Briefing Doc: Construction des inégalités scolaires à l'école maternelle Auteur: Sébastien Gouddeau, enseignant-chercheur à l'université de Poitiers, laboratoire CERCA
Contexte: Présentation donnée à l'INSP de Lille
Thème principal: L'impact des situations langagières collectives sur la construction des inégalités scolaires à l'école maternelle
Points importants:
Différences préexistantes: * Des différences de vocabulaire, de familiarité avec les savoirs scolaires et de compétences comme la conscience phonologique existent avant l'entrée à l'école maternelle. * Ces différences sont souvent expliquées par des facteurs individuels comme l'intelligence et la motivation, nourrissant les débats sur les théories des dons et du handicap socioculturel. * "ces différences qui qui existent avant l'entrée à l'école elles sont diverses elles sont liées au vocabulaire que possèdent les enfants euh elles sont liées à la connaissance qu'ils ont du nom des lettres du son des lettres"
Modèle de construction des inégalités en trois étapes: Différences de socialisation: Les enfants de milieux favorisés sont davantage socialisés à exprimer leurs idées et à valoriser certaines expériences.
Opportunités inégales: Les situations langagières collectives, en s'appuyant sur le vécu des enfants, offrent davantage d'opportunités aux enfants de milieux favorisés de participer et de contribuer.
Interprétation et perception de soi: Les différences de participation sont interprétées comme des différences d'intelligence et de motivation, impactant l'image de soi et l'engagement des élèves.
"l'enfant qui va réussir euh précocément à l'école maternelle va être assez vite perçu euh comme plus intelligent ou plus motivé contrairement à l'enfant qui va se retrouver en difficulté relative"
Études:
Observations en classe: Des observations vidéo dans des classes de maternelle montrent que les enfants de milieux populaires participent moins souvent, sont moins interrogés et ont des prises de parole plus courtes. Ces différences persistent même en contrôlant le niveau de langage.
Expériences: * Des expériences menées en primaire et au collège montrent que les situations de comparaison sociale (ex: lever la main lorsqu'on a fini) augmentent l'écart de réussite entre les élèves de milieux favorisés et populaires. * Une manipulation expérimentale des avantages et désavantages de socialisation (via un système d'écriture fictif) confirme que la comparaison sociale pénalise les élèves "désavantagés". * Perception des enfants: Des études menées en grande section montrent que les enfants expliquent les différences de participation et de réussite par des caractéristiques internes des élèves (intelligence, motivation, sagesse), et non par des facteurs externes.
Solutions:
- Interventions pédagogiques: Des interventions en classe visant à modifier la perception de la réussite scolaire et à donner des stratégies aux enseignants pour gérer les prises de parole sont en cours d'analyse.
- Formation des enseignants: La sensibilisation des enseignants aux biais potentiels et aux stratégies pour une participation plus équitable est cruciale.
- Action au niveau sociétal: Réduire les inégalités de socialisation entre les familles est essentiel pour faciliter la tâche des enseignants.
Conclusion:
L'école maternelle, malgré son objectif de réduire les inégalités de langage, peut paradoxalement contribuer à les renforcer via les situations langagières collectives.
Il est important de prendre conscience de ces mécanismes et d'agir à différents niveaux pour garantir une réelle égalité des chances pour tous les élèves.
Citation importante:
"il y a des contextes qui vont davantage amplifier ces inégalités de départ que d'autres et les contextes de comparaison social font partie des contextes qui vont amplifier les inégalités"
Questions ouvertes:
- Transférabilité des résultats aux États-Unis et aux autres pays.
- Impact du profil attributionnel des enseignants sur leurs pratiques.
- Diffusion des connaissances scientifiques aux enseignants et aux décideurs.