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  1. Jul 2025
    1. Document de Synthèse : La Nouvelle Hiérarchie des Professions en France

      • Ce document de synthèse analyse les évolutions récentes du marché du travail en France, mettant en lumière un changement notable dans la perception et la rémunération des métiers.

      Traditionnellement, les carrières intellectuelles et les études supérieures étaient perçues comme les garantes d'une meilleure rémunération et d'un épanouissement professionnel.

      Cependant, la pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs manuels et artisanaux a bouleversé cette hiérarchie, offrant des opportunités inattendues en termes de salaires et de qualité de vie.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      1. Revalorisation des Métiers Manuels et Artisanaux :

      • Changement de Perception : Le reportage souligne un revirement. "Pendant longtemps, les métiers intellectuels promettaient de meilleures carrières, plus rémunératrices et plus épanouissantes.

      Tandis que les métiers manuels ont clairement été dénigrés, souvent dès l'école." Aujourd'hui, cette stigmatisation diminue en raison du manque criant de main-d'œuvre.

      • Salaires Surprenants : Des professions comme grutier, chauffagiste, plombier, soudeur ou maçon offrent désormais des salaires très attractifs, souvent sans nécessiter de longues études.

      Amandine, une ancienne monitrice d'auto-école, a doublé son salaire en devenant grutière, passant de "1 200, 1 300 à peu près" à "2, 900 et quelques euros" nets par mois.

      Mickaël, un jeune plombier-chauffagiste, gagne "2432 euros et 99 centimes" nets par mois après seulement un an d'ancienneté, avec des primes pouvant porter son brut à environ "3000 euros".

      • Autonomie et Valorisation : Ces métiers offrent une grande autonomie et un savoir-faire valorisant. Mickaël, par exemple, gère ses 13 clients et ses commandes de matériel, jouissant de "l'autonomie d'un artisan et la sécurité d'un emploi salarié".

      Clémence, chauffeur poids lourd, trouve que c'est un "métier bizarrement, malgré ce qu'on pourrait imaginer, qui est plutôt valorisant."

      2. La Pénurie de Main-d'Œuvre : Un Facteur Clé de Revalorisation :

      • Demande Supérieure à l'Offre : La France compte "plus d'un million de postes à pourvoir".

      Des secteurs comme le transport (45 000 chauffeurs supplémentaires nécessaires) et la plomberie (manque de main-d'œuvre "excessif") sont particulièrement touchés.

      • Pouvoir de Négociation des Salariés : Cette pénurie inverse le rapport de force.

      Clémence, la chauffeuse poids lourd, illustre ce point :

      "On a plus de pouvoir qu'un mec qui va être dans la pub, où le patron va dire « Je ne suis pas content, tu t'en vas, de toute façon, il y en a 80 derrière »...

      Là, c'est l'inverse." Les entreprises sont contraintes de proposer des conditions attractives, allant même jusqu'à "débaucher des gens dans d'autres entreprises".

      • Recrutement Simplifié : Pour certains postes, l'envie de travailler et la ponctualité priment sur les diplômes.

      David Arslan, chef d'entreprise en ravalement de façade, ne demande "aucun diplôme", seulement "la ponctualité et l'envie de travailler" pour un salaire de "2 000 euros net mensuel".

      3. La Reconversion Professionnelle : Une Tendance Croissante :

      • Quête de Sens et de Meilleure Qualité de Vie : De nombreux salariés, y compris des cadres, se reconvertissent. "Depuis 2021, 20% des cadres ont entamé une reconversion professionnelle". Clémence, ancienne directrice artistique à Paris, a troqué son "Bac plus 5" et un salaire de "1 600 net" pour un permis poids lourd lui rapportant "entre les 2 500 et 3 000 euros net", et une meilleure qualité de vie.
      • Éviter le "Perdre sa Vie à la Gagner" : La question est posée : "Faut-il tout miser sur des études supérieures pour finir dans un bureau stressé, avec des horaires à rallonge ou une charge de travail XXL ? Faudrait-il perdre sa vie à la gagner ?"
      • Formations Adaptées : Des initiatives comme l'école Gustave, qui forme gratuitement des plombiers en 15 mois, répondent à ce besoin de reconversion rapide et efficace. L'école garantit un salaire minimum de "2 000 euros net" en sortie et un taux d'embauche de "95% en CDI".

      4. Le Revers de la Médaille pour les Professions Intellectuelles :

      • Débuts de Carrière Difficiles : Certaines professions intellectuelles, malgré de longues études, offrent des rémunérations de départ modestes. Aurélie, avocate avec "7 ans d'études après le bac", se retrouve avec "à peine plus d'un SMIC" net après avoir payé ses charges, soit "1 500 euros net" pour des journées parfois très longues et improductives (temps d'attente non payé).
      • Désillusion et Fort Taux de Démission : Le décalage entre les attentes (prestiges, revenus) et la réalité du métier conduit à la désillusion. "30% des avocats démissionnent au cours des 10 premières années d'exercice."
      • Évolution des Salaires : Si les débuts sont difficiles, les carrières intellectuelles peuvent offrir une meilleure progression salariale sur le long terme. Le reportage note qu'après 8 ans, le salaire d'un plombier "va plafonner autour de 2 700 euros", tandis que pour les avocats, "ce sera deux fois plus, 5 400 euros mensuels en moyenne."

      5. L'Entrepreneuriat Manuel comme Voie de Succès :

      Exemple de David Arslan : L'histoire de David Arslan, patron d'une PME de ravalement de façade réalisant "10 millions d'euros de chiffre d'affaires", est emblématique.

      Parti de rien, il a bâti sa réussite sur un savoir-faire manuel, démontrant que "tout est possible" avec "de l'or dans les mains".

      Opportunités du Marché : La demande dans des secteurs comme l'isolation et la rénovation (stimulée par la hausse des tarifs de l'énergie) offre des opportunités de croissance exponentielle pour les entreprises du bâtiment.

      David Arslan connaît une augmentation de "30%" de demandes et est contraint de refuser des chantiers faute de main-d'œuvre.

      Conclusion :

      Le marché du travail français est en pleine mutation.

      La pénurie de main-d'œuvre dans les métiers manuels et artisanaux a non seulement revalorisé ces professions en termes de salaire et d'attractivité, mais elle a également ouvert la voie à des reconversions massives pour des individus cherchant une meilleure qualité de vie et un épanouissement professionnel.

      Tandis que certaines carrières intellectuelles peinent à offrir des débuts de carrière rémunérateurs, les "mains en or" et les entrepreneurs du bâtiment peuvent désormais atteindre des sommets financiers et professionnels insoupçonnés, remettant en question les hiérarchies établies et l'importance des études longues pour le succès.

    1. Rapport IGESR 2024 : La Découverte des Métiers au Collège

      Ce rapport, émanant d'une mission d'expertise de l'Inspection Générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR), examine la mise en œuvre de la "découverte des métiers" en France, en particulier de la cinquième à la troisième.

      Il s'inscrit dans un contexte de généralisation de ce dispositif depuis la rentrée 2023, suite à une phase d'expérimentation.

      Le document souligne l'importance de cette découverte pour la construction du projet d'orientation des élèves, la lutte contre les déterminismes sociaux et de genre, et le renforcement de l'égalité des chances.

      Thèmes Principaux et Idées Clés :

      1. L'Impératif d'une Découverte Précoce et Généralisée des Métiers :

      Réajustement aux instructions de la loi de juillet 2015 :

      Le rapport met en évidence un "réajustement qui tend à s’inscrire dans les instructions de la loi de juillet 2015" pour la mise en place de la découverte des métiers dès la classe de cinquième.

      Bien que la généralisation actuelle ne rende pas cette mise en œuvre obligatoire dès la cinquième, la loi impose d'amorcer les parcours dès la sixième.

      Les pratiques vertueuses observées débutent effectivement en cinquième ou sixième.

      Lutte contre les déterminismes sociaux et de genre : La découverte précoce des métiers est présentée comme "un atout à court et à long terme pour lutter contre les déterminismes sociaux et genrés de l’orientation".

      Des études internationales, bien que peu fréquentes en France, montrent que cette introduction précoce "limite de façon significative l’impact de l’origine sociale et du genre sur les parcours scolaires des élèves et les métiers qu’ils exercent à l’âge adulte."

      Limiter l'impact de l'origine sociale et du genre : Il s'agit d'un "enjeu majeur de justice sociale" en lien avec la découverte de secteurs d'activités offrant de fortes opportunités, y compris les "métiers d’avenir ainsi que les métiers en tension identifiés par « France stratégie »."

      La note de service n° 21 du 25 mai 2023 "fait un lien explicite [...] pour limiter l’impact de l’origine sociale et de genre des élèves dans les choix opérés."

      Renforcer l'égalité des chances par l'information des parents : Le rapport souligne le rôle fondamental des "responsables légaux" et la nécessité de les informer et de les impliquer pour "renforcer l’égalité des chances dans les processus d’orientation."

      Des exemples d'autres pays (Australie) sont cités pour leur politique de soutien aux parents via des sites internet dédiés.

      Lever les inhibitions et renforcer l'ambition : Le processus doit être engagé "tôt dans le parcours des élèves pour réussir à lever les inhibitions" et "modifier significativement l’ambition des parents des milieux sociaux les plus fragiles pour leurs enfants."

      Des approches ludiques sont encouragées dès le cycle 3 (CM1/CM2) pour sensibiliser les enfants.

      2. Modalités de Mise en Œuvre et Bonnes Pratiques :

      • Approches diversifiées, progressives et raisonnées :

      Le rapport identifie des "approches diversifiées qui rejoignent les pratiques identifiées comme vertueuses par les résultats de recherches essentiellement internationales."

      Elles doivent être "progressives et raisonnées," alternant "exposition, exploration, expérience ou expérimentation."

      Diversité des actions : Les actions courantes incluent :

      • Fiches métiers : Exercices individuels et partagés, souvent complétés suite à des rencontres avec des professionnels.
      • Événements thématiques : "Midis de…", "journée de…", "forums des métiers," "semaine de l’industrie."

      L'efficacité des forums est accrue par une préparation et une exploitation pédagogique systématiques.

      • Bureaux de Documentation et d'Information (BDI) : Espaces dédiés, souvent animés par des documentalistes, parents d'élèves ou professeurs.

      • Intervenants extérieurs : Associations, entreprises, branches professionnelles.

      • Visites d'entreprises : Permettent d'appréhender l'organisation de l'activité, l'environnement de travail, les contraintes et les avantages.

      Elles doivent être "préparées en amont avec les élèves concernés et font l’objet d’une exploitation pédagogique spécifique."

      • Stages d'observation : Le stage obligatoire de cinq jours en troisième est jugé "bienfondé."

      Le rapport recommande de "préparer les stages d’observation de la classe de troisième dès la classe de quatrième et donner la possibilité de les réaliser dans plusieurs organisations selon le projet de découverte des métiers du collégien."

      Les stages pendant les vacances sont également encouragés, notamment pour les élèves se destinant aux filières professionnelles.

      • Lien avec les formations : Les équipes pédagogiques soulignent l'importance de "parler aux élèves des parcours de formation et des voies de formation" une fois qu'ils ont découvert les métiers associés.

      Des immersions dans les lycées professionnels, généraux et technologiques, et CFA sont développées pour aider les élèves à "tester in situ à la fois la formation envisageable et l’environnement de l’établissement d’accueil."

      3. Le Rôle des Acteurs et la Nécessité d'une Coordination Renforcée :

      • Cadre national à formaliser : Il est "fondamental de poser un cadre national énonçant les principes de la découverte des métiers et de l’orientation."

      Actuellement, le "cadre national de mise en œuvre du parcours avenir et de la découverte des métiers n’est pas formalisé en France."

      Une "stratégie nationale de l’orientation" est préconisée, avec des objectifs pluriannuels et une évaluation de leurs effets.

      • Coordination des acteurs : La coordination des "nombreux acteurs censés intervenir auprès des élèves et des étudiants nécessite de préciser ce que les ministères attendent précisément de chacun d’entre eux."

      • Rôle des enseignants : Ils constituent le "plus grand nombre" d'acteurs.

      Le rapport préconise d'étendre la formation des enseignants à la connaissance des entreprises et à l'accompagnement à l'orientation.

      Un "stage obligatoire en entreprise pour tous les étudiants qui suivent les masters qui conduisent aux métiers d’enseignant" est recommandé.

      • Psychologues de l'Éducation Nationale (Psy-EN) : Leur engagement est "très inégal" malgré leur expertise. Leur participation active à l'accompagnement des équipes est jugée essentielle.

      • Régions : Détentrices de la "compétence d’information" depuis 2018, elles sont des "premiers partenaires pour fournir des informations pertinentes sur les métiers."

      Le rapport note cependant une "diversité des situations" et des "malentendus parmi les acteurs de terrain," voire des "tensions" entre CIO et services régionaux.

      • Campus des Métiers et des Qualifications (CMQ) : Acteurs clés pour la découverte des métiers, ils "développent des modèles économiques qui permettent ensuite d’étendre leurs offres avec des fonds privés."

      Un "appel à projets" est recommandé pour "assurer une meilleure couverture thématique et territoriale."

      • Associations et Startups : De nombreuses entités externes, comme AJE, C’Génial, ou JobIRL, interviennent et contribuent à réduire les inégalités sociales dans l'orientation.

      • Parents : Leur implication est une "opportunité pour les collèges" mais l'offre doit être complétée pour éviter la "reproduction sociale."

      Pilotage académique et au niveau des collèges :

      Pilotage académique : Fortement impliqué dans l'expérimentation, avec des "comités académiques" et des formations en cascade.

      Cependant, les inspecteurs territoriaux disciplinaires ne sont "pas encore pleinement engagés."

      • Pilotage au niveau des collèges : Doit être "renforcé." Il est crucial d'intégrer la découverte des métiers dans la "politique générale du collège," de "mobiliser largement les équipes pédagogiques," et d'"organiser et planifier les temps consacrés au dispositif."

      • Référent ou coordinateur : Tendance à se généraliser pour la découverte des métiers au collège.

      4. Intégration Pédagogique et Outils :

      • Intégration aux programmes disciplinaires : Les pratiques de découverte des métiers intégrées aux programmes sont "encore rares."

      Le rapport préconise de "prévoir dans l’écriture de tous les programmes d’enseignement des temps spécifiques sur les métiers, y encourager les approches transversales."

      L'objectif est de ne pas ajouter une charge supplémentaire, mais d'intégrer la découverte dans les cours existants.

      • Référentiel de compétences à s'orienter : Le développement d'un référentiel spécifique au collège est jugé favorable, mais son usage doit être "accompagné au plus près des usagers" car les professeurs sont "perplexes quant à l’investissement supplémentaire nécessaire."

      Ce référentiel devrait permettre de développer des compétences clés, notamment les "compétences psychosociales (CPS)."

      • Outils numériques : L'Onisep propose des outils comme FOLIOS et la nouvelle plateforme "Avenir," qui visent à "développer les connaissances et les compétences qui sont nécessaires aux élèves pour construire progressivement un projet d’orientation scolaire et professionnelle."

      La plateforme est conçue pour l'éducation progressive au choix, s'appuyant sur trois types de compétences : "les compétences à s’orienter (savoir devenir), les compétences techniques propres à un domaine d’études et d’expérience ainsi que les compétences du XXIe siècle (devenir soi)."

      • Évaluation de la progression : L'évaluation des compétences en matière d'orientation "n’est pas encore une priorité."

      Il est "essentiel de pouvoir mesurer le niveau de maîtrise des compétences et de suivre la progression des élèves, comme on le fait dans tout autre domaine d’apprentissage."

      5. Défis et Recommandations Spécifiques :

      • Élèves en risque de décrochage : Dès la classe de quatrième, il est recommandé de "permettre à des élèves en risque de décrochage des immersions en entreprise" et de mettre en place un "dispositif d’accompagnement renforcé."

      Ces expériences ont des "effets très positifs [...] dans la remotivation et l’engagement des élèves."

      • Financement et mobilité : L'organisation des sorties et visites nécessite des moyens pour les déplacements, ce qui peut se faire "au détriment de leur préparation indispensable."

      • Transversalité et cohérence : La stratégie de formation doit être "explicite pour tous" afin de favoriser la "mise en synergie et en cohérence de ce qui se fait au sein des enseignements disciplinaires et dans d’autres espaces d’enseignement."

      • Enfants de l'aide sociale à l'enfance : Une recommandation spécifique vise à "préparer un document à destination des services d’aide sociale à l’enfance donnant des conseils pour les décisions d’orientation des élèves qui leur sont confiés" afin de garantir une "orientation juste aussi pour ces élèves, qui sont probablement ceux qui en ont le plus besoin."

      • Amélioration de la formation des enseignants : Mettre en place une "certification ou une habilitation pour le conseil en orientation à destination des enseignants, des CPE ou des Psy-EN."

      En synthèse, le rapport insiste sur la nécessité d'une approche systémique et coordonnée pour la découverte des métiers, impliquant une généralisation précoce, une intégration pédagogique accrue, une collaboration renforcée entre tous les acteurs (éducation nationale, régions, entreprises, associations, parents), et un soutien ciblé pour les élèves les plus vulnérables, le tout encadré par une stratégie nationale claire et évaluée.

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