Note de synthèse : La Prosocialité Humaine et les Mécanismes de Coopération
Cette note de synthèse explore les thèmes principaux et les idées clés issues des extraits de la conférence "L'expérience sociale la plus intéressante de ces dernières décennies".
Elle se concentre sur la nature de la coopération humaine, ses déclencheurs, ses freins et les mécanismes sociaux développés pour la maintenir.
1. La Nature Intrinsèque de la Prosocialité Humaine
Le discours débute par la description du "jeu du bien public", une expérience courante en économie expérimentale qui révèle des insights fondamentaux sur le comportement humain.
Dans ce jeu, les participants reçoivent une somme d'argent (par exemple, 20 €) et peuvent miser une partie de cette somme dans un pot commun qui sera ensuite doublé et redistribué équitablement.
- Coopération spontanée et initiale : Contrairement à l'hypothèse de l'Homo Economicus purement égoïste et rationnel, les humains, même entre inconnus et sous anonymat, tendent à coopérer spontanément au premier tour.
"En général la moitié des gens participent enfin les gens participent spontanément même entre inconnus même quand il y a des avec de l'anonymat même s'ils sont entre personnes qui qui n'ont jamais vu au premier tour ils vont quand même participer à hauteur de la moitié de de ce qu'ils ont". Cette tendance est observée "partout dans le monde".
- L'Homo Economicus comme modèle de laboratoire :
Le modèle de l'humain rationnel et égoïste est qualifié d'"animal de laboratoire", un "modèle théorique qui aurait dû juste rester au laboratoire". L'être humain est "beaucoup plus prosocial que ce que dit le modèle".
- L'intuition au service de la coopération : Une expérience de Harvard montre que lorsque les participants sont contraints de répondre rapidement et intuitivement ("dépêchez-vous de répondre réfléchissez pas vous avez 2 secondes pour répondre et pour miser ou pas"), ils misent davantage dans le pot commun.
À l'inverse, lorsque le mode "rationnel" est activé ("prenez le temps réfléchissez répondez pas trop vite"), la participation diminue.
"Plus on réfléchit plus on est dans le mental plus on se méfie moins on participe".
- Stress et prosocialité : Le stress peut également augmenter la coopération.
Les participants à qui on annonçait une prise de parole en public stressante par la suite "ont plus misé dans le mot peau commun que quand que si on que à ceux qu'on avait dit qu'ils allaient pas parler en public".
- L'empathie comme fondement : Cette prosocialité est "très ancré en nous" et découle de notre capacité à l'empathie.
L'existence de "neurones de miroir" permet de "vivre ce que l'autre sent", et cette capacité n'est pas limitée aux humains, s'étendant à d'autres espèces et même à des "bouts de bois" ou de simples symboles visuels.
- Altruisme précoce chez les bébés : Des études sur les enfants et les bébés montrent que "les capacités prosociales d'empathie et d'altruisme se retrouvent chez les bébés jusqu'à 6 mois même 5 mois".
Avant même le langage et le raisonnement, les bébés peuvent distinguer les coopérateurs des non-coopérateurs et chercher à aider, et même une récompense peut "démotiver à aider", soulignant une nature intrinsèquement altruiste.
2. L'Érosion de la Coopération et les Mécanismes de Stabilisation
Malgré cette tendance initiale à la coopération, le jeu du bien public montre que "au fil des bah des tours (...) l'entraide s'effrite et puis la la confiance s'effrite et puis finalement on se retire bien commun".
C'est le défi : "comment on fait pour ne pas que ça s'effrite avec le temps".
Les cultures ont développé des "systèmes des mécanismes sociaux pour stabiliser l'entraide et pour stimuler l'entraide".
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La réciprocité renforcée : C'est le mécanisme le plus courant et le plus efficace.
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Récompenser les altruistes : Encourager et reconnaître ceux qui contribuent positivement.
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Punir les tricheurs et les égoïstes : L'introduction de cette règle dans l'expérience du bien public a eu des "effets miraculeux", faisant exploser et stabiliser les niveaux de prosocialité.
Les humains sont prêts à dépenser de l'argent ("punition altruiste") pour punir les non-coopérateurs, "ça va même jusqu'à une une grande proportion du salaire mensuel c'est une passion".
- Plaisir neuronal associé : Coopérer, voir autrui coopérer, ou même anticiper un acte d'altruisme, active le circuit de la récompense dans le cerveau, procurant un "vrai plaisir", même chez les enfants.
Inversement, le "circuit de dégoût" est activé par la punition d'un altruiste ou la récompense d'un égoïste/tricheur (ex: "quand au hasard quelqu'un du gouvernement est mise en examen pour corruption et est relâché").
Cela montre l'importance de la justice perçue pour la coopération (ex: plaisir à payer des impôts si l'argent est bien dépensé).
La réciprocité indirecte et la réputation :
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Ce mécanisme implique que l'aide donnée à une personne peut inciter une tierce personne à aider le donneur initial, ou qu'un acte altruiste est observé par des témoins, ce qui étend l'entraide dans le groupe.
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Les "ragots et les Cancans" comme moteur : Ces interactions sociales informelles sont cruciales car elles "créent la réputation". Avoir une "bonne réputation" est un "capital social" précieux qui renforce la coopération.
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L'expérience de la réputation : Une expérience a montré que lorsque le jeu du bien public est alterné avec un jeu de réputation, les niveaux de coopération restent élevés.
Cependant, si les participants apprennent que la fin du jeu est proche et que la réputation n'aura plus d'importance, la coopération s'effondre ("ils se sont mis à en profiter à mort ils en avaient plus rien à foutre la réputation n'était pas en plus en jeu").
- Le sentiment d'être observé : Se sentir observé ("Big Brother", les religions avec un Dieu omniscient) augmente significativement la coopération. Même de simples points évoquant un visage sur un mur peuvent avoir cet effet inconscient.
3. Les Fondements Profonds de la Relation Humaine et l'Élargissement du Cercle d'Empathie
La distinction entre interagir avec un humain ou un ordinateur est fondamentale : la coopération avec un ordinateur n'active pas le circuit de la récompense, indiquant que "c'est quelque chose de profondément humain".
- La relation "Je et Tu" : Le philosophe Martin Buber est cité avec son concept de "Je et Tu" par opposition à "Je et ça".
La relation "Je et Tu" implique une reconnaissance mutuelle de l'autre comme sujet doté d'empathie, créant une "relation de miroir" infinie.
- La déshumanisation : L'horreur survient lorsque l'on "sort quelqu'un de notre champ d'empathie", transformant une relation "Je et Tu" en "Je et ça", et déshumanisant l'autre.
"C'est ce qui s'est passé pour les juifs pendant la guerre au Rwanda avec les les utou et les tutti et probablement en Ukraine dans toutes les guerres on on peut arriver basculer dans l'horreur lorsqu'on sort les humains de notre champ d'empathie ça peut arriver très vite".
- Élargir le cercle d'empathie : Le défi contemporain est d'élargir ce cercle d'empathie au-delà des seuls humains (souvent limité aux animaux domestiques), pour inclure les animaux et les plantes.
Considérer le monde non pas comme "entouré d'objets mais entouré de sujets" permettrait de "retrouver des relations de réciprocité et donc de prosocialité et donc tous les circuits vont s'enclencher et ça va faire un un monde totalement différent".
En conclusion, la prosocialité est une caractéristique fondamentale et spontanée de l'être humain, ancrée dans l'empathie et activée par l'intuition.
Bien qu'elle puisse s'effriter avec le temps, des mécanismes sociaux tels que la récompense des altruistes, la punition des tricheurs et l'importance de la réputation sont essentiels pour stabiliser et renforcer la coopération.
Le maintien et l'élargissement de notre "cercle d'empathie" sont cruciaux pour prévenir la déshumanisation et construire un monde plus coopératif et juste.