours éducatif des enfants et des adolescents.
- Empathie méthodologique : Capacité à se mettre à la place de l'enfant ou de l'adolescent pour comprendre sa situation, ses besoins et ses difficultés.
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Briefing Document : Le Refus Scolaire Anxieux
Source : Excerpts de la transcription de la conférence "Le refus scolaire anxieux : mieux le reconnaitre, mieux le comprendre pour mieux le soigner" avec le Docteur Hélène Denis, pédopsychiatre au CHU de Montpellier.
Date de la conférence : 2025
Thèmes Principaux :
Définition et distinction du Refus Scolaire Anxieux (RSA) :
Le Dr. Denis insiste sur l'importance d'utiliser le terme "refus scolaire anxieux" plutôt que "phobie scolaire", qu'elle considère comme un terme obsolète et imprécis.
Le RSA est défini comme l'incapacité pour un enfant ou un adolescent d'aller à l'école en raison d'une anxiété intense.
Elle cite la définition de Juria Guérin (1974) : enfants ou adolescents qui, pour des raisons irrationnelles, refusent d'aller à l'école et résistent avec des réactions d'anxiété vive ou de panique à l'idée d'y aller, malgré les efforts pour les y forcer.
- "le refus scolaire anxieux qu'est-ce que c'est et ben c'est ce qu'on appelle dans le jargon populaire la phobie scolaire et il faut plus employer ce mot-là à partir de ce soir phobie scolaire ça veut plus trop rien dire"
- "ce sont des enfants ou des adolescents qui n'arrivent plus à aller à l'école parce qu'ils sont anxieux et que cette anxiété est tellement forte qu'il n'arrive plus à y aller"
- Caractéristiques des jeunes souffrant de RSA : Contrairement à l'absentéisme scolaire classique (école buissonnière), les jeunes atteints de RSA veulent retourner à l'école, ont des ambitions scolaires et souffrent de cette situation. Ils sont souvent conscients du caractère irrationnel de leurs peurs anxieuses et demandent de l'aide.
- "la particularité de ces jeunes qui ne qui sont absents parce qu'il n'arrivent plus à aller à l'école pour des raisons anxieux sont des patients qui veulent retourner à l'école ils ont des ambitions scolaires ils étaient auparavant plutôt très intéressés voir très investis dans la scolarité et à un moment donné ils n'arrivent plus à y aller et ce sont des jeunes qui du coup souffrent de cette situation et demandent de l'aide"
Le RSA comme complication de troubles anxieux : Le RSA n'est pas un diagnostic en soi dans les classifications internationales, mais plutôt une manifestation ou une complication de troubles anxieux sous-jacents (un ou plusieurs).
Le Dr. Denis présente les critères de Berg pour définir les patients concernés par le RSA dans le cadre de la recherche : refus d'aller à l'école entraînant une absence prolongée, détresse émotionnelle anticipatoire (peur, colère, tristesse, symptômes physiques), maintien au domicile pendant les heures de classe, absence de comportements antisociaux significatifs et efforts parentaux préalables pour la rescolarisation.
"le refus scolaire anxieux c'est pas un diagnostic qui est dans les classifications parce qu'en fait c'est une complication de plusieurs troubles anxieux"
Les Troubles Anxieux : Le Dr. Denis souligne la sous-reconnaissance et la mauvaise prise en charge des troubles anxieux en France.
Elle explique que l'anxiété est une émotion normale et utile, mais que les troubles anxieux se caractérisent par une peur exagérée, intense, fréquente et durable, entraînant une souffrance importante et des comportements d'évitement.
Elle détaille différents types de troubles anxieux chez l'enfant et l'adolescent : anxiété de séparation, phobies spécifiques, trouble anxiété généralisée (TAG), anxiété sociale (y compris l'anxiété de performance), trouble panique et troubles obsessionnels compulsifs (TOC) (bien que n'étant plus classés comme troubles anxieux, ils peuvent entraîner un RSA).
- "les troubles anxieux c'est une c'est une pathologie qui est très peu connue ou très mal diagnostiquée et très très mal prise en charge en France"
- "les troubles anxieux c'est une peur normale qui va être très exagérée au départ ça peut être une peur normale mais on n'arrive pas à trouver la résolution ou alors c'est une peur normale qui a trouvé une résolution qui revient très forte à un autre moment du développement"
Conséquences des Troubles Anxieux non traités : Le Dr. Denis insiste sur les répercussions importantes des troubles anxieux non traités sur le développement psychologique, la vie familiale, les apprentissages scolaires, et le risque accru de développer à l'âge adulte des troubles anxieux persistants, une dépression, ou des conduites addictives (abus de substances pour gérer l'anxiété).
"le problème des troubles anxieux de l'enfant et de l'adolescent c'est que si on n'y fait rien il y a pas de raison que ça s'arrête et donc on va laisser se construire comme ça un adulte anxieux sans s'en être occupé sans avoir arrêté cette trajectoire d'anxiété"
Diagnostic Différentiel du RSA : Il est crucial de distinguer le RSA de l'absentéisme scolaire volontaire (école buissonnière), qui n'est pas motivé par l'anxiété et où les jeunes n'expriment pas de souffrance ni de désir de retourner à l'école. La distinction peut parfois être complexe, notamment en présence de facteurs familiaux compliqués.
"ce qui n'est pas un refus scolaire anxieux c'est ceux qui ne vont pas à l'école mais parce qu'ils n'ont pas envie d'y aller ce sont des jeunes qu'on appelle école buissonnière"
Traitement du RSA : Le traitement de référence, basé sur les études internationales, est la Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC), éventuellement associée à un traitement médicamenteux (antidépresseurs ISRS).
La TCC vise à apprendre au patient à identifier et à modifier ses pensées dysfonctionnelles, à gérer ses émotions et à s'exposer progressivement aux situations anxiogènes.
"dans les études scientifiques de bonne qualité on retrouve qu'il faut faire de la thérapie cognitive et comportementale qui est le traitement de référence des troubles anxieux"
"la technique de référence c'est s'exposer aux situations qui font peur on va préparer le patient doucement mais sûrement à s'exposer à ce qui fait peur"
Prise en charge spécifique au CHU de Montpellier : L'unité du Dr. Denis propose une prise en charge spécifique en hospitalisation de jour pour les adolescents (11-16 ans) souffrant de RSA.
Cette prise en charge combine scolarité adaptée au sein de l'unité avec des thérapies cognitives et comportementales individuelles et en groupe.
Un travail important est mené en partenariat avec les familles et les établissements scolaires pour faciliter le retour à l'école.
"l'unité du docteur Hélène Denis au CHU de Montpellier a développé une prise en charge spécifique ces patients qui ont en général entre 11 et 16 ans [...] sont reçus en hospitalisation de jours durant cette période ils poursuivent leurs études au sein de l'unité et reçoivent des soins en thérapie cognitive et comportementale à la fois en individuel et en groupe"
Rôle de l'Éducation Nationale dans la détection et la prise en charge précoce : Le Dr. Denis encourage les professionnels de l'éducation à être attentifs aux signes d'anxiété liés à la scolarité (peur exprimée, somatisations, absences perlées), à adopter une attitude empathique et bienveillante, à proposer des aménagements scolaires si nécessaire (temps partiel), à faciliter la verbalisation des peurs, et à orienter vers une aide spécialisée en cas de persistance ou d'aggravation. Elle souligne l'importance du lien avec les parents.
"aller chercher avec des mots simples et une reconnaissance empathique et bienveillante de 'Mais qu'est-ce qui te fait peur ? même si c'est débile tu peux peut-être me le dire'"
"il vaut mieux aménager faire du temps partiel plutôt que s'acharner et après tout bloquer la déscolarisation totale c'est l'enfer pour repartir c'est l'enfer il vaut mieux y rester un peu et moins souvent et et mettre en place des stratégies pour essayer que petit à petit on y reparte"
Points de vigilance : Le Dr. Denis exprime un regard critique sur certaines approches et terminologies dans le domaine de l'éducation, notamment concernant le "haut potentiel intellectuel" (HPI), qu'elle considère comme une invention franco-française problématique et non étayée scientifiquement comme cause de mal-être scolaire.
Elle met également en garde contre une utilisation excessive et parfois inappropriée du terme "harcèlement". Idées ou Faits Importants :
- Le refus scolaire anxieux est une problématique fréquente et invalidante chez les adolescents.
- Il est essentiel de distinguer le RSA de l'absentéisme non anxieux pour une prise en charge adaptée.
- Les troubles anxieux sous-jacents sont souvent mal diagnostiqués et pris en charge en France.
- La TCC est le traitement de référence du RSA et des troubles anxieux.
- Une prise en charge multidisciplinaire et un partenariat étroit avec les familles et les écoles sont cruciaux pour un retour à l'école réussi.
- La détection précoce et les aménagements scolaires peuvent prévenir une déscolarisation totale.
- Certaines notions populaires comme le lien systématique entre HPI et mal-être scolaire sont remises en question par le Dr. Denis.
Conclusion :
La conférence du Dr. Hélène Denis met en lumière la complexité du refus scolaire anxieux, son lien étroit avec les troubles anxieux, et l'importance d'une approche diagnostique et thérapeutique rigoureuse.
Elle souligne le rôle crucial des professionnels de l'éducation dans la détection précoce et l'orientation, ainsi que la nécessité d'une collaboration étroite avec les équipes médicales et les familles pour accompagner au mieux ces jeunes en souffrance et favoriser leur retour à l'école.
La présentation du dispositif spécifique du CHU de Montpellier offre un exemple concret de prise en charge efficace basée sur la TCC.
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Note de Briefing : Analyse des thèmes et idées clés de "L'école n'est pas faite pour les pauvres"
Ce document de briefing résume les principaux thèmes, idées et faits marquants issus de la transcription de la conférence intitulée "L'école n'est pas faite pour les pauvres", animée par Jean-Paul Delahaye.
La conférence s'inscrit dans le cycle des "Mercredis des savoirs" de la Faculté d'Éducation et vise à interroger les enjeux éducatifs et sociétaux, en s'appuyant sur la recherche et l'engagement des acteurs de l'éducation.
Introduction et Contexte :
La conférence s'ouvre par un rappel du cadre et des objectifs de ces rencontres par Agnès Perin Dousel, soulignant le partenariat entre l'université de Montpellier, la CASDEN, les CMA Occitanie, la MAIF et la MGEN.
L'objectif principal est d'assurer l'ouverture de la science sur la société et de promouvoir les valeurs émancipatrices et citoyennes portées par l'école de la République, l'éducation populaire et l'économie sociale et solidaire.
Elle insiste sur la nécessité de ces rappels dans un contexte actuel "compliqué, un peu anxiogène".
Sylvain Vagnon présente ensuite Jean-Paul Delahaye, en soulignant son parcours de haut fonctionnaire du ministère de l'Éducation nationale, son expertise du système scolaire, son engagement contre l'illettrisme, et son rôle dans l'élaboration du rapport "Grande pauvreté et réussite scolaire".
Il le décrit comme un "homme de conviction" dont l'œuvre vise à "changer l'école finalement pour changer la société".
Son dernier ouvrage, "L'école n'est pas faite pour les pauvres", sous-titré "pour une école républicaine et fraternelle", est présenté comme la poursuite de cette réflexion, particulièrement pertinente dans la période actuelle.
Thème central : L'impact de la pauvreté sur l'école et le rôle de l'école face à la pauvreté.
Jean-Paul Delahaye ouvre son propos en ayant une pensée pour Dominique Bernard, enseignant assassiné. Il introduit ensuite les trois sources principales de sa conférence :
Le rapport "Grande pauvreté et réussite scolaire" (2015) : Décrivant le quotidien des enfants et adolescents issus de familles pauvres dans le système éducatif.
Il y reconnaît son propre vécu d'enfant issu d'un milieu modeste.
"Exception consolante" : Un ouvrage personnel où il relate son parcours et interroge la notion d'"exception consolante" de Ferdinand Buisson, soulignant que la réussite de quelques enfants pauvres ne doit pas masquer les injustices persistantes.
"L'école n'est pas faite pour les pauvres" (2022) : Un essai provocateur visant à alimenter le débat sur la place de l'école dans les élections présidentielles, en mettant en lumière le manque de connaissance des réalités des enfants de milieux populaires.
La Mission de l'École et la Réalité Actuelle :
Delahaye rappelle la mission fondamentale de l'école, telle qu'énoncée par le Conseil National de la Résistance en 1944 :
"la possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l'instruction et d'accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable non de naissance mais de mérite et constamment renouvelée par les apports populaires."
Il confronte cette ambition à un graphique éloquent illustrant la "disparition progressive et constante des enfants du peuple au fur et à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie scolaire".
Il souligne que l'élite actuelle n'est pas constamment renouvelée par les apports populaires, évoquant une "héritocratie" plutôt qu'une "méritocratie".
Il cite Condorcet pour alerter sur le risque de formation d'une "aristocratie non de talent et de lumière mais de profession" lorsque l'accès aux fonctions importantes dépend d'études spécifiques.
La Réalité de la Pauvreté pour les Jeunes :
Delahaye présente des chiffres alarmants sur la pauvreté en France : 9 millions de personnes vivent avec moins de 1128 € par mois, dont 3 millions de jeunes (1 sur 5).
Parmi eux, 1,6 million connaissent la grande pauvreté (12% des effectifs scolaires, en augmentation depuis 2015).
Il décrit la pauvreté comme une situation d'"éprouvés" (Guillaume Leblanc), marquée par :
Pauvreté de biens et de conditions de vie : Privations, restrictions, retards de paiement, dépendance aux allocations (il évoque l'attente du facteur pour les allocations familiales dans son enfance).
Pauvreté de lien : Exclusion sociale, sentiment d'inutilité, moins de vacances, moins d'amis.
Difficultés pour se nourrir : Il cite une enquête du Secours Populaire montrant que 11% des Français n'ont pas pu payer la cantine, et évoque des cas de sous-alimentation constatés par les médecins scolaires.
Difficultés pour se loger : Espaces exigus, mal chauffés, surpeuplés, sans espace pour le travail scolaire (citation de Daniel Thin sur l'impossibilité de "faire vivre ce qu'ils apprennent à l'école").
Difficultés pour s'habiller : Il rend hommage au dévouement des personnels de l'éducation nationale et évoque son propre vécu d'enfant pauvre aidé par les instituteurs.
Difficultés pour se soigner : Problèmes d'accès aux soins, exemple des caries dentaires non soignées au Havre.
Difficultés générales : Listes de fournitures onéreuses, incompréhension du caractère non obligatoire de la coopérative scolaire, coût des sorties scolaires (il relate son humiliation de ne pas pouvoir partir en voyage scolaire). Les Leviers Manquants du Système Éducatif :
Delahaye reconnaît que l'école n'est pas responsable de tout, citant un rapport de la Cour des Comptes de 2018 qui souligne les facteurs exogènes (logement, salaires, etc.).
Il reprend la citation de Jean Jaurès sur la nécessité de rattacher le problème scolaire à l'ensemble du problème social.
Néanmoins, il critique le manque d'investissement et les dysfonctionnements du système éducatif :
Manque de personnel : Insuffisance d'assistants sociaux et de médecins scolaires (il cite le rapport de Robin Reda : "8 enfants sur 10 n'ont jamais vu de médecins scolaires").
Bourses insuffisantes et inégalités d'accès : Montant des bourses de collège dérisoire (360 € par an en 2015), complexité des démarches administratives (aggravée par la numérisation).
Fonds sociaux : Variable d'ajustement budgétaire, avec des périodes de forte baisse.
Difficultés dans le travail après la classe : 58% des élèves déclarent rencontrer des difficultés (enquête DEPP, 2021), manque d'efficacité des dispositifs d'aide (APC, accompagnement personnalisé).
Inégalités flagrantes dans les moyens alloués : Comparaison accablante entre les dépenses pour l'accompagnement éducatif en éducation prioritaire (18,80 € par élève) et en classes préparatoires (843 € par élève).
Défiscalisation des cours particuliers payants : Coût de 300 millions d'euros, dix fois plus que l'accompagnement éducatif en éducation prioritaire. Il interroge : "Qui sont les assistés ?" et dénonce une forme de "prédation budgétaire".
Répartition des Moyens et Organisation du Système :
Delahaye critique la mauvaise répartition du budget de l'Éducation nationale, avec des dépenses moindres pour l'école primaire par rapport aux autres pays européens et un investissement plus important dans le lycée.
Cela se traduit par des effectifs de classe plus élevés en France au niveau de la scolarité obligatoire.
Il aborde également la question de l'éducation prioritaire, soulignant que les efforts supplémentaires sont relativisés par la concentration de professeurs plus expérimentés et mieux rémunérés dans les collèges favorisés.
Il cite Thomas Piketty pour illustrer les différences de dépenses selon les parcours scolaires et les origines sociales (coût quatre fois supérieur d'un parcours en classes préparatoires et master par rapport à un lycée professionnel).
Il met en évidence des inégalités similaires dans le financement de l'enseignement supérieur (moins pour les étudiants à l'université que pour ceux en classes préparatoires).
Formation des Enseignants et Mixité Sociale :
Delahaye insiste sur la nécessité d'une formation pédagogique solide pour les enseignants, point faible du système français selon l'OCDE.
Il regrette la diminution du volume horaire de formation initiale et continue des professeurs des écoles depuis 30 ans.
Il souligne l'importance cruciale de la mixité sociale et scolaire, démontrant que celle-ci ne nuit pas aux meilleurs élèves et est un levier formidable pour ceux en difficulté.
Il dénonce la ségrégation inter-établissements (12% des collégiens dans des établissements uniquement avec des enfants de milieux défavorisés), la ségrégation sociale et scolaire au sein des établissements (pratiques illégales de classes de niveau), et l'aggravation de cette ségrégation due au financement important de la concurrence privée de l'école publique.
Il rappelle que la scolarité obligatoire à 3 ans n'a fait qu'augmenter le financement des écoles maternelles privées sans apporter d'élèves supplémentaires.
Il commente un graphique illustrant la forte disparité de l'IPS entre les établissements publics et privés.
Liste de Courses pour une École Plus Juste et Fraternelle :
Delahaye propose une série de mesures (qu'il qualifie de "banales" mais nécessitant une mise en œuvre cohérente) :
- Conviction que tous les enfants sont capables d'apprendre.
- Meilleure répartition du budget.
- Meilleure formation et rémunération des enseignants.
- Réflexion sur les savoirs enseignés (importance du travail manuel).
- Attention aux cycles et transitions.
- Développement de la coopération plutôt que de la compétition.
- Évaluation encourageante.
- Orientation moins liée aux origines sociales.
- Rythmes scolaires adaptés aux besoins des enfants (retour à la semaine de 4 jours et demi).
- Davantage de mixité sociale et scolaire.
- Confiance aux équipes de terrain.
- Travail en coéducation avec les parents.
Enjeux Politiques et Choix de Société :
Delahaye insiste sur le fait que la réussite scolaire des enfants de milieux populaires est avant tout une question politique, impliquant des choix fondamentaux :
- Intérêt général vs. intérêt particulier.
- Collectif vs. parcours individuels.
- Scolarisation ensemble vs. scolarisation séparée.
- Savoirs qui font sens pour tous vs. savoirs de sélection.
- Coopération vs. compétition (il relate une anecdote illustrant l'opposition à la vision coopérative).
Il souligne que les inégalités dans le système éducatif ne nuisent pas à tout le monde, et qu'une partie de la population n'a pas intérêt à ce que cela change.
Il prend l'exemple des rythmes scolaires primaires, démontrant que la semaine de 4 jours, plébiscitée par les classes moyennes et favorisées et arrangeant les collectivités, est défavorable aux enfants de milieux populaires (manque de l'après-midi d'école où ils ne bénéficient pas d'activités extrascolaires).
Il cite l'Académie de Médecine sur la nécessité d'adapter les journées scolaires aux besoins des enfants.
Il note que les familles populaires sont conscientes de ces enjeux et sont plus favorables à la semaine de 4 jours et demi.
Conclusion : Un Appel à l'Action pour Préserver le Pacte Républicain :
Delahaye avance trois raisons fondamentales pour agir en faveur de la réussite scolaire de tous :
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Économique : Les inégalités freinent la croissance.
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Sociale : Les échecs et humiliations scolaires créent des frustrations et des colères.
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Républicaine : Ceux qui n'ont pas eu les mêmes droits à l'école pourraient ne pas accepter les mêmes devoirs.
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Il conclut en rappelant la première ligne de la Constitution de 1958 : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale."
Il explique que l'indivisibilité implique à la fois la reconnaissance de la diversité et la nécessité de rester unis.
Pour maintenir cette unité, la République doit impérativement être laïque, démocratique et sociale.
Échanges et Questions :
Les questions et remarques suite à la présentation ont porté sur :
- Le lien entre l'autobiographie et l'engagement politique de Jean-Paul Delahaye.
- La place de la fratrie dans l'accompagnement scolaire.
- L'articulation entre les classes populaires et les questions ethniques et culturelles.
- La possibilité de reproduction de parcours comme celui de Jean-Paul Delahaye dans le contexte actuel.
- Le pessimisme ambiant chez les enseignants et la nécessité de temps de réflexion.
- L'impact des évaluations nationales sur le sentiment d'échec précoce.
- Le rôle de la formation des enseignants face à la diversité des publics.
- L'importance de la coopération et de la mixité.
- La situation préoccupante de l'enseignement professionnel.
En conclusion, la conférence de Jean-Paul Delahaye dresse un tableau lucide et alarmant des inégalités scolaires en France, enracinées dans des problématiques sociales et politiques profondes.
Elle constitue un appel vibrant à une action collective et à des choix politiques courageux pour que l'école de la République devienne réellement "faite pour tous", et en particulier pour les enfants issus des milieux populaires.
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Briefing Document : Évolution des Représentations Alimentaires Source : Excerpts de "Un œil dans l'assiette : Evolution des représentations [avec Universcience]"
Date : (Implicite : période contemporaine)
Thèmes Principaux :
- La nature évolutive de nos représentations alimentaires : Nos choix alimentaires actuels ne sont pas naturels ou figés, mais le résultat d'une histoire complexe d'évolutions historiques, économiques et culturelles. Le "présentisme cognitif" nous empêche de percevoir ces transformations passées et d'imaginer les bouleversements futurs dans notre alimentation.
- L'impact des facteurs externes sur nos habitudes alimentaires : Découvertes géographiques, révolutions industrielles, essor du froid domestique, intensification agricole, globalisation des marchés, publicité, marketing et normes sanitaires ont profondément façonné ce que nous mangeons aujourd'hui.
- Remise en question des piliers traditionnels et émergence de nouvelles préoccupations : Des aliments autrefois valorisés (viande, pain, céréales) sont aujourd'hui contestés pour des raisons de santé ou d'impact climatique. L'ultra-transformation et le gaspillage alimentaire sont devenus des enjeux majeurs.
- Le rôle des multiples acteurs dans nos choix alimentaires : Industrie alimentaire, pouvoirs publics, ONG, associations de consommateurs, influenceurs et experts (réels ou supposés) contribuent à former nos perceptions et nos valeurs alimentaires.
- Le mythe de la "sagesse des anciens" et l'évolution réelle de l'alimentation : Bien qu'il y ait une nostalgie d'une époque où l'on mangeait "mieux", l'espérance de vie au Paléolithique était bien inférieure. Cependant, certaines pratiques ancestrales (prise de temps pour manger, savoirs empiriques sur les transformations et les mélanges alimentaires) pourraient être réhabilitées. L'émergence récente de l'ultra-transformation et des additifs pose de nouvelles questions sanitaires.
- La dimension politique et sociale de l'alimentation : L'alimentation a toujours été un objet politique, impliquant consommateurs, marchés et l'État (qui diffuse normes et recommandations). Il existe une grande diversité de consommateurs dont les habitudes alimentaires sont fortement déterminées par des facteurs socio-économiques (origine sociale, diplôme). Les inégalités sociales se reflètent dans les choix alimentaires et leurs conséquences sur la santé.
- L'impact du fast-food et l'importance du temps et du plaisir dans l'alimentation : Le fast-food, phénomène relativement récent, est associé à des habitudes de consommation plus fréquentes dans les milieux sociaux défavorisés. La prise de temps pour manger et l'écoute des signaux de faim et de satiété sont des aspects potentiellement mieux gérés autrefois et importants pour une alimentation de qualité. Le plaisir reste un élément essentiel de l'alimentation.
- Les limites des politiques de santé publique et l'importance de la littératie : Malgré les efforts d'éducation et de sensibilisation (PNNS), les courbes d'obésité et de surpoids continuent de monter, touchant même des catégories sociales auparavant relativement protégées. La littératie (capacité à chercher, évaluer et utiliser l'information) est cruciale, mais les individus ne sont pas toujours rationnels et sont soumis à des biais.
- Les leviers d'action : Régulation, éducation, initiatives locales et sécurité sociale de l'alimentation : Agir sur la publicité (notamment pour les enfants), réguler les filières industrielles, promouvoir l'éducation nutritionnelle dès l'enfance, soutenir les initiatives citoyennes locales et explorer des systèmes comme la sécurité sociale de l'alimentation sont des pistes pour améliorer l'environnement alimentaire.
- Les défis de l'avenir : Durabilité, gaspillage, production et consommation responsable : Il est impératif de repenser nos modes de production et de consommation pour nourrir une population croissante de manière durable, en privilégiant les aliments végétaux, de saison et locaux, et en luttant contre le gaspillage.
- Les conflits d'intérêts et la fiabilité de la recherche scientifique : Le financement de la recherche par l'industrie agroalimentaire peut influencer les résultats des études. Il est crucial d'être vigilant quant aux conflits d'intérêts et de privilégier les expertises collectives indépendantes.
- Le rôle de l'école dans l'éducation à l'alimentation : L'école a un rôle potentiel important dans la transmission de savoirs et le développement de la pensée critique en matière d'alimentation, mais des inégalités existent et il est essentiel de former les enseignants et de mettre à jour les recommandations.
Idées et Faits Importants (avec citations) :
- Le présentisme cognitif : "Nous avons tendance à voir notre époque comme une évidence un état figé un équilibre naturel qui aurait toujours existé et qui perdurera C'est ce qu'on appelle le présentisme cognitif, figurez-vous Une difficulté à percevoir les transformations passées et à imaginer les bou les bouleversements futurs L'alimentation ne fait pas exception..."
- L'évolution de nos habitudes alimentaires : "Ce que nous mangeons aujourd'hui est le produit [...] de découverte géographique de révolution industrielle de l'essort du froid domestique de l'intensification agricole et de la globalisation des marchés."
- Le caractère récent de certaines préoccupations : "Il y a un siècle l'idée de boire du lait d'amande ou d'avoine aurait semblé plus farfelue que les voitures volantes promises pour 2015. Elles sont où mes voitures volantes de 2015 ?"
- La remise en cause de la viande : "De même la viande autrefois synonyme de prospérité est aujourd'hui remise en cause pour des raisons de santé et d'impact climatique."
- La méfiance envers l'ultra-transformation : "Et l'ultratransformation suscite une méfiance croissante bien que son rôle dans l'accessibilité alimentaire soit indéniable."
- Le rôle des acteurs : "Tous ces acteurs ont joué et continu de jouer un rôle dans notre manière d'appréhender une tranche de jambon une laitue ou une barre chocolatée."
- Le mythe du "c'était mieux avant" : (Fran Arbois Calas) "...rappelons quand même que au paléolithique he ils devaient avoir une espéance de vie de 35 ans Je sais pas quand ils avaient de la chance Euh donc non c'était pas mieux avant."
- Les préoccupations liées à l'ultra-transformation : (Fran Arbois Calas) "...quand on on évoquait tout à l'heure la problématique de l'ultra transformation des aliments c'est vrai que euh bah l'usage de ces additifs alimentaires oui il y a un siècle et quelques il y avait pas tout ça On se pose de plus en plus la question On a aujourd'hui plus de 80 90 études qui montrent des impacts potentiellement négatifs de ces aliments ultra transformé he qui vont contenir notamment ces additifs alimentaires dont on pourrait se passer sur la santé."
- La réhabilitation des savoirs empiriques : (Fran Arbois Calas) "...sur les transformations alimentaires il y avait des savoirs empiriques qui sont qu'on peut réhabiliter à travers ça sur les processus de conservation des aliments aussi sur les les mélanges aussi qu'on peut faire... ces savoirs ancestraux ils réhabilitent certains savoirs qu'aujourd'hui la science oublie un petit peu."
- L'alimentation comme objet politique : (Philippe Cardon) "Par contre la réalité c'est que de tout temps l'alimentation était un objet politique."
- La diversité des consommateurs et l'impact socio-économique : (Philippe Cardon) "Et un consommateur ça n'existe pas en soi En fait il y a une diversité de consommateurs qui sont liés en fait à tout un ensemble de caractéristiques sociales Genre la l'origine sociale c'est un élément important le diplôme c'est un élément important le genre... plus on monte dans l'échelle sociale plus les individus consomment de produits frais et de légumes Par exemple plus on descend dans l'échelle sociale plus moins on en consomme et plus on va consommer de produits par exemple transformés voire même ultra transformés qui ont des conséquences [...] sur la santé."
- L'impact du fast-food : (Fran Arbois Calas) "Après le problème de ces chaînes de fast food c'est que euh bah c'est pas une fois de temps en temps c'est-à-dire qu'il y a un voilà une publicité un marketing auprès des jeunes qui incitent à y aller tous les jours..."
- L'importance du temps pour manger : (Fran Arbois Calas) "...le côté de prendre le temps de manger et du coup d'écouter c'est de le d'avoir le temps d'écouter son estomac qui nous dit 'C'est bon là j'ai atteint la satiété' écouter ces signaux de faim et de satiété manger ce qu'on appelle en pleine conscience..."
- Lien entre fast-food et origine sociale : (Philippe Cardon) "Les statistiques sont imparables Et la consommation de fast food là aussi elle est fondamentalement liée à la structure sociale Plus on monte dans l'échelle sociale moins on consomme de fast food Plus on descend dans l'échelle sociale plus on consomme de fast food."
- Les limites du PNNS : (Philippe Cardon) "On part quand même d'un constat qui est assez dur c'est que ça fait à peu près 30 ans qu'on investit dans des politiques publiques de d'éducation de sensibilisation qu'on transmet des recommandations [...] Et paradoxalement quand on regarde la courbe d'obésité de surpoids sur les 30 dernières années elle ne fait que monter."
- La littératie en santé : (Fran Arbois Calas) "...sur le concept de littératie c'est-à-dire comment on est capable de d'accueillir déjà d'aller chercher l'information d'exercer sa pensée critique sur l'information d'évaluer la source d'assimiler l'information et d'orienter ses comportements en fonction."
- L'importance du plaisir : (Mathilde Touvier) "Et la santé ça passe aussi par le plaisir ça passe aussi par ces moments où on s'autorise des écarts où voilà..."
- Les disparités en matière d'ultra-transformation : (Mathilde Touvier) "...sur les aliments ultra transformer On est à 30 % de la fenêtre où on peut le faire Ouais bah faisons-le toujours mais et ils sont à 60 % des calories par jour par les aliments ultra transformés et cetera Donc on est quand même dans un pays où l'alimentation enf tout n'est pas perdu..."
- Le rôle de la publicité : (Mathilde Touvier) "...il y a une étude de santé publique France qui a mesuré qui a regardé toutes les publicités auxquelles étaient exposés les enfants [...] ils ont montré que pour plus de la moitié des produits c'était des produits avec un Nutriscore Dou E."
- Les actions citoyennes locales : (Philippe Cardon) "...à l'échelle local de quartier il existe tout un ensemble d'actions qui sont portées par des citoyens qui créent des cantines des restaurants citoyens qui créent des ateliers de sensibilisation..."
- La sécurité sociale de l'alimentation : (Mathilde Touvier) "...il y a un projet en France actuellement c'est la sécurité sociale de l'alimentation pour aider les personnes les plus démunies à avoir un budget qui leur permet d'aller vers des produits sains des produits de haute valeur nutritionnelle."
- L'importance de privilégier les aliments végétaux et de saison : (Mathilde Touvier) "...il y avait déjà dans la version actuelle du PNS par exemple des aspects de privilégier les aliments végétaux essayer de limiter les les produits carnés ou les les graisses animales et cetera... Il y avait déjà des recommandations qui étaient qualitatives sur le fait d'essayer de privilégier les fruits et légumes de saison."
- Les conflits d'intérêts dans la recherche : (Mathilde Touvier) "...il y a quand même des études qui ont été publié par exemple sur boisson sucrée obésité qui montre que quand l'étude est financée par une célèbre marque de soda ou voilà par coca par exemple et ben il y a cinq fois plus de risque de conduire à bah aucun lien aucun problème entre boisson sucré obésité que si c'est une étude financée par pour la recherche publique."
- Le Nutriscore et son potentiel : (Mathilde Touvier) "...150 publications même l'OCDE [...] qui dit ça qu'on pourrait éviter 2 millions de cas de maladies chroniques en Europe grâce au Nutriscorde d'ici 2050 et pour autant l'Europe ne prend pas la destinition de le rendre obligatoire."
- La complexité de l'éducation à l'école : (Philippe Cardon) "Sauf que ben je vais le dire de manière assez crue c'est que l'école on lui demande beaucoup de choses en fait."
- L'importance des compétences psychosociales : (Fran Arbois Calas) "...aujourd'hui on un des piliers enfin un des éléments sur lesquels est construite les est construit le programme d'éducation des enfants c'est les compétences psychosociales le développement des compétences psychosociales dont la pensée critique fait partie..."
- Les circuits courts : (Mathilde Touvier) "Donc bien entendu que c'est à développer le tissu associatif le tissu local Voilà c'est il y a que des bénéfices..."
Conclusion :
- Ces extraits soulignent la complexité de nos représentations alimentaires et leur caractère profondément évolutif.
Nos choix sont influencés par une multitude de facteurs historiques, économiques, sociaux et culturels.
Si le mythe d'un passé alimentaire idéal est déconstruit, l'émergence de préoccupations sanitaires liées à l'ultra-transformation et aux modes de production actuels est mise en évidence.
La dimension politique et sociale de l'alimentation, marquée par des inégalités importantes, nécessite des approches multidimensionnelles pour promouvoir des habitudes plus saines et durables.
L'éducation, la régulation, le soutien aux initiatives locales et la prise en compte des facteurs socio-économiques apparaissent comme des leviers essentiels pour l'avenir de notre alimentation.
La vigilance face aux conflits d'intérêts dans la recherche scientifique est également cruciale pour garantir la fiabilité des connaissances.
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Briefing Document : Développer la coopération, la confiance et l’autonomie des élèves
Source : Excerpts from "Développer la coopération, la confiance et l’autonomie des élèves - Élise Huillery"
Thème Central : La nécessité de reconnaître et de développer les compétences sociales et comportementales (CSC) des élèves comme un levier essentiel de la réussite scolaire, de l'insertion professionnelle et du bien-être sociétal. Élise Huillery argumente que ces compétences sont actuellement un "angle mort" du système éducatif français, bien que leur importance soit de plus en plus reconnue.
Points Clés et Arguments Principaux :
1. Définition et Importance des Compétences Sociales et Comportementales (CSC) :
- Compétences Comportementales (Rapport à soi) : Estime de soi, optimisme, état d'esprit de développement (croire en la malléabilité de l'intelligence), locus de contrôle (sentiment de maîtrise sur ce qui nous arrive), contrôle de l'impulsivité, autodiscipline.
- Huillery précise : "les compétences comportementales ça va référer à tout ce qui est rapport à soi-même donc on va retrouver dans les compétences comportementales dans le rapport à soi des des l'estime de soi une forme d'optimisme par rapport à à ses chances de réussite un état d'esprit de développement [...] un locus de contrôle [...] et la capacité en fait tout tout ce que je viens de citer ça réfère à un sentiment qu'on est capable de progresser qu'on est capable en faisant des efforts d'y arriver et puis il y a également de des des compétences très importantes qui sont le contrôle de son impulsivité et l'autodiscipline."
- Compétences Sociales (Rapport aux autres) : Capacité à coopérer, empathie, respect, tolérance, contrôle de l'impulsivité et de l'agressivité envers les autres, sentiment d'appartenance.
- Elle explique : "dans les champs des compétences sociales donc là on va parler du rapport aux autres et de la qualité du rapport aux autres donc entre autres on va avoir la capacité à coopérer à être empathique à respecter à tolérer à contrôler également l'impulsivité l'agressivité par rapport aux autres mais également le sentiment d'appartenance le sentiment de faire partie d'une équipe que l'on soutient et par laquelle on est soutenu".
- Terminologie : Huillery clarifie l'utilisation de termes variés tels que "soft skills", "compétences non cognitives" ou "compétences socio-émotionnelles", soulignant qu'il s'agit bien de compétences cognitives qui se développent dans le cerveau. Elle préfère l'appellation "compétences sociales et comportementales" pour éviter les connotations réductrices de certains termes.
2. Le Déficit Français en Matière de CSC :
- État d'esprit de développement : Les élèves français ont un score d'état d'esprit de développement inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE, indiquant une moindre croyance en la capacité de l'intelligence à évoluer.
- "ce qu'on voit c'est que la France est en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE concernant le score d'état d'esprit de développement donc la croyance que l'intelligence c'est quelque chose qui peut évoluer et qui peut s'entraîner et se développer en fait."
- Anxiété, Sentiment de Compétence, Persévérance, Ouverture à la Résolution de Problèmes, Locus de Contrôle : Les données PISA montrent que les élèves français sont plus anxieux, ont un sentiment de compétence en mathématiques plus faible (même en étant dans la moyenne des performances), sont moins persévérants, moins ouverts à la résolution de problèmes et ont un locus de contrôle plus externe (sentiment que ce qui leur arrive dépend de facteurs extérieurs).
- Concernant l'anxiété : "ce qu'on voit c'est que la France a une les élèves français [...] ont un niveau d'anxiété qui est nettement au-dessus des pays de l'OCDE".
- Sur le locus de contrôle : "l'écart par rapport à la moyenne des autres pays est très fort on a des élèves pour qui le locus de contrôle est beaucoup plus externe et donc bah par contraposer moins interne donc en gros nos élèves pensent plus qu'ailleurs que ce qui leur arrive dépend de l'extérieur de contrainte extérieure et non pas de leur stratégie de leur travail de leurs efforts à eux."
- Coopération : La France se situe au dernier rang des pays de l'OCDE en termes de capacité et de perception de la pratique coopérative.
- "pour la coopération c'est la catastrophe nous sommes le dernier pays dernier pays de tous les pays de l'OCDE dans notre dans la capacité en fait l'indice de coopération il mesure la comment les élèves voient la pratique coopérative et comment ils l'utilisent et alors là on est les derniers."
- Sentiment d'Appartenance et Résolution Collaborative de Problèmes : Bien que moins marqué, la France est également en dessous de la moyenne de l'OCDE dans ces domaines.
- Similitudes chez les Adultes : Huillery souligne que ces déficits observés chez les élèves se retrouvent également chez les adultes, d'après les enquêtes comme le PIAC.
3. L'Impact des CSC sur la Réussite Scolaire, l'Insertion Professionnelle et la Société :
- État d'esprit de développement et réussite scolaire : Des études menées dans plusieurs pays, dont la France, montrent que le développement d'un état d'esprit de développement chez les élèves a des effets positifs et significatifs sur leurs résultats scolaires et leurs apprentissages, même à long terme. Une expérimentation menée dans des collèges REP+ en France a confirmé ces effets positifs sur l'état d'esprit, le comportement en classe et les résultats scolaires des élèves.
- "ces programmes ont tous montré des effets positifs et significatifs sur des tests scolaires sur les notes des élèves sur des apprentissages même 2 ans et demi après les interventions".
- Apprentissage Coopératif et Feedback : L'apprentissage coopératif est une pratique pédagogique à fort impact sur l'apprentissage des élèves, avec un coût relativement faible (principalement de la formation des enseignants). Le feedback individualisé et positif est identifié comme l'intervention éducative ayant l'impact le plus élevé sur la progression des élèves.
- Concernant l'apprentissage coopératif : "l'apprentissage coopératif ça fait partie des pratiques pédagogiques qui ont été le plus étudié avec le un niveau de de confiance dans les résultats élevés et qui montre des effets qui sont bien plus importants euh par rapport au au à la réduction des tailles de classe".
- Sur le feedback positif : "le feedback doit aussi être positif c'est-à-dire que le feedback doit dire à l'élève pas seulement ce sur quoi il faut qu'il retravaille [...] il faut il faut faire aussi beaucoup de feedback positif en disant c'est super tu as progressé là-dessus je suis très contente que tu aies réussi à faire ce cette chose-là même si là et on va essayer de retravailler et cetera."
- Programme de Montréal (Contrôle de Soi et Habilités Sociales) : Un programme ciblant des enfants défavorisés âgés de 7 à 9 ans, axé sur le contrôle de soi et les habiletés sociales, a eu des effets spectaculaires à long terme : amélioration des compétences sociales, augmentation du taux d'obtention du baccalauréat, hausse des revenus annuels, baisse de l'inactivité, diminution de la criminalité et de la dépendance aux prestations sociales. Ce programme s'est avéré être un investissement très rentable pour la société.
- "ce programme se finance lui-même fois 11 donc pour 1 € dépensé dans le programme on a 11 enfin c'est des dollars on a 11 dollars de gagner entre guillemets si on fait toute la somme de ces bénéfices à la fois individuels et sociaux."
- Les CSC comme facteurs instrumentaux : Huillery insiste sur le fait que le développement des CSC n'est pas seulement souhaitable en soi, mais qu'elles sont des compétences "instrumentales" qui favorisent la réussite scolaire et l'insertion professionnelle, générant des "bénéfices publics" importants.
4. Recommandations pour l'École :
- Développer l'apprentissage coopératif : Mettre en place des pratiques pédagogiques favorisant la coopération et la collaboration entre les élèves.
- Travailler sur l'état d'esprit de développement : Intégrer la promotion de cet état d'esprit au cœur du système éducatif, en formant les enseignants et les parents.
- Réformer l'évaluation des élèves : Adopter des méthodes d'évaluation qui favorisent un feedback positif et encourageant, aligné sur la progression et non uniquement sur le constat des erreurs.
- Former les enseignants (initiale et continue) : Renforcer la formation des enseignants aux pédagogies et aux attitudes qui développent les CSC.
- Impliquer et former les parents : Reconnaître le rôle central des parents et les former aux pratiques et attitudes favorisant le développement des CSC chez leurs enfants.
Conclusion Principale :
Le discours d'Élise Huillery met en lumière un enjeu crucial pour le système éducatif français : la prise en compte et le développement actif des compétences sociales et comportementales des élèves.
En s'appuyant sur des données de recherche solides, elle démontre que ces compétences ne sont pas des "soft skills" secondaires, mais des leviers fondamentaux pour améliorer la réussite scolaire, favoriser l'insertion professionnelle et générer des bénéfices significatifs pour la société dans son ensemble.
Elle appelle à une transformation des pratiques pédagogiques, de la formation des enseignants et de l'implication des parents pour combler le déficit français dans ce domaine et exploiter pleinement le potentiel des élèves.
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Résumé de la vidéo [00:00:00][^1^][1] - [00:21:53][^2^][2]: * 00:00 Début * 01:03 Sommaire * 02:11 I es compétences * 04:18 Les mesures * 09:48 Déficit de compétences * 16:58 Compétences sociales * 17:34 Expérimentation au collège * 20,57 Impact des politiques éducatives * 24:38 Impact sur l'insertion professionnelle * 26:43 Calcul de rentabilité * 28:07 Recommandations
Cette vidéo, présentée par Élise Huillery, aborde l'importance des compétences sociales et comportementales dans l'éducation, telles que la confiance, la coopération et l'autonomie des élèves. Elle souligne que ces compétences sont souvent négligées dans le système éducatif français, mais qu'elles sont essentielles pour la réussite scolaire, l'insertion professionnelle et les bénéfices publics. Huillery propose des recommandations pour développer ces compétences chez les élèves.
Points forts: + [00:00:22][^3^][3] L'importance des compétences sociales * Nécessité de développer la confiance, la coopération et l'autonomie * Impact sur la réussite scolaire et l'insertion professionnelle * Bénéfices pour la société en général + [00:02:14][^4^][4] Les compétences comportementales et sociales * Comprend l'estime de soi, l'optimisme et le contrôle de l'impulsivité * Inclut la capacité à coopérer, l'empathie et le sentiment d'appartenance + [00:09:51][^5^][5] Le déficit des compétences chez les élèves français * Les élèves français montrent un manque de compétences comparé à l'OCDE * Importance de l'état d'esprit de développement et de la persévérance + [00:17:36][^6^][6] L'impact des compétences sur la réussite éducative * Les programmes visant à développer un état d'esprit de croissance montrent des résultats positifs * Amélioration du comportement en classe et des performances scolaires Résumé de la vidéo [00:21:56]¹[1] - [00:30:56]²[2]:
La vidéo présente une conférence d'Élise Huillery sur l'amélioration de l'apprentissage des élèves en France. Elle discute de l'importance de réduire la taille des classes, mais souligne que cela ne suffit pas sans transformer les pédagogies et motiver les élèves. Elle met en avant l'apprentissage coopératif et le feedback positif comme des leviers efficaces pour améliorer l'éducation.
Points forts: + [00:22:00]³[3] Réduction de la taille des classes * Effets limités sans changement pédagogique * Coûts élevés par rapport aux bénéfices * Nécessité d'autres actions pour améliorer l'efficacité + [00:22:39]⁴[4] Apprentissage coopératif * Pratiques pédagogiques efficaces et peu coûteuses * Formation des enseignants requise * Impact significatif sur la progression des élèves + [00:23:24]⁵[5] Feedback positif * Retours individualisés pour guider les progrès * Importance de l'encouragement et de la reconnaissance des réussites * Distinction entre feedback positif et négatif + [00:24:46]⁶[6] Programme à Montréal * Ciblage des compétences sociales et comportementales * Effets à long terme sur l'éducation et l'insertion professionnelle * Rentabilité élevée pour la société + [00:28:14]⁷[7] Déficit en compétences sociales en France * Rôle crucial dans la réussite scolaire et professionnelle * Possibilité de transformation par des programmes éducatifs + [00:29:01]⁸[8] Recommandations pour l'école * Développement de l'apprentissage coopératif et de l'état d'esprit de développement * Réforme de l'évaluation des élèves * Formation continue des enseignants et des parents
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Voici un sommaire de la vidéo avec des indications temporelles basées sur le déroulement du contenu :
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Introduction (Début de la vidéo) : L'introduction est faite par Elena, la fondatrice de Toadhouse Games. Elle explique que ce tutoriel est conçu pour les débutants qui n'ont aucune connaissance en codage et que les premières vidéos seront gratuites sur YouTube. Elle présente Ren'Py comme un moteur de roman visuel utilisé par des milliers de créateurs.
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Qu'est-ce que Ren'Py ? (Environ 0:00 - 1:00) : Ren'Py est un moteur pour créer des romans visuels et de la fiction interactive. Bien qu'il fonctionne avec du code Python, il n'est pas nécessaire de savoir coder pour l'utiliser. Le logiciel fournit tout ce dont vous avez besoin, y compris des éditeurs de texte.
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Téléchargement de Ren'Py (Environ 1:00 - 2:00) : Il faut se rendre sur ri.org et cliquer sur le bouton de téléchargement. Différentes versions sont disponibles pour Windows, Mac, Linux, Android et iOS. Une fois le fichier téléchargé, il faut l'exécuter et extraire les fichiers dans le dossier de votre choix.
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Ouverture et présentation du lanceur Ren'Py (Environ 2:00 - 4:00) : Dans le dossier extrait, double-cliquez sur l'application Ren'Py (l'icône avec un anime) pour ouvrir le lanceur. Le lanceur affiche les projets ouverts (tutoriel et question par défaut) et les fichiers associés à chaque projet. Sur la droite, l'option "script" permet d'accéder aux fichiers de code, qui peuvent être édités dans un éditeur de texte comme Atom. Ren'Py peut télécharger et installer Atom pour vous.
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Exploration des fichiers du projet (Environ 4:00 - 5:00) : Le dossier "game" contient tous les fichiers du jeu (audio, musique, images, etc.). Un raccourci vers le dossier "images" est également disponible. Le fichier "script" contient le code du jeu, y compris les dialogues, les transitions, la musique et les scènes. Les options et les écrans (screens) permettent de personnaliser l'apparence du jeu.
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Construction et distribution du jeu (Environ 5:00 - 5:30) : L'option "build distributions" permet de créer une version jouable de votre jeu pour la partager avec d'autres sur différentes plateformes comme PC, Linux, Mac, itch.io ou Steam.
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Exercice pratique avec le projet "The Question" (Environ 5:30 - 8:00) : Il est recommandé de sélectionner le projet "the question" et de lancer le projet pour jouer au jeu. Ensuite, ouvrez le script du projet "the question". L'exercice consiste à jouer au jeu tout en regardant le code correspondant dans l'éditeur de texte. Cela permet de comprendre comment le code contrôle le déroulement du jeu (musique, scènes, dialogues, choix). Il est possible de faire de petites modifications dans le script et de recharger le jeu pour voir les changements.
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Présentation de Scrivener (Environ 8:00 - 9:00) : Scrivener est un logiciel optionnel qui peut être utilisé pour écrire le dialogue et organiser le contenu de votre roman visuel. Un modèle Ren'Py pour Scrivener créé par Toadhouse Games est disponible. Scrivener propose des conseils d'écriture de base et des modèles pour les profils de personnages et le code Ren'Py.
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Conclusion (Environ 9:00 - Fin de la vidéo) : Elena encourage les spectateurs à commencer à expérimenter avec Ren'Py en modifiant le projet "the question". Des tutoriels plus avancés sur les "flags" et les choix seront proposés ultérieurement. Des ressources d'aide sont disponibles sur Twitter, par e-mail (teamtoadhouse@gmail.com), sur les subreddits et les forums Ren'Py, ainsi que sur le Discord de Toadhouse Games.
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Voici un sommaire avec des indications temporelles basées sur le déroulement de la vidéo :
- Introduction (Début) : Elena Linaire, fondatrice et directrice créative de Team Toad House et Toad House Games, présente le studio et annonce un game jam de visual novels sur itch.io.
Elle mentionne des ateliers animés par des professionnels de Toad House pour aider à la création de visual novels. L'objectif est de rendre la création de jeux accessible aux débutants.
- Téléchargement de Ren'Py (Environ 2-3 minutes) : Elena explique comment télécharger Ren'Py depuis le site renpy.org.
Elle précise que Ren'Py est un moteur de jeu open source et gratuit spécialement conçu pour les visual novels. Elle cite d'autres moteurs de jeu comme Unity, Unreal, Game Maker, Godot et Twine, notant qu'ils sont adaptés à différents types de jeux.
Elle souligne que la connaissance de Python n'est pas nécessaire pour utiliser Ren'Py, bien que le "pi" dans Ren'Py fasse référence à Python.
- Documentation et Ressources (Environ 4-5 minutes) :
Elena mentionne que le site de Ren'Py contient de la documentation, qui est parfois considérée comme peu conviviale.
Elle recommande également le serveur Discord Ren'Py et le forum Lumisoft comme ressources d'aide.
La documentation couvre les bases et les utilisations plus spécifiques de Ren'Py, y compris les systèmes de dates, de monnaie et d'inventaire.
- Lancement et Création d'un Nouveau Projet (Environ 6-10 minutes) :
Elena montre l'interface du lanceur Ren'Py, affichant des projets existants comme ceux de Toad House Games.
Elle explique comment créer un nouveau projet, choisir la langue (avec des options comme le pig latin) et sélectionner un éditeur de texte (recommandant Adam, qui peut être téléchargé directement depuis Ren'Py).
Il est possible de choisir la résolution du projet, avec 1280x720 comme valeur par défaut, et un schéma de couleurs clair ou foncé pour l'interface (GUI).
- Structure des Fichiers d'un Projet (Environ 11-13 minutes) :
Elena présente la structure des dossiers créés pour un nouveau projet Ren'Py, notamment les dossiers
game
(contenantimages
,audio
,gui
,saves
),audio cache
et autres.Elle explique que le fichier
script.rpy
est l'endroit où le code du jeu est écrit.Elle montre comment remplacer l'icône de l'application et modifier les éléments de l'interface graphique dans le dossier
gui
.- Jeu Ren'Py par Défaut et Code de Base (Environ 14-16 minutes) :
Elena lance le projet par défaut de Ren'Py pour montrer les fonctionnalités intégrées comme les sauvegardes, les chargements, les préférences (volume, plein écran, saut, etc.) et l'écran "À propos". Elle exécute le court jeu par défaut pour illustrer la structure de base : arrière-plan (
bg
), sprites et dialogue.Elle ouvre ensuite le fichier
script.rpy
dans Adam pour montrer le code correspondant, expliquant les déclarations de personnages (define
) et le point de départ du jeu (label start
).- Définir des Personnages et Écrire du Dialogue (Environ 17-19 minutes) : Elena explique comment définir des personnages avec un nom et une couleur de texte.
Elle montre comment écrire du dialogue en utilisant le nom du personnage défini. Elle aborde la question de la gestion de plusieurs personnages avec des noms similaires.
-
Outil Narratif Scrivener (Environ 19-22 minutes) : Elena présente Scrivener comme un outil utile pour la planification et l'écriture du récit d'un visual novel, permettant d'organiser l'intrigue, les dialogues et même d'intégrer des éléments de code de base avant de les copier-coller dans Ren'Py.
-
Narration et Positionnement du Texte (Environ 22-24 minutes) : Elena explique comment gérer le texte de narration (sans nom de personnage), souvent utilisé pour les pensées internes.
Elle mentionne les deux modes de texte principaux dans Ren'Py : en bas de l'écran et en plein écran (NVL). Elle déconseille de placer le texte narratif ailleurs à cause de la complexité du code.
- Choix, Sauts (Jump), Appels (Call) et Drapeaux (Flags) (Environ 25-41 minutes) :
Elena démontre comment créer des choix (menu) dans Ren'Py, en utilisant les mots-clés
menu
, les options et les actions à entreprendre (texte,jump
vers un autre label,call
à un autre label).Elle explique la différence entre
jump
(saut sans retour) etcall
(appel avec retour après unreturn
).Elle introduit le concept de drapeaux (flags), qui sont des variables utilisées pour suivre les décisions du joueur et influencer le déroulement de l'histoire (
default nom_du_drapeau = False
,\$ nom_du_drapeau = True
,if nom_du_drapeau:
).Elle montre comment les drapeaux peuvent être utilisés avec des instructions
if
pour afficher du contenu conditionnel.- Analyse des Jeux Tutoriel et "The Question" (Environ 41-47 minutes) :
Elena examine le jeu tutoriel inclus avec Ren'Py, soulignant ses fonctionnalités (sauvegarde, chargement, préférences, rollback, historique) et son contenu éducatif sur les bases de Ren'Py.
Elle explore ensuite le jeu d'exemple "The Question", attirant l'attention sur l'analyse du jeu du point de vue d'un développeur (apparence des sprites, positionnement, expressions, choix).
Elle montre comment le code du jeu "The Question" utilise la définition de personnages avec des couleurs de texte personnalisées (codes hexadécimaux), les drapeaux et la structure des labels pour créer des choix et des embranchements narratifs.
- Exemple de Code de "Good Looking Home Cooking" (Environ 47-1 heure 17 minutes) :
Elena présente le code de son jeu "Good Looking Home Cooking" comme un exemple plus complexe, montrant l'utilisation de définitions pour les sons, les curseurs et les personnages (avec des propriétés comme la couleur et le texte alternatif pour la synthèse vocale).
Elle explique l'utilisation de variables pour suivre les choix importants (drapeaux) et comment ces drapeaux sont utilisés dans les menus et les instructions conditionnelles pour créer différents embranchements et fins.
Elle illustre l'utilisation de transformations et de positionnement pour les sprites, les transitions (dissolve, fade to black), et la création d'une séquence de crédits animée à partir d'une image PNG défilante. Elle discute des différentes fins possibles dans un visual novel (bonne, mauvaise, tiède).
- Taille des Images et Arrière-Plans (Environ 1 heure 17 minutes - 1 heure 21 minutes) :
Elena aborde la question de la taille des images, expliquant qu'elle est déterminée par essai et erreur pour correspondre à la résolution du projet et à l'aspect souhaité. Elle montre des exemples d'arrière-plans filtrés dans le jeu Ren'Py "Karashojo".
- Conseils de Gestion du Temps et Conclusion (Environ 1 heure 21 minutes - Fin) :
Elena termine en donnant des conseils pour la gestion du temps et éviter le "crunch" pendant le game jam, notamment en se fixant des mini-échéances régulières et en étant réaliste quant à la portée du projet.
Elle encourage les participants à utiliser des outils comme Scrivener et à rejoindre la communauté Discord pour trouver de l'aide et des collaborateurs.
Elle rappelle l'importance d'inclure la mention légale de Ren'Py dans le jeu.
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Voici un sommaire avec des horodatages (timestamps) de la vidéo, mettant en évidence les points les plus importants en gras et en français :
- [0:00] Introduction et bienvenue à la chaîne Toadhouse par une artiste invitée, Thunderbird Paints, qui est l'artiste principale et directrice artistique de Toadhouse Games. Elle prévoit de parler de la conception des environnements, des personnages et potentiellement de l'interface utilisateur pour les romans visuels.
- [1:00] Début de la discussion sur la conception des personnages et des environnements pour les romans visuels, en commençant par les personnages car ils sont la base d'un roman visuel.
- [2:00] L'importance d'avoir une idée du scénario avant de concevoir les personnages. L'artiste lance l'idée de créer un roman visuel fictif avec des thèmes rétro, comme un décor de foire Renaissance ou de western cowboy.
- [3:00] Choix d'un thème de roman visuel sur le thème de Donjons et Dragons (D&D). Discussion sur le personnage principal : statique ou adaptable (avec un générateur de personnages). Le chat vote pour un personnage principal spécifique.
- [3:00] Détails du personnage principal : un barde avec un accent texan, non binaire. Discussion sur la race du personnage (humain, demi-orc, demi-elfe).
- [4:00] Application de la discussion sur la conception des personnages concernant les scènes spéciales (CG) et l'interaction avec d'autres personnages, en tenant compte de l'esthétique et des constructeurs de personnages.
- [5:00] Principes de base pour dessiner un personnage, en commençant généralement par une illustration de référence (turnaround). Importance de considérer l'esthétique de base et le potentiel de cosplay.
- [6:00] Début du croquis d'un personnage demi-orc non binaire, en se concentrant sur la forme générale et les épaules. Discussion sur les méthodes de coloration (traits et remplissage ou une seule couche).
- [7:00] Continuation du croquis de référence (turnaround), en veillant à l'alignement des différentes parties du corps. Utilisation de guides pour la hauteur et la variance des types de corps et des formes.
- [8:00] Esquisse des traits du visage, en commençant par le nez d'orc. Importance de l'hydratation (mention du robot à eau). Discussion sur l'influence d'un chapeau de cowboy sur la coiffure et l'utilisation de références.
- [9:00] Ajout de détails à la tenue, comme un gilet. Discussion sur le fait que les romans visuels ne doivent pas nécessairement être romantiques et qu'ils peuvent inclure des mini-jeux et des scénarios non linéaires.
- [10:00] Poursuite de l'ajout de détails à la tenue (jambières, éperons). Mention de romans visuels comme Persona. Pause thé avec l'apparition des chats.
- [11:00] L'inspiration du jour liée à la citation du sachet de thé. Continuation du dessin des bottes de cowboy. Discussion sur la quantité d'art de personnage typiquement visible dans un roman visuel (buste ou taille).
- [12:00] Importance d'avoir des sprites de corps entier pour les zooms et les effets, ainsi que pour les scènes spéciales. Ajout d'éléments à la tenue (sac, bretelles).
- [13:00] Finalisation de la silhouette et ajout d'une guitare. Réglage de la forme du chapeau. Début de la stylisation de la tenue.
- [13:00] Séparation des calques pour le croquis de face et de dos. Ajout d'une ceinture. Le chat approuve le design.
- [14:00] Début de la coloration du personnage, en utilisant une seule couche pour la plupart de l'illustration conceptuelle. Discussion sur les couleurs de peau des tieffelins dans D&D.
- [15:00] Discussion sur la personnalisation des personnages dans les jeux et la création d'éléments de personnalisation.
- [15:00] Retour à la définition des traits du visage, en se concentrant sur la forme du visage, les expressions et les couleurs.
- [16:00] Informations généralement fournies lors de la création d'un design de personnage (personnalité, historique, apparence physique, couleur préférée). Le rôle de l'artiste dans la traduction de la personnalité en esthétique visuelle.
- [17:00] Fin de la coloration de la tenue principale. Transition vers la conception des environnements. Importance de la posture pendant le dessin et suggestion d'étirements.
- [17:00] Couleur de la guitare inspirée de l'ancienne guitare de l'artiste. Couleur de la ceinture.
- [18:00] Couleur du bord du chapeau et des bottes. Choix de la couleur du pantalon pour créer un schéma de couleurs cohérent. Discussion sur la modification des couleurs.
- [19:00] Célébration des abonnements offerts à la chaîne. Ajout d'un détail de chemise dépassant.
- [20:00] Discussion sur la création de sprites de personnages et l'importance des expressions faciales. Le nombre d'expressions nécessaires (généralement six ou sept).
- [21:00] Croquis rapide d'une guitare. L'idée de la conception prime sur le détail parfait.
- [21:00] Ajout rapide d'orteils. L'artiste utilise le même pinceau pour la plupart du concept.
- [22:00] Ajout de boutons. Idée d'utiliser l'asymétrie dans la conception des tenues pour montrer qu'un personnage est légèrement déséquilibré.
- [23:00] Exemples de modifications de la tenue pour créer différents aspects (manches, capes, gants).
- [23:00] Retour à la conception de base et discussion sur les expressions faciales (colère, tristesse).
- [24:00] Question sur le stockage des expressions faciales et des poses corporelles. L'artiste montre des exemples de son travail sur "Call Me Sarah" et "Good Looking Home Cooking", où les corps et les expressions sont généralement conservés séparément pour permettre des changements dans le langage corporel.
- [26:00] Conseils pour accélérer la conception des personnages pour un délai court (nombre d'expressions limité, poses simples, réutilisation d'éléments).
- [27:00] Démonstration rapide de changement d'expressions faciales en modifiant des éléments comme les yeux, la bouche et les sourcils, tout en conservant le même corps.
- [28:00] Transition vers la conception des environnements après une courte pause.
- [29:00] Introduction à la conception des environnements, perspective et outils (pinceaux de perspective). Importance de placer la ligne d'horizon au milieu pour un roman visuel.
- [30:00] Croquis rapide d'un coin de rue médiéval, en utilisant des formes simples pour les bâtiments. Utilisation de la touche Shift pour tracer des lignes droites.
- [31:00] Ajout d'éléments comme des arbres et un magasin général. Discussion sur l'alignement des personnages et des arrière-plans pour qu'ils s'intègrent mieux.
- [32:00] Utilisation de références photographiques pour la taille des bâtiments par rapport aux personnages (exemple d'Hershey Park). Ajustement de la taille et de l'emplacement des éléments d'arrière-plan.
- [33:00] Zoom sur une partie de l'esquisse d'arrière-plan pour montrer un arrière-plan potentiel pour un roman visuel. Début du blocage des couleurs de l'environnement.
- [34:00] Poursuite du blocage des couleurs (bâtiments, arbres). Importance de créer des calques séparés pour les éléments d'arrière-plan pour faciliter les modifications.
- [35:00] Incident technique avec le stylet de la tablette. Reprise et continuation du blocage des couleurs.
- [36:00] Présentation d'exemples d'environnements précédemment créés et promotion de l'événement annuel "Environment-tober" pour la pratique des environnements.
- [37:00] Retour à l'esquisse de l'environnement, suppression des lignes de perspective et début de l'ajout de détails et de considérations sur la source de lumière.
- [38:00] Démonstration de la création de différentes ambiances lumineuses (crépuscule, matin) en dupliquant le calque de couleurs de base et en utilisant des modes de fusion et des couleurs différents.
- [39:00] Importance des ombres pour les bâtiments et le paysage. Démonstration rapide de la création d'une scène de nuit avec des étoiles.
- [40:00] Finalisation de la démonstration de la création d'une scène de nuit. Remarques de clôture, excuses pour ne pas avoir abordé l'interface utilisateur, invitation à poser des questions sur Discord.
- [41:00] Message de fin et salutations.
-
Document de Briefing : Conception de Jeux Vidéo de Type Visual Novel
Source : Extraits de la diffusion en direct "Basic Visual Novel Art | Characters and Environments | Lecture Stream | with Heather Gartner"
Date : Non spécifiée dans le texte
Présentateur : Heather Gartner (Thunderbird Paints), Lead Artist et Art Director chez Toad House Games.
Public Cible : Artistes débutants et développeurs de visual novels, potentiellement participants à une game jam (Toad House Jam).
Objectif de la Diffusion : Fournir des bases et des conseils pratiques pour la conception de personnages, d'environnements et potentiellement d'interfaces utilisateur (UI) pour les visual novels.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
I. Introduction et Préambule :
- L'hôte, Heather Gartner (Thunderbird Paints), remplace Alanna, la dirigeante habituelle de Toad House.
- Elle est la lead artist et art director de Toad House Games, ayant travaillé sur "Call Me Sarah", "Role for Confidence" et "Good Looking Home Cooking".
- La session est prévue pour durer environ 2 à 2h30 et se concentrera sur les bases de la création d'éléments visuels pour les visual novels.
- L'outil principal utilisé sera Adobe Photoshop, bien que Heather mentionne également son intérêt pour Affinity Photo et son utilisation de Krita pour l'animation.
- Un thème fictif de visual novel sera créé en direct pour illustrer les concepts. Le thème initialement suggéré par le chat était un "cowboy western" ou une "ren fair", mais un thème "dungeons and dragons" (fantasy RPG) sera finalement retenu.
II. Conception de Personnages :
- Point de Départ : L'Idée du Scénario : "the first thing that you want to have is an idea of what your plot is going to be". La connaissance de l'intrigue est essentielle pour informer la conception des personnages.
- Thèmes Overarching : Définir le contexte général (futuriste, moderne, historique, etc.) est une étape préliminaire importante.
- Personnage Principal : Il peut être statique ou adaptable (via un générateur de personnage). L'oratrice préfère un personnage principal spécifique car il est au cœur du jeu et son design initial influence la conception des autres personnages et des scènes spéciales (CGs).
- Détails du Personnage Principal : Pour l'exemple, un barde non-binaire avec un accent texan et une origine demi-orc est choisi. L'importance de considérer la race et le type de personnage est soulignée.
- Scènes Spéciales (CGs) : Ces scènes, souvent débloquables, nécessitent de considérer l'interaction du personnage principal avec les autres. Pour les personnages créés via un builder, il faut s'assurer de la cohérence esthétique (taille, proportions, etc.).
- Processus de Dessin :Commencer par une idée de la structure corporelle de base (le "frame").
- Heather Gartner réalise généralement des "turnarounds" (vues de face et de dos) pour ses personnages.
- Utilisation de calques est essentielle pour la flexibilité et la correction d'erreurs.
- Des lignes de repère (pour la hauteur, les épaules, la taille, etc.) sont recommandées pour assurer la cohérence des proportions.
- Le processus de dessin d'Heather est souvent direct avec la couleur, sans forcément passer par un lineart précis.
- Détails et Reconnaissance :Ajouter des détails distinctifs (un chapeau de cowboy dans l'exemple) pour rendre le personnage reconnaissable par sa silhouette.
- Considérer la "cosplayability" du personnage peut influencer le design.
- Les formes (angulaires vs. rondes) peuvent communiquer des aspects de la personnalité.
- Coloration : Heather utilise généralement une seule couche pour l'illustration principale, avec une esquisse en dessous. L'utilisation de couleurs profondes (vert olive pour la peau de l'orc) est explorée.
- Personnalisation : L'importance de la communication avec l'équipe (écrivains, etc.) pour comprendre la personnalité, le background et les préférences physiques du personnage est soulignée. L'artiste doit parfois traduire des "sentiments" en esthétique visuelle.
- Expressions Faciales : Il est conseillé de prévoir différentes expressions (colère, tristesse, joie) pour les sprites. Un nombre limité (6-7) peut suffire pour la plupart des situations, à moins d'un arc narratif spécifique nécessitant des changements d'apparence.
- Sprites et Assets : Les expressions faciales sont généralement stockées comme des assets séparés du corps. Parfois, le corps entier est redessiné pour correspondre à l'expression et au langage corporel souhaités. Des exemples de sprites de "Call Me Sarah" et "Good Looking Home Cooking" sont montrés pour illustrer cela.
- Création Rapide de Personnages : Pour les projets avec des délais courts (un mois), il est conseillé de simplifier les designs (moins de détails, peu d'accessoires complexes comme les chapeaux), de réutiliser les assets (formes corporelles) et de limiter le nombre d'expressions faciales (3 expressions génériques peuvent être suffisantes).
III. Conception d'Environnements :
- Perspective : Bien que moins cruciale pour les environnements organiques, la perspective est importante pour les scènes en intérieur ou les paysages urbains. Des outils comme les "perspective brushes" peuvent être utiles. La ligne d'horizon est généralement placée à mi-hauteur pour un visual novel.
- Réutilisation des Environnements : Concevoir des environnements qui peuvent être réutilisés avec des variations (éclairage, saisons, jour/nuit) est une stratégie efficace.
- Esquisse Rapide : Commencer par des formes simples (boîtes pour les bâtiments). Le style et l'atmosphère sont ajoutés avec les détails.
- Astuces de Dessin : Utiliser la touche Shift pour tracer des lignes parfaitement droites.
- Placement des Personnages : Dessiner les arrière-plans en ayant une idée de l'emplacement prévu des personnages pour s'assurer qu'ils s'intègrent bien dans la scène. Ajuster la taille des éléments de l'arrière-plan en fonction de la distance perçue du personnage.
- Utilisation de Références : Les photos de lieux réels peuvent servir de référence pour la composition, l'échelle et les formes.
- Coloration des Environnements : Bloquer les couleurs de base, puis ajouter des détails. Les bâtiments et les éléments naturels sont souvent placés sur des calques séparés pour faciliter les modifications.
- Éclairage et Ambiance : L'éclairage est un outil puissant pour créer différentes ambiances (jour, nuit, crépuscule). Des calques de couleur en mode de fusion (overlay, multiply) peuvent être utilisés pour simuler différents moments de la journée. La manipulation des couleurs (ajout de jaune pour simuler la lumière du jour sur un ciel bleu) est expliquée.
- Ombres : L'ajout d'ombres pour les bâtiments et le terrain est crucial pour donner du volume et du réalisme.
- Arrière-Plans Simples vs. Détaillés : Il est acceptable d'avoir des arrière-plans moins détaillés ou flous, surtout si la narration est le point central.
- Environment-Tober : Heather mentionne un événement annuel (en octobre) où elle propose des thèmes pour la création d'environnements, encourageant la pratique.
IV. Interface Utilisateur (UI) :
Le temps imparti ne permet pas d'aborder en détail la conception de l'UI. Heather invite les spectateurs à la contacter sur Discord pour toute question concernant l'UI.
V. Conclusion :
- Heather remercie les spectateurs pour leur participation et pour les dons de subs.
- Elle encourage à la créativité, à la bienveillance envers soi-même et se dit disponible pour répondre aux questions sur Discord.
- Citations Pertinentes :
- "the first thing that you want to have is an idea of what your plot is going to be" (concernant la conception des personnages).
- "visual novels can just be a platform for telling a story hard stop. it is basically a playable story" (soulignant la nature narrative des visual novels au-delà de la romance).
En Résumé :
Cette diffusion en direct offre une introduction pratique à la conception visuelle pour les visual novels.
Heather Gartner partage son expérience et ses méthodes de travail pour la création de personnages et d'environnements, en mettant l'accent sur l'importance du scénario comme point de départ, la considération des détails pour la reconnaissance des personnages, et l'utilisation de références et de techniques d'éclairage pour les environnements.
Elle encourage également la simplification et la réutilisation d'assets pour les projets avec des contraintes de temps. Bien que l'UI n'ait pas été abordée, la session fournit une base solide pour les artistes débutants et les développeurs de visual novels.
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Voici un sommaire de la discussion avec des indications temporelles basées sur l'ordre d'apparition dans le transcript :
- Introduction et présentation d'Albert Moukheiber (Docteur en neurosciences et psychologue clinicien). Il explique qu'il essaie d'allier la compréhension du fonctionnement du cerveau avec ses applications pratiques.
- Genèse du livre "Neuromania". L'idée initiale était de déconstruire des phrases courantes et simplistes entendues sur le cerveau et notre fonctionnement. Des exemples incluent l'idée que les gens n'aiment pas changer ou que la tristesse est due à un déséquilibre chimique. L'auteur cite Stanislas Lem sur le danger de la sursimplification.
- Pourquoi ces simplifications ont pris autant de place. Plusieurs raisons sont évoquées : le caractère récent des neurosciences, l'incertitude scientifique ouvrant la voie aux interprétations, et l'instrumentalisation des découvertes scientifiques (comme la radioactivité ou la physique quantique à des fins marketing).
- Remise en question du paradigme selon lequel "les gens n'aiment pas changer". Ce concept est davantage lié aux systèmes qu'aux individus. La résistance au changement est souvent utilisée pour justifier des passages en force. Le changement dépend du contexte et de ce qu'il implique.
- La possibilité de changer et la question de la patience. Changer de tempérament est différent de la résistance au changement organisationnel. Les traits de personnalité (stables) se distinguent des états (temporaires). Le changement prend du temps, ce qui peut être problématique pour quelqu'un d'impatient.
- Différences entre traits et états de personnalité. Des exemples sont donnés pour illustrer comment quelqu'un peut être colérique (trait) mais pas toujours en colère (état), et comment le contexte influence l'expression de ces traits.
- La stabilité des traits pour la prédictibilité et la coopération. Un changement trop rapide et constant rendrait la collaboration difficile. L'idée d'un "self" unique et constant est remise en question par la notion de "self switching" selon les contextes.
- Comment travailler sur l'impatience. Identifier les situations déclenchantes, les conditions propices et agir au niveau approprié. Accepter que le progrès se fait par étapes et prend du temps. La "cognition incarnée" souligne que nos réactions dépendent de notre corps et de notre environnement.
- Stratégies pour gérer l'impatience. "Think our way out of it" est possible dans certaines situations (exemple du métro en retard), mais pas dans d'autres. Distraction, relaxation corporelle et se souvenir des succès ("count the hits not the misses") sont des pistes. Il faut aussi accepter parfois de ressentir de la frustration.
- La dichotomie émotion/raison. L'auteur a toujours eu un problème avec la hiérarchisation de ces processus. Souvent, les pensées justifient les émotions. L'opposition frontale est rare.
- Distinction entre émotions (substrat biologique), ressenti phénoménologique (affects) et communication de l'émotion. Le langage français utilise souvent le même mot pour ces trois réalités, contrairement à l'anglais ("emotions" et "feelings"). Dans le cerveau, il y a des neurones, pas des émotions ou des pensées en soi.
- L'opposition se fait plutôt entre différentes émotions et pensées. L'exemple de la jalousie ou de l'énervement suivi d'un apaisement est donné. Penser en termes de diades ou de triades (incluant le ressenti corporel) est plus pertinent. Les personnes anosognosiques (ne reconnaissant pas leurs émotions) ne deviennent pas de meilleurs décideurs rationnels, car les émotions sont une forme de feedback.
- Rôle des émotions comme feedback pour adapter notre comportement. Le déficit émotionnel rend le comportement inopérant. Les bases biologiques des émotions sont dans le cerveau et le corps (cognition incarnée). L'opposition émotion/raison remonte à l'Antiquité (Platon).
- Les émotions peuvent être remplacées. Nous avons des émotions et des pensées automatiques, mais aussi des processus métacognitifs et métaémotionnels qui permettent de les modifier progressivement. La rumination (une cognition) nourrit l'émotion, montrant leur interdépendance.
- La porte d'entrée pour casser un cycle émotionnel/cognitif dépend des individus. Injonction émotionnelle, raisonnement, action corporelle, distraction attentionnelle ou acceptation peuvent être utilisés. Les émotions négatives sont importantes et adaptées dans certains contextes (deuil après un licenciement). Vouloir toujours aller bien est une forme de folie.
- L'idéologie de la maximisation et de l'efficience. Cette tendance, visible dans le minimalisme et la technologie, se reflète dans la volonté de maximiser les expériences positives et d'éliminer les émotions négatives. L'auteur ne cherche pas à se maximiser constamment dans tous les domaines.
- Apprendre plus vite est parfois une illusion. Il n'y a pas toujours de raccourcis, notamment pour l'apprentissage des langues. Des vendeurs profitent du désespoir pour vendre des méthodes inefficaces. L'immersion est souvent nécessaire.
- La quête d'amélioration et la comparaison aux autres. Admirer ceux qui apprennent vite ne doit pas nous faire oublier que les compétences varient. Il faut accepter les "règles du jeu" de notre esprit, comme on accepte les limites physiques de notre corps.
- Comparaison avec les capacités physiques. On n'aurait pas la même discussion sur la possibilité de sauter du troisième étage ou de soulever une voiture. L'amélioration du cerveau passe par son utilisation. La quête d'une amélioration constante peut être une source d'insatisfaction.
- La motivation et le changement constant. Ce qui motive l'auteur n'est pas une quête intense, mais plutôt l'intérêt. Le changement est inévitable ; la question est comment et à quelle vitesse.
- Philosophie de vie et éducation de sa fille. Ne pas se prendre au sérieux est une protection. Ne pas lui dire qu'elle est spéciale, mais normale.
- Remise en question du système scolaire. L'école n'est pas conçue pour le bien-être des enfants, mais pour permettre aux parents de travailler. L'heure de réveil est absurde. Malgré cela, sa fille ira à l'école comme les autres.
- Inculquer la tolérance à la frustration. La société actuelle cherche à éviter la frustration, ce qui pourrait être problématique. Le côté coercitif de l'école peut paradoxalement aider à développer cette tolérance.
- La période d'adaptation à l'école. L'objectif initial est la survie et l'adaptation. L'apprentissage viendra plus tard. L'auteur évite les pratiques éducatives qu'il juge néfastes. Il n'a pas lu de livres sur la parentalité pour éviter de se "mêler le cerveau".
- Le phénomène de l'éducation positive. L'enfant d'une amie, élevé sans se voir dire non, semble bien se développer, mais l'avenir reste incertain. Il faut éviter le piège de la cause unique : de nombreux facteurs influencent le développement d'un enfant (amis, professeurs, etc.). L'éducation positive reflète aussi le désir des adultes d'éviter la frustration.
- La notion de "bon niveau explicatif". Pour comprendre un phénomène, il faut l'observer au niveau pertinent (exemple de l'embouteillage, de la voiture, d'Alzheimer, de la dépression). Pour comprendre le développement d'un enfant, il faut considérer la famille, l'entourage et la société. Nous avons des pistes sur ce qu'il ne faut pas faire (manque d'affection) et quelques-unes sur ce qu'il faut faire, mais pas de feuille de route précise. La société actuelle produit de la frustration, d'où l'importance de la tolérance.
- L'approche translationnelle (aller-retour entre théorie et pratique). L'expérience clinique (thérapie) a montré que le déséquilibre chimique n'est pas le bon niveau explicatif pour la dépression, car des facteurs de vie concrets sont souvent en cause. La science a longtemps cherché à objectiver, mais la subjectivité humaine est essentielle.
- Le défi de développer une science de la subjectivité. La douleur est un exemple de phénomène subjectif difficile à objectiver. Les inégalités de traitement de la douleur entre hommes et femmes sont mentionnées. La recherche sur le cerveau se fait majoritairement en IRM, dans des conditions non naturelles. Il y a une surestimation de ce que l'on sait sur le cerveau ("Neuromania").
- Appel à refaire de la science avec émerveillement et imagination. La science actuelle est perçue comme trop aseptisée (blouses blanches et statistiques). L'imagination et l'émotion sont nécessaires pour faire avancer la science. La collaboration entre différentes expertises (philosophie, mathématiques, biologie) est cruciale.
- Paradoxe apparent entre la critique de la surresponsabilisation de l'individu et l'appel à une science de la subjectivité. Retour à la notion de niveau explicatif : selon le phénomène étudié, le niveau pertinent varie. S'intéresser à la subjectivité est important pour comprendre l'individu, mais pour certains phénomènes (comme un embouteillage ou une tendance sociétale), il faut considérer un niveau d'analyse plus large.
- ** L'exemple de la propriété émergente de l'eau (nécessité de six molécules pour "mouiller")**. Certains phénomènes n'apparaissent qu'à un certain niveau d'organisation. Pour comprendre le vote, regarder l'activité cérébrale individuelle est descriptif, pas explicatif.
- Importance de distinguer le bon niveau explicatif, la correspondance entre les niveaux et la différence entre description et explication (corrélation vs causalité). L'exemple de la corrélation entre le nombre de McDo et les cas de COVID est donné.
- Facteurs méta (sociétaux) sous-estimés. Organisation sociétale, rythme social, heures de travail, pression financière et matérielle. La perte des aides sociales et communautaires d'avant est évoquée. L'explosion des burnouts et des troubles anxieux ces dernières années est notable.
- Le biais des populations "WEIRD" (White, Industrialized, Educated, Rich, and Democratic). La majorité des études en psychologie et neurosciences sont réalisées sur ces populations, puis généralisées à toute l'humanité, ce qui est problématique car ces populations ne sont pas représentatives.
- Exemple de jeu économique (ultimatum game) montrant des différences culturelles dans les comportements. Les étudiants américains réagissent différemment des populations d'autres cultures face à des offres inéquitables.
- Remise en question de croyances psychologiques universelles basées sur des échantillons restreints. La culture a une influence profonde. L'exemple du faible taux de natalité en Corée, potentiellement lié au patriarcat, est donné.
- La complexité des problèmes et le rejet des solutions simplistes. L'auteur se sent dépassé par cette complexité. L'exemple de la dépression, parfois liée à l'environnement social et culturel, est mentionné.
- Nécessité d'une "thérapie de la société" plutôt que d'une sur-focalisation sur l'individu et le développement personnel. La volonté individuelle a ses limites face aux déterminants environnementaux et sociaux.
- Expérience de l'auteur face à des patients où il se sent impuissant à aider. Il en parle ouvertement avec le patient et l'oriente parfois vers d'autres thérapeutes plus adaptés. La psychologie clinique est encore une discipline jeune avec des limites. Il est important de reconnaître ces limites pour éviter de culpabiliser les patients.
- Reconnaissance des limites actuelles de la psychologie clinique. Le mythe d'une compréhension totale de la créativité, des émotions, etc., est dangereux. Il est crucial d'expliquer aux patients que leur souffrance n'est pas forcément de leur faute. La psychologie clinique n'est pas aussi mature que d'autres domaines de la santé.
- Le mensonge des cinq sens. Nous en avons neuf : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, la thermosception (chaleur/froid), la proprioception (position du corps), la nociception (douleur) et l'interception (organes internes). L'omission des quatre autres est un mystère.
- Le pseudo "sixième sens" (souvent associé à l'intuition). L'auteur pense que ceux qui ont popularisé cette idée ignoraient l'existence des quatre autres sens. Le sixième sens est interprété différemment par chacun.
- La fascination du réel déjà complexe. L'auteur ne comprend pas pourquoi on cherche à ajouter des artifices (comme des "auras") alors que le fonctionnement réel est déjà extraordinaire. La réalité est plus complexe à comprendre qu'à inventer. La facilité n'est pas nécessairement ce que les gens aiment, mais certains profitent de ce biais apparent.
- Les raisons du succès des solutions simplistes et erronées. Promesse de résultats rapides et faciles, détresse des personnes cherchant de l'aide, asymétrie argumentative (il est plus facile de convaincre de ne pas faire quelque chose en exagérant un risque que de convaincre de faire quelque chose en prouvant une sécurité à 100%). La loi du nombre explique le succès des démarcheurs téléphoniques.
- Les neuf sens et la misophonie (sensibilité excessive à certains sons). La question de savoir comment agir sur ces sens est posée. L'auteur partage son expérience de la misophonie et de la difficulté à la gérer.
- Le bon niveau explicatif pour la misophonie est l'interaction, pas seulement l'individu. Avant de chercher à changer, il faut évaluer l'impact du problème. Des solutions mécaniques (atténuation du son) peuvent être envisagées, mais sont contraignantes. Un travail sur la gestion émotionnelle peut aider. Parfois, l'acceptation est la meilleure voie.
- Fonctionnement "bottom-up" (des sens vers le cerveau) et découverte récente du fonctionnement "top-down" (du cerveau vers les sens). Notre cerveau "hallucine" activement le réel (processing prédictif).
- Le cerveau influence activement notre perception sensorielle. Les illusions d'optique illustrent ce phénomène. Il serait intéressant d'explorer si des processus "top-down" pourraient aider à moduler la sensibilité à certains sons comme dans la misophonie. Référence à Andy Clark et son livre "The Experience Machine" sur le cerveau prédictif.
- Expériences personnelles de l'auteur en matière de changement. Il a consciemment travaillé sur son anxiété, sa manière de parler et sa gestuelle. Il essaie d'avoir plus d'opinions et de ne pas être toujours indifférent aux choix collectifs. Le changement est constant.
- Recommandation d'une ressource marquante récente : la série "Severance" sur Apple TV+. Une série de science-fiction explorant la séparation entre vie professionnelle et personnelle au niveau cérébral.
- Le plus grand obstacle surmonté par l'auteur : son anxiété et son stress durant l'adolescence. L'acceptation de soi et le fait de moins se prendre au sérieux l'ont aidé.
- Personnes que l'auteur aimerait entendre au micro : Zoé Dubu (historienne des psychédéliques) ou Lucy Berkovitz (psychiatre travaillant sur la psilocybine).
- Définition de "ne pas prendre le pouvoir de sa vie" : la subir. Clarification importante : il ne s'agit pas de prôner la soumission, mais de souligner que vouloir tout contrôler et subir sont tous deux indésirables. Maximiser l'agentivité est essentiel, mais cela passe par un effort collectif et ne dépend pas uniquement de la volonté individuelle.
- Conclusion et remerciements. Invitation à soutenir les librairies indépendantes.
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- Mar 2025
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Voici un sommaire de la vidéo « One health : Alimentation infantile et santé globale » avec des indications temporelles approximatives basées sur la progression du discours dans le transcript :
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[Début] Introduction (Professeur Harvé) : Présentation de la 6ème conférence du cycle, mettant en avant l'approche multidisciplinaire avec la participation d'ingénieurs agronomes, en l'occurrence le professeur Daniel Tomé et la professeur Dalila Zout Marnich, qui vont parler de l'alimentation infantile et de la santé globale. Le professeur Tomé commence la présentation.
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[~0:01:00] Tour d'horizon sur les problèmes d'alimentation infantile (Professeur Daniel Tomé) :
- Catégories d'âge et conditions physiologiques pour les apports nutritionnels : nourrissons (0-6 mois), enfants (6 mois-3 ans), enfants et adolescents (3-18 ans), adultes.
- **Les trois ou quatre grands groupes de problématiques liés à l'alimentation :
- l'énergie,
- les macronutriments énergétiques (protéines, glucides, lipides), et
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les micronutriments (vitamines et minéraux)**.
- Présentation des Apports Nutritionnels de Référence (ANR) ou Dietary Reference Value (DRV).
- Définition des besoins nutritionnels de l'enfant et de l'adolescent basée sur le métabolisme de base, les besoins de croissance, et l'activité physique.
- La croissance : accroissement de la taille et de la masse corporelle (musculaire et osseuse), avec des besoins rapportés à la masse corporelle supérieurs à ceux de l'adulte. Impact de l'alimentation sur la santé à court et long terme.
- Gain de taille et de poids significatif pendant les trois premières années.
- Évolution de la masse maigre (musculaire et osseuse) et de la masse grasse pendant la croissance. Développement du cerveau, plus rapide dans les premières années.
- L'adiposité et l'indice de masse corporelle (IMC) chez l'enfant, avec la variation physiologique de la corpulence et le rebond d'adiposité, indicateur de risque ultérieur d'obésité.
- Évolution des tissus maigres et gras selon l'âge et le sexe.
- Les trois périodes critiques de l'alimentation infantile : oralité orale (0-6 mois, alimentation lactée), oralité secondaire (6-12 mois, diversification), et après 12 mois (évolution vers l'alimentation normale). Importance de la croissance pendant les premières années.
- L'alimentation infantile doit assurer un apport adéquat d'énergie et de nutriments pour l'expression optimale du potentiel génétique corporel et cognitif, en évitant la surconsommation énergétique et les risques de déficience (protéines, calcium, fer, iode, zinc, acides gras polyinsaturés, vitamines A, B9, E).
- Le lait maternel : composition évolutive, protection immunitaire, mais faible en vitamine D et K, nécessitant une supplémentation.
- Prévalence de l'allaitement en France, plus faible que dans d'autres pays.
- Les besoins énergétiques de l'enfant, variables selon l'âge, la corpulence et l'activité physique, exprimés en fonction du Physical Activity Level (PAL).
- Répartition des macronutriments énergétiques (glucides, lipides, protéines) : similarités avec les recommandations pour l'adulte, avec des besoins lipidiques plus élevés chez les très jeunes enfants.
- Besoins en protéines plus élevés chez l'enfant (par rapport au poids) pour la croissance des tissus maigres, avec un taux de dépôt protéique élevé chez le nourrisson qui diminue avec l'âge.
- Importance des acides gras polyinsaturés (oméga-6 et oméga-3) pour le développement cérébral pendant les premières années.
- Statut nutritionnel au cours du développement et risques : retards de croissance, maigreur, surpoids et obésité, anémie (carence en fer), carences en iode, vitamine A, vitamine D et zinc, avec une répartition géographique variable.
- Types d'études et de données disponibles : problèmes de carence, obésité, et déficiences en micronutriments.
- Augmentation mondiale de l'indice de masse corporelle (IMC) chez les adultes et les enfants.
- Lien entre la forte consommation de céréales/racines/tubercules et les retards de croissance.
- Relation entre la faible consommation de produits d'origine animale et les retards de croissance.
- Problèmes de déficiences en micronutriments même dans les pays développés (exemple de la Grande-Bretagne pour le fer, la vitamine D, le calcium, le magnésium, le zinc, le sélénium et l'iode).
- La fortification en micronutriments comme solution à la malnutrition, en particulier pour l'iode (sel iodé), le fer, la vitamine A et le zinc. Complémentation alimentaire pertinente en cas de carence avérée.
- Exemple du fer : rôle dans le transport de l'oxygène, conséquences de la carence (anémie, mauvais développement neurologique), prévention par l'alimentation diversifiée et fortification.
- Prévalence de l'anémie par carence en fer dans différents pays.
- Efficacité de la fortification en fer dans la réduction de l'anémie.
- Amélioration du développement cognitif des enfants et adolescents grâce à la supplémentation en fer, justifiant les recommandations de l'OMS.
- Résumé des points clés : enfance et adolescence, rôle crucial de l'alimentation pour le développement physique et cognitif, importance d'un apport adéquat en énergie et nutriments, nutriments particulièrement sensibles liés à la croissance, surveillance nécessaire.
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[~0:30:00] Focus sur le besoin en protéines (Professeur Dalila Zout Marnich) :
- Rôle fondamental des protéines : apport d'azote et d'acides aminés indispensables à la survie.
- Qualité de l'apport alimentaire : quantité d'azote et profil en acides aminés essentiels (neuf pour l'humain).
- Métabolisme protéique : renouvellement permanent des protéines corporelles (synthèse et dégradation). Rôles des protéines (hormones comme l'insuline).
- Besoins chez l'adulte (entretien) et besoins supplémentaires (croissance, gestation).
- Pertes azotées obligatoires (fécales, urinaires, non mesurables).
- Évaluation du besoin protéique basée sur le besoin azoté, bilan azoté nul.
- Besoin nutritionnel moyen (0,66 g/kg/jour) et apports recommandés (0,83 g/kg/jour) chez l'adulte.
- Besoins spécifiques de l'enfant pour la croissance : calcul par méthode factorielle (besoin d'entretien + besoin de croissance corrigé par l'efficacité de dépôt protéique). Efficacité de dépôt variable selon l'âge (66% puis 58%).
- Exemple de calcul du besoin moyen pour un enfant de 1 à 3 ans (0,86 g/kg/jour).
- Différences de dépôt protéique (masse maigre) entre garçons et filles, conduisant à des recommandations différentes par tranche d'âge.
- Qualité des protéines : importance de l'apport en acides aminés indispensables. Besoins en acides aminés indispensables (exemple de la lysine).
- Conséquences d'un apport déséquilibré en acides aminés essentiels (facteur limitant).
- Scores d'évaluation de la qualité des protéines : score chimique, PDCAAS (Protein Digestibility Corrected Amino Acid Score), et DIAAS (Digestible Indispensable Amino Acid Score).
- Exemple comparatif du blé (déficient en lysine, digestibilité moyenne) et du lait (équilibre en acides aminés, haute digestibilité) en termes de qualité protéique.
- Sources de protéines alimentaires : teneur variable (animale vs végétale), équilibre en acides aminés essentiels (sources animales plus complètes), et digestibilité.
- Déficiences spécifiques en acides aminés essentiels dans les sources végétales (lysine dans les céréales, méthionine dans les légumineuses).
- Résultats de digestibilité et de DIAAS pour différentes sources protéiques (tournesol, lin).
- Explication du lien entre forte consommation de céréales et retards de croissance (déficience en lysine).
- Risque d'inadéquation de l'apport protéique dans différents pays, aggravé par une faible digestibilité.
- Double enjeu : quantité et qualité des protéines, crucial pour la croissance de l'enfant.
- Dilemme : nécessité de réduire la consommation de protéines animales pour des raisons environnementales, alors qu'elles sont plus équilibrées et digestibles.
- Questions sur les sources végétales de protéines (équilibre en acides aminés, digestibilité, facteurs antinutritionnels, ultra-transformation).
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[~1:00:00] Discussion et Questions/Réponses :
- Commentaire sur la consommation de bœuf et son caractère historiquement récent en Occident. Question sur la possibilité de transformer ces pratiques.
- Réponses du professeur Tomé et de la professeur Azout Marnich sur la consommation de protéines animales et végétales, l'évolution de la consommation de bœuf, la possibilité de réduire la consommation animale (végétalisme possible mais plus complexe), la vitamine B12 et le fer, et le ratio entre sources animales et végétales.
- Réponse de la professeur Azout Marnich sur l'importance de l'équilibre et la prise en compte de l'obésité/surpoids, le rôle des protéines dans la régulation de la lipogénèse, et la question de l'ultra-transformation des produits végétaux.
- Question de la salle sur le quota de 0,66 g/kg de protéines, jugé bas. Clarifications sur le besoin nutritionnel moyen vs les recommandations, et l'apport énergétique des protéines (15-20%).
- Question de la salle sur l'approche "One Health", la compétition entre micronutriments et autres vertus des végétaux (fibres, etc.), les risques liés à la viande rouge, et la perception du besoin en protéines. Discussion sur la nécessité d'un rééquilibrage des sources (diminuer l'animal, augmenter le végétal), mais la question du "jusqu'à quel niveau" et la présence de populations carencées. Précisions sur les risques liés à la viande rouge (cancers colorectaux), les avantages des végétaux (fibres, absence de cholestérol), et l'effet satiétogène des protéines. Retour sur la question de l'ultra-transformation et l'intérêt de consommer des associations traditionnelles de végétaux (légumineuses et céréales).
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[~1:14:00] Conclusion (Professeur Harvé) :
- Importance de la connaissance scientifique et de sa transmission au grand public pour transformer les pratiques sociales.
- Nécessité de concilier une bonne nutrition infantile (quantitative et qualitative) et les enjeux climatiques (diminution de l'élevage intensif, consommation de bœuf).
- Responsabilité des futurs professionnels de santé dans la transformation des pratiques sociétales.
- Annonce de la prochaine conférence sur le réchauffement climatique et l'impact carbone. Remerciements.
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Voici un sommaire du webinaire avec des indications temporelles approximatives basées sur le déroulement de la présentation :
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[Début] Présentation de Solidatech (0:00 - 0:05)
- Solidatech est un programme de solidarité numérique qui aide les associations à renforcer leur impact grâce au numérique.
- L'organisation est née en 2008 d'un partenariat entre les Ateliers du Bocage (coopérative d'insertion membre d'Emmaüs) et TechSoup, un réseau international de solidarité numérique.
- Solidatech soutient principalement les associations loi 1901, mais aussi d'autres structures comme les fondations Reconnues d'Utilité Publique et les fonds de dotation.
- Depuis 2008, plus de 35 000 associations se sont inscrites gratuitement et ont bénéficié de plus de 540 000 outils à tarif solidaire, représentant une économie de près de 200 millions d'euros.
- Solidatech propose de l'outillage (solutions à tarif solidaire et matériel reconditionné) et de l'accompagnement (centre de ressources, webinaires, formations, support).
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[0:05 - 0:16] Introduction à Nüag
- Nüag est une société dont l'outil principal a deux ans et qui est issue du monde de la cybersécurité et de la cryptographie.
- Le cœur de métier de Nüag est le vote électronique sécurisé, enrichi de fonctionnalités pour l'organisation d'instances de gouvernance, notamment les assemblées générales.
- Nüag est une plateforme clé en main et dématérialisée, disponible en trois formats : 100% présentiel, 100% en ligne, et hybride.
- La plateforme est structurée en quatre modules : paramétrage/configuration, pilotage, tenue de la réunion et vote, et restitution/archivage.
- L'accès à Nüag se fait via le site nuage.fr, où les organisateurs doivent créer un compte personnel et un compte pour leur organisation.
- Il est possible de constituer une équipe d'organisateurs avec différents droits d'accès.
- La création d'une réunion peut se faire de zéro ou par duplication d'une réunion précédente.
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[0:16 - 0:25] Module de Configuration et Paramétrage
- Ce module permet de définir les généralités de la réunion (titre, date, heure, logo), les modalités de vote (en amont), la gestion des pouvoirs, l'espace documentaire, et la gestion des collèges de vote avec pondérations et rôles spécifiques.
- L'ordre du jour peut être créé avec autant de résolutions que souhaité, chacune avec un titre, un contexte, des choix de vote paramétrables, et la définition du quorum et des seuils de dépouillement.
- Des documents spécifiques peuvent être rattachés à chaque résolution pour améliorer la lisibilité pour les votants.
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[0:25 - 0:32] Module Participants
- La gestion des participants peut se faire de manière autonome ou avec l'accompagnement de l'équipe Nüag via un fichier Excel.
- Nüag analyse le fichier pour identifier les erreurs potentielles (doubles identités, mandats, format des emails) et fournit un rapport.
- Un accompagnement est disponible pour les organisateurs et les participants via chat, email et téléphone.
- L'espace participants est mis à jour par Nüag.
- La convocation est personnalisable (texte, bouton, ajout de pièces jointes) et un aperçu est disponible.
- Présentation de l'offre et de la facturation, avec différentes options selon le format (présentiel, distanciel, hybride) et l'inclusion de la visio intégrée.
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[0:32 - 0:49] Module de Pilotage (avant et pendant l'AG)
- Vérification de la configuration avant l'envoi des convocations.
- Possibilité d'activer ou désactiver le vote par correspondance.
- Gestion des délégations de pouvoir côté organisateur et participant.
- Suivi des statistiques de vote (mise à jour automatique, rapports complémentaires sur demande).
- Modification de l'ordre du jour possible tant que les votes ne sont pas ouverts.
- Traçabilité des actions des participants sur la plateforme.
- Fonctionnalités pour la gestion de l'émargement en présentiel et assistance au vote.
- Possibilité de modifier les informations d'un participant et de renvoyer sa convocation.
- Suivi des mailings (statuts d'envoi, relances ciblées et personnalisées).
- Espace votant accessible via un lien personnalisé dans l'email de convocation, avec identification sécurisée.
- Fonctionnalités de vote en amont, accès à la visioconférence, gestion des pouvoirs, et consultation des documents pour les participants.
- Déroulement du vote en séance : ouverture et clôture des résolutions, proclamation des résultats.
- Assistance technique disponible pendant la réunion pour les organisateurs et les participants.
- Validation des résultats permettant la prise en compte des votes hors plateforme (vote hybride).
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[0:49 - 0:50] Fin de la Démo et Offre d'Essai
- Possibilité de voter en amont ou pendant le direct, et de consulter l'état de ses votes.
- La plateforme est disponible en libre accès jusqu'à 5 personnes pour tester toutes les fonctionnalités (avec ou sans visio).
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[0:51 - 1:02] Questions et Réponses - Tarification
- L'offre Starter (jusqu'à 30 convocations) est à 50€ HT par réunion, avec un surcoût de 100€ HT pour l'option visio.
- Au-delà de 30 convocations, les prix de départ sont de 200€ HT (sans visio) et 300€ HT (avec visio), avec un coût par convocation dégressif au-delà de 500.
- Un simulateur de prix et des demandes de devis sont disponibles.
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[1:02 - 1:05] Questions et Réponses - Utilisation avec d'autres outils de visioconférence
- Il est possible d'utiliser Nüag pour le vote en parallèle d'un autre outil de visioconférence (Zoom, Teams, etc.). L'offre correspondante est appelée "vote numérique".
- Des répétitions sont proposées pour s'assurer de la bonne manipulation des outils.
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[1:05 - 1:07] Questions et Réponses - Participants allophones
- La plateforme est disponible en français et en anglais.
- L'interface pour les participants est conçue pour être simple.
- Un support est disponible, mais il est relativement limité pour des besoins spécifiques liés à la langue.
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[1:07 - 1:10] Questions et Réponses - Création de collèges sans droit de vote
- Il est possible d'inviter des personnes sans droit de vote, qui pourront assister à la réunion et consulter les documents, mais ne pourront pas voter.
- Cela peut être utile pour la gestion des cotisations et la communication autour des droits de vote.
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[1:10 - 1:13] Questions et Réponses - Secret des votes et nombre maximum de participants
- Le secret des votes est respecté ; l'organisateur sait qui a voté mais pas le contenu de leur vote.
- Il n'y a pas de limite au nombre de participants, même avec de nombreux collèges et spécificités.
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[1:13 - 1:18] Questions et Réponses - Suffrages multiples et gestion des pouvoirs
- Un votant peut avoir plusieurs droits de vote, paramétrables dans le fichier participants.
- La gestion des pouvoirs permet de voter pour soi-même et pour les personnes ayant donné procuration.
- Le panachage (ventilation d'un seul droit de vote sur plusieurs choix) est également supporté.
- La gestion des pouvoirs est intégrée à la plateforme.
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[1:18 - 1:22] Questions et Réponses - Mails de rappel
- Les mails de rappel sont ciblés sur la base des participants et peuvent être segmentés (par exemple, relance aux non-votants, remerciements aux votants) ou individualisés.
- Le lien de connexion personnalisé est automatiquement inclus dans les mails de relance.
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[1:22 - 1:27] Questions et Réponses - Problèmes de Wi-Fi
- Des outils de dégradation de la qualité de la visio sont prévus pour les connexions faibles.
- En cas de mauvaise connexion d'un intervenant distant, une fonctionnalité d'appel téléphonique est intégrée.
- L'application est généralement légère pour la gestion des votes.
- L'équipe Nüag peut anticiper les problèmes de Wi-Fi lors des répétitions et proposer des solutions.
- En cas de régie technique sur place, une collaboration est possible pour optimiser la connexion.
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[1:27 - 1:30] Questions et Réponses - Tenue des AG 2020 et 2021 le même jour
- Nüag ne peut pas fournir de conseils juridiques.
- Cependant, il est techniquement possible de tenir plusieurs AG à la suite sur la plateforme, et cela a déjà été fait.
- La duplication de séances facilite l'organisation dans ce cas.
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[1:30 - 1:33] Questions et Réponses - Archivage des résultats
- Nüag a une obligation d'archivage pendant 10 ans.
- L'accès aux résultats peut varier selon le type d'association, généralement entre 5 et 10 ans.
- Les organisateurs ont un contrôle sur la suppression des données après l'AG.
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[1:33] Questions et Réponses - Importation des participants par Excel
- Oui, il est possible de télécharger les participants via un import Excel.
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[1:33 - 1:36] Questions et Réponses - Tarification de l'offre Starter et offre illimitée
- L'offre Starter à 50€ HT n'inclut pas la visio intégrée, mais comprend l'accompagnement et les quatre modules en version numérique. La visio est une option à 100€ HT supplémentaires pour cette offre.
- Le tarif indiqué est bien par réunion.
- Un tarif d'usage illimité sous forme de forfait annuel ("pack gouvernance") est proposé sur devis en fonction des besoins (nombre de réunions, volume de participants).
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[1:36 - Fin] Conclusion et informations de contact
- Remerciements aux participants et aux présentateurs.
- Rappel de l'enregistrement du webinaire et de l'envoi d'un email avec le lien de replay et les informations de contact.
- Invitation à demander des devis et des démonstrations.
- Fin du webinaire.
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Briefing Doc : Faut-il en finir avec la démocratie participative ?
Introduction
Ce document présente une synthèse des principaux thèmes et idées ressortant de la discussion organisée par l'UNADEL (Union Nationale des Acteurs du Développement Local) autour de la question :
"Faut-il en finir avec la démocratie participative ?".
L'événement a réuni des personnalités aux expériences et points de vue divers, notamment * Nicolas Rio (politiste et co-auteur du livre éponyme), * Laurence Bart (maître de conférences et administratrice à l'UNADEL), et * Claire Touri (présidente du Mouvement Associatif).
La discussion a abordé les constats critiques de la démocratie participative actuelle, les attentes citoyennes révélées par les écoutes territoriales, et le rôle potentiel du mouvement associatif, tout en explorant des pistes pour revitaliser le fonctionnement démocratique.
Thème 1 : Critique de la démocratie participative actuelle
Nicolas Rio, s'appuyant sur son livre, a exposé une critique fondamentale de la manière dont la démocratie participative est souvent déployée aujourd'hui.
Son argument central est qu'elle tend à focaliser les efforts sur l'expression des citoyens, partant du principe que le problème réside dans un manque de voix citoyenne.
Or, selon lui, le problème majeur se situe davantage du côté de la "surdité des institutions" :
"...le problème c'est pas que les citoyens ne s'exprimeraient pas euh mais davantage que les pouvoirs publics dans leur diversité ne sont pas en capacité euh de d'entendre euh ce que les citoyens formulent..."
Rio souligne que la multiplication des dispositifs participatifs (conseils de quartier, conventions citoyennes, consultations en ligne) contraste avec un "constat d'impuissance" remontant du terrain, tant de la part des professionnels que des citoyens impliqués.
Il remet en question la "fausse équivalence entre participation et démocratie", arguant que plus de participation ne signifie pas nécessairement plus de démocratie, et inversement.
Un autre point critique majeur concerne l'égalité démocratique. Rio met en lumière le fait que les dispositifs participatifs ont tendance à attirer les mêmes profils de participants (diplômés, âgés, déjà engagés), renforçant ainsi les inégalités de représentation et laissant de côté les "inaudibles" :
"...globalement c'est euh souvent les mêmes profils qu'on retrouve dans la plupart des dispositifs participatifs euh les variables les plus discriminantes étant le niveau de diplôme et l'âge..."
Il soutient que ces dispositifs peuvent même "décupler ces inégalités de représentation" en donnant davantage la parole à ceux qui l'ont déjà, au détriment de ceux qui sont en retrait de la vie démocratique.
Enfin, Rio questionne la capacité transformatrice réelle de ces dispositifs, les considérant comme dépendants de l'institution initiatrice et soumis à un "biais de confirmation", où seuls les avis conformes aux orientations initiales ont tendance à être retenus.
Il alerte sur le risque que l'engouement pour la démocratie participative masque la "fragilisation de nos contrepouvoirs".
Thème 2 : Attentes citoyennes et la "démocratie du faire"
Laurence Bart a partagé les enseignements tirés des écoutes territoriales menées par l'UNADEL.
Ces écoutes révèlent un "formidable fourmillement d'initiative" et d'engagements citoyens diversifiés et souvent informels, participant parfois à l'attractivité des territoires.
Cependant, elles mettent également en évidence des "effets d'usure" liés aux difficultés rencontrées, un manque de connexion entre les initiatives, et une "difficulté à faire projet commun" avec les institutions.
Bart observe une transformation des modes d'organisation avec une "prime à l'informel" et des engagements à géométrie variable, une "quête de sens" individuelle et collective, une action tournée vers les dimensions de "l'habité" et les droits fondamentaux, une recherche de "reconnexion au territoire" sans enfermement, et une logique d'"expérience d'action pragmatique" qu'elle nomme "démocratie du faire".
Cette "démocratie du faire" est confrontée à trois défis majeurs :
- Le défi du "faire savoir" et de la reconnaissance de l'expertise citoyenne et de sa légitimité.
- Le défi de la "coopération" et de l'élargissement des cercles d'engagement.
- Le défi de la "coconstruction d'un projet politique" autour des communs et de l'habitabilité.
Thème 3 : Rôle et attentes du mouvement associatif
Claire Touri a apporté la perspective du mouvement associatif.
Elle reconnaît les tensions démocratiques actuelles (distance avec les représentants, défiance envers les institutions) tout en soulignant une forte mobilisation citoyenne (20 millions de bénévoles).
Pour elle, la démocratie participative ne doit pas se limiter à de la consultation mais doit mettre les citoyens en situation de "construire".
Elle estime qu'il n'est pas nécessaire de recourir à la démocratie participative "tout le temps et à tous les étages".
L'expérience de la Convention Citoyenne sur la Fin de Vie est éclairante.
Touri souligne que le recours à une telle instance se justifie sur des sujets complexes où les espaces de représentation traditionnels peinent à trouver un consensus.
La convention devient alors un "nouveau maillon dans la construction de la décision".
Cependant, elle pointe un problème majeur : le manque de pouvoir des assemblées citoyennes et des corps intermédiaires pour garantir que leurs travaux soient pris en compte, dépendant souvent de la "bonne volonté de quelques personnes".
Touri insiste sur la nécessité de "recréer des espaces de politisation" au sens d'espaces où se construit une "conflictualité positive".
Elle s'inquiète d'une "dépolitisation" alimentée par des dispositifs d'engagement parfois superficiels. Pour elle, les corps intermédiaires ont un rôle crucial à jouer dans cette repolitisation.
Elle conteste l'idée que la seule légitimité soit celle de l'élection, plaidant pour la reconnaissance de différentes sources d'intelligence et de légitimité dans la construction de la décision.
Pistes et Préconisations
Plusieurs pistes pour revitaliser la démocratie ont été évoquées :
- Renforcer la capacité d'écoute des institutions plutôt que de se concentrer uniquement sur l'expression citoyenne (Nicolas Rio).
- Redonner de la substance à la délibération politique au sein des institutions représentatives (Nicolas Rio).
- S'inspirer du rôle du Défenseur des Droits pour prendre en compte les sentiments d'injustice et les traduire en actions collectives (Nicolas Rio).
- Viser un objectif redistributif dans les dispositifs participatifs pour faire entendre la voix des "inaudibles" (Nicolas Rio).
- Travailler sur le "faire savoir" et la reconnaissance de l'expertise citoyenne (Laurence Bart).
- Développer la coopération et l'élargissement des cercles d'engagement (Laurence Bart).
- Coconstruire un projet politique autour des communs et de l'habitabilité (Laurence Bart).
- Revaloriser le rôle des corps intermédiaires comme espaces de démocratie du quotidien et de politisation (Claire Touri).
- Admettre différentes sources de légitimité au-delà de l'élection (Claire Touri).
- Envisager des assemblées politiques avec une part de citoyens tirés au sort pour une meilleure représentativité sociologique (Nicolas Rio).
- Former les élus à l'écoute et redéfinir les cadres participatifs avec des objectifs clairs (résultats du sondage).
- Réviser l'écosystème de la démocratie représentative, notamment au niveau local (intervention d'un élu).
- Réactiver le développement local comme espace de "politique du faire" (Jean-Louis Pinot).
- Réintroduire la "joie" dans la démocratie (citation d'une participante).
- Gérer la controverse comme moteur de progrès (conclusion).
Conclusion
La discussion a mis en lumière une insatisfaction partagée quant au fonctionnement actuel de la démocratie, y compris dans ses formes participatives.
Si la démocratie participative suscite un engouement et peut apporter des éclairages précieux, elle n'est pas exempte de critiques concernant son efficacité, sa représentativité et son impact réel sur les décisions publiques.
Les intervenants ont souligné la nécessité de ne pas opposer démocratie représentative et participative, mais plutôt de les envisager comme complémentaires, en insistant sur la nécessité de renforcer la première et de repenser la seconde pour qu'elle contribue véritablement à une démocratie plus inclusive, à l'écoute et capable de répondre aux défis contemporains.
La "conflictualité positive" et la reconnaissance de multiples légitimités apparaissent comme des éléments clés pour une revitalisation démocratique réussie.
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Voici un sommaire de la vidéo avec des indications temporelles approximatives basées sur le déroulement de la conversation :
- Introduction (environ 0:00 - 0:02) :
Claude Grivel, président de Lunadel, introduit la matinée "Jeudi du Développement Local" co-organisée avec les réseaux régionaux.
Il rappelle que ces rencontres mensuelles existent depuis le début de la COVID.
Il souligne l'importance des associations et les inquiétudes concernant leur gestion dans le contexte actuel suite à un rapport présenté au CE en mai 2024.
Il insiste sur le rôle essentiel des associations dans le développement local, le rassemblement des acteurs et la cohésion sociale.
Il annonce l'intervention de trois personnes : * Cécile Malot de la Fondation de France, * Jean-Baptiste Jobard et * Dominique Joseph, co-rapportrice du rapport au CE.
- Présentation de Cécile Malot (environ 0:02 - 0:23) :
Carole introduit Cécile Malot, responsable grande cause territoire à la Fondation de France. Cécile Malot évoque la baisse des financements publics et privés comme une urgence démocratique.
Elle rappelle l'importance des associations en termes d'emploi, de sens pour les bénévoles et salariés, de prise en charge de l'intérêt général, d'agilité, d'expérimentation et de cohésion sociale.
Elle souligne la fragilisation des associations par la baisse des financements publics, que la philanthropie ne pourra pas compenser, la mise en concurrence via les appels à projets et l'injonction à l'hybridation des ressources.
Elle nuance l'appel à projet, distinguant l'invitation à proposer des projets librement conçus de la commande publique, qu'elle juge dangereuse pour la démocratie.
Elle explique le virage stratégique de la Fondation de France, passant d'un financement majoritairement par appels à projets à une approche de coopération via des collectifs d'action.
Elle détaille la composition et les thèmes de ces collectifs. Elle précise les nouvelles modalités d'intervention : repérage direct, soutien structurel pluriannuel et logique de changement systémique.
Elle aborde les questions d'équité et d'ouverture soulevées par ce changement. Elle confirme l'augmentation des sollicitations à la Fondation de France.
- Questions et réponses avec Cécile Malot (environ 0:23 - 0:30) :
Anne relaie les questions du chat concernant la difficulté des petites associations face aux appels à projets, les autres acteurs philanthropiques participant aux collectifs d'action et la forme concrète des éventuels appels à projets.
Cécile Malot précise que les premiers partenaires des collectifs sont les fondations abritées par la Fondation de France et d'autres fonds et fondations rencontrés.
Concernant les appels à projets, elle indique qu'ils devraient prendre la forme d'un appel à initiatives dans le cadre du repérage direct. Elle évoque également la fatigue des élus locaux face aux appels à projets.
Elle précise que les coopérations et repérages se font à toutes les échelles territoriales.
Elle explique que la période de confinement n'est pas à l'origine du changement stratégique de la fondation mais l'a accéléré. Claude Grivel souligne l'expérience territoriale de Cécile Malot comme ayant influencé cette approche.
- Introduction et présentation de Dominique Joseph (environ 0:30 - 0:52) :
Claude Grivel accueille Dominique Joseph, membre du CE et co-rédactrice du rapport "Financement des associations : une urgence démocratique".
Il l'invite à aborder l'imaginabilité d'une France sans association, le lien entre la fin des subventions publiques et le risque démocratique, ce qui l'a le plus marquée lors de la rédaction du rapport et les réactions à sa publication.
Dominique Joseph estime qu'une France sans association est imaginable mais avec des conséquences majeures, notamment la rupture des liens sociaux et une perte de confiance.
Elle souligne la confiance accordée aux associations, au même titre que les élus locaux, face à la crise de confiance démocratique.
Elle insiste sur la diversité des associations et leur rôle essentiel dans le lien social et la réponse aux besoins. Elle met en avant le rôle des associations comme lieu d'apprentissage de la démocratie et de la vie en société.
Elle évoque l'étude empirique sur le lien entre absence d'associations et montée des votes extrêmes.
Elle rappelle que le rapport au CE met en avant le passage d'une analyse des associations sur ce qu'elles sont plutôt que sur ce qu'elles font, comme une urgence démocratique.
Ce qui l'a marquée est le parallèle entre le financement des associations et celui des mutuelles, ainsi que les difficultés et défis rencontrés par les associations de toutes tailles.
Le nombre de réponses à l'enquête du CE (6500) a été un élément marquant. Les réactions à la publication du rapport ont montré une reconnaissance des problématiques vécues par les associations.
Le rapport a permis de souligner la nécessité de coalition et de dialogue entre les associations et avec les décideurs. Des collectivités territoriales ont réagi en demandant la présentation de l'avis.
- Réactions et questions pour Dominique Joseph (environ 0:52 - 1:00) :
Cécile Malot exprime son accord avec les propos et souligne l'importance du regroupement des associations. Jean-Baptiste Jobard remercie pour l'espoir que représente ce rapport et son analyse de la situation des associations, y compris la dimension européenne. Anne relaie les réactions du chat, notamment le téléchargement du rapport, le témoignage du Conseil Départemental de Haute-Garonne, la suggestion d'un soulèvement formel du monde associatif et la proposition de formations à la vie associative dès l'école. Dominique Joseph réagit à la question de la formation, soulignant que l'engagement se fait naturellement dès le plus jeune âge mais qu'il y a un point d'interrogation dans la phase de travail.
Elle évoque la mise en concurrence des associations et la nécessité de distinguer les associations du secteur de l'ESS.
Elle aborde le cadre européen et la possibilité de subrogation pour les collectivités.
Elle commente la suggestion d'une journée sans association et mentionne les préconisations législatives du rapport.
Claude Grivel ajoute son point de vue sur la formation et le rôle des familles dans l'engagement, ainsi que la désignation des associations comme premières victimes des restrictions budgétaires.
- Introduction et présentation de Jean-Baptiste Jobard (environ 1:00 - 1:16) :
Carole introduit Jean-Baptiste Jobard du Collectif des associations citoyennes. Jean-Baptiste Jobard situe sa lecture du rapport du CE à partir du travail collectif "Quel monde associatif demain" (2021).
Il présente les deux scénarios du livre : l'affaiblissement et le renforcement. Il précise son point de vue à travers son rôle au CAC (Collectif des Associations Citoyennes) et ses travaux sur l'histoire des libertés associatives.
Il détaille le scénario de l'affaiblissement avec les mots clés : marchandisation, instrumentalisation (et la révolution invisible du financement public), managérialisation et répression.
Il évoque le néologisme de désadministration et ses conséquences pour le monde associatif. Pour chaque composante de l'affaiblissement, il propose une "antidote" : démarcheisation, coconstruction, renforcement démocratique interne et le droit.
Il cite des préconisations du rapport du CE, notamment sur le CER et la transformation de la déductibilité des dons en crédit d'impôts. Il résume le rapport avec le mot "subvention", envisagée comme l'autre nom de l'initiative citoyenne organisée, et la nécessité de sa sécurisation et démocratisation.
Il cite des exemples de collectivités pratiquant une délibération collective pour la répartition des fonds. Il établit un lien avec la perspective polanyienne d'une économie plurielle et le rôle de l'économie associative et solidaire. Il aborde la question de la défense de la civilisation incluant la solidarité démocratique.
- Réactions et discussion avec Jean-Baptiste Jobard (environ 1:16 - 1:23) :
Carole note l'efficacité de la présentation et le rôle des collectivités mises en avant. Dominique Joseph, avant de quitter la réunion, remercie Jean-Baptiste et souligne la convergence des analyses sur la nécessité d'une autre économie et d'un choix de société.
Elle mentionne son prochain rendez-vous avec des sénateurs sensibilisés à l'avis du CE. Carole relaie l'absence de nouvelles questions dans le chat et invite à consulter les ressources partagées par Jean-Baptiste.
Cécile Malot partage sa réflexion sur la manière concrète d'agir pour des acteurs comme la Fondation de France, notamment dans les territoires en perte d'associations et de services publics. Jean-Baptiste Jobard prend la parole pour évoquer le soulèvement associatif en préparation depuis février 2025, suite à l'adoption du budget.
Il explique les trois axes de cette mobilisation : informer, agir pour se faire entendre (avec une action symbolique le 1er juillet autour de la devise républicaine) et mettre en avant le rôle des associations comme porteuses de solutions.
Il mentionne les prochaines étapes de la mobilisation. Anne confirme l'absence d'autres questions et la suggestion de partager le rapport du CE aux élus.
- Conclusion (environ 1:23 - 1:27) :
Claire amorce la conclusion en invitant les participants à partager un mot clé de ce qu'ils retiennent. De nombreux mots sont partagés dans le chat.
Claude Grivel prend la parole pour sa conclusion, soulignant l'envie de continuer l'échange.
Il reprend l'idée d'économie réciprocitaire et le lien entre la défense des services publics et du secteur associatif.
Il insiste sur la nécessité d'une prise de conscience de la société entière quant à l'importance des associations.
Il met en avant quatre mots clés commençant par "C" : contractualisation (avec un besoin de sérénité), confiance (à reconstruire), créativité (indispensable) et consolidation (de la démocratie).
Il rappelle le rôle essentiel des associations dans la défense de la démocratie. Il remercie les intervenants, les participants et l'équipe d'animation.
Il annonce le prochain "Jeudi du Développement Local" le 24 avril sur le thème des 32 heures et de l'engagement. Claire remercie et clôture la matinée.
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Voici un sommaire de la vidéo "Réenchanter les maths à l’école (2) - Agir pour l'éducation (2024-2025)" avec une indication de la progression des sujets abordés, faute de timestamps précis dans le transcript :
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Introduction au programme "Réenchanter les maths" : Présentation de la deuxième séance du programme initié par Stéphane Mallat, Stanislas Dehaene et d'autres collègues, visant à redonner de l'attrait pour les mathématiques en les abordant par de multiples approches. L'objectif n'est pas de rendre les maths magiques, mais de montrer qu'elles méritent d'être apprises par différentes voies, en s'appuyant sur la pédagogie et l'innovation. Malgré une brillante école mathématique française, la réussite en mathématiques au collège et au lycée (et même au primaire) n'est pas optimale.
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Présentation des intervenants : Jean-Michel Blanquer introduit Stéphane Mallat, titulaire de la chaire Science des données au Collège de France, membre de l'Académie des Sciences et directeur d'équipe à l'École normale supérieure, soulignant son engagement à rendre la recherche accessible, notamment pour transformer l'éducation. Miguel Toket, inspecteur d'académie-inspecteur pédagogique régionale de mathématiques (académie de Lille), ayant enseigné au collège et à l'université et collaboré sur le rapport Villani-Torossian, est également présenté pour son travail sur le co-pilotage des labos maths et le déploiement de stratégies académiques concernant l'intelligence artificielle. Hakim Vienet, cofondateur et directeur de Matth a data, interviendra pour les questions et le débat.
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Le titre de la conférence : "Enseigner les mathématiques au lycée avec les challenges d'intelligence artificielle" est mis en avant comme un sujet d'actualité, allant de l'intuition à l'abstraction.
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Crise de l'enseignement des mathématiques en France : Stéphane Mallat aborde la crise, soulignant l'anxiété vis-à-vis des mathématiques (enquête PISA, notamment chez les filles et les élèves défavorisés) et le manque de motivation suite à la possibilité de choisir de ne plus faire de mathématiques. Une des explications est un enseignement trop formel, comparable à enseigner la musique uniquement par le solfège. L'intuition est fondamentale et se construit par l'expérience, avec un lien essentiel entre les mathématiques, la physique et le monde réel. L'abstraction doit avoir du sens, construit par le lien entre l'expérimentation et l'abstraction. L'expérience personnelle de Stéphane Mallat avec les mathématiques modernes et la découverte d'une approche plus expérimentale aux États-Unis sont mentionnées.
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Nécessité de passer à l'échelle pour introduire plus d'expérimentation : Malgré les recherches didactiques, peu d'initiatives ont réussi à généraliser l'introduction de plus d'expérimentation et de manipulation en mathématiques au collège et au lycée.
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L'approche par problème (Problem Based Learning - PBL) : Cette approche, initiée dans les années 70 (Canada, études médicales), met l'accent sur la construction du sens à travers la résolution de problèmes ouverts et liés au monde, favorisant la collaboration. Bien que présentant des avantages (meilleure compréhension, motivation, travail en équipe), elle nécessite beaucoup de temps et un changement de rôle pour les professeurs, ce qui a limité son passage à l'échelle.
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L'intelligence artificielle comme une réserve de problèmes : Les challenges d'intelligence artificielle offrent une nouvelle source de problèmes pour s'engager dans une pédagogie par problème, avec un potentiel de passage à l'échelle. L'intrusion de l'IA à l'école par les élèves (utilisation de modèles de langage) impose aux enseignants de réfléchir à son intégration pour l'apprentissage des fondamentaux.
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Utiliser l'IA comme un tuteur personnalisé : Bien que potentiellement intéressant, l'enseignement nécessite la présence de l'enseignant comme médiateur. Il est crucial que les professeurs comprennent la nature de l'IA pour en faire un objet de connaissance et non une "boîte noire". L'IA est une opportunité pour les mathématiques car elle repose sur de belles mathématiques.
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L'approche du programme matadata : Partir de problèmes du monde réel permettant un passage rapide aux mathématiques, contrairement à d'autres disciplines comme la physique qui nécessitent un enseignement préalable. Presque toutes les mathématiques du lycée peuvent être abordées par cette approche, centrée sur l'expérimentation numérique et la créativité des élèves.
L'aspect ludique (amélioration des scores, travail en groupe) est également important. Le modèle mathématique de l'apprentissage en IA offre un miroir pour l'enseignement, où l'erreur est fondamentale. L'enseignement est explicite et guidé, basé sur un co-développement avec l'Éducation nationale. Matadata apporte un savoir-faire en mathématiques liées au numérique et à l'IA, tandis que l'aspect pédagogique en classe est apporté par la collaboration avec les professeurs. L'enjeu est un passage à l'échelle nationale.
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Qu'est-ce qu'un challenge d'intelligence artificielle ? : Définition générale : à partir de données (D), répondre à une question (R) en développant un algorithme (séquence d'instructions). Exemples de challenges : reconnaissance de chiffres manuscrits, diagnostic médical à partir d'un électrocardiogramme fœtal, attribution d'auteurs de textes (Molière/Corneille), reconnaissance de chants de baleines. Chaque challenge implique des données et le développement d'un algorithme pour trouver une estimation de la réponse.
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Exemple détaillé : reconnaissance d'images de chiffres manuscrits : Les images sont des tableaux de nombres (niveaux de gris). L'enjeu est de reconnaître le chiffre (ex: 2 ou 7). Tous les challenges suivent le même cadre mathématique, centré sur l'apprentissage en IA. À partir des données, on calcule des caractéristiques pour donner une réponse avec un classificateur.
Les algorithmes dépendent de paramètres appris au fur et à mesure lors d'une phase d'apprentissage (minimisation des erreurs sur une base de données d'entraînement). L'objectif est la généralisation : l'algorithme doit bien répondre sur des données qu'il n'a jamais vues.
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Couverture des mathématiques du lycée à travers ce cadre :
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Statistiques : Avec une seule caractéristique (ex: somme des pixels), on peut aborder les écarts, l'échantillonnage, etc. La notion d'histogramme et le meilleur seuil (intersection des histogrammes) permettent de couvrir l'étendue, la variance, les quartiles.
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Géométrie : Avec deux caractéristiques (ex: valeur moyenne de l'image dans les parties supérieure et inférieure), l'image est représentée comme un point dans un plan. Un classificateur devient une droite à ajuster (paramètres : coefficient directeur et ordonnée à l'origine), permettant de couvrir la géométrie du plan (droites, vecteurs, produit scalaire). Trois caractéristiques permettent d'aborder la géométrie dans l'espace.
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Analyse de fonctions : La minimisation de l'erreur (fonction dépendant d'un paramètre) amène naturellement à la notion de dérivée (incrément local, pente) pour trouver le minimum (descente de dérivée, tableau de variation), couvrant l'analyse enseignée au lycée. Les notions de convexité et de suites convergentes sont également accessibles.
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Probabilités : La généralisation repose sur la loi des grands nombres, permettant d'aborder les probabilités, les probabilités conditionnelles, etc..
- Informatique et Intelligence Artificielle : Les réseaux de neurones permettent un enseignement de l'informatique et de l'IA.
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Cadre d'enseignement explicite proposé : Établi avec Hakim Vienet et Michel Toket, il comprend trois phases:
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Poser le cadre : Formalisation mathématique du problème d'apprentissage et de l'IA, rappel des notions essentielles (stats, géométrie, analyse).
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Manipulation : Expérimentation sur ordinateur pour résoudre le challenge avec les outils mathématiques et développer des solutions créatives améliorant le score.
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Retour sur les maths : Interprétation des résultats, approfondissement des mathématiques à travers des exercices et des démonstrations.
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Contraintes et adaptations pour l'enseignement au lycée : Respecter le temps imparti, s'assurer que cette approche s'intègre au programme (décliné suivant ce type de problèmes). Les contenus sont modifiables par les professeurs et créés en co-développement avec l'Éducation nationale (académie de Lille).
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Exemple d'expérimentation numérique : Structure en phases : découverte des données avec un premier algorithme, puis modification pour améliorer les performances. Exemple en géométrie : manipulation de deux caractéristiques, passage à la représentation dans le plan, manipulation de la droite de séparation (visualisation du lien entre paramètres et performance). L'accent est mis sur les mathématiques, sans programmation lourde. La phase finale vise à comprendre les bonnes caractéristiques (modélisation mathématique).
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Lien entre les expérimentations et le programme de mathématiques : Le retour sur les maths permet de comprendre les résultats des expérimentations (ex: seuil optimal, lien moyenne/variance/histogramme) et de faire le lien avec les exercices classiques du cours.
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Lien entre mathématiques et informatique : Souvent un parent pauvre de l'enseignement en France. L'objectif est de dépasser les tensions et de permettre aux élèves de découvrir les réseaux de neurones en comprenant les mathématiques sous-jacentes et en programmant un peu (plutôt pour les classes de SNT ou NSI).
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Présentation du challenge IA lié au Sommet IA : Accessible aux lycéens de toutes les filières via un site web. Parcours guidé pour comprendre les fondamentaux de l'IA, nécessitant les bases de Python de seconde. L'enjeu est la reconnaissance de tous les chiffres manuscrits.
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Explication simplifiée d'un neurone et d'un réseau de neurones (perceptron) : Un neurone prend plusieurs caractéristiques en entrée, effectue une moyenne pondérée (avec des poids à apprendre) plus une constante (biais), et produit un vote. Un réseau est une organisation de plusieurs neurones en couches, où chaque neurone vote pour une réponse possible. La réponse finale est l'index correspondant au vote le plus grand. L'apprentissage se fait à partir des erreurs, ajustant les poids (algorithme de Rosenblatt, 1957). Le challenge propose aux participants de trouver leurs propres caractéristiques pour minimiser l'erreur.
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Objectifs du programme et évaluation : Améliorer la motivation et la compréhension des maths au lycée, évalué avec le programme ID (évaluations randomisées). Encourager l'orientation vers des études scientifiques (suivi des parcours des élèves). Démystifier l'IA en montrant que derrière il y a des mathématiques et de l'informatique, remettant les mathématiques au centre.
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Évolution du projet : Travail initial en 2024 avec les académies de Lille et de Paris, et quelques expérimentations à New York (culture différente mais mêmes difficultés). Formation de 40 professeurs testée dans plus de 10 établissements (environ 300 élèves, quatre chapitres). Objectif pour l'année prochaine : plus de 100 professeurs et plus de 2000 élèves. L'enjeu majeur est le passage à l'échelle (nécessité de contenus simples à prendre en main, formations courtes, adaptation à la diversité des élèves).
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Formation des professeurs et modèle envisagé pour le passage à l'échelle : Formation initiale en présentiel, mais nécessité de passer à un modèle plus large (formation par vidéo avec mentorat, modèle proposé par Mathieu Nebra d'Open Classroom).
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Motivation des professeurs à s'engager : Confrontation inévitable à l'IA en classe, intérêt pour les belles mathématiques sous-jacentes (lien avec leurs études supérieures), plaisir de découvrir que les maths qu'ils enseignent sont connectées à l'IA. Optimisme quant au passage à l'échelle malgré les obstacles.
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Remerciements à l'équipe de matadata : Mathieu Nebra, Hakim Vienet (responsable pédagogique), Delphine Grison, l'équipe informatique, Louis Capietto et Andrada Chitan (développement de contenus et co-développement avec l'Éducation nationale). Transition vers l'intervention de Miguel Toket.
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Point de vue institutionnel de Miguel Toket (Inspecteur d'académie) : Approfondissement du propos en tant que mathématicien et perspective institutionnelle. Le programme rencontre les enjeux et problématiques du ministère, notamment le cheminement vers l'abstraction (approche "manipuler, représenter, abstraire" plus difficile au lycée). Matadata aborde ce point de vue avec une approche manipulatoire favorisant le franchissement des ruptures conceptuelles entre le collège et le lycée, y compris pour le formalisme des examens. Permet une compréhension en profondeur des concepts, contrairement à une compréhension de surface souvent rencontrée (ex: fractions au collège, fonctions et dérivées au lycée). Engagement des élèves observé en classe, développement de l'intuition. Relie les mathématiques aux évolutions technologiques (IA), répondant à la question "à quoi ça sert les maths ?". Redonne du lustre à la discipline.
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Exemples marquants pour l'institution :
- Statistiques : L'approche avec un seuil simple permettant 30% d'erreur pour la reconnaissance de chiffres est extraordinaire comparée aux exercices traditionnels peu motivants.
- Analyse (descente de dérivée) : L'algorithme enseigné en spécialité terminale est le même que l'algorithme de descente de gradient utilisé dans les grands modèles de langage (LLM), ce qui est inédit et constitue un levier de développement professionnel pour les enseignants.
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Impact sur les enseignants et les pratiques pédagogiques : Retours très positifs des formations (bouffée d'air), redonne du sens et de la puissance à une matière parfois décriée. Développement professionnel et compréhension du fonctionnement de l'IA. Plaisir de l'expérimentation en classe et impact positif sur les élèves. Changement de posture et d'approche pédagogique vers une approche expérimentale (complexe à mettre en place habituellement) facilitée par les blocs petits et clé en main de matadata.
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Réhabilitation de la place de l'erreur dans l'enseignement : L'approche progressive avec l'amélioration des scores permet de considérer l'erreur comme un jalon d'apprentissage. Lien avec le plaisir et l'intuition (compétences psychosociales). Explicitation de l'enseignement avec un contrat didactique interne favorisant l'apprentissage par l'erreur et l'échange entre élèves.
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Enjeu d'éducation à l'IA : Préparation aux métiers d'aujourd'hui et de demain, réponse à une problématique sociétale (sommet mondial de l'IA). Développement d'une culture de l'IA chez les élèves, même ceux qui abandonnent les maths en fin de seconde. Projet s'inscrivant dans une dynamique nationale (cadre d'usage de l'IA) et académique (stratégie autour de l'IA dans l'académie de Lille, s'appuyant sur les cadres de compétences de l'UNESCO).
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Dynamique de co-développement : Collaboration entre l'équipe matadata, l'inspection académique et les enseignants (logique de co-construction et de c-éveloppement). Triple regard (pédagogique, didactique et institutionnel) pour construire des ressources adaptées. Importance de l'itération et de l'équilibre entre les différentes parties prenantes. Sélection d'enseignants avec des profils variés pour tester et adapter les ressources. Volonté de mutualiser les expertises et d'assurer la pérennisation des usages.
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Perspectives du passage à l'échelle : Accompagnement des enseignants et des inspecteurs (formations développées, développement pluriannuel, acculturation des inspecteurs). Structuration du déploiement avec le choix de professeurs formateurs locaux. Articulation avec les politiques nationales et perspectives académiques (égalité filles-garçons, orientation, réduction des inégalités).
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Modalités envisagées pour le passage à l'échelle : Pensé par paliers (15, puis 50 professeurs, puis académie autonome). Accompagnement personnalisé et suivi des équipes par matadata. Principe de l'Académie autonome permettant un passage complet à l'échelle avec des ajustements continus grâce au retour d'expérience et aux tests de nouveaux défis. Logique de réseau croissant facilitant le passage à l'échelle. Ressources robustes et éprouvées dès les premières phases. Potentiel d'atteindre un grand nombre d'élèves rapidement. Création à l'intérieur des classes avec des retours de professeurs aux profils variés, rendant les ressources adaptées à différents contextes d'enseignement (mathématiques, numérique, IA).
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sommaire de la conférence avec des indications temporelles approximatives basées sur le déroulement du discours :
•Début (environ 0:00 - 0:03) : Introduction par l'animateur du Collège de France pour la première conférence de la série "Agir pour l'éducation 2024-2025" consacrée à réenchanter les maths à l'école.
Il remercie la Fondation du Collège de France et présente le cycle de six conférences avec les noms des intervenants et leurs sujets respectifs.
L'objectif est de faire un panorama des recherches et de dégager des idées pour améliorer l'enseignement des mathématiques.
L'animateur présente ensuite la professeure Elisabeth Spelke de Harvard, une figure majeure en psychologie du développement, à l'origine du concept de "core knowledge" (noyau de connaissance) montrant que les jeunes enfants possèdent déjà des connaissances abstraites sur le monde, y compris mathématiques.
Il mentionne également le livre récent de Liz Spelke, "What Infants Know". Il établit un lien avec les travaux de Jacques Meller en France sur la cognition des bébés.
•Introduction de la recherche d'Elisabeth Spelke (environ 0:03 - 0:07) :
Elisabeth Spelke exprime sa joie d'être invitée et son admiration pour la capacité d'apprentissage des enfants dès la naissance.
Elle explique que sa recherche porte sur des expériences avec les tout-petits et dans les écoles.
Elle se concentre sur un projet d'enseignement des maths en Inde et donne trois raisons pour ce choix : la richesse culturelle et linguistique de l'Inde, la présence de grandes ONG éducatives comme J-PAL et Pratham, et les défis posés par les résultats des sondages sur la maîtrise des mathématiques par les enfants indiens.
Ces sondages montrent qu'un faible pourcentage d'enfants maîtrise les concepts de mathématiques enseignés l'année précédente. La question est de savoir pourquoi et comment aider ces enfants.
•Bases des sciences cognitives du projet (environ 0:07 - 0:13) :
Elisabeth Spelke explique que le projet est fondé sur des capacités cognitives présentes dès la naissance, révélées par les sciences cognitives du développement, notamment les travaux de Jacques Meller. Ces systèmes cognitifs se concentrent sur des concepts abstraits et universels.
Elle illustre ces systèmes avec l'exemple du nombre, en mentionnant des expériences à Paris montrant une sensibilité aux quantités numériques chez les nouveau-nés et les nourrissons.
Elle distingue deux systèmes de nombres (approximatif et exact pour les petits nombres) ainsi que des systèmes de géométrie, qui soutiennent l'apprentissage des maths. Un cinquième élément crucial est l'acquisition du langage et des symboles.
L'apprentissage du langage commence très tôt et permet la transmission de perspectives distinctes.
Une expérience est décrite pour illustrer comment le langage aide les enfants à comprendre le point de vue des autres. L'éducation, notamment en maths, consiste à présenter de nouvelles perspectives.
•Jeux mathématiques et expériences en Inde (environ 0:13 - 0:18) :
L'hypothèse est qu'en présentant des activités ludiques qui suscitent les concepts intuitifs mathématiques et en les associant au langage et aux symboles, on peut faciliter l'apprentissage. Des jeux de maths ont été créés et testés à Boston puis en Inde avec des résultats surprenants de similarité dans l'engagement des enfants.
Une première expérience avec 1500 enfants dans des écoles maternelles a utilisé des jeux de nombres et de géométrie basés sur le "core knowledge", comparés à un programme normal et à des jeux sur des concepts sociaux.
Les résultats montrent un effet positif sur les intuitions mathématiques, mais limité pour les compétences symboliques à long terme.
Une deuxième expérience en maternelle a comparé des jeux purement intuitifs, purement symboliques et mixtes. Les jeux mixtes (alternant intuitif et symbolique) ont montré une synergie en renforçant à la fois les intuitions et la maîtrise des symboles.
Une troisième expérience a été menée dans des classes de CP et CE1 à Delhi avec des jeux mixtes adaptés pour des grands groupes et des enseignants peu formés. Des modifications ont été apportées aux jeux et à la procédure pour faciliter l'engagement des enfants et le suivi par les enseignants.
•Résultats et perspectives futures (environ 0:18 - fin) : Les résultats de l'expérience en CP et CE1 montrent un effet positif des jeux mathématiques, notamment pour les élèves de CE1.
Ces jeux sont en cours d'intégration dans les programmes de l'école primaire dans plusieurs états en Inde, posant des défis d'adaptation, de portabilité et de motivation des enfants.
Des améliorations suggérées par les enseignants, comme l'utilisation de pailles pour la géométrie et la création de jeux de navigation réels, sont mentionnées.
La question de l'efficacité des jeux reste ouverte, mais plusieurs hypothèses sont avancées : ils s'appuient sur des connaissances de base universelles, les affiches donnent de l'autonomie aux enfants, le jeu en groupe favorise la coopération et l'enseignement mutuel, et leur caractère ludique et social crée de bonnes conditions d'apprentissage.
Elisabeth Spelke conclut en soulignant l'importance du sentiment d'appartenance et de confiance pour l'apprentissage.
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chronologie détaillée des événements principaux mentionnés dans la source, suivie d'une liste des personnages principaux avec leurs bios :
Chronologie des Événements Principaux
- 11 février 2005 : Mention de la loi du 11 février 2005 (relative aux droits des personnes handicapées), dont on célèbre les 20 ans au moment de l'intervention. Cette loi est présentée comme ayant profondément modifié l'école et engagé des personnels, des moyens et des partenariats.
- 1994 : Mention de la Déclaration de Salamanque, un texte fondateur soulignant que chaque enfant a des caractéristiques, des intérêts et des besoins d'apprentissage propres, et que les différences humaines sont normales, impliquant une adaptation de l'apprentissage aux besoins de chacun. Ce texte introduit la notion de "besoin".
- Avant la loi de 2005 (implicite) : L'école est perçue comme une "accumulation d'enfants à profil" nécessitant une "accumulation de structure ou de réponse", plutôt qu'une structure inclusive par essence.
- Période actuelle (post-loi de 2005) :Développement de l'idée d'"école inclusive" et d'"école pour tous". La question se pose de savoir pourquoi il est encore nécessaire d'ajouter ces adjectifs au mot "école" si l'objectif est que l'école soit inclusive par définition.
- Augmentation du nombre d'élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire.
- Nécessité de dépasser une vision de l'enfant centrée sur son handicap ou une "étiquette" pour se concentrer sur ses besoins éducatifs particuliers et son identité.
- Mise en place de dispositifs et de moyens pour l'école inclusive, incluant des services médico-sociaux intervenant en milieu scolaire.
- Création d'équipes mobiles d'appui à la scolarité (EMAS) dans toute la France, préfigurant les futurs pôles d'appui à la scolarité (qui remplaceront les PI - non explicitement définis). Ces équipes sont composées de professionnels du médico-social.
- Existence d'enseignants référents pour les élèves en situation de handicap, financés par l'Éducation Nationale, chargés du suivi des projets personnalisés de scolarisation (PPS).
- Mobilisation d'auxiliaires de vie scolaire (AVS), dont le rôle et les missions sont encadrés par la MDPH. La distinction est faite entre les AVS pour les actes de la vie quotidienne, pour l'aide à la scolarisation et pour l'accompagnement médico-social.
- Développement de dispositifs spécifiques comme les ULIS (Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire) pour différents types de besoins (TSA, troubles moteurs, troubles des fonctions cognitives, etc.).
- Stratégie nationale pour les troubles du neuro-développement (TND), avec la création de plateformes d'orientation et d'appui financées par les Agences Régionales de Santé (ARS). Les PCPE (Pôles de Compétences et de Prestations Externalisées) sont mentionnés dans ce cadre.
- Rôle des établissements médico-sociaux (IME, IEM, ITEP, etc.) qui accueillent des enfants et adolescents avec des handicaps majorés nécessitant une prise en charge pluriprofessionnelle. Les SESSAD (Services d'Éducation Spécialisée et de Soins à Domicile) sont également mentionnés.
- Évocation de la stratégie "zéro solution" visant à ce qu'aucune personne en situation de handicap ne se retrouve sans solution d'accompagnement.
- Importance de l'accessibilité (rendre les choses accessibles à tous) comme première étape, suivie de la compensation (mesures complémentaires décidées individuellement).
- Principe de la "gradation des réponses" pour l'autonomie des enfants.
- Réflexion sur le projet de société inclusive, tel que défini par Charles Gardou, visant une société sans privilège ni exclusion, où l'environnement est adapté à chacun.
- Amélioration perçue de l'école et de la société dans l'apport de réponses adaptées aux besoins des élèves, malgré des questions de moyens persistantes.
- Utilisation du numéro vert "École inclusive" et de plateformes d'information comme "Mon parcours handicap" pour les familles.
- Discussion autour des aménagements d'examens pour les élèves en situation de handicap, soulignant la complexité de la réglementation et la nécessité d'équilibrer les adaptations individuelles avec le cadre national.
- Évocation du manque de places dans certains dispositifs spécialisés, comme les ITEP, dans certaines régions.
- Mention des RASED (Réseaux d'Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté) dans le premier degré, soulignant leur non-généralisation et le rôle du directeur de circonscription dans leur gestion.
- Discussion autour de la notion de "refus scolaire anxieux" et de la nécessité d'une réponse adaptée et globale, impliquant le médical.
- Le webinaire actuel est présenté comme une action visant à informer et à promouvoir l'école inclusive vers l'école pour tous.
Cast des Personnages Principaux
- L'Intervenante (Inspectrice Conseil Technique École Inclusive) : Elle est au centre de la présentation et partage son expertise sur l'école inclusive, la loi de 2005, les dispositifs existants, les défis et la philosophie de l'inclusion. Elle travaille sous l'autorité de la rectrice et des DAEN (Directeurs Académiques des Services de l'Éducation Nationale).
- Les Parents : Ils sont mentionnés à plusieurs reprises comme étant des acteurs essentiels et les destinataires de nombreuses informations et dispositifs présentés. Leurs besoins et leurs questions sont une préoccupation constante.
- Les Personnels de l'Éducation Nationale : Cela inclut les enseignants, les enseignants référents, les inspecteurs de circonscription (dont les inspecteurs SH), les directeurs d'établissement, les personnels des RASED, et les conseillers techniques du recteur et du DASEN. Ils sont présentés comme des acteurs engagés dans la mise en œuvre de l'école inclusive.
- Les Professionnels du Médico-Social : Ils interviennent de plus en plus dans l'école, notamment à travers les EMAS et les futurs pôles d'appui à la scolarité. Les professionnels des IME, IEM, ITEP et SESSAD sont également cruciaux pour la prise en charge des élèves avec des besoins spécifiques.
- Charles Gardou : Il est cité pour sa définition de la société inclusive comme une société sans privilège ni exclusion, où l'environnement est adapté à chacun. Cette définition sert de cadre philosophique à la discussion sur l'école inclusive.
- Les Élèves en Situation de Handicap : Ils sont au cœur du sujet de l'école inclusive. La présentation insiste sur la nécessité de considérer leurs besoins individuels, leur identité et leur potentiel, au-delà de leur handicap.
- Isabelle (Participant) : Elle pose des questions spécifiques sur les RASED dans le premier degré et sur la situation des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH), témoignant des préoccupations des participants.
- Madame Pin (Participant) : Elle intervient pour partager son accord sur l'importance des RASED et évoque la nécessité d'une sectorisation moins rigide pour l'accès aux aides.
- Un Représentant de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d'Élèves) (Participant) : Il témoigne du manque de places dans certains dispositifs en Île-de-France et se présente comme un partenaire pour interpeller les autorités en cas de besoin.
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Briefing webinaire fcpe sur l'École Inclusive
Date : 8 mai 2024
Source : Excerpts from "Texte collé" (Transcription d'une intervention orale)
Objet : Analyse des principaux thèmes, idées importantes et faits marquants concernant l'école inclusive en France, présentés lors d'une intervention.
Introduction :
Ce document synthétise les principaux points abordés dans l'extrait d'une intervention orale portant sur l'école inclusive.
L'intervenant, qui semble être un Inspecteur Conseil Technique en charge de l'école inclusive, partage sa vision, les évolutions récentes, les défis persistants et les moyens mis en œuvre pour favoriser une école pour tous en France.
L'intervention se situe dans le contexte du 20ème anniversaire de la loi du 11 février 2005, une législation marquante pour les droits des personnes en situation de handicap.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
- Définition et Philosophie de l'École Inclusive :
- L'intervenant souligne la nuance entre "école pour tous" et "école inclusive", cette dernière étant perçue comme une extension nécessaire pour atteindre l'objectif d'une école unique pour tous les enfants, sans distinction. Il remet en question la nécessité d'ajouter un adjectif à "école" si l'objectif est réellement l'inclusion de tous.
- L'école inclusive ne doit pas être vue comme une simple "accumulation d'enfants à profil et avec une accumulation de structure ou de réponse". Il s'agit d'un changement de paradigme dans la perception de l'école.
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L'intervenant insiste sur l'importance de considérer chaque enfant d'abord comme un élève, avec une identité propre et des besoins éducatifs particuliers, plutôt que de se focaliser sur des étiquettes liées à un potentiel ou un handicap. "D'abord, je reconnais, c'est qu'il a des besoins, tu besoins éducatifs particuliers et vous voyez que essayer de sortir de cette idée de l'étiquette et de la et de l'identification, ça nous oblige nous aussi dans l'école à se demander d'abord quelle est l'identité de cet enfant?" (00:08:30-00:08:48).
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Il rappelle les textes fondateurs comme la Déclaration de Salamanque (1994) qui pose les principes que "chaque enfant a des caractéristiques, des intérêts, des aptitudes et des besoins d'apprentissage qui lui sont propres" (00:11:29-00:11:38) et que "les différences humaines sont normales et par conséquent, l'apprentissage doit être adapté aux besoins de chaque femme" (00:11:49-00:11:55).
La Notion de Difficulté et l'Écart à la Norme :
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La difficulté est définie comme un "écart entre les compétences et les performances de l'élève et ce qui est attendu de lui par rapport à son âge et aux attentes du système éducatif" (00:13:27-00:13:53).
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L'intervenant perçoit ces enfants en difficulté non pas comme un problème, mais comme une "force" (00:14:43) qui oblige les professionnels à interroger, adapter et répondre aux projets de l'école.
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L'École Inclusive comme Projet de Société :
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L'école inclusive n'est pas uniquement l'affaire de l'école, mais engage la société dans son ensemble pour "faire une place dans la société à tous" (00:15:50-00:15:58).
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L'enjeu est de passer d'une logique d'accessibilité ("je rends les choses accessibles") à une logique de compensation ("mesures complémentaires qui vont être décidées") et idéalement vers une société où l'environnement est adapté à chacun, sans nécessité de privilèges ou d'exclusion. Selon Charles Gardou, une société inclusive est une "société sans privilège ni exclusivité ni exclusion ni exclusion, chacun dans sa place et dans la société ni exclusivité" (00:21:36-00:22:29).
Évolution de la Loi de 2005 et Nécessité d'Interrogation :
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La loi de 2005 a "bouleversé, elle a modifié, elle a engagé énormément les personnels, les moyens, mais aussi les partenariats" (00:03:25-00:03:37).
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Après 20 ans, il est nécessaire d'interroger cette loi et de la regarder avec un œil nouveau en se projetant sur les prochaines années, notamment en ce qui concerne l'application du "droit commun".
- Moyens et Leviers pour l'École Inclusive :
- L'intervenant détaille différents moyens humains et dispositifs mis en place :
- Services d'écoute et d'information pour les familles : Numéro vert national, services dans chaque département sous l'autorité des DAEN (Directeurs Académiques des Services de l'Éducation Nationale).
- Équipes Mobiles d'Appui à la Scolarité (EMAS) : Professionnels du médico-social intervenant dans les écoles pour observer, étayer et former, préfigurateurs des futurs pôles d'appui à la scolarité.
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Enseignants référents : Experts académiques (une centaine dans l'académie de Montpellier) qui suivent les enfants et les familles.
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Accompagnants d'Élèves en Situation de Handicap (AESH) : Distinction entre différentes missions (aide aux actes de la vie quotidienne, aide à la scolarisation, aide à l'autonomie). La MDPH doit nommer clairement le type de mission.
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Dispositifs spécifiques en établissement ordinaire : ULIS (Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire) pour différents types de besoins (TFC, TED, TSA, TSL, Troubles moteurs, Déficience visuelle, Déficience auditive, Troubles des fonctions cognitives).
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Dispositifs pour les Troubles du Neuro-Développement (TND) : Stratégie nationale, plateformes de diagnostic et d'orientation (PCO), dispositifs d'accompagnement médico-social (CAMSP, CMPP, SESSAD).
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Établissements Médico-Sociaux (EMS) : IME, ITEP, etc., indispensables pour les enfants avec des handicaps majorés nécessitant une prise en charge pluriprofessionnelle. Un identifiant national est donné à tous les élèves, y compris ceux scolarisés en EMS, soulignant leur statut d'élève avant tout.
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Adaptation pédagogique : Nécessité d'interroger la pédagogie pour répondre aux besoins de tous.
- Formation des professionnels : Essentielle pour une meilleure compréhension et prise en charge des besoins spécifiques.
Défis et Points de Vigilance :
- Équité territoriale : Bien qu'une équité nationale dans la répartition des moyens soit affirmée, des manques criants de places dans certains dispositifs sont signalés, notamment en Île-de-France.
- Articulation entre les différents acteurs : Difficultés d'articulation entre l'éducation nationale, le médico-social et les familles.
- Refus scolaire anxieux (RSA) : Souligné comme un "fléau" nécessitant une réponse adaptée et globale (médicale, scolaire, familiale). L'idée que "l'enfant n'est pas à sa place" est rejetée.
- Aménagements d'examens : Question complexe avec une tension entre la nécessité de compensation et le risque de créer des aménagements trop spécifiques et difficiles à structurer. L'objectif reste pédagogique, visant l'autonomie de l'élève.
- Rased (Réseaux d'Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté) : Inégale répartition sur le territoire, fonctionnement par circonscription et non par école.
- Importance du Partenariat :
- La collaboration avec les familles et les associations (comme la FCPE) est essentielle pour faire remonter les besoins et les difficultés.
- Le médico-social est de plus en plus envisagé comme une "fonction ressource, un appui de l'école" (00:29:51-00:30:01).
Conclusion :
L'intervention met en lumière une volonté affirmée de faire progresser l'école inclusive en France, en s'appuyant sur un cadre législatif existant et des moyens humains et financiers en développement.
L'accent est mis sur une approche centrée sur les besoins individuels de chaque enfant, au-delà des étiquettes, et sur une vision de l'inclusion comme un projet sociétal.
Cependant, des défis importants subsistent en termes d'équité d'accès aux dispositifs, d'articulation entre les acteurs et de réponse à des problématiques spécifiques comme le refus scolaire anxieux.
La formation des professionnels et le partenariat avec les familles sont identifiés comme des leviers essentiels pour une école véritablement pour tous.
Citation Pertinente pour la Diffusion :
"Ce n'est pas juste de la du vocabulaire que j'utilise... on voit bien que c'est un paradigme qui modifie absolument tout dans la perception que l'on doit voir de ce qu'est l'école, pas une accumulation d'enfants à profil et avec une accumulation de structure ou de réponse..." (00:05:07-00:06:31)
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Voici un sommaire de la présentation avec les horodatages correspondants :
- 00:00:03 - 00:00:13 : Introduction du webinaire intitulé "une école inclusive pour tous, présentation des dispositifs et des structures".
- 00:00:14 - 00:00:37 : Présentation des intervenants, notamment la secrétaire général adjointe et la vice-présidente de la FCPE, ainsi que Valérie Bareau, Isabelle Thomas Pinatel et Philippe Potre.
- 00:02:28 - 00:02:42 : Présentation de Monsieur Laffitte qui déroulera la présentation.
- 00:04:01 - 00:04:14 : Présentation du logo "national école inclusive" et du poste de Monsieur Laffitte en tant qu'inspecteur conseil technique.
- 00:05:52 - 00:07:00 : Le concept d'école inclusive où tout le monde se retrouve dans une même organisation, visant à terme une "école tout court". L'importance de considérer tous les enfants d'âge scolaire comme des élèves.
- 00:10:56 - 00:12:47 : Les textes fondateurs de l'école pour tous, notamment la déclaration de Salamanque en 1994 et la question du besoin, du respect de l'identité.
- 00:12:47 - 00:14:00 : La notion de difficulté dans le système éducatif. La présentation est organisée pour les familles.
- 00:19:15 - 00:21:21 : Adaptations et aménagements dans la classe, comme les pictogrammes pour les enfants avec autisme. L'inclusion se fait en donnant les moyens de grandir avec des aménagements. Une vision philosophique et un engagement envers un projet de société.
- 00:23:20 - 00:26:32 : Moyens et leviers pour l'école inclusive. Les informations sont disponibles sur des sites spécialisés.
- 00:26:33 - 00:27:04 : Coopération étroite avec le médico-social comme avenir. Travail avec l'agence régionale de santé.
- 00:28:46 - 00:30:15 : Explication des acronymes (avec une annexe dans le guide) et présentation des équipes mobiles d'appui à la scolarisation (EMAS) financées par l'agence régionale de santé et mises à disposition de l'école. Elles sont accessibles aux familles et saisies par les établissements.
- 00:30:35 - 00:32:29 : Moyens du droit commun qui ne nécessitent pas d'étiquette MDPH. Les élèves sont scolarisés dans le secteur mais aussi dans les IME et ITEP.
- 00:35:06 - 00:37:29 : Le rôle des AESH (Accompagnants d'Élèves en Situation de Handicap) et les trois missions définies par la MDPH : actes de la vie quotidienne, accès aux activités d'apprentissage, et activités de la vie sociale et relationnelle.
- 00:37:29 - 00:40:48 : Dispositifs et professionnels présents dans les écoles et établissements, notamment les ULIS (Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire).
- 00:40:49 - 00:43:18 : Plateformes de repérage et de diagnostic précoce des troubles du neurodéveloppement, notamment l'autisme.
- 00:43:19 - 00:45:20 : Les UEMA (Unités d'Enseignement Maternelle Autisme), les UEEA (Unités d'Enseignement Élémentaire Autisme) et les DSA (Dispositifs d'Autorégulation). Augmentation de ces dispositifs.
- 00:46:00 - 00:47:39 : Autres dispositifs spécifiques, comme ceux pour les enfants sourds et les SESSAD (Services d'Éducation Spécialisée et de Soins à Domicile). Présentation d'un outil en ligne pour trouver les établissements médico-sociaux.
- 00:48:40 - 00:52:00 : Développement des SESSAD, services intervenant sur notification MDPH à l'école ou dans la famille, et évolution vers des SESSAD plus généralistes. Présentation des ESE (Établissements Spécialisés pour Enfants) et des ITEP (Instituts Thérapeutiques, Éducatifs et Pédagogiques) pour les handicaps majorés et les troubles du comportement.
- 00:52:00 - 00:53:11 : Rapprochement entre les ITEP et les établissements ordinaires.
- 00:53:12 - 00:55:46 : Moyens dans le premier degré pour les parents. Présentation des IME (Instituts Médico-Éducatifs) et des IEM (Instituts d'Éducation Motrice).
- 00:55:46 - 00:57:07 : Les EA (Établissements Adaptés) avec des classes à effectif réduit et des enseignements adaptés. Les LEA (Lycées d'Enseignement Adapté).
- 00:57:07 - 00:59:09 : Leviers pour l'école inclusive, notamment la Conférence Nationale du Handicap d'avril 2023. Déploiement de matériel pédagogique adapté. Augmentation des professionnels du médico-social dans l'école.
- 00:59:10 - 01:02:41 : Importance de la pédagogie et adaptations nécessaires. Le levier de la formation initiale et continue des personnels, y compris les AESH et les personnels d'encadrement.
- 01:02:41 - 01:03:20 : Ressources nationales et sites d'information accessibles à tous.
- 01:05:13 - 01:07:11 : Présentation de l'outil Capco Inclusive, un espace de ressources pour observer l'enfant, ses besoins, trouver des aménagements pédagogiques et s'informer.
- 01:07:11 - 01:08:25 : Conclusion partielle sur l'importance de regarder ce qui fonctionne et exemple d'inauguration d'un dispositif d'autorégulation.
- 01:08:25 - 01:12:24 : Questions et réponses, notamment sur les dispositifs d'autorégulation (DSA) et le nombre de places.
- 01:12:24 - 01:14:00 : Question sur les LEA et le cumul avec une situation sociale nécessitant un internat.
- 01:14:00 - 01:18:36 : Question sur les aménagements des examens, explication des évolutions et des difficultés liées à l'accumulation des mesures de compensation. Un guide sur les aménagements des examens sera partagé. Nécessité d'une anticipation importante. Exemples d'aménagements parfois aberrants.
- 01:18:36 - 01:29:45 : Suite des questions et réponses. Question sur l'orientation et la réponse "il n'est pas à sa place". L'idée de lien entre les murs des établissements spécialisés et ordinaires. Des enfants en IME pourraient être en milieu ordinaire. Question sur la formation initiale des enseignants. Importance de casser les étiquettes.
- 01:29:45 - 01:32:32 : Question sur les RASED (Réseaux d'Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté) dans le premier degré, leur manque de présence partout et la mauvaise information aux familles. La FCP dénonce ce problème.
- 01:32:32 - 01:39:20 : Réponse concernant les RASED et confirmation du problème. Réflexion sur la formation des personnels avec des séminaires et des formations spécifiques sur l'école inclusive. Importance de la formation, de l'accompagnement et de l'information.
- 01:39:20 - 01:44:12 : Suite des questions et réponses, notamment sur la communication apaisée entre les familles et l'école. Le travail avec les familles est stratégique.
- 01:44:12 - 01:49:31 : Information sur d'autres accompagnements possibles pour les enfants en décrochage scolaire et sur des sites internet dédiés. Les liens vers les ressources seront partagés.
- 01:49:31 - 01:53:21 : Dernière question sur un film traitant de l'école inclusive (la réponse sera donnée ultérieurement). Conclusion du webinaire par Florence de la FCP, remerciements et rappel de la vision d'une école inclusive comme projet de société. Importance du partenariat avec les familles. Rôle des FCPE au niveau départemental et national. Appel au partage des informations.
- 01:53:21 - 01:53:21 : Fin du webinaire.
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Briefing Doc : Émotions, relations, bien-être et bonheur à l'école : liens et perspectives
Source : Excerpts de la transcription de la conférence "Émotions, relations, bien-être et bonheur à l'école : liens et perspectives" par Madame Gaël Espinoza, professeure en Sciences de l'éducation et de la formation à l'Université de Lorraine (France), membre du laboratoire LISEC et associée au réseau Réverbère (Québec) et à l'Observatoire du bien-être à l'école (France).
Date de la conférence : Indiquée comme faisant partie de la "deuxième partie du coloc tac" (date précise non mentionnée dans les extraits).
Introduction :
La conférence de Madame Gaël Espinoza aborde les concepts d'émotions, de relations, de bien-être et de bonheur dans le contexte scolaire, en explorant leurs liens et en offrant des perspectives pour leur prise en compte.
L'introduction par Louis Houde (responsable des instituts et coordonnateur de la série Impact 3 au Centre Franco) et Paul Cadieu (présentateur) met en lumière l'importance de ces thématiques dans le milieu éducatif et présente l'expertise de Madame Espinoza.
Paul Cadieu souligne que "ce sont les émotions des élèves et également les émotions des enseignants [qui sont] vraiment déterminantes aujourd'hui" et que "le bien-être et les émotions c'est ce qui rend possible l'apprentissage".
Thèmes principaux et idées importantes :
- Définition et distinction des concepts clés :
- Affectivité : Définie comme l'ensemble des sentiments, des émotions et des humeurs. Madame Espinoza souligne la difficulté de les distinguer clairement dans le langage courant, notamment chez les enfants, d'où son usage privilégié du terme "affectivité" dans ses recherches. Scientifiquement, elles se différencient par leur durée (émotions courtes, humeurs moyennes, sentiments longs) et leur stimulus (déclencheur précis pour les émotions et sentiments, plus diffus pour les humeurs). Les "affects" sont présentés comme un terme générique pour les regrouper.
- Elle présente également une définition québécoise de l'affectivité (Louise Lafortune et Lis Saint-Pierre) incluant cinq composantes : la motivation ou l'engagement, la confiance en soi, l'attitude, les émotions et l'attribution (croyances attributionnelles de contrôle). Ceci met en évidence que les émotions sont une composante de l'affectivité et que des notions comme la motivation ont une dimension affective.
- Émotions : Sont présentées comme des phénomènes multicomposants et adaptatifs. L'existence de six émotions de base (joie, tristesse, colère, peur, dégoût, surprise) est mentionnée, avec une prédominance d'émotions désagréables. L'émotion survient suite à une évaluation cognitive de l'environnement ou de nos pensées et se manifeste par un sentiment, des réactions motrices, des réactions du système nerveux autonome et une impulsion à agir. Madame Espinoza insiste sur la rapidité et la fugacité des émotions.
- Bien-être : Deux perspectives sont distinguées :
- Bien-être hédonique (subjectif) : Défini par Edward Diener comme un état final composé de la satisfaction à l'égard de la vie, des affects positifs et des affects négatifs. Ces trois composantes sont liées. Le bonheur est souvent opérationnalisé à travers ce bien-être subjectif. Un modèle du bien-être à l'école (Anna-Liisaেরা) est brièvement évoqué, soulignant l'importance des relations sociales ("aimé") aux côtés des conditions scolaires, de l'épanouissement ("être") et de la santé.
- Bien-être éudémonique (psychologique) : Défini par Carole Ryff comme un processus d'accomplissement et de réalisation de soi, comprenant six composantes : l'autonomie, la maîtrise de l'environnement, la croissance personnelle, les relations positives avec les autres, les buts dans la vie et l'acceptation de soi. Ce bien-être est plus projectif et orienté vers l'avenir, contrairement au bien-être subjectif plus ancré dans le présent. Les relations positives sont communes aux deux perspectives.
- L'importance des relations positives (constructives, de qualité) à l'école :
- Elles font écho à la composante humaine et affective des relations.
- La "relation affective enseignant-élève" est présentée comme bénéfique pour la performance, la persévérance et les comportements scolaires des élèves, ainsi que pour leur bien-être en dehors de l'école (baisse de la dépression, de l'anxiété, de la délinquance). Elle repose sur la confiance, l'intimité, la communication, le partage, l'affect positif, le soutien émotionnel, la chaleur émotionnelle et l'acceptation.
- Madame Espinoza insiste sur le fait que cette relation doit être bénéfique pour les enseignants également, leur permettant d'exercer correctement leur métier et de trouver du sens.
- Les notions d'empathie et de bienveillance sont abordées. L'empathie est vue comme pertinente pour les relations entre pairs (égalité), tandis que la bienveillance, impliquant une asymétrie (veiller sur l'autre), est plus adaptée à la relation enseignant-élève, mais doit s'inscrire dans une posture éthique (se questionner sur ce qui est réellement bien pour l'autre).
- Concernant les relations entre pairs (enfants), deux types de travaux sont mentionnés : la psychologie s'intéressant aux facteurs de risque/protection des pairs, et la sociologie se concentrant sur le climat scolaire (justice scolaire, stabilisation des équipes pédagogiques). L'importance de faire dialoguer ces deux approches complémentaires est soulignée.
- L'intérêt de s'intéresser aux émotions, relations, bien-être et compétences psychosociales à l'école :
- Permet à l'enfant (et à l'adulte) de mieux comprendre ce qu'il ressent, ce qui favorise la réussite scolaire et l'adoption de comportements sociaux de qualité.
- La régulation émotionnelle, facilitée par la compréhension des émotions, rend l'individu plus disponible intellectuellement.
- L'expression adéquate des émotions communique les besoins et les demandes, facilitant le développement de relations apaisées.
- La capacité à exprimer, discriminer, identifier et réguler ses émotions fait partie des "compétences émotionnelles", un aspect important du développement cognitif lié aux comportements sociaux, aux performances scolaires et à la santé. Il est possible d'entraîner ces compétences dès le plus jeune âge.
- Les compétences psychosociales (CPS) :
- Sont présentées comme un ensemble de compétences cognitives, émotionnelles et sociales interconnectées.
- Un document de Santé publique France est mentionné, définissant ces compétences et leurs différentes catégories (avec 21 compétences spécifiques).
- Les travaux sur les émotions et les relations sont antérieurs au concept de CPS, mais ce dernier peut être un outil utile pour les enseignants.
- D'autres approches pour travailler sur les émotions et les relations sont possibles (communication non violente, techniques de respiration et de relaxation, activités ludiques, artistiques, sportives).
- La formation et la posture réflexive de l'enseignant :
- Pour s'occuper au quotidien de ces éléments, il est essentiel que cela devienne un objet de formation pour les professionnels de l'éducation.
- Il faut encourager la réflexion sur sa propre posture professionnelle (relation aux élèves, aux collègues, à la direction) et sur ses propres compétences psychosociales, émotions et affectivité.
- Inviter les enseignants à devenir des "enseignants réflexifs" est crucial, en leur permettant de construire progressivement leur posture, d'expérimenter et d'échanger.
- La posture évolue avec l'âge et l'expérience.
- Les CPS de l'enseignant peuvent être des protections de soi (détection des limites).
- Des exercices de recul réflexif sont proposés : se questionner après une journée scolaire sur ses interactions et son vécu, et mettre en place des moments de discussion et d'échange avec des collègues.
Conclusion :
Les concepts abordés sont interconnectés et essentiels pour le bien-être et le fonctionnement harmonieux de l'école.
S'intéresser quotidiennement à ces aspects rend les individus (élèves et enseignants) plus disponibles intellectuellement et plus apaisés dans leurs relations.
L'intégration de ces thématiques dans la formation des enseignants et la promotion de la réflexivité professionnelle sont souhaitables. Le bien-être et le bonheur sont une construction individuelle, nécessitant de trouver son propre équilibre.
Points à retenir :
La distinction claire entre affectivité, émotions, humeurs et sentiments est importante pour une compréhension approfondie. Le bien-être, qu'il soit subjectif ou psychologique, est étroitement lié aux émotions et aux relations positives.
La relation enseignant-élève affective et de confiance a des impacts significatifs sur la réussite et le bien-être des élèves (et des enseignants). Développer les compétences émotionnelles et sociales des élèves (et des enseignants) est crucial pour un climat scolaire apaisé.
La formation des enseignants doit intégrer ces dimensions et encourager la réflexion sur la posture professionnelle. Une prise en compte quotidienne et proactive de ces aspects est plus efficace qu'une intervention ponctuelle en cas de problème.
Citation notable :
Paul Cadieu : "ce sont les émotions des élèves et également les émotions des enseignants [qui sont] vraiment déterminantes aujourd'hui" et "le bien-être et les émotions c'est ce qui rend possible l'apprentissage".
Définition de l'affectivité par Louise Lafortune et Lis Saint-Pierre incluant la motivation, la confiance en soi, l'attitude, les émotions et l'attribution. Définition de l'émotion comme un "phénomène multicomponentiel adaptatif".
Citation sur les compétences émotionnelles soulignant leur lien avec le développement cognitif, les comportements sociaux, les performances scolaires et la santé, et la possibilité de les entraîner dès le plus jeune âge.
Suites potentielles :
Explorer plus en détail les stratégies concrètes pour développer les compétences psychosociales à l'école.
Approfondir la question de la formation des enseignants sur ces thématiques.
Examiner les liens entre le bien-être des enseignants et la qualité de leur enseignement et de leurs relations avec les élèves.
Analyser les approches et outils spécifiques pour favoriser un climat scolaire positif et prévenir le harcèlement.
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Voici un sommaire de la conférence avec des estimations de timestamps basées sur le déroulement de la discussion :
- [0:00 - ~2:30] Introduction par Louis Hou : Louis Hou, responsable et coordonnateur des instituts au Centre franco, ouvre la conférence. Il remercie l'audience et présente brièvement le Centre franco, un organisme œuvrant pour le développement de l'éducation en français en Ontario depuis plus de 50 ans. Il souligne que le Centre franco est une référence en création de ressources pédagogiques et soutient le personnel des 12 conseils scolaires de langue française de l'Ontario.
Il mentionne les 150 spécialistes du centre qui ont créé de nombreuses ressources et formations. Il invite à consulter le site web du Centre franco et remercie le ministère de l'Éducation de l'Ontario pour son financement.
- [~2:30 - ~4:30] Présentation de Gael Espinoza par Paul Cadiieu : Paul Cadiieu présente la conférencière, Madame Gael Espinoza, professeure en Sciences de l'éducation et de la formation à l'université de Lorraine en France et membre du laboratoire LISEC.
Il met en avant ses domaines de recherche : l'expérience scolaire des élèves, leur rapport à l'école et au savoir, la relation enseignant-élève, et l'affectivité et les émotions dans ces expériences.
Il insiste sur l'importance des émotions des élèves et des enseignants, ainsi que sur le lien entre bien-être et apprentissage. Il explique le déroulement de la conférence et invite à poser des questions via le clavardage.
- [~4:30 - ~5:30] Introduction de Gael Espinoza : Madame Gael Espinoza remercie pour l'introduction et se présente brièvement.
Elle ajoute qu'elle travaille également avec le réseau Réverbère au Québec et l'Observatoire du bien-être à l'école en France. Ces affiliations lui permettent de mener des recherches et de rencontrer d'autres professionnels intéressés par les mêmes sujets.
- [~5:30 - ~8:00] Le concept d'affectivité : Gael Espinoza aborde le concept d'affectivité, le définissant comme l'ensemble des sentiments, des émotions et des humeurs.
Elle explique les différences scientifiques entre ces trois termes en se basant sur la durée et le stimulus déclencheur. Les émotions sont plus courtes, suivies des humeurs, puis des sentiments. Le stimulus est identifiable pour les sentiments et les émotions, mais diffus pour l'humeur.
Elle note que dans ses recherches auprès des enfants, il est difficile de distinguer précisément ce dont ils parlent, c'est pourquoi elle utilise souvent le terme générique d'affectivité.
Elle présente ensuite une définition de l'affectivité proposée par des chercheurs québécois (Louise Lafortune et Lis Saint-Pierre) qui inclut cinq composantes : la motivation ou l'engagement, la confiance en soi, l'attitude, les émotions, et l'attribution. Elle souligne que la motivation est influencée par des éléments affectifs.
- [~8:00 - ~9:30] Le concept d'émotion : La conférencière se penche sur le concept d'émotion et mentionne les six émotions de base (joie, tristesse, colère, peur, dégoût, surprise).
Elle remarque la prédominance des émotions désagréables. Elle définit l'émotion comme un phénomène multicomponentiel adaptatif, déclenché par une évaluation de l'environnement ou par des pensées.
Elle détaille les cinq composantes d'une émotion : l'évaluation cognitive, le sentiment subjectif, les réactions motrices, les réactions du système nerveux autonome, et les tendances à l'action. Elle insiste sur la rapidité avec laquelle une émotion survient.
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[~9:30 - ~10:30] Lien entre affectivité/émotions et bien-être : Gael Espinoza fait la transition vers le concept de bien-être et son lien avec les émotions et l'affectivité.
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[~10:30 - ~13:00] Le bien-être selon une perspective hédonique (bien-être subjectif) : Elle présente la perspective hédonique du bien-être, ou bien-être subjectif, selon Edward Diener.
Ce modèle tripartite comprend la satisfaction à l'égard de la vie, les affects positifs et les affects négatifs. Ces trois composantes sont liées. Elle distingue le bien-être cognitif (satisfaction de la vie) et le bien-être émotionnel (affects positifs et négatifs).
Elle mentionne que le bien-être subjectif est souvent utilisé pour mesurer le bonheur.
Elle évoque ensuite le modèle du bien-être à l'école d'Anna Koulu, qui met en évidence quatre dimensions : les conditions scolaires, le sentiment d'être aimé (relations sociales), les moyens d'épanouissement (être), et l'état de santé. Elle souligne la place importante des relations sociales dans ce modèle.
- [~13:00 - ~14:30] Le bien-être selon une perspective eudémonique (bien-être psychologique) : Elle aborde la perspective eudémonique du bien-être, ou bien-être psychologique, selon Carole Ryff.
Ce modèle considère le bien-être comme un processus d'accomplissement de soi et identifie six composantes : l'autonomie, la maîtrise de l'environnement, la croissance personnelle, les relations positives avec les autres, les buts dans la vie, et l'acceptation de soi.
Elle compare les deux perspectives, notant que le bien-être subjectif est plus axé sur le présent, tandis que le bien-être psychologique inclut une projection vers l'avenir. Elle insiste sur l'importance des relations positives dans les deux modèles.
- [~14:30 - ~19:00] Les relations positives à l'école : Gael Espinoza se concentre sur les relations positives à l'école, notamment les relations enseignant-élève et les relations entre pairs.
Elle parle de relations constructives ou de qualité et de leur lien avec l'affectivité. Elle évoque ses recherches sur la relation affective enseignant-élève et ses bénéfices pour les élèves (performance, persévérance, comportements scolaires, bien-être en dehors de l'école).
Cette relation est basée sur la confiance, l'intimité, la communication, le partage, l'affect positif, la proximité, le soutien émotionnel, la chaleur émotionnelle et l'acceptation.
Elle souligne que cette relation doit être bénéfique pour les élèves et les enseignants, permettant à chacun de se sentir à sa place et de trouver du sens.
Elle aborde les notions d'empathie et de bienveillance en éducation. Elle note que l'empathie (rapport d'égalité, rôle de l'émotion) est pertinente pour les relations entre pairs, tandis que la bienveillance (asymétrie, questionnement éthique) l'est davantage pour la relation enseignant-élève.
Elle discute également des relations entre pairs, distinguant les travaux en psychologie (facteurs de risque/protection) et en sociologie (climat scolaire).
Elle regrette le manque de communication entre ces deux domaines et souligne leur objectif commun de créer un environnement scolaire serein.
- [~19:00 - ~21:00] L'intérêt de s'intéresser aux émotions, relations, bien-être et compétences psychosociales à l'école :
Gael Espinoza explique que permettre aux enfants de comprendre leurs affectivités et leurs émotions favorise la réussite scolaire et des comportements sociaux de qualité.
La compréhension des émotions rend l'enfant plus disponible intellectuellement et plus apaisé dans ses relations.
Elle illustre cela par l'importance de l'expression émotionnelle pour communiquer ses besoins et faciliter des relations apaisées.
Elle souligne que l'expression émotionnelle adéquate favorise un développement émotionnel sain.
Elle cite une définition des compétences émotionnelles et leur lien avec le développement cognitif, les comportements sociaux, la performance scolaire et la santé.
Elle mentionne qu'il est possible de travailler sur ces aspects à l'école au bénéfice du climat scolaire et du bien-être.
Elle présente des ouvrages sur l'empathie et la prévention de la violence à l'école. Elle explique que les compétences émotionnelles et sociales (relationnelles) ainsi que les compétences cognitives forment les compétences psychosociales.
Elle mentionne un document français de Santé publique France qui détaille ces compétences.
Elle met en avant l'importance de l'identification, de la compréhension, de l'expression, de la régulation et de l'utilisation des émotions pour soi et pour les autres.
- [~21:00 - ~22:00] Comment travailler sur les émotions et les relations à l'école :
La conférencière indique que la France a choisi la voie des compétences psychosociales, mais que d'autres approches existent (communication non violente, techniques de respiration, relaxation, yoga, activités ludiques, artistiques, sportives).
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[~22:00 - ~22:30] Quand s'occuper des émotions et des relations à l'école : Elle insiste sur le fait qu'il faut s'en occuper au quotidien et non pas seulement quand des problèmes surviennent.
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[~22:30 - ~25:00] Formation et posture réflexive des professionnels : Gael Espinoza souligne l'importance de la formation des professionnels de l'éducation concernant ces aspects, ainsi que leur propre posture et réflexivité enseignante.
Elle croit qu'il faut du temps pour devenir enseignant et invite à réfléchir sur la relation avec les élèves, les collègues, la direction, et sur ses propres compétences psychosociales et son affectivité.
Elle regrette que l'approche réflexive ne soit pas suffisamment proposée dans la formation en France. Elle explique que la posture professionnelle évolue avec le temps et l'expérience.
Elle note que les compétences psychosociales peuvent protéger l'enseignant en l'aidant à détecter ses limites.
- [~25:00 - ~26:30] Exemples d'exercices pour développer un recul réflexif :
Elle propose deux exemples d'exercices : se questionner sur sa journée scolaire et ses interactions avec les élèves, et mettre en place des moments de discussion et d'échange avec des collègues.
Elle insiste sur l'importance de parler de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas avec des collègues de confiance.
- [~26:30 - ~27:00] Conclusion de Gael Espinoza :
Gael Espinoza récapitule le cheminement de la conférence, partant des définitions de concepts pour montrer leurs liens et l'intérêt de s'y intéresser à l'école.
Elle exprime son souhait que ces éléments fassent partie intégrante de la formation des enseignants et qu'ils aient des moments pour s'interroger sur leur posture et leur réflexivité.
Elle conclut en soulignant l'importance pour chacun de construire son propre bien-être.
- [~27:00 - ~32:30] Questions et réponses : Suivent des remerciements et une première question sur le droit d'être indulgent dans la profession enseignante, à laquelle Gael Espinoza répond en soulignant l'importance de l'indulgence envers soi-même.
Une autre question porte sur comment aider un élève trop gentil à s'affirmer, et la conférencière suggère une discussion pour comprendre pourquoi il cherche toujours à faire plaisir aux autres et l'encourager à exprimer ses propres désirs. Monsieur Jacques pose une question sur le lien entre le bien-être et le compromis, notamment dans le contexte de la fatigue et des difficultés personnelles des enseignants.
Gael Espinoza répond en soulignant que le bien-être de l'enfant ne doit pas se faire au détriment de celui de l'enseignant et insiste sur la nécessité pour les enseignants de trouver leur compte et un équilibre. Une dernière question est posée sur les premières actions à privilégier par les nouveaux enseignants en termes de la thématique abordée.
Gael Espinoza conseille de privilégier l'honnêteté et l'authenticité dans la relation avec les élèves et de se laisser du temps pour apprendre le métier.
- [~32:30 - ~34:00] Remerciements et annonces de clôture :
Paul remercie Gael Espinoza pour son excellente conférence et lit des commentaires positifs du public. Il rappelle de remplir le formulaire de rétroaction et annonce la fin de la conférence TAC pour la journée, tout en mentionnant la poursuite des instituts divers et la planification des instituts d'été. Il invite à s'abonner à l'infolettre du Centre franco.
Une participante exprime sa gratitude. Une question est posée concernant le partage de la présentation, et Gael Espinoza accepte de l'envoyer.
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Briefing Document : Exploration de la Nature Humaine et du Concept d'Essence Source : Extraits de "De la nature humaine (1) - Claudine Tiercelin (2024-2025)"
Date : 20 octobre 2024 (date du cours mentionnée dans l'introduction)
Introduction : La Question Obsédante de la Nature Humaine
Claudine Tiercelin entame son dernier cycle de cours au Collège en s'attaquant à la question complexe et controversée de la nature humaine.
Dès son introduction, elle souligne l'audace qu'il y aurait aujourd'hui à rédiger un traité sur ce sujet, tant la notion est considérée par beaucoup comme obsolète, voire réactionnaire.
Elle note un clivage persistant entre ceux qui nient l'existence d'une nature humaine et ceux qui, principalement en psychologie cognitive et philosophie expérimentale, en défendent l'urgence de la compréhension.
Face à ce "déluge passionnel" et ces "raccourcis en tout genre", Tiercelin annonce son intention d'"enquêter" sur cette notion, s'inscrivant dans la continuité de ses travaux antérieurs sur la connaissance, les vertus épistémiques et la vérité.
Thème 1 : Le Scepticisme Contemporain Face à la Notion de Nature Humaine
Tiercelin met en évidence un scepticisme généralisé quant à la pertinence et même à l'existence de la nature humaine.
Elle cite Maria Kronfeldner et son livre "What's Left of Human Nature?" (Que reste-t-il de la nature humaine ?), dont le titre reflète l'état d'esprit dominant. Kronfeldner elle-même dresse une liste étendue des domaines et des questions auxquels la notion de nature humaine est connectée (évolution, culture, animalité, génétique, IA, morale, etc.), soulignant ainsi la complexité et les multiples angles d'approche.
"qui oserait aujourd'hui rédiger un volumineux Traité de la nature humaine qui aurait le culot d'intitulé un livre d'Aristote à Darwin et retour qui sent passer pour un FIFé réactionnaire... prendrait le risque de s'intéresser à la nature humaine notion obsolète pure superstition voilà bien une notion parfaitement inutile au dire du plus grand nombre d'ailleurs c'est bien connu la nature humaine cela ne correspond à rien cela n'existe pas"
Tiercelin relève également la division disciplinaire sur cette question, avec les biologistes et psychologues souvent plus enclins à défendre le concept, tandis que les historiens et anthropologues se montrent plus sceptiques.
Elle mentionne les travaux de Steven Pinker ("The Blank Slate") qui critique le déni moderne de la nature humaine, s'appuyant sur une perspective évolutionniste, et l'anthropologue Marshall Sahlins qui considère que la civilisation occidentale s'est construite sur une idée erronée de la nature humaine.
"le chercheur en sciences cognitive stevenen pinger signale à ses lecteur qu'une perspective évolutionniste appropriée nous apprend que nous ne sommes som pas des ardoises vierges et en qu'en conséquence on ne saurait nier la nature humaine."
"l'antrop l'anthropologue Marshall sins a défendu la conclusion modeste selon laquelle comme il le dit la civilisation occidentale s'est largement construite sur une idée erronée de la nature humaine"
Cependant, Tiercelin nuance cette division, rappelant que même au sein de la théorie de l'évolution, les avis divergent.
Elle cite David Hull, dont le travail a influencé de nombreuses critiques du concept, mais souligne aussi des perspectives nuancées venant des sciences sociales, comme celle de Sahlins qui ne nie pas l'existence d'une nature humaine, mais insiste sur sa dépendance à la culture.
"Salins d'ailleurs ne prétend pas qu'une telle nature n'existe pas mais affirme plutôt que je cite son mode d'existence et son efficacité sociale dépendent de la culture concernerné fin de citation"
Thème 2 : Les Sources et la Complexité des Désaccords
Tiercelin identifie plusieurs sources aux désaccords concernant la nature humaine.
Polysémie du terme "humain" : Le terme peut se référer à l'espèce biologique Homo sapiens, à des espèces plus anciennes du genre Homo partageant certaines propriétés, aux humains modernes sur le plan comportemental (symbolisme, outils complexes, etc.), ou même aux humains contemporains vivant dans des structures sociales complexes.
Cette variation de référence complexifie les discussions. "l'hypothèse naturelle peut sembler être que nous parlons de spécimen de l'espèce biologique Homo sapiens n'est-ce pas, c'est-à-dire d'organismes appartenant au taxon qui s'est séparé euh et bien du reste de la lignée hinine il y a environ pardon 150000 ans." "toutefois certaines affirmations semblent mieux se comprendre comme faisant au moins potentiellement référence à des organismes appartenant à diverses espèces plus anciennes au sein de la sous-tribu homo avec lesquels les spécimes d'Homo sapiens partagent des propriétés qui ont souvent été jugé significatives"
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Confusion entre caractéristique typique et distinctive : On mélange souvent ce qui est commun ou typique de l'humanité avec ce qui la distingue des animaux et lui conférerait une supposée supériorité.
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Différentes conceptions du mot "nature" dans "nature humaine" : On peut s'intéresser au concept lui-même (sa signification, son utilité, ses implications) ou à ce que signifie être humain (les traits caractéristiques de l'homme). Tiercelin annonce qu'elle privilégiera la première approche, l'analyse conceptuelle.
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"il est deux manières en effet d'aborder évidemment la question de la nature humaine en mettant l'accent soit sur la nature humaine soit sur la nature humaine si vous optez pour la seconde question vous vous intéresserez au concept de nature humaine à son contenu à sa signification explicative le plus important étant de savoir si l'expression nature humaine se réfère à quoi que ce soit aut dit vous vous demanderez par exemple ce que signifie avoir une nature humaine ce concept est-il comme la monarchie britannique la relique d'un âge révolu correspondt-il seulement à quelque chose de réel n'est-ce pas qu'un pur mot quelle est l'utilité d'un tel concept quels sont les engagements épistémiques et ontologiques et ajoutons sociau et politique que l'on prend lorsqu'on utilise un tel terme et de t"
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Influence des traditions philosophiques et des préjugés : Les débats sont souvent surdéterminés par un "lourd bagage de tradition" et les connotations normatives attachées au terme.
Thème 3 : Le Débat Historique et Philosophique Illustré par Voltaire et Hartog
Tiercelin illustre la complexité du débat à travers deux exemples :
- Voltaire contre Pascal : L'analyse de la critique voltairienne de l'anthropologie pascalienne (péché originel comme fondement de la nature humaine) met en lumière l'opposition entre une métaphysique "raisonnable" (à la Locke et Newton) et une métaphysique spéculative. Voltaire rejette l'idée que la nature humaine, avec ses contradictions, puisse prouver la nécessité de la religion chrétienne. Il défend une vision plus empirique de l'homme, dont la sociabilité naturelle est un antidote au concept de péché originel. Cependant, Tiercelin souligne que Voltaire ne fait que substituer sa propre anthropologie à celle de Pascal.
- "mon idée est donc que le péché originel ne peut être prouvé par la raison et que c'est un point de foi la proposition qu'il faut rendre solidaire de celle-ci pour ce qui concerne la connaissance de la nature humaine dit pour sa part que comme tout ce qui es t comme le reste de la nature l'homme je cite est ce qu'il doit être"
- "La sociabilité naturelle de l'homme vous le voyez est donc chemin faisant aussi le plus puissant antidote de Voltaire contre le péché originel de Pascal"
- L'Enquête Historique de François Hartog : Tiercelin présente l'ouvrage récent de François Hartog, "Départager l'humanité", qui adopte une perspective historique et conceptuelle pour analyser les différentes figures de l'humain (Homo Graecus, Homo Romanus, Homo Christianus, Homo Humanus, Homo Inhumanus) et les "partages" (séparations et créations de commun) qui les définissent à travers l'histoire. Hartog met l'accent sur la construction historique de l'idée d'humanité plutôt que sur une essence naturelle. Il montre comment les critères d'inclusion et d'exclusion ont évolué, culminant avec la période de l'inhumain au XXe siècle et les défis contemporains posés par les non-humains et la crise de l'humanitaire.
- "L'homme est une idée historique et non pas une espèce naturelle" (citation de Merleau-Ponty en exergue du livre d'Hartog)
- "partager dit-il c'est tranché séparé mais c'est aussi selon l'autre sens du verbe partagé avec créer du commun il en va ainsi de la vie en cité police ce commun qu'à la différence des non grec les Grecs se ventent de partager mais du même mouvement ce geste d'ouverture à d'autres emporte aussi avec lui la fixation de limite de hiérarchie voire le prononcer d'exclusion"
- "plus que jamais l'homo inumanus et les violences qui font son ordinaire sont donc de retour autrement dit la progression considérable de l'humanitaire va de pair avec la faillite d'un nombre croissant d'État la multiplication des catastrophes naturelles l'extension des guerrias l'intensification des guerres et leur cortège de violence extrême et l'écart ne cessent de croître entre d'une part les progrès de l'inhumanité et de l'autre ce de l'humanitaire au détriment du second bien entendu"
Thème 4 : La Portée Normative et les Inquiétudes Liées au Concept de Nature Humaine
Tiercelin souligne que la violence des débats autour de la nature humaine provient souvent moins d'un désaccord sur son contenu que sur le rôle normatif qu'on lui accorde (descriptif, comparatif, mais surtout normatif). On craint qu'il ne serve de base à l'exclusion, à la négation de l'égalité et à des interdictions morales.
"pour beaucoup vous voyez ce qui met tant de monde mal à l'aise hein c'est la portée normative considérable de l'expression on y voit une source possible d'exclusion de négation de possibilités sociales en terme notamment d'égalité et d'interdiction morale bref le simple déploiement d'un concept typiquement voire nécessairement pernicieux"
Elle présente l'analyse de Maria Kronfeldner, qui identifie trois rôles épistémiques (classification, description, explication) et des fonctions pragmatiques de la nature humaine, la plus importante étant selon elle la déshumanisation. Kronfeldner lie cette fonction à l'essentialisme, à l'évolution, à l'hérédité, au clivage nature-culture et aux hypothèses de normalité.
Elle propose de dépasser ces difficultés en adoptant une conception "post-essentialiste, pluraliste et interactive" de la nature humaine.
"la plus importante étant selon elle que la référence à la nature humaine est utilisée pour la déshumanisation c'est-à-dire pour considérer les autres comme moins humains"
"elle répond pour sa part ce qui incidemment n'est pas ma position je la cite une conception antiessentialiste post essentialiste pluraliste et interactive de la nature humaine"
Thème 5 : La Question de l'Essence et de l'Essentialisme
Tiercelin aborde ensuite la notion d'essence, souvent au cœur des critiques de la nature humaine.
Elle constate une "forme de consensus anti-essentialiste" et souligne la mauvaise presse générale de l'essentialisme, souvent associé à une vision téléologique dépassée.
Elle mentionne la critique de Quine qui remet en question la possibilité de distinguer les propriétés essentielles des propriétés accidentelles sans une explication claire de ce qui détermine le statut modal des propriétés.
"quin n'avait-il pas raison d'être sceptique quant à la possibilité d'expliquer comment et pourquoi un objet à telle propriété essentiellement et teles autres accidentellement et d'en conclure que nous n'avions besoin de rien d'aut autre que d'une explication naturelle de ce pourquoi nous attribuons certaines propriétés modales d'éré à certains objets"
"l'essentialisme dixitquin sont incapables de répondre à la demande de conditions nécessairire et suffisante permettant d'identifier la même entité à travers différents scénarios ou monde poss possible"
Cependant, Tiercelin note un regain d'intérêt pour la métaphysique et un "renouveau de l'essentialisme" dans les années 70 (Kripke, Putnam), ainsi que des formes contemporaines d'essentialisme (scientifique, aristotélicien, "liquiditisme" qu'elle défend elle-même).
La question centrale devient alors de savoir si ces nouvelles formes d'essentialisme peuvent éclairer le concept de nature humaine.
Thème 6 : Clarifications Conceptuelles sur l'Essence et l'Essentialisme
Tiercelin propose plusieurs clarifications concernant les termes d'"essence" et d'"essentialisme" :
- Propriété essentielle comme propriété nécessaire : Une propriété essentielle est souvent vue comme nécessairement attachée à une entité, découlant de son identité ou constitutive de sa nature.
- Essence et existence : Une propriété essentielle est ce qu'une entité doit posséder pour exister. Sa perte entraînerait la cessation d'existence de l'entité.
- Essentialisme superficiel vs. profond : L'essentialisme profond considère que les propriétés essentielles d'une chose déterminent son identité et son caractère unique, tandis que l'essentialisme superficiel se montre plus contextualiste.
- Essence générale (de genre/espèce) vs. essence individuelle : Une essence générale est partagée par les membres d'un même genre ou espèce, tandis qu'une essence individuelle est propre à un individu.
- Essence et définition réelle : Une définition réelle vise à saisir ce qu'est une entité, indépendamment de nos représentations, contrairement à une définition nominale qui porte sur la signification d'un mot ou d'un concept.
- Essentialisme concernant les individus vs. les espèces (kind) : Il est crucial de distinguer ces deux niveaux d'essentialisme, car ils n'impliquent pas nécessairement les mêmes affirmations.
- Tiercelin illustre cette distinction avec l'exemple de l'or (essence de l'espèce) et de la bague en or (essence individuelle), ainsi qu'avec l'exemple des tigres (essence de l'espèce Panthera tigris ne signifiant pas que les tigres individuels sont essentiellement membres de cette espèce).
Conclusion Provisoire : Vers une Nouvelle Compréhension ?
En guise de conclusion de cet extrait, Tiercelin pose la question de savoir si les nouvelles formes d'essentialisme peuvent renouveler notre compréhension de la nature humaine.
Elle suggère que la distinction entre l'essentialisme concernant les espèces et celui concernant les individus sera importante pour la suite de sa réflexion.
Elle annonce que la semaine prochaine, elle explorera plus en détail les objections issues de la biologie contre tout essentialisme.
Ce briefing met en lumière la complexité et la richesse du débat autour de la nature humaine, ainsi que le rôle central qu'y joue le concept d'essence.
L'approche de Tiercelin, privilégiant l'analyse conceptuelle et s'inscrivant dans une perspective métaphysique, promet une exploration approfondie des enjeux épistémiques et ontologiques soulevés par cette question persistante.
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Voici un sommaire de la vidéo avec des indications temporelles basées sur le déroulement des thèmes abordés :
- Début (env. 0:00 - 3:20): Philippe Meirieu introduit son parcours d'enseignant (philosophie, SEGPA, collège) et comment les difficultés rencontrées l'ont conduit à devenir un "enseignant chercheur". Il souligne l'importance d'investiguer la résistance des élèves et comment ses difficultés ont été le moteur de son travail et de sa carrière universitaire. Il considère Jean Zay comme le meilleur ministre de l'Éducation depuis Jules Ferry, non pas pour son expertise pédagogique mais pour sa vision politique.
- Vision actuelle de l'éducation (env. 3:20 - 6:00): Meirieu critique la tendance actuelle à constamment réparer le système éducatif sans se poser la question de sa finalité. Il regrette la "pauvreté extrême" du débat sur l'éducation en France, en contraste avec sa riche histoire intellectuelle (Jules Ferry, plan Langevin-Wallon, Rousseau, etc.). Il illustre ce manque de débat par l'exemple de la réponse superficielle au rapport sur le numérique à l'école. Il plaide pour de vrais débats éducatifs et suggère une convention citoyenne. Il insiste sur la nécessité d'intégrer l'histoire et la philosophie de l'éducation dans la formation des enseignants, au-delà des aspects techniques. Il évoque les défis éducatifs contemporains liés à la démocratie, à la notion de vérité et au travail sur le collectif face à l'individualisme.
- Repenser les fondamentaux de l'éducation (env. 6:00 - 11:00): Meirieu remet en question la primauté du "lire, écrire, compter" comme fondamentaux, les considérant comme des savoir-faire nécessaires mais pas fondamentaux en soi. Il reprend la distinction de Ferdinand Buisson entre "fondations" (techniques) et "fondements" (finalités). Il explique comment le "lire, écrire" devrait être enseigné comme un outil d'émancipation, ancré dans son histoire anthropologique, et non comme un simple moyen d'assujettissement. Il distingue l'"école idéale" de l'"idéal d'école", privilégiant ce dernier comme moteur de progrès pour l'ensemble du système. Il aborde la question de la culture à l'école, prônant un pragmatisme qui utilise la culture des jeunes comme porte d'entrée vers la culture académique, à condition d'exigence et d'approfondissement. Il définit le fondamental comme "le surcroît à l'acte et la réflexivité", la capacité à ne pas se laisser influencer, l'ouverture à l'altérité et un rapport au savoir comme quête et exigence. Il argumente que si l'enseignement se réduit à la transmission d'informations, l'IA sera plus efficace. Il propose de parler d'"entrer dans l'écrit" plutôt que de "lire écrire". Il suggère d'enseigner chaque discipline "comme histoire", à la fois la grande histoire des savoirs et comme récit (narrativité) pour faciliter l'entrée dans la connaissance. Il plaide pour l'intégration de l'épistémologie et de l'anthropologie dans l'enseignement, en prenant l'exemple de l'EPS et du rapport au corps.
- Critique de l'idéalisme et importance du corps (env. 11:00 - 14:00): Meirieu critique l'idéalisme de l'enseignement français qui néglige l'histoire, la corporéité et l'environnement de l'élève. Il souligne le rôle des rituels dans l'instauration de postures mentales propices à l'apprentissage et déplore leur absence actuelle. Il insiste sur la nécessité d'une approche holistique de l'élève, intégrant le corps et l'esprit dans les situations d'apprentissage.
- La question de la norme et de l'uniforme (env. 14:00 - 15:00): Il distingue la "normalisation" (uniformisation arbitraire) de la "normativité" (règles construites collectivement pour le bien commun). Il critique l'introduction de la normalisation à l'école au lieu de faire découvrir la normativité. Il aborde la question de l'uniforme sous cet angle, le considérant comme une normalisation qui ne fait pas découvrir la nécessité de règles pour un travail collectif efficace.
- Difficultés de recrutement et perte de sens (env. 15:00 - 17:00): Meirieu exprime sa vive préoccupation face aux difficultés de recrutement des enseignants, pointant au-delà de la question salariale, le manque de clarté des finalités, la perception de l'école comme un service avec des parents "clients", et la technocratisation du métier. Il décrit un sentiment général de perte de sens et de dépression chez les enseignants. Il aborde ensuite la complexité pour un enseignant de passer de la passion pour sa discipline à la passion de son enseignement. Il souligne l'importance de la formation dans ce basculement et raconte des expériences de formation croisée entre disciplines pour sensibiliser à la spécificité de la transmission.
- Penser l'école fondamentale et les transitions (env. 17:00 - 19:00): Il plaide pour une pensée de l'école de la scolarité obligatoire (3-16 ans) comme une "école du commun" avec des transitions douces plutôt que des ruptures, notamment entre le CM2 et la 6e. Il souligne l'importance pour les élèves de percevoir une cohérence entre leurs différents professeurs. Il évoque la difficulté de cette transition pour de nombreux élèves et propose des pistes comme la réduction du nombre de professeurs et la création d'unités pédagogiques fonctionnelles. Concernant la bivalence, il suggère de s'appuyer sur les professeurs volontaires en leur offrant une formation adaptée.
- L'école dans un continuum éducatif plus large (env. 19:00 - 25:00): Meirieu replace l'école comme lieu fondateur de la République et de la démocratie mais insiste sur le fait qu'elle ne peut agir seule. Il rappelle l'histoire de l'éducation nouvelle et l'importance d'intégrer l'éducation familiale et les "tiers-lieux" (éducation populaire) dans un continuum éducatif. Il souligne le rôle déterminant de ces espaces pour l'engagement et le développement des jeunes. Il aborde la question du temps scolaire et se prononce pour la semaine de 4 jours et demi. Il évoque les divisions syndicales entre défense des intérêts corporatistes et défense du bien commun, appelant à une réflexion intégrant tous les acteurs de l'éducation (syndicats, parents, élus). Il insiste sur la priorité de travailler avec les parents pour contrer le consumérisme scolaire et défendre le service public. Il souligne la nécessité de s'intéresser à ce qui se passe avant l'école (petite enfance, langage, éducation familiale) et à une vraie refonte de l'éducation prioritaire. Il insiste sur l'importance d'une formation initiale et continue de qualité pour les enseignants, intégrant la pédagogie. Il plaide pour une revitalisation de l'éducation populaire. Il conclut en insistant sur le fait que l'école ne peut pas compenser seule les renoncements de la société dans son ensemble.
- Recommandations de lectures essentielles (env. 25:00 - Fin): Meirieu cite plusieurs ouvrages qui l'ont marqué, notamment "Lettre à une institutrice" des enfants de Barbiana, les invariants pédagogiques de Célestin Freinet, "Comment aimer un enfant" de Janusz Korczak, les travaux d'Olivier Reboul sur la philosophie de l'éducation, les livres de son mentor Daniel Hameline, et l'importance de la littérature dans la réflexion éducative (mentionnant des auteurs classiques et contemporains comme Chrétien de Troyes et Russell Banks).
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Briefing Document : **"Management éducatif : un collectif pour réhumaniser le système" ** Source : Excerpts from "Management éducatif : un collectif pour réhumaniser le système" (Transcription d'un entretien avec Dominique Bucheton, chercheuse en didactique du français et professeure honoraire des universités).
Date : Non spécifiée dans l'extrait.
Thèmes Principaux:
- Les défis croissants pour les chefs d'établissement : Entre les attentes institutionnelles, l'évolution nécessaire des pratiques pédagogiques et l'adaptation aux besoins des élèves, les chefs d'établissement font face à une complexité grandissante.
- Le désarroi et les besoins des enseignants : Fatigue, sentiment de dévalorisation, incompréhension des évolutions du système éducatif, mais aussi un désir de partage et de collaboration chez une partie des enseignants.
- La nécessité de reconstruire le collectif dans l'éducation : Le délitement du collectif est préjudiciable à l'innovation pédagogique et à la réussite des élèves. Des stratégies créatives sont nécessaires pour "redorer le balcon du collectif".
- Les conditions de l'efficience et du bien-être des enseignants : Observer les élèves, les mettre en activité, faire du lien avec leur vécu et leurs savoirs, varier les postures pédagogiques et rythmer le cours sont des éléments clés.
- Les obstacles culturels à la collaboration : Représentations ancestrales du métier enseignant comme une pratique isolée, logiques d'établissement parfois cloisonnées, et désaccords idéologiques sur les valeurs et les objectifs de l'éducation.
- Les pistes pour construire des collectifs et réhumaniser le système : Créer des événements fédérateurs, aménager des espaces de travail dédiés aux enseignants, repenser la formation continue, valoriser les initiatives et impliquer les familles.
- Le risque d'une déshumanisation du système éducatif : Perte de sens, déprofessionnalisation des acteurs, et une possible orientation vers une sélection accrue et une gestion numérisée excessive.
- L'importance de l'autonomie et de la créativité : Malgré les pressions institutionnelles, l'autonomie professionnelle et la capacité d'innovation des acteurs de l'éducation sont essentielles.
Idées et Faits Importants :
- Multiples défis pour les chefs d'établissement : Évolution démographique, changements de programmes incessants, mutations technologiques (IA, systèmes de contrôle), et diversité croissante des profils d'enseignants et de personnels.
- "Les chefs d'établissement sont devant des défis et des tâches extrêmement compliqué qu'il faut réfléchir collectivement."
- Sentiment de déprofessionnalisation chez les enseignants : Imposition d'évaluations perçues comme inutiles, manque de reconnaissance.
- "Il y a beaucoup de fatigue, il y a beaucoup de sentiment d'être dévalorisés, pas reconnus... le sentiment notamment dans le primaire mais aussi dans le secondaire... d’être dé-professionnalisé."
- Potentiel de collaboration chez les enseignants de 30 à 45 ans : Ils sont plus ouverts à l'échange, à la discussion et au partage de pratiques.
- "Ce que j'observe, c'est des évolutions importantes chez la génération qui a entre 30 et 45 ans. Ils acceptent de parler entre eux, ils acceptent de se voir entre eux, ils acceptent de se filmer... Ils ont envie de discuter. Si on leur offre l'occasion, ils ont vraiment envie de discuter et partager."
- Distinction entre enseignement technique et général : Le professionnel favorise davantage le travail collectif et le lien avec la vie pratique. Dans le général, une tendance à l'isolement ("profession libérale").
- "Ce que j'ai pu constater en collège ou en lycée général, c'est que le métier d'enseignant, souvent il s'apparente parfois à une profession libérale, c'est-à-dire que chacun est dans sa classe, porte fermée..."
- "Ce qu'on a observé, c'est que les enseignants du technique, faisaient énormément de tissage avec la vie, avec l'expérience... Et dans l'enseignement académique traditionnel, on en fait quasiment pas ou très peu..."
- Obstacles à la construction du collectif : Représentation de l'isolement comme un plaisir du métier, logiques d'établissement et jugements sur les élèves, désaccords sur les valeurs et l'objectif de l'égalité des chances.
- "Le prof, il est tout seul dans sa classe, il fait ce qu'il veut. C'est le plaisir du métier... Le besoin d'être dans du collectif, il va devoir lutter contre des représentations ancestrales du métier enseignant."
- "On n'est pas tous d'accord sur les valeurs qu'on défend... l'idée qu'il faut quand même trier les bons et les pas bons..."
- Stratégies pour favoriser le collectif : Créer des événements interdisciplinaires, aménager des lieux de travail collaboratifs, repenser la formation continue comme un espace d'écoute et de co-construction de solutions.
- "La première pour moi que j'observe pour arriver à rassembler, c'est de créer des événements sportifs, culturels, interdisciplinaires... La deuxième idée pratique, c'est des lieux... La troisième idée, évidemment, c'est la formation... la priorité, c'est de les écouter et de les faire inventer ensemble."
- Définition de l'efficience enseignante : Capacité à maintenir et à engager les élèves intellectuellement pendant la majorité du cours, les mettre en activité (lire, écrire, parler ensemble), et faire du lien avec leur vécu.
- "On a dit qu'un enseignant était efficient s'il était capable de faire tenir et d'engager ses élèves pendant les trois quarts d'heure du cours... Faire en sorte que les élèves soient en activité de lire, d'écrire, de parler ensemble... qu'il faut que ce qu'il se passe dans la classe... soit en lien avec quelque chose, soit qu'ils ont déjà travaillé soit qu'ils ont vécu..."
- Importance de la variation des postures pédagogiques : Passer de postures de contrôle et d'enseignement à des postures d'accompagnement et de "magicien" pour maintenir l'attention et accompagner les élèves.
- "Les enseignants qui effectivement étaient les plus efficients... c'étaient les enseignants qui, au fur et à mesure que la leçon ou la séquence avancent, ils changent de posture."
- Nécessité de rythmer le cours : Des tâches courtes et variées pour maintenir l'engagement des élèves.
- "La nécessité de rythmer le cours. C'est-à-dire il ne faut pas que les tâches durent trop longtemps... Plus le cours est rythmé, moins les élèves décrochent."
- Concept d'atmosphère : Respect réciproque et responsabilité des élèves au sein de la situation didactique.
- "Derrière tout ça, effectivement, il y a ce qu'on appelle ce qu'on a appelé le concept d'atmosphère, qui est effectivement le concept de respect des élèves respect réciproque qui s'écoutent et s'entendent..."
- Risque de déprofessionnalisation généralisée : Affectant non seulement les enseignants mais aussi les chefs d'établissement et les inspecteurs, dans un contexte de déconstruction systématique du système éducatif.
- "On est globalement... à un moment de déconstruction systématique depuis 7-8-10 ans, de déconstruction systématique du système éducatif à tous les niveaux. Les professions de chacun des métiers de chacun sont gommées, transformées pour en faire... des exécutants."
- Importance de la réhumanisation : Face à une possible déshumanisation du système par la numérisation et une logique de tri, il est crucial de reconstruire les relations et de redonner du sens à l'action éducative.
- "Le titre de cet entretien, c'est pas seulement créer du collectif, c'est réhumaniser le système, réhumaniser le système. Le système, il est progressivement déshumanisé."
- Valorisation et communication des initiatives : Il est essentiel de mettre en lumière les réussites et les innovations pédagogiques pour revaloriser l'image de l'enseignant et de l'école.
- "Y a un travail de valorisation, de revalorisation de l'image de l'enseignant, ce qu'il a fait... Pour le faire savoir, il faut le faire savoir."
- Implication des familles : Associer les parents à la compréhension des démarches pédagogiques peut renforcer le lien entre l'école et la maison.
- "Je pense que associer, faire comprendre, partager aux familles ce qui se passe à l'école est tout à fait passionnant."
Inspirations Finales de Dominique Bucheton :
Réhumaniser l'école en construisant des collectifs qui travaillent ensemble, s'écoutent et partagent.
Rendre l'école joyeuse, inventive, vivante, créative et respectueuse des talents et des différences de chacun.
Ce briefing met en lumière la complexité des défis auxquels est confronté le système éducatif et souligne l'urgence de repenser les pratiques managériales et pédagogiques pour favoriser un environnement plus collaboratif, humain et porteur de sens pour tous les acteurs.
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Voici un sommaire de la vidéo "Management éducatif : un collectif pour réhumaniser le système" avec des indications de temps approximatives basées sur le déroulement de la conversation :
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[0:00-0:01:00] Introduction et défis pour les chefs d'établissement : La vidéo commence par souligner les multiples défis auxquels sont confrontés les chefs d'établissement, notamment le maintien du sens de l'action éducative dans un système tiraillé entre les attentes institutionnelles, l'évolution des pratiques pédagogiques et l'adaptation aux besoins des élèves. Dominique Bucheton est présentée comme chercheuse en didactique du français et spécialiste des postures des enseignants, des élèves et des formateurs. Elle revient ensuite sur les défis croissants des chefs d'établissement, liés aux changements démographiques, aux modifications incessantes des programmes, aux mutations technologiques (notamment l'intelligence artificielle) et à la diversité des profils enseignants et des personnels.
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[0:01:00-0:02:00] Qui sont les enseignants d'aujourd'hui ? Dominique Bucheton aborde la question des enseignants, soulignant qu'il ne faut pas la simplifier. Elle observe un désarroi généralisé, un sentiment de fatigue, de dévalorisation et de déprofessionnalisation, notamment lié aux évaluations imposées.
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[0:02:00-0:03:00] Sentiment d'incompréhension et évolutions positives : En parallèle de ce désarroi, elle note une incompréhension face aux évolutions du système éducatif. Cependant, elle observe également des évolutions positives chez les enseignants de 30 à 45 ans qui acceptent davantage de collaborer et de partager. Il existe aussi des débutants dépassés et un noyau d'enseignants engagés et innovants.
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[0:03:00-0:04:00] Diversité des enseignants et nécessité de ne pas généraliser : Dominique Bucheton insiste sur la diversité des enseignants et sur la nécessité de ne pas les catégoriser de manière uniforme. Elle précise que le sentiment de dévalorisation est un phénomène européen.
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[0:04:00-0:05:00] Le besoin d'aide et d'écoute des enseignants : Globalement, les enseignants ont envie de progresser et ont besoin d'être aidés et de ne pas être laissés seuls. Dominique Bucheton explique ensuite comment elle les accompagne, principalement dans le cadre de ses formations, en privilégiant l'écoute et le travail en petits groupes pour qu'ils partagent leurs expériences et prennent conscience collectivement de leurs difficultés et des solutions possibles.
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[0:05:00-0:08:00] Qu'est-ce qui rend les enseignants efficients ? Dominique Bucheton présente les conclusions de ses recherches sur l'efficience des enseignants, qui repose sur la capacité à maintenir et à engager les élèves intellectuellement pendant la majorité du cours. Cela passe par des activités où les élèves lisent, écrivent et parlent ensemble, et où l'enseignant laisse de l'espace à leur expression. Un autre élément essentiel est le "tissage constant" entre les contenus enseignés et le réel de l'expérience des élèves, leurs connaissances antérieures et leur vécu.
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[0:08:00-0:09:00] Différences entre enseignement technique et académique : Elle souligne que l'enseignement technique pratique davantage ce "tissage" avec la vie et l'expérience des élèves que l'enseignement académique traditionnel.
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[0:09:00-0:12:00] Importance de l'observation et de l'adaptation des postures : Pour être performant, un enseignant doit être observateur des élèves dans leur singularité et leur diversité. La théorie de l'ajustement professionnel est mise en avant, où l'enseignant adapte ses postures (contrôle, accompagnement, lâcher prise, "magicien", enseignement) au fur et à mesure de la leçon pour maintenir l'attention et accompagner les élèves. Les enseignants qui restent uniquement dans des postures de contrôle ou d'enseignement peuvent entraîner un décrochage des élèves. La posture d'accompagnement est particulièrement délicate à doser.
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[0:12:00-0:13:00] Nécessité de rythmer le cours : Il est crucial de rythmer le cours avec des tâches variées et de durée limitée pour maintenir l'engagement des élèves.
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[0:13:00-0:15:00] Le concept d'"atmosphère" et la responsabilisation des élèves : L'instauration d'une atmosphère de respect réciproque et la responsabilisation des élèves (à travers des exemples comme la dictée faite par un élève) sont essentielles pour favoriser leur valorisation et l'apprentissage à partir des erreurs.
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[0:15:00-0:19:00] Obstacles à la construction du travail collectif chez les enseignants : La conversation se tourne vers les défis pour construire le travail collectif chez les enseignants, contrastant avec la collaboration plus naturelle observée dans l'enseignement professionnel. Le métier d'enseignant est souvent vécu comme une profession libérale, avec peu d'échanges en dehors de la classe. Dominique Bucheton identifie plusieurs obstacles à ce travail collectif, notamment des représentations ancestrales du métier où l'enseignant est seul maître dans sa classe, des logiques d'établissement et des jugements hâtifs sur les élèves, ainsi qu'un manque de consensus sur les valeurs fondamentales et les objectifs de l'éducation. Elle évoque des propos reflétant un manque de croyance en l'égalité des chances. Des logiques personnelles et des talents cachés des enseignants constituent également des freins.
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[0:19:00-0:25:00] Stratégies pour construire le travail collectif : événements, lieux, formation : Pour favoriser le collectif, Dominique Bucheton propose de créer des événements sportifs, culturels et interdisciplinaires. L'aménagement d'espaces de travail dédiés aux enseignants est également crucial. La formation doit être repensée comme un espace de re-professionnalisation, négociée et axée sur des projets concrets et l'analyse des pratiques, avec une dimension d'écoute et d'échange entre pairs.
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[0:25:00-0:28:00] Nécessité de temps et approches diverses de la formation : La formation doit s'inscrire dans le temps et se concentrer sur des objectifs précis. Il existe une disparité dans la manière dont les chefs d'établissement abordent la formation.
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[0:28:00-0:30:00] Importance de l'autonomie et différences de prise de décision chez les chefs d'établissement : L'autonomie des chefs d'établissement est soulignée, expliquant les différences dans leurs prises de décision concernant la formation et le travail collectif. La lourdeur des prescriptions institutionnelles est également mentionnée comme un frein.
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[0:30:00-0:34:00] Un moment de déconstruction systémique et de déprofessionnalisation : Dominique Bucheton exprime le sentiment d'une déconstruction systématique du système éducatif depuis plusieurs années, entraînant une déprofessionnalisation des enseignants, des chefs d'établissement et même de l'inspection.
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[0:34:00-0:36:00] Risque d'une sélection accrue et de la numérisation : Elle partage une vision inquiétante d'une possible orientation vers une sélection accrue des élites et une planification numérique excessive où les acteurs de l'éducation deviendraient de simples pions.
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[0:36:00-0:38:00] Nécessité de réhumaniser le système éducatif : Face à cette déshumanisation progressive, il est impératif de réhumaniser le système éducatif en reconstruisant les relations et en redonnant aux personnels la possibilité d'être créatifs et de s'adapter à l'hétérogénéité des élèves.
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[0:38:00-0:40:00] Valoriser et communiquer les initiatives positives : Il est essentiel de valoriser et de communiquer les initiatives positives menées par les enseignants, souvent invisibles dans les médias.
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[0:40:00-0:43:00] Impliquer les familles dans la vie scolaire : Associer les familles à la compréhension de ce qui se passe à l'école est une démarche enrichissante, d'autant plus que la population est globalement instruite. L'exemple d'une école en Écosse favorisant l'implication des parents est cité.
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[0:43:00-fin] Conclusion : Réhumaniser l'école par le travail collectif et la joie : En conclusion, il est nécessaire de réhumaniser l'école en construisant des collectifs qui travaillent ensemble, s'écoutent et partagent. Rendre l'école joyeuse, inventive, vivante et respectueuse des talents de chacun est un objectif essentiel.
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Bien sûr. Voici un sommaire des principaux points abordés dans la vidéo "Y a-t-il un nombre de personnes idéal pour une réunion ?". Veuillez noter que le transcript ne contient pas d'indications de timestamps.
- La fréquence et la perception négative des réunions en France sont introduites, soulignant qu'on les organise et y assiste souvent sans en percevoir clairement l'utilité.
- La question de la taille idéale pour une réunion est posée, avec l'idée qu'au-delà d'un certain nombre, elle se transforme en spectacle où peu de personnes participent activement.
- Il est suggéré qu'un groupe de 4 à 7 personnes est généralement plus efficace pour une réunion, permettant une meilleure participation de chacun et bénéficiant de "la sagesse des fous". Au-delà de ce nombre, les participants peuvent devenir passifs, et en dessous, la puissance du groupe est limitée.
- L'importance de l'ordre du jour est soulignée, qui doit être pertinent pour toutes les personnes présentes. Un grand nombre de participants peut rendre l'ordre du jour plus lent et mener à une succession de "mini-réunions" au sein de la même séance.
- L'état de la réunion influence la prise de parole. Des facteurs comme l'identité commune, la sécurité psychologique pour exprimer des opinions négatives, le partage des responsabilités, du stress et des ressources, ainsi que la justesse (fairness) sont cruciaux.
- L'autocensure, particulièrement en présence de supérieurs hiérarchiques, est identifiée comme un obstacle majeur à l'efficacité des réunions. Les personnes ayant une anxiété sociale peuvent préférer ne rien dire en réunion, même si elles ont des idées pertinentes.
- Des conseils pour améliorer les réunions sont donnés : laisser les personnes les plus susceptibles de s'autocensurer parler en premier, faire parler les supérieurs hiérarchiques en second, et diviser les grands groupes en plus petits pour des discussions séparées avant de mettre en commun. Il est également important de considérer les conséquences de l'expression libre.
- En conclusion, la meilleure réunion est potentiellement celle qui n'a pas lieu. Les réunions devraient être utilisées avec parcimonie pour préparer l'action, en évitant de confondre le "mouvement" (réunions) avec l'action concrète. Il est crucial de concrétiser les décisions prises en réunion et de passer à la pratique.
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Briefing Document : Analyse des Enjeux et Réformes de l'Éducation Nationale Française Sources : Excerpts de "Éducation nationale : peut-on encore sauver l'école publique ?" (Public Sénat)
Date : 1er février 2024
Introduction :
Ce document présente une analyse des principaux thèmes et idées saillantes qui ressortent du débat sur l'état actuel de l'éducation nationale en France, tel qu'il a été abordé dans l'émission "Sens Public" de Public Sénat.
Le débat s'articule autour du bilan des années Macron en matière d'éducation, des défis persistants tels que le manque d'enseignants et les inégalités, et des perspectives de réforme sous la nouvelle ministre, Élisabeth Borne.
I. Bilan des Années Macron (2017-2024) : Un "En Même Temps" aux Résultats Mitigés
Le débat s'ouvre sur un bilan contrasté des réformes entreprises sous la présidence d'Emmanuel Macron. Plusieurs mesures phares sont évoquées :
Priorité au Primaire et Dédoublement des Classes : Dès 2017, l'accent est mis sur l'école primaire avec l'obligation scolaire dès 3 ans et le dédoublement des classes de CP et CE1 en zones prioritaires (REP et REP+).
Le sénateur Olivier Pacot (LR) qualifie cette mesure de "l'une des plus utiles du bilan du chef de l'État" et reconnaît qu'elle a objectivement donné "plutôt de bons résultats". Cependant, il regrette l'absence d'évaluation approfondie de cette réforme.
- Réforme du Baccalauréat et Création de Parcoursup (2018) : La réforme du bac et la mise en place de Parcoursup pour l'orientation post-bac ont profondément transformé le lycée.
Si Parcoursup visait à remplacer le tirage au sort par une sélection basée sur le contrôle continu, elle est jugée "toujours très inégalitaire" par la gauche.
Sophie Vénétit (SNES-FSU) souligne que "parcours sup sélectionne sur la base des notes du contrôle continu de la première et un petit peu de la terminale il y a plus de bac c'est fini ça tout le monde a compris que le bac ne sert ne sert plus à rien or c'était le le seul diplôme national et totalement confidentiel c'est-à-dire qu'on ne sélectionnait pas les lycéens en fonction leur origine sociale parce que le lycée d'origine ça dévoile les les origines sociales donc là il y a un énorme biais qui n'a pas été corrigé ce qui fait que parcours sup reste fondamentalement un outil très inégalitaire."
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Élévation de l'Éducation au Rang de Cause Nationale (2022) et Réformes Ponctuelles : La réélection d'Emmanuel Macron en 2022 s'accompagne d'une volonté affichée de faire de l'éducation une cause nationale. Des réformes des lycées professionnels, dotés de moyens supplémentaires (1 milliard d'euros par an), sont annoncées. Cependant, Marie Estelpèche (Marianne) note que les réformes pédagogiques lancées par Gabriel Attal ont été en grande partie "annuler les unes après les autres en tout cas de les alléger fortement au point qu'on peut se demander s'il va en rester quelque chose" par la ministre actuelle.
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Instabilité Ministérielle : Un point critique soulevé est la valse des ministres de l'Éducation nationale.
Max Brisson (sénateur LR) déplore un "zigzag permanent" et un "condensé du en même temps" sans véritable vision d'ensemble. Il souligne le chiffre de "5 ministres en une année" comme un record préjudiciable à la conduite des dossiers de fond. Sophie Vénétit abonde en ce sens, expliquant que cette instabilité a empêché de mener à bien des chantiers essentiels comme la revalorisation du métier enseignant et l'attractivité. "Ces dossiers n'ont jamais pu être portés n'ont jamais pu aller jusqu'au bout parfois n'ont jamais même pu commencer."
II. Défis Persistants : Pénurie d'Enseignants, Inégalités et Efficience du Budget
Malgré les efforts budgétaires (augmentation de 14 milliards d'euros depuis 2017, dont 8 milliards depuis 2022, pour un budget total de 64,4 milliards en 2025), l'école publique française est confrontée à des défis majeurs :
- Pénurie d'Enseignants : La question du manque d'enseignants est centrale. Plusieurs milliers de postes n'ont pas été pourvus aux concours 2024.
Sophie Vénétit rapporte qu'une enquête de rentrée a montré qu'il manquait "au moins un professeur dans près de 56 % des collèges et des lycées".
Des témoignages font état d'élèves n'ayant pas eu cours dans certaines disciplines depuis le début de l'année. Cette pénurie touche également le primaire, avec des difficultés de remplacement fréquentes et prolongées.
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Inefficience du Budget : Max Brisson souligne un paradoxe : "beaucoup d'argent dépensé et puis il y a toujours un service public défaillant". Il interroge l'efficience des dépenses engagées face à des résultats qui continuent de montrer un "recul de l'école" dans les évaluations. Il plaide pour des réformes de structure plutôt que de simples "replâtrages".
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Classements PISA : La France continue de figurer parmi les mauvais élèves des classements PISA, ce qui interroge sur l'efficacité du système scolaire.
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Classes Chargées : Malgré une baisse démographique globale du nombre d'élèves, la France reste l'un des pays de l'Union Européenne avec les classes les plus chargées, particulièrement au collège (26 élèves en moyenne).
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Crise d'Attractivité du Métier Enseignant : La revalorisation du métier stagne, et la démission d'enseignants a fortement augmenté en 15 ans (de 364 en 2008 à 2836 en 2021).
Les difficultés de recrutement sont particulièrement marquées dans certaines disciplines (mathématiques, lettres classiques, physique-chimie) et certaines académies (Versailles, Créteil, Paris).
III. Propositions et Débats : Centralisation vs. Autonomie, Rémunération et Gestion des Ressources Humaines
Le débat met en lumière des divergences sur les solutions à apporter aux difficultés de l'éducation nationale :
- Centralisation vs. Autonomie : Max Brisson critique un système "très vertical très centralisé" et plaide pour davantage d'autonomie au niveau des établissements, convaincu de "l'effet établissement".
Il estime que les réformes décidées depuis Paris ne peuvent qu'échouer dans une société numérique et horizontale. Sophie Vénétit se montre plus sceptique face à une autonomie accrue, insistant sur la nécessité de discussions et d'une adhésion des personnels aux réformes.
Elle souligne que les dernières réformes ont souvent été menées "contre les personnels ou sans les personnels".
- Rémunération et Attractivité : La revalorisation salariale est identifiée comme un levier essentiel pour améliorer l'attractivité du métier.
Max Brisson reconnaît que les professeurs sont "moins bien payés que des cadres de la fonction publique équivalent". Il évoque la nécessité d'une revalorisation indiciaire et potentiellement d'autres formes de rémunération, ainsi qu'une gestion des ressources humaines différenciée en fonction des besoins des territoires.
Sophie Vénétit insiste sur le fait que les augmentations budgétaires ont été en partie absorbées par l'inflation et que les milieux et fins de carrière ont été les grands oubliés. Elle rappelle des situations préoccupantes de contractuels non payés et de coupes budgétaires impactant les projets pédagogiques.
- Gestion des Ressources Humaines : Les lourdeurs administratives et le manque de personnel dans les rectorats sont pointés du doigt comme des freins à une gestion efficace des enseignants.
Max Brisson propose une gestion plus individualisée, reconnaissant l'engagement des professeurs dans les zones difficiles et leur offrant des perspectives de mobilité.
Sophie Vénétit reconnaît des problèmes de réponse administrative mais met en garde contre une vision qui prônerait moins d'administration, rappelant un rapport soulignant une sous-administration de l'éducation nationale.
- Accompagnement des Élèves en Situation de Handicap (AESH) : La situation des AESH est présentée comme particulièrement critique, avec des salaires très bas entraînant un manque de candidats et des enfants privés d'accompagnement essentiel à leur scolarisation.
IV. Arrivée d'Élisabeth Borne au Ministère de l'Éducation Nationale : Espoirs et Défis
L'arrivée d'Élisabeth Borne à la tête du ministère est perçue avec un mélange d'attente et d'interrogation.
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Profil et Potentiel : Sophie Dravinel souligne que, contrairement à certains ministres précédents, Élisabeth Borne n'est pas une spécialiste de l'éducation, mais que cela n'est pas nécessairement un désavantage. Sa capacité à "peser sur les arbitrages" budgétaires est présentée comme une qualité essentielle.
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Premiers Pas et Signaux : Marie Estelpèche relève une entrée en matière potentiellement "brouillonne", notamment avec l'évocation de la réduction des vacances d'été, un sujet sensible et complexe.
Cependant, Sophie Vénétit note des signaux positifs récents, comme l'annulation des suppressions de postes, fruit d'une écoute et d'un potentiel poids politique de la ministre.
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Défis à Venir : Le principal défi pour Élisabeth Borne sera de traduire les annulations de suppressions de postes en recrutements effectifs et de s'attaquer à la question cruciale des salaires pour améliorer l'attractivité du métier.
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Confiance et Valorisation : Max Brisson exprime sa volonté de faire confiance à la nouvelle ministre et l'encourage à valoriser les initiatives positives qui existent déjà dans les établissements plutôt que de se focaliser uniquement sur de grandes réformes.
Conclusion :
**Le débat met en évidence une situation complexe et préoccupante pour l'éducation nationale française.
Malgré des moyens importants, les réformes entreprises n'ont pas permis de résoudre les problèmes structurels tels que le manque d'enseignants, les inégalités persistantes et un sentiment général de difficulté au sein de la profession.
L'arrivée d'Élisabeth Borne ouvre une nouvelle phase, où sa capacité à peser politiquement et à engager un dialogue constructif avec les acteurs du secteur sera déterminante pour l'avenir de l'école publique.
La question de savoir si l'école publique peut encore être "sauvée" reste ouverte, mais la nécessité d'une action concertée et d'une vision claire semble plus impérative que jamais.**
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Voici un sommaire de la discussion avec des indications temporelles approximatives basées sur le déroulement du débat :
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[Début] Introduction du débat : La situation inquiétante de l'éducation nationale est posée avec la question de savoir si l'école publique peut encore être sauvée. Le bilan des années Macron en matière d'éducation est introduit, avec un focus sur la priorité donnée au primaire et les réformes entreprises.
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[0:01 - 0:05 approx.] Bilan des années Macron (2017-2022) :
- Obligation scolaire dès 3 ans et priorité à l'école primaire.
- Dédoublement des classes de CP et CE1 en zones prioritaires (REP et REP+) est considéré comme une mesure utile mais sans évaluation.
- Réforme du baccalauréat et création de Parcoursup en 2018 sont jugées inégalitaires par la gauche. L'idée que le bac "ne sert plus à rien" est mentionnée.
- L'éducation élevée au rang de cause nationale en 2022 et l'annonce de réformes des lycées professionnels en 2023 avec des moyens supplémentaires.
- L'interdiction de l'abaya à l'école par Gabriel Attal.
- Un bilan global mitigé avec la France toujours "mauvais élève" au classement PISA et une revalorisation du métier d'enseignant qui stagne.
- La succession rapide de sept ministres de l'Éducation en moins de 8 ans est soulignée.
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[0:05 - 0:10 approx.] Instabilité ministérielle et manque de vision : Max Brisson (sénateur LR) critique le "en même temps" et les "zigzags considérables" des politiques éducatives, menant à un retour "quasiment à la case départ". Il déplore l'absence de "ligne dorsale" et de "vision de l'école". La valse des ministres (cinq en un an) est pointée comme ayant fait "beaucoup de mal" à l'école, empêchant les dossiers de fond comme la revalorisation des enseignants d'aboutir. Le manque de professeurs dans certaines disciplines dès le début de l'année scolaire est constaté.
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[0:10 - 0:15 approx.] Pénurie d'enseignants et réformes marquantes :
- Plusieurs milliers de postes d'enseignants non pourvus aux concours de recrutement 2024.
- Un manque d'au moins un professeur dans près de 56% des collèges et lycées peu après la rentrée.
- Jean-Michel Blanquer est identifié comme le ministre ayant lancé le plus de réformes marquantes (Parcoursup, réforme du lycée, réforme du bac, dédoublement des classes en primaire).
- De Gabriel Attal, on retient principalement la circulaire sur la BAA.
- Le paradoxe d'un budget de l'Éducation nationale élevé (64,4 milliards d'euros pour 2025) avec des pénuries d'enseignants persistantes est soulevé.
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[0:15 - 0:20 approx.] Inefficacité des dépenses et centralisation excessive :
- Max Brisson souligne l'augmentation du budget de l'Éducation nationale depuis 2017 sans amélioration des résultats ni de l'attractivité du métier. Il estime que le manque de "réformes de structure" explique cette inefficacité.
- Il critique un système "très vertical, très centralisé" où les réformes décidées "par le haut" échouent. Il plaide pour plus de pouvoir au niveau local et des établissements.
- Sophie Vénétit (secrétaire générale du SNES-FSU) met en avant le manque de discussion et d'acceptation des réformes par les personnels, souvent gouvernés "contre les personnels ou sans les personnels". Elle réfute l'idée d'une rigidité des syndicats et souligne le manque d'engagement du débat par les ministres. Elle exprime son opposition à une autonomie et un renvoi excessifs vers le local.
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[0:20 - 0:25 approx.] Attractivité du métier d'enseignant et rigidités administratives :
- L'ironie de chaque ministre arrivant en poste promettant moins de lois et plus de concertation, aboutissant souvent à plus de rigidité, est notée. La complexité du système (nombre d'enseignants et d'élèves) est évoquée comme une difficulté à la décentralisation.
- La question de l'envoi des jeunes enseignants dans les zones difficiles est abordée, liée à la réticence des professeurs plus expérimentés et à un manque de régulation.
- Audrey Vétaux apporte des chiffres sur la démographie : baisse du nombre d'élèves en primaire mais augmentation au collège et au lycée depuis 2017. La France reste l'un des pays de l'UE avec les classes les plus chargées.
- La crise d'évocation avec 3000 postes vacants en 2024 et l'augmentation des démissions d'enseignants sont soulignées.
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[0:25 - 0:30 approx.] Gestion des ressources humaines et spécificités du recrutement :
- Max Brisson insiste sur la nécessité de tenir compte des spécificités territoriales (écoles rurales). Il propose une gestion des ressources humaines individualisée, récompensant les professeurs acceptant de travailler dans des zones difficiles avec des perspectives d'évolution. Il croit à "l'effet établissement" et à la nécessité de faire confiance aux professeurs.
- Sophie Vénétit nuance la crise de recrutement, soulignant les disparités importantes selon les disciplines et les académies (Bretagne vs. Seine-Saint-Denis, philosophie vs. mathématiques). Elle évoque la complexité des lourdeurs dans la machine RH de l'Éducation nationale.
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[0:30 - 0:35 approx.] Lourdeurs administratives et sous-administration :
- Sophie Vénétit reconnaît l'existence de lourdeurs administratives, avec des témoignages de professeurs confrontés à des problèmes de mutation et de manque de réponses. Elle souligne également le manque de personnel dans les rectorats, conduisant à des délais dans le traitement des dossiers.
- Elle met en garde contre un discours qui pourrait justifier une réduction du personnel administratif, rappelant un rapport du sénateur Pacot sur la sous-administration de l'Éducation nationale.
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[0:35 - 0:40 approx.] Impact du manque de remplaçants dans le primaire :
- Le témoignage d'un père d'élève de CE1 à Charenton-le-Pont, avec neuf remplaçants depuis le début de l'année et une incertitude pour la suite, illustre les difficultés rencontrées.
- Marie Estelpès (rédactrice en chef à Marianne) confirme que ces problèmes de remplacement sont répandus, y compris à Paris, et que même les congés maternité ne sont pas toujours anticipés en raison d'un manque de remplaçants.
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[0:40 - 0:45 approx.] Conséquences du manque de remplaçants et solutions partielles :
- Les conséquences pour les élèves (pas de bulletin) et l'incitation des parents à se tourner vers le privé sont mentionnées.
- Le dispositif PACT dans le secondaire, visant à rémunérer davantage les professeurs remplaçant en interne, est présenté comme une solution partielle aux absences courtes.
- L'instabilité des professeurs est jugée plus grave que l'instabilité ministérielle. Le manque global de professeurs est identifié comme la cause principale des tensions et des problèmes de remplacement.
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[0:45 - 0:50 approx.] Rendre le métier d'enseignant plus attractif :
- L'augmentation des salaires est présentée comme une nécessité, avec une reconnaissance du sous-paiement des professeurs par rapport à d'autres cadres de la fonction publique. Une revalorisation indiciaire est jugée indispensable.
- Une gestion différenciée des ressources humaines, adaptée aux besoins spécifiques des territoires, est proposée.
- L'importance du bien-être et de l'épanouissement des professeurs dans leur métier, difficile dans les conditions actuelles (classes chargées), est soulignée. La question salariale est prioritaire.
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[0:50 - 0:55 approx.] Contraintes budgétaires et situation des AESH :
- Malgré le budget important de l'Éducation nationale, des difficultés de paiement des contractuels et des suppressions de projets en cours d'année en raison de contraintes budgétaires sont rapportées.
- La situation des Accompagnants d'Élèves en Situation de Handicap (AESH) est décrite comme "bien plus dramatique" avec des enfants notifiés pour des heures d'accompagnement qui ne sont pas assurées en raison du manque de candidats, eux-mêmes très mal payés.
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[0:55 - 1:00 approx.] Témoignage sur le manque d'AESH et analyse d'Élisabeth Borne :
- Le témoignage d'une mère dont l'enfant autiste n'a plus d'AESH à temps plein illustre les conséquences de ces décisions budgétaires, l'obligeant à arrêter de travailler.
- Sophie Dravinel analyse l'arrivée d'Élisabeth Borne au ministère, soulignant qu'il n'est pas nécessaire d'être un spécialiste de l'éducation pour être un bon ministre. La capacité à "peser sur les arbitrages" budgétaires est essentielle. La sincérité d'Élisabeth Borne et son profil de haute fonctionnaire sont évoqués. Des exemples d'anciens ministres non enseignants sont cités.
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[1:00 - 1:05 approx.] Premiers pas d'Élisabeth Borne et question des vacances scolaires :
- Marie Estelpès partage l'opinion de Sophie Dravinel sur l'importance du poids politique pour les arbitrages budgétaires.
- Elle s'étonne de la proposition d'Élisabeth Borne de raccourcir les vacances d'été, rappelant que c'est un sujet sensible qui a posé des problèmes à de nombreux ministres précédents en raison des enjeux liés au tourisme, aux syndicats d'enseignants et aux collectivités locales. Les rythmes scolaires sont complexes à modifier.
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[1:05 - 1:10 approx.] Arguments pour un raccourcissement des vacances et poids politique d'Élisabeth Borne :
- L'argument du désavantage pour les élèves les plus défavorisés pendant les deux mois de coupure estivale est mentionné. La question du mois de juin "sacrifié" est soulevée.
- Le poids politique d'Élisabeth Borne est souligné, notamment à travers l'annulation des 4000 suppressions de postes et la prise en compte de certaines critiques sur le "choc des savoirs". Le "vrai test" sera sa capacité à obtenir des augmentations salariales pour les enseignants.
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[1:10 - Fin] Conclusion et perspectives :
- Sophie Vénétit attend de voir les actes d'Élisabeth Borne et souligne l'importance pour le ministre de défendre son budget et ses professeurs. Elle suggère de valoriser les initiatives positives qui existent dans les établissements plutôt que de se concentrer uniquement sur les réformes.
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Briefing Document : "Et si on levait les yeux ? Une classe face aux écrans" Date : 8 mai 2024
Source : Excerpts from "Et si on levait les yeux ? Une classe face aux écrans"
Public Cible : Toute personne intéressée par l'impact des écrans sur les enfants et la société, notamment les parents, les éducateurs et les décideurs politiques.
Résumé Exécutif : Ce document présente les principaux thèmes et idées clés tirés d'extraits de l'ouvrage "Et si on levait les yeux ?
Une classe face aux écrans". Le texte explore l'omniprésence des écrans dans la vie des enfants de la "génération alpha" et ses conséquences négatives sur leur attention, leur langage, leur capacité à l'effort et leurs relations sociales.
Il met en lumière le rôle addictif des écrans, alimenté par la dopamine, et l'influence des algorithmes de l'économie de l'attention.
Le document souligne l'importance de la prise de conscience, de l'éducation aux médias, de la fixation de limites et de la proposition d'alternatives pour aider les enfants à reprendre le contrôle et à développer des relations et des intérêts dans le monde réel.
L'expérience d'une classe de CM2 menée par leur instituteur est présentée comme un exemple d'initiative visant à sensibiliser les enfants et à les reconnecter avec la nature et les interactions humaines.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
1. L'omniprésence et l'impact des écrans sur la "génération alpha" :
- Les enfants nés avec les smartphones et les tablettes (génération alpha) sont immergés dans un monde d'écrans qui prennent une place considérable dans leur vie.
- Un instituteur témoigne de l'évolution en 15 ans : autrefois, les enfants jouaient dehors ou lisaient ; aujourd'hui, les écrans sont omniprésents.
- Conséquences négatives observées : "moindre capacité d'attention", "appauvrissement du langage", "perte du goût de l'effort", "isolement", "une aptitude à l'attente à l'ennui".
- Les écrans sont perçus par certains enfants comme un "fil invisible" qui les "accroche sur le cerveau".
- La déconnexion des écrans peut entraîner des réactions fortes chez les enfants, comparées à des "crises" ou à un manque. Un enfant compare cela au comportement d'un "fou" ou d'un "psychopathe" face au manque de son téléphone.
2. L'attention et la concentration mises à mal :
- L'attention réflexe, stimulée par les écrans (lumière, mouvement), se développe au détriment de l'attention volontaire et de la concentration.
- L'attention moyenne des enfants est estimée à 8 secondes en raison du zapping constant sur les réseaux sociaux.
- L'évolution des formats des réseaux sociaux (vidéos plus courtes sur TikTok) témoigne de cette réduction de la capacité d'attention.
- Même une courte exposition aux écrans avant la classe peut diminuer la capacité de concentration nécessaire à la résolution de problèmes.
- Des exercices de respiration et de méditation sont proposés en classe pour aider les enfants à se recentrer et à développer leur attention intérieure. Un enfant témoigne se sentir "libre" et avoir les "esprits tranquilles" grâce à ces exercices, contrairement à la sensation d'être "comme ça" devant les écrans.
3. L'addiction aux écrans et le rôle de la dopamine :
- Les écrans sont comparés à des substances addictives, suscitant des réactions de manque lors du sevrage. Une mère décrit son enfant sans écran comme un "drogué", un "toxico".
- La dopamine, l'hormone du plaisir, est libérée par les interactions sur les écrans (likes, commentaires, gains dans les jeux vidéo), créant un cycle de renforcement positif.
- Un enfant de 10 ans avoue jouer à GTA (un jeu déconseillé aux moins de 18 ans), soulignant l'exposition à des contenus inappropriés et la recherche de la dopamine.
- La facilité d'accès au plaisir immédiat des écrans est mise en contraste avec l'effort nécessaire à des activités plus enrichissantes comme la lecture. "Les écrans c'est facile... c'est plus facile que de manger un fruit qu'on a pelé."
4. L'économie de l'attention et la manipulation des algorithmes :
- Les plateformes numériques sont engagées dans une "guerre pour capter notre attention". Le PDG de Netflix considère même le sommeil comme son principal concurrent.
- L'attention est une capacité qui se forme et se déforme, soulignant le rôle de l'éducation.
- Les algorithmes sont conçus pour retenir l'utilisateur le plus longtemps possible en lui proposant du contenu ciblé (ex: vidéos de chats), exploitant ainsi ses préférences et ses désirs. "Quand vous scrollez vous êtes en train de faire comme une machine à sous."
- Ce système aliène l'utilisateur, qui devient le "dindon de la farce", le "jouet des algorithmes", perdant son temps au profit des plateformes.
5. L'impact sur les relations sociales et le langage :
- Les écrans créent une distance au sein des familles, où chacun est "dans sa pièce avec son écran", entraînant un manque de partage et de communication.
- L'écran peut faire "écran à la relation", isolant les individus dans leur "bulle".
- Paradoxalement, dans un service d'urgence, des jeunes privés de leurs portables ne s'en plaignent pas, car l'absence de solitude est un facteur compensatoire. "Madame c'est parce qu'ici on n'est pas seul."
- L'appauvrissement du langage est souligné, avec une baisse du nombre de mots disponibles chez les enfants.
- Les abréviations utilisées dans les SMS témoignent d'une certaine "flemme" et d'un manque d'effort dans la communication écrite.
- Le langage est présenté comme un "super pouvoir", essentiel pour l'expression, la compréhension et la résolution de conflits. Un manque de vocabulaire peut entraîner des difficultés relationnelles et une vulnérabilité face à la manipulation. "Ceux qui parlent le moins bien dans l'école c'est toujours ceux qui ont des embrouilles à la récré."
- Les mots ont un impact puissant et peuvent blesser autant que des actes physiques. Il est important de maîtriser son langage, notamment sur les réseaux sociaux où les écrits laissent des traces durables.
6. Le rôle des parents et de l'éducation :
- Les parents sont confrontés à une complexité accrue de leur rôle face à l'omniprésence des écrans.
- L'exemplarité des parents est cruciale : les enfants remarquent si les écrans sont plus importants que leurs propres paroles. "Si c'est plus important ce qui se passe sur l'écran de mon père ou de ma mère que ce que je suis en train de lui dire c'est que ça doit être génial ce qui se passe sur ces écrans."
- L'éducation nationale a un rôle à jouer dans la prévention et la sensibilisation aux dangers des écrans.
- Il est essentiel de fixer des limites et de guider les enfants vers les "trésors" que recèle le monde réel. "Nos enfants ont besoin de nous face aux écrans pour les contrôler et les limiter bien sûr mais aussi pour les guider vers tous les trésors qu'il recèent."
7. La nécessité de se reconnecter au réel et de trouver des alternatives :
- Les enfants sont de plus en plus exposés à des univers "artificialisés" et ont besoin de se reconnecter à la nature, au "vivant", à l'"imprévu" et à l'"émerveillement".
- Une classe expérimente un séjour de 10 jours sans écran en pleine nature, permettant aux enfants de redécouvrir leurs sensations et la beauté de leur environnement. "J'ai aimé entendre les oiseaux et à un moment j'ai aussi l'impression que je rentendais les arbres le vent."
- L'importance de la présence et de l'attention dans les relations est soulignée. "Le plus beau cadeau qu'on puisse faire à à quelqu'une ou à quelqu'un c'est celui de notre présence."
- Pour contrer l'addiction aux écrans, il est nécessaire de susciter des "désirs supérieurs", des activités qui procurent plus de plaisir et de sens que le monde virtuel. "Si on veut aider les les jeunes à quitter l'addiction des écrans il faut susciter en eux comme le dit Spinoza un désir supérieur."
- La lecture et les activités partagées en famille sont présentées comme des alternatives enrichissantes.
8. La technologie n'est pas neutre et nécessite un usage conscient :
- Contrairement à l'idée reçue, la technologie n'est pas neutre ; elle est "ambivalente", à la fois positive et négative.
- L'écran est comparé à un "parc" avec des zones sûres et des zones dangereuses, nécessitant un accompagnement et une éducation à son usage. "L'écran c'est comme un parc où il y a un côté sombre où il faut pas y aller parce que tu risques de plonger dedans et de jamais en sortir."
- Il est crucial de développer un usage des écrans où ils sont des "serviteurs" et non des "maîtres", en les utilisant consciemment pour des besoins spécifiques et en se fixant des règles.
Conclusion :
Les extraits de "Et si on levait les yeux ?" dressent un portrait préoccupant de l'impact des écrans sur la jeune génération. Ils soulignent l'urgence d'une prise de conscience collective et d'actions éducatives pour aider les enfants à développer un rapport plus sain et équilibré avec le monde numérique.
L'expérience de la classe présentée dans le livre offre un exemple concret de démarche positive pour reconnecter les enfants au monde réel, à la nature et aux relations humaines, tout en développant leur esprit critique face aux sirènes des écrans.
L'enjeu est de former des "têtes bien faites" capables d'utiliser les outils numériques avec discernement et de cultiver des richesses intérieures et relationnelles durables.
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Voici un sommaire des principaux points abordés dans la transcription de la vidéo "Et si on levait les yeux ? Une classe face aux écrans", basé sur la séquence des interventions :
- Introduction du problème (début à) : Un instituteur de CM2 constate un changement profond chez ses élèves, la "génération alpha" née avec les écrans, qui ont une moindre capacité d'attention, un appauvrissement du langage, une perte du goût de l'effort, de l'isolement et une faible aptitude à l'attente et à l'ennui.
- Réflexion et objectifs ( à) : L'instituteur prévoit de réfléchir avec ses élèves pendant 10 mois, inspiré par des experts, pour les aider à comprendre leur relation avec les écrans, dont ils sont à la fois acteurs et victimes. Le but est de leur apprendre à analyser les écrans, à comprendre leur impact, et à reprendre le contrôle pour un bon usage.
- L'emprise des écrans ( à) : Les écrans sont décrits comme ayant un "fil invisible" qui "accroche" au cerveau, rendant difficile de s'en détacher. Les enfants et même les parents semblent dépendants, et le retrait des écrans peut provoquer des réactions fortes. Cette attraction est comparée à celle des papillons de nuit pour la lumière, stimulant une attention réflexe au détriment de la concentration et de l'attention volontaire. L'attention moyenne des enfants est estimée à 8 secondes à cause du zapping constant sur les réseaux sociaux, dont les formats sont de plus en plus courts (Facebook, Instagram, TikTok).
- Impact sur la concentration et la respiration ( à) : Même une courte exposition aux écrans avant la classe peut diminuer la capacité de concentration. Des exercices de respiration profonde sont proposés pour aider à la concentration, induisant un sentiment de tranquillité et de liberté intérieure contrastant avec le sentiment d'être "comme ça" devant les écrans.
- Sensibilisation des parents et dangers récents (début à) : Il est souligné que la sensibilisation des parents est cruciale, car l'omniprésence des écrans est un phénomène récent (10 ans). Un médecin spécialiste est présent pour discuter de cette question et de son livre "les tout petits et les écrans l'épidémie silencieuse". Être parent est plus compliqué aujourd'hui avec les écrans.
- Prolifération des écrans et temps d'écran ( à) : Le nombre d'écrans par foyer a explosé (de 1 à 10 en 20 ans), devenant la première activité des enfants après le sommeil et une préoccupation majeure des parents. Une expérience de chronométrage du temps passé sur les écrans est mise en place pour les élèves.
- Mesure du temps d'écran et moyennes ( à) : Les élèves calculent leur temps d'écran quotidien et hebdomadaire. Les moyennes nationales de temps d'écran sont données : 4h45 pour les 8-12 ans et 6h45 pour les 13-18 ans. Les élèves comparent leur temps d'écran à ces moyennes.
- Prise de conscience et isolement (début à) : Certains élèves prennent conscience de leur temps d'écran important et de son impact sur leur concentration. Une élève explique passer beaucoup de temps sur les écrans par isolement social et manque d'alternatives.
- Manque de temps et de communication familiale (début à) : Le manque de temps des parents et le recours aux écrans sont évoqués comme des obstacles à la communication familiale. Des exemples concrets illustrent ce manque de disponibilité et ses conséquences.
- L'exemplarité parentale et la "carie au cerveau" (début à) : L'importance de l'exemplarité des parents est soulignée. L'addiction au téléphone est comparée à une "carie au cerveau". Les parents sont aussi distraits par leurs écrans, servant de mauvais modèles pour leurs enfants.
- Écrans et relations sociales (début à) : Les écrans sont présentés comme un écran à la relation et au lien social, enfermant chacun dans sa bulle. Même regarder la télévision ensemble est préférable à un usage individuel.
- Dépendance et absence de plainte (début à) : Dans un service d'urgence, des jeunes passant énormément de temps sur leurs portables ne se plaignent pas de leur absence lorsqu'ils en sont privés, car ils ne sont plus seuls.
- Le pouvoir d'attraction et l'addiction (début à) : La force d'attraction des écrans et leur capacité à nous déposséder de notre volonté sont interrogées. L'addiction est définie par la présence constante des écrans et leur prise de pouvoir sur notre cerveau.
- La dopamine et le plaisir des écrans (début à) : La dopamine, l'hormone du plaisir, est expliquée. Les écrans génèrent des moments de plaisir (likes, commentaires, gains dans les jeux vidéo comme GTA), entraînant un cycle de récompense et le désir de retourner sur les écrans.
- Difficulté du sevrage et législation (début à) : L'arrêt brutal des écrans est comparé au sevrage d'une drogue, soulignant la difficulté et la souffrance que cela peut engendrer. La nécessité d'une législation pour le numérique, comme pour le tabac et l'alcool, est évoquée.
- Comparaison avec l'alcoolisme et le scrolling (début à) : La dépendance aux écrans est comparée au cercle vicieux de l'alcoolisme décrit par le Petit Prince. Le scrolling sur les réseaux sociaux est assimilé à une machine à sous sans fin, captant l'attention indéfiniment.
- L'économie de l'attention et la manipulation (début à) : Les écrans et les plateformes sont en guerre pour capter notre attention. L'attention est une capacité qui se forme et se déforme, et l'éducation a un rôle à jouer. Les algorithmes nous manipulent en nous montrant ce que nous aimons (ex: vidéos de chats) pour nous maintenir le plus longtemps possible sur les écrans et nous exposer à la publicité. C'est le principe de l'économie de l'attention, inhérent aux sociétés de consommation.
- Conséquences physiques et cognitives (début à) : Le manque d'investissement dans les relations sociales et les activités collectives est souligné. Un cerveau passif devant un écran risque de devenir "tout mou". La sédentarité et ses dangers pour la santé sont mentionnés.
- La "flemme" et la facilité des écrans (début à) : La communication par SMS même dans un petit appartement illustre la "flemme" et le manque de contact direct. Les abréviations dans les SMS sont également liées à la flemme. Les écrans sont faciles et ne demandent pas d'effort intellectuel, contrairement à la lecture.
- Plaisir immédiat vs. effort et bonheur supérieur (début à) : Le piège des écrans est le plaisir immédiat et facile, comparé à la difficulté et à l'effort nécessaires pour des plaisirs et un bonheur supérieurs (ex: le sport, la lecture).
- Baisse du vocabulaire et conséquences (début à) : Les études montrent une baisse du nombre de mots disponibles pour parler, en particulier chez les enfants. Cela risque d'entraîner des difficultés de communication, de compréhension, et une vulnérabilité à la manipulation. Le langage est un pouvoir.
- L'importance du langage et des mots (début à) : Le langage est essentiel pour s'exprimer, comprendre, éviter les conflits et développer la pensée. Les mots peuvent blesser autant que des coups. Il est important de maîtriser son langage, surtout à l'écrit sur les réseaux sociaux où les propos restent.
- Dangers des réseaux sociaux et cyberviolence (début à) : Les réseaux sociaux peuvent être dangereux et entraîner des problèmes concrets (cyberviolence).
- Neutralité de la technologie et ambivalence (début à) : La technologie n'est pas neutre, elle est ambivalente (à la fois positive et négative). Internet est comparé à un parc public avec des zones sûres et dangereuses, nécessitant un accompagnement, surtout pour les enfants.
- Les "côtés sombres" des écrans (début à) : Les réseaux sociaux sont cités comme un "côté sombre" où l'on risque de se perdre.
- Pression sociale et image de soi (début à) : La pression constante du regard des autres sur les réseaux sociaux et la difficulté de construire l'estime de soi sont abordées, avec une référence au mythe de Narcisse. La quête d'une image parfaite et la comparaison avec les influenceurs peuvent rendre malheureux.
- Solitude et besoin de connexion réelle (début à) : Le sentiment de solitude malgré la connexion virtuelle est exprimé. Les enfants ont besoin de leurs parents face aux écrans pour être contrôlés, limités et guidés vers d'autres trésors.
- Écran fixe vs. écran mobile (début à) : L'évolution de l'écran (fixe, temporaire et collectif à mobile, permanent et individuel) et son pouvoir "acaparant" sont soulignés.
- Alternatives aux écrans et sevrage (début à) : Il est important de proposer des alternatives aux écrans (lecture, activités physiques). L'expérience d'un mois sans télévision a eu des effets positifs sur des enfants. Le sevrage de l'objet d'addiction est une méthode pour changer les comportements addictifs.
- Qualité du contenu et impact émotionnel (début à) : L'impact des écrans dépend de ce que l'on regarde. Les contenus émotionnels et marquants (comme le film de Chaplin ou des histoires touchantes) sont moins vite oubliés que les contenus rapides et superficiels.
- Susciter un "désir supérieur" (début à) : Pour aider les jeunes à sortir de l'addiction aux écrans, il faut susciter en eux un "désir supérieur", un plaisir plus grand que celui qu'ils trouvent dans les écrans.
- Classe découverte sans écran (début à) : Une classe découverte de 10 jours sans écran est organisée pour vivre des moments ensemble dans la nature. Les téléphones sont confisqués pour cette période.
- Retour à la nature et émerveillement (début à) : Les enfants sont exposés à des univers artificialisés, d'où le besoin de reconnexion avec la nature et le "vivant". Les expériences sensorielles en forêt sont marquantes. Un sentiment de liberté est ressenti au contact de la nature.
- Isolement urbain vs. connexion naturelle (début à) : Le contraste entre l'isolement sur les écrans en ville et la possibilité de jouer et d'observer la nature est souligné. Les traumatismes parentaux peuvent aussi limiter les sorties des enfants.
- Importance de la présence et connaissance de soi (début à) : Le plus beau cadeau est notre présence. La méditation est un moyen de revenir à soi. Il est crucial d'apprendre à se connaître avant que les algorithmes ne nous connaissent mieux que nous-mêmes, pour préserver notre liberté.
- Changements observés après un an de travail sur les écrans (début à) : Les élèves remarquent une meilleure mémorisation et trouvent des occupations plus enrichissantes sans les écrans. Les parents passent moins de temps avec leurs enfants et s'engagent moins dans des causes sociales à cause des écrans.
- La valeur du temps investi (début à) : La métaphore de la rose du Petit Prince illustre que c'est le temps que l'on consacre à quelque chose qui lui donne de la valeur.
- Contrôle parental et usage conscient (début à) : Le contrôle parental est une option, mais les parents devraient généralement surveiller l'utilisation des écrans. L'idée est de faire de l'écran un serviteur et non un maître. Pour cela, il faut savoir ce qui est important pour soi.
- Souvenirs positifs et têtes "bien faites" (début à) : L'espoir est de créer des souvenirs positifs liés à des activités sans écran et de construire des têtes "bien faites" plutôt que "bien pleines".
- Fierté de l'instituteur et espoir pour l'avenir (début à) : L'instituteur est fier du développement de ses élèves mais reste réaliste quant à l'influence des écrans au collège. Il espère qu'une "graine" a été semée pour un usage plus discerné des écrans.
- Critique de la conformité et appel à la révolte (début à) : Une chanson critique la conformité imposée par les médias et les réseaux sociaux et appelle à la révolte.
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Briefing Document : Le Cyberharcèlement au Périscope Source : Excerpts de l'émission "Le cyberharcèlement au périscope" diffusée sur l'IH2EF.
Date d'émission : 2024.
Participants :
- Fabrice Poli : Inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche, membre de la mission enseignement primaire et du groupe des lettres.
- Séraphin Alava : Professeur émérite en sciences de l'éducation à l'Université de Toulouse 2 Jean Jaurès.
- Frédéric Vedren : Chef d'établissement du collège André Chénier au Bouscat (Académie de Bordeaux).
- Anne Philipson : Directrice territoriale de Canopé Occitanie (en visioconférence).
Thèmes Principaux :
Définition et formes du cyberharcèlement :
- Le cyberharcèlement est défini comme un "acte malveillant répétitif qui est commis par une personne ou par un groupe de personnes de manière électronique dans le but de nuire à cette personne et à l'égard justement d'une personne qui a du mal à se défendre toute seule" (Fabrice Poli).
- Les formes incluent : intimidations, insultes, moqueries, menaces, propagation de rumeurs, usurpation d'identité, focalisation groupée sur une personne, et transmission de photos ou vidéos dévalorisantes ou intimes.
Prise en charge du cyberharcèlement par l'Éducation Nationale :
- Le programme PHARE (programme de lutte contre le harcèlement à l'école) est le dispositif principal. Ses objectifs sont : éduquer pour prévenir, développer les compétences psycho-sociales (empathie), former une communauté protectrice, intervenir pour résoudre les problèmes, et associer parents et communauté éducative.
- Une prise en charge "nourrie" et "extrêmement attentive" est mise en œuvre (Fabrice Poli).
Contexte du monde adolescent et numérique :
- Les adolescents sont immergés dans la culture numérique depuis leur plus jeune âge, avec ses bons usages mais aussi ses pratiques "plus intimes, plus dangereuses, plus violentes" (Séraphin Alava).
- Le rapport à l'image et à la perception par les autres ("peau numérique") est fondamental à l'adolescence. Les actions en ligne, même impulsives, peuvent avoir des répercussions importantes.
- Le monde numérique adolescent est parfois perçu comme un "nom numérique de la chambre", un espace d'intimité où les parents se sentent désarmés. Paradoxalement, ces vies numériques sont souvent publiques, et les jeunes manquent de compétences pour en mesurer les dangers.
Distinction entre agressivité, violence et harcèlement :
- Agressivité : naturelle, liée à la différenciation des groupes.
- Violence : dépasse la simple altercation, devient ciblée et violente.
- Harcèlement : présence évidente d'une cible, de malveillance et d'une volonté de nuire.
- Environ 20% des jeunes se disent témoins de propos dangereux ou violents, mais les formes de harcèlement violent sont estimées autour de 5 pour 1000 (Séraphin Alava). La perception de la violence est plus forte en ligne.
Formes spécifiques de violence dans le cyberharcèlement :
- Violences discriminatoires (racisme, grossophobie) : près de 30% des actes violents (Séraphin Alava).
- Violences de genre : centrées sur la relation sexuelle ou homme-femme.
- Violences de refus du vivre ensemble : liées à des oppositions identitaires (origine, religion).
- Le quotidien : même des disputes entre amis sur les réseaux peuvent devenir très violentes.
Articulation entre harcèlement scolaire et cyberharcèlement :
- Il n'y a pas de cloisonnement étanche. Un acte de harcèlement (physique, verbal) peut être révélateur d'un cyberharcèlement et inversement (Fabrice Poli). Les deux vont souvent de pair.
- Le cyberharcèlement peut venir de l'intérieur ou de l'extérieur de l'établissement et impacter ce qui s'y passe.
- Cadre juridique du cyberharcèlement (Minute Juris) :
- Le cyberharcèlement relève de la catégorie juridique générale du harcèlement, défini dans le Code pénal comme le fait de "faire subir à autrui des propos ou des comportements négatifs voir violent" (Raphaël Mata du Vigot).
- Le harcèlement peut être moral, physique ou sexuel et entraîne une dégradation des conditions de vie de la victime. La répétition n'est pas obligatoire.
- Le cyberharcèlement est le harcèlement exercé via les nouvelles technologies (téléphones, messageries, forums, réseaux sociaux, etc.). Il permet une diffusion massive et répétée de messages humiliants. Exemples : envois répétés de messages insultants, publication sans consentement de contenus intimes, diffusion de rumeurs.
- La loi du 7 octobre 2016 a introduit un article sur le "revenge porn". La loi du 3 août 2018 a renforcé la répression du harcèlement en ligne (article 222-33-2-2 du Code pénal).
- Le harcèlement scolaire est une catégorie juridique spécifique (Loi du 26 juillet 2019 et Loi du 2 mars 2022). L'article L 111-6 du code de l'éducation stipule qu'"aucun élève ou étudiant ne doit subir de fait de harcèlement résultant de propos ou comportement commis au sein de l'établissement d'enseignement ou en marge de la vie scolaire universitaire".
- Le cyberharcèlement scolaire est une faute pénale spécifique (article 222-33-2-3 du Code pénal), s'ajoutant aux sanctions disciplinaires. Les peines peuvent aller jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 150 000 € d'amende en cas de suicide ou tentative de suicide de la victime.
- L'arsenal répressif inclut des peines complémentaires (bannissement des réseaux sociaux), la saisie de matériel, des stages de sensibilisation. Les chefs d'établissement ont l'obligation d'engager des actions disciplinaires. Les personnels ont l'obligation de signaler les faits de harcèlement (article 40 du Code de procédure pénale). Les personnels sont également protégés contre le harcèlement et le cyberharcèlement.
Témoignages et leviers pour lutter contre le cyberharcèlement :
- Anne Philipson (Canopé) : La formation est essentielle pour accompagner les personnels éducatifs et ouvrir le dialogue avec les jeunes. Canopé propose des ressources, webinaires et formations. Une veille active est nécessaire face à l'évolution rapide des technologies et des problématiques (IA, fake news). Impliquer les parents est crucial.
- Frédéric Vedren (Chef d'établissement) : Réagir vite aux signalements (sans précipitation) est primordial pour rassurer la victime et sa famille. Mettre en place des processus clairs (comme le programme PHARE) et professionnaliser la gestion du harcèlement. Former et informer tous les personnels (enseignants, vie scolaire, agents) et les partenaires extérieurs. Agir en classe et individuellement avec les élèves. Les ambassadeurs et la journalisation autour du programme PHARE portent leurs fruits. La question des parents est centrale, souvent axés sur la sanction immédiate alors que l'objectif est la compréhension de l'erreur et la non-répétition.
Acteurs de la lutte contre le cyberharcèlement :
Formateurs (Canopé, Clémi), collectivités, personnels périscolaires, conseillers pédagogiques, inspecteurs, réseau régalien (IPREV), cellules départementales/académiques de prévention du harcèlement, gendarmerie/police (BPDJ), associations, centres sociaux. * Fabrice Poli : Importance de la prévention et de l'éducation dès le plus jeune âge (séances d'empathie dès la maternelle). 10 heures annuelles dédiées à la lutte contre le harcèlement (programme PHARE). Intégration dans l'enseignement moral et civique (respect d'autrui) et l'éducation aux médias et à l'information (Clémi). Le collège est un lieu central de détection. La dépendance des jeunes aux boucles de messagerie est forte, car constitutive de leur appartenance au groupe. * Séraphin Alava : L'alliance parents-enseignants-chefs d'établissement est obligatoire. Agir rapidement mais sans empressement (protéger, instruire, éduquer). Le temps de résolution peut être une angoisse pour les parents, le dialogue est essentiel. Une grande partie du cyberharcèlement se passe en dehors de l'établissement. Le cyberharcèlement progresse avec l'âge d'accès aux portables. Les formes spécifiques (vidéos/images fausses, rumeurs) sont très violentes car persistantes et largement diffusées. Les enseignants en sont aussi victimes.
Stratégies d'approche dans les établissements :
Éducation des élèves et des parents. Travail au sein du CESC (comité d'éducation à la santé, la citoyenneté et l'environnement) pour un programme d'action.
Pédagogie pour apprendre à reconnaître les situations, le rôle du témoin, les sanctions.
Progression et cohérence des actions selon l'âge des élèves. Mobilisation des enseignants en lien avec leur discipline (conseil pédagogique, comité numérique, égalité filles-garçons, EMI).
Acculturation des personnels aux outils numériques. Rôle des cadres dans l'accompagnement et la formation.
Cercles restauratifs comme approche complémentaire.
- Résistances rencontrées : Crainte des enseignants de s'éparpiller, surcharge de travail perçue, sentiment d'incompétence face aux outils numériques et à la gestion émotionnelle des situations et des parents, attente de solutions immédiates parfois irréalistes.
Évolution et impact du cyberharcèlement :
- Le cyberharcèlement pourrait potentiellement descendre en âge avec l'usage plus précoce des réseaux sociaux.
- L'essor de l'IA et la création massive de contenu pourraient complexifier la perception et l'impact du cyberharcèlement (désensibilisation ?), mais l'éducation reste cruciale pour développer un esprit critique. Les jeunes victimes sont souvent dans une phase sensible de leur développement.
Développement de la citoyenneté numérique :
- Nécessité de développer une citoyenneté juvénile et numérique, en s'appuyant sur les valeurs de l'école et de la République. Aider les élèves à maîtriser leur image, leur discours et leur empreinte numérique. Ne pas moraliser mais accompagner. Des outils comme les passeports numériques existent. L'IA représente un nouveau défi à intégrer dans la réflexion.
Temps consacré à l'éducation numérique :
- C'est une préoccupation transdisciplinaire. Des temps spécifiques sont dédiés (ex : 10 heures annuelles dans le programme PHARE), mais chaque heure de cours peut être l'occasion d'aborder le sujet. Des ressources pédagogiques existent pour accompagner les enseignants (programme PHARE, Clémi, kit empathie).
Élèves harcelés devenant harceleurs :
Un élève victime peut devenir agresseur (perception de la loi de la jungle, vengeance, mimétisme). Il est important de prendre en compte cette dynamique pour éviter le surharcèlement et identifier les causes profondes (problèmes familiaux). L'objectif est que l'auteur comprenne son erreur et retrouve une voie pacifique.
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Vulnérabilité des élèves en situation de handicap :
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Ils constituent une proie plus facile pour le harcèlement et nécessitent une attention particulière.
Citation Clé :
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"Le cyberharcèlement c'est un acte malveillant répétitif qui est commis par une personne ou par un groupe de personnes de manière électronique dans le but de de nuire à cette personne et à l'égard justement d'une personne qui a du mal à se défendre toute seule" (Fabrice Poli).
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"Aujourd'hui les jeunes sont dans la culture numérique ils sont totalement immergés dans la culture numérique et dans cette culture numérique ils en on les bons usages et l'éducation nationale fait beaucoup pour les aider à être des citoyens numériques mais ils en on aussi les pratiques plus intimes plus dangereuses plus violentes" (Séraphin Alava).
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"Il faut former les personnels il faut fermer former et informer les parents les élèves" (Frédéric Vedren).
- "Liker c'est harceler et il faut éduquer les les jeunes à tous les gestes qu'ils peuvent avoir parfois parce qu'ils pensent être soucouvert d'anonymat" (Anne Philipson).
Conclusion :
L'émission "Le cyberharcèlement au périscope" met en lumière la complexité et l'omniprésence du cyberharcèlement dans le monde adolescent.
Elle souligne l'engagement de l'Éducation Nationale à travers des programmes comme PHARE, la nécessité d'une approche globale impliquant l'ensemble de la communauté éducative et les parents, et l'importance cruciale de la formation et de la sensibilisation.
Le cadre juridique se renforce pour mieux appréhender et punir ces actes.
Face à l'évolution constante des technologies et des usages, une veille active et une adaptation des stratégies de prévention et d'intervention sont indispensables pour protéger les jeunes et promouvoir une citoyenneté numérique responsable.
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Briefing Doc : "Le parcours de l'élève au périscope" Source : Excerpts from the radio show "Le parcours de l'élève au périscope"
Date de diffusion : 11 mars 2025
Participants :
- Jean-Marc Moulet : Inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche
- Philippe Montoya : IEN en scolarisation des élèves en situation de handicap, conseiller technique école inclusive du recteur de l'académie de Toulouse
- Patrick Avogadro : Personnel de direction, Lycée professionnel Les Grippeaux (académie de Poitiers)
- Noémie Olympio : Enseignante-chercheuse sur les trajectoires des élèves (LEST CNRS, Université Aix-Marseille)
- Raphaël Mata Duvignot : Présentateur de la minute juris
- Thème principal : Le parcours de l'élève, ses enjeux, les dispositifs d'accompagnement, les inégalités et les perspectives.
Structure de l'émission (d'après l'extrait) :
- Enjeux autour du parcours de l'élève : Définition, étapes clés, accompagnement du système éducatif, objectifs au-delà de l'insertion professionnelle, influence du territoire et position de la recherche.
- Minute Juris : Présentation des cadres légaux et administratifs du parcours de l'élève (socle commun, redoublement, orientation, classes et groupes spécifiques).
- Témoignages de terrain (Table ronde) : Expériences dans le premier et second degré, forces du système, enjeux territoriaux, discriminations, découverte des métiers, inclusion des élèves en situation de handicap, formation des enseignants et partenaires.
- Minute Bibli : Présentation de ressources bibliographiques.
Principaux thèmes et idées clés :
1. Définition et complexité du parcours de l'élève :
- Le parcours de l'élève englobe "tout ce qu'un élève va vivre à l'intérieur de l'école à l'extérieur de l'école pour se construire réussir son orientation et arriver à une insertion professionnelle la meilleure possible." (Jean-Marc Moulet)
- Il existe une distinction avec les "parcours éducatifs" (réforme de 2008) qui sont plus axés sur les éducations transversales, au sein desquels figure le "parcours avenir", central pour l'orientation au collège.
- Le parcours est différencié selon les niveaux (primaire, collège, lycée), avec des dispositifs spécifiques pour accompagner les difficultés (plans personnalisés au primaire, SEGPA au collège, spécialisations au lycée).
- Au lycée (surtout professionnel), l'éventail des parcours s'élargit avec des secondes thématiques et des possibilités d'approfondissement ou d'immersion professionnelle en terminale. Le lycée général et technologique offre une multiplication des choix de disciplines et de couplages.
- Le système éducatif accompagne via des heures dédiées à l'orientation dès la 4ème, l'accompagnement personnalisé au lycée et le rôle des équipes éducatives et des psychologues de l'Éducation nationale.
2. Objectifs multiples du parcours :
- L'objectif n'est pas uniquement l'insertion professionnelle, mais aussi la "fabrication de citoyens qui soient heureux" et la "diversification des possibles". (Jean-Marc Moulet)
- Il s'agit de lutter contre le déterminisme social et les pressions de genre en élargissant le "panel des possibles" pour que les élèves se révèlent dans ce qui est le meilleur pour eux.
- Le socle commun assure l'acquisition des compétences nécessaires à l'orientation pour tous les citoyens à la fin de la scolarité obligatoire.
3. Personnalisation et choix :
- L'idée est d'avoir un parcours "le plus personnalisé proche des envies possibles des jeunes". (Jean-Marc Moulet)
- L'offre de choix est aujourd'hui beaucoup plus large qu'auparavant, correspondant à une plus grande diversité de profils.
- La valorisation du lycée professionnel est un enjeu éducatif et économique fort, en lien avec les besoins du marché du travail.
4. Influence du territoire et mobilité :
- La proximité du secteur économique influence l'orientation. L'information sur l'orientation est déléguée aux régions (loi de 2018) pour tenir compte des enjeux économiques locaux et favoriser la mobilité régionale.
- La mobilité des élèves est centrale, et informer sur les opportunités régionales peut engager certains élèves à s'y orienter.
- Les projets éducatifs de territoire (PEDT) sont des leviers importants pour lutter contre les inégalités culturelles et favoriser la mobilité dès le primaire.
- Des initiatives comme les cordées de la réussite et les internats d'excellence visent à pallier les inégalités territoriales et à élever les ambitions des élèves.
5. Le regard de la recherche : Inégalités et déterminismes :
- La notion de parcours renvoie aux "périodes charnières" (aménagements précoces, premiers paliers d'orientation en 3ème et seconde). (Noémie Olympio)
- Malgré la volonté d'uniformité (tronc commun), le système est marqué par des "éléments d'inégalité" et un fort "déterminisme scolaire et social des trajectoires".
- La performance scolaire en fin de primaire est un bon prédicteur des possibilités futures. L'orientation est socialement marquée (à performance égale, un enfant de parents diplômés du supérieur a plus de chances de faire un bac général).
- Les données de la DEP (panel d'élèves) montrent l'importance du "capital informationnel des familles", du "niveau d'aspiration des familles" et du "maintien des aspirations" (phénomène de "refroidissement des aspirations" parfois non lié à la performance scolaire).
- La "représentation de l'utilité des diplômes" est également inégalement répartie et corrélée à la résilience scolaire.
- Le système actuel, avec des aménagements précoces (comme la SEGPA), peut rendre les trajectoires "peu réversibles" et socialement marquées.
- Le "capital informationnel" se constitue par la catégorie socio-professionnelle, la représentation du monde, le rapport à la mobilité et les "stratégies éducatives des parents" (plus ou moins "opérantes").
6. Cadre légal et administratif (Minute Juris) :
- L'article L 111-1 du code de l'éducation garantit l'organisation des parcours en fonction des élèves.
- Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture (défini par la loi de 2005 et refondé en 2013) est au cœur du système et évalué à la fin de chaque cycle.
- Le redoublement est un dispositif rare et exceptionnel (codifié à l'article L 31-7), privilégiant des stratégies de prévention et d'accompagnement. Il est interdit en maternelle. La décision fait l'objet d'un dialogue avec les familles et peut être contestée.
- L'orientation scolaire (articles L331-7 et D331-31) est encadrée par des voies définies par arrêté ministériel et implique un dialogue entre familles et équipes pédagogiques. En cas de désaccord, une procédure de recours existe.
- Des classes et groupes spécifiques (article D 332-5), comme les SEGPA (article D 332-7) et les ULIS (article L12-1), permettent un parcours différencié pour répondre aux besoins des élèves, y compris en situation de handicap. La différence de traitement basée sur les besoins n'est pas considérée comme une rupture d'égalité.
- Le principe de mutabilité du service public d'éducation implique une innovation et un ajustement continu des pratiques pédagogiques.
7. Témoignages de terrain et solutions :
- Les parcours diffèrent déjà au primaire en fonction du territoire et des projets menés (y compris le temps périscolaire). La distance au collège et au lycée impacte également les parcours.
- Les projets éducatifs de territoire (PEDT) et le regroupement de collectivités sont essentiels pour offrir des opportunités culturelles et de mobilité.
- Les cordées de la réussite lient les collèges à des grandes écoles pour susciter l'ambition. Les internats d'excellence lèvent l'obstacle de la distance.
- Les campus des métiers d'excellence (CMQ) favorisent la mobilité et le lien avec l'économie des territoires, en produisant des ressources pour les collèges (jeux, plateformes numériques, accueil).
- Il est crucial de travailler sur l'ouverture du champ des possibles et le capital informationnel sans paternalisme, en s'appuyant sur des données fiables (taux d'employabilité, mobilité professionnelle).
- La découverte des métiers dès la 5ème (voire plus tôt, comme dans les pays anglo-saxons) est essentielle pour contrer les déterminismes. La rencontre avec des professionnels a un impact déterminant (l'exemple d'une heure d'intervention d'une scientifique sur l'orientation des filles).
- Des actions locales (forums des métiers, visites d'entreprises, mini-stages, stages de seconde) permettent aux élèves de découvrir la diversité des professions.
- Le soutien au parcours dans les lycées professionnels (ateliers CV, rencontres avec des professionnels et anciens élèves) vise à faciliter l'insertion et la poursuite d'études. Le parcours différencié en fin d'année permet des stages de professionnalisation ou des ateliers de préparation à la vie étudiante.
- La formation d'initiatives locales (FIL) rapproche les enseignants des différents niveaux pour harmoniser les attentes.
8. Inclusion des élèves en situation de handicap :
- La mobilité est un enjeu crucial, nécessitant des outils spécifiques (applications d'aide au déplacement).
- L'ambition pour ces élèves doit être élevée (faible taux en lycée général et technologique). Il existe un "plafond de verre" à faire sauter.
- Les universités et grandes écoles développent une forte dynamique inclusive (référents handicap, aménagements). La convention "A tout pour tous" à Toulouse et les initiatives pour les étudiants avec TSA sont des exemples.
- Des plateformes d'accompagnement à l'inclusion professionnelle sont mises en place.
- La connaissance des dispositifs par les enseignants est fondamentale. L'action "Enseignement supérieur et handicap, c'est possible" vise à informer.
9. Formation des enseignants et partenaires :
- Les psychologues de l'Éducation nationale et les CIO ont un rôle central.
- Il est important d'associer les médecins de l'Éducation nationale pour anticiper les contre-indications dans certaines filières professionnelles.
- La région (information, orientation mobile), l'ONISEP (compétences à s'orienter, plateforme "Avenir"), les professeurs principaux et les DDFPT (en lycée professionnel) sont des partenaires clés.
- Le travail en équipe et en réseau (campus des métiers et des qualifications) est essentiel.
- Il faut renforcer les partenariats entre le collège et le lycée, ainsi qu'avec l'enseignement supérieur (continuum Bac-3 / Bac+3).
- La gestion algorithmique de l'orientation peut alimenter l'autocensure, nécessitant une meilleure explicitation des stratégies et des accompagnements pour les élèves les moins favorisés.
- Le bureau des entreprises dans les lycées professionnels renforce le lien avec le monde du travail. Le réseau associatif peut apporter une expertise complémentaire.
- Il est important de lier le stage de seconde aux expériences vécues au collège.
Conclusion et perspectives (Jean-Marc Moulet) :
- Le système éducatif évolue pour faciliter et mieux accompagner les parcours, en aidant les familles les plus fragiles.
- L'objectif ne doit pas être uniquement l'insertion professionnelle, mais aussi la formation à la mobilité professionnelle et à la plasticité face aux évolutions du marché du travail.
- La question du décrochage scolaire, souvent lié à des difficultés d'orientation, pourrait faire l'objet d'une prochaine table ronde.
Ressources bibliographiques (Minute Biblie) :
Rapport de l'Inspection générale sur la découverte des métiers au collège (mai 2024).
Articles de Noémie Olympio sur l'orientation en lycée professionnel, les aspirations et le capital social et culturel.
Site de l'ONISEP et plateforme "Avenir".
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Voici un sommaire de la vidéo "Le parcours de l'élève au périscope" avec des indications temporelles approximatives basées sur la structure du transcript :
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[0:00 - 1:30] Introduction : Présentation de l'émission "Au Périscope" consacrée au parcours de l'élève, des intervenants (Jean-Marc Moulet, Philippe Montoya, Patrick Avogadro, Noémie Olympio) et du déroulement de l'émission (enjeux puis témoignages, séparés par la minute juris).
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[1:30 - 3:20] Définition et enjeux du parcours de l'élève : Jean-Marc Moulet définit le parcours de l'élève comme tout ce qu'un élève vit à l'intérieur et à l'extérieur de l'école pour se construire, réussir son orientation et son insertion professionnelle. Il distingue cela des parcours éducatifs et souligne l'importance du parcours Avenir au collège.
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[3:20 - 4:55] Différentes étapes du parcours : Évolution du parcours de l'élève de l'école primaire (soutien en classe) au collège (structures spécifiques comme les SEGPA, options) et au lycée (diversification des parcours au lycée professionnel et général/technologique).
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[4:55 - 6:40] Accompagnement et objectifs du système éducatif : Le système éducatif accompagne les élèves dès la 4ème avec des heures d'orientation et un accompagnement personnalisé. L'objectif n'est pas uniquement l'insertion professionnelle mais aussi la formation de citoyens heureux et la diversification des possibles en tenant compte de l'origine sociale et des pressions de genre. Le socle commun inclut les compétences à s'orienter.
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[6:40 - 8:15] Évolution des choix et enjeux économiques : Comparaison du nombre de filières aujourd'hui par rapport au passé, valorisation du lycée professionnel et liens avec les enjeux économiques et les métiers en tension. L'information sur l'orientation est déléguée aux régions pour tenir compte des spécificités économiques locales.
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[8:15 - 9:55] Position de la recherche sur le parcours de l'élève : Noémie Olympio présente la vision de la recherche, axée sur les périodes charnières (aménagements précoces, 3ème et seconde) et la spécificité française d'un tronc commun jusqu'à 15 ans. Elle souligne les limites de cette uniformité et le déterminisme scolaire et social des trajectoires.
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[9:55 - 13:05] Le panel de la DEP et les inégalités : Présentation du panel d'élèves de la DEP et des variables intéressantes : capital informationnel des familles, niveau d'aspiration et maintien des aspirations. Le phénomène de "refroidissement des aspirations" est mis en évidence, non toujours lié à la performance scolaire. Inégalités liées à la représentation de l'utilité des diplômes.
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[13:05 - 14:20] Question sur l'évolution du tronc commun et le capital informationnel : Discussion sur un éventuel recul de l'âge du tronc commun et explication de la constitution du capital informationnel des familles (catégorie socio-professionnelle, rapport à la mobilité, stratégies éducatives).
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[14:20 - 21:00] Minute Juris (Raphaël Mata duvignot) : Présentation des dispositifs administratifs qui ponctuent juridiquement le parcours de l'élève : socle commun de connaissances, compétences et de culture (article L 111-1), redoublement (article L 31-7, D 321-6, D 331-62), orientation scolaire (article D 331-2, L331-7, D331-31, D331-34), et classes et groupes spécifiques (article D 332-5, D 332-7, L12-1). Conclusion sur l'importance de l'adaptation du système.
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[21:00 - 25:05] Table ronde - Expériences de terrain et inégalités territoriales : Patrick Avogadro évoque l'impact du territoire sur le parcours dès le primaire et les synergies avec les collectivités. Philippe Montoya souligne le rôle des projets éducatifs de territoire, des cordées de la réussite et des internats d'excellence pour lutter contre les inégalités et favoriser la mobilité. Exemple de l'action "écolier citoyen" à Toulouse.
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[25:05 - 27:15] Forces nationales et mobilité : Jean-Marc Moulet présente les campus des métiers d'excellence (CMQ) comme un levier pour la mobilité et le lien avec l'économie locale, produisant des ressources pour les collèges.
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[27:15 - 30:25] Enjeux liés au territoire (suite) et gommer les discriminations : Noémie Olympio développe les enjeux liés aux inégalités sociales et spatiales, le rôle du niveau de diplôme des parents sur la mobilité et les dispositifs comme les internats d'excellence et les cordées de la réussite. Elle met en garde contre la notion d'élève méritant et la rhétorique néolibérale. Jean-Marc Moulet aborde l'importance d'une découverte précoce des métiers dès la 5ème et cite des exemples d'actions menées dans les collèges pour élargir l'éventail des possibles et favoriser la mobilité.
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[30:25 - 34:00] Découverte des métiers dans les établissements professionnels : Patrick Avogadro décrit les actions mises en place dans son lycée professionnel pour élargir les perspectives des élèves : découverte des métiers des parents, immersions en entreprise, mini-stages, stage de 3ème et stage de seconde. Objectif de passer de 15 à 45 métiers connus.
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[34:00 - 37:00] Inclusion des élèves en situation de handicap et poursuite d'études : Philippe Montoya aborde les difficultés spécifiques de mobilité pour les élèves en situation de handicap et les initiatives pour favoriser leur autonomie. Il souligne le faible taux de poursuite d'études dans le supérieur et les actions menées au niveau de l'académie de Toulouse pour l'inclusion dans l'enseignement supérieur et professionnel.
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[37:00 - 42:00] Découverte des métiers (suite) et formation des acteurs : Patrick Avogadro évoque le "soutien au parcours" et le parcours différencié en lycée professionnel, ainsi que les rencontres avec des professionnels et d'anciens élèves. Jean-Marc Moulet insiste sur l'impact déterminant de la rencontre avec des professionnels et cite une étude sur l'orientation des filles vers les sciences. Exemples d'actions locales. Noémie Olympio met en garde contre le paternalisme et le "refroidissement des aspirations" et souligne l'importance de données fiables (CREDOC).
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[42:00 - 47:05] Partenaires pour l'accompagnement et formation des enseignants : Philippe Montoya présente les partenaires internes (psychologues EN, CIO, IEN) et externes (médecins EN, région, ONISEP). Il insiste sur la co-éducation avec les familles. Patrick Avogadro cite les professeurs principaux et les DDFPT. Jean-Marc Moulet évoque les compétences à s'orienter de l'ONISEP et la plateforme "Avenir", ainsi que les bureaux des entreprises et les associations. Noémie Olympio souligne l'importance du travail en équipe et en réseau (CMQ), la collaboration collège-lycée et lycée pro-enseignement supérieur, et l'impact de la gestion algorithmique sur l'autocensure.
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[47:05 - 51:00] Conclusion et perspectives : Jean-Marc Moulet résume les points clés, soulignant la tendance à faciliter et accompagner les parcours, l'importance de ne pas se limiter à l'insertion professionnelle, la nécessité de développer la plasticité et l'enjeu du décrochage scolaire.
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[51:00 - 54:00] Minute Biblie (Sylven Paul) : Présentation de ressources bibliographiques : rapports de l'Inspection générale (notamment sur la découverte des métiers au collège par Jean-Marc Moulet), articles de Noémie Olympio, et le site de l'ONISEP avec la plateforme "Avenir".
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[54:00 - Fin] Conclusion de l'émission et remerciements.
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Briefing Doc : Prévention et gestion des conflits au périscope
Source : Excerpts de l'émission "Prévenir et gérer les conflits au périscope" (Transcription textuelle)
Date de diffusion (implicite) : Avant février 2025
Thématique principale : La prévention et la gestion des conflits dans divers environnements, notamment l'éducation nationale et le secteur de la santé.
Participants :
- Animation : (Nom non mentionné explicitement, mais présente le studio Joseph et l'émission "Au Périscope")
- Leticia Chardavoine : Chef d'établissement au lycée général et technologique Joseph des Fontaines à Melle (79).
- Michel Keré : Inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche.
- Stéphane Maré : Directeur de la communication et du mécénat du CHU de Poitiers et médiateur diplômé.
- Jean Pralon : Enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines à l'École de Management de Normandie (en distanciel).
- Raphaël Mata du Vigot : (Présentateur de la "minute juris").
- Sylvain Paul : (Propose le "point ressources" ou "minute biblie").
Structure de l'émission :
- Introduction et enjeux : Présentation des invités et introduction de la thématique par Michel Keré et Jean Pralon.
- Minute Juris : Présentation des aspects juridiques de la gestion des conflits, notamment les modes alternatifs de règlement des différends (MARD) dans l'administration.
- Débat : Discussion entre les quatre invités sur la prévention et la gestion des conflits, avec des exemples concrets et des perspectives variées.
- Point Ressources (Minute Biblie) : Présentation de ressources documentaires et d'ouvrages pertinents sur la thématique.
I. Enjeux de la prévention et de la gestion des conflits (Introduction)
- Universalité du conflit : Michel Keré souligne que le conflit est une caractéristique universelle de l'activité humaine, présente même dans les sociétés animales (violence ou évitement). Cependant, dans les sociétés humaines civilisées, le conflit est organisé par des règles (lois, acceptation des comportements).
- "Cette question, cette thématique est effectivement universelle, elle existe depuis toujours, euh c'est le propre de l'activité humaine, le conflit n'ayons pas peur de le dire parce que si on fait un peu j'allais même dire si on fait de l'anthropologie de bazar on pourrait dire que le conflit c'est y compris le propre des sociétés animales où le conflit se réglait de deux manières hein soit par la violence le combat ou par l'évitement on allait dans une autre tribu quand on était euh animal le cas échéant ou entre espèces animalière d'ailleurs aussi."
- Le conflit comme interaction humaine : La parole et l'échange distinguent les conflits humains, offrant des outils d'argumentation et de résolution.
- "La différence avec les sociétés animales d'ailleurs c'est nous avons la parole et nous avons du coup l'argumentation et l'échange et la parole et l'échanges sont le propre de l'interaction de l'activité humaine et donc de caractère universel du conflit par définition."
- Organisation et canalisation du conflit dans la société : Les règles collectives (lois) lissent et diminuent le conflit. Des institutions comme l'entreprise, l'association, l'éducation nationale et l'hôpital sont des "creusets de sociétés" où les conflits se manifestent. L'éducation nationale a un rôle particulier dans la formation aux valeurs qui font société et canalisent les conflits.
- "Dans l'état de société que nous formons le conflit est organisé c'est-à-dire que il y a des règles comme point de repère, il y a une acceptation des comportements de l'autre dans une certaine mesure et qui l'interaction individuelle est régie finalement par des règles collectives qui lissent qui diminuent nécessairement le conflit qu'il s'agisse de la loi..."
- Définition du conflit : Nécessite un émetteur, un récepteur, une interaction (verbale, écrite) et une argumentation non partagée, menant à des frictions et potentiellement à une gradation (échanges d'opinion, tensions interpersonnelles/professionnelles, conflits explicites, crise).
- Déterminants du conflit : Manque d'écoute, argumentations excessives, enjeux de négociation.
- Dualité du conflit : Peut être salutaire et positif (source d'innovation et de convergence de vues) mais aussi négatif et destructeur (rupture de communication, situations frictionnelles structurelles).
- Perspective du management (Jean Pralon) :Les conflits basés sur les goûts personnels sont moins importants. Dans les organisations, les conflits prennent des formes institutionnelles liées à la distribution du pouvoir.
- "Si le conflit porte sur des goûts des préférences des intérêts personnels c'est pas très grave au fond... en revanche ce qui serait important c'est de considérer que dans les les organisations dans une institution le conflit prend des formes un peu différentes et que pour ça il faut essayer de de décoder les choses d'une façon un peu plus institutionnelle."
- Les organisations distribuent du pouvoir, et les conflits sont souvent l'expression d'un conflit de pouvoir entre ceux qui tentent de l'exercer et ceux qui n'ont pas envie de le subir.
- Il faut se méfier de l'interprétation qui voit toute résistance ou opposition comme une résistance au changement basée sur des intérêts personnels, car elle peut ignorer les questions de légitimité des contraintes imposées.
- "Très souvent la question du conflit il faut la penser dans un contexte qui va être avant tout un contexte de distribution du pouvoir... c'est l'expression d'un conflit de pouvoir entre des gens sur lesquels on essaie d'exercer du pouvoir et qui n'ont pas envie qu'on les qu'on les manipule et qu'on les maltraite..."
- Le conflit peut également être lié à des conflits de statut (ex: chef d'établissement exprimant son rôle).
II. Gestion des conflits : Aspects juridiques (Minute Juris)
- Évolution de la gestion des conflits : Du duel judiciaire à un règlement plus procédural et respectueux du droit.
- Définition juridique du conflit : Une décision administrative contestée par son destinataire.
- Modes Alternatifs de Règlement des Différends (MARD) : Existent en dehors du recours au juge, permettant un règlement plus rapide, souple, accessible et personnalisé.
- Types de MARD :Recours administratif (gracieux ou hiérarchique) : Mode classique régi par le Code de justice administrative.
- Arbitrage : Un tiers tranche la contestation.
- Conciliation : Un tiers rapproche les parties et fait des propositions.
- Médiation : Un tiers restaure la communication pour que les parties trouvent elles-mêmes une solution. L'accord peut prendre la forme d'une transaction (concessions réciproques) et parfois nécessiter une homologation judiciaire.
- Encouragement des MARD par les pouvoirs publics : Raisons sociales (règlement pacifique, redonner le pouvoir aux citoyens) et économiques (désengorger les juridictions).
- Focus sur la médiation administrative :Médiateur de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur (depuis 1999) : Nommé par arrêté ministériel.
- Médiateurs académiques : Institués dans chaque ressort académique, coordonnés par le médiateur national.
- Compétences : Le médiateur national traite les réclamations relatives aux services centraux et aux établissements non rattachés à un recteur ; les médiateurs académiques sont compétents pour les services et établissements de leur circonscription.
- Statut : Organe intégré au ministère, mais agissant de manière impartiale et neutre (adhère à la charte du club des médiateurs du service public).
- Mission : Médiation et traitement extrajudiciaire des réclamations (questions financières, affectation, carrière, statut, recrutement, retraite, protection sociale pour les personnels ; inscription, orientation, vie scolaire/universitaire, examens, questions sociales, inclusion pour les usagers).
- Procédure de saisine : La réclamation doit être précédée de démarches auprès de l'établissement concerné.
- Pouvoirs d'investigation du médiateur : Peut faire appel aux services du ministère et aux inspections générales.
- Issues de l'intervention du médiateur : Refus d'appuyer la réclamation ou appui avec recommandations (non contraignantes) à l'établissement ou au service concerné.
- Articulation avec le Défenseur des droits : La saisine du Défenseur des droits met fin à la procédure devant le médiateur de l'Éducation si la réclamation entre dans sa compétence.
- Médiation préalable obligatoire (MPO) : Expérimentée puis pérennisée par la loi pour la confiance dans l'institution judiciaire.
- Principes fixés par le Code de justice administrative : Articles R213-10 et suivants.
- Déclenchement : Engagée auprès du médiateur compétent dans les délais du recours contentieux (2 mois suivant la notification de la décision contestée, qui doit mentionner l'obligation de saisir le médiateur et ses coordonnées).
- Effets de la saisine : Interruption du délai de recours contentieux et suspension des délais de prescription.
- Champ d'application : Recours formés par les agents publics à l'encontre de certaines décisions administratives individuelles défavorables (éléments de rémunération, refus de détachement/disponibilité/congé parental, réemploi d'un contractuel, refus de promotion interne/accès à la formation).
- Développement de l'éducation aux MARD : Nécessaire pour leur progression, inscrit dans l'objectif de l'article L11-1 du Code de l'éducation.
- Dispositifs existants : Enseignement moral et civique, médiation par les pairs dans certains établissements.
- Limites : La généralisation des MARD est encore un chemin long.
III. Débat : Prévention et gestion des conflits (Points clés)
- Prévention des conflits (Leticia Chardavoine) :Poser un cadre de confiance et de respect : Cadre de communication entre tous les personnels, respect de la diversité, reconnaissance de l'humain avant le professionnel, prise en compte des parcours et expériences différents.
- "Pour moi le ça passe par euh le fait de poser un cadre euh de confiance et de respect c'est-à-dire un cadre de communication entre les personnels entre la direction et les personnels les personnels la direction et entre l'ensemble des personnels qui soit vraiment euh respectueux de la diversité des personnes qui constituent ses personnels."
- Modélisation par le chef d'établissement : Être soi-même respectueux et garder son calme pour être légitime à exiger cela des autres.
- "Ce cadre je vais moi-même m'astreindre à le respecter c'est-à-dire qu'à partir du moment où j'explique à mes personnels que on peut tous dire mais qu'il y a la manière de le dire ça sous-entend que que moi à aucun moment je ne peux me permettre de perdre mon calme envers un personnel..."
- Développement des "soft skills" : Écoute active, empathie, assertivité, communication claire et précise (orale et écrite), formulations respectueuses, donner du sens aux demandes.
- "Le deuxième point il est très en lien avec ce qu'on appelle les soft skill c'est-à-dire les les compétences douces avec la notion d'écoute active d'empathie d'assertivité tout ce qui tourne autour de de la communication..."
- Cohérence entre le dire et le faire : Expliciter les actions et les décisions, respecter les engagements pour éviter l'incertitude et le terrain propice aux conflits.
- "L'expression dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit c'est-à-dire que les personnels aujourd'hui ne fonctionnent plus à l'aveugle... on veut savoir pourquoi on fonctionne dans quel but et quand une décision est prise euh savoir qu'elle est prise et savoir pourquoi elle est prise et dans quel objectif à quelle durée..."
- Attention au poids du non-verbal : Être conscient de sa communication non verbale et de celle des autres, veiller à la cohérence avec le verbal dans une attitude de respect.
- "Je leur rappelle que dans une communication euh orale il n'y a que 30 % de la communication qui va être verbal et 70 % qui va être non verbal..."
- Valorisation des instances : Les instances (conseil d'administration, etc.) sont des lieux de prévention en permettant l'expression des divergences d'opinion et en régulant les conflits potentiels. Le conflit d'idées est vu comme fondamental pour l'évolution.
- "Les instances pour moi c'est le lieu euh de prévention des conflits dans le sens où très souvent les conflits ils apparaissent parce qu'ils ne sont pas exprimés..."
- Être attentif aux signaux faibles : Écouter les remarques, les tensions, les incompréhensions pour réagir rapidement avant l'escalade.
- "Le dernier point je dirais sur la prévention du conflit c'est d'être très attentif aux signaux faibles..."
- Analogie entre le secteur de la santé et l'éducation (Stéphane Maré) : Les deux environnements impliquent la prise en charge d'humains par des humains, créant des contextes où les conflits peuvent survenir. La médiation est un outil développé plus récemment dans la santé pour la prévention et la gestion des conflits entre agents.
- Importance du contexte (Michel Keré) : Les solutions standardisées pour gérer les conflits sont limitées. Il faut tenir compte du contexte spatial et temporel. L'écoute empathique et le respect partagé sont fondamentaux. L'exemplarité et la conviction du responsable sont essentielles.
- "Je suis un peu frappé par la multiplicité des solutions standardisées qu'on vous propose les 60 recettes pour gérer les conflits les 30 conseils pour et cetera et et moi je je suis pas là c'est-à-dire que je trouve que la manière dont Madame Chardavoine l'a amené est tout à fait juste c'est-à-dire que le le conflit qu'on essaie de le prévenir ou de le gérer il est contextualisé à la fois dans l'espace et dans le temps..."
- La capacité à convaincre est une garantie de la prévention et de la gestion des conflits. L'argument d'autorité est un dernier recours moins efficace que le pouvoir de conviction.
- Gestion des conflits par la médiation (Stéphane Maré) :La médiation est un outil structuré proposé au personnel (parmi d'autres MARD comme la conciliation).
- Vertus de la médiation : Permettre aux personnes en difficulté de communication de se retrouver, de s'exprimer, de s'écouter et de se comprendre ; permettre aux intéressés de trouver eux-mêmes des solutions durables à leurs conflits.
- Rôle du médiateur : Neutre, impartial, indépendant, accompagnateur (pas un arbitre).
- Processus de médiation : Entretiens individuels préalables (expliquer le processus, s'assurer de l'engagement volontaire), séances plénières (réunion des acteurs, durée de 2-3 heures, plusieurs séances possibles). Durée moyenne d'une médiation : 3 mois.
- Confidentialité : Garantie de sécurité pour l'expression des participants.
- Médiation de projet : Application du processus de médiation pour accompagner des équipes dans la conduite de projets, anticiper les réticences au changement et faciliter la communication.
- Nombre de participants : Peut concerner deux personnes ou des groupes importants (jusqu'à 40 avec plusieurs médiateurs).
- Taux de réussite : Environ 70% (évalué par la concrétisation d'un accord écrit). Le simple fait de reprendre le dialogue peut être considéré comme un succès.
- Gestion des conflits par le chef d'établissement (Leticia Chardavoine) :Objectif : Revenir à une situation sans conflit et sans perdant (éviter la rancœur et la reprise du conflit).
- Différer la gestion : Laisser le temps pour que les émotions s'apaisent.
- Recueillir le ressenti individuel : Permettre à chaque partie d'exprimer son point de vue et ses émotions.
- Entretiens individuels et réunions spécifiques : Organiser des moments pour la verbalisation des ressentis et des opinions divergentes.
- Accompagnement à la formulation : Aider à trouver des expressions respectueuses, distinguer les faits des ressentis, identifier les problèmes de communication et les mauvaises interprétations.
- Laisser la solution émerger des parties : Le chef d'établissement n'est pas un juge, mais un facilitateur pour trouver un compromis ou des excuses.
- Retour en différé : Vérifier si la situation est complètement résolue et prendre la température pour éviter une reprise du conflit.
- Approche systémique du conflit (Stéphane Maré) : Le conflit est un système où chacun se positionne différemment. Il est important de considérer les besoins et d'aider les personnes à sortir de ce système. L'aspect émotionnel est crucial.
- Rôle des enquêtes administratives (Michel Keré) : L'Inspection Générale peut mener des enquêtes en cas de dysfonctionnement organisationnel, offrant un regard externe et une analyse de la gestion des conflits. Cela permet de libérer la parole et d'apaiser l'organisation.
- Principes de la gestion des conflits (Jean Pralon) :Distinguer l'accord sur les idées du conflit de position : On peut être d'accord avec quelqu'un mais le conflit peut venir d'une question de position (statut, intérêts personnels).
- Ne pas hésiter à ne pas négocier : Lorsque des directives institutionnelles s'imposent, la marge de négociation peut être limitée.
- Faire sens aujourd'hui : Ne plus seulement rappeler les grands principes, mais aussi faire appel à des justifications alternatives et variées qui trouvent un écho dans les intérêts personnels des individus, tout en respectant les grands principes.
- Décoder les intérêts personnels et les positions : La lecture du conflit doit se faire au niveau où il se pose (rarement des conflits de personne, souvent des conflits de statut et de position).
- L'assertivité : Règle de comportement impliquant de ne ni agresser, ni se soumettre, ni manipuler dans sa communication. Assumer son rôle et son statut, expliquer les choses en tenant compte des légitimités institutionnelles et des besoins des personnels.
- Formation à l'assertivité : Possible pour améliorer sa communication.
- Importance de la culture professionnelle (Michel Keré) : L'adhésion, la volonté d'avancer sur des projets partagés, la conviction de l'utilité de son action dans le service public (éducation et santé) facilitent la gestion et la prévention des conflits. Le partage de valeurs et de convictions est une force.
IV. Point Ressources (Minute Biblie)
- Ressources institutionnelles :Site education.gouv.fr : Informations sur le médiateur de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur, carte des médiateurs académiques.
- Actes du colloque des 20 ans de la médiation de l'éducation nationale (2018) : "La médiation pour une société de la confiance".
- Rapports annuels de la médiation de l'éducation nationale :
- 2019 : "Prendre soin, une autre voie pour prévenir les conflits".
- 2023 : "Faire alliance, redonner confiance".
- Ouvrages suggérés :"Les modes alternatifs de règlement des conflits" (3e édition, 2019) de Loïc Cadiet et Thomas Clay (Dalloz).
- "La médiation" (Nouvelle édition, 2015) de Jacques Faget (Érès).
- "La médiation pour tous en France : Comment gérer relations et conflits" (2022) (L'Harmattan).
- Définition du mot "conflit" dans "Les 100 mots de la sociologie" (2022) de Sandrine Rui.
- "Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs : Initiation à la communication non violente" (2016) de Marshall B. Rosenberg (La Découverte).
- "Chevaucher son tigre ou comment résoudre des problèmes compliqués avec des solutions simples" (2008) de Giorgio Nardone (Seuil).
Conclusion (implicite) :
L'émission met en lumière la complexité et la diversité des approches pour prévenir et gérer les conflits.
Que ce soit par la mise en place d'un cadre relationnel basé sur le respect et la communication (dans les établissements scolaires), par l'utilisation d'outils structurés comme la médiation (dans les secteurs de la santé et de l'éducation), par une analyse managériale des enjeux de pouvoir et de statut, ou par le recours à des dispositifs juridiques alternatifs, la gestion des conflits nécessite une compréhension des dynamiques humaines et organisationnelles, ainsi qu'une adaptation des méthodes au contexte spécifique.
La valorisation du dialogue, de l'écoute, et de la recherche de solutions mutuellement acceptables apparaît comme essentielle pour construire des environnements de travail plus sereins et productifs.
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Voici un sommaire de la vidéo "Prévenir et gérer les conflits au périscope" avec une indication approximative des moments clés abordés par les intervenants :
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[Début - environ 1:00] Introduction de l'émission par l'animateur, présentation du thème de la prévention et de la gestion des conflits, et des quatre invités : Laticia Chardavoine, Michel Keré, Stéphane Maré (en présentiel) et Jean Pralon (à distance).
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[Environ 1:00 - 7:00] Introduction et enjeux de la thématique :
- Michel Keré introduit le sujet en soulignant l'universalité du conflit comme propre à l'activité humaine et aux sociétés organisées. Il aborde la définition du conflit (émetteur, récepteur, désaccord), la gradation des conflits (échanges d'opinions, tensions, conflits explicites, crises) et les déterminants (manque d'écoute, argumentations excessives, enjeu de négociation). Il met également en avant le potentiel salutaire et positif du conflit s'il est bien géré, tout en insistant sur la nécessité de maîtriser les formes négatives et destructrices.
- Jean Pralon apporte la perspective du management, expliquant que dans les organisations, le conflit est souvent lié à la distribution du pouvoir plutôt qu'à des désaccords d'opinions. Il évoque la notion de résistance au changement et la nécessité de considérer le conflit dans un contexte institutionnel de distribution du pouvoir et de statuts.
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[Environ 7:00 - 10:00] La minute juris présentée par Raphaël Mata du Vigot, qui traite de la gestion juridique des conflits, évoquant l'évolution du duel judiciaire vers des règlements plus procéduraux. Il présente les modes alternatifs extrajudictionnels de règlement des différends (recours administratifs, conciliation, arbitrage, médiation) encouragés par les pouvoirs publics. Il se concentre sur la médiation administrative dans l'éducation nationale et l'enseignement supérieur, en présentant le rôle du médiateur national et des médiateurs académiques, leur mission, les types de réclamations et la procédure de saisine. Il aborde également la médiation préalable obligatoire pour certains recours contentieux des agents publics de l'éducation nationale suite aux lois de 2016 et 2021. Il conclut sur la nécessité de développer l'éducation aux modes alternatifs de règlement des différends.
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[Environ 10:00 - 14:30] Prévention des conflits :
- Laticia Chardavoine partage sa conception de la prévention des conflits en tant que chef d'établissement. Pour elle, cela passe par poser un cadre de confiance et de respect dans la communication entre tous les personnels. Elle insiste sur l'importance de la modélisation par la direction, le développement des "soft skills" (écoute active, empathie, assertivité) et une communication claire et respectueuse. Elle souligne l'importance de "dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit", la prise en compte du poids du non-verbal, et le rôle des instances dans l'expression des divergences d'opinion. Elle insiste sur l'importance d'être attentif aux signaux faibles pour réagir rapidement aux tensions.
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[Environ 14:30 - 17:30] Analogies entre secteurs (santé et éducation) et approfondissement sur la prévention :
- Stéphane Maré établit des analogies entre le secteur de la santé et l'éducation nationale car tous deux impliquent la prise en charge d'êtres humains. Il partage l'expérience de l'hôpital où la médiation a été introduite plus tardivement comme outil de prévention après avoir géré des conflits.
- Michel Keré se reconnaît complètement dans les propos de Laticia Chardavoine et met en garde contre les solutions standardisées pour la gestion des conflits, insistant sur la contextualisation, le fait de rester soi-même dans l'écoute empathique, l'exemplarité et le respect partagé. Il souligne l'importance d'une expression maîtrisée, de la réflexion et de la capacité à convaincre pour la prévention et la gestion des conflits, tout en reconnaissant le recours possible à l'autorité en dernier ressort, privilégiant cependant le pouvoir de conviction.
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[Environ 17:30 - 23:00] Gestion des conflits : prisme de la médiation :
- Stéphane Maré explique la médiation comme un outil structuré proposé au personnel, distinct de la conciliation. Il met en avant ses deux vertus : permettre la reprise de communication et aider les personnes à trouver elles-mêmes des solutions. Il précise le rôle du médiateur (neutre, impartial, indépendant, accompagnateur et non arbitre) et la valeur ajoutée des solutions durables trouvées par les parties elles-mêmes. Il insiste sur l'importance du cadre sécurisant, de la confiance et de la confidentialité dans le processus de médiation. Il décrit l'application de la médiation dans l'accompagnement de projets et le déroulement typique d'une médiation (entretiens individuels, séances plénières, durée moyenne, taux de réussite). Il nuance la notion de "taux de réussite", expliquant que la prise de conscience et la reprise de dialogue peuvent être des succès en soi.
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[Environ 20:30 - 23:00] Gestion des conflits : prisme du chef d'établissement :
- Laticia Chardavoine partage sa vision de la gestion des conflits, visant une situation sans conflit et sans perdant. Elle distingue les situations de conflit des cas de harcèlement ou de violence. Ses méthodes incluent des entretiens individuels différés pour laisser passer l'émotion et recueillir le ressenti de chacun. Elle privilégie ensuite des rencontres (individuelles ou en instance) pour permettre la verbalisation des ressentis opposés, accompagner à la formulation respectueuse, distinguer le factuel du ressenti et favoriser la recherche de solutions par les parties elles-mêmes. Elle évoque l'importance d'un retour en différé pour s'assurer que la situation est apaisée.
- Stéphane Maré rebondit sur l'importance de l'aspect émotionnel, du besoin et de l'approche systémique dans la gestion des conflits.
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[Environ 23:30 - 25:00] Gestion des conflits : perspective de l'Inspection Générale :
- Michel Keré présente les enquêtes administratives menées par l'Inspection Générale comme un outil externe d'analyse et de gestion des dysfonctionnements et conflits au sein de l'éducation nationale. Il souligne la richesse de cette approche qui permet une écoute large et un regard à 360 degrés, favorisant la libération de la parole et l'apaisement des organisations.
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[Environ 25:00 - 27:30] Gestion des conflits : prisme de la recherche en management :
- Jean Pralon aborde les principes de la gestion des conflits, insistant sur la distinction entre désaccord d'idées et conflit de position (statut et intérêts personnels). Il souligne la complexité de "faire sens" aujourd'hui et la nécessité de justifications variées, tout en considérant les intérêts personnels. Il présente le principe d'assertivité comme une règle de comportement (ni agresser, ni se soumettre, ni manipuler) pour une communication efficace et respectueuse des statuts. Il suggère qu'il est possible de se former à l'assertivité.
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[Environ 27:30 - 28:30] Conclusion partielle et transition vers les ressources :
- Michel Keré complète en rappelant la contextualisation des conflits et souligne la culture professionnelle du service public (adhésion, volonté de projets partagés, conviction de l'utilité de l'action) comme un facteur facilitant la prévention et la gestion des conflits dans l'éducation et la santé. Il y voit une force et un honneur du service public.
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[Environ 28:30 - 30:30] Point ressources : la minute biblie présentée par Sylvine Paul, qui propose une sélection de ressources sur la médiation et la gestion des conflits. Elle présente le rôle du médiateur de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur, des actes de colloque, des rapports annuels, et des ouvrages de référence sur les modes alternatifs de règlement des conflits, la médiation, la définition du conflit en sociologie, la communication non violente et la résolution de problèmes complexes.
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[Environ 30:30 - Fin] Remerciements et conclusion de l'émission par l'animateur, remerciant les quatre intervenants et annonçant le prochain numéro.
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Briefing Document : Analyse des enjeux et perspectives de l'école inclusive en France
Ce document de briefing synthétise les principaux thèmes, idées et faits saillants issus de l'émission "L'école inclusive au périscope".
L'émission a exploré l'évolution, les enjeux, les défis et les perspectives de l'école inclusive en France, en s'appuyant sur l'expertise d'acteurs clés du secteur.
Thèmes Principaux et Idées Clés :
1. Évolution Historique de l'École Inclusive en France : Un Long Cheminement
- L'idée d'une école inclusive est le fruit d'une longue évolution historique en France.
- Début du 20ème siècle : Création de classes spécialisées, perçue rétrospectivement comme une forme d'exclusion des enfants handicapés ("une école de la séparation").
- 1975 : Étape de l'intégration des enfants en situation de handicap dans le milieu ordinaire avec une loi importante. Cependant, cette loi n'a qu'un impact limité initialement.
- 2005 : Loi marquant un tournant fondamental. Deux changements majeurs sont introduits :
- La notion de handicap évolue : elle n'est plus uniquement liée à la personne mais aussi au contexte.
- La gestion de l'accompagnement est confiée à la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), auparavant relevant uniquement de l'Éducation Nationale.
- Ces évolutions ont fait émerger trois droits fondamentaux :
- Le droit de vivre parmi les autres.
- Le droit de participer sans exclusion à la vie collective.
- Le droit de décider de sa vie et de choisir son projet de vie.
- Confirmations législatives :2013 (Loi de refondation pour l'école) : Inscrit la notion d'école inclusive dans le code de l'éducation et établit la nécessité de la réaliser (obligation de résultat).
- 2019 (Loi pour une école de la confiance) : Réaffirme le principe de l'école inclusive, précise de nombreux points, notamment :
- Le droit à une scolarité pour tous les enfants.
- L'institution des Pôles Inclusifs d'Accompagnement Localisés (PIAL) pour un accompagnement au plus près des enfants.
- La favorisation de la coopération avec le médico-social.
- La création d'un service départemental de l'école inclusive.
2. L'École Inclusive dans un Cadre International : Un Mouvement Global
- Le mouvement inclusif n'est pas spécifique à la France et s'inscrit dans un cadre international depuis une trentaine d'années.
- 1994 : Déclaration de Salamanque. La France, avec de nombreux autres pays, réfléchit à la question des besoins éducatifs spéciaux et émerge l'idée de construire une "école pour tous", allant au-delà de la seule question du handicap pour inclure tous les enfants à risque d'exclusion.
- Début des années 2000 : UNESCO. Publication de principes directeurs en faveur de l'inclusion, insistant sur l'idée de processus et s'adressant à tous les élèves, pas seulement ceux en situation de handicap.
- 2010 : Convention relative aux droits des personnes handicapées (ratifiée par la France). Pose le principe d'accessibilité (pas seulement physique mais aussi aux services et systèmes de communication), engageant la France à rendre son école accessible. Cette convention a une valeur juridique supérieure aux lois nationales.
3. Bilan et Points de Blocage Depuis 2005 : Entre Avancées et Défis Persistants
- Évolutions Positives :Augmentation significative du nombre d'enfants en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire (environ 500 000, dont près de 90% en classes ordinaires).
- Amélioration de l'accueil avec des structures médico-sociales et des classes spécialisées plus ouvertes (passage de l'intégration à l'inclusion).
- Développement de l'accompagnement humain, qui a permis l'accueil de nombreux enfants.
- Points de Blocage et Défis :Accompagnement Humain : Développement exponentiel parfois peu maîtrisé (statuts, salaires, conditions de travail).
- Déséquilibre Accessibilité/Compensation : La France a peut-être trop mis l'accent sur la compensation (accompagnement humain) au détriment de l'accessibilité de l'environnement scolaire.
- Relation Médico-Social/École : Questionnement et retard de la France selon l'ONU quant au rapprochement entre ces deux secteurs.
- Relation MDPH/Éducation Nationale : Nécessité d'amélioration et fortes disparités territoriales en termes de délais et d'accueil.
4. Engagements Internationaux et Réalités Nationales : Un Décalage Persistant
- Bien qu'il y ait des évolutions quantitatives (nombre d'élèves scolarisés, modalités), la France peine à répondre pleinement à ses engagements internationaux, notamment en matière d'accessibilité et de réduction des exclusions.
- Rapport de l'ONU (2017) : Pointe la nécessité pour la France de passer d'une approche individuelle compensatrice à une approche collective de mise en accessibilité du système éducatif et enjoint la fermeture des établissements spécialisés.
- D'autres rapports d'inspections générales vont dans le même sens.
- La construction de l'école inclusive est un "processus transformatif" visant à faire évoluer le système pour accueillir a priori tous les élèves et leur permettre de prendre leur place.
5. La Minute Juris : Cadre Législatif et Évolutions du Droit
- Principe d'inclusion scolaire (devenu scolarisation inclusive) : L'école doit s'adapter à l'élève, et non l'inverse. Ce droit à l'éducation a une valeur constitutionnelle et est exigible de la collectivité.
- Obligation de l'État : Assurer une formation scolaire aux enfants présentant un handicap, avec les moyens financiers et humains nécessaires à la scolarisation en milieu ordinaire. Jusqu'en 1975, l'obligation scolaire n'était pas effective pour ces enfants.
- Responsabilité de l'État : La justice administrative reconnaît l'obligation légale de l'État d'offrir une prise en charge éducative au moins équivalente à celle du milieu ordinaire, adaptée aux besoins spécifiques. Le défaut de scolarisation d'un enfant handicapé engage la responsabilité de l'État.
- Scolarisation en établissement de référence : Principe de proximité, l'orientation en établissement spécialisé ne se fait qu'en cas de besoin et avec l'accord des parents.
- Collaboration Médico-Sociale : Institutionnalisée par décret, avec des conventions précisant les modalités d'intervention.
- Droit Créance des AESH : Reconnu par le Conseil d'État, la privation de scolarisation adaptée constituant une atteinte grave à une liberté fondamentale.
- Questions de Genre (Élèves Trans) : Formalisation progressive du droit à l'éducation, axée sur :
- Protection contre le harcèlement : Inclus dans les dispositifs généraux de lutte contre le harcèlement scolaire (lois de 2013 et 2022). Le harcèlement moral est reconnu comme atteinte à une liberté fondamentale.
- Reconnaissance du droit : Respect du prénom d'usage choisi par l'élève (avec accord parental pour les mineurs) dans les documents internes. Aménagements pratiques possibles concernant les espaces d'intimité (simple possibilité, pas obligation de résultat).
- Si la consécration juridique de l'inclusion ne fait aucun doute, sa pleine effectivité demeure un idéal.
6. Témoignages de Terrain : Mise en Œuvre et Défis Concrets (Académie de Nantes)
- Pilotage : Intégration de l'école inclusive dans le projet d'établissement, coordination des moyens, sensibilisation dès la rentrée, utilisation d'outils de communication (Pronote), adaptation aux dispositifs (PIAL), évaluations régulières. Rôle central du chef d'établissement.
- Collaboration/Coopération/Coordination : Travail avec le médico-social (CESSAD), les familles (rendez-vous, entretiens), intégration des AESH à l'équipe éducative (participation aux ESS, conseils de classe, réunions). Rapprochement Rectorat/ARS au niveau académique (stratégies communes, unités d'enseignement externalisées, équipes mobiles d'appui à la scolarisation). Nécessité d'apprendre à travailler en intermétiers.
- Maillage Territorial et Dispositifs d'Accompagnement : Complexité des niveaux d'intervention et diversité des territoires. Enjeu de rendre l'environnement accessible pour limiter le recours à la compensation. Expérimentation des pôles d'appui à la scolarité. Importance de la coopération avec les familles et de la lisibilité des dispositifs. Intégration des PIAL dans les établissements. Travail en réseau avec différents services.
- Formation et Sensibilisation : Nombreuses formations déployées (AESH, enseignants, cadres). Nécessité de mieux former pour répondre à la diversité des besoins. Accent sur l'accessibilité plutôt que sur la connaissance exhaustive des troubles. Importance de la formation initiale et continue, ainsi que de la sensibilisation des personnels de service.
7. Conclusion et Perspectives
- Points Positifs : Engagement des personnels, augmentation du nombre d'enfants accueillis, engagement localisé.
- Défis Majeurs : Augmentation continue du nombre d'enfants en situation de handicap à accueillir, nécessité d'améliorer la communication avec les familles (parcours perçu comme un "parcours du combattant").
- Enjeux d'Accessibilité : Passer d'une logique de compensation individuelle à une logique d'accessibilité collective de l'environnement scolaire et pédagogique. Les mesures compensatoires peuvent parfois être sources d'obstacles supplémentaires.
- Transformation Nécessaire : L'école inclusive nécessite une transformation réelle de l'école, impliquant une réflexion à tous les niveaux du système éducatif (politiques publiques, pilotage, établissement, pratiques pédagogiques) et une action conjointe des différents acteurs. Reconnaissance des "petits pas" quotidiens.
- Ce briefing met en lumière la complexité et la richesse des débats autour de l'école inclusive en France, soulignant à la fois les progrès accomplis et les défis importants qui restent à relever pour garantir une éducation de qualité et véritablement inclusive pour tous les élèves.
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Voici un sommaire de la vidéo "L'école inclusive au périscope" avec des estimations de timestamps basées sur le déroulement de l'émission :
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[0:00 - 1:15] Introduction de l'émission et des intervenants
- Présentation de l'émission "Au Périscope" consacrée à l'école inclusive.
- Introduction des quatre intervenants : Yannick Ten (Inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche), Virginie Legal (Principale adjointe au collège Trémolière à Cholet), Stéphane Bertrou (Conseiller technique école inclusive pour la rectrice de l'académie de Nantes), et Frédéric Dupré (Maître de conférence à l'INSEI).
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[1:15 - 2:00] Introduction à la thématique de l'école inclusive
- Annonce d'une première partie consacrée aux enjeux et d'une seconde partie aux témoignages de terrain.
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[2:00 - 4:25] Retour historique sur la thématique de l'école inclusive (Yannick Ten)
- Début des années 1900 : Création de classes spécialisées perçue comme de l'exclusion.
- 1975 : Étape de l'intégration des enfants en situation de handicap en milieu ordinaire (loi de 75).
- 2005 : Loi posant véritablement les principes d'une école inclusive, avec deux changements majeurs : la notion de handicap liée au contexte et la gestion confiée à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).
- Émergence de trois droits : vivre parmi les autres, participer sans exclusion, et décider de sa vie.
- 2013 (Loi de refondation pour l'école) et 2019 (Loi pour une école de la confiance) : Confirmation et précision du principe de l'école inclusive, obligation de résultat, institution des pôles inclusifs d'accompagnement localisés, coopération avec le médico-social, et création du service départemental de l'école inclusive.
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[4:25 - 6:50] Vision internationale de l'école inclusive (Frédéric Dupré)
- Mouvement inclusif global depuis une trentaine d'années.
- 1994 : Déclaration de Salamanque sur les besoins éducatifs spéciaux et l'idée d'une école pour tous.
- Début des années 2000 : Principes directeurs de l'UNESCO en faveur de l'inclusion.
- 2010 : Ratification par la France de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, principe d'accessibilité (non uniquement physique) et valeur juridique supérieure aux lois nationales.
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[6:50 - 10:00] Évolutions depuis 2005 et points de blocage (Yannick Ten & Frédéric Dupré)
- Évolutions positives : augmentation du nombre d'enfants en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire (environ 500 000, majoritairement à 90% en classes ordinaires), accueil amélioré avec des structures médico-sociales et des classes spécialisées plus ouvertes.
- Point de blocage : l'accompagnement humain (développement exponentiel mais parfois non maîtrisé, questions de statuts, salaires, conditions de travail).
- Déséquilibre entre accessibilité et compensation (la France n'a pas assez développé l'accessibilité).
- Relation avec le médico-social qui pose question (retard de la France selon l'ONU).
- Relation MDPH et Éducation Nationale à améliorer, avec de fortes disparités territoriales.
- Engagement international : évolutions quantitatives mais nécessité de progresser sur l'accessibilité.
- Rapports (ONU, inspections générales) pointant la nécessité de passer d'une approche compensatrice à une approche privilégiant l'accessibilité et enjoignant à fermer les établissements spécialisés.
- La construction de l'école inclusive est un processus transformatif visant à accueillir a priori tous les élèves.
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[10:00 - 11:05] La Minute Juris (Raphaël Mata duvgot)
- Loi du 8 juillet 2013 intégrant l'inclusion scolaire dans le code de l'éducation.
- Loi du 26 juillet 2019 (école de la confiance) transformant "inclusion scolaire" en "scolarisation inclusive" : ce n'est plus l'élève qui s'adapte à l'école, mais l'école qui s'adapte à l'élève.
- Droit à l'éducation à valeur constitutionnelle.
- Obligation pour l'État d'assurer l'égalité de traitement et des dispositions appropriées pour l'accès de chacun en fonction de ses besoins particuliers.
- Focus sur les élèves souffrant d'un handicap : obligation de formation scolaire, moyens financiers et humains nécessaires à la scolarisation en milieu ordinaire (loi de 2005).
- Responsabilité de l'État en cas de défaut de scolarisation adaptée.
- Collaboration avec le secteur médico-social institutionnalisée (décret de 2009).
- Droit créance à la charge de l'éducation nationale pour les AESH (ordonnance de 2010).
- Focus sur les questions de genre et le droit à l'éducation des élèves trans : protection contre le harcèlement (lois de 2013 et 2022), reconnaissance du droit (circulaire Blanquer sur le prénom d'usage), aménagements pratiques (usage des espaces d'intimité).
- La pleine effectivité de l'inclusivité demeure un idéal.
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[11:05 - 12:10] Transition vers les témoignages de terrain
- Introduction de la seconde partie avec Stéphane Bertrou et Virginie Legal.
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[12:10 - 13:10] Orientations nationales et mise en œuvre locale (Stéphane Bertrou)
- L'école inclusive comme question socialement vive, nécessitant un cadrage du supranational au national.
- Conférence nationale du handicap de 2023 (CNH 23) et ses 10 engagements, dont l'école pour tous.
- Engagement dans l'acte 2 de l'école inclusive.
- Déploiement sur le territoire de l'Académie de Nantes (cinq départements, environ 25 000 jeunes reconnus handicapés scolarisés en établissements ordinaires et 3 500 dans le médico-social).
- Quatre thématiques pour le transfert du national au territoire : pilotage, travailler avec le médico-social, maillage territorial, et formation.
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[13:10 - 14:00] Pilotage de l'école inclusive (Stéphane Bertrou & Virginie Legal)
- Au niveau académique : projet académique intégrant l'école inclusive, création des services départementaux de l'école inclusive (SDUI) et des comités départementaux de suivi de l'école inclusive (CDSI).
- Au niveau de l'établissement (Collège Trémolière) : intégration dans le projet d'établissement, rôle central du chef d'établissement, sessions de sensibilisation, utilisation de Pronote pour le partage d'informations, intégration des PIAL, évaluations régulières.
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[14:00 - 16:00] Collaboration, coopération, coordination (Stéphane Bertrou & Virginie Legal)
- Nécessité de "travailler avec" différents acteurs (médico-social, familles, PIAL).
- Rapprochement rectorat-ARS, stratégies communes (troubles neurodéveloppementaux, unités d'enseignement autisme, dispositifs d'autorégulation).
- Équipes mobiles d'appui à la scolarisation (EMAS).
- Apprendre à travailler ensemble entre enseignement et médico-social, exemples de plateaux du médico-social implantés dans des établissements scolaires.
- Dans l'établissement : collaboration avec les CESSAD et les familles, intégration des AESH à l'équipe éducative, rôle crucial du coordinateur ULIS.
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[16:00 - 17:30] Réaction de Frédéric Dupré sur les pratiques effectives et la complexité
- Constatation de la présence du vocabulaire inclusif.
- Importance de regarder les pratiques effectives et leur correspondance aux enjeux d'accessibilité.
- Évolution de la forme scolaire classique avec plusieurs professionnels travaillant ensemble.
- Complexité des dispositifs et du travail conjoint (enseignant-AESH, etc.).
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[17:30 - 18:00] Complexité des niveaux d'intervention et des dispositifs (Yannick Ten)
- Complexité des niveaux d'intervention (académie, département, établissement, écoles) et nécessité d'une compréhension partagée.
- Complexité des dispositifs (acronymes, etc.) pour les enseignants, les acteurs et les familles.
- Importance de visualiser le parcours de l'élève de la maternelle au lycée.
- Question de la mesure et de l'évaluation de l'autonomie progressive des enfants en situation de handicap.
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[18:00 - 19:45] Maillage territorial et dispositifs d'accompagnement (Stéphane Bertrou & Virginie Legal)
- Le maillage territorial en écho à la complexité et aux différents niveaux d'intervention, permettant de visualiser le parcours.
- Enjeu premier : rendre l'environnement (spatial, classe, enseignement) accessible.
- Pôle d'appui à la scolarité (expérimentation nationale) : concentration des regards pour rendre les établissements plus accessibles.
- Nécessité pour l'Éducation Nationale d'apporter les réponses de premier niveau.
- Coopération avec les familles, rendre lisible le parcours.
- Dans l'établissement : intégration des PIAL, travail en réseau avec les établissements environnants et les services éducatifs et de soins, anticipation de la mise en place des pôles d'appui.
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[19:45 - 22:40] Formation et sensibilisation des personnels (Stéphane Bertrou, Yannick Ten & Virginie Legal)
- Importance de la formation face à la diversité des élèves.
- Nombreuses formations déployées (AESH, enseignants, cadres) au niveau académique et départemental.
- Accent mis sur l'accessibilité plutôt que sur la connaissance approfondie de chaque trouble.
- Bémol de Yannick Ten : évolution positive des processus de formation mais insuffisance et écart entre intentions et réalité.
- Nécessité de renforcer la formation initiale et continue, et de former les personnels de service et d'intervention des collectivités territoriales.
- Dans l'établissement : importance accordée à la formation et à la sensibilisation de tous les personnels, sessions de sensibilisation dès la rentrée, réunions pluridisciplinaires, encouragement à la participation aux formations académiques et départementales, rôle central du chef d'établissement dans l'impulsion de cette dynamique.
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[22:40 - 23:30] Autres aspects essentiels de l'école inclusive (Stéphane Bertrou)
- Importance de la communication pour rendre l'existant lisible et mieux accueillir les familles.
- Nécessité d'anticiper pour que l'école soit suffisamment accessible et éviter les demandes de compensation à la MDPH.
- Enjeu des adaptations des pratiques pédagogiques, appui sur les ressources existantes (enseignants spécialisés), transformation réelle de l'école nécessaire.
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[23:30 - 25:45] Conclusion (Yannick Ten & Frédéric Dupré)
- Yannick Ten : engagement des personnels, augmentation du nombre d'enfants en situation de handicap accueillis (tendance à la hausse), importance de comprendre le "parcours du combattant" des familles.
- Frédéric Dupré : la loi de 2005 évalue les besoins pour proposer des mesures compensatoires et non une mise en accessibilité de l'environnement, choix du système éducatif français s'appuyant sur l'accompagnement humain et les dispositifs "inclusifs", vigilance sur le fait que les mesures compensatoires peuvent être sources d'obstacles supplémentaires, importance de réfléchir à l'accessibilité (à l'école, pédagogique, didactique) à tous les échelons du système éducatif, reconnaissance des petits pas réalisés au quotidien, nécessité d'une action conjointe pour une école pour tous.
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[25:45 - 28:30] La Minute Biblique (Sylvien Paul)
- Présentation de ressources sur l'école inclusive : site education.gouv.fr, ouvrages (Agir pour les réussites scolaires, Inclusion scolaire dispositif et pratique pédagogique, L'autisme à l'école, Éducation inclusive privilège ou droit, Gouvernance et inclusion scolaire), revue (La Nouvelle Revue éducation et société inclusive), portail Canopé (Cap école inclusive), et les anciens numéros du Périscope.
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[28:30 - Fin] Mot de la fin et annonce du prochain numéro
- Remerciements aux invités et annonce du prochain numéro du Périscope le 11 mars sur le parcours de l'élève .
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Voici un sommaire minuté des idées fortes qui ressortent du reportage sur le petit Tyron et ses parents :
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La famille au bord du craquage : Laetitia et David, les parents de Tyron, sont dépassés par le comportement de leur fils de cinq ans. Ils vivent un véritable enfer au quotidien, avec des crises fréquentes et un enfant qui semble les tyranniser. La situation est telle que Laetitia n'a plus envie de rentrer chez elle, et David craint de perdre le contrôle et d'en venir aux mains.
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Un enfant roi : Dès la naissance de Tyron, le couple a adopté une attitude de "tout donner" à leur enfant, sans fixer de limites claires. Ce manque d'autorité a conduit Tyron à adopter un comportement de tyran, où il cherche constamment à se confronter à son père.
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L'épuisement parental : Liliane Holstein, psychanalyste, souligne que Tyron n'est pas fondamentalement méchant, mais qu'il est "tyrannisé par ses propres pulsions". Elle explique que le problème vient d'un manque dans son éducation, notamment au moment de ses deux ans, période où l'enfant a besoin de limites claires.
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L'imitation des parents : Tyron reproduit les comportements et les mots de ses parents, notamment lorsqu'ils sont en colère. Cela montre l'importance de l'exemple parental dans l'éducation d'un enfant.
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Le relais parental, une solution d'urgence : Face à leur épuisement, Laetitia et David décident de faire appel à une structure spécialisée, le relais parental du Blanc-Mesnil. Ce lieu permet aux parents de laisser leurs enfants pour une journée, un week-end, voire jusqu'à deux mois, afin de se reposer et de "remonter la pente".
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La difficulté de la séparation : Laetitia a du mal à envisager de se séparer de son fils, car elle a elle-même été abandonnée et a perdu sa mère. Elle a inconsciemment tendance à "combler la perte d'un être cher" en étant constamment présente pour Tyron et en lui cédant tout.
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Les bienfaits du relais pour Tyron : Dès sa première journée au relais, Tyron se transforme. L'absence de ses parents et la présence d'autres enfants lui permettent de retrouver un comportement plus calme et respectueux. Il exprime même le fait qu'il en a marre des cris à la maison.
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La nécessité de recadrer l'enfant : Martin, l'éducateur du relais, parvient à remettre Tyron à sa place d'enfant en se positionnant comme une figure d'autorité bienveillante. Il lui explique les règles et l'intègre dans une communauté, cassant ainsi son statut d'enfant roi.
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Le couple a besoin de se retrouver : La première séparation de Tyron permet à Laetitia et David de se retrouver seuls pour la première fois depuis des années. Ils réalisent qu'ils se sont "consacrés qu'à lui" et qu'ils ont besoin de se ménager des moments à deux.
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Le chantage affectif de Tyron : Lors de son premier week-end au relais, Tyron appelle ses parents en pleurs et leur demande de venir le chercher. Il utilise le chantage affectif pour les faire culpabiliser et les ramener vers lui.
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La prise de conscience des parents : Malgré le chantage de Tyron, Laetitia et David tiennent bon et ne viennent pas le chercher. Ils réalisent qu'ils sont "trop fusionnels" avec leur fils et qu'ils doivent changer leur relation avec lui.
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Un nouveau départ pour la famille : Depuis l'expérience du relais, Laetitia et David laissent Tyron un week-end par mois. Ils apprennent à ne pas tout lui céder et à se faire plaisir. Tyron est moins colérique, et la famille retrouve un équilibre.
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Voici un résumé structuré des idées principales du documentaire, avec les moments clés mis en évidence :
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Introduction au sentiment de vide émotionnel : Le documentaire commence par une exploration du sentiment de ne rien ressentir, un état de "ligne plate" émotionnelle, que beaucoup de personnes expérimentent. Le réalisateur cherche à comprendre pourquoi ce phénomène se produit et comment la technologie influence nos émotions.
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Manipulation des émotions par les trolls : Les trolls sur Internet sont présentés comme des experts en manipulation des émotions, utilisant des techniques pour provoquer des réactions négatives chez les autres. Andrew, un troll, explique comment il utilise des mots et des tactiques spécifiques pour susciter la colère et l'irritation. Kim, une victime de troll, décrit comment ses émotions sont manipulées par ces interactions négatives.
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Industrie de la création d'émotions : En Chine, le documentaire explore l'industrie du divertissement en direct où des entreprises comme Shi Entertainment emploient des talents pour susciter des émotions positives chez les spectateurs. Jean, une star de live streaming, est experte dans le développement de sentiments forts chez ses fans.
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Usines à fausses nouvelles et manipulation de la peur : En Macédoine du Nord, le documentaire révèle comment des usines à fausses nouvelles manipulent les émotions des gens en propageant des informations effrayantes et sensationnalistes. Elena, une médecin et activiste, écrit des articles de fausses nouvelles pour gagner de l'argent, exploitant les peurs et les insécurités des gens. Alana, en Californie, partage des articles alarmants sur les chemtrails, croyant qu'ils influencent les émotions et les pensées.
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L'informatique affective et la mesure des émotions : Au MIT, le documentaire présente le domaine de l'informatique affective, qui vise à mesurer et à influencer les émotions humaines. La Dre Rosalind Picard explique comment les technologies peuvent être utilisées pour comprendre et manipuler les états affectifs des individus. Des entreprises investissent massivement dans ces technologies pour mesurer les émotions des consommateurs.
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Conditionnement comportemental et contrôle des émotions : Le documentaire explore les travaux de B.F. Skinner sur le conditionnement comportemental et comment il croyait que les émotions pouvaient être utilisées pour contrôler le comportement. Skinner a expérimenté sur des pigeons pour démontrer comment le comportement pouvait être façonné par des stimuli externes. Il envisageait une technologie qui pourrait construire un monde meilleur en contrôlant le comportement de chacun.
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Utilisation de la science pour maximiser la joie : Dr. Paul Zach utilise la science pour déterminer quels chiens suscitent le plus de joie chez les gens. Il utilise des biocapteurs pour mesurer les réactions émotionnelles des sujets regardant des chiens.
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Domination technologique et contrôle émotionnel : La maîtresse Harley, une "domina" technologique, utilise la technologie pour contrôler les émotions de ses "esclaves" en ligne. Elle explique comment la honte et l'humiliation peuvent être utilisées pour dominer les individus.
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Réduction des émotions à des chiffres : Le "Facial Action Coding System" transforme les émotions en chiffres, ce qui soulève des questions sur la nature sacrée des émotions et de l'identité. L'idée que les émotions puissent être réduites à des formules soulève des inquiétudes quant à la possibilité de nous faire ressentir n'importe quoi.
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Impact de l'internet sur les émotions : Le thérapeute Morton Fanger décrit comment l'internet crée des sentiments artificiels et conduit à un sentiment de vide émotionnel. Il s'inquiète de l'impact de l'internet sur les enfants et de la difficulté de maintenir leur attention.
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Désespoir et recherche de sens : À Iwu, en Chine, le documentaire montre la désillusion de ceux qui essaient de réussir dans le commerce électronique, soulignant un sentiment de désespoir partagé. Elena, la créatrice de fausses nouvelles en Macédoine, exprime son sentiment d'être piégée entre différentes vies et de devoir choisir entre ses valeurs et sa survie financière.
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Préférence pour le non-sentiment : Morton Fanger observe que les gens préfèrent souvent ne rien ressentir plutôt que de faire face à des émotions difficiles. Il note que les gens veulent de la structure, du contrôle et de la soumission, et que le monde réel est perçu comme trop plat et laid en comparaison avec la vie en ligne.
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Recherche d'un moyen de sortir du vide émotionnel : Le réalisateur cherche des conseils auprès de Morton pour donner un message d'espoir à son film. Morton suggère qu'il existe deux approches : soit avertir les gens des dangers de l'internet, soit leur rappeler qu'une vie meilleure est possible en se connectant avec les êtres chers et en vivant des expériences réelles.
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Rédemption et connexion humaine : Andrew, l'ancien troll, déménage avec sa petite amie rencontrée sur internet, indiquant une possible rédemption et la recherche d'une connexion humaine authentique. Il reconnaît qu'il utilisait le trolling pour attirer l'attention en raison d'un manque d'attention dans son enfance. Sa petite amie l'encourage à être lui-même et à abandonner ses comportements négatifs.
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Voici un sommaire des idées fortes du webinaire sur le RGPD pour les associations:
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Introduction à Solidatech:
- Solidatech est un programme de solidarité numérique qui aide les associations à renforcer leur impact grâce au numérique.
- L'organisme propose des logiciels et du matériel informatique à tarif réduit.
- Solidatech offre également un accompagnement aux usages numériques à travers des ressources en ligne, des ateliers, un service de hotline, et un outil de diagnostic numérique.
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Présentation des intervenants:
- Laurine, assistante en communication et marketing chez Solidatech, présente l'organisme.
- Sandrine Mang, chef de projet transformation numérique, anime le webinaire sur le RGPD.
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Enjeux du RGPD pour les associations:
- Le RGPD concerne les entreprises, le secteur public et les associations.
- Il s'applique aux données numériques et physiques sur le territoire de l'Union Européenne.
- L'objectif principal est de rendre le contrôle des données aux citoyens.
- Se conformer au RGPD est obligatoire et témoigne de l'éthique de l'association.
- Les sanctions en cas de non-conformité peuvent être financières ou inclure des dommages et intérêts.
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Délégué à la Protection des Données (DPO) et référent RGPD:
- Le DPO est obligatoire pour les collectivités et les structures traitant des données à grande échelle ou des données sensibles.
- Il est fortement conseillé d'avoir un référent RGPD pour coordonner la mise en conformité et répondre aux questions.
- Le rôle du DPO inclut informer, conseiller, contrôler le respect du règlement, coopérer avec la CNIL, etc.
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Définition et types de données personnelles:
- Une donnée personnelle est toute information se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable.
- Cela inclut les informations directes (nom, prénom, photo) et indirectes (numéro de téléphone, adresse mail).
- Les données sensibles sont celles à potentiel discriminatoire fort (origine ethnique, opinions politiques, etc.), à l'exception des coordonnées bancaires dans ce contexte.
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Traitement de données, finalité et responsable de traitement:
- Un traitement de données est toute opération effectuée sur des données personnelles (collecte, utilisation, conservation, etc.).
- La finalité est l'objectif de l'utilisation des données.
- Le responsable de traitement est la personne qui définit les objectifs et les modalités pratiques du traitement (souvent le représentant légal de la structure).
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Principes de la protection des données:
- Licéité, finalité, pertinence, minimisation, transparence, durée de conservation limitée, confidentialité et sécurité.
- Six bases légales pour le traitement des données : consentement, obligation légale, contrat, mission d'intérêt public, sauvegarde des intérêts vitaux, intérêt légitime.
- Le consentement doit être positif, libre et éclairé.
- Les données ne doivent être conservées que pendant une durée limitée.
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Devoirs des collecteurs de données:
- Principe de redevabilité : montrer des preuves de conformité.
- Principe de responsabilité en chaîne : s'assurer que les prestataires respectent également le RGPD.
- Sécurisation des données et confidentialité : limiter les accès et les risques.
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Étapes pour se mettre en conformité RGPD:
- Recenser les fichiers avec un registre des traitements.
- Faire le tri dans les données personnelles traitées.
- Faire preuve de transparence et communiquer sur la mise en conformité.
- Organiser et faciliter l'exercice des droits des personnes.
- Sécuriser les données.
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Registre des traitements:
- C'est un document qui répertorie tous les traitements de données personnelles effectués par l'organisme.
- Il contient un sommaire, les finalités, les catégories de données, les destinataires, les mesures de sécurité, etc.
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Diagnostic de sa structure au regard du RGPD:
- Il est conseillé de faire un diagnostic numérique de son association via l'outil en ligne gratuit de Solidatech.
- Cet outil permet d'évaluer la conformité de l'association et de recevoir des recommandations personnalisées.
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Prochaines étapes et ressources:
- Construire un plan d'action en identifiant les impacts du RGPD, les actions à mettre en place, les personnes clés à impliquer, etc.
- Solidatech propose des formations et un accompagnement pour se mettre en conformité.
- L'adresse mail formation@solidateek.fr est disponible pour toute question.
- Il est important de consulter le guide de la CNIL pour les associations et d'identifier les risques.
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Briefing Document: Chromodynamique Quantique - Du Problème de Yang-Mills à l'Interaction Forte
Ce document d'information résume les principaux thèmes et idées présentés dans les extraits fournis d'une conférence sur la chromodynamique quantique (QCD), axée sur le problème de Yang-Mills et la force forte.
La conférence retrace le développement historique de la compréhension de la force forte, aboutissant à l'image moderne de la QCD et à une discussion du problème du Prix du Millénaire lié à la théorie de Yang-Mills.
Thèmes principaux :
Développement historique de la compréhension des forces fortes : La conférence décrit le parcours de compréhension des constituants fondamentaux de la matière et de la force qui les lie.
Cela commence par le tableau périodique des éléments et progresse par la découverte des particules subatomiques (électrons, protons, neutrons), la confusion initiale autour des mésons, et finalement jusqu'au modèle des quarks.
Le modèle Quark et la charge de couleur : L'introduction des quarks comme constituants fondamentaux des hadrons (baryons et mésons) est discutée.
La nécessité d'introduire un nouveau nombre quantique, la « couleur », pour résoudre les problèmes liés au principe d'exclusion de Pauli est soulignée.
La théorie de Yang-Mills comme cadre pour la force forte : La conférence explique comment la théorie de Yang-Mills, une généralisation de l'électromagnétisme utilisant des groupes de jauge non abéliens (en particulier SU(3) pour QCD), fournit le cadre théorique pour décrire la force forte.
Renormalisation et liberté asymptotique : Un aspect clé de la QCD est le concept de renormalisation, qui aborde les infinis découlant des calculs de la théorie quantique des champs.
L'orateur souligne que la renormalisation n'est pas simplement une astuce mathématique mais un processus physiquement significatif reflétant nos connaissances limitées sur les très hautes énergies.
La conséquence est que la constante de couplage forte devient dépendante de l’énergie, conduisant à une liberté asymptotique (faible interaction aux hautes énergies) et au confinement (forte interaction aux basses énergies).
Le problème de l’écart de masse de Yang-Mills : La conférence se termine par une discussion sur le problème de l'écart de masse de Yang-Mills, l'un des problèmes du Prix du Millénaire.
Il s'agit de prouver l'existence d'une théorie quantique de Yang-Mills sur R4 et qu'elle présente un écart de masse. Idées et faits clés :
Le tableau périodique comme point de départ : La discussion commence par le tableau périodique, une des premières tentatives d’organisation des éléments fondamentaux de la matière.
"...l'idée c'est quand même de faire une table périodique c'est-à-dire on essaie d'identifier les éléments qui forment la base de la chimie..."
L'expérience de Rutherford et le modèle nucléaire : L'expérience de Rutherford sur la feuille d'or a démontré l'existence d'un petit noyau dense au sein de l'atome.
Cela marque une rupture avec le modèle du « plum pudding » de Thomson.
"...si on envoie des des particules alpha... si c'était le modèle de Thomson on s'attend à ce que les particules traversent et ne soient pas trop déviées et et c'est pas ce qui est observé même"
La découverte de la force neutronique et nucléaire : La découverte du neutron et la prise de conscience que les protons ne pouvaient à eux seuls expliquer la masse du noyau ont conduit au concept d'une nouvelle « force nucléaire » pour vaincre la répulsion électrostatique entre les protons.
Le potentiel de Yukawa : Yukawa a proposé un potentiel pour décrire cette force nucléaire, incorporant une interaction à courte portée médiée par une particule massive (le méson). "...yukaw qui va suggérer un nouveau potentiel... VR ég 1/ r R est très grand c'est juste 1 sur rexponentiel..."
La confusion des mésons : L'identification initiale du muon comme étant le méson de Yukawa s'est avérée incorrecte. Finalement, le pion a été correctement identifié comme étant le méson responsable de la force forte. "... il n'existe pas un mais deux maisons en fait...le prier maison il est bien de spin Z0 et c'est lui qui est le maison de Yukawa"
La prolifération des particules et le modèle des quarks : La découverte de nombreux hadrons a conduit au développement du modèle des quarks, postulant que les hadrons sont composés de particules plus fondamentales appelées quarks.
"...le proton lui-même en c'est pas juste un point il y a aussi une sousstructure et donc il y a des choses encore dedans..." "...Gman qui va leur donner le nom de quartz qui est un nom qui vient d'un d'un livre pour enfants..."
Charge de couleur et besoin de SU(3) :
L'existence de particules comme le Delta++ (uuu) a posé un problème pour le principe d'exclusion de Pauli. L'introduction de la charge de couleur (trois couleurs) a résolu ce problème et a conduit au groupe de jauges SU(3) pour QCD.
L'invariance de jauge comme principe directeur : La conférence met l'accent sur l'importance de l'invariance de jauge (la liberté de choisir une jauge différente sans changer la physique) dans la construction de théories des champs.
"...on peut REER ça en terme relativiste so un peu plus concis pour pas avireur surtout euh les les courants de source de charge..."
Le lagrangien de Yang-Mills : La formulation lagrangienne est présentée comme une manière concise de résumer la théorie.
Renormalisation et constante de couplage en cours : La renormalisation résulte de l'intégration de degrés de liberté à haute énergie au-delà de la portée de la vérification expérimentale, conduisant à une échelle de coupure finie et le couplage « constant » devient dépendant de l'énergie.
"...il faut intégrer jusqu'à lambda parce qu'après on sait pas ce qui se passe évidemment si on parlant d'intégral du coup ça devient fini..." "...le truc fondamental c'est que le G il dépend de l'énergie auquel on mesure et ça c'est physique c'est la réalité..."
Liberté asymptotique et confinement : Aux hautes énergies, la force forte devient faible (liberté asymptotique), tandis qu’aux basses énergies, elle devient infiniment forte (confinement), empêchant l’isolement des quarks et des gluons.
"...à très haute énergie là la force forte tend vers zé..." "...à basse énergie là la force forte elle devient infiniment forte elle va diverger..." Transmutation Dimensionnelle: Le fonctionnement de la constante de couplage introduit une dimension, reliant le couplage sans dimension à une échelle énergétique.
"...la cour de G en foncon d'énergie permet d'opérer ce qu'on appelle la transmutation dimensionnelle une dimension appareil..."
Le problème de l’écart de masse : Le problème de l'écart de masse de Yang-Mills demande une preuve mathématique rigoureuse que l'énergie d'excitation la plus basse du vide (la masse de la boule de glu la plus légère) est strictement positive dans la théorie pure de Yang-Mills.
L'écart de masse est lié à la nature non perturbatrice de la théorie.
Citations:
"il faut trouver que pour tout groupe compact simple il existe une théorie de yangs quantique Monal sur4 et qu'elle a un massgat delta positif et voà bon et donc c'est difficile de dire ce que ça veut dire le but comme je dis va d'expliquer ça mais en fait la version simplifiée c'est quel formule pour la force forte" (Définition du problème de l'écart de masse de Yang-Mills)
"Les gluons ils existent pas isolés dans la nature... ils ont une couleur et une anticouleur" (Confinement) "C'est pas j'ai renormalisé qui un truc bizarre c'est j'ai renormalisé à l'échelle mu c'est juste combien je mesure quelle est la force à l'échelle MU et le le qui est au début c'est lui qui n'a pas sens physique" (Renormalisation)
"La la mesure du G est associé de à quelle énergie vous l'avez mesuré c'est là que rentre le paramètre d'énergie qui était caché" (Introduction d'une dimension en raison de la dépendance à l'échelle)
"La solution qu'on connait déjà c'est la renormalisation voilà" (La solution au problème du prix du millénaire que nous connaissons jusqu'à présent) Impression générale :
La conférence donne un aperçu complet de la force forte et des défis associés à sa compréhension dans le cadre de la théorie quantique des champs.
Il souligne l'importance de la renormalisation, de la liberté asymptotique et du problème de l'écart de masse en tant que concepts clés de la physique des particules moderne.
La conférence s'adresse à un public général ayant des connaissances préalables en physique, mais certaines sections deviennent assez techniques, en particulier lorsqu'elles abordent les détails mathématiques de la théorie de Yang-Mills et de la renormalisation.
Le présentateur souligne les efforts en cours pour résoudre le problème de l’écart de masse de Yang-Mills, soulignant que même si les physiciens ont une bonne compréhension de la physique, une preuve mathématique rigoureuse reste insaisissable.
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- Feb 2025
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la question du témoignage et du traumatisme.
La première partie explore le recueil de la parole des enfants victimes de violence dans des "salles Mélanie," espaces conçus pour faciliter leur expression, soulignant l'importance d'une écoute adaptée et spécialisée.
On y entend des extraits d'auditions poignantes, révélant les défis et les émotions auxquels sont confrontés les enquêteurs de la brigade des mineurs
Thèmes Principaux et Idées Clés: vers 0h40min
Salles Mélanie et Recueil de la Parole des Enfants Victimes de Violence :
L'émission met en lumière les "salles Mélanie", des espaces spécialement conçus pour recueillir la parole des enfants victimes de violence. Ces salles visent à créer un environnement plus confortable et sécurisant pour faciliter le témoignage.
L'extrait souligne l'importance de l'audition de l'enfant comme un moment clé de l'enquête : "L'audition de l'enfant mineur victime, c'est vraiment un moment clé de l'enquête puisque c'est là que l'enfant va révéler le traumatisme qu'il a pu vivre."
L'aménagement des salles est crucial : "Ce sont des pièces spécialement aménagées avec du mobilier, des jeux pour enfants, des couleurs chaudes et qui permettent un petit peu comme un petit coconir la parole de ses enfants de manière plus efficace et plus délicate."
Témoignages d'Enfants et Difficultés du Recueil de la Parole :
L'émission présente des extraits poignants de témoignages d'enfants victimes de violence sexuelle, soulignant la difficulté pour les enquêteurs d'aborder ces sujets délicats et d'obtenir des informations précises.
Les enfants utilisent souvent leur propre vocabulaire pour décrire les événements, ce qui nécessite une interprétation attentive de la part des enquêteurs : "Ils vont me dire je sais rien le sexe parce qu'elle a un âge où elle peut très bien dire le sexe comme elle peut dire je sais pas la choupette la pépette j'en sais rien et chacun a son terme."
Le langage non verbal est essentiel : "Tout le gestuel est retranscrit, tout ce qu'elle fait en fait. Donc là pareil he elle recommence à dire à faire un signe de la tête.
En fait c'est sa manière de nous répondre et c'est une réponse."
Les enquêteurs utilisent des outils comme des dessins ou des poupées pour aider les enfants à s'exprimer : "Ce qui fait que ça permet à l'enfant de matérialiser s'il souhaite pas parler. Mais finalement, il peut nous expliquer à travers les les poupées."
Impact Émotionnel sur les Enquêteurs et Stratégies d'Adaptation :
Les enquêteurs de la brigade des mineurs sont confrontés à des situations difficiles qui peuvent les affecter émotionnellement.
Ils développent des mécanismes de défense et partagent leurs expériences avec leurs collègues pour gérer le stress et l'impact émotionnel : "On discute d'autres choses après aussi hein. On parle de nos dossiers. On est change beaucoup. Donc c'est vrai que le fait d'en parler aussi, c'est aussi une façon de de se libérer quoi, de passer à autre chose, de pas garder tout pour nous."
La dérision est parfois utilisée comme une stratégie pour faire face à l'horreur : "Certaines situations des fois peuvent nous faire rire aussi donc on tourne ça aussi des fois la dérision c'est une façon de détourner en fait."
Procédure d'Enquête et Difficultés de Preuve : L'émission montre les différentes étapes d'une enquête pour viol sur mineur, depuis le recueil du témoignage de l'enfant jusqu'à l'interrogatoire du suspect et la décision du magistrat.
L'importance d'étayer les déclarations de l'enfant avec des preuves matérielles ou des témoignages est soulignée : "Il faut recueillir le maximum d'éléments pour que quand on aura en face de nous le agresseur pourrait lui dire écoutez monsieur ce que dit l'enfant c'est la vérité c'est pas quelque chose qu'il a inventé"
Les enquêteurs sont confrontés à la difficulté de prouver les faits lorsque l'agresseur nie et qu'il n'y a pas de preuves matérielles : "On est toujours contre une parole, contre une autre. On a rien de plus."
Le principe du doute qui profite à l'accusé est mis en avant, ce qui peut entraîner le classement sans suite de l'affaire malgré les soupçons : "Le doute profite à l'accusé. Donc ouais, il faut faire avec."
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Voici un résumé minuté de la vidéo de Sarah Hill sur le cerveau et la pilule contraceptive :
- 0:07 Introduction à l'épisode sur l'impact de la pilule contraceptive sur le cerveau.
- 0:20 Risques connus de la pilule (AVC, embolie pulmonaire, prise de poids) et impact sur la vie des femmes.
- 0:53 La pilule contraceptive empêche la grossesse, mais quel est son impact sur le cerveau ?
- 1:19 Il est difficile de critiquer la pilule contraceptive car elle a été bénéfique pour les femmes.
- 1:46 La pilule a permis aux femmes de devenir plus indépendantes politiquement et financièrement des hommes.
- 3:07 Il ne faut pas hésiter à parler des hormones sexuelles féminines et de leur rôle dans le cerveau.
- 4:13 Les hormones féminines ne sont pas imprévisibles contrairement aux idées reçues.
- 5:38 Les niveaux de testostérone chez les hommes sont plus variables que les niveaux d'hormones chez les femmes.
- 6:18 Les hormones influencent le cerveau et le comportement des femmes et des hommes.
- 6:36 Il est important de parler de l'impact de la pilule contraceptive sur le cerveau des femmes.
- 6:48 La pilule contraceptive modifie les niveaux d'hormones sexuelles des femmes, ce qui change leur cerveau et qui elles sont.
- 7:40 La pilule contraceptive peut diminuer le désir et la fonction sexuelle chez les femmes.
- 8:36 Le profil hormonal créé par la pilule est caractérisé par des niveaux élevés de progestérone et de faibles niveaux d'œstrogènes et de testostérone.
- 9:05 La pilule contraceptive peut changer l'attirance des femmes envers les hommes en diminuant leur préférence pour les traits masculins.
- 10:57 Les femmes sous pilule choisissent des partenaires avec des visages moins masculins.
- 11:36 Les hormones sexuelles influencent de nombreux systèmes dans le corps, y compris la réponse au stress.
- 12:01 Le cortisol aide à gérer et à apprendre du stress.
- 13:20 Les femmes sous pilule contraceptive ont une réponse au cortisol atténuée ou absente face au stress, ce qui peut entraîner des problèmes d'adaptation, de régulation émotionnelle et de mémoire.
- 14:26 La prise de pilule contraceptive pendant l'adolescence peut augmenter le risque de dépression majeure plus tard dans la vie.
- 14:39 Toutes les formes de contraception hormonale peuvent avoir ces effets en inhibant l'ovulation avec de la progestérone synthétique.
- 15:56 Il est plus difficile de vendre la contraception hormonale aux hommes car ils sont moins motivés à éviter une grossesse.
- 16:28 Les changements hormonaux chez les femmes ont des répercussions sur leur entourage et sur le monde.
- 17:04 Il faut plus de conversations sur le cerveau des femmes et la pilule contraceptive, et il faut plus d'options non hormonales.
- 17:42 Les femmes devraient être informées de l'impact de la pilule sur leur corps.
- 17:53 Pour en savoir plus, lire le livre "This is Your Brain on Birth Control".
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Cette source est la transcription d'une vidéo vulgarisant des concepts biologiques fondamentaux liés à la reproduction et à la biodiversité.
L'objectif principal est de démystifier des idées fausses sur la reproduction, comme l'idée du père plantant une graine, en expliquant le rôle réel des gènes et l'investissement maternel.
La vidéo aborde ensuite la nature dynamique de la biodiversité, soulignant qu'elle n'est pas un équilibre statique mais un processus constant d'apparition et de disparition d'espèces.
Un thème central est l'effondrement actuel des effectifs des populations, qui menace cette dynamique et pourrait mener à une crise de la biodiversité, avec une forte insistance sur le fait que la perte de diversité en elle-même n'est pas un problème si elle est compensée par la dynamique globale de la nature, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
- Reproduction et hérédité : La reproduction est une caractéristique majeure des êtres vivants, permettant de produire des descendants ressemblant à leurs parents tout en étant différents.
Cette variation illimitée et héritable est essentielle pour l'évolution et l'adaptation des organismes. La reproduction n'est pas une simple reproduction à l'identique des individus, mais plutôt une reproduction des gènes.
- Reproduction sexuée vs asexuée : La reproduction sexuée implique la combinaison de matériel génétique de deux parents, tandis que la reproduction asexuée produit des descendants génétiquement identiques à un seul parent.
La reproduction asexuée est plus efficace à court terme, mais la reproduction sexuée favorise la diversité génétique nécessaire à l'adaptation à long terme.
- Rôles des parents dans la reproduction : Chez de nombreuses espèces, la femelle contribue davantage à la reproduction en fournissant l'ovule et les ressources nécessaires au développement de l'embryon.
Chez les mammifères, la mère transmet la moitié des gènes du noyau et l'intégralité de l'ADN mitochondrial. Le rôle du mâle peut être perçu comme celui d'un "parasite" qui injecte ses gènes dans la femelle.
- Différences entre mâles et femelles : La sélection naturelle favorise les gènes qui permettent aux individus de se reproduire avec succès.
La sélection sexuelle peut entraîner des différences morphologiques entre mâles et femelles, comme des ornements chez les mâles pour attirer les femelles ou des adaptations pour les combats entre mâles.
Les préférences esthétiques des femelles peuvent influencer l'expression de certains gènes chez les mâles.
- Consanguinité et diversité génétique : La consanguinité peut entraîner des problèmes de santé chez les descendants en augmentant la probabilité d'hériter de gènes récessifs défavorables.
Cependant, la consanguinité n'est pas problématique en soi si elle est pratiquée de manière constante, car les gènes défavorables sont progressivement éliminés.
- Diversité des sexes : Il existe une binarité mâle/femelle basée sur la taille des gamètes, mais il existe de nombreuses variations dans les systèmes de reproduction.
Chez certaines espèces, il peut y avoir plusieurs "sexes" définis comme des groupes d'individus qui ne peuvent se reproduire qu'avec d'autres groupes spécifiques.
Certaines espèces peuvent alterner entre reproduction sexuée et asexuée en fonction des conditions environnementales.
- Biodiversité et son évolution : La biodiversité est en constant mouvement, avec des espèces qui apparaissent et disparaissent.
L'équilibre de la biodiversité est dynamique et dépend du mouvement évolutif.
L'extinction d'espèces n'est pas un problème en soi tant que la dynamique de divergence et d'apparition de nouvelles espèces est maintenue.
- Effondrement de la biodiversité : La diminution des effectifs de nombreuses espèces est un signe d'effondrement de la biodiversité.
La perte de biomasse d'insectes volants est un exemple de ce phénomène.
L'effondrement des effectifs menace la dynamique de la biodiversité et peut entraîner une augmentation des extinctions.
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Voici un résumé structuré de la vidéo "Le sol, royaume du vivant | ARTE", mettant en évidence les idées clés :
- Introduction (0:00-1:00) : Le sol est un écosystème vivant essentiel à la vie sur Terre. Les humains ont un rôle à jouer dans sa préservation et sa restauration.
- Restauration du sol (1:00-2:30) : Techniques de restauration des sols :
- Recouvrir le sol de carton et de compost pour nourrir les organismes vivants.
- Le rôle des vers de terre est crucial pour aérer le sol et enrichir le sol.
- L'agriculture régénératrice avec la culture en bande améliore la qualité des sols et stocke le CO2.
- L'utilisation des vaches pour revitaliser le sol et produire du fumier.
- L'importance d'avoir des plantes saines grâce à un sol sain pour une alimentation de qualité.
- Compostage et micro-organismes (2:30-4:00) :
- Techniques de compostage des déchets organiques pour enrichir le sol.
- Les micro-organismes renforcent la santé des plantes.
- La structure du sol est améliorée par les micro-organismes qui créent des cavités pour l'air et l'eau.
- Les excréments de lapins nourrissent les organismes du sol.
- Réseaux fongiques (4:00-6:00) :
- Les champignons sont des organismes diversifiés qui forment des réseaux souterrains.
- Les systèmes symbiotiques et les échanges de nutriments entre les racines et les champignons sont étudiés avec des technologies de pointe.
- Les champignons stockent le carbone et influent sur le marché des nutriments.
- Une grande quantité de carbone terrestre est stockée grâce aux champignons.
- Récolte et biodiversité (6:00-7:30) :
- La récolte et l'importance de laisser les racines travailler dans le sol.
- Les plantes aux racines profondes ameublissent le sol et favorisent la transformation de l'azote.
- Le processus de décomposition des plantes en nutriments par les micro-organismes.
- Les arbres et les plantes sont liés aux micro-champignons, essentiels à leur survie.
- Impact de l'azote et adaptation urbaine (7:30-9:00) :
- L'excès d'azote dans le sol entraîne la disparition des champignons mycorhiziens et des plantes sauvages.
- Les champignons mycorhiziens aident les plantes à se développer en milieu urbain.
- Étude de la biodiversité des champignons sur les toits végétalisés des arrêts de bus en ville.
- Cartographie des sols et importance des sons (9:00-10:30) :
- La nécessité de cartographier les sols face aux bouleversements mondiaux.
- L'importance d'utiliser tous les sens pour comprendre le sol, y compris l'écoute des sons qu'il produit.
- Les protozoaires et les bactéries maintiennent l'équilibre de l'écosystème du sol.
- Culture en bande et agriculture régénératrice (10:30-12:00) :
- La culture en bande augmente la quantité de matières organiques et capture le CO2.
- Techniques de labour non invasives pour préserver la structure du sol.
- Les micro-organismes du sol sont similaires à ceux de l'intestin humain.
- Conclusion (12:00-12:30) : Apprendre à faire confiance au sol vivant pour une collaboration réussie.
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Voici un bref résumé de la présentation sur le sommeil, le replay et l'apprentissage :
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Introduction au sommeil et à la conscience La limite entre l'éveil et le sommeil est paradoxale. Le sommeil est défini comme un état de non-réponse réversible.
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Physiologie du sommeil L'activité électrique du cerveau ralentit et les muscles se détendent. Le thalamus filtre les informations sensorielles, mais ce filtrage n'est pas total.
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Traitement de l'information pendant le sommeil Le cerveau continue d'encoder et de réagir aux sons extérieurs, même pendant le sommeil. L'EEG permet d'étudier l'activité cérébrale en réponse à des stimuli. Les stimuli importants, comme son propre nom, continuent d'être traités.
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Étapes du sommeil Le sommeil n'est pas uniforme et le traitement sensoriel varie selon les étapes. Le thalamus s'endort en premier, suivi par le cortex. L'endormissement prend du temps et les capacités cognitives varient.
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Prise de décision Il est possible de prendre certaines décisions pendant le sommeil. Certaines zones du cerveau peuvent être éveillées pendant le sommeil. Le dormeur peut essayer de se protéger des perturbations extérieures.
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Sommeil profond vs. paradoxal En sommeil profond, une forte sensibilité aux sons peut empêcher le traitement de l'information. En sommeil paradoxal, le rêve pourrait distraire le cerveau des stimuli extérieurs.
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Différents filtres Différents filtres (thalamique, cortical et attentionnel) peuvent empêcher le traitement de l'information pendant le sommeil.
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Réponses pendant le sommeil Il est possible de répondre à des stimuli pendant le sommeil. Les rêveurs lucides peuvent communiquer. La vigilance fluctue, impactant la perméabilité aux stimuli.
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Apprentissage L'apprentissage explicite est limité pendant le sommeil, mais il existe une trace implicite. L'apprentissage du bruit blanc est affecté différemment selon les phases de sommeil. L'acétylcholine pourrait jouer un rôle dans la plasticité synaptique pendant le sommeil, favorisant à la fois la consolidation et l'oubli. Le conditionnement pendant le sommeil pourrait réduire les addictions.
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Le sommeil local Le sommeil n'est pas uniforme et des états hybrides existent. Le principe de localité du sommeil s'applique aussi à l'éveil, influençant l'attention. Des ondes lentes pendant l'éveil peuvent causer impulsivité ou erreurs.
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Conclusion Le sommeil et l'éveil sont un continuum. L'étude du sommeil révèle des informations importantes sur le fonctionnement du cerveau.
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Voici un sommaire minuté de la présentation, mettant en évidence les idées fortes :
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0:00-0:01:50: Introduction de Thomas Andrillon et de son équipe de recherche, la "dream team", qui étudie le sommeil et les rêves à l'Institut du cerveau. Le séminaire se concentrera sur ce que le cerveau fait pendant le sommeil : se coupe-t-il du monde extérieur ou continue-t-il à traiter des informations ?.
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0:01:50-0:03:00: Le paradoxe du sommeil : comment définir la limite entre l'éveil et le sommeil ? Le sommeil est un état de non-réponse réversible.
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0:03:00-0:04:20: Étude du réveil et de l'intensité sonore nécessaire pour réveiller quelqu'un. Il est plus difficile de se réveiller en début de nuit qu'en fin de nuit. La saillance du stimulus est importante.
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0:04:20-0:05:00: La physiologie du sommeil : ralentissement cérébral et relaxation musculaire. Le thalamus joue un rôle clé dans la perception sensorielle. L'endormissement a été longtemps considéré comme un état de déconnexion sensorielle à cause du filtrage thalamique.
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0:05:00-0:06:00: Disséquer les différentes étapes du traitement du son, de l'entrée vers la sortie, et voir comment le sommeil impacte ces étapes. La notion de filtrage thalamique n'est pas complète.
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0:06:00-0:07:00: Le cerveau continue d'encoder et de recevoir les informations du monde extérieur pendant le sommeil. Le cortex auditif réagit à l'information auditive même pendant le sommeil.
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0:07:00-0:09:00: Utilisation de l'électroencéphalographie (EEG) pour inférer les traitements cognitifs pendant le sommeil. Présentation de stimulis audio et alignement de l'activité cérébrale. Les stimulis familiers continuent d'être traités même pendant le sommeil.
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0:09:00-0:11:00: Étude des différents niveaux de sommeil et de leur impact sur le traitement sensoriel. Le cerveau humain a une transition éveil/sommeil non instantanée. Le thalamus est la première région à s'endormir, suivi par différentes régions du cortex.
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0:11:00-0:12:00: L'endormissement est un processus qui prend du temps, avec des variations dans les capacités de traitement cognitif.
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0:12:00-0:14:00: Étude de la prise de décision pendant le sommeil. Les individus en sommeil peuvent continuer à sélectionner la bonne réponse à des tâches de décision lexicale et sémantique.
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0:14:00-0:15:00: Toutes les aires du cerveau ne dorment pas de la même manière au même moment. Des aires cérébrales peuvent se réveiller dans un contexte de cerveau globalement endormi.
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0:15:00-0:16:00: Le dormeur se protège des perturbations en surexprimant des rythmes de sommeil. Modulation fine du sommeil et concept de sommeil local.
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0:16:00-0:17:00: En sommeil profond, plus on est sensible à l'information auditive, moins on est capable de la traiter. Le cortex en sommeil profond est bistable, avec des phénomènes d'auto-inhibition.
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0:17:00-0:18:00: Absence de préparation motrice en sommeil paradoxal. L'hypothèse : on est distrait par le rêve. La complexité cérébrale corrèle avec la capacité à répondre à l'éveil et en sommeil lent léger, mais inversement en sommeil paradoxal.
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0:18:00-0:19:00: Les mouvements oculaires pendant le sommeil paradoxal sont associés au contenu visuel du rêve. Les cortex sensoriels répondent à des activations endogènes.
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0:19:00-0:21:00: Différents types de filtres empêchent de traiter les informations pendant le sommeil : thalamique, cortical et attentionnel. Le paradigme de cocktail party montre qu'on peut sélectionner ce qu'on veut traiter pendant le sommeil. Les ondes lentes ont un double rôle : couper du monde extérieur et créer des fenêtres d'éveil.
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0:21:00-0:23:00: On peut répondre pendant le sommeil. Le somnambulisme est interprété comme un réveil brutal du sommeil profond. Les rêveurs lucides peuvent communiquer depuis leur rêve en utilisant des codes.
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0:23:00-0:24:00: Fluctuations de la vigilance pendant le sommeil et impact sur la perméabilité aux informations extérieures. Difficulté d'étudier l'incorporation des stimuli dans les rêves.
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0:24:00-0:25:00: L'apprentissage pendant le sommeil : un vieux rêve. Les mots entendus pendant le sommeil sont traités comme des mots nouveaux au niveau de la mémoire explicite, mais il y a une trace implicite.
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0:25:00-0:27:00: Étude de l'apprentissage de bruit blanc pendant le sommeil. Les sons entendus pendant le sommeil lent profond donnent des performances encore moindres que des sons nouveaux.
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0:27:00-0:29:00: Le sommeil pourrait avoir une influence sur la plasticité synaptique. L'acétylcholine joue un rôle clé. Le sommeil favorise à la fois la consolidation des souvenirs et l'oubli.
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0:29:00-0:30:00: Conditionnement pendant le sommeil : association d'odeurs chez les fumeurs. L'apprentissage pendant le sommeil est limité, de bas niveau, implicite et fragile.
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0:30:00-0:33:00: Le sommeil n'est pas uniforme. On peut être dans des états hybrides. Le principe de localité du sommeil s'applique aussi à l'éveil. Étude de l'impact des ondes lentes sur l'attention pendant l'éveil.
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0:33:00-0:34:00: Conclusion : le sommeil et l'éveil sont sur un continuum. Importance d'étudier le sommeil pour comprendre le fonctionnement du cerveau.
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0:34:00-0:36:30: Questions et discussion sur le statut de la conscience durant le sommeil.
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Voici un bref compte rendu de la vidéo, qui traite du sommeil, du replay et de l'apprentissage :
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Introduction Le séminaire porte sur le sommeil, le replay et l'éducation, en particulier sur la façon dont le cerveau se modifie par l'apprentissage. Le sommeil pourrait avoir pour fonction de modifier nos circuits cérébraux et d'approfondir les connaissances acquises pendant la journée. Le replay est un phénomène où le cerveau rejoue ce qu'il a appris.
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Gilles Laurent Gilles Laurent étudie le sommeil dans l'évolution, en particulier la place de l'évolution dans le sommeil. Il aborde l'évolution du sommeil chez les animaux et certains travaux sur le sommeil chez les reptiles.
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Le mystère du sommeil Une des principales raisons pour lesquelles le sommeil est intéressant, c'est qu'on ne sait pas très bien pourquoi il existe et que ses fonctions sont encore un mystère. La question abordée est de savoir si les humains sont les seuls à dormir.
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Évolution de la vie et du cerveau La vie a commencé il y a environ 4 milliards d'années, et le cerveau est apparu il y a 700 millions d'années. Il existe de nombreuses façons de construire un cerveau, avec une histoire commune et une histoire spécifique à chaque lignée.
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Convergence et divergence La convergence fonctionnelle est une obligation de l'évolution. Les cerveaux ont commencé avec l'invention de la motricité et des récepteurs sensoriels, nécessitant une interface entre les deux pour la prise de décision. La convergence fonctionnelle fait que l'on observe des phénomènes similaires dans différentes espèces, qui ne sont pas nécessairement le résultat d'un ancêtre commun.
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Sommeil universel? Si le sommeil est universel, cela peut être dû à des origines communes ou à une convergence fonctionnelle.
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Rythmes biologiques Le cerveau est adapté à la physique du monde, et les rythmes biologiques répondent à la rotation de la Terre. Les rythmes circadiens ont une période de 24 heures, et les rythmes saisonniers sont liés à la rotation autour du soleil. Les rythmes circadiens ont été découverts par Jean-Jacques d'Ortous de Mairan. Les mécanismes des rythmes circadiens sont maintenant bien compris grâce aux travaux sur la mouche.
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Histoire de l'étude du sommeil L'étude scientifique du sommeil a commencé il y a environ 100 ans avec les travaux de Nathaniel Kleitman. Le sommeil est soumis à une pression circadienne et une pression homéostatique.
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Définition du sommeil Le sommeil requiert un système nerveux. Il existe trois types de définitions du sommeil : comportementale, électrophysiologique et fonctionnelle.
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Définitions comportementales Les définitions comportementales du sommeil comprennent l'immobilité, le changement de posture, la réversibilité, un seuil d'éveil élevé et la régulation homéostatique.
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Définitions électrophysiologiques Les définitions électrophysiologiques utilisent l'EEG, l'EOG et l'EMG pour classifier les états du cerveau : l'état éveillé, le sommeil lent et le sommeil paradoxal (REM).
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Définitions fonctionnelles Les définitions fonctionnelles du sommeil incluent l'homéostasie métabolique, le développement, l'apprentissage, la mémoire et l'immunité.
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Difficultés de comparaison Il est difficile de comparer l'électrophysiologie du sommeil entre les espèces en raison des différences cérébrales et des méthodes d'enregistrement.
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Exemples de sommeil chez les animaux Il existe un accord général sur la présence de sommeil chez les vertébrés, les insectes et les céphalopodes. Des exemples incluent le sommeil chez le lézard et le poulpe. La mouche est un modèle important pour l'étude du sommeil.
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L'hydre L'hydre, un animal primitif sans système nerveux central, montre des signes de sommeil.
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Problèmes et variabilité Il existe des problèmes liés aux définitions du sommeil et à la généralisation des résultats obtenus chez les espèces de laboratoire. Les phénotypes du sommeil sont extrêmement variables.
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Évolution du sommeil Au début de l'évolution biologique, il y a eu l'invention des rythmes circadiens intracellulaires. Chez les eucaryotes pluricellulaires, il est nécessaire de synchroniser toutes les cellules. Le sommeil commence avec l'invention des systèmes nerveux chez les métazoaires.
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Fonctions primitives Les fonctions primitives du sommeil pourraient être liées à la régulation du métabolisme et de l'immunité. Plus tard, il y a eu une complexification de l'activité du cerveau pendant le sommeil, avec l'apparition du sommeil lent, puis du sommeil paradoxal.
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Pression du sommeil La mouche est utilisée comme modèle pour étudier la pression du sommeil et le rôle potentiel de l'adénosine. Des neurones dans le "fan-shaped body" du cerveau de la mouche sont impliqués dans la régulation du sommeil. Une hypothèse est que les protéines modifiées par l'oxydation et les canaux potassiques jouent un rôle dans l'excitabilité des neurones et le déclenchement du sommeil.
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Questions sur les fonctions du sommeil Quelles sont les fonctions respectives du sommeil lent et du sommeil paradoxal? Le sommeil lent est lié à l'apprentissage, et le sommeil paradoxal pourrait être lié aux aspects émotionnels de la mémoire. Il existe une diversité des périodes de sommeil entre les espèces, liée à leur adaptation aux niches écologiques.
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Sommeil et développement Les jeunes ont besoin de plus de sommeil pour la construction de représentations internes. Le cerveau est peu développé à la naissance et a beaucoup de choses à construire.
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Voici un sommaire minuté des idées principales de la vidéo :
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0:08-4:00 Introduction au séminaire sur le sommeil, le "replay" et l'apprentissage, soulignant l'importance du sommeil dans la modification des circuits cérébraux et l'approfondissement des connaissances acquises. Présentation de Gilles Laurent, neuroscientifique spécialiste du sommeil chez différentes espèces animales.
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4:00-6:00 Le sommeil est un mystère, on ne sait pas pourquoi il existe. La question centrale est de savoir si les humains sont les seuls à dormir. Aperçu de la présence du sommeil chez divers animaux, des mammifères aux invertébrés. Questionnement sur la définition du sommeil et son évolution.
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6:00-8:00 L'évolution de la vie et du cerveau : la vie a commencé il y a environ 4 milliards d'années, mais le cerveau est apparu plus tard, il y a 700 millions d'années. Diversification des plans d'organisation des cerveaux pendant le Cambrien. Importance de la convergence fonctionnelle due à la pression sélective de l'évolution.
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8:00-12:00 Le cerveau est adapté à la physique du monde, y compris aux rythmes de rotation de la Terre. Discussion des rythmes circadiens et saisonniers, et de leur découverte par Jean-Jacques d'Ortous de Mairan. Explication des mécanismes des rythmes circadiens, avec l'exemple de la mouche et des travaux de Ron Konopka et Seymour Benzer.
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12:00-15:00 Le sommeil est-il un héritage d'une origine commune ou d'une convergence fonctionnelle? Les biorythmes sont le résultat de l'adaptation à la planète. L'étude scientifique du sommeil a commencé il y a environ 100 ans avec Nathaniel Kleitman. Le sommeil est influencé par une pression circadienne et une pression homéostatique. Définition du sommeil basée sur des observations chez l'humain et d'autres mammifères, nécessitant un système nerveux.
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15:00-18:00 Définitions comportementales du sommeil (immobilité, changement de posture, réversibilité, seuil d'éveil élevé, régulation homéostatique) proposées par Henri Piéron. Définitions électrophysiologiques (EEG, EOG, EMG) et identification des phases du sommeil : sommeil lent et sommeil paradoxal (REM). Définitions fonctionnelles du sommeil : homéostasie métabolique, développement, apprentissage, mémoire et immunité.
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18:00-22:00 Difficultés de comparer l'électrophysiologie du sommeil entre espèces différentes en raison des différences cérébrales et des méthodes d'enregistrement. Accord général sur la présence du sommeil chez les vertébrés, les insectes et les céphalopodes. Exemples de sommeil chez le lézard (reptile) et le poulpe (invertébré), illustrant différentes manifestations du sommeil. La mouche est un modèle important pour l'étude du sommeil, avec des critères spécifiques et des actogrammes pour mesurer l'activité. L'hydre, un animal primitif sans système nerveux central, montre également des signes de sommeil.
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22:00-25:00 Problèmes liés aux définitions du sommeil et à la généralisation des résultats obtenus chez des espèces de laboratoire. Variabilité des phénotypes du sommeil (durée, rythme, proportion de sommeil lent et paradoxal). Résumé conceptuel de l'évolution du sommeil : rythmes circadiens intracellulaires, synchronisation cellulaire chez les eucaryotes pluricellulaires, et apparition du sommeil avec les systèmes nerveux chez les métazoaires. Fonctions primitives du sommeil liées à la régulation métabolique et de l'immunité. Complexification du sommeil avec l'évolution des cordés et l'apparition du sommeil paradoxal.
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25:00-30:00 Exemples illustrant l'évolution : le sommeil paradoxal et la pression du sommeil. La mouche comme modèle pour étudier la pression du sommeil et le rôle potentiel de l'adénosine. Identification de neurones dans le "fan-shaped body" du cerveau de la mouche, impliqués dans la régulation du sommeil. Hypothèse sur le rôle des protéines modifiées par l'oxydation et des canaux potassiques dans l'excitabilité des neurones et le déclenchement du sommeil.
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30:00-34:00 Questions sur les fonctions respectives du sommeil lent et du sommeil paradoxal, et sur leur lien avec l'apprentissage et les rêves. Discussion sur la diversité des périodes de sommeil entre espèces et leur adaptation aux niches écologiques. Déficits cognitifs observés chez les mouches privées de sommeil.
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34:00-38:00 Sommeil et développement : les jeunes ont besoin de plus de sommeil pour la construction de représentations internes. Comparaison avec le sommeil chez les larves de nématodes.
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Ce bref de synthèse porte sur l'importance de la santé intestinale et les divers facteurs qui peuvent l'affecter, ainsi que des solutions et des témoignages pour améliorer le bien-être digestif.
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Troubles digestifs et impact : Les troubles digestifs, comme le syndrome de l'intestin irritable (SII), touchent de nombreuses personnes et peuvent avoir un impact significatif sur leur qualité de vie. Les symptômes incluent des crampes, de la diarrhée et de la constipation.
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Importance du microbiote : Le microbiote, ou flore intestinale, joue un rôle crucial dans l'assimilation des aliments et le renforcement des défenses immunitaires. Un déséquilibre du microbiote peut entraîner des répercussions sur l'ensemble du corps et être lié à des pathologies cardiovasculaires, à la maladie d'Alzheimer, à la dépression et au cancer.
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Facteurs aggravants : Le stress est un facteur aggravant pour les troubles digestifs, car l'intestin et le cerveau sont étroitement liés. L'alimentation, le manque d'exercice et la consommation excessive de viande et de produits transformés peuvent également influencer négativement le microbiote.
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Solutions et approches :
- Alimentation : Une alimentation adaptée peut soulager les symptômes, mais il est important de ne pas associer systématiquement les aliments aux symptômes en cas de stress chronique.
- Gestion du stress : La gestion du stress est essentielle pour améliorer le bien-être intestinal. Des techniques comme les exercices de respiration et la relaxation peuvent aider à apaiser le système nerveux.
- Fermentation : La fermentation des aliments est une technique ancestrale qui renforce le microbiote et protège des germes pathogènes.
- Soutien émotionnel : Un soutien émotionnel et un accompagnement personnalisé peuvent aider les personnes souffrant de troubles digestifs à retrouver un équilibre et à améliorer leur qualité de vie.
- Dépistage : La coloscopie est un examen préconisé pour le dépistage du cancer colorectal, en particulier chez les personnes âgées.
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Témoignages et expériences :
- Karine (Care) : Influenceuse qui partage ouvertement ses problèmes intestinaux pour encourager les autres à en parler et à briser les tabous.
- Léa : Souffre du SII et suit un programme de coaching pour gérer son stress et améliorer son alimentation.
- Yana Müller : Coach qui a elle-même souffert de troubles gastro-intestinaux et a développé un programme pour aider les autres à retrouver un équilibre.
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Conclusion : Il est crucial de renforcer l'intestin pour une bonne santé et de briser les tabous autour des troubles digestifs . Une approche globale, incluant l'alimentation, la gestion du stress et le soutien émotionnel, est essentielle pour améliorer le bien-être intestinal.
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Voici un sommaire minuté avec les idées fortes du document :
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0:00-0:28: Introduction à Karine (Care), une influenceuse qui parle ouvertement de ses problèmes intestinaux pour encourager les autres à en faire de même et briser les tabous sur les troubles digestifs. Elle souligne l'importance de prendre soin de son intestin.
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0:28-1:21: Explication du syndrome de l'intestin irritable (SII) qui touche 11 millions d'Allemands. L'intestin a pour mission de digérer les aliments, et le microbiote (flore intestinale) contenu dans le gros intestin joue un rôle essentiel. Les troubles digestifs peuvent entraîner un sentiment de honte.
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1:21-2:27: Le témoignage de Léa, qui souffre également du SII et doit suivre un régime alimentaire très strict. Ses symptômes sont apparus progressivement après l'adolescence, et son état s'est dégradé suite à des événements stressants.
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2:27-3:12: L'importance de la flore intestinale (microbiote) pour l'assimilation des aliments et le renforcement des défenses immunitaires. Un déséquilibre de la flore intestinale peut avoir des répercussions sur tout le corps. Léa suit un programme de coaching pour gérer son stress et améliorer son bien-être.
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3:12-4:14: Care utilise une application pour trouver des toilettes publiques et a même des toilettes portables pour les cas d'urgence. Elle a dû réapprendre à profiter de la vie après l'apparition de la maladie et encourage les autres à ne pas avoir honte de leurs problèmes intestinaux.
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4:14-5:28: Présentation d'un atelier sur la fermentation des aliments, une technique ancestrale qui connaît un regain de popularité. Les aliments fermentés renforcent le microbiote et protègent des germes pathogènes.
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5:28-6:37: Yana Müller, coach, explique que les troubles digestifs découlent souvent de causes complexes, et que le stress est un facteur aggravant. Elle a développé un programme en trois volets (émotion, système nerveux, alimentation) pour aider les personnes souffrant de problèmes intestinaux. L'axe intestin-cerveau est souligné, montrant comment les deux organes s'influencent mutuellement.
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6:37-7:36: Yana a elle-même souffert de troubles gastro-intestinaux et a appris à prendre soin d'elle. Son programme de coaching offre un soutien émotionnel aux participants.
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7:36-8:27: Le gastro-entérologue Sebastian Saizish souligne l'importance de l'intestin pour la santé générale. Le microbiote est propre à chaque individu, et un microbiote perturbé peut avoir de graves conséquences.
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8:27-9:14: Présentation du cas d'Erwin Brockelman, atteint de la maladie de Crohn. Le cancer colorectal est un risque majeur, et la coloscopie est préconisée pour le dépistage. Le cancer colorectal recule chez les personnes âgées, mais progresse chez les moins de 50 ans.
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9:14-10:15: Étude du lien entre alimentation et microbiote pour développer un système de détection précoce du cancer colorectal. Il est important de limiter la consommation d'alcool et de ne pas fumer, et d'avoir un juste milieu dans l'alimentation.
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10:15-11:14: Léa fait des courses avec Yana pour apprendre à mieux choisir ses aliments. Yana explique que le stress chronique peut amener à associer certains aliments aux symptômes.
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11:14-12:24: Yana a elle aussi dû renoncer à de nombreux aliments, mais a finalement trouvé la solution en gérant son stress. Elle encourage Léa à ne pas baisser les bras et à retrouver confiance en elle.
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12:24-13:00: Yana aide Léa à se confronter à ses peurs en allant se baigner. Le stress peut entraîner la production d'histamine, que l'organisme de Léa a du mal à décomposer.
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13:00-13:22: Conclusion sur l'importance de renforcer l'intestin pour une bonne santé et de briser les tabous autour des troubles digestifs.
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Voici une synthèse des idées principales concernant la nutrition et la santé, tirées de l'interview du Dr. Jimmy Mohamed:
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L'importance de la nutrition : La nutrition joue un rôle déterminant sur la santé. "Nous sommes ce que nous mangeons", ce qui signifie qu'une bonne alimentation maximise les chances d'être en bonne santé.
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Le petit-déjeuner : Il n'est pas obligatoire pour tous, mais reste important pour les enfants et les adolescents. Il faut écouter ses sensations de faim et ne pas se forcer à manger.
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Le sucre : Le sucre est un ennemi, car il favorise l'inflammation, perturbe le microbiote et provoque des fringales. Il est préférable de miser sur les protéines, comme les œufs, qui sont riches en nutriments essentiels. Il faut éviter les céréales et les produits ultra-transformés, car ils contiennent souvent beaucoup de sucre caché.
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Nutri-score et applications : Le Nutri-score est un indicateur utile, mais il n'est pas parfait et les industriels peuvent le contourner. Des applications comme Yuka peuvent aider à faire des choix plus éclairés.
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Alternatives au lait : Les laits végétaux ne sont pas de vrais laits et contiennent peu de protéines et de calcium.
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Addiction au sucre : Nous sommes prédisposés à l'addiction au sucre, mais il faut éviter les sirops de glucose-fructose présents dans les produits industriels. Le sucre des fruits est moins nocif grâce à la présence de fibres.
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Produits transformés : Les produits ultra-transformés sont dénaturés et peuvent nuire à la santé. Il est important d'éduquer les enfants à reconnaître les bons aliments et de prendre le temps de manger.
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Protéines et alternatives végétariennes : Les sardines en boîte et les lentilles sont d'excellentes sources de protéines. Une alimentation végétarienne peut être suffisante si elle est bien équilibrée en associant différentes légumineuses.
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Hydratation : L'eau doit être la boisson principale. Les sodas et boissons "zéro sucre" contiennent des ingrédients nocifs.
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Impact sur la santé mentale : L'alimentation influence l'humeur et peut aider à améliorer les symptômes de la dépression. Le café et le thé (notamment le thé matcha) peuvent être bénéfiques, mais avec modération.
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Le goûter : Un goûter équilibré se compose d'un produit laitier, d'un produit céréalier et d'un fruit. Les amandes sont une option saine.
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Manger par terre et avec les mains : Ces pratiques peuvent favoriser une meilleure digestion et une plus grande conscience de la satiété.
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Quantité et satiété : Il faut manger à 80% de sa satiété et réduire ses apports caloriques. La pomme de terre est un aliment intéressant, car elle est moins calorique que le riz et les pâtes.
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Enjeux globaux : L'obésité est en augmentation, et bien manger coûte souvent plus cher que mal manger. Il est important de considérer l'alimentation comme un investissement dans la santé publique.
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Polluants éternels (PFAS) : Le plastique est un ennemi à éviter au maximum, car il contient des perturbateurs endocriniens. Il faut privilégier l'eau du robinet, les produits frais et les emballages alternatifs.
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Voici un résumé de l'interview avec le Dr. Jimmy Mohamed, structuré avec un sommaire minuté et les idées fortes en gras :
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Introduction
- Présentation du Dr. Jimmy Mohamed, médecin spécialisé en nutrition, et de son dernier ouvrage "Je mange bien, je vais bien".
- L'objectif de l'interview est de comprendre comment l'alimentation influence notre santé et de déconstruire certaines idées reçues.
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Importance de la nutrition
- La nutrition est centrale pour la santé, avec environ 90 000 repas au cours d'une vie.
- "Nous sommes ce que nous mangeons" : bien manger maximise les chances d'être en bonne santé.
- La société actuelle normalise de mauvaises habitudes alimentaires (petit-déjeuner sucré, repas rapides le midi, dîner devant la télé).
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Le petit-déjeuner
- Le petit-déjeuner n'est pas forcément le repas le plus important pour tout le monde. Il est essentiel pour les enfants et les adolescents.
- Inutilité de se forcer à manger le matin si on n'a pas faim.
- L'importance d'écouter ses sensations alimentaires, surtout pendant les vacances.
- Le corps a des ressources incroyables et on sous-estime la puissance du jeûne.
- Un lobby industriel américain a influencé l'idée que le petit-déjeuner est indispensable.
- Les premiers jours sans petit-déjeuner peuvent être difficiles à cause de l'horloge biologique.
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Composition du petit-déjeuner
- Le sucre est l'ennemi : il crée de l'inflammation, perturbe le microbiote et provoque des fringales.
- Miser sur les protéines, comme les œufs : un œuf contient une vingtaine de protéines, du bon gras, des vitamines, des minéraux et de la choline (bonne pour la mémoire et le foie).
- Éviter les céréales et les produits ultra-transformés.
- Décryptage d'une boîte de céréales : le sucre est le deuxième ingrédient, suivi du sirop de glucose.
- Les industriels cherchent à faire du profit, sans se soucier des conséquences sur la santé.
- Privilégier les fruits entiers plutôt que les jus.
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Nutri-score
- Le Nutri-score est un bon indicateur, mais il n'est pas obligatoire et les industriels peuvent tricher.
- Il faut être acteur et ne plus acheter les produits mauvais pour la santé afin de faire pression sur les industriels.
- Applications comme Yuka pour scanner les produits et obtenir des informations nutritionnelles.
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Alternatives au lait
- Les laits végétaux (soja, avoine, amande) ne sont pas de vrais laits : ils contiennent peu de protéines et de calcium.
- Le lait d'amande est surtout pour le plaisir, privilégier la consommation d'amandes entières.
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Addiction au sucre
- Nous sommes programmés pour être accros au sucre, mais il faut éviter les sirops de glucose-fructose présents dans les produits industriels.
- Ces sirops perturbent le microbiote, le pancréas et les messages de satiété, rendant les produits addictifs.
- Le sucre des fruits est moins dangereux car il est emprisonné dans les fibres.
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Produits transformés et habitudes alimentaires
- Les produits ultra-transformés sont dénaturés et nous rendent malades.
- Un jeune sur trois ne cuisine pas de produits frais tous les jours.
- L'alimentation est trop souvent associée à la récompense.
- Il faut une éducation nutritionnelle pour apprendre aux enfants à reconnaître les bons aliments.
- Les repas sont souvent pris rapidement et mal, avec des conséquences sur la santé.
- Un jeune Français sur cinq ne sait pas reconnaître une courgette, signe d'une déconnexion avec l'alimentation.
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Protéines et alternatives végétariennes
- La sardine en boîte est un excellent produit, riche en protéines et en oméga-3.
- Les lentilles sont une bonne source de protéines végétales, riches en fibres.
- Les protéines animales sont mieux assimilées, mais il faut en manger moins et privilégier une alimentation plus végétale.
- Associer différentes légumineuses pour obtenir tous les acides aminés essentiels.
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Hydratation
- L'eau doit être la boisson principale.
- Les sodas contiennent du sucre, des additifs et des édulcorants nocifs.
- Les boissons "zéro sucre" contiennent des édulcorants qui augmentent l'appétit et perturbent le pancréas.
- Il vaut mieux prendre un vrai soda sucré de temps en temps que de s'habituer aux boissons "zéro".
- Les boissons fraîches anesthésient les papilles et masquent le goût du sucre.
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Impact de l'alimentation sur la santé mentale
- L'alimentation influence nos décisions et notre humeur.
- 40% des personnes dépressives ont de l'inflammation dans le corps.
- Améliorer son alimentation peut améliorer les symptômes de la dépression.
- Le café est une bonne boisson, riche en antioxydants, mais il faut faire attention à la quantité et à la sensibilité individuelle.
- Du thé matcha, un thé vert, est un bon choix pour un effet stimulant plus stable que le café.
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Le goûter
- Un goûter équilibré se compose d'un produit laitier, d'un produit céréalier et d'un fruit.
- Éviter les produits ultra-transformés.
- Les amandes sont une bonne option pour un goûter sain.
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Manger par terre et avec les mains
- Manger par terre favorise une meilleure digestion et une diminution des apports caloriques.
- Manger avec les mains permet de mieux respecter les signaux de satiété.
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Quantité et satiété
- Il faut manger à 80% de sa satiété et ne pas terminer son assiette systématiquement.
- Réduire ses apports caloriques de 10 à 15% en écoutant son corps.
- La pomme de terre est un aliment sous-côté, moins calorique que le riz et les pâtes.
- L'obésité est en augmentation, y compris dans les pays développés, à cause de la qualité et de la quantité des aliments.
- Bien manger coûte cher, alors que mal manger est souvent moins cher.
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Polluants éternels (PFAS)
- Les PFAS sont des perturbateurs endocriniens qui perturbent le système hormonal et augmentent le risque de nombreuses maladies.
- L'ennemi principal est le plastique.
- Il faut bannir le plastique de sa vie : éviter de réchauffer les plats dans des boîtes en plastique, utiliser des biberons en verre, jeter les poêles antiadhésives abîmées, utiliser des spatules en bois, boire l'eau du robinet plutôt que de l'eau en bouteille.
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Conclusion
- Il est essentiel de sensibiliser et de s'informer sur les enjeux de l'alimentation.
- En étant conscient de l'impact de l'alimentation sur la santé, on devient acteur de sa propre santé.
- Il faut avancer étape par étape et manger des pommes de terre.
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Voici un résumé de la vidéo "Complément d'enquête. Ma vie sans sucre : demain j'arrête !" avec les idées fortes en gras:
- 0:00-0:11 Introduction de Rola et de son histoire d'amour avec le sucre. Elle explique que cette relation dure depuis 30 ans.
- 0:11-1:00 Rola explique que la réputation du sucre se ternit. Elle décide d'arrêter d'en consommer pendant un mois pour savoir où elle en est avec son "plus vieil amant".
- 1:11-1:32 Première étape : prise de sang et rendez-vous chez une nutritionniste pour analyser les résultats et définir un protocole.
- 1:39-2:44 La nutritionniste pose des questions sur les habitudes alimentaires de Rola et constate que l'arrêt du sucre doit être radical. Elle explique que moins on mange de sucre, moins on a envie d'en manger.
- 2:44-3:24 Première épreuve : la cantine de France 2. Un collègue rappelle à Rola qu'il y a du sucre dans la pâte industrielle, ce qui constitue son premier raté.
- 3:24-3:51 Rola constate qu'il y a du sucre presque partout. Elle fait le grand ménage dans sa cuisine et se rend compte que ses placards sont infestés de sucre.
- 3:57-4:29 Les fêtes de fin d'année approchent, et les odeurs de sucre sont un cauchemar pour Rola. Une association de consommateurs alerte les passants sur le sucre caché dans les aliments.
- 4:31-5:27 Une représentante de l'association explique qu'il y a énormément de sucre dans les boissons et que, parfois, on retrouve le sucre sous différents noms dans un même aliment.
- 5:28-6:41 Pour les consommateurs, il est très difficile de savoir ce qu'ils engloutissent car les étiquettes sont trop confuses. Ingrid donne un tuyau pour convertir les grammes en morceaux de sucre. Grâce à cette méthode, on se rend compte qu'il y a du sucre dans la moutarde et la bisque de homard.
- 6:41-7:41 Les industriels n'ont pas souhaité répondre à la question de savoir pourquoi ils mettent du sucre dans des produits salés, sauf un fabricant de pain de mie sans sucre ajouté. Ce dernier explique que les consommateurs sont habitués aux produits sucrés et que le sucre permet une meilleure conservation.
- 8:34-9:32 Une expérience réalisée sur des rats démontre que le sucre serait une drogue. Serge Ahmed travaille sur le potentiel addictif du sucre depuis plus de 12 ans. Il explique qu'on a probablement sous-estimé le potentiel addictif du sucre.
- 9:32-10:23 Le danger est à moyen terme, il faut des années d'exposition au sucre pour voir apparaître des maladies chroniques non transmissibles. Le fait d'enlever le sucre, source de plaisir, peut impacter le moral.
- 10:25-10:55 Pour éviter la tentation, Rola se débarrasse de ses réserves de sucre. Elle demande à ses collègues de ne plus apporter de confiseries au bureau.
- 11:05-11:31 Rola commence à déprimer et son ancienne vie lui manque. Manger du sucre est une habitude et un plaisir dont il est difficile de se priver.
- 11:40-12:28 Portrait de Brigitte, 63 ans, diabétique et pesant 102 kg, qui ne peut renoncer à son rituel quotidien de tartines de miel et de confiture. Il n'est pas évident de changer du jour au lendemain une habitude ancrée depuis des années.
- 12:33-14:03 Brigitte redoute le supermarché, où elle doit faire des choix cornéliens. Elle trouve les étiquettes illisibles et trop compliquées.
- 14:03-15:24 Un arrêté ministériel a officiellement validé le code à cinq couleurs pour renseigner sur les qualités nutritives des aliments transformés. Cet étiquetage n'est pas obligatoire, il est facultatif.
- 15:24-16:04 Si Danone l'a adopté, des géants du secteur comme Mars ou Nestlé le rejettent en bloc. Les initiatives nationales sont interdites à cause du marché unique.
- 16:04-16:43 Rola ne pense plus au sucre et résiste facilement à la tentation à Bruxelles.
- 16:49-18:20 L'industrie du sucre lutte contre les taxes et les nouvelles étiquettes. Selon une lobbyiste, il y a un risque de stigmatisation des produits et de culpabilisation des consommateurs. Une eurodéputée allemande ne voit pas l'intérêt du Nutri-Score et trouve le tableau nutritionnel actuel suffisant.
- 18:20-19:20 Ce tableau donne les apports nutritionnels pour 100 g, mais très peu de gens le lisent. Elle estime qu'on ne peut pas rendre obligatoire un étiquetage comme le Nutri-Score sans preuves scientifiques suffisantes.
- 19:20-20:11 Dernier jour : les résultats des analyses de Rola montrent que sa glycémie et son cholestérol ont baissé. Elle dort mieux et a perdu deux kilos.
- 20:14-20:26 Un mois sans sucre, c'est l'équivalent de 800 morceaux en moins et quatre kilos.
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Voici un sommaire minuté des idées fortes qui ressortent de l'entretien avec Éric Debarbieux:
- 0:00-1:13 Introduction Éric Debarbieux, spécialiste du climat scolaire, a publié "Zéro pointé ? Une histoire politique de la violence à l'école". L'ouvrage dresse un bilan mitigé des politiques menées pour prévenir la violence scolaire et s'inquiète des difficultés croissantes de l'école à gérer les troubles du comportement.
- 1:14-2:41 Intérêt pour la question de la violence à l'école: Debarbieux explique son intérêt pour la violence à l'école par son expérience de praticien en tant qu'éducateur spécialisé et instituteur spécialisé auprès de jeunes en difficulté. Il a voulu comprendre la violence plutôt que de se laisser submerger par elle.
- 2:42-3:41 Ce livre n'est pas sur "comment on fait" mais "comment on fait politiquement": Debarbieux précise que son livre ne se concentre pas sur des solutions pédagogiques, mais plutôt sur une analyse politique de la violence à l'école. Il continue d'intervenir sur le terrain, mais souhaite laisser la place aux jeunes chercheurs.
- 3:42-6:25 Évolution du regard sur la violence à l'école: Historiquement, la violence à l'école n'était pas une question politique et personne ne voulait la voir. Debarbieux retrace l'évolution du regard sur la violence à l'école, en commençant par le phénomène du chahut dans les années 60, qui était une forme de violence acceptée et ritualisée contre les professeurs.
- 6:26-7:42 Démocratisation du lycée et nouveaux publics: L'arrivée de nouveaux publics dans les lycées, suite à une volonté politique de démocratisation, a entraîné une contestation de l'ordre et une perte de sens pour certains élèves. Cette violence est devenue une violence antiscolaire.
- 7:43-9:17 Massification, exclusion sociale et ghettoïsation: La massification de l'école, l'exclusion sociale, les problèmes d'exclusion urbaine ont également eu un impact sur la violence à l'école. Initialement, cette violence était perçue comme venant uniquement de l'extérieur, ce qui était une erreur.
- 9:18-10:21 La violence vient aussi de l'intérieur: Une rupture claire se produit avec les manifestations de lycéens au début des années 90 contre la violence dans les établissements scolaires et pour plus de sécurité. Cela marque le début des politiques publiques et des plans antiviolence.
- 10:22-11:01 La puissance publique s'y intéresse: La puissance publique commence à s'intéresser à la question de la violence à l'école en raison de faits divers et de la pression médiatique.
- 11:02-12:55 Mesurer la violence: Un des grands combats scientifiques des années 90 est la mesure de la violence à l'école, ce qui implique de la définir. Un premier appel d'offre est lancé pour mieux comprendre le phénomène. Debarbieux et son équipe mènent une enquête auprès de 14000 élèves sans financement initial.
- 12:56-13:41 Expérience du terrain: L'expérience de Debarbieux est partie du terrain et il est resté en contact avec le terrain en permanence, ce qui lui a permis de poser de nouvelles questions et d'articuler la recherche avec la pratique.
- 13:42-16:21 Être un médiateur dans les équipes: Face à des enseignants qui ne veulent pas entendre parler de pédagogie coopérative ou d'élèves difficiles, il fallait être en mesure d'être un médiateur dans les équipes. La question de la violence n'est pas seulement celle de la violence des élèves, mais aussi des conflits d'équipe.
- 16:22-17:07 Enquête de victimation et de climat scolaire: Debarbieux et son collègue Yves Montoya ont créé une méthode d'enquête de victimation et de climat scolaire pour recueillir l'avis de tous les élèves. L'objectif était de restituer les enquêtes au terrain et de réfléchir avec les personnels sur ce qu'il pouvait faire.
- 17:08-18:39 Violence en milieu scolaire: La violence en milieu scolaire est souvent présentée comme un problème lié au comportement des élèves ou aux problèmes familiaux, mais rarement comme un problème de relations entre adultes. Or, le premier facteur de risque de violence à l'école est l'instabilité des équipes éducatives et la qualité de ces équipes, liée à la conflictualité.
- 18:40-19:52 Instabilité des équipes éducatives: Denise Godfredson a montré que le premier facteur de risque sur la violence à l'école est l'instabilité des équipes éducatives. Les équipes qui se déchirent ne peuvent pas prendre en charge les problèmes de violence, ce qui entraîne un repli dans la classe et une incivilité.
- 19:53-21:06 Violences entre adultes: Des travaux montrent l'importance des violences entre adultes. Une enquête menée par Debarbieux en Seine-Saint-Denis a quantifié le lien entre les conflits en équipe et les agressions subies par les élèves.
- 21:07-22:20 Aggravation des conflits: On observe une aggravation des conflits entre les directions et les enseignants, avec une augmentation du nombre de personnels qui se disent harcelés. Les enseignants se plaignent d'être harcelés par la hiérarchie, et les personnels de direction, par les enseignants.
- 22:21-23:05 Méfiance envers la hiérarchie: Ce que révèle aussi cette situation est la méfiance envers la haute hiérarchie et le personnel politique à la tête du ministère de l'Éducation nationale. Une grande majorité du personnel ne se sent pas soutenue, voire méprisée, par la haute hiérarchie.
- 23:06-24:28 Climat scolaire et conflits internes: Le climat scolaire, qui inclut la bonne entente d'équipe, est un facteur de protection contre la violence. Les conflits au sein de l'administration et des cabinets ministériels ont un impact direct sur les politiques publiques. Derrière cette conflictualité, il y a une conflictualité sociétale globale.
- 24:29-26:13 Harcèlement à l'école: Le harcèlement à l'école est un phénomène de groupe où des individus se liguent contre un autre, souvent motivé par le racisme, la xénophobie ou la transphobie. Les discours haineux tenus dans la société ont des répercussions dans les cours de récréation.
- 26:14-27:25 Difficulté à gérer les enfants en difficulté: L'institution a de plus en plus de mal à gérer les enfants en grande difficulté comportementale.
- 27:26-28:22 Stabilité des enquêtes de victimation: Les enquêtes de victimation montrent une stabilité, voire une petite aggravation récente, de la violence à l'école. Un des phénomènes préoccupants est la difficulté de l'école primaire face aux enfants à troubles du comportement, en lien avec l'école inclusive.
- 28:23-29:22 Augmentation des problèmes avec les enfants à troubles: On observe une augmentation du nombre d'enseignants qui disent avoir des problèmes fréquents avec des enfants à troubles du comportement, passant de 40% à plus de 70%.
- 29:23-30:47 Craintes des enseignants: Les enseignants expriment un cri de désespoir et demandent de l'aide. En 2023, une partie d'entre eux souhaitent que ces enfants soient placés dans des centres spécialisés. Debarbieux souligne que cela ne se fera pas pour des raisons économiques et que l'école inclusive ne suffit pas.
- 30:48-32:36 Désespoir des enseignants: Le désespoir d'un nombre incroyable d'enseignants du premier degré fait craindre un danger réel pour le maintien de l'offre éducative dans le primaire. Il y a une désaffection pour le métier d'enseignant, notamment en raison de la difficulté à gérer les enfants difficiles.
- 32:37-33:12 Sentiment d'impuissance: Pour Debarbieux, cette désaffection est liée au découragement et au sentiment d'impuissance des enseignants. Une majorité d'entre eux estime ne pas avoir été suffisamment formée.
- 33:13-34:09 Formation continue: Il est important de proposer une formation continue de qualité, dispensée par des personnes connaissant le terrain et capables de sortir des discours théoriques.
- 34:10-35:27 Désintérêt pour les questions scientifiques: Debarbieux constate un désintérêt pour les questions scientifiques dans les sphères politiques et un intérêt pour le court-termisme. Il nuance en précisant qu'il a souvent été appelé à la rescousse, mais que l'intérêt pour la science arrive souvent tardivement.
- 35:28-36:24 Claude Allègre: Claude Allègre a été le premier à s'intéresser véritablement au point de vue scientifique, mais sa communication maladroite a nui à ses efforts.
- 36:25-37:22 La communication l'emporte: La communication l'emporte souvent sur la science, surtout depuis l'avènement du web 2.0 et de la réponse immédiate. Luc Chatel, par exemple, était dans le court-termisme et la réponse musclée.
- 37:23-38:02 Tentative d'informer les politiques publiques par la science: Luc Chatel a ensuite tenté d'informer les politiques publiques par la science, avec les États généraux sur la sécurité à l'école et les Assises contre le harcèlement. Cette politique a été continuée par la gauche au pouvoir.
- 38:03-39:02 Arrivée de Blanquer: L'arrivée de Blanquer a mis fin à cette continuité et a imposé un autre programme, cassant notamment la délégation ministérielle dirigée par Debarbieux.
- 39:03-40:00 Instabilité ministérielle: L'instabilité ministérielle et la volonté de chaque ministre de laisser sa marque lassent le terrain et nuisent à l'action publique. Même ceux qui essaient de faire quelque chose deviennent prisonniers de ce climat de rejet et d'autoritarisme. Gabriel Attal, par exemple, a commencé par des plans sur l'empathie et a terminé par une loi contre la jeunesse.
- 40:01-41:13 Moment harcèlement en politique: Le "moment harcèlement" en politique marque une bascule où l'on comprend que la violence n'est pas forcément extérieure aux établissements et qu'il faut la prévenir. Il y a un intérêt pour les victimes que l'on ne sentait pas trop avant.
- 41:14-42:27 Vision de la violence à l'école: Jusqu'en 2010-2011, la vision de la violence à l'école est celle d'une violence provenant de l'extérieur, nécessitant de se protéger en renforçant la sécurité et le partenariat avec la police et la justice.
- 42:28-43:12 Essentiel de la violence à l'école: L'essentiel de la violence à l'école n'est pas constitué d'intrusions, mais de violences banales et ordinaires qui, lorsqu'elles s'accumulent, ont des effets délétères sur les victimes, les témoins et les agresseurs.
- 43:13-44:40 Enquête pour l'UNICEF: Une enquête menée par Debarbieux pour l'UNICEF a révélé qu'environ 10% des élèves sont victimes à répétition de harcèlement. Ces chiffres ont été fortement médiatisés et ont conduit à l'organisation des Assises nationales contre le harcèlement.
- 44:41-46:17 Basculement: Ce moment a aussi été la révélation d'un phénomène où tout le monde s'est dit "c'est bien sûr", en lien avec le harcèlement au travail et le mouvement #MeToo. On ne supporte plus les micro-violences qui étaient auparavant considérées comme banales. Il y a une évolution sociétale intéressante, mais on observe un retour de bâton dramatique.
- 46:18-47:06 Mesures inefficaces: Certaines mesures politiques prises sont inefficaces, comme la sanctuarisation de l'école ou le regroupement des enfants difficiles.
- 47:07-48:01 Discipline militaire: L'exemple de la discipline militaire, proposée par différents responsables politiques, a été essayé et évalué, et s'est avéré inefficace et coûteux. Les militaires eux-mêmes reconnaissent ne pas savoir faire.
- 48:02-50:04 Boot camps: Les "boot camps" aux États-Unis ont également montré leur inefficacité. Le regroupement des individus difficiles, par exclusion interne ou externe, augmente leur capacité à faire bande. C'est un principe de criminologie de base.
- 50:05-51:13 Internat: Debarbieux n'est pas contre l'idée d'internat, mais celui-ci doit être souhaité et ne pas devenir une punition. De même, l'enseignement professionnel ne doit pas devenir une punition pour les mauvais élèves.
- 51:14-53:07 Programmes importés: La transposition directe de programmes contre le harcèlement ou la violence provenant d'autres pays, notamment d'Europe du Nord, est également inefficace. Il n'y a pas de programme miracle et il faut tenir compte des contextes et de la manière dont les équipes s'en emparent.
- 53:08-54:27 Responsabilité sur le harcelé: Mettre toute la responsabilité du harcèlement sur le harcelé est un effet pervers. Les adultes doivent être présents et aider les élèves à s'aider eux-mêmes.
- 54:28-55:11 Prévention indirecte: Une prévention indirecte, basée sur des choses triviales mais montrant que l'on fait attention aux élèves et à leur bien-être corporel, peut être plus efficace. L'exemple des toilettes est souvent cité.
- 55:12-56:17 Question politique: Quoi qu'il en soit, la question politique doit être posée majoritairement. Debarbieux se dit en désaccord avec l'idée que la violence est due à l'ensauvagement de la jeunesse. Il ne s'agit pas d'être laxiste, mais de ne pas voir la situation uniquement à travers le prisme de la répression policière.
- 56:18-57:12 Syndicalisme policier: Debarbieux s'inquiète de l'évolution du syndicalisme policier, où l'on a tendance à réduire le rôle du policier à "petites tête, gros bâton".
- 57:13-58:30 Ce qui fonctionne: Il faut agir sur le terrain en favorisant une approche climat scolaire globale, où l'on veille au bien-être de l'équipe, à la communication, à la qualité du leadership, et où l'on met en place un système disciplinaire cohérent et appliqué par tous.
- 58:31-59:06 Climat scolaire: Le climat scolaire ne doit pas être enfermé dans l'établissement, mais doit prendre en compte l'environnement extérieur, les parents et le quartier. Il faut se demander si l'on veut une école "du" quartier ou une école "dans" le quartier.
- 59:07-1:00:05 Actions possibles au ministère: Au niveau du ministère, il est possible d'agir à condition d'éviter la circularité et les discours théoriques, et en apportant une aide maximale à la formation de long terme.
- 1:00:06-1:00:13 Être combatif: Malgré les difficultés, il faut rester combatif et continuer à se battre.
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Bien sûr. Voici un résumé de la vidéo avec les idées fortes en gras :
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[00:00:06] Introduction de l'émission et des participants. François Dubet, sociologue et directeur d'études, est l'invité pour discuter de son livre "Tous égaux, tous singuliers", qui traite des inégalités et de la solidarité.
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[00:00:39] Évolution de la notion d'inégalité sociale : Les inégalités sont mesurables, mais la question centrale est de comprendre pourquoi certaines sont acceptées et d'autres suscitent l'indignation. Depuis une trentaine d'années, deux grands changements ont marqué les sociétés : l'explosion des classes sociales et le passage d'une conception de la justice sociale axée sur la réduction des inégalités de conditions à une conception axée sur l'égalité des chances.
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[00:01:44] Justice sociale vs. égalité des chances : La justice sociale est liée à l'affirmation que les hommes naissent libres et égaux, mais vivent dans des sociétés inégalitaires. Deux modèles existent : un modèle européen axé sur la réduction des inégalités de position et un modèle américain axé sur l'égalité des chances. Le second modèle tend à dominer, car les supports sociaux du premier (syndicats, classe ouvrière) s'affaiblissent. L'injustice sociale majeure est perçue comme la discrimination plutôt que l'exploitation.
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[00:02:28] Régime des inégalités vs. inégalités : Les inégalités sont mesurables, tandis que le régime des inégalités est le mode de construction et de justification de ces inégalités. Le premier régime d'inégalités était celui des castes, où les inégalités étaient considérées comme naturelles. Les révolutions démocratiques ont aboli ce régime, mais des traces subsistent, notamment dans les inégalités entre les sexes. Les sociétés industrielles ont ensuite structuré les inégalités autour des fonctions sociales et du marché capitaliste.
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[00:03:15] L'expérience des inégalités : Dans l'ancien régime, les inégalités étaient vécues collectivement, avec une fierté et une culture de classe. Aujourd'hui, les mutations du capitalisme ont individualisé l'expérience des inégalités. Chacun se sent inégal en fonction de multiples facteurs (niveau d'études, lieu de résidence, âge, etc.) plutôt qu'en tant que membre d'une classe sociale.
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[00:03:44] Le mouvement des "gilets jaunes" : Ce mouvement est caractérisé par une colère collective, mais sans revendications claires ni sentiment d'appartenance à une classe. Il y a une hostilité envers les élites et une difficulté à formuler des revendications. Le sentiment dominant est le mépris, où chacun se sent dévalorisé et non reconnu.
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[00:04:18] Déconnexion entre inégalités mesurées et inégalités perçues : L'expérience des inégalités est la rencontre entre les inégalités objectives, la représentation qu'on en a et les conceptions de la justice mobilisées. Les inégalités hommes-femmes ont diminué, mais le sentiment d'injustice est plus fort, car les femmes sont davantage confrontées aux inégalités et ont une plus grande conscience de l'égalité. De même, les inégalités scolaires sont perçues comme plus intolérables, car l'école est devenue une compétition où chacun doit jouer et où les petites inégalités deviennent décisives.
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[00:05:16] L'égalité des chances et ses limites : Les Américains croient en l'égalité des chances, mais la mobilité sociale y est plus faible qu'en France ou en Scandinavie. Il est crucial de comprendre comment les acteurs vivent et se représentent les inégalités pour pouvoir les combattre efficacement. Les inégalités qui créent le moins d'indignation sont les moins importantes à traiter.
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[00:06:05] Repenser la solidarité : L'enjeu est de fabriquer une représentation démocratique où les colères trouvent une expression politique. Il faut rendre lisibles les transferts de solidarité, car le mécanisme actuel est illisible et crée un sentiment d'être lésé. Il est urgent de simplifier les mécanismes de redistribution et de revenir à des politiques universelles plutôt que de cibler des publics particuliers. Il faut également fabriquer des sentiments de solidarité plus actifs, en s'appuyant sur la vie associative locale et en intégrant l'apprentissage de la solidarité dans l'expérience scolaire.
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[00:07:39] Le mécanisme des petites inégalités qui s'agrègent : Autrefois, le parcours scolaire était un destin fixé à la naissance. Aujourd'hui, il est le résultat d'une accumulation de petites différences (notes, choix d'options, établissement fréquenté, etc.). Chacune de ces inégalités n'est pas très forte, mais elle s'accumule et donne l'impression que l'individu est responsable de son propre destin.
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[00:08:28] Les pistes d'action politique : Pour repenser la solidarité, il faut que les colères trouvent une expression politique. Il faut rendre lisibles les transferts de solidarité et simplifier les mécanismes de redistribution. Il faut fabriquer des sentiments de solidarité plus actifs, en s'appuyant sur la vie associative et en intégrant l'apprentissage de la solidarité dans l'école.
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[00:09:16] La sociologie face aux inégalités multiples : La sociologie s'est dispersée dans une multitude d'objets et de théories, perdant sa vision globale de la société. Il faudrait qu'elle refabrique une image de la société et qu'elle s'intéresse à la fois aux acteurs et aux mécanismes qui les structurent. Il faut tenir ensemble les épreuves individuelles et les enjeux collectifs.
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[00:10:13] La sociologie et la stigmatisation : Il y a parfois une posture avantageuse dans la dénonciation des stigmatisations et des discriminations. Il est important d'écouter les acteurs sociaux et de ne pas surinterpréter leurs propos. Les sociologues de la génération actuelle sont peut-être plus techniques et professionnalisés, mais ont peut-être perdu en imagination sociologique. Les laboratoires de recherche devraient favoriser le travail collectif plutôt que de se contenter d'être des plateformes de services individuels.
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Voici un sommaire minuté des idées fortes de la conférence sur le Hand à 4 et le numérique éducatif :
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0:07-1:15 : Remerciements à l'AEEPS pour son rôle crucial dans le développement du Hand à 4. Souligne l'importance de l'association pour les rencontres et la formation continue des enseignants d'EPS.
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1:33-3:09 : L'importance de la formation continue dans un contexte de réforme éducative. Remerciements pour l'accueil et la participation.
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3:16-4:13 : Introduction au vif du sujet : Hand à 4, numérique et citoyenneté. Questionnement initial sur l'approche à adopter.
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4:13-5:54 : Complexité de la relation entre le hand, le numérique et la citoyenneté selon Edgar Morin. Nécessité d'une approche globale et interconnectée.
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5:54-7:50 : Questionnement sur le développement de compétences motrices, méthodologiques et sociales à travers le hand à 4. Référence à la pratique fédérale sans révérence.
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8:01-12:15 : Différences réglementaires entre le Hand Ball à 7 et le Hand Ball à 4. Adaptation des règles en fonction du niveau des élèves. Mixité et labellisation par la Fédération Française de Handball.
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12:15-14:55 : L'exclusion temporaire comme sanction et l'aménagement des règles en fonction des besoins des élèves. Différenciation pédagogique possible grâce à la modularité des terrains.
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14:55-17:27 : Illustrations vidéo de la pratique du Hand à 4 de la 6e au Master 2. Démonstration de l'adaptabilité du Hand à 4 à différents niveaux.
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17:27-19:57 : Objectifs de formation : quel élève/étudiant en handballeur à la fin du secondaire/Master 2. Développement de compétences spécifiques : traverseur, marqueur, etc..
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19:57-22:31 : Numérique et citoyenneté : asservir le numérique à des fonctions éducatives. Former un citoyen numérique responsable.
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22:31-27:52 : Trois aspects clés du numérique en EPS : autoscopie, conflit socio-cognitif et autodétermination. Importance de l'esprit critique face à l'intelligence artificielle.
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27:52-30:59 : Engagement et théorie de l'autodétermination (compétence, autonomie, proximité sociale). Importance du collectif dans l'approche du Hand à 4.
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30:59-32:17 : Découpage de la présentation en trois parties : compétence, autonomie et proximité sociale. Priorité à l'égalité et au rôle de marqueur. Utilisation du feedback quantitatif enrichi par le numérique.
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Voici un résumé minuté des idées fortes de la conférence de François Taddei sur les enjeux de l'IA pour l'éducation :
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0:04-1:35 L'IA impacte tous les pays et niveaux d'éducation, nécessitant une adaptation des systèmes de formation pour les jeunes, les étudiants, les professionnels et les enseignants.
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1:41-2:53 Les machines deviennent apprenantes grâce au machine learning, remettant en question ce que l'on doit apprendre, comment et pourquoi, et nécessitant une remise en question de nos systèmes éducatifs.
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3:00-3:36 L'IA a un impact plus fort que le numérique sur le marché du travail, faisant évoluer les professions intellectuelles, ce qui nous interpelle à différents niveaux.
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3:36-4:45 Le Festival Learning Planet a mis en évidence la nécessité d'enseigner différemment à l'heure de l'IA, en tenant compte de ce qui fait la spécificité des humains par rapport aux machines.
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5:02-6:00 Il faut apprendre au sujet de l'IA, comprendre son fonctionnement, ses limites et ses potentiels, ce qui est bien traité dans le supérieur avec des formations dédiées.
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6:12-7:23 Il faut apprendre grâce à l'IA, en utilisant des outils comme PhiloGPT pour faciliter les apprentissages, tout en développant les compétences propres aux êtres humains comme la coopération, la compassion et la créativité.
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7:23-8:40 Il faut développer des compétences essentielles comme l'expression orale, et mettre l'accent sur l'agentivité, c'est-à-dire le pouvoir d'agir et d'avoir un impact sur les collectifs.
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8:40-9:31 L'éthique doit être au cœur du système éducatif, car l'IA pose d'énormes questions éthiques.
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9:31-10:43 Il est essentiel d'intégrer les trois formes de connaissance selon Aristote : épistémè (connaissance du monde), technè (agir sur le monde) et phronesis (éthique de l'action).
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10:43-11:30 Il faut développer l'éthique dans nos programmes et notre capacité à penser, car l'intelligence sans conscience n'est que ruine de l'âme.
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11:30-12:16 Les enjeux éthiques sont de plus en plus nécessaires face aux logiques de puissance et d'impérialisme, et pour favoriser le vivre ensemble entre humains et entre espèces.
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12:16-14:06 Il est important d'accompagner l'arrivée de l'IA dans les établissements, de dissiper les oppositions et les a priori, et de fournir une formation adéquate aux enseignants.
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14:06-15:32 Il faut repenser les systèmes d'évaluation, développer l'esprit critique des élèves et les éduquer aux dangers potentiels de l'IA.
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15:32-16:20 Il est de notre devoir d'éducateurs et de citoyens de transmettre des attitudes critiques et constructives face à l'IA, et d'adapter l'éducation à la citoyenneté et aux médias à l'ère de l'IA.
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16:20-17:09 Il faut créer des communautés apprenantes et des dynamiques où ceux qui sont en avance partagent leurs connaissances et contribuent à faire évoluer les pratiques.
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17:09-18:05 Des modalités pédagogiques comme la classe inversée et l'oral sont adaptées à l'ère de l'IA, permettant d'évaluer les élèves dans un environnement accompagné.
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18:05-19:00 L'oral est essentiel pour évaluer l'apprentissage, et l'IA peut permettre de gagner du temps pour avoir un dialogue oral avec les élèves.
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19:00-20:03 Il est crucial de s'interroger sur l'évolution technologique et son impact sur nos rôles et nos missions en tant qu'enseignants, afin de mieux former les élèves.
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20:03-21:31 L'IA nous oblige à nous interroger sur nos pédagogies, le sens d'être un être humain et d'éduquer un être humain, et à résister aux nouvelles formes d'impérialisme et de domination.
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21:31-22:33 Le triptyque de Condorcet (démocratie, éducation, savoir) est toujours d'actualité à l'ère des fake news, et il faut se réinterroger sur nos intentions et éventuellement changer nos pratiques sans changer nos valeurs.
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22:33-23:31 Il faut avoir conscience que l'héritage des Lumières n'était pas le plus inclusif, et repenser l'universalisme dans un monde où la planète est menacée.
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23:31-24:33 La technologie n'est pas la solution par défaut, et il faut être vigilant face à la désinformation et développer l'esprit critique.
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24:33-26:05 Il est important de prendre du recul historique pour comprendre d'où l'on vient, où l'on est et où l'on va, et de repenser le vivre ensemble à toutes les échelles.
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26:05-27:01 Il faut s'interroger sur nos finalités et enseigner différemment l'histoire du vivant, de notre espèce et de notre culture.
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27:01-34:05 L'exemple de Grigny montre comment les compétences humaines et l'agentivité des élèves peuvent être des leviers pour relever des défis et devenir acteurs de leurs apprentissages.
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34:05-35:21 Il est essentiel d'articuler savoir et compétences, de créer des espaces de créativité pour les élèves et de dépasser les habitudes de travail collectives.
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35:21-36:42 Des initiatives comme Model UN peuvent être repensées à l'ère de l'IA pour aider les jeunes à comprendre la complexité du monde et les enjeux géopolitiques.
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36:42-39:22 L'IA peut aider à faire des synthèses dans les conventions citoyennes et à augmenter les débats, en trouvant des sources et en faisant des synthèses locales et internationales.
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39:22-41:34 Il est important de prendre en compte la déclaration de la jeunesse sur l'avenir de l'éducation et de coconstruire l'avenir avec les jeunes, en ne prenant plus de décisions qui ne soient pas dans l'intérêt des générations futures.
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41:34-43:55 Il faut faire passer à l'échelle les actions qui permettent un vrai dialogue intergénérationnel et de prendre des décisions dans l'intérêt des générations futures.
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43:55-45:32 Il est important d'inviter les jeunes à utiliser l'IA dans un cadre défini, de dialoguer avec eux et de réfléchir sur le sujet, et de créer un collectif pour avancer ensemble.
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45:32-47:02 Il faut créer des chartes et des règlements intérieurs qui soient des lieux de débat démocratique, et avancer avec bienveillance en admettant que l'on ne sait pas tout.
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47:02-48:31 Il est important d'utiliser des IA éthiques et de confiance, comme Mistral AI, et de privilégier les modèles open source qui peuvent être installés sur des serveurs locaux.
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48:31-51:18 Des initiatives comme Phil GPT montrent comment l'IA peut être utilisée pour dialoguer avec différents philosophes et faciliter l'évaluation personnalisée.
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51:18-53:00 Il est important de dialoguer avec les collègues qui sont méfiants vis-à-vis de l'IA et de prendre le temps de voir ce qu'elle peut apporter ou pas à la création artistique.
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53:00-56:23 Il faut raison garder, expérimenter certaines choses, mais ne pas tout remplacer, car l'interaction avec la matière reste essentielle pour développer le sens artistique.
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56:23-58:04 Il est important de prendre en compte les inégalités sociales et l'accès aux outils numériques, et de voir comment l'IA peut être un levier pour réduire ces écarts.
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58:04-59:26 Il faut être pragmatique et comprendre les besoins de chaque élève, et éventuellement mutualiser les équipements ou utiliser les smartphones dans un cadre pédagogique.
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59:26-1:00:51 Il est important de prendre en compte les difficultés d'accès à internet à la maison et de s'adapter aux besoins de chaque élève.
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1:00:51-1:04:27 Il est essentiel d'agir sur la fracture liée à l'IA et de prendre en compte les disparités sociales et de compétences, en donnant une place plus importante à l'humain et à l'agentivité des élèves.
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1:04:27-1:06:19 Il faut aller au-delà de la prise en main des outils et transformer l'école, en personnalisant les apprentissages et en s'adaptant aux spécificités de chacun.
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1:06:19-1:08:59 Il est important de créer de l'intelligence collective pour réfléchir à la mise en place de chartes et de mobiliser les éducateurs, les parents et les jeunes.
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1:08:59-1:11:13 Il est essentiel de coconstruire les chartes et de faire communauté autour d'un document socle, en s'inspirant des modèles existants et en adaptant l'IA aux besoins de chacun.
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Voici un sommaire minuté avec les idées fortes du transcript de la vidéo "Apprendre à manger sainement dès l'enfance | ARTE" :
Voici un bref résumé de l'importance d'une alimentation saine dès l'enfance, basé sur les sources :
- Ne jamais forcer un enfant à manger car l'alimentation pendant l'enfance a des conséquences sur les habitudes alimentaires à l'âge adulte. L'apprentissage du goût se fait par l'expérience.
- Une mauvaise alimentation est un facteur de risque de maladies chroniques.
- Les besoins nutritionnels des enfants varient selon l'âge et incluent des protéines, lipides, glucides, fibres, vitamines et minéraux.
- Il est important d'avoir une alimentation variée pour assurer un apport suffisant en nutriments essentiels au corps et au cerveau. Face à la néophobie (peur des aliments inconnus) chez les enfants, il est important de persévérer et de proposer les aliments sous différentes formes.
- Les frères et sœurs peuvent influencer les préférences alimentaires. Il faut faire attention à ne pas interdire certains aliments, mais à limiter la « malbouffe ».
- Les industriels peuvent manipuler le goût et la texture des aliments. Cuisiner à la maison permet de mieux contrôler les ingrédients.
- L'anorexie mentale est en augmentation chez les jeunes, influencée par les idéaux de beauté et les réseaux sociaux. La génétique joue un rôle important dans les troubles alimentaires. Le traitement à domicile et la mise en place de nouvelles habitudes sont essentiels.
- L'alimentation participe à la construction de l'identité. Il est important d'éduquer les enfants à l'alimentation, à la préparation des repas et aux relations de cause à effet entre aliments et santé.
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L'alimentation a d'autres fonctions que l'apport de calories et manger est important, mais pas le plus important.
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0:00-1:54: Importance de ne jamais forcer un enfant à manger.
L'alimentation infantile influence les comportements alimentaires à l'âge adulte. Les enfants apprennent par l'expérience.
Une mauvaise alimentation est un facteur de risque de maladies chroniques.
- 1:54-3:15: Les besoins nutritionnels des enfants varient selon l'âge.
L'alimentation variée est essentielle pour le corps et le cerveau. Les parents ont tendance à nourrir les enfants de manière trop peu variée.
Il faut persévérer à proposer de nouveaux aliments.
- 3:15-4:40: Présenter les aliments sous différentes formes peut aider.
L'influence des frères et sœurs sur les préférences alimentaires. Ne pas interdire absolument certains aliments, mais limiter la malbouffe.
Le sucre active le circuit de la récompense.
- 4:40-6:14: Les industriels manipulent le goût et la texture des aliments pour les rendre irrésistibles.
Cuisiner à la maison permet de mieux contrôler les ingrédients.
L'estime de soi et l'apparence. Relation normale avec la nourriture.
- 6:14-7:54: L'anorexie mentale et son augmentation chez les jeunes.
Les idéaux de beauté et l'influence des réseaux sociaux. La génétique joue un rôle important dans les troubles alimentaires. Importance du traitement à domicile et des nouvelles habitudes.
- 7:54-9:30: Le traitement des troubles alimentaires est souvent efficace.
Cuisiner comme moyen de se concentrer et de penser à autre chose.
L'alimentation participe à la construction de l'identité.
Les anciennes générations ont aussi à apprendre des enfants.
- 9:30-10:00: Importance d'éduquer les enfants à l'alimentation et à la préparation des repas.
Relations de cause à effet entre aliments et santé. L'alimentation a d'autres fonctions que l'apport de calories.
Manger est important, mais pas le plus important.
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Résumé de la vidéo [00:00:02][^1^][1] - [00:30:36][^2^][2]:
Cette vidéo explore l'impact des écrans sur les jeunes enfants et adolescents, en se concentrant sur les effets potentiels sur le développement cognitif, le comportement et la santé mentale. Elle présente des études et des témoignages de professionnels de la santé et de la recherche.
Moments forts : + [00:00:02][^3^][3] Introduction sur l'impact des écrans * Les écrans dévorent un tiers de notre temps d'éveil * Les enfants passent entre 4 et 6 heures par jour devant un écran * Les études montrent des changements dans le cerveau et le comportement + [00:03:03][^4^][4] Effets sur les jeunes enfants * Les écrans perturbent les interactions parent-enfant * Les enfants exposés aux écrans ont des troubles du langage et du comportement * Les recommandations officielles limitent le temps d'écran + [00:06:30][^5^][5] Études scientifiques et expérimentations * Les études montrent des perturbations du sommeil et de l'attention * Les expériences sur les souris révèlent des comportements impulsifs * Les enfants exposés aux écrans ont des difficultés d'apprentissage + [00:13:00][^6^][6] Impact sur les relations familiales * Les écrans perturbent les relations parents-enfants * Les études en Suède mesurent l'impact des pratiques numériques * Les enfants exposés aux écrans tardent à parler + [00:20:00][^7^][7] Développement cognitif et apprentissage * Les enfants ont du mal à transférer les informations des écrans à la réalité * Les expériences montrent un déficit de transfert * L'accompagnement parental peut atténuer les difficultés d'apprentissage + [00:24:20][^8^][8] Impact sur les adolescents * Les adolescents passent beaucoup de temps devant les écrans * Les études montrent des particularités dans le développement cérébral * Les conclusions définitives des études sont attendues
Résumé de la vidéo [00:30:38][^1^][1] - [00:52:00][^2^][2]:
Cette partie de la vidéo explore l'impact des réseaux sociaux et des jeux vidéo sur le cerveau humain, en particulier sur le circuit de la récompense et les comportements addictifs. Elle aborde également les méthodes de traitement de l'addiction aux jeux vidéo, notamment en Chine et en Europe.
Moments forts : + [00:30:38][^3^][3] Impact des réseaux sociaux * Récompenses imprévisibles * Comportements compulsifs * Circuit de la récompense activé + [00:35:01][^4^][4] Addiction aux jeux vidéo * Reconnaissance médicale * Centres de traitement en Chine * Pression scolaire en Asie + [00:43:09][^5^][5] Réglementations en Chine * Limitation du temps de jeu * Couvre-feu numérique * Difficultés de mise en œuvre + [00:45:00][^6^][6] Effets positifs inattendus * Amélioration des capacités d'attention * Réduction des accidents de la route * Entraînement des non-gamers + [00:49:02][^7^][7] Jeux vidéo thérapeutiques * Traitement des troubles de l'attention * Études cliniques * Potentiel futur en médecine
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Ce documentaire explore les expériences fondamentales des enfants et des adolescents en matière d'amour, en mettant en lumière la complexité croissante de leurs relations à mesure qu'ils grandissent. Il aborde comment les jeunes vivent leurs premières expériences amoureuses et comment les adultes peuvent les accompagner tout en respectant leur intimité.
Voici les points clés abordés dans le documentaire:
- L'importance de l'amour : L'amour est essentiel pour les humains car il offre un sentiment de ne pas être seul. Il est un moteur de créativité et de changement, et une force motrice dans la vie.
- Les premières expériences amoureuses : Elles peuvent survenir dès la maternelle et sont des moments décisifs, marquant la première expérience amoureuse et l'apprentissage de la gestion des relations. Il est important de ne pas minimiser ces expériences.
- L'amour et le corps : L'amour naît dans le cerveau, mais se manifeste par des ressentis physiques tels que des picotements, un cœur qui bat vite et des rougeurs.
- Le rôle des hormones : La puberté et les hormones sexuelles, comme la testostérone et les œstrogènes, jouent un rôle crucial dans le désir et l'attirance.
- La communication : Une communication ouverte est essentielle pour un développement sexuel sain et positif. Les tabous et le manque de communication peuvent mener à la honte et à la culpabilité.
- Les chagrins d'amour : Ils font partie de la vie et aident à surmonter les échecs. La douleur d'un chagrin d'amour est réelle et peut être comparée à la douleur physique.
- Le rôle des parents : Les parents doivent encourager leurs enfants à faire leurs propres expériences amoureuses et leur faire confiance pour surmonter les difficultés. Il est important de les préparer à prendre des décisions autonomes et de leur donner confiance en eux.
- L'influence de la société : Les jeunes comparent souvent leurs expériences à celles des autres, notamment via les réseaux sociaux, ce qui peut être un défi.
- L'amour parfait n'existe pas : La recherche de l'amour ou de la relation parfaite est un objectif difficile à atteindre. Les relations amoureuses impliquent un travail constant et la recherche d'un consensus.
- L'importance de l'authenticité : Il est important de suivre sa propre voie et de prendre ses propres décisions, indépendamment de ce que font les autres.
- Les ruptures : Il n'y a pas de rupture parfaite, mais il est important de limiter la douleur pour soi-même et pour l'autre. Le "ghosting" (quitter quelqu'un sans explication) est particulièrement difficile à vivre.
- L'impact à long terme : Les expériences amoureuses de jeunesse préparent au parcours de vie en matière d'amour, d'intimité et de sexualité. Une vie de couple saine et positive est liée à une meilleure santé physique, mentale et sociale, ainsi qu'à une plus grande longévité.
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Voici un sommaire minuté du documentaire, mettant en évidence les idées fortes:
- 0:04-0:52: L'amour est essentiel pour l'humain, offrant un sentiment de ne pas être seul et agissant comme un moteur de créativité et de changement. Les relations amoureuses et la sexualité sont complexes et importantes.
- 1:03-1:29: Les premières expériences amoureuses peuvent survenir très tôt, même dès l'âge de 5 ans. Un enfant décrit son premier béguin.
- 1:32-1:54: Le sentiment amoureux est universel, mais sa manifestation varie selon les cultures.
- 2:00-2:26: Il existe une différence entre une amourette et être amoureux, avec une gradation entre le coup de cœur et la passion. Les premiers amours s'accompagnent de pudeur.
- 2:31-3:26: L'amour naît dans le cerveau et se manifeste par des réactions physiques. Les stimulations cérébrales libèrent de l'adrénaline, activant l'organisme.
- 3:29-3:54: Récit d'un jeune garçon qui a toujours été amoureux depuis la maternelle. Il raconte sa première rupture.
- 4:00-4:53: L'idée que les premiers amours n'arrivent qu'à la puberté est un mythe. Ces premières expériences sont décisives et ne doivent pas être minimisées par les adultes.
- 5:07-5:20: Un jeune garçon décrit sa copine et les raisons pour lesquelles il l'aime.
- 5:30-5:56: Les parents ne devraient pas s'immiscer dans les histoires d'amour de leurs enfants, mais plutôt les encourager à faire leurs propres expériences.
- 6:03-6:20: Un adolescent explique comment l'écriture l'aide à exprimer ses sentiments amoureux.
- 6:37-6:57: Recevoir la confirmation de l'amour est une sensation agréable, mais le rejet peut être douloureux.
- 7:00-7:24: Même les jeunes enfants perçoivent l'amour comme un sentiment intense qui génère de la vulnérabilité. Ils peuvent avoir honte et ne pas savoir comment en parler.
- 7:31-7:51: Les premières expériences amoureuses sont importantes et influencent la manière dont on vivra les relations plus tard.
- 8:15-9:06: La puberté et les hormones sexuelles (testostérone et œstrogènes) jouent un rôle dans le désir et l'attirance.
- 9:13-10:08: Le "ghosting" (quitter quelqu'un sans explication) est une expérience difficile à vivre.
- 10:11-10:56: Exprimer ses sentiments amoureux est une forme d'abandon de soi, et un refus peut remettre en question l'être tout entier.
- 11:00-12:15: La douleur d'un chagrin d'amour peut conduire à douter de soi-même. Cette douleur est comparable à celle ressentie lors d'un manque lié à une addiction. Les adolescents ont du mal à prendre du recul face à leurs émotions.
- 12:18-13:06: Des études montrent que la douleur émotionnelle d'un chagrin d'amour active les mêmes zones cérébrales que la douleur physique. Prendre du paracétamol peut soulager cette douleur.
- 13:12-13:28: Il n'y a pas de rupture parfaite, mais on peut essayer de limiter la douleur pour soi et pour l'autre.
- 13:37-13:50: La musique et le soutien des amis aident à surmonter les chagrins d'amour.
- 13:53-14:30: Après une rupture, on a tendance à idéaliser la personne perdue. Un chagrin d'amour peut devenir traumatique et amener à éviter de nouvelles relations.
- 14:40-15:28: Même les adultes sont mal préparés à faire face aux ruptures. Les expériences de jeunesse apprennent à surmonter les échecs et à mieux choisir ses partenaires.
- 15:30-15:51: Les chagrins d'amour et les ruptures font partie de la vie et rendent plus fort.
- 16:24-17:02: La recherche de l'amour parfait est un objectif difficile à atteindre. L'amour et les relations sexuelles demandent du travail et impliquent la recherche d'un consensus.
- 17:31-17:51: L'idéalisation peut mener à l'échec des relations. Il faut trouver un moyen de vivre au quotidien avec son partenaire.
- 18:44-19:44: Lors des premiers rapprochements physiques, de nombreuses sensations sont stimulées, activant l'amygdale (centre des émotions) et libérant des neurohormones qui engendrent le plaisir.
- 20:06-20:44: Les jeunes se comparent souvent aux autres, notamment sur les réseaux sociaux. Il est important de suivre sa propre voie et de prendre ses propres décisions.
- 20:46-21:00: Il faut du temps pour être prêt physiquement, émotionnellement et cognitivement pour une nouvelle expérience.
- 21:04-21:46: L'incertitude est normale, surtout avec peu d'expérience. On apprend de ses erreurs et on comprend ce que l'autre veut ou ne veut pas.
- 21:46-22:29: Dans de nombreuses cultures, l'amour et la sexualité sont des sujets tabous. La communication est essentielle pour un développement sexuel sain et positif.
- 22:36-22:59: Il est souvent gênant d'aborder ces sujets avec ses parents, et on se fait souvent sa propre éducation sur internet.
- 22:59-23:33: Malgré les tentatives d'intégrer l'éducation sexuelle à l'école, ces questions ne sont pas suffisamment abordées. Les parents ont du mal à parler de sexualité avec leurs enfants et délèguent souvent cette éducation aux réseaux sociaux et à la pornographie.
- 23:40-24:05: La pornographie classique a un intérêt éducatif limité, mais de nouvelles formes de pornographie axées sur la diversité des corps et le plaisir féminin apparaissent.
- 24:10-24:34: La peur de la rupture est présente, surtout lors d'une première expérience. On a l'impression de perdre une partie de soi-même et de devoir tout recommencer.
- 24:43-25:00: Une vie de couple saine et positive est liée à une meilleure santé et à une plus grande longévité.
- 25:00-25:38: Les expériences de jeunesse préparent à la vie amoureuse et sexuelle.
Les parents peuvent aider en apprenant à leurs enfants à prendre des décisions autonomes et en leur donnant confiance en eux.
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Voici une brève synthèse des informations concernant l'impact du sel sur la santé, tirées des sources fournies et de notre conversation précédente :
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Le sel est essentiel pour l'organisme, participant à la régulation hydrique, à l'alimentation du cœur, des nerfs et des muscles, ainsi qu'au maintien de la tension artérielle. Le sodium, composant du sel, est indispensable au fonctionnement normal du corps humain.
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Cependant, le sel a été diabolisé et accusé d'augmenter la pression artérielle et le risque de maladies cardiovasculaires. La surconsommation de sel peut entraîner des effets néfastes sur la santé.
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Les recommandations nutritionnelles concernant la consommation de sel ont évolué au fil du temps, basées sur des études parfois contestées. Certaines organisations de santé préconisent un apport très faible en sodium, mais des études récentes suggèrent que le contrôle strict de l'apport en sodium pourrait être inutile, voire risqué.
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La sensibilité au sel varie d'une personne à l'autre. Seule une personne sur quatre serait sensible au sel, sa tension dépendant alors directement de la quantité de sodium ingérée.
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Des recherches récentes ont mis en évidence que le corps stocke le sodium, et que la quantité stockée augmente avec l'âge. Le rôle exact de ce stockage reste à déterminer, mais il pourrait être lié à la conservation de l'eau dans l'organisme.
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Les sources de sel dans notre alimentation sont variées, allant du sel de table ajouté aux aliments transformés. La consommation de produits industriels contribue majoritairement à l'apport en sel.
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Il est important de considérer d'autres facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires, tels que l'alcool, le tabac, le stress et l'obésité. Une alimentation équilibrée et la modération sont recommandées.
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Les études sur le sel sont complexes et parfois contradictoires. Il est difficile de mener des études nutritionnelles rigoureuses sur des participants humains en raison de la difficulté à contrôler leur alimentation.
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L'umami, une cinquième saveur de base, est souvent associé au sel dans les aliments. La sauce soja, par exemple, est utilisée pour apporter de la salinité aux plats.
En conclusion, le sel est un nutriment essentiel, mais sa consommation doit être modérée et adaptée aux besoins individuels, en tenant compte des autres facteurs de risque pour la santé cardiovasculaire.
Les recherches actuelles continuent d'explorer les effets du sel sur l'organisme, notamment le rôle du stockage du sodium.
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Voici un résumé minuté de la transcription concernant l'impact du sel sur la santé, basé sur les informations des sources fournies:
- 0:08-0:20: Le sel est présenté comme essentiel et indispensable à la cuisine de qualité.
- 0:27-0:34: Le sel est potentiellement dangereux pour la santé, voire mortel, en cas de surconsommation.
- 0:41-0:47: Il est avancé que ces craintes pourraient être infondées.
- 0:47-0:53: Le sodium est indispensable au fonctionnement normal du corps humain.
- 1:52-2:06: Importance du sel en cuisine, notamment pour l'assaisonnement du poisson.
- 2:19-2:25: Importance d'un assaisonnement équilibré, ni trop discret, ni trop présent.
- 2:45-2:52: Nécessité de saler généreusement l'eau pour blanchir les légumes verts.
- 3:47-3:55: Estimation de l'utilisation de plusieurs centaines de grammes de sel pour 50 convives, ce qui peut sembler impressionnant comparé aux recommandations nutritionnelles.
- 4:00-4:25: Le sel a toujours été diabolisé, notamment dans les ouvrages destinés au grand public, et fait l'objet de campagnes de sensibilisation sur la consommation excessive.
- 5:01-5:18: Le sel de table est du chlorure de sodium, essentiel pour la rétention de liquide, le fonctionnement du cœur, des nerfs, des muscles et la tension artérielle.
- 5:23-5:46: Le sel est un électrolyte qui transporte une charge électrique, permettant au cœur de battre et alimentant le cerveau, les muscles et le système nerveux.
- 5:46-6:05: Le sel maintient l'équilibre des fluides et l'hydratation du corps.
- 6:13-6:19: Une personne de 70 kg doit avoir environ 62 cuillères à café de sel dans l'organisme.
- 6:19-6:33: Le sel est filtré et éliminé par les reins, évitant l'accumulation de toxines.
- 6:33-6:38: Le sel est indispensable à notre organisme.
- 6:52-7:16: Le sel est tombé en disgrâce aux États-Unis en 1977, conduisant à une recommandation de 3g de sel par jour.
- 7:16-8:15: Cette recommandation est basée sur des études contestables, notamment une étude sur des rats ayant ingéré d'énormes quantités de sel et une étude comparant la consommation de sel et la tension artérielle de populations isolées.
- 8:15-8:35: Le sel est devenu le grand ennemi, accusé d'entraîner la rétention de liquide, l'hypertension artérielle et les infarctus.
- 8:35-9:00: Ces conclusions sont le résultat d'hypothèses incertaines et ne tiennent pas compte du fait que la consommation de sel n'est pas la seule cause de l'hypertension.
- 9:05-9:13: Parmi les facteurs de risque de l'hypertension figurent le tabac, l'alcool, le stress, l'obésité et le sel.
- 9:13-9:32: Le sel est l'élément le plus facile à changer dans notre alimentation, ce qui en fait le coupable idéal de l'hypertension.
- 9:45-10:02: La consommation de sel n'augmente la tension artérielle que chez certaines personnes.
- 10:02-10:10: Contrairement au tabac et à l'alcool, le sel est indispensable à notre organisme.
- 10:10-10:16: Théorie selon laquelle nous raffolons du sel parce que nous descendons de créatures marines.
- 10:35-10:56: Comparaison entre la composition de l'eau de mer et de notre milieu intérieur, expliquant notre besoin de sel.
- 11:08-11:13: Le rein est l'organe le plus important du corps pour la gestion du sel.
- 11:18-11:40: Les reins filtrent et réinjectent le sel dans notre organisme, permettant de maintenir un environnement interne équilibré.
- 11:40-11:46: Nous avons besoin du sel pour vivre.
- 11:53-12:19: Une consommation importante de sel pourrait être mauvaise pour la santé en augmentant la tension artérielle chez les personnes sensibles au sel (environ 1/4 de la population).
- 13:31-13:39: La dose nécessaire de sel est estimée à 1,5 g par jour, mais la plupart des britanniques en consomment environ 20 fois plus.
- 13:53-14:17: La Finlande a réussi à réduire sa consommation de sel grâce à des campagnes de sensibilisation.
- 14:50-15:02: L'American Heart Association recommande de ne pas dépasser 1500 mg de sodium par jour.
- 15:14-15:20: Le lien entre la consommation de sodium et les maladies cardiovasculaires n'a jamais été remis en question et s'est imposé comme une vérité.
- 15:56-16:02: Rien n'indique que la restriction en sel serait bonne pour l'organisme selon certaines études.
- 16:12-16:25: Il ne faut pas exiger systématiquement des malades souffrant d'insuffisance cardiaque qu'ils réduisent leur consommation de sodium sans éléments concrets.
- 17:11-17:17: Il faut tenir compte des difficultés que vont rencontrer certains patients comme les personnes âgées, celles qui ont des revenus limités ou qui font partie de minorités.
- 17:36-17:43: Il faut des éléments tangibles qui prouvent que le changement améliorera son état avant de demander à un patient atteint d'une maladie cardiovasculaire de changer son alimentation.
- 19:01-19:07: L'être humain est programmé pour aimer le sel.
- 20:54-21:07: La majeure partie du sel que l'on mange vient des produits industriels.
- 21:40-21:47: Certains nutritionnistes conseillent à leurs clients d'en consommer davantage.
- 21:53-22:10: Exemple de Miguel, qui avait des symptômes indiquant une carence en sel et à qui on a donné des boissons riches en électrolytes.
- 22:22-22:34: Une carence en sel peut être mortelle, comme dans le cas d'une coureuse de marathon ayant bu trop d'eau et perdu trop de sel (hyponatrémie).
- 23:26-23:44: Plusieurs organisations préconisent un apport très faible en sodium, mais aucun élément probant n'a été apporté pour justifier ce chiffre.
- 23:44-24:11: De plus en plus d'études prouvent que le contrôle de l'apport en sodium n'apporte rien et pourrait même augmenter les risques, sauf en Chine où la consommation est très élevée.
- 24:49-25:08: Une faible consommation de sodium est associée à une augmentation du niveau de certaines hormones, avec des effets délétères sur le système vasculaire.
- 25:13-25:26: Chaque nutriment essentiel doit être consommé dans une certaine quantité : au-delà la dose est toxique, en dessous on a des carences.
- 26:52-27:06: Les usages du sel sont multiples : il ne sert pas seulement à assaisonner, mais aussi à contrôler l'activité de la levure dans le pain et à tempérer la puissance du sucre dans les desserts.
- 30:28-30:44: Dans les années 20, on a ajouté de l'iode au sel pour compenser une carence chez les consommateurs américains.
- 32:09-32:16: D'un point de vue chimique, le sel de mer et le sel extrait d'une mine contiennent la même quantité de sodium pour un poids donné.
- 32:58-33:11: C'est à cause de cette diversité que les études sur le sel se contredisent autant.
- 33:11-33:40: Il est très complexe de mener des études sur la nutrition humaine, car il est difficile de contrôler l'alimentation des participants.
- 33:40-34:32: Présentation du programme Mars 500, une expérience d'isolement permettant d'étudier les effets du sel dans des conditions contrôlées.
- 34:32-35:28: Découverte surprenante : la quantité de sodium stockée ou éliminée dans l'organisme ne dépend pas de l'alimentation du sujet.
- 35:47-36:00: Le sodium disparu s'est dispersé dans l'organisme.
- 36:00-36:10: Si on ne sait pas où se trouve ce sel, il y a de quoi se demander s'il est vraiment nécessaire de réduire notre consommation.
- 36:28-36:34: On a créé la sauce soja pour diluer le sel qui était rare à l'époque.
- 37:44-37:50: Umami est un mot japonais qui désigne la 5e saveur de base après l'acide, l'amer, le sucré et le salé.
- 38:30-38:38: Partout dans le monde, les êtres humains sont fous de sel, car cette envie découle d'un véritable besoin.
- 38:38-39:09: On nous sert souvent des biscuits apéritifs salés dans les bars, car le sel donne envie de boire.
- 39:15-39:26: Le sel donne soif à court terme, mais pendant le programme Mars 500, les cosmonautes qui ont mangé une plus grande quantité de sel ont aussi eu plus d'appétit.
- 39:26-39:58: Selon une étude menée sur des cosmonautes, une augmentation de l'apport en sel ferait baisser la soif et augmenterait la faim.
- 39:58-40:09: Les réserves d'eau sont stockées dans des dépôts de sel.
- 40:09-40:17: Il faut continuer à creuser pour en savoir plus sur les stocks de sodium.
- 40:24-40:32: Utilisation de l'IRM pour détecter le sodium dans le corps.
- 40:37-40:51: Le sel apparaît en blanc sur l'écran, plus la zone est blanche, plus la concentration est importante.
- 41:10-41:17: Notre cœur envoie 4,5 g de sel par minute dans notre corps.
- 41:23-41:42: Plus le patient est âgé, plus la quantité de sodium stockée dans les muscles est importante.
- 41:42-42:07: Plus on vieillit, plus notre corps stocke le sel, ce qui pourrait être associé aux problèmes de santé liés à l'âge.
- 42:18-42:25: Le sel stocké aiderait le corps à conserver l'eau, comme une crème hydratante.
- 42:30-42:44: S'hydrater, ce n'est pas seulement boire de l'eau, il faut que cette eau reste dans le corps, et cette étape est gérée par notre métabolisme.
- 42:50-42:56: Ces mécanismes surpassent la fonction rénale.
- 43:20-43:32: Avec le temps, la peau est de plus en plus perméable et perd en élasticité.
- 43:32-43:46: On cherche à savoir si les patients dont la peau laisse passer plus d'eau stockent davantage de sodium au niveau cutané.
- 44:17-44:23: Il est trop tôt pour affirmer que le stockage de sel joue un rôle dans notre organisme, mais ces observations soulèvent des questions.
- 44:23-44:35: Si une quantité indéterminée de sel ingéré est stockée dans notre corps, a-t-on besoin de contrôler notre consommation au milligram près ?.
- 45:44-45:55: Le sel est à la fois un conservateur essentiel et une substance très corrosive, présente dans l'eau mais pouvant entraîner déshydratation.
- 45:55-46:02: Il est essentiel à la vie animale et humaine, mais a été qualifié d'aliment mortel.
- 46:02-46:09: C'est le condiment de toutes les contradictions.
- 46:09-46:40: On aime les modèles simples, mais notre biologie est un peu plus compliquée que ça.
- 47:53-47:58: Tâchons d'épargner nos reins et de les aider à faire le travail dans des conditions normales.
- 48:28-48:40: Les gens doivent avoir conscience de ce qu'ils mangent, et les agences de santé doivent recommander un régime équilibré plutôt que de se concentrer sur le sel.
- 48:55-49:01: Une alimentation équilibrée à base de fruits et légumes est bénéfique.
- 49:01-49:08: La modération est une bonne ligne de conduite.
- 49:08-49:14: On ne comprend pas encore tous les effets que le sel a sur notre corps.
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Voici les éléments clés à considérer, organisés thématiquement pour faciliter la compréhension et la présentation.
Concepts et Définitions Clés
Distinction entre méthodologie et méthodes, ainsi que la notion de recherche créative.
- Méthodologie : Cadre large et cohérent, guidé par les valeurs et les croyances du chercheur, influençant les choix tout au long de la recherche.
- Méthodes : Outils utilisés à différents niveaux de la recherche (conception, collecte, analyse, rédaction, présentation). Un même outil, comme l'interview, peut être utilisé avec différentes méthodologies.
- Recherche Créative : Production visant à construire de nouvelles connaissances en adaptant les conventions et en s'ancrant dans le monde social.
La créativité n'est pas synonyme d'innovation et n'est pas réservée à l'art ou aux sciences sociales.
Il faut également distinguer la recherche création (partant des pratiques artistiques) de la méthodologie de recherche créative (utilisant une pratique créative à différentes étapes de la recherche).
Types de Méthodes de Recherche Créative
Il existe un large éventail d'approches, souvent basées sur l'art, visant à perturber les habitudes, susciter le changement, rechercher l'empathie et explorer l'identité des participants. Hélène Kara (2020) identifie cinq grands types de méthodes:
- Méthodes basées sur les arts : Incluant les arts visuels, du spectacle et textiles.
- Recherches incarnées : Liées à une implication totale du corps, notamment pour les thèmes liés au toucher ou à l'écoute.
- Recherches basées sur la technologie : Utilisant les médias sociaux, applications, jeux et vidéos.
- Approches multimodales : Combinant différentes méthodes qualitatives et quantitatives.
- Approches transformatives : Visant à questionner ou changer un statu quo, en lien avec les recherches participatives, actions ou communautaires.
Intérêts et Enjeux des Approches Créatives
Ces méthodes présentent plusieurs avantages:
- Facilitation de l'écoute de points de vue multiples.
- Amélioration de la réflexivité des chercheurs.
- Vision holistique des expériences.
- Promotion de l'autonomisation des participants.
- Positionnement du participant comme expert.
- Perturbation des relations de pouvoir.
Cependant, elles soulèvent également des enjeux importants:
- Gestion de la relation chercheurs-participants.
- Production et analyse de données de différentes formes (2D, 3D, audio, etc.).
- Accessibilité des résultats pour les participants et les non-participants.
- Mobilisation des connaissances en conservant leur complexité.
Exemples Concrets
La présentation illustre l'utilisation de ces méthodes à travers une recherche sur la transition des jeunes enfants ayant des besoins éducatifs particuliers vers l'école. Deux exemples sont particulièrement détaillés:
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Approche mosaïque avec les enfants:
- Méthode participative où les enfants sont considérés comme experts.
- Basée sur six composantes centrales : participation, réflexivité, adaptabilité, expérience, intégration à la pratique et multiméthode.
- Utilisation d'outils variés : marionnette, micro, appareil photo, matériel créatif.
- Collecte de données à travers des observations, dialogues, photos et créations.
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Focus groupes créatifs avec des professionnels:
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Utilisation de la métaphore du voyage pour faciliter la participation.
- Fourniture de matériel artistique varié (papier, couleurs, ciseaux, colle, etc.).
- Analyse des données en quatre étapes : description des créations, familiarisation avec les présentations, codage et élaboration de récits analytiques.
- Prise en compte des aspects visuels, textuels et sensoriels des créations.
Forces et Questions
Les chercheuses soulignent trois forces principales dans leur utilisation des approches créatives:
- Promotion d'une participation significative et éthique.
- Création de portraits holistiques et empathiques.
- Importance des représentations visuelles dans toutes les phases de la recherche.
Elles mentionnent également des questions importantes qui les habitent:
- Comment reconnaître et affronter les dilemmes éthiques ?
- Dans quelle mesure le matériel fourni facilite-t-il l'élaboration du sens ?
- Comment s'assurer de la pertinence des outils cocréés pour les différents acteurs ?
En structurant votre briefing autour de ces thèmes, vous offrirez une vue d'ensemble claire et approfondie des méthodes de recherche créatives présentées, tout en soulignant leurs avantages, leurs défis et les questions qu'elles soulèvent.
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Voici un sommaire minuté du webinaire sur les recherches aux méthodologies créatives, en m'appuyant sur les informations fournies:
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0:00-0:32: Introduction de Sacha Stolov, qui présente le webinaire comme un souffle nouveau dans les traditions de recherche et souligne l'importance d'intégrer de nouvelles perspectives. Il introduit les quatre chercheuses de la Haute École Pédagogique du canton de Vaud à Lausanne.
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0:37-1:27: Présentation des chercheuses Delphine Odier-Guedj, Lisa Lefèvre, Floriane Moulin et Rashmi Rangarajan, et de leurs travaux interdisciplinaires autour de l'éducation inclusive, de la participation et du bien-être des élèves. Elles collaborent dans un projet de recherche subventionné par le Fond national suisse, portant sur la transition des jeunes enfants ayant des besoins éducatifs particuliers vers l'école, en utilisant des méthodes de recherche qualitative créatives et participatives.
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1:34-2:20: Sacha Stolov détaille l'organisation de la présentation, comprenant une présentation de 30 minutes suivie d'une session de questions-réponses. Les participants sont invités à poser leurs questions dans le chat.
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2:20-2:58: Remerciements de Sacha Stolov au CRIFPE et introduction de Delphine Odier-Guedj, qui présente ses collègues Floriane Moulin, Lisa Lefèvre et Rashmi Rangarajan.
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3:05-3:15: Delphine Odier-Guedj explique que la présentation se concentrera sur les méthodes créatives plutôt que sur la méthodologie en général.
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3:22-5:27: Aperçu des méthodes de recherche créatives et clarification des termes. La méthodologie est envisagée comme un cadre large et cohérent, guidé par les valeurs et les croyances du chercheur, tandis que les méthodes sont considérées comme des outils utilisés à différents niveaux de la recherche. L'exemple de l'interview est utilisé pour illustrer comment un même outil peut être utilisé avec différentes méthodologies.
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5:33-7:32: Explication du terme "créativité" dans le contexte de la recherche. Une recherche créative est une production qui vise à construire de nouvelles connaissances en adaptant les conventions, tout en étant ancrée dans le monde social. La créativité n'est pas forcément synonyme d'innovation et n'est pas réservée à l'art ou aux sciences sociales.
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7:38-9:12: Distinctions entre "recherche création" et "méthodologie de recherche créative". La recherche création part des pratiques artistiques et chemine vers la recherche, tandis que la méthode créative de recherche utilise une pratique créative à différentes étapes du cycle de recherche.
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9:12-9:31: Annonce des deux exemples qui seront présentés : l'approche mosaïque avec les enfants (Floriane) et l'analyse des données avec un focus groupe créatif (Lisa et Rashmi).
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9:31-11:10: Informations supplémentaires sur la recherche création et présentation de l'éventail des approches des méthodes de recherche créatives. Ces méthodes visent à perturber l'habitude, à susciter un changement, à rechercher l'empathie et à explorer l'identité et l'engagement des participants.
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11:10-14:20: Les différents types de méthodes de recherche créative sont décrits, basés sur la classification de Hélène Kara (2020) : les méthodes basées sur les arts, les recherches incarnées, les recherches basées sur la technologie, les approches multimodales et les approches transformatives.
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14:24-16:36: Les intérêts de ces approches créatives sont discutés, notamment la facilitation de l'écoute de points de vue multiples, l'amélioration de la réflexivité des chercheurs, une vision holistique des expériences, et la promotion de l'autonomisation des participants. L'objectif est de positionner le participant comme expert et de perturber les relations de pouvoir.
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16:36-19:05: Les enjeux liés à ces approches sont abordés, notamment la relation chercheurs-participants, la production et l'analyse de données de différentes formes, et l'accessibilité des résultats. Une visualisation des différents éléments (types de méthodes, intérêts, enjeux) est présentée.
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19:05-21:14: Présentation de la recherche en cours sur la transition des jeunes enfants ayant des besoins éducatifs particuliers vers l'école, financée par le Fond national suisse. La recherche vise à établir un portrait croisant les expériences des parents, des professionnels et des enfants, en vue de créer des outils favorisant cette transition. Elle se déroule en deux études successives : une recherche descriptive et une recherche action.
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21:14-27:32: Floriane Moulin explique l'approche mosaïque utilisée avec les jeunes enfants. L'approche mosaïque est une méthode participative où les enfants sont considérés comme experts de leur vie. Elle se base sur six composantes centrales : participation, réflexivité, adaptabilité, expérience, intégration à la pratique et multiméthode. Les outils utilisés incluent une marionnette, un micro, un appareil photo et divers matériaux créatifs.
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27:32-31:28: Illustrations de la multiméthode employée dans la recherche, avec des exemples de dessins, de dialogues enregistrés, de photos prises par les enfants et du livre de transition.
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31:28-34:42: Lisa et Rashmi présentent le deuxième exemple : les focus groupes créatifs avec des professionnels de l'éducation. La métaphore d'un voyage a été utilisée pour rendre ces focus groupes accessibles et amusants.
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34:42-37:36: Analyse des données issues des focus groupes créatifs. Une méthode adaptée en quatre étapes a été utilisée : description des créations, familiarisation avec les présentations des participants, codage des descriptions et des transcriptions, et élaboration de récits analytiques pour chaque création.
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37:36-41:16: Détails sur le processus de codage, la génération de catégories et l'élaboration de récits analytiques. Les récits analytiques, associés aux représentations visuelles des créations, sont devenus un outil permettant de réengager les participants et de mobiliser un savoir coconstruit.
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41:16-44:02: Delphine Odier-Guedj souligne les trois forces de ces approches créatives : la promotion d'une participation significative et éthique, la création de portraits holistiques et empathiques, et l'importance des représentations visuelles. Elle aborde également les enjeux liés à la complexité des données, la réflexivité critique, le stockage des données, et la création d'espaces créatifs dans des environnements structurés.
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44:02-45:01: Les questions qui continuent d'habiter les chercheuses sont présentées, notamment les dilemmes éthiques, l'efficacité du matériel fourni aux participants, et la pertinence des outils cocréés pour les différents acteurs de l'éducation.
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45:01-54:02: Remerciements, questions et discussion avec les participants. Les conférencières soulignent l'importance de la voix des participants dans l'interprétation des créations et l'utilisation de ces méthodes avec des enfants ayant des besoins spéciaux. Elles encouragent les participants à explorer davantage ce domaine et se disent ouvertes à poursuivre la discussion.
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