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Briefing Document : Analyse du Plan Ministériel pour la Santé Mentale des Élèves (mars 2025)
Source : Excerpts from "Santé mentale des élèves : les insuffisances du plan ministériel.pdf", Café Pédagogique, 18 mars 2025.
Thème Principal : Le document analyse de manière critique le plan d'action ministériel pour la santé mentale des élèves, soulignant ses insuffisances au regard de la gravité de la situation et du manque de moyens structurels.
Idées et Faits Clés :
Reconnaissance Ministérielle et Insuffisances Soulignées : * Le ministère de l'Éducation nationale affiche sa mobilisation face à la dégradation préoccupante de la santé mentale des enfants et des jeunes, mettant en place un protocole-cadre pour la santé mentale allant "du repérage à la prise en charge". * Cependant, l'article met en évidence que ce plan, malgré des intentions louables, présente un certain nombre d'insuffisances. Selon Edmond Porra, secrétaire adjoint du Snupden-FSU, il s'inscrit dans le contexte d'"une santé scolaire dégradée".
Carence Dramatique de Ressources Humaines :
- L'article insiste sur la situation alarmante des personnels de santé scolaire :
- "Un infirmier scolaire pour 1 600 élèves, un psychologue EN pour 1 500 élèves, un assistant de service social pour 4000 élèves, un médecin scolaire pour 13 000 élèves".
- À cette carence s'ajoute un manque d'attractivité de ces métiers, avec une perspective de "quasi-disparition des médecins scolaires".
- Privatisation Progressive de la Médecine Scolaire :
- L'effondrement des ressources conduit à une "évolution progressive vers une privatisation de la médecine scolaire", notamment par la délégation aux médecins libéraux des prescriptions et des notifications d'aménagements d'examens.
Solution des "Secouristes en Santé Mentale" Jugée Insuffisante :
- Pour pallier le manque de professionnels, le ministère promeut la mise en place d'équipes de "secouristes en santé mentale" dans les établissements.
- L'article souligne que ces secouristes, à l'image des secouristes classiques, ne sont pas des professionnels de santé médicale ou mentale. Leurs interventions sont limitées à des "gestes de premier secours en santé mentale" et ne relèvent pas de la psychiatrie ou de la psychologie.
- Ces secouristes sont chargés de relayer les situations aux "équipes ressources" constituées par les personnels médico-sociaux, dont l'article questionne également la capacité d'action face au manque de moyens.
Risque de Départementalisation et d'Interchangeabilité des Missions :
- L'article craint que le dispositif actuel ne soit compatible avec un projet de "service départementalisé de la santé scolaire" regroupant les différents corps professionnels (médecins, infirmiers, psy-EN et AS).
- S'appuyant sur les préconisations de la Cour des Comptes, il est envisagé que ces professionnels, via une "formation complémentaire" et un "élargissement de leurs compétences", puissent s'engager dans des parcours plus diversifiés, avec une possible "interchangeabilité des missions" au sein d'un service fonctionnant "à la sollicitation".
- L'auteur y voit un risque de "remplacer le suivi au long cours des élèves par un système d’interventions au ticket auprès d’un guichet de services à la demande ou de brigades territorialisées", institutionnalisant ainsi la gestion de la pénurie.
Déplacement de la Question des Moyens vers l'Organisation :
- L'article perçoit une stratégie visant à masquer le manque de moyens en mettant l'accent sur l'organisation des moyens existants. Le protocole de santé mentale est vu comme une pièce complémentaire à cette "révolution copernicienne du pilotage de la santé scolaire en mode décroissant".
Nécessité de Moyens pour des Professionnels Qualifiés :
- L'auteur affirme qu'il ne faut pas se satisfaire d'une formation aux premiers secours en santé mentale pour les enseignants et personnels de vie scolaire en guise de compensation du manque de ressources.
- "La meilleure garantie pour la sécurité psychique des enfants que nous accueillons, c’est d’abord d’avoir les moyens d’un travail d’équipes de professionnels spécialisés et qualifiés auprès des établissements, plus que de faire peser ces missions sur d’autres personnels."
Critique de l'Usage du Concept de Santé Mentale Hors Contexte :
- L'article met en garde contre un usage non-critique du concept de santé mentale, comparant cela aux critiques formulées sur la thématique des risques psycho-sociaux dans le monde du travail.
- Le risque est de proposer des réponses abstraites, visant à adapter les individus aux conditions dégradées plutôt qu'à transformer ces conditions. "Le concept de santé mentale, qui tend désormais à suppléer celui de bien-être, court le risque de reproduire le même type de réponse abstraite et potentiellement contre-productive en prétendant agir sur un phénomène isolé de son contexte et de ses conditions d’apparition."
Ignorance des Facteurs Éducatifs et Sociaux :
- L'article déplore l'absence de réflexion sur les questions éducatives et sociales dans le diagnostic et les solutions proposées.
- Il souligne que "une politique éducative qui génère une anxiété de la performance et qui renforce la pression scolaire ne peut que produire un terrain favorable à la phobie scolaire."
- De même, les effets de la "brutalité du climat social" et de "l'insécurité des familles en difficulté sociale" sur la santé mentale des élèves sont largement ignorés par une politique qui se complaît dans la dénonciation de l'assistanat et la dégradation des protections sociales.
Détérioration des Structures de Soin Existantes :
- L'auteur questionne la pertinence de se préoccuper de la santé mentale des élèves tout en laissant à l'abandon les structures de soin publiques, telles que les centres médico-psychologiques (CMP).
Critique du "Marketing Protocolaire" :
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La présentation du plan est jugée axée sur une "forme protocolaire" qui induit des attentes potentiellement trompeuses auprès des familles, qui pourraient croire à une prise en charge médicale structurée.
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"La communication par le renvoi dans les établissements à l’existence du « protocole » comme solution entretient l’ambiguïté dans un contexte de saturation des dispositifs déjà surchargés dans les secteurs de la pédopsychiatrie et des soins psychologiques." Cela alimente des attentes irréalistes face au manque de ressources.
Impact Négatif sur les Personnels :
- Le plan ne prend pas en compte la santé mentale des personnels et risque de favoriser les ruptures dans un contexte déjà dégradé, notamment à travers un "fonctionnement managérial qui met à mal leur professionnalité" et un "management coercitif" basé sur un excès de protocolisation et une défiance envers les professionnels.
Manque d'Ambition et Solutions de Fortune :
- L'article conclut que malgré l'annonce de la santé mentale comme grande cause nationale, le plan d'action est loin d'être à la hauteur des enjeux, privilégiant "les solutions de fortune et les stratégies communicantes".
Il exprime une crainte quant aux effets réels du plan, anticipant plus de problèmes que de solutions.
Quote Significative :
"La meilleure garantie pour la sécurité psychique des enfants que nous accueillons, c’est d’abord d’avoir les moyens d’un travail d’équipes de professionnels spécialisés et qualifiés auprès des établissements, plus que de faire peser ces missions sur d’autres personnels."
Conclusion :
Le document critique sévèrement le plan ministériel pour la santé mentale des élèves, le considérant comme une réponse organisationnelle superficielle à un problème profond de manque de moyens structurels et de dégradation des services publics de santé et d'éducation.
L'accent mis sur la formation de "secouristes" et sur un protocole est perçu comme un cache-misère qui ne s'attaque pas aux racines du problème, telles que le manque de personnels spécialisés, la privatisation rampante de la médecine scolaire, et l'ignorance des facteurs éducatifs et sociaux contribuant à la détresse des élèves.
L'article exprime une forte inquiétude quant à l'efficacité réelle de ce plan et à son impact sur les élèves et les personnels.
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Note de synthèse : Violence à l'école - Crise de sens et réponses politiques Ce document de synthèse examine les principaux thèmes et idées développés dans les extraits fournis de l'article "Violence scolaire : crise de sens et réponse politique." et du livre "Zéro pointé ? Une histoire politique de la violence à l’école" d'Éric Debarbieux.
Thème 1 : Évolution et perception de la violence à l'école
Contrairement à une perception courante d'une augmentation générale de la violence subie par les élèves, les enquêtes du ministère indiquent une stabilité de cette violence, y compris entre élèves.
Cependant, une évolution significative et récente est l'augmentation de la "violence idéologique portée par les élèves eux-mêmes", touchant au "racisme, à la xénophobie ou au LGBTphobies et en particulier la transphobie".
Selon l'interview, cette augmentation est "très récente mesurée par le ministère" et peut être liée à "l’ambiance idéologique générale de la société au niveau mondial".
Éric Debarbieux, fort de 40 ans de recherche sur le sujet, corrobore l'absence d'une augmentation générale de la violence subie.
Il exprime sa lassitude face aux questions récurrentes suggérant une aggravation ("Alors, « ça » monte ? C’est mieux ailleurs ? C’était mieux avant ?") et aux solutions simplistes souvent proposées ("faut les punir, y a qu’à les exclure, des internats, des militaires, la restauration de l’autorité").
Il critique également la tendance à attribuer des "causes" uniques et superficielles à la violence ("Mai 68, le laxisme, la famille, l’immigration, le wokisme, la culture de l’excuse, la théorie du genre, la monoparentalité, le manque de re-pères, l’ensauvagement").
Thème 2 : Réponses politiques à la violence à l'école
L'analyse historique des réponses politiques révèle une prise de conscience tardive de la réalité de la violence scolaire, principalement à partir des années 1990, notamment sous l'impulsion d'alertes comme celles de Jacques Pain.
Les années 90 ont vu une "conjonction entre une prise de conscience sociétale et médiatique de la violence à l’école à partir de grandes manifestations lycéens et une logique politique avec un plan ministériel contre la violence à l’école".
Depuis, une caractéristique marquante est la prolifération de "plans" ministériels, souvent déclenchés par la pression médiatique. Jusqu'en 2010-2011, on compte environ une douzaine de plans, souvent "plus ciblés sur le lien police et justice qu’Éducation nationale".
Cette approche est critiquée comme un "traitement externalisé", basé sur une "vision fausse de la violence comme intrusive, comme étant une intrusion de l’extérieur".
Debarbieux souligne également la "permanence dans les réponses publiques" et la domination de la "logique du plan ministériel dans une verticalité continue… et inefficace".
Il note que malgré les bonnes intentions initiales de certains ministres, comme Jean-Michel Blanquer affirmant ne pas vouloir d'une "réforme Blanquer" et privilégiant les "solutions de terrain", la réalité a souvent été une "véritable frénésie d’injonctions" et une approche "top down" que "le terrain n’en peut plus".
Thème 3 : Harcèlement et cyberharcèlement
Le harcèlement et le cyberharcèlement sont devenus des sujets centraux dans la perception et la discussion de la violence à l'école.
Les "progrès techniques avec le web 2.0 voire 3.0 ont amené de nouveaux outils à disposition du harcèlement".
Cependant, le phénomène n'est pas entièrement nouveau, ayant déjà été discuté lors des Assises nationales de 2011.
Le harcèlement en milieu scolaire se manifeste souvent par la constitution de groupes désignant un "bouc émissaire", ciblant des aspects tels que "le racisme, à la xénophobie, la transphobie, la grossophobie ou encore le trop bon élève".
Ce processus est décrit comme la manière dont un "nous" se monte contre un "autre" et est "précipitée par un climat politique diffusé ad nauseam par différents médias, des médias sociaux ou des médias télévisuels".
L'interview met en cause le rôle de la "presse Bolloré" dans les cours de récréation.
Debarbieux rappelle avoir joué un rôle important dans la "découverte politique et médiatique du harcèlement en milieu scolaire", mais insiste sur le fait qu'il n'en a pas été "l’inventeur".
Il critique la prétention de ceux qui se disent "briseurs de tabous" en ignorant le travail antérieur.
Thème 4 : Crise de sens et rôle des acteurs
Les sources convergent sur l'idée que la violence à l'école est profondément liée à une "crise de sens". L'interview affirme qu'"il y a longtemps que l’on sait que la violence est une crise de sens !
Où est le sens de tout ça quand ce sont les ministres eux-mêmes et une grande partie de la classe politique qui en rajoutent sur le rejet de l’autre ?
Et méprisent finalement la jeunesse dans le jurassique stéréotype de l’enfant sauvage, pour ne pas dire de sauvages."
Debarbieux insiste sur l'importance de ne pas penser à court terme et de ne pas réagir de manière démagogique à chaque fait divers.
Il critique la "gouvernance top down" et la surabondance de "textes et circulaires" qui se sont "accélérés d’une manière incroyable depuis une quinzaine d’années".
Il souligne également le fossé qui s'est creusé entre l'école et le monde politique, ainsi qu'entre l'école et certains parents, avec un "sentiment de déclassement et de mépris".
Certains personnels expriment un désir d'"éloigner les familles" perçues comme perturbatrices.
Thème 5 : Rôle de la recherche et des experts
Debarbieux relate son parcours de chercheur et ses interactions avec différents ministères, soulignant les difficultés et les enjeux de faire entendre les résultats de la recherche dans les décisions politiques.
Il critique l'instrumentalisation de la recherche à des fins de communication plutôt que pour éclairer réellement les problèmes.
L'exemple de sa brève rencontre avec François Bayrou illustre cette préoccupation : "Ce qui intéresse le ministre est manifestement plus la communication que le sujet lui-même.
Ce qui l'intéresse est bien sûr son image."
Il décrit également les tentatives de l'administration de mesurer la violence, notamment à travers le logiciel Signa (puis Sivis), et les limites de ces recensements administratifs, qui peuvent être sujets à sous-déclaration par crainte d'une mauvaise réputation.
Il relate son implication dans la création d'un observatoire de la victimation en milieu scolaire et les obstacles rencontrés, y compris la suppression de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales.
Debarbieux défend une définition large de la violence, incluant les "microviolences" et le harcèlement, car une définition restreinte est "en réalité méprisante pour les victimes".
Il souligne que l'histoire de la violence est celle d'une "lente découverte des victimes" et de la reconnaissance de leur parole.
Il met en garde contre la tentation de la "tolérance zéro précoce" et la vision simpliste d'un passage inéluctable de l'"incivilité" à la délinquance.
Il insiste sur l'importance de considérer l'accumulation des désordres et la nécessité d'une justice sociale pour combattre l'oppression quotidienne.
Thème 6 : Exemples de politiques et de leurs limites
Le livre "Zéro pointé ?" offre une histoire politique des différentes approches adoptées pour lutter contre la violence à l'école. Plusieurs exemples illustrent les limites et les échecs de certaines politiques :
Plans ministériels successifs : Souvent réactifs à la pression médiatique, ils manquent de continuité et d'efficacité à long terme.
Coopération École-Police-Justice : Répétée mais pas toujours effective sur le terrain, notamment en raison du manque de connaissance mutuelle et de l'instabilité des personnels.
"Sanctuarisation" de l'école : Basée sur une vision de la violence comme intrusion externe, elle néglige les dynamiques internes et les causes profondes.
Recours à l'armée et à la discipline militaire : L'expérience des camps JET et les propositions de "camps de redressement" sont présentées comme inefficaces pour la réinsertion des jeunes délinquants.
Création de personnels précaires (APS) : Malgré un investissement initial et des espoirs, le manque de pérennisation et de reconnaissance a conduit au désenchantement et à la perte d'une partie de l'investissement.
Réformes et circulaires incessantes : L'inflation de textes administratifs nuit à la clarté de l'action et n'atteint pas le cœur du métier des enseignants.
"ABCD de l'égalité" : L'abandon de cette expérimentation face aux pressions idéologiques illustre les difficultés de mener des politiques transversales sur des sujets sensibles. Conclusion
- Les sources présentées dressent un tableau complexe de la violence à l'école et des tentatives politiques pour y répondre.
Si une augmentation générale de la violence subie n'est pas avérée, l'émergence d'une violence idéologique et la persistance du harcèlement, notamment en ligne, constituent des défis majeurs.
L'histoire des politiques publiques est marquée par une succession de plans souvent réactifs et externalisés, une verticalité excessive et un manque de continuité.
La recherche a contribué à une meilleure compréhension du phénomène et à la reconnaissance des victimes, mais son influence sur les décisions politiques reste limitée.
Les exemples analysés soulignent les difficultés de mise en œuvre de politiques efficaces et pérennes, souvent entravées par des logiques administratives rigides, des pressions idéologiques et un manque de vision à long terme.
La "crise de sens" au sein de l'école et de la société apparaît comme un élément fondamental à adresser pour une approche véritablement efficace de la violence scolaire.
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Ce qui motive le changement c'est la publication au JO du décret de déconfinement. Celui-ci précise que "le port du masque de protection… est obligatoire pour les personnels des établissements (scolaires) lorsqu'ils sont en présence des élèves". La nouvelle version du protocole précise donc cette obligation pour tous les adultes en présence des élèves, par exemple les AESH et les ATSEMS oubliés dans la version initiale.
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