- Jun 2025
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Compte Rendu Détaillé : Anna Baldy sur les Effets Psychologiques de TikTok sur les Mineurs
Introduction et Contexte
- Ce compte rendu est basé sur l'audition d'Anna Baldy, jeune adulte, ancienne utilisatrice intensive de TikTok et créatrice de contenu actuelle sur la plateforme.
Son témoignage offre une perspective nuancée sur les impacts de TikTok, mêlant expérience personnelle, analyse critique et considérations éthiques.
Ayant commencé à produire du contenu sur TikTok il y a un an, elle a rapidement atteint 160 000 abonnés, générant des revenus basés sur le nombre de vues de ses vidéos (entre 900 et 1400 € mensuels pour environ 4 heures de travail quotidien sur la création de vidéos).
Elle déclare recevoir des revenus directement de TikTok, basés sur les vues, ce qui soulève des questions sur le modèle économique de la plateforme.
Son objectif en tant que créatrice est "d'amener un peu plus de contradictoire dans le paysage informationnel des réseaux sociaux", en s'appuyant sur ses études en sciences politiques pour étayer ses propos par des sources d'experts ou de chercheurs.
Thèmes Majeurs et Idées Clés
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TikTok : Un Outil à Double Tranchant (Accessibilité vs. Inquiétudes)
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Points Positifs :Accessibilité de l'information et pluralisme : TikTok est perçu comme un "lieu d'accessibilité de l'information gratuite" et un "rare espace médiatique que les jeunes peuvent investir pour faire entendre leurs paroles".
Il permet la survie d'un "contre-discours fort" et donne la parole à ceux dont les idées ou l'identité ne conviennent pas aux médias classiques, considérés comme parfois élitistes ou influencés par des agendas politiques (propriété de millionnaires à l'agenda politique "d'extrême droite" assumé). * Éducation et découverte : En tant qu'utilisatrice, Anna Baldy souligne que TikTok l'a "éduque aussi énormément", lui donnant accès à des "réflexions de militants" et des "recommandations de livres" qu'elle n'aurait pas trouvées autrement. * Liberté et indépendance pour les créateurs : Pour elle, TikTok offre la possibilité de "garder une pleine indépendance" et de "trouver une audience" plus facilement que sur d'autres plateformes. * Inquiétudes et Points Négatifs :Propagation de fausses informations et polarisation : "Je m'inquiète quant à la propagation d'informations fausses ou simplifiées sorties de leur contexte souvent clivantes et détournées pour faire peur pour polariser en jouant des biais cognitifs et rhétoriques que se manipuler par les plus grands propagandistes de nos heures sombres." Elle s'inquiète particulièrement de l'accès à ces informations pour des "enfants de 13 ans". * Bulles algorithmiques et impact psychologique : L'algorithme peut entraîner les utilisateurs dans "une spirale de pensée mauvaise pour nous-mêmes mauvaise pour les autres".
Elle a elle-même dû "supprimer TikTok de mon téléphone tellement je passais de temps dessus" et a désinstallé l'application à plusieurs reprises, notamment pendant l'adolescence, car "TikTok peut avoir tendance toujours dans cette ce fonctionnement des bulles algorithmiques à jouer sur le mal-être et le désespoir ressenti par tous mais surtout ressenti par les adolescents". * Contenu inapproprié et impunité : Elle déplore la "totale impunité qui entoure des comptes vidéos et des commentaires relevant d'un racisme qui n'a rien de tacite et d'une misogynie rampante".
Elle cite des exemples concrets de commentaires violents, sexistes et racistes reçus sous ses propres vidéos, craignant qu'ils soient écrits par des mineurs et que la violence réelle subie par d'autres jeunes femmes soit bien pire. * Opacité de l'algorithme : L'algorithme est "très opaque" et les créateurs n'ont pas une connaissance précise de son fonctionnement, ce qui est "volontaire puisque pour qu'on puisse pas jouer de ces outils nous-mêmes". Elle observe que les 10 à 20 premières secondes des vidéos sont cruciales pour l'engagement.
Modération et Responsabilité des Plateformes
- Filtrage inefficace et manque de suivi : Bien que TikTok mette en place un filtrage automatique des commentaires insultants, certains passent au travers. Le principal problème est l'absence de retour sur les signalements : "une fois qu'on signale un commentaire on a aucune information sur le suivi".
- Problème de communication avec les équipes de modération : Si elle a eu une expérience positive avec l'équipe de TikTok pour une usurpation d'identité, elle note qu'une autre créatrice féministe subissant un cyberharcèlement intense n'a reçu "aucune réponse" après avoir contacté la même adresse.
- Déresponsabilisation des plateformes : Elle critique la tendance des plateformes à se déresponsabiliser, citant l'exemple d'un représentant de Snapchat imputant la réception de "dickpics" aux enfants ayant ajouté des inconnus.
Pour elle, "c'est une réaction que je trouve très facile et c'est le jeu que font les plateformes aujourd'hui [...] pour se déresponsabiliser et tirer tous les profits de cette situation".
Algorithme et Modèle Économique : Un Incitant aux Contenus Choc
- Rémunération par les vues et modèle opaque : Les revenus des créateurs sont "liés essentiellement aux vues", mais uniquement celles qui "dépassent une minute et qui est liée à la page des pour toi". La plateforme doit donc "mettre en avant" le contenu pour qu'il soit rémunéré.
- Contenus choquants plus rémunérateurs : Le modèle de rémunération "lié à la mise en avant par l'algorithme et seulement par l'algorithme est quand même au cœur de la problématique au sens où des contenus choquants par exemple vont être plus rémunérateurs que des contenus de qualité qui demandent un temps de préparation".
- Défis pour le contenu éducatif/politisé : Les collaborations pour le contenu éducatif sont "plus compliquées à obtenir" que pour le contenu lifestyle. Les grandes marques, souvent "peu politiques", sont celles qui rémunèrent le plus, tandis que les institutions culturelles ou les médias indépendants n'ont pas les mêmes moyens. Il est "évident que plus on fait un contenu politisé ou éducatif plus les demandes de collaboration sont difficile à obtenir".
- Censure algorithmique : L'algorithme peut "déférencer" des vidéos contenant certains mots, même légitimes (ex: "Palestine" ou "viol"). Les créateurs contournent cela en utilisant des "buzz words" ou des abréviations (ex: "V" pour viol, "AS" ou "SA" pour agression sexuelle) pour éviter d'être pénalisés.
Mineurs et Régulation : Éducation vs. Interdiction
- Complexité de l'interdiction d'accès pour les mineurs : Anna Baldy s'interroge sur l'accès des mineurs (13 ans vs 17 ans) aux mêmes contenus, reconnaissant qu'"un adolescent à qui on interdit de faire quelque chose déjà sur internet trouvera un moyen de le faire". Elle cite l'exemple des sites pornographiques où les jeunes se font passer pour des majeurs.
- Priorité à l'éducation : Elle n'est pas convaincue qu'on "apprend à un enfant comment trier l'information et comment l'analyser en lui interdisant de la regarder". Pour elle, "beaucoup se jouent vis-à -vis de l'éducation que l'on donne aux enfants quant à l'étude à l'analyse de l'information". Elle estime que des contenus informatifs peuvent être bénéfiques pour les mineurs.
- Nécessité de protection : Elle reconnaît la "difficulté qu'on a aujourd'hui à réguler à modérer et à contraindre notamment TikTok à modérer de façon efficace".
Elle est "d'accord" sur le fait qu'un enfant "doit être protégée" et qu'un "principe de précaution" pourrait s'appliquer pour les plus jeunes, non armés face à des contenus "extrêmement inappropriés". * Fiabilité des statistiques d'âge : Elle note l'étrangeté des statistiques d'audience de TikTok, qui indiquent seulement 0,5% de mineurs pour son contenu, ce qui la surprend au vu des commentaires qu'elle reçoit de lycéens. Elle-même a déclaré son vrai âge (15 ans) lors de sa première inscription.
Conclusion
- Le témoignage d'Anna Baldy met en lumière la nature intrinsèquement ambivalente de TikTok.
La plateforme est à la fois un espace de liberté d'expression, de pluralisme informationnel et d'apprentissage, et un vecteur de désinformation, de haine et de harcèlement, exacerbé par un algorithme opaque et un modèle économique qui incite à la production de contenus sensationnels.
Elle souligne la tension entre la volonté de protéger les mineurs et la réalité de leur capacité à contourner les interdictions, plaidant pour une approche équilibrée combinant protection, régulation et surtout éducation critique aux médias et à l'information.
Son approche "gramscienne" de l'occupation des espaces culturels témoigne d'une volonté d'agir de l'intérieur pour contrer les dérives.
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Note de synthèse de l'audition de Isac Mayembo (Alex Hitchens) par la commission d'enquête sur TikTok
Date de l'audition : [Non spécifiée, mais contexte indique "aujourd'hui" et "cet après-midi"]
Personne auditionnée : Isac Mayembo, créateur de contenu sous le pseudonyme Alex Hitchens.
1. Contexte de l'audition et déclaration d'intérêts
- Isac Mayembo a été convoqué par la commission d'enquête sur l'impact de TikTok sur la santé mentale des jeunes.
- Il est invité à déclarer tout intérêt public ou privé susceptible d'influencer ses déclarations, notamment ses sources de rémunération liées aux plateformes.
- Avant de commencer, il prête serment de "dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité" conformément à l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958.
- Déclaration d'intérêts :
- Rémunération TikTok : Isac Mayembo déclare ne pas être directement rémunéré par la monétisation des vidéos sur TikTok.
- Modèle économique : Ses revenus proviennent principalement de la vente de ses formations. Il a mis en place un programme d'affiliation où d'autres personnes promeuvent ses formations sur TikTok et touchent des commissions (en moyenne 50%, voire 60-70% pour les meilleurs affiliés).
- Intérêts : Il reconnaît avoir des intérêts financiers avec TikTok, affirmant : "Oui je gagne de l'argent avec TikTok et oui j'ai des intérêts avec cette plateforme bien entendu."
- Honnêteté face à la plateforme : Malgré ses intérêts, il affirme vouloir être "100% honnête" et estime que TikTok est une plateforme "néfaste" et qui "déprime". Il ajoute : "Je pense que cette plateforme de manière générale est néfaste déprime à bord lorsque TikTok est sorti c'était quelque chose d'intéressant."
2. Évolution et impact perçu de TikTok
- TikTok initialement : À son lancement, il trouvait TikTok "intéressant", permettant de "condenser un peu les informations, regarder une vidéo de 1 minute 2 minutes pour pouvoir ainsi apprendre tout un tas de choses".
- Problèmes actuels : Le format court (1 à 2 minutes) rend difficile l'obtention d'informations complètes, ce qui a créé "énormément de problèmes notamment énormément de désinformations". Il peut lui-même être victime de désinformation par l'isolement de propos hors de leur contexte (ex: "on va prendre une vidéo de 10 minutes on va isoler 30 secondes ou une minute bien choisie pour manipuler l'information").
- Recommandation : Il conclut son propos liminaire en affirmant que "TikTok est à ban bien entendu selon moi et je pense que cette plateforme est néfaste pour les jeunes si elle est mal entradé encadrer bien entendu ça à préciser quand même et c'est le cas je pense."
3. Parcours sur TikTok et stratégies de contenu
- Débuts : Il a commencé sur TikTok fin 2021/début 2022.
- Contenu performant : Il a rapidement constaté que ce qui fonctionnait le mieux est le "contenu qui choque".
- Importance des premières secondes : Sur TikTok, les "premières secondes sont primordiales", contrairement à YouTube où les miniatures attirent davantage. Le contenu doit être "tranchant", "cash", et "clair" dès le début.
- Contenu initial à succès : Ses premières vidéos à succès étaient sur le thème de la "séduction", notamment la "drague de rue" et les "caméras cachées" où il abordait des gens dans la rue. Ce type de contenu "fonctionnait extrêmement bien et ça fonctionne d'ailleurs encore maintenant".
- Monétisation des vidéos à succès : Bien que ses vidéos aient pu générer des millions de vues et de la monétisation, il affirme n'avoir "jamais touché à cette monétisation".
Il n'avait même pas connecté sa carte bancaire car la vente de formations était beaucoup plus rentable.
La monétisation TikTok était "bien moins avantageuse" en 2021/début 2022. Actuellement, il laisse même la monétisation à ses collaborateurs qui créent du contenu pour lui.
4. La communauté et l'interaction
- Taille de la communauté : Il estime avoir entre 3 et 5 millions de "personnes" qui le suivent via tous les comptes liés à lui sur TikTok.
- Difficulté à définir la communauté : Il trouve "extrêmement dur" de cibler les tranches d'âge spécifiques de sa communauté. Il rencontre aussi bien des hommes de 40 ans que des jeunes de 18 ans ou des personnes de 50 ans.
- Interaction : Il n'a pas beaucoup l'occasion d'interagir directement avec sa communauté, sauf lors de rares lives TikTok (une fois tous les deux-trois mois). Dans ces lives, les participants sont généralement des "jeunes", mais il précise que TikTok est aussi très présent chez les adultes (30-40 ans).
- Présence de mineurs : Il reconnaît qu'il y a "forcément des mineurs" parmi les 4000 personnes qui peuvent regarder ses lives, même s'il demande l'âge. Il estime que c'est à la plateforme de modérer.
5. Gestion des comptes et responsabilité
- Comptes multiples : Il y a une "cinquantaine de comptes" le concernant. Sept comptes sont gérés personnellement par lui et son équipe.
- Comptes "non-affiliés" : Les 43+ autres comptes sont gérés par des personnes qui "postent de leur plein gré pour toucher la monétisation". Ces personnes ne sont pas affiliées à lui et il ne touche pas directement d'argent de leur monétisation, bien qu'elles puissent vendre ses formations.
- Responsabilité et propriété intellectuelle : La rapporteur souligne qu'il a une responsabilité sur ces contenus si son nom et son image sont utilisés. Il tolère ces comptes mais a du mal à les stopper malgré des tentatives.
- Loi "influenceur" (Loi du 9 juin 2023) : Interrogé sur le respect de cette loi concernant la mention des partenariats commerciaux, Isac Mayembo n'est pas certain de son application à son modèle.
Il pense qu'il n'est pas obligé de le notifier si la promotion n'est pas faite "dans la vidéo même" mais par un lien en description.
Il reconnaît qu'il le ferait si la promotion était directe dans la vidéo. La rapporteur indique que la question sera examinée.
6. Contenus controversés, modération et désinformation
- Critiques sur les contenus : La rapporteur soulève les critiques concernant ses contenus, notamment leur impact sur la santé mentale des jeunes et leur vision des femmes, mentionnant que son nom est connu par des enfants dès 9-10 ans.
- Perception de ses contenus : Isac Mayembo rejette l'idée que ses contenus soient "contestables" ou "problématiques", les considérant comme "une question de point de vue". Il affirme : "Je ne trouve pas que mes propos soient problématiques même si bon voilà problématique ça ça veut rien dire Et je pense qu'un jeune homme de 13 14 ans 15 ans devrait suivre mes conseils Je pense que je donne de bons conseils pour la jeunesse."
- Bannissement de TikTok : Il a été banni de TikTok. Il explique que cela est dû à un grand nombre de "signalements" (100, 200, 300, 400) de la part d'utilisateurs qui ne sont pas d'accord avec ses vidéos, et non à une décision initiale de TikTok autorisant la publication. Il précise qu'une même vidéo peut ne pas être bannie sur un autre compte.
- Techniques d'évitement de la modération : Il admet "adoucir" ses propos pour TikTok. Par exemple, utiliser le mot "poutrer" au lieu de termes plus vulgaires pour éviter la censure.
- Propos controversés cités par la commission : La commission cite des propos qu'il aurait tenus :
- "Vous prenez son téléphone si elle refuse c'est une pute fin de relation."
- "la majorité des femmes énormément de P u T S peu de filles bien." (il utilise "P U T S" pour échapper à la modération).
- "une femme après 22h qu'est-ce qu'elle fout dehors ?"
- Défense contre l'accusation de désinformation : Isac Mayembo affirme que les propos cités par la commission ont été prononcés lors de lives YouTube et non TikTok.
Il accuse la commission de "désinformation" en isolant ses propos : "Vous êtes en train d'isoler mon propos Donc vous avez pris 10 secondes d'un propos de 8 10 minutes où j'expliquais justement parce queon va rentrer en détail parce qu'apparemment on est en train d'en parler donc pourquoi pas J'expliquais que le gouvernement était responsable de la sécurité J'ai n'était pas normal qu'une femme en 2025 ne puisse pas sortir dehors euh le soir très tard sur Paris Et justement après je parlais du fait que dans ce monde dans ce monde qui est dur que fait une femme dehors après 22h et je poursuivais ensuite il est préférable de sortir avec une amie ou avec deux amis ou avec un homme Vous vous avez pris 10 secondes de vos propos vous l'avez isolé et vous venez de me le balancer à la gueule."
7. Incident et suspension de l'audition
- Un échange tendu a lieu entre Isac Mayembo et le président de la commission, ce dernier lui reprochant de "balancer la gueule" et de ne pas le laisser finir.
- Isac Mayembo refuse de se soumettre aux règles de l'audition ("Vous changer de sujet Je vous demande de me laisser finir C'est moi qui mène l'audition Je suis président de la commission d'enquête Je vous demande de me laisser finir Non je vous lis Je suis président Excusez-moi excusez-moi On va couper le son de monsieur Ichen s'il vous plaît si vous continuez Voilà Donc je finis ma je finis mon propos s'il vous plaît Je vous disais au revoir monsieur Bonne journée").
- Le son de Isac Mayembo est coupé.
- L'audition est suspendue pour le recontacter et l'informer qu'il ne peut quitter une audition sans autorisation.
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Document de Synthèse : Audition d'Adrien Laurent par la Commission d'Enquête sur TikTok
Date de l'audition : Non spécifiée, mais fait suite à plus d'une centaine d'auditions. Intervenants principaux :
- Président de la Commission : M. de la Porte
- Rapporteure : Mme. Marie B. (députée)
- Auditionné : Adrien Laurent (AD Laurent), créateur de contenu.
- Autres députés : M. Vermel, M. Vogeta
1. Contexte et Objectifs de l'Audition
- La commission d'enquête parlementaire a été mise en place pour comprendre le fonctionnement et les usages des réseaux sociaux, en particulier TikTok, et leurs mécanismes qui peuvent aboutir à des interpellations sur divers sujets.
L'objectif est de faire la lumière sur la production de contenus et la régulation. L'audition d'Adrien Laurent fait suite à une consultation citoyenne ayant recueilli plus de 30 000 réponses et à des témoignages, son nom étant "revenu très souvent" parmi les influenceurs ou créateurs de contenu jugés "problématiques" par les jeunes.
Le Président de la commission a rappelé qu'il ne s'agit pas d'un tribunal mais d'un travail de compréhension, avec des pouvoirs étendus, sans se substituer à la justice. L'audition est médiatisée, mais l'objectif premier reste la prise en compte des victimes.
Adrien Laurent a été invité à déclarer tout intérêt public ou privé pouvant influencer ses déclarations et à détailler la nature de ses revenus liés aux plateformes. Il a prêté serment de "dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité".
2. Présentation et Défense d'Adrien Laurent
- Adrien Laurent, ancien sportif de haut niveau en basket, s'est fait connaître à 22 ans dans la téléréalité avant de devenir "créateur de contenu" plutôt qu'influenceur, terme qu'il juge réducteur.
Il se présente comme son "propre producteur". Parallèlement, il est depuis deux ans créateur de contenu pour adultes, vidéos commercialisées exclusivement sur des plateformes réservées aux majeurs et "ne sont pas présentes sur TikTok". Il travaille avec des "actrices professionnelles majeures qui ont elles-mêmes leur compte sur ces plateformes".
- Il réfute "avec force" les accusations du Président de la Porte le décrivant comme "un influenceur extrêmement violent qui véhicule un imaginaire sexiste" et dont le contenu serait "problématique" en raison de vidéos pour adultes sur son compte X (anciennement Twitter).
Ses arguments principaux :
- Contenu TikTok : Reprenait les codes de la téléréalité, montrant son quotidien, voyages, proches, et activité professionnelle, tout en respectant les règles de la plateforme (pas de nudité, accessibles aux plus de 13 ans). Il estime son bannissement de TikTok "infondé et motivé par des raisons politiques".
- Contenu sexuel et législation : Fait une distinction claire entre contenu évocateur de sexualité adulte (classé -12 ans par l'ARCOM) et contenu érotique (classé -16 ans).
Il affirme n'avoir "aucun contenu érotique sur TikTok". * Twitter/X : Reconnaît que Twitter autorise les contenus pour adultes mais en restreint l'accès aux majeurs via des réglages. * Accusations de sexisme/violence : Affirme que son contenu n'est "ni sexiste ni misogyne ni masculiniste" et qu'il n'a "jamais été violent". Il évoque sa vie d'acteur de contenu pour adultes "de manière assumée mais transparente et respectueuse", sans "dénigrer leurs envies ni leurs pratiques ni les rabaisser". * Public mineur et responsabilité : "Je n'ai jamais encouragé un public mineur à consommer du contenu inadapté." Il insiste sur le fait que "la sexualité ne s'apprend pas à travers le contenu pour adultes". Avec près de 2 millions d'abonnés sur TikTok, il a diffusé des messages de prévention sur le dépistage et le port du préservatif. * Accès des CM2 à TikTok : "Les CM2 ne peuvent pas avoir accès à TikTok. La plateforme est interdite au moins de 13 ans." Si des enfants de cet âge y accèdent, il s'agit d'un "problème de contrôle parental et de responsabilité de TikTok, pas de la mienne." Il refuse "d'endosser une responsabilité qui ne [lui] appartient pas".
3. Relations avec TikTok et Revenus
- Liens avec TikTok : Il n'a "pas de lien particulier avec la plateforme", n'est pas "son ambassadeur", et n'a "jamais été rémunéré" ni eu de partenariat direct avec TikTok.
- Revenus TikTok : En 3 ans, il estime avoir gagné entre 15 000 et 20 000 €, soit une moyenne haute de 555 € par mois, "loin d'un business". Ses revenus provenaient majoritairement de la monétisation de contenu (0,50 € à 1 € pour 1000 vues de plus d'une minute) et des "cadeaux" (emojis monétisés) lors des lives.
- Live Match : Il était "réticent à cette pratique et [en] n'a fait que très peu" (environ une dizaine en 3 ans), bien que cela puisse "rapporter énormément d'argent".
- Lives classiques : Ses lives, réalisés tous les soirs de 22h à minuit, lui permettaient d'échanger "directement et légèrement" avec sa communauté.
- Règles d'accès aux lives TikTok : Selon lui, TikTok confirme l'âge des utilisateurs pour l'accès aux lives : "Si nous confirmons que tu as 18 ans ou plus, tu pourras passer en live.
Si nous ne pouvons pas confirmer ton âge, tu ne pourras passer en live et enfin si nous confirmons que tu as moins de 18 ans tu ne pourras pas accéder au live."
Il réfute les accusations de la ministre Aurore Berger concernant des "lives sexuels avec des jeunes femmes masquées" douteuses quant à leur majorité et consentement, affirmant qu'aucun contenu sexuel n'était diffusé et que les participants étaient "majeurs et consentants".
4. Modération et Algorithme
- Algorithme : Juge l'algorithme "flou", mais comprend qu'il faut être "percutant et accrocheur dans les premières secondes de la vidéo".
- Rôle de la commission : Trouve la commission "essentielle" et la réflexion "extrêmement utile". Il ne comprend pas la décision "hâtive" du bannissement de son compte par l'exécutif sans attendre les conclusions parlementaires.
- Propositions : Si les conclusions montrent des effets négatifs sur la santé mentale des mineurs, il serait "le premier à demander qu'il n'ait pas accès à ce contenu", par exemple en "restreignant l'accès de certains réseaux ou certains contenus aux mineurs de 15 ans". Il faudrait un "contrôle efficace mais sans faire peser toute la responsabilité sur les créateurs qui ne sont ni éducateurs ni parents mais qui doivent seulement respecter les règles fixées par la plateforme."
5. Échanges avec les Députés
- Notoriété auprès des jeunes : La rapporteure confirme que son nom est "bien connu" des jeunes, y compris des collégiens, lycéens, et parfois primaires. "Un jeune sur deux de 11 ans est sur la plateforme TikTok aujourd'hui".
La commission cherche à comprendre "pourquoi vous êtes allé sur TikTok", "comment vous gérez vos contenus" face à cette communauté jeune, et la modération.
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Bannissements d'autres plateformes : Adrien Laurent confirme avoir été banni de Snapchat et Instagram en raison de signalements massifs, sans toujours avoir d'explication claire.
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Choix de TikTok : S'est mis sur TikTok "très tard" sur conseil de son frère, y voyant une opportunité de visibilité grâce à l'application "la plus téléchargée en France et même dans le monde". Il appréciait les vidéos "très rapides avec beaucoup d'engagement".
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Diversité de sa communauté : Sur ses 2 millions d'abonnés, "il n'y a pas 2 millions de personnes qui me suivent par rapport au contenu pour adultes". Beaucoup le suivent pour la téléréalité ou l'aspect "positif" et "bienveillant" de ses lives.
- Responsabilité vis-à -vis des mineurs : Il ne peut pas "être responsable de tout" si des CM2 contournent les règles d'âge.
Il met en parallèle la vente d'alcool en magasin, où la responsabilité n'incombe pas au vendeur si un mineur contourne l'interdiction d'achat.
Il se considère comme un "simple usager de la plateforme qui respecte les règles". * Comparaison avec Alex Chen : Il se dit "totalement mais sur tous les points opposés à ce monsieur", affirmant ne pas être "ni sexiste ni misogyne ni masculiniste". Il défend la "liberté sexuelle à égalité" et met la femme "sur un piédestal tout le temps". * Promotion croisée et contenu pour adultes : Il confirme rediriger sa communauté TikTok vers d'autres plateformes (Snap, Insta, Twitch, YouTube) pour "alimenter [ses] autres plateformes", mais insiste sur le fait que son contenu est "totalement différent" et adapté à chaque plateforme. Pour ses contenus privés (Mim, OnlyFans), il affirme une "double authentification" qui empêche l'accès aux mineurs, qualifiant son porno d'"éthique". * Lives avec des mineurs : Confronté à une vidéo de live avec un mineur très jeune, Adrien Laurent explique qu'il prend "énormément de gens tous les soirs" et que si une personne de moins de 18 ans réussit à contourner les règles, ce n'est pas son problème. Il affirme cependant avoir une "responsabilité" en énonçant un "propos responsable" même dans ces cas-là (ex: "il est tard faut que tu ailles te coucher"). * "Pranks" et provocation : Décrit ses "pranks" comme de l'"autodérision" et du "fun", citant l'exemple de la "trompe d'éléphant" ou "viser le trou" au basket. Sa mère, professeur, le soutient. * Accusation de transphobie/humiliation : Réfute l'accusation d'avoir humilié une personne transgenre en live. Il pose des questions par "intérêt", et "n'humilie jamais personne". * Outils de restriction d'audience : Questionné par M. Vogeta sur l'utilisation d'outils de restriction d'audience pour exclure les mineurs sur ses contenus "classiques" (non pornographiques), Adrien Laurent répond que sur Twitter/X, il faut modifier les réglages pour voir du contenu sensible, ce qui protège le compte vierge. * Agents OnlyFans/MIM : Il n'a pas d'agent mais une "équipe qui bosse avec [lui] justement pour sécuriser un petit peu [son] travail". Il insiste sur le fait que c'est un "boulot" qui demande "beaucoup de travail". Il se considère comme un "artiste" et demande le respect de sa "liberté de création artistique". * Recrutement pour la pornographie via TikTok : Il indique que certaines abonnées peuvent exprimer leur intérêt pour des collaborations dans le milieu du contenu pour adultes, mais il les redirige alors vers un "email professionnel" et "coupe le lien" sur TikTok, ne souhaitant pas en parler sur la plateforme. * Impact sur les enfants : Questionné en tant que députée et mère sur l'impact de ses contenus sur un enfant de 13 ans, il répond qu'il ne "choisit pas sa communauté". En tant que futur père, il ferait une éducation basée sur la "communication" et laisserait à sa fille, une fois majeure, le choix de son chemin professionnel. * Contenus sexualisants en live : La rapporteure constate, après un test avec un compte mineur, que les lives sont accessibles aux mineurs, malgré les affirmations d'Adrien Laurent. Elle cite des propos "sexualisants" (ex: "Ça va ma puce il y a du monde au balcon") et "hypersexualisants" (taille des poitrines) tenus en live. * Comparaison avec des artistes musicaux : Adrien Laurent compare ses propos à des paroles de chansons d'artistes comme Michel Sardou, Bruno Mars ou Orelsan (citant des extraits explicites), se plaignant d'une "indignation à géométrie" variable, ce que la rapporteure qualifie d'"œuvres à caractère artistique" et non de lives soumis à des conditions d'utilisation différentes. * Restriction des lives : La rapporteure précise que TikTok permet aux hôtes de "restreindre" leurs lives, option qu'Adrien Laurent n'active pas car il considère ses lives comme "bon enfant". Il reconnaît qu'il n'est pas un "technicien TikTok" mais s'efforce de "se conformer au maximum aux règles communautaires". * Modération interne : Il a une équipe de "modérateurs modératrices" qui "bannissent tous les commentaires à caractère négatif les insultes". Il note l'opacité de l'algorithme et la nécessité de contourner certains mots pour éviter le "shadow ban" (ex: "viol" par "ool", "pute" par "pu pute").
6. Conclusions de l'Audition
- L'audition met en lumière la tension entre la liberté de création et d'expression d'un créateur de contenu et la nécessité de protéger un public jeune et potentiellement vulnérable.
Adrien Laurent insiste sur sa professionnalisation dans le contenu pour adultes éthique et son respect des règles (en théorie) de TikTok, tout en reconnaissant les défis de la modération et de l'accès des mineurs aux plateformes.
La commission insiste sur la réalité de la présence de jeunes mineurs sur TikTok et la nécessité de trouver des solutions législatives pour protéger les enfants.
La question de l'accessibilité réelle des lives aux mineurs et la responsabilité des créateurs et de la plateforme reste un point de divergence majeur.
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Compte-rendu de l'Audition de Manon et Julien Tanti par la Commission d'EnquĂŞte sur TikTok
- Date de l'audition : Non spécifiée, mais mention de "cet après-midi". Contexte : La commission d'enquête a pour objectif de "préparer les lois à venir, de réfléchir sur la bonne application des différentes normes, des différents cadres juridiques (...) nationaux ou européens et donc en fait l'enjeu c'est de nous éclairer sur la meilleure protection des enfants à l'air numérique et en particulier sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs." (Président de la commission). Les personnes auditionnées doivent prêter serment de dire la vérité.
I. Préambule et Positionnement des Influenceurs
Manon et Julien Tanti ont été convoqués en tant qu'influenceurs pour s'exprimer sur leur modèle économique, leurs revenus via TikTok et d'autres plateformes, ainsi que sur l'impact de TikTok sur les mineurs.
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Réaction de Manon Tanti face aux accusations : Manon Tanti exprime un profond regret concernant la préparation publique de l'audition et les déclarations du président l'accusant d'être une "influenceuse à contenu problématique" et d'humilier ou dégrader l'image de ses propres enfants. Elle déclare : "Je ne suis pas venue ici pour fuir mes responsabilités. J'ai conscience que lorsque l'on s'expose publiquement, surtout sur des plateformes comme TikTok, on a un devoir d'exemplarité, d'autant plus quand on est suivi par des jeunes. Mais je veux poser les choses clairement dès le départ : je regrette profondément deux choses dans la manière dont cette audition a été préparée publiquement. Je regrette vos déclarations Monsieur le Président, je ne suis pas une influenceuse à contenu problématique, du moins je ne pense pas, et du coup quelle décision de justice vous fondez-vous pour affirmer cela ? Ce genre de jugement lancé dans les médias avant toute audition ne révèle pas d'un travail d'enquête objectif, mais d'une condamnation sans débat. La seconde, plus grave à mes yeux, ce sont ces propos affirmant que j'humilierai et que je dégraderai l'image de mes propres enfants. Ces accusations sont violentes, injustes et totalement déplacées. Je suis mère avant tout et jamais je ne tolérerais qu'on prête des intentions aussi graves sans preuve ni dialogue." Elle précise avoir été "profondément attristée" par la diffusion de ces accusations sur des chaînes comme TF1 et BFM, alors qu'elle était initialement "flattée d'avoir été convoquée" pour aider à comprendre le fonctionnement de TikTok.
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Positionnement professionnel : Julien Tanti se définit principalement comme une "personne qui fait de la téléréalité" depuis 14 ans, et non comme un influenceur. Il affirme : "Moi travail principal les tournages, je fais de la télé ça fait 14 ans que je fais de la télé et le reste c'est des hobis parce que ben je suis à Dubaï (...)." Il ajoute : "je n'influence personne je suis sur les réseaux parce que j'aime ça parce que c'est pour moi c'est un divertissement c'est quelque chose que je kiffe et je n'influence personne à faire quoi que ce soit je ne suis pas un influenceur." Manon Tanti soutient cette idée, expliquant qu'ils sont des "personnes qui font de la téléréalité" et que les réseaux sociaux sont une continuité de cette exposition de leur vie.
II. Modèle Économique et Sources de Revenus
Les deux influenceurs détaillent leurs différentes sources de revenus, insistant sur le fait que TikTok n'est pas leur source principale.
Revenus de Julien Tanti :
- Télévision : Principal revenu. Il effectue "3 à 4 tournages par an", ce qui équivaut à "pratiquement 7 mois dans l'année 6 à 7 mois" de travail.
- TikTok Live (dons) : Une source de revenus secondaire, perçue comme un "kiff" et un "plaisir" plutôt qu'une activité principale. Il explique que TikTok prend 50% des gains. Le président de la commission estime ses revenus liés aux lives à environ "40000 dollars par mois", ce que Julien qualifie d' "énorme". Il explique reverser cet argent en organisant des événements pour sa "team" de joueurs, comme un yacht loué à Dubaï pour plus de 30 personnes. Il passe "à peu près 2-3 heures par jour" sur TikTok et se classe "souvent dans le top 20, dans le top 30, top 20, top 30, top 10". Manon souligne que son mari est un "showman" et que cette activité est sa "passion", allant au-delà de la simple rémunération.
Revenus de Manon Tanti :
- TikTok (vidéos de plus d'une minute) : Très peu de revenus. Elle explique être éligible à la rémunération pour les vidéos de plus d'une minute depuis peu et en poste très rarement (une ou deux par mois). Elle estime que TikTok représente "très très honnêtement 1% de la question" de ses revenus. Elle mentionne un RPM (ratio par minute) très bas (0,10 centimes) car elle ne poste pas assez fréquemment (il faudrait "minimum deux à trois vidéos par jour" pour optimiser l'algorithme). Sa vidéo la plus lucrative lui aurait rapporté "800 € il y a des années en arrière", la moyenne étant plutôt de "30-40 €".
- Autres plateformes et partenariats : Principale source de revenus. Manon perçoit des revenus via d'autres plateformes.
- Placements de produits : Ils sont toujours sous contrat avec des agences comme Shona Events et Wi Events. Julien Tanti affirme faire "toujours une pub ou deux, voir mĂŞme trois ou quatre par semaine" et Manon "deux ou trois". Ils expliquent que "les personnes qui veulent contacter ils contactent directement les agences" et qu'ils n'ont plus besoin de faire la promotion de ces collaborations.
- III. Exposition des Enfants et Cadre Légal
- Un point central de l'audition concerne l'exposition des enfants sur les réseaux sociaux et le respect de la législation.
Motivation de l'exposition des enfants : Manon Tanti explique que l'exposition de ses enfants est une "continuité de ce qu'on fait en télé" car ils sont des "personnages publics".
Elle insiste sur le caractère "naturel" de cette exposition dans leur quotidien : "nous sommes des personnages publics, nos enfants aussi".
Elle affirme ne pas les "surexposer" et qu'ils sont "consentants" et même demandeurs d'apparaître dans les vidéos.
Elle cite l'exemple de son fils qui "aimerait avoir une chaîne par exemple", comme des "enfants youtubeurs" célèbres.
- Accusations d'humiliation et dégradation : Manon conteste fermement les accusations d'humiliation, citant l'exemple d'une vidéo où les enfants jouent avec des ballons d'eau lors d'un barbecue : "ce que je veux vous dire c'est que le terme humiliant dégradant en tout cas moi en tant que maman je pense savoir ce qui est bon pour mes enfants ce qui est humiliant dégradant ou pas mes enfants jamais je ferai des vidéos ou des jeux s'ils en ont pas envie."
Elle défend une vidéo où les enfants ont la "tête dans une espèce de bassine d'eau", expliquant que c'était une "trend" (tendance) et que les enfants étaient "morts de rire".
Elle reconnaît cependant que "peut-être que d'autres parents le le reproduirait de d'une mauvaise manière" mais insiste : "sur cette vidéo je ne trouve absolument pas la vidéo humiliante puisque mes enfants sont ils sont morts de rire parce que c'est vraiment dans une bonne c'est bon enfant encore une fois je je je suis pas du tout en train de noyer mes enfants".
Non-rémunération directe des enfants : Manon affirme ne pas utiliser ses enfants pour la rémunération : "je me sers pas de mes enfants pour la rémunération parce que dans tous les cas moi avec ou mes ou mes sans mes enfants je gagne ma vie".
- Contrats de mannequins et placement de produits : La commission interroge Manon sur un placement de produit Instagram avec sa fille pour la marque "Ora Bora" (des brumes).
La députée mentionne l'absence de "contrat de manquina" et de versement des revenus sur un "compte sous séquestre" comme l'exige la loi sur l'influence commerciale.
Manon Tanti reconnaît : "premièrement déjà ça je ne savais pas deuxièmement encore une fois que cette marque là et cette vidéo là en l'occurrence que vous pouvez me citer et troisièmement au rabora en fait j'ai dû le faire une cinquantaine de je je n'ai pas besoin de ma fille pour vendre en fait".
Un autre exemple est soulevé : une collaboration commerciale récente avec la marque "Shane" (vêtements) où les enfants apparaissent, sans mention de "collaboration commerciale" et sans respect du cadre légal.
Manon se défend en disant : "j'ai appris avec vous il y a donc 10 minutes qu'à partir du moment où il y avait écrit collaboration mes enfants ne pouvaient pas apparaître je l'ai appris ben c'est vous qui me l'avez appris".
Elle ajoute avoir déjà été contrôlée par la DGCCRF et avoir payé une amende, mais que "lorsque que Julien a eu son amende par exemple ça n'a pas été mentionné dans les choses qu'on avait mal faites donc si on l'avait su bah forcément on aurait arrêté".
IV. Impact de TikTok sur les Mineurs et Propositions
Les influenceurs sont interrogés sur leur perception de l'âge de leur communauté et leur avis sur la protection des mineurs.
- Âge de la communauté et restriction d'accès : Manon Tanti estime que sa communauté est très diverse, allant des "préadolescents" aux "grand-mères". Elle est d'accord sur la nécessité de restrictions d'âge pour les réseaux sociaux : "TikTok est-ce que je sens il me semble que c'est interdit au moins de 15 ans c'est ça ça c'est quel est l'âge de TikTok ? 13 ans".
Elle est catégorique : "mes enfants n'auront pas de compte TikTok et n'auront pas accès à TikTok".
De même, pour Instagram, leurs enfants ont un compte géré par elle en tant que mère, mais "n'auront pas accès à ces réseaux sociaux là on en parlera quand ils seront plus grands mais je pense au moins avant leur 14 voir 16 ans".
- Proposition de pièce d'identité : Manon Tanti propose une solution pour mieux encadrer l'accès des mineurs : "pour moi la seule solution qu'il aurait à tout ça ce serait de demander une pièce, je sais que ce serait ce serait pas possible mais pour moi si les réseaux sociaux dès le début comme certains réseaux de de contenu comme MIME ou tout ça demandait une pièce d'identité à chaque inscription ça éviterait plusieurs choses ça éviterait déjà bah que il y ait trop de mineurs qui qui qui tombent sur des choses qu'ils n'ont pas à voir et en plus de ça ça éviterait nous en tant qu'influenceur d'avoir du harcèlement des haters".
Conclusion
- L'audition met en lumière la complexité de réguler l'activité des influenceurs, notamment en ce qui concerne l'exposition des enfants et la distinction entre contenu personnel et commercial.
Les Tanti se positionnent comme des personnalités de téléréalité avant d'être des influenceurs, gérant leurs réseaux sociaux comme un prolongement de leur vie médiatisée. Ils reconnaissent certaines lacunes dans leur connaissance de la loi (notamment sur les contrats de mannequins enfants) mais affirment leur volonté de se conformer aux réglementations une fois informés.
L'échange souligne également le fossé entre la perception de l'influenceur sur son propre contenu ("bon enfant") et la réception par le public ou l'interprétation par la loi ("humiliant", "illégal").
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Compte rendu détaillé de l'audition de Nasser Sari (Nasdas) par la commission d'enquête sur TikTok
- Date de l'audition : Non précisée (référence à "aujourd'hui")
Personne auditionnée : Nasser Sari, alias Nasdas, influenceur avec 3,7 millions de followers sur TikTok et plus de 9 millions sur Snapchat.
Contexte : La commission d'enquête de l'Assemblée nationale vise à comprendre les mécanismes de TikTok et des réseaux sociaux en général, ainsi qu'à élaborer une meilleure régulation pour protéger les mineurs des contenus choquants.
L'audition fait suite Ă une consultation citoyenne et des signalements.
Thèmes principaux et idées/faits importants :
1. Rôle et rémunération sur TikTok vs. Snapchat :
- Nasdas se définit avant tout comme un "Snapchatter", sa principale source de revenus étant Snapchat.
- Il déclare que TikTok représente une part "quasi rien", estimée à "0,1 %" de ses rémunérations globales. Il affirme avoir gagné moins de 5000 € sur TikTok en 5 ans.
- Sur TikTok, seuls les vidéos de plus d'une minute et les lives (via dons) sont rémunérés. Nasdas n'a posté qu'une soixantaine de vidéos en 4 ans, dont seulement deux de plus d'une minute, et environ 10 lives.
- "Moi principalement ma source de revenu elle vient de Snapchat c'est un autre réseau [...] majoritairement ça vient de Snapchat."
- "Sur TikTok comme je vous ai dit j'en gagne très peu."
- Sur Snapchat, la rémunération se fait "à la vue" et via des placements de produits. Il déclare que 80% de ses placements de produits sont gratuits, dédiés au soutien des commerces de proximité.
2. Utilisation de TikTok comme "tremplin" et viralité :
- Malgré une faible monétisation directe, Nasdas utilise TikTok comme un "tremplin pour booster [ses] vidéos", gagner en visibilité et en autorité.
- Il reconnaît que "le réseau principal aujourd'hui pour avoir plus d'aud [audience] c'est c'est c'est TikTok."
- Ses vidéos Snapchat sont souvent relayées sur TikTok via des "comptes redif" (rediffusion), qui republient son contenu sans sa permission, obtenant parfois plus d'ampleur que sur Snapchat. Il qualifie cela de "normal" mais le reconnaît comme un "pillage de contenu".
- Ces comptes rediffusent des vidéos virales ou de petits créateurs, en faisant des captures d'écran et en les repostant, sans identité claire. Il existe des milliers de ces comptes.
3. Audience et présence de mineurs :
- Nasdas est suivi par 3,7 millions de personnes sur TikTok et 9 millions sur Snapchat.
- Il admet voir "énormément de jeunes" dans sa communauté, reconnaissable à leur écriture et leurs commentaires ("on voit bien que c'est un gamin de 14 ans ou 15 ans").
- Cependant, il affirme que sur Snapchat, son réseau principal, plus de 87% de son audience est majeure, sa plus grande communauté étant les 25-36 ans. Il ne dispose pas de chiffres précis pour TikTok.
- "Je vais vous dire que je n'ai pas réussi à regarder le nombre de mineurs qui me regardent."
4. Les jeunes fugueurs et la responsabilité :
- Nasdas est conscient que sa notoriété a entraîné des "jeunes mineurs qui fugent de leur ville pour venir à Perpignan", y compris des enfants de 10-11 ans attendus à 2h du matin.
- Son adresse a fuité, entraînant 200 à 300 personnes par jour devant sa maison.
- Il reconnaît avoir "une part de responsabilité" mais souligne aussi celle des parents. "Vous pensez pas que les parents ont une part de responsabilité ?" Il cite des cas de parents lui demandant de garder leurs enfants fugueurs.
- Il affirme avoir toujours inclus une "morale" dans ses vidéos, disant "arrêtez ne venez pas arrêtez de croire au rêve Nasdas."
- Il aide les jeunes en difficulté (hébergement, achat de vêtements, aide financière pour des opérations médicales), mais a "ralenti énormément" ces actions filmées, surtout l'année dernière, et s'est "isolé dans une villa" face à l'ampleur du phénomène.
- Il mentionne que beaucoup de jeunes qui viennent sont des jeunes de foyers (aide sociale à l'enfance), se sentant "plus en sécurité des fois que dans certains foyers".
- Il nie "rajouter de la misère à la misère" et souligne qu'il n'a jamais demandé aux jeunes de venir. Il a même collaboré avec la police pour gérer la situation.
- Le maire de Perpignan (RN) n'aurait mis aucune aide en place, et même au contraire, des policiers seraient intervenus lors de ses actions sociales non autorisées. Il se sent "vraiment seul".
5. La santé mentale des créateurs de contenu et la pression :
- Nasdas a annoncé suspendre ses réseaux sociaux, une décision prise 3 mois avant l'audition, non liée à cette dernière.
- Il évoque la difficulté mentale du métier : "notre santé mentale elle est impactée."
- La "course au vues", à l'"image", au "buzz" met une pression sur les créateurs, les poussant "à poster des choses sans même en être conscient".
- Il se reconnaît responsable de ses erreurs mais estime n'avoir pas été préparé à une telle notoriété.
- Il envisage une pause d'un à trois ans : "je ne sais pas si j'arrête totalement définitivement mais c'est une décision sage." Il perdra "énormément d'argent" en s'arrêtant.
- Il estime qu'il faudrait "plus d'encadrement, pas sévère, pas des punitions" pour les créateurs de contenu.
6. Évolution de la ligne éditoriale et accusation de contenus choquants :
- Des parlementaires accusent Nasdas d'une évolution de sa ligne éditoriale vers une "mise en scène assez violente qu'elle soit physique, psychologique ou symbolique", montrant des personnes "vulnérables filmées dans des situations de mise en concurrence assez dégradante", avec des encouragements à des comportements "discriminatoires et misogynes".
- Il est spécifiquement interrogé sur la mise en scène de relations amoureuses dans sa villa, impliquant parfois des mineurs, et sur la frontière entre réalité et fiction.
- Le cas d'une jeune fille "Leina" accusée d'être tombée enceinte d'un homme de la villa alors qu'elle était mineure est cité. Nasdas affirme qu'elle a menti sur sa grossesse et son âge (16-17 ans). Il mentionne qu'elle est majeure et qu'elle a le droit à l'image.
- Le cas de "Dibril" jetant un téléphone sur sa compagne est évoqué comme un acte de violence conjugale filmé. Nasdas affirme que la scène était "surjouée" et que le couple est toujours ensemble.
- Il admet que "il y a des choses qui sont mises en scène oui et d'autres choses réelles".
- Un incident sur Twitch où une jeune fille a montré sa poitrine a été "pas volontaire" et le live a été coupé immédiatement. Il affirme qu'elle est majeure et qu'il l'a conseillée de s'éloigner des commentaires haineux.
- Il réfute l'accusation d'avoir incité au racisme suite à l'expression "ramenez un banania" concernant un jeune garçon. Il explique qu'il s'agissait d'une référence à une boisson chocolatée et que l'auteur s'est excusé.
- Il nie contribuer à la "banalisation de la violence" ou de l'harcèlement. Il se dit lui-même victime de harcèlement via ses vidéos. Il affirme que ses amis et lui se protègent mutuellement.
7. Recommandations et auto-critique :
- Nasdas reconnaît ne pas avoir de "baguette magique" ou de "solution miracle" pour réguler TikTok. Il se demande si "ce n'est pas un peu trop tard".
- Il suggère qu'un "âge minimum" pour utiliser TikTok pourrait être de 14 ou 15 ans.
- Il pense qu'il faudrait "plus une question d'algorithme pour les jeunes, plus les ramener vers un contenu on va dire éducatif".
- Il souligne la difficulté de vérifier l'âge des utilisateurs et la facilité de mentir sur l'âge à l'inscription.
- Il déclare que les "dramas" (contenus violents, misogynes, etc.) font "largement plus de vues qu'une vidéo qui explique [...] comment fonctionne une commission d'enquête". "Donc ça rapporte plus d'argent de faire des dramas que de faire de la pédagogie ah ben mais mais mais totalement."
- Il avoue avoir partagé du "Paris sportif" et du "trading" par le passé, avant la loi influenceur, sous l'influence d'agences peu scrupuleuses, et reconnaît avoir causé des pertes à des familles. Il salue la nouvelle loi qui responsabilise les agences.
- Il regrette d'avoir indirectement poussé les jeunes à croire en lui plutôt qu'en leurs études ou leur éducation. "Je représente un symbole de renaissance pour eux de d'une meilleure vie et surtout d'un meilleur avenir et c'est là où j'ai C'est là ou c'est là où je le regrette."
En conclusion, il conseille à ceux qui veulent se lancer sur les réseaux : "vous lancez pas sur les réseaux."
Questions en suspens / Points d'attention :
- L'écart entre le discours de Nasdas sur la faible rémunération de TikTok et la reconnaissance de la plateforme comme "tremplin" pour la visibilité.
- La difficulté pour Nasdas de fournir des chiffres précis sur la part des mineurs dans son audience TikTok, malgré son impact reconnu sur cette tranche d'âge.
- La ligne floue entre "réalité" et "mise en scène" dans ses contenus, et les implications légales potentielles.
- Le rôle des agences d'influenceurs et leur responsabilité dans les contenus problématiques (bien que la loi influenceur soit censée y remédier).
- L'absence d'aide des services publics locaux face Ă l'afflux de jeunes chez Nasdas Ă Perpignan.
- La perception de Nasdas que l'audition était trop axée sur des attaques personnelles plutôt que sur l'algorithme de TikTok.
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Voici un compte-rendu détaillé des principaux thèmes et idées importants des sources fournies, incluant des citations pertinentes :
Synthèse du Rapport de la Commission d’Experts sur l’Impact de l’Exposition des Jeunes aux Écrans
Ce document de briefing synthétise les points clés soulevés lors de l'audition de deux experts, * Madame Mouton (neurologue) et * Monsieur Benjamina (neurophysiologiste), co-présidents d'une commission antérieure sur l'impact des écrans.
L'audition se concentre sur l'impact des réseaux sociaux, en particulier TikTok, sur la santé mentale et physique des jeunes.
1. La Détérioration de la Santé Mentale des Jeunes et le Rôle des Réseaux Sociaux
Les experts soulignent une chute de la santé mentale des moins de 25 ans depuis les années 2010, antérieure à la pandémie de COVID-19, qui a cependant accentué cette tendance.
Parallèlement, l'usage des réseaux sociaux s'est massivement répandu, soulevant des questions sur leur implication dans cette détérioration.
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Problème global des réseaux sociaux : Bien que la commission se concentre sur TikTok, les experts insistent sur le fait que "les réseaux sociaux posent globalement aujourd'hui tous les mêmes problèmes de design non éthique". TikTok est "peut-être particulièrement efficace pour capter et retenir l'attention des usagers", mais d'autres réseaux ne sont pas exempts de ces problèmes.
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Modèle économique et captation de l'attention : Le problème fondamental réside dans le "design de TikTok et des réseaux sociaux qui étant basé sur l'économie de l'attention, la captation des données qui vont ensuite être monnayées à des fins de publicité ciblées". L'objectif est de "maintenir les usagers en ligne le plus longtemps possible de les faire venir en ligne le plus souvent possible et également de leur faire des achats en ligne".
2. Conséquences Négatives sur la Santé Physique et Mentale
L'usage excessif des écrans et des réseaux sociaux entraîne de multiples effets délétères, même indépendamment des contenus.
- Santé physique :Sédentarité : Les activités sur écran sont sources d'inactivité sédentaire, un facteur de risque cardiovasculaire (infarctus, AVC, maladies artérielles, surpoids, obésité, diabète de type 2).
- Sommeil : L'empiètement sur les heures de sommeil ou l'interruption de celui-ci (réveils pour des défis en ligne) compromet la qualité et la quantité du sommeil, favorisant les maladies cardiovasculaires, le surpoids, l'obésité et les infections. "La dette chronique de sommeil pouvant favoriser à nouveau les maladies cardiovasculaire mais aussi le surpoids l'obésité les infections".
- Vision : L'activité en intérieur, le manque d'exposition à la lumière naturelle, la surexposition à la lumière bleue et la sursollicitation de la vision de près favorisent la myopie.
- Santé mentale (par l'intermédiaire du sommeil) : La dette chronique de sommeil favorise également "l'anxiété et la dépression".
3. La Question de l'Addiction aux Écrans et Réseaux Sociaux
La discussion autour de l'addiction est nuancée, soulignant une réalité clinique distincte des classifications académiques.
- Réalité clinique : Le Professeur Benjamina affirme traiter de nombreux jeunes "qui consomment et qui sont dépendants aux réseaux sociaux et TikTok en particulier".
Ces problématiques sont prises en charge "à l'instar des produits comme le cannabis la cocaïne les extasiies ou l'alcool".
Les dommages incluent des "effets métaboliques ou bien somatiques", ainsi que des "problématiques associées de type psychiatrique ou psychologique anxiété insomnie dépression difficulté l'adaptation relationnelle environnementale".
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Classification académique : Sur le plan académique, l'addiction aux écrans ou aux réseaux sociaux n'est pas encore classée comme telle dans les classifications internationales (OMS, Association Américaine de Psychiatrie), à l'exception du jeu pathologique. Cependant, il est probable que cela évoluera à l'avenir.
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TikTok, un produit "dépendogène" : TikTok est considéré comme "extrêmement accrocheur addictogène" en raison de son algorithme "extrêmement développé" et de la "fugacité du contenu" (vidéos courtes et répétitives), qui stimulent de manière intense le système de récompense. "Ces deux éléments ne sont pas là par le fait du hasard".
4. Responsabilité des Plateformes et Nécessité de Régulation
Les experts estiment que la responsabilité première du "mésusage" ou "surutilisation" des plateformes incombe aux industriels.
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Design non éthique : Le modèle économique de TikTok et autres réseaux sociaux est délibérément conçu pour maximiser le temps passé en ligne, sans considération éthique pour la santé des utilisateurs. "Aucune éthique évidemment n'est convoquée puisque on a des contenus absolument scandaleux".
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Manque de bonne foi des plateformes : Les plateformes sont réticentes à mettre en place des contraintes sans obligation légale. Elles mettent en avant "responsabilité liberté" et renvoient la "minorité" vers la "responsabilité de ses parents".
Le Professeur Benjamina déclare : "Il faut pas s'attendre que les plateformes s'exécutent s'il n'y a pas de contrainte parce qu'elles ont les capacités à évidemment mettre en place des choses éthiques".
5. Prise de Conscience Sociétale et Mesures Recommandées
Il y a une prise de conscience sociétale croissante, mais des efforts significatifs sont encore nécessaires.
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Écart de connaissance : Il existe un "gouffre entre peut-être des parents ou des professionnels de santé qui sont sensibles au sujet et qui sont bien informés et qui peuvent déjà avoir cette connaissance de l'impact des réseaux sociaux sur la santé des jeunes mais qu'il y a aussi toute une frange de la population aujourd'hui qui ignore totalement ses effets".
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Communication massive et ciblée : Une "communication qui soit extrêmement massive sur ce sujet" est nécessaire, ainsi qu'une "communication plus ciblée aussi sur les professionnels de santé" qui n'ont pas toujours le réflexe d'interroger les jeunes sur leur usage des réseaux sociaux.
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Formation des soignants : La formation des soignants sur l'usage des écrans est "très hétérogène aujourd'hui" et nécessite une formation "massive" des professions en lien avec la petite enfance et les adolescents.
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Alternatives et réinvestissement des espaces physiques : La question "si on nous retire les réseaux sociaux qu'est-ce que vous nous mettez à la place" est comprise.
Les jeunes trouvent dans ces plateformes un "refuge de divertissement". Il est essentiel de "proposer des alternatives aujourd'hui suffisamment puissantes pour les extraire de cette attraction très très forte de l'univers numérique".
L'exemple des terrains vagues aménagés en espaces d'activités physiques montre l'efficacité de "choses qui n'ont pas demandé beaucoup de ni de temps ni d'énergie ni surtout d'argent et qui les ont finalement motivés à faire autre chose".
- Réseaux sociaux "éthiques" et progressivité : La recommandation de limiter l'accès aux réseaux sociaux à 15 ans pour les plateformes dont la "conception serait éthique" est évoquée.
Le concept de "réseau social éthique" implique un design qui ne vise pas la captation à tout prix, mais le bien-être de l'utilisateur. Cependant, la définition et l'application d'un tel âge limite se heurtent à la complexité de la vérification de l'âge et à la mauvaise foi des plateformes.
L'idée de 15 ans se cale sur la "majorité numérique" et la "majorité sexuelle". La question est posée si cet âge ne devrait pas être plus élevé (18 ans), étant donné la vulnérabilité des adolescents et le fait que le cerveau continue de mûrir jusqu'à 25 ans.
6. La Résistance des Jeunes et le Conflit de Génération
Les jeunes rejettent souvent l'idée de la dangerosité des plateformes, considérant les adultes comme des "boomers" qui "n'ont rien compris".
- Discours immobilisant : Le discours selon lequel "on peut pas revenir en arrière c'est le progrès et puis on peut pas faire autrement ils sont partout" est critiqué car il "désarme toute volonté de changer".
Les experts insistent sur le fait que "oui on a le choix" de développer des modèles différents et de réguler.
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Information insuffisante : "L'information qu'un produit est néfaste pour la santé suffisait à changer les comportements depuis le temps qu'on fait la prévention en santé publique on le saurait". L'information seule ne suffit pas ; une "régulation extrêmement" forte est nécessaire pour les produits addictifs ou "addictif-like".
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Temps de la science vs. Évolution technologique : La reconnaissance scientifique des addictions prend du temps (90-100 ans pour le tabac), mais la technologie évolue "toutes les semaines" avec de nouveaux produits, plaçant la science "des années de retard".
7. Approche Clinique et Traitement des Addictions aux Écrans
La prise en charge clinique ne dépend pas d'une classification officielle mais des dommages constatés.
- Prise en charge globale : Le traitement est "biopsychosocial", incluant "des mesures évidemment sociales", des "thérapies systémiques parents enfants", et la limitation de la consommation pour "éviter les le clash".
- Bilan psychiatrique : Un bilan est crucial car de "grandes maladies psychiatriques commencent à l'adolescence" (schizophrénie, troubles bipolaires, anxiétés).
- Thérapies : Des thérapies cognitivocomportementales, la psychanalyse ou psychodynamie de groupe sont utilisées. La recréation d'une "communauté" de jeunes en milieu de soin est efficace.
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Transfert de dépendance : Le fait d'arrêter une consommation d'écrans n'est pas "à l'origine d'un transfert" vers d'autres substances. La réalité est plutôt celle de "polyconsommateur" et "polyxpérimentateur" où l'offre de drogues est variée.
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En conclusion, l'audition met en lumière l'urgence d'une prise de conscience collective et d'une action politique ferme face à l'impact délétère des réseaux sociaux, dont le modèle économique est intrinsèquement problématique pour la santé des jeunes.
La régulation des plateformes, la formation des professionnels de santé et le développement d'alternatives concrètes sont des pistes essentielles pour inverser la tendance.
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Synthèse des auditions des responsables de la modération TikTok par la commission d’enquête
1. Structure de la modération de contenu chez TikTok
TikTok emploie une approche hybride pour la modération des contenus, combinant des systèmes automatisés (algorithmes et IA) avec l'intervention humaine.
Nikessou, responsable de la sécurité juridique, a précisé que "98 % des contenus qui violent les conditions" sont supprimés de manière proactive grâce à ces systèmes automatisés.
La modération humaine, qui implique 509 modérateurs francophones, se concentre sur les contenus les plus sensibles ou contextuels. Les contenus signalés ou devenus populaires font l'objet d'examens supplémentaires.
Cependant, il y a une diminution du nombre de modérateurs humains, passant de 634 au premier semestre à 509 au deuxième semestre.
TikTok justifie cette baisse par l'amélioration de ses outils d'IA, permettant une suppression plus rapide et cohérente des contenus problématiques, et minimisant l'exposition des utilisateurs et des employés à ces contenus.
Les modérateurs reçoivent une formation initiale et des vérifications hebdomadaires et mensuelles de leur interprétation des règles. Un soutien psychologique est également mis en place pour les modérateurs exposés à des contenus difficiles.
2. Efficacité de la modération et défis liés aux contenus problématiques
TikTok affirme que "moins de 1 % du contenu ne respecte pas les lignes directrices", mais la commission a remis en question la pertinence de ce pourcentage en raison de l'algorithme de recommandation qui peut amplifier même un faible volume de contenu problématique.
Un exemple majeur de ce défi est la tendance "Skinny Talk", qui a incité à l'anorexie et aux troubles alimentaires. TikTok a expliqué avoir initialement détecté un volume faible et un faible taux de non-conformité.
Ce n'est qu'après l'augmentation du volume et l'émergence d'une communauté centrée sur de mauvaises habitudes alimentaires que des mesures, y compris le blocage du hashtag, ont été prises.
Malgré ces efforts, des contenus problématiques liés à ce thème, comme le hashtag "fearfood", persistent, soulevant des questions sur l'efficacité de la modération et la capacité de TikTok à honorer son "obligation de résultat".
La représentante de TikTok a admis que "bien sûr, nous faisons des erreurs, c'est inévitable".
La commission a également soulevé le problème des "moyens de contournement" utilisés par les jeunes, tels que l'utilisation de symboles (ex: petit zèbre pour la scarification) pour aborder des sujets sensibles sans être détectés.
Les responsables de TikTok reconnaissent cette problématique et affirment travailler à anticiper ces contournements.
3. Gestion des signalements et relations avec les organisations externes
TikTok collabore avec des organisations comme Stop Fisha, e-Enfance, Génération Numérique et Point de Contact, qui agissent comme "signaleurs de confiance". Ces organisations bénéficient d'un canal de signalement prioritaire, assurant une réponse rapide.
Cependant, la commission a fait état de divergences entre les signalements effectués par des particuliers et ceux des organisations, ces dernières entraînant des suppressions de contenu plus fréquentes. TikTok justifie cette différence par l'expertise des signaleurs de confiance, qui aident à identifier plus précisément les violations des règles communautaires.
4. Sanction des comptes et politiques de tolérance
TikTok applique une politique de tolérance variable selon la gravité des infractions.
Les violations mineures peuvent entraîner des avertissements et des opportunités de correction, tandis que les infractions graves comme les discours de haine ou la pédopornographie entraînent une "tolérance zéro" et une interdiction immédiate.
Un document public détaillant cette gradation des sanctions existe et peut être partagé.
La commission a exprimé sa préoccupation quant à la lenteur de réaction face à des comptes d'influenceurs connus, suivis par des millions de personnes, qui diffusent des contenus problématiques (ex: propos sexistes, incitation à la violence). TikTok a souligné la difficulté d'examiner l'intégralité du contenu d'un utilisateur et le caractère contextuel des violations.
5. Modération et fonctionnalités de TikTok Live
TikTok Live est un produit de diffusion en direct où les créateurs interagissent avec leur communauté. L'équipe de modération (TNS) est la même que pour les contenus préenregistrés et agit en toute indépendance.
Des modèles dédiés sont utilisés pour détecter des signaux de violation pendant les diffusions en direct, permettant d'interrompre la vidéo ou de donner des retours aux créateurs. Les menaces à la vie sont signalées aux autorités locales.
Une fonctionnalité notable est le "Live Match", où deux ou quatre créateurs s'affrontent pendant 5 minutes, accumulant des points via des cadeaux virtuels et des "J'aime" du public.
Le vainqueur est celui qui a le plus de points. Les cadeaux virtuels vont d'une "rose virtuelle" valant environ 5 centimes à plusieurs centaines d'euros. TikTok prélève 50 % de la valeur des cadeaux.
Les agences externes spécialisées dans le live streaming sont rémunérées par TikTok et peuvent recevoir des pénalités financières si leurs créateurs enfreignent les règles. Un "score de santé" est attribué aux agences, démarrant à 100 points et diminuant en cas de violation.
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- Préoccupations liées à l'addiction et à la protection des mineurs sur TikTok Live
La commission a exprimé de vives inquiétudes quant au caractère addictif de TikTok, en particulier des Lives. Les responsables de TikTok ont souligné plusieurs mesures de protection:
- Interdiction des Lives pour les moins de 18 ans: Les créateurs doivent vérifier leur identité (pièce d'identité et selfie) pour lancer un Live.
- Interdiction de l'envoi de cadeaux virtuels pour les mineurs: Seuls les majeurs peuvent acheter et envoyer des cadeaux.
- Limitation du temps d'écran: Les utilisateurs de 13 à 17 ans ont une limite de 60 minutes par jour, activée par défaut, avec des rappels réguliers.
- Contenu non personnalisé: Dans le cadre du DSA, TikTok propose des flux non personnalisés pour permettre aux utilisateurs de découvrir une diversité de contenus.
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Cependant, la commission a confronté TikTok à des témoignages directs de mineurs participant à des Lives et dépensant de l'argent via le compte Apple Pay de leurs parents, ou étant incités à changer leur date de naissance pour accéder à certaines fonctionnalités. La vérification de l'âge reste un défi majeur. TikTok a reconnu la persistance du problème, indiquant que "642 000 comptes" de moins de 13 ans ont été supprimés en France l'année dernière, et 6 millions par mois dans le monde.
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La commission a également interrogé le modèle de rémunération des Live, où les "top créateurs" peuvent gagner "plusieurs dizaines de milliers d'euros par mois", et la nature des "Live Match" qui, selon certains membres, s'apparentent à des "mécanismes similaires à ceux des jeux d'argent". TikTok a réfuté cette assimilation, arguant qu'il n'y a pas d'espérance de gain pour les donateurs et que les jeux d'argent sont strictement interdits.
Le remerciement des donateurs par les streamers, même s'il est considéré par TikTok comme de la "politesse", est perçu par la commission comme une "forme de gratification" et d' "encouragement au don".
7. Transparence et obligations légales
TikTok publie des rapports de transparence trimestriels et des rapports dédiés sur les demandes de retrait gouvernementales, les demandes d'information, les suppressions pour propriété intellectuelle, la lutte contre les opérations d'influence et les abus sexuels sur mineurs.
La plateforme est également soumise aux obligations du DSA (Digital Services Act) et du code de pratique de lutte contre la désinformation de l'Union européenne.
Conclusion
- L'audition a mis en lumière la complexité de la modération de contenu sur une plateforme de l'ampleur de TikTok, confrontée à la fois à des défis technologiques (détection de contournements, vérification de l'âge) et humains (volume de contenu, contexte culturel).
Si TikTok a détaillé ses efforts en matière de sécurité et de conformité réglementaire, la commission a exprimé de fortes réserves quant à l'efficacité réelle de ces mesures, en particulier concernant la protection des mineurs et la persistance de contenus problématiques.
Des informations complémentaires ont été demandées à TikTok par écrit, avec la possibilité d'une reconvocation en cas de non-fourniture ou de divergence des réponses.
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Compte-Rendu d'Audition des Responsables de TikTok France
Contexte de l'Audition et Objectifs * L'audition vise à examiner le modèle économique, les stratégies de contenu, les mesures de sécurité et de modération de TikTok en France, ainsi que son impact sur les mineurs. Les représentantes de TikTok, * Marlène Masure (Responsable du contenu, Europe, Moyen-Orient, Afrique) et * Marie Hugon (Responsable des enquêtes réglementaires européennes), ont prêté serment de dire la vérité.
L'objectif de la commission est d'obtenir des informations précises et d'éviter les redites avec les auditions précédentes.
I. Activités et Positionnement de TikTok en France et en Europe
1. Portée et Mission de TikTok :
- TikTok compte 25 millions d'utilisateurs actifs chaque mois en France et plus de 175 millions en Europe.
- La plateforme se positionne comme un "tremplin pour des milliers de créateurs et professionnels" et une "véritable vitrine sur le monde".
- L'objectif est d'encourager la création de contenus "créatifs, éducatifs, divertissants, de qualité au service d'une communauté très engagée".
- TikTok affirme soutenir les contenus "utiles et positifs" et veiller à la "sécurité et au bien-être de notre communauté", agissant "en responsabilité".
2. Partenariats et Contenus Promus :
- TikTok collabore avec plus de 250 médias (Le Monde, France Info, AFP, etc.) pour les aider à "développer leur audience en favorisant l'interaction avec de nouveaux publics".
- Des partenariats sont établis avec des acteurs de la culture, du sport (ex: Tour de France, JO Paris 2024, INA).
- L'entreprise soutient activement les créateurs de contenu, notamment à travers des initiatives éducatives :
- Fil STEM (Sciences, Technologies, Ingénierie, Mathématiques) lancé en avril 2024, consulté par 27% des utilisateurs de moins de 18 ans au moins une fois par semaine en France. Les moins de 18 ans le voient par défaut.
- Programme "Apprendre sur TikTok" : valorise "toutes les formes de savoir", a généré plus de 5 milliards de vues depuis son lancement en 2023 grâce à 250 000 vidéos éducatives.
- Marlène Masure mentionne travailler avec une sélection de 1000 créateurs et 400 partenaires pour créer du contenu jugé "intéressant" et "utile".
II. Engagement Réglementaire et Mesures de Sécurité
1. Conformité au DSA (Digital Services Act) et Transparence :
- TikTok a été désignée "très grande plateforme" (VLOP) par la Commission européenne en avril 2023.
- L'entreprise soutient le DSA, le considérant comme une "avancée majeure" pour le secteur.
- TikTok réalise des "évaluations détaillées des risques systémiques", notamment liés à la protection des mineurs, et met en œuvre des "mesures d'atténuation raisonnable, proportionnée et efficace".
- Cela inclut l'ajustement des conditions d'utilisation, le renforcement des politiques de modération, la modification des systèmes de recommandation et la promotion de l'éducation aux médias.
- Des audits externes et indépendants et des rapports de transparence (nombre d'utilisateurs actifs, suppressions proactives de contenus illégaux) sont publiés annuellement.
- En France, 91% des contenus problématiques sont supprimés avant même d'être vus. TikTok emploie 509 modérateurs en langue française et des milliers en Europe.
2. Mesures Spécifiques pour la Protection des Mineurs :
- TikTok applique une "approche ferme et globale" avec des "politiques de tolérance zéro", des "technologies innovantes", des "fonctionnalités de contrôles intégrées" et des "ressources pédagogiques".
- Contenus sensibles : les contenus classifiés "matures" ne sont pas proposés aux mineurs et peuvent ne pas apparaître dans le "Pour Toi".
- Contenu créé par des mineurs : le contenu créé par des moins de 16 ans n'est pas éligible aux recommandations (pas dans le "Pour Toi").
- Publicité personnalisée : n'existe plus pour les 13-17 ans depuis août 2023.
- Gestion du temps d'écran :
- TikTok a été "la première plateforme à proposer cette limite de 60 minutes de temps d'écran pour les mineurs". Si le contrôle parental est activé, l'enfant est bloqué après 60 minutes, seul le parent peut prolonger. Sans contrôle parental, l'enfant peut choisir de prolonger.
- Notifications push désactivées automatiquement entre 21h et 8h pour les 13-15 ans, et entre 22h et 8h pour les 16-17 ans.
- Outils de contrôle parental ("Mode Connexion Famille") : permettent de filtrer des mots-clés, gérer le temps d'écran, le type de personnes pouvant interagir, et bloquer des heures d'accès.
- Marlène Masure insiste sur la "culture du feedback" et l'écoute des retours des partenaires, associations et experts pour améliorer la sécurité.
3. Gestion des Données (Projet Clover) :
- TikTok a investi 1,2 milliard de dollars dans le "projet Clover" pour la souveraineté numérique, visant à localiser les données personnelles des utilisateurs européens en Europe (data centers à Dublin, en Finlande, en Norvège).
- Ce projet est validé par un tiers de confiance, NCC. Actuellement, certaines données sont encore hébergées dans des pays ayant des accords avec l'UE (États-Unis, Singapour) en attendant le transfert complet.
III. Défis et Points de Tension
1. Contradiction entre Propos et Témoignages :
- Les rapporteuses confrontent les représentantes de TikTok avec de nombreux témoignages de jeunes et d'enseignants décrivant des expériences négatives : addiction, spirale de contenu toxique (liés à la dépression, l'hypersexualisation, le racisme, le sexisme, les violences), développement de complexes, idées noires, troubles du sommeil, désintérêt scolaire, perte d'esprit critique, isolement social.
- "L'algorithme a amplifié mon état en m'inondant de contenu en lien avec ma détresse il savait exactement ce que je ressentais et il me le servait en boucle ce qui était un divertissement est devenu un piège et j'ai mis des mois à m'en sortir" (Thibault, 20 ans).
- "Aujourd'hui TikTok est saturé de contenus violents dégradants sexualisés ou tout simplement toxique" (Manon, 20 ans).
- Une enseignante : "il est urgent de protéger nos enfants de cette addiction Leurs parents n'étant pas toujours au courant ou conscient de l'emprise de TikTok sur leur façon de penser ou de ne plus penser par eux-mêmes".
- Les représentantes reconnaissent l'importance de ces témoignages mais nuancent, soulignant l'existence de témoignages positifs de créateurs ayant trouvé soutien, créé des entreprises ou bénéficié des programmes éducatifs. Elles affirment que le problème dépasse TikTok et concerne l'usage du numérique en général.
2. Fonctionnement de l'Algorithme et "Bulles de Contenu" :
- L'algorithme de TikTok est basé sur les "centres d'intérêt" et non les connexions sociales, recommandant du contenu en fonction des consommations passées de l'utilisateur et d'utilisateurs similaires.
- Les rapporteuses expriment leur préoccupation face à l'enfermement dans des "bulles de contenu" et la promotion de contenus "provocateurs" ou "choc" par l'algorithme qui privilégie l'"attention" plutôt que les "intentions profondes" ou la "raison".
- Elles évoquent l'infinit scrolling comme une spécificité addictive de TikTok.
- TikTok affirme avoir des "principes de dispersion des contenus" pour éviter la répétition excessive de contenus sensibles.
- Concernant la recommandation de contenus éducatifs, TikTok encourage l'utilisation de hashtags comme #apprendresurTikTok et soutient des médias et créateurs qualitatifs. Elles citent l'exemple de BookTok, une "très belle histoire" de communauté littéraire, bien que les rapporteuses mentionnent des articles de presse faisant état de la présence de "Dark Romance" hypersexualisée et violente sur cette tendance.
3. Efficacité de la Modération et Contournement des Règles :
- TikTok se dit en "permanence en train de rééduquer nos algorithmes" pour détecter les mots-clés détournés (ex: "algospeak", substitution de lettres par des chiffres ou émoticônes).
- Cependant, des tests effectués par la commission montrent que des recherches avec des mots-clés détournés (ex: "scarification" avec un "c", "zèbre" pour scarification, "Suisse" pour suicide) donnent toujours accès à des contenus problématiques, même après signalement.
- Les rapporteuses dénoncent le manque de réactivité de TikTok et l'insuffisance des messages de prévention pour des recherches telles que "je veux mourir" ou "comment se pendre".
- Elles soulignent que l'obligation de TikTok est une "obligation de résultat" pour la protection des enfants, pas seulement une "obligation de moyens".
4. Vérification de l'Âge et Comptes de Mineurs :
- TikTok reconnaît avoir supprimé 642 000 comptes en France (sur la période 2024-2024) de moins de 13 ans n'ayant pas pu prouver leur âge, ce qui atteste que "beaucoup de jeunes mentent sur leur âge".
- Cependant, TikTok ne dispose pas de statistiques précises sur le pourcentage de mineurs réels sur la plateforme ni sur l'activation des outils de contrôle parental par les comptes de mineurs identifiés.
- Elles déclarent que la vérification de l'âge à l'inscription est déclarative et qu'il n'y a pas d'obligation réglementaire européenne pour une vérification plus stricte.
- Les rapporteuses critiquent cette passivité, suggérant que TikTok pourrait être "plus responsable que les autres" en mettant en place une vérification d'âge a priori, même imparfaite (comme la solution "Connet" proposée par l'Éducation Nationale et refusée par TikTok).
- Elles estiment que la réalité des mineurs sur la plateforme est que "deux tiers d'entre eux sont inscrits comme des majeurs" et ont accès à des contenus inappropriés.
5. Différences avec Douyin (version chinoise) :
- Les représentantes de TikTok affirment que Douyin est une application "complètement différente" gérée par des équipes chinoises, et qu'elles n'ont pas de lien ni de connaissance approfondie de ce produit, ce qui limite leur capacité à commenter ses mécanismes de protection des mineurs.
6. Influenceurs Problématiques et Signalement :
- La commission s'interroge sur la lenteur de la réaction de TikTok face à des influenceurs problématiques très suivis (ex: Ad Laurent, Alexis Chens) qui ont été signalés par des associations (Stop Fisha) ou des personnalités politiques (Aurore Berger).
- TikTok affirme avoir été "les premiers" à retirer certains comptes, mais reconnaît des systèmes de "graduation" avant le bannissement. Elles estiment que l'intervention médiatique met "un coup de pression" mais que des processus réglementaires existent.
- Les rapporteuses regrettent que les signalements d'individus soient moins bien traités que ceux d'organisations.
IV. Conclusion et Perspectives
- Les représentantes de TikTok réitèrent leur engagement continu pour la sécurité, l'amélioration des outils et la collaboration avec les régulateurs, associations et chercheurs. Elles soulignent les investissements massifs dans la sécurité et les efforts de modération (plus de 6 millions de vidéos supprimées en France en 2024).
- Elles reconnaissent que "cette marge d'erreur on l'accepte pas" et "on travaille pour lutter contre effectivement des contenus qui peuvent créer des drames".
- Elles rappellent la "fierté de ce que la plateforme offre comme opportunité" et son rôle dans la "création de valeur", "d'engagement" et de "carrières".
- La commission exprime une "frustration" face aux réponses, estimant que les mesures de TikTok ne sont pas à la hauteur de la "dépendance très très forte des mineurs" et des "drames évitables" (suicides, scarifications).
- La commission avertit qu'en l'absence d'"amélioration effective", l'interdiction de la plateforme pourrait devenir une option si des vies d'enfants continuent d'être affectées.
- Des questions importantes sur le modèle économique (revenus des lives, part des revenus publicitaires) restent sans réponse et pourraient mener à une nouvelle audition.
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- Oct 2020
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- May 2020
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arxiv.org arxiv.org
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Serrano, J. C. M., Papakyriakopoulos, O., & Hegelich, S. (2020). Dancing to the Partisan Beat: A First Analysis of Political Communication on TikTok. ArXiv:2004.05478 [Cs]. http://arxiv.org/abs/2004.05478
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- Apr 2020
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twitter.com twitter.com
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Carl Miller en Twitter: “I would love to see far more research on disinformation and COVID-19 exploitation on platforms other than Twitter. We know YouTube, Reddit, the alt-tech platforms are hotspots. To my knowledge, we know very little about emerging platforms Tik Tok at all.” / Twitter. (n.d.). Twitter. Retrieved April 9, 2020, from https://twitter.com/carljackmiller/status/1248147651876577281
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