Note de synthèse : Promotion des bonnes pratiques solaires
Cette note de synthèse a pour objectif de résumer les principaux thèmes, idées et faits importants concernant la promotion des bonnes pratiques solaires, en se basant sur les extraits de la "Matinale du Drapps : Promouvoir des bonnes pratiques solaires - Enjeux et pistes d’actions".
Elle inclura des citations pertinentes issues des sources originales.
Introduction :
Contexte et enjeux de la prévention solaire La Direction Générale de la Santé a souligné en 2020 la nécessité de recommandations sanitaires pour les indices UV, en particulier pour les populations à risque.
Malgré les effets positifs du soleil (notamment la synthèse de vitamine D), une exposition excessive aux UV est nocive et peut entraîner des cancers de la peau et un vieillissement prématuré.
Il est crucial de trouver un équilibre entre une exposition optimale pour la vitamine D et une protection adéquate.
Chiffres clés et impacts sur la santé :
80% des dommages liés aux UV sont provoqués avant 18 ans, les enfants étant plus exposés que les adultes. Un cancer sur trois est un cancer de la peau. Le coût de traitement du mélanome est estimé à 225 millions d'euros par l'INCA.
20 millions de personnes sont aveugles dans le monde à cause de la cataracte, l'exposition solaire étant un facteur de risque majeur.
Les effets sur la santé se manifestent à court, moyen et long terme :
- Court/Moyen terme : Brûlures, coups de soleil, atteintes aux yeux (photokératites, photoconjonctivites), allergies cutanées. Le bronzage lui-même est une réaction de défense de la peau, signalant une agression.
- Long terme : Cataracte, vieillissement prématuré de la peau (photo-vieillissement avec rides et taches), et cancers de la peau.
- Carcinomes : Environ 90% des cancers de la peau, très fréquents (130 000 à 230 000 cas/an, en augmentation). Leur pronostic est généralement bon, mais ils sont liés à une exposition prolongée (par exemple, professionnelle) et nécessitent de nombreuses chirurgies coûteuses.
- Mélanomes : 10% des cancers de la peau, plus rares mais plus graves (environ 18 000 cas/an et 2 000 décès). 83% d'entre eux sont liés à des expositions aux UV, notamment des expositions intenses et intermittentes, souvent durant l'enfance ou les vacances estivales. Ces cancers sont donc majoritairement évitables par une meilleure protection solaire.
Recommandations de protection solaire
Les recommandations actuelles de l'Institut National du Cancer (INCK) sont claires :
- Rechercher l'ombre au maximum, notamment entre 12h et 16h, période de rayonnement maximal.
- Privilégier la protection vestimentaire (t-shirt à manches, chapeau à large bord, lunettes de soleil). Ces moyens sont prioritaires sur la crème solaire.
- La crème solaire est un complément, à utiliser sur les zones découvertes. Il est souligné que "trop souvent la crème solaire est utilisée pour justement enlever les vêtements et pour augmenter son exposition et c'est quelque chose qui peut être assez néfaste."
- Se protéger même par temps nuageux, car le rayonnement UV n'est pas toujours associé à la chaleur.
- Le rayonnement est amplifié par la réverbération (eau, montagne).
- Vigilance maximale avec les enfants : limiter leur exposition au maximum, ne pas exposer un enfant de moins d'un an, et leur apprendre les bons réflexes.
- L'indice UV (disponible sur Météo France) est un outil éducatif. La protection est nécessaire à partir d'un indice 3, et doit être renforcée à partir de 8.
- Évolution de la représentation sociale du bronzage et comportements des Français
Historiquement, le bronzage a connu une inversion de sa signification sociale :
- Jusqu'à la fin du 19e siècle : Signe de prolétariat (travailleurs agricoles), la peau blanche étant associée à la noblesse.
- Début 20e siècle : Le bronzage est de moins en moins associé à la pauvreté.
- Années 30 (premiers congés payés) : Le bronzage devient "synonyme de succès, d'aisances financière, de loisirs."
- Années 80-90 : Apogée de la mode du bronzage, avec l'explosion des cabines UV et une forte médiatisation. Les premières recommandations sanitaires apparaissent à cette période.
- Aujourd'hui : Les dangers sont bien connus, mais la protection reste insuffisante. Le bronzage est toujours associé à la "bonne santé, de bien-être, de bonne mine, de beauté", véhiculant une image positive. Il y a une confusion avec la synthèse de vitamine D, nécessitant en réalité seulement "environ 15 minutes par jour" d'exposition, bien moins que le temps passé à bronzer.
Comportements des Français (Baromètre Cancer 2005, 2010, 2015) : * * Les moyens de protection sont insuffisamment utilisés, notamment la protection vestimentaire, en diminution. * Différenciation des comportements :Les femmes se protègent globalement mieux, utilisant plus l'ombre, la crème solaire et les lunettes. Les hommes privilégient les t-shirts et chapeaux. * Protection insuffisante chez les 15-24 ans (population sous-protégée et surexposée). * Un gradient social existe : les personnes moins diplômées sont globalement moins protégées. * Les phototypes plus foncés se protègent moins, bien que les lunettes de soleil restent indispensables pour tous. * Les résidents du nord ont moins le réflexe de se protéger aux heures critiques. * La protection des enfants s'est améliorée, les parents protégeant mieux leurs enfants qu'eux-mêmes. * Les connaissances augmentent, mais les fausses croyances persistent, notamment sur les conséquences des coups de soleil dans l'enfance. * Actions de prévention solaire : Exemples et initiatives * Plusieurs niveaux d'actions sont mis en œuvre :
1. Niveau International :
- Programme InterSun (OMS) : Vise à informer sur les effets des UV, encourager les pays à réduire les risques et fournir des conseils pratiques. Axes clés : surveillance et prédiction des risques (liés aux changements environnementaux et comportementaux), promotion de l'indice UV comme outil éducatif, et protection solaire des enfants via programmes éducatifs scolaires.
- Programme SunSmart (Australie) : Référence mondiale en prévention du cancer de la peau, pays à l'incidence très élevée. Objectifs : réduire l'incidence, éduquer le public via campagnes (notamment l'emblématique "Slip, Slop, Slap, Seek and Slide"), et mettre en œuvre des politiques de protection (écoles, lieux de travail).
- Impact : Environ 300 000 cancers de la peau évités, 1 000 vies sauvées, diminution de l'incidence chez les plus jeunes. Impact économique positif : "pour 1 dollar dépensé il y a eu un gain de 8,70 dans les 20 prochaines années."
2. Niveau National (France) :
- Campagne nationale annuelle (INCK) : Au printemps, informe la population sur les risques et conseils de prévention (ex: "l'ombre, c'est l'endroit le plus cool de l'été").
- Programmes d'éducation : "Vivre avec le soleil" (Sécurité Solaire), programme probant pour les écoles maternelles et primaires, basé sur une approche expérientielle et intégrable aux programmes scolaires (sciences).
3. Niveau Local/Régional :
- Projets d'urbanisme et de végétalisation : Visent à créer des zones d'ombre, réduisant les îlots de chaleur et l'exposition aux UV (ex: cours oasis dans les écoles). Ces projets peuvent bénéficier d'appels à projet comme "Zéro Expo" de l'INCK.
- Actions ciblées d'éducation à la santé :Étude PRISME (Santé Publique France Occitanie) : Recherche interventionnelle menée auprès de touristes en Occitanie (2019).
- Constat : Forte exposition intentionnelle ("sunbathing"), utilisation prioritaire de la crème solaire au détriment d'autres moyens, coups de soleil fréquents. Le littoral Occitan (200km, fort rayonnement UV, 8 millions de touristes/an) est un contexte à risque.
- Objectifs : Identifier les déterminants de la protection solaire (incluant les déterminants sociaux) et évaluer l'efficacité de deux interventions : une basée sur les messages d'apparence physique (photo-vieillissement) et une sur les messages sanitaires (cancer, yeux).
- Résultats : Protection insuffisante, notamment le port du t-shirt. 3/4 des touristes passent du temps à bronzer.
- Populations sous-protégées : 15-24 ans (et 12-14 ans pour les lunettes), hommes (crème solaire, lunettes), femmes (chapeau, t-shirt), peaux mates/moins sensibles, personnes à faible niveau d'étude, résidents du nord. Les connaissances et les fausses croyances, l'attirance pour le bronzage et le manque d'encouragement de l'entourage sont des déterminants.
- Efficacité des interventions :Intervention sanitaire : Augmente la protection à court terme, agit sur crème solaire et lunettes, touche les peaux sensibles et les niveaux d'études supérieurs.
- Intervention basée sur l'apparence physique : Augmente la protection à court et long terme, diminue l'exposition (évitement 12h-16h), touche les peaux sensibles et les niveaux d'études moins élevés (jusqu'au bac).
- Perspectives : Renouveler les campagnes, cibler les 15-24 ans et femmes exposées intentionnellement, les personnes socialement moins favorisées. Intégrer des messages sur le photo-vieillissement, apporter des connaissances, dénormaliser le bronzage, déployer des interventions dans divers milieux (scolaire, travail, touristique, sportif) et via différents canaux. Encourager les actions locales (zones d'ombre, accès aux moyens de protection, adaptation des horaires d'activités, sensibilisation des professionnels du tourisme, affichage de l'indice UV).
- Semaine des Épidories (Épidor, Institut du Cancer de Montpellier) : Programme éducatif pour enfants de 7 à 11 ans, basé sur le modèle COM-B (Capacité, Opportunité, Motivation, Comportement).
- Contenu : Quatre séances animées par les enseignants, abordant les effets du soleil, la sensibilité de la peau (phototype), les rayons UV et l'indice UV, et les moyens de protection (avec une montre UV). Des prolongements sont proposés en famille.
- Étude de faisabilité : Impact significatif (faible à important) sur le comportement de protection solaire, les attitudes des enfants et leur niveau de connaissance. Des analyses plus poussées et une évaluation à plus grande échelle et à long terme sont envisagées.
- Chiffres (2024) : 200 classes, 4569 élèves du CP au CM2.
- Journée des Épidories : Journée récompense pour 4 classes tirées au sort, avec des ateliers ludiques (professeur dermatologue, jeu de l'ombre, four solaire, carte du monde des protections, jeu de l'oie, constitution de sac à dos pour randonnée).
- Autres actions : Animations sur l'espace ludo-éducatif pour maternelles (3-6 ans), ateliers parents-enfants, formations et conférences pour étudiants et professionnels de la petite enfance.
- Déterminants structurels : L'approche COM-B permet de les considérer, mais les intervenants reconnaissent un impact limité sur ces déterminants, malgré une volonté de les prendre en compte (ex: projets de végétalisation des cours d'école).
- Tournée "Bon été, bon réflexe" (ARS Occitanie, C2DS, Primum non Nocere) : Opération itinérante de sensibilisation aux dangers estivaux depuis 2021.
- Objectifs : Diffuser des messages de prévention sur les dangers estivaux de manière positive, adapter le discours aux publics et aux spécificités territoriales (littoral vs. intérieur des terres), et former des "animateurs relais" pour démultiplier les actions.
- Thématiques des ateliers (participatifs et ludiques) : Prévention solaire, baignade sécurisée, consommation de sucre, moustiques tigres/tiques, sport et santé.
- Moyens : Matériel repérable (arche, tables, barnums, véhicule siglé), espace informatif, goodies (casquettes, chapeaux), deux animateurs dédiés. Des fiches "bons gestes" sont distribuées.
- Bilan (2024) : Plus de 2900 personnes touchées (+25% vs 2023). Les interventions ont lieu sur les marchés, zones de baignade (mers, lacs, rivières), parcs de loisirs, villes touristiques. Les animateurs relais ont démultiplié 59 ateliers, sensibilisant plus de 3500 personnes.
- Atelier soleil : Utilise une "nappe des dangers du soleil" interactive, permettant d'échanger sur les UV, l'indice UV, les effets à court et long terme. Adaptation du discours à l'âge du public. Interroge sur les situations de protection de personnages (incluant différents phototypes). Met en évidence l'exposition lors d'activités quotidiennes (promenade, vélo). Utilise un totem pour rappeler les messages clés (règle ABCDE pour les mélanomes).
- Discussion et perspectives
- Difficulté d'accès aux dermatologues : Soulignée comme un frein majeur au dépistage des mélanomes. Il est suggéré de passer par le médecin traitant et de pratiquer l'auto-diagnostic (règle ABCDE).
- Composition des crèmes solaires : Sujet de débat constant. Bien que certaines compositions aient été controversées (octocrylène), il est noté que les crèmes sont "plus propres aujourd'hui qu'elles ne l'étaient auparavant". La crème solaire reste un complément aux protections physiques, et son choix doit se faire sur sa capacité à protéger (SPF, UVA/UVB, résistance à l'eau) et sa composition environnementale.
- Impact de l'alimentation et autres comportements : Une carence en vitamine D peut provenir de l'alimentation, et l'exposition solaire n'est pas la seule solution.
- Réverbération des UV : Très importante sur le sable (+15%), l'écume de l'eau (+25%), et surtout la neige (+80%), amplifiant significativement l'exposition même à l'ombre ou dans l'eau.
- Rayonnement des écrans : Non abordé, mais pourrait faire l'objet de futures discussions.
- Pollution des crèmes solaires : La question de l'impact environnemental des crèmes solaires sur les milieux aquatiques est soulevée, et il est conseillé de choisir des produits avec des logos spécifiques.
- L'équilibre des moyens de protection : Il est complexe de jongler entre l'ombre, les vêtements et la crème solaire, mais en se tenant aux bases (ombre 12h-16h, vêtements, crème pour les zones découvertes), la protection devient plus simple.
En conclusion, la promotion des bonnes pratiques solaires est un enjeu de santé publique majeur, nécessitant une approche multiforme et adaptée aux différentes populations, environnements et représentations sociales.
Les initiatives présentées, qu'elles soient de recherche ou de terrain, montrent la volonté de cultiver une "culture commune [...] plus saine de nos pratiques solaires".