Briefing : L'Alcoolisme au Féminin – Briser le Tabou
Objectif : Ce briefing vise à synthétiser les principaux thèmes, idées et faits marquants concernant l'alcoolisme au féminin, tels qu'abordés dans les extraits sonores de "Alcool au féminin, elles brisent le tabou".
Résumé Exécutif
L'alcoolisme au féminin est une maladie complexe, souvent invisible et entourée d'une honte et d'une culpabilité profondes, rendant sa détection et sa prise en charge plus difficiles que chez les hommes.
Les femmes sont physiologiquement plus vulnérables à l'alcool et l'utilisent souvent comme une "béquille" pour gérer un mal-être, une anxiété, une dépression, ou des traumatismes passés, notamment des violences sexuelles.
L'industrie de l'alcool cible activement les femmes avec des produits et des stratégies marketing spécifiques.
Le chemin vers la sobriété est long, marqué par des rechutes possibles, et nécessite un soutien indispensable de l'entourage, des groupes de parole, et des structures spécialisées.
Briser le tabou et reconnaître l'alcoolisme comme une maladie est crucial pour aider les femmes à s'en sortir.
Thèmes et Idées Principales
1. L'Alcoolisme Féminin : Une Réalité Invisible et Sous-Estimée
Prévalence incertaine : Le nombre de femmes dépendantes à l'alcool est difficile à estimer, oscillant entre 100 000 et 1,5 million, en raison du silence imposé par la honte et la culpabilité.
Honte et Culpabilité Accrues pour les Femmes : "Une femme qui boit tout d'un coup, c'est une honte. C'est deux fois plus dur qu'un homme.
Une femme alcoolique, c'est vraiment on nous le pardonne pas." Ce jugement social conduit à l'isolement et au déni, retardant la consultation de 10 ans en moyenne par rapport aux hommes.
Stratégies de Dissimulation : Les femmes mettent souvent en place des stratagèmes pour cacher leur consommation, comme planquer des bouteilles dans des endroits inattendus (ex: "planquer la bouteille dans le landau de ma fille").
2. Vulnérabilité Physiologique et Conséquences Spécifiques
Métabolisme et Dilution : "Quand on donne la même quantité d'alcool à un homme et une femme du même poids, l'alcoolémie sera plus élevée chez la femme."
Cela est dû à un métabolisme plus lent et une moindre proportion d'eau dans le corps féminin.
Impacts Accrus sur la Santé : Les maladies (cirrhose, maladies cardiovasculaires, troubles cognitifs comme la mémoire et la concentration) se développent plus rapidement et sont plus violentes chez les femmes.
Un lien fort existe avec le risque de cancer du sein, "quelque chose qui est très peu connu".
Signes Visibles : L'alcool "abîme énormément et chez les femmes, ça se voit. Une femme alcoolique, ça se voit au visage, aux yeux. Les yeux sont tristes souvent. La peau est abîmée."
3. Les Racines Psychologiques de l'Addiction chez les Femmes
Alcool comme Béquille ou Auto-Médication : Contrairement aux hommes dont la consommation "part d'une consommation plus festive qui dérape", les femmes "le plus souvent consomment pour traiter quelque chose, pour traiter un mal-être, une dépression, une anxiété."
Noémilovski témoigne : "j'ai bu de l'alcool comme j'aurais pris des médicaments pour pour apaiser et l'angoisse et la dépression."
Traumatismes d'Enfance et Violences Sexuelles : Derrière l'addiction se cachent souvent des "traumatismes d'enfance, des drames intimes".
Le vécu d'une agression sexuelle peut multiplier "jusqu'à 36 le risque de développer une addiction".
L'alcool permet "d'économiser, d'avoir à se confronter à ces horreurs". Laurence, par exemple, a découvert que son alcoolisme masquait un inceste.
Sentiment de Solitude et Différence : Muriel Robin a ressenti : "je me sentais tellement différente que j'étais très seule. Donc j'étais en souffrance."
L'alcool est alors apparu comme une solution pour "masquer tout", "penser à rien" et "se perdre".
L'Illusion du Plaisir et du "Soi-Même" : Beaucoup croient que l'alcool est une source de plaisir ou qu'il permet d'être "soi-même".
Noémilovski réfute cette idée : "on n'est pas soi-même. On est l'alcool, on est l'effet de l'alcool."
L'alcool crée une "chaleur, une douceur, un calme", mais mène à un "cercle vicieux" où l'on est "encore plus déprimé que la veille, encore plus angoissé".
4. L'Influence de la Société et du Marketing de l'Alcool
Normalisation de la Consommation Féminine : Boire est devenu "courant" pour les femmes, une manière de "s'intégrer", de décompresser, ou de faire la fête.
Lucille Woodward souligne : "on a toujours eu l'impression que c'était cool de boire et normal et plutôt une démonstration de force de la femme et on se rend pas compte en fait que finalement ça nous affaiblit."
Ciblage Marketing Spécifique : L'industrie de l'alcool cible les femmes avec des produits et des packagings "ultra girly" (ex: "tube de rouge à lèvres géant qui en fait contient une bouteille de champagne") et des saveurs aromatisées (mangue, litchi, cerise, pamplemousse) pour des alcools "moins forts".
Ces stratégies "associent un univers positif à un produit qui est quand même problématique pour la santé."
La "Zone Grise" : De nombreuses femmes se situent dans une "zone grise" où elles dépassent les limites recommandées (10 verres/semaine) sans se considérer comme dépendantes.
Le critère n'est pas le nombre de verres, mais "quand on ne peut pas s'en séparer et quand on a le sentiment d'avoir perdu la liberté de s'abstenir" et l'impact sur la santé et l'environnement.
5. Le Chemin vers la Sobriété : Un Combat Difficile mais Possible
Reconnaître la Maladie : L'alcoolisme est une maladie, non un manque de volonté.
C'est "une maladie que l'on peut soigner à condition d'oser la regarder en face."
L'Importance du Soutien : "L'alcool, on ne peut pas s'en sortir seul. Il faut demander de l'aide."
Groupes de parole : Les Alcooliques Anonymes ont été une "révélation" pour Noémilovski grâce à l'absence de jugement.
Des groupes spécifiques aux femmes permettent de reconnaître une "consommation autothérapeutique" commune.
Entraide et Témoignages : Des initiatives comme celle de Sylvie, qui aide d'autres femmes via internet, sont cruciales. "À force d'en parler, de déculpabiliser, d'avoir moins honte, j'ai pu tomber le masque en fait."
L'Entourage Aimant : Le soutien du conjoint est fondamental, comme pour Fiona Géin et Muriel Robin. Leurs partenaires ont cessé de boire et ont posé des limites claires pour leur relation.
La Reconstruction Personnelle :Deuil de l'Alcool :
L'arrêt peut être vécu comme un deuil, "comme si ma meilleure amie était morte", laissant un sentiment de vide.
Accepter les Rechutes : Les rechutes sont fréquentes et "ne remettent pas tout en cause". La mémoire de l'alcool reste présente ("l'image de Pac-Man dans mon cerveau").
Se Réconcilier avec Soi-Même : Le processus de reconstruction inclut la réappropriation de son image, de son corps, et de son estime de soi, souvent perdus pendant l'addiction.
Des ateliers d'art-thérapie ou de socio-esthétique aident à "se redonner une dignité" et à "adoucir le regard sur soi-même".
Trouver de Nouveaux Plaisirs : Remplacer l'alcool par d'autres sources de joie, comme le thé pour Sylvie, est une stratégie efficace.
6. L'Impact sur l'Entourage, en Particulier les Enfants
Souffrance Familiale : Pour chaque personne alcoolique, "en moyenne sept personnes qui souffrent autour d'elle", les enfants étant souvent en première ligne.
Les Enfants Observateurs : Charlotte, fille d'une mère alcoolique, mesurait le niveau des bouteilles et comprenait l'ambiance "sordide" de la maison.
Le Paradoxe de l'Amour et de la Haine : Les enfants d'alcooliques doivent gérer un paradoxe : "Je pouvais beaucoup l'aimer mais je pouvais la haïr en même temps parce que je ne la reconnaissais pas quand elle était ivre."
Nécessité de se Sauver Soi-Même : Malgré les tentatives de "réparer" le parent, le chemin est souvent de "sauver notre peau" et "abandonner cette famille dysfonctionnelle".
Citations Clés
"J'ai senti que dans mon disque dur, il y avait quelque chose qui était là et que et boire était normal." – Muriel Robin, sur l'installation de sa dépendance.
"Moi je buvais je buvais un litre de champagne quand je quand j'étais dehors. Je buvais un litre de champagne tous les soirs minimum." – Muriel Robin, sur la quantité consommée.
"L'alcool, j'allais dire c'est la récompense. Ce n'est pas une récompense. C'est quelque c'est c'est quelque chose qui qui vous veut du mal." – Muriel Robin, sur la nature trompeuse de l'alcool.
"Oui, j'étais alcoolique. Ouais, j'étais alcoolique pendant 30 ans." – Muriel Robin, sur la durée de son addiction. "L'alcool dérobe des années de vie de manière insidieuse et pour les femmes en particulier de façon invisible. C'est un poison qui s'instille à l'abri des regards." – Narratrice.
"Une femme qui boit tout d'un coup, c'est une honte. C'est deux fois plus dur qu'un homme. Une femme alcoolique, c'est vraiment on nous le pardonne pas." – Témoignage.
"Les hommes, ça part d'une consommation plus festive qui dérape. Les femmes le plus souvent consomment pour traiter quelque chose, pour traiter un mal-être, une dépression, une anxiété." – Experte.
"J'ai commencé à boire suite à un viol." – Anaïs. "Mon engagement, j'ai un problème avec l'alcool. Je bois, je bois trop." – Lucille Woodward, brisant le tabou en ligne.
"On a un problème d'alcool lorsqu'on ne peut pas s'en séparer et quand on a le sentiment d'avoir perdu la liberté de s'abstenir." – Définition de l'addiction.
"J'ai pris de l'alcool comme on prendrait des anxiolytiques." – Noémilovski.
"Tu n'es pas toi-même quand tu bois et moi je veux être avec toi quand tu es toi-même." – Proche de Noémilovski. "L'alcool, c'est sans faim. Vous voyez le matin, vous vous dites, je vais arrêter de boire et puis le soir, vous remettez ça." – Sylvie.
"Le pire que j'ai fait, je crois que c'était dans le landau de ma fille. J'avais planqué la bouteille dans le landau de ma fille." – Sylvie, sur la dissimulation.
"Il y a un gros pourcentage de risque de cancer du sein lié à l'alcool et ça vraiment c'est quelque chose qui est très peu connu." – Dr. Sarah Coscas, psychiatre addictologue. "Ma petite me disait : 'Maman, tu sens la bière ?'" – Témoignage d'une mère.
"Le vécu d'une agression sexuelle par une femme pouvait multiplier jusqu'à 36 le risque de développer une addiction." – Dr. Sarah Coscas.
"La personne, elle préfère préfère dire non, j'ai pas bu pour ne pas passer la soirée à se disputer avec son conjoint ou sa conjointe alors que elle peut pas aligner trois mots parce que elle a passé sa soirée ou sa journée à à boire." – Richard Baudouin, compagnon de Fiona Géin.
"Écoute moi si tu veux boire une bouteille de champagne tous les soirs c'est ta vie mais moi je j'ai trop peur de te perdre et entre la cigarette et l'alcool je peux pas voir quelqu'un qui se détruit donc on arrête l'histoire." – Anne Le Nen à Muriel Robin, un ultimatum salvateur.
Conclusion
Le document met en lumière la spécificité de l'alcoolisme au féminin, caractérisé par une invisibilité sociale, une vulnérabilité physiologique accrue, et des origines souvent liées à des traumatismes ou un mal-être profond.
Il souligne l'importance cruciale de la reconnaissance de cette maladie, de la brisure du tabou, et du soutien collectif pour permettre aux femmes de se reconstruire et de retrouver une vie digne et sobre.
Le chemin est long, mais le témoignage de ces femmes courageuses montre que la sortie est possible.