Document d'information détaillé : Stratégies contre la violence scolaire : Prévention et Gestion Source : Extraits de "Stratégies Contre la Violence Scolaire : Prévention et Gestion" (Circulaire n° 2019-122 du 3-9-2019, NOR : MENE1925181C)
Ce document officiel du Ministère de l'Éducation Nationale et de la Jeunesse (MENJ) et de la Direction Générale de l'Enseignement Scolaire (DGESCO) détaille un plan d'action exhaustif visant à prévenir et gérer la violence en milieu scolaire. Il s'adresse aux recteurs d'académie, inspecteurs, directeurs académiques, chefs d'établissement et professeurs.
Thèmes principaux et idées clés :
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- Le Respect d'Autrui comme Savoir Fondamental : Le document pose le respect d'autrui comme une "condition du bonheur collectif et de l'épanouissement de chacun". Il est présenté comme un savoir essentiel qui s'acquiert à travers l'enseignement et une "éducation quotidienne qui passe par le respect des règles élémentaires de civilité et du règlement intérieur."
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2. Tolérance Zéro pour les Incivilités et Agressions : Un principe non négociable est établi : "Chaque agression, chaque insulte, chaque incivilité doit être signalée et sanctionnée." Cette exigence est d'autant plus forte si les actes sont dirigés contre un représentant de l'autorité publique. L'institution scolaire doit à la fois prévenir et apporter des réponses concrètes.
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- Renforcement des Procédures Disciplinaires : Les décrets n° 2019-906 et 2019-908 du 30 août 2019 visent à assurer une "réponse rapide, juste et efficace" aux manquements graves.
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Signalement systématique et suivi : Chaque incident doit être signalé, faire l'objet d'un suivi, et être recensé avec la sanction appliquée. Un bilan annuel est présenté au conseil d'administration.
- Simplification et rapidité : Les procédures de convocation des conseils de discipline sont simplifiées et les délais réduits (par exemple, passage de 8 à 5 jours pour la convocation initiale).
- Diversité des sanctions : "Tout le panel des sanctions doit être mobilisé, et notamment les mesures de responsabilisation." Les sanctions doivent être adaptées à la gravité des faits.
- Dimension pédagogique : La commission éducative est soulignée pour sa capacité à faire prendre conscience aux élèves de la gravité de leurs actes.
- Suivi des élèves sanctionnés : Une "période probatoire est instaurée" après une exclusion, avec un suivi particulier pour faire le point sur la situation de l'élève.
- Articulation avec la justice : En cas de faits graves, l'autorité judiciaire peut être saisie, selon des critères définis dans des conventions Justice-Éducation nationale qui seront actualisées.
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4. Renforcement de la Protection des Personnels : Les personnels scolaires bénéficient du statut juridique de "personne chargée d'une mission de service public", ce qui aggrave la qualification pénale des violences commises à leur encontre.
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Réponse institutionnelle systématique : "Toute incivilité, atteinte ou autre fait grave commis à l'encontre d'un personnel de l'éducation nationale doit systématiquement faire l'objet d'une réponse de la part de l'institution."
- Information et accompagnement : Les personnels doivent être "mieux informés des moyens à leur disposition" et accompagnés en cas d'agression ou de mise en cause abusive. Des guides d'accompagnement ont été créés à cet effet.
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5. Prise en Charge des Élèves Hautement Perturbateurs et Poly-exclus : Des dispositifs gradués sont envisagés pour les élèves dont les actes de violence sont récurrents.
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Équipe mobile mixte d'intervention scolaire : Intervient en "troisième niveau", après l'échec des approches pédagogiques et éducatives et l'intervention d'autres professionnels. Cette équipe associe les familles dans le cadre d'un contrat limité dans le temps.
- Classes relais : Le décret n° 2019-909 permet l'inscription d'un élève définitivement exclu dans une classe relais "sans le consentement préalable de ses représentants légaux", afin qu'il puisse poursuivre sa scolarité dans un cadre adapté. L'élève est également inscrit dans un établissement qu'il réintégrera.
- Protocole d'accompagnement et de responsabilisation des parents (Par) : En cas de deux exclusions définitives au cours de la même année scolaire, le chef d'établissement peut saisir le DASEN pour mettre en œuvre ce protocole.
Le Par vise à "poursuivre un dialogue avec les personnes responsables de l'élève et de les guider, en cas de besoin, vers le service ou le dispositif de soutien le plus approprié."
Il repose sur l'alliance avec les parents, qui s'engagent à faire respecter par l'élève les obligations scolaires et à participer aux mesures d'accompagnement (aide pédagogique, activités éducatives, suivi médico-social).
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6. Organisations Adaptées aux Enjeux : Le plan prévoit des structures et des rôles spécifiques pour une mise en œuvre efficace.
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Cellule de lutte contre les violences scolaires et référent départemental : Chaque DASEN doit créer un comité de pilotage avec un référent dédié au suivi des questions de violence. Ce comité a pour missions le suivi des faits, l'analyse des décisions disciplinaires, le traitement des affectations après exclusion, l'élaboration de conventions Justice/Éducation nationale, la régulation des saisines pour le PAR, la promotion des initiatives innovantes, l'impulsion de formations, et le renforcement des liens avec les acteurs locaux.
- Identification des classes relais : Le DASEN doit spécifiquement identifier les classes relais aptes à accueillir les élèves hautement perturbateurs et/ou poly-exclus.
- Transformation des internats relais en internats tremplins : L'objectif est d'avoir au moins un internat tremplin par académie d'ici 2022. Ces internats sont destinés aux élèves "en rupture profonde avec les exigences de la vie des établissements scolaires (élèves poly-exclus) et/ou est incapable d'améliorer son comportement au sein de l'établissement sans accompagnement spécifique."
Ils reposent sur les principes d'inclusion, de personnalisation et de responsabilisation, avec un encadrement éducatif renforcé et un projet pédagogique global. Le placement peut être décidé si la classe relais est insuffisante, si l'élève relève d'une mesure de protection de l'enfance et ne peut rester en famille, ou sur décision judiciaire. * Nouveaux partenariats interministériels : Une circulaire interministérielle réactivera les conventions Éducation nationale/Justice et organisera les contrats intercommunaux/locaux de sécurité (CI/LSPD) pour impulser de nouveaux partenariats avec la justice, l'intérieur, l'éducation nationale et l'agriculture. * Annexe 1 : Modifications du Régime Disciplinaire (D. 2019-906 et 2019-908) * * Simplification des procédures : Réduction des délais pour le prononcé des sanctions (3 à 2 jours) et la convocation des conseils de discipline (8 à 5 jours). * Renforcement des réponses : Allongement de la durée de conservation de certaines sanctions dans le dossier administratif de l'élève (blâme et mesure de responsabilisation : fin de l'année scolaire suivante ; exclusions temporaires : fin de la deuxième année scolaire ; exclusion définitive : fin de la scolarité au second degré). Révocation systématique du sursis en cas de nouveau manquement grave. * Mesures d'accompagnement spécifiques : Pour les élèves réintégrés après une exclusion temporaire pour des faits de violence. * Information annuelle du conseil d'administration : Bilan des décisions disciplinaires et des suites données aux demandes de saisine du conseil de discipline. * Renforcement du droit des victimes : Les témoins mineurs sont entendus en présence de leur représentant légal. * Annexe 2 : Modèle type de Protocole d'accompagnement et de responsabilisation des parents (Par)
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Cette annexe fournit un modèle détaillé du PAR, incluant :
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Objet du protocole : Rappel des obligations parentales et proposition de mesures d'accompagnement.
- Obligations des parents : Engagement à faire respecter l'assiduité, la ponctualité, le travail scolaire, le respect des biens et des personnes, et le règlement intérieur.
Des volets spécifiques peuvent être ajoutés (ex: accompagner l'enfant, vérifier le matériel, consulter le carnet de correspondance, participer aux réunions). * Mesures d'accompagnement : Actions pédagogiques (aide, remédiation, tutorat), éducatives (Devoirs faits, stages, activités UNSS), et médico-sociales (rencontres avec l'assistante sociale, l'infirmière, le médecin scolaire). * Suivi du dispositif : Points réguliers avec les parents, suivi par le chef d'établissement qui rend compte au DASEN de l'exécution du protocole. * Durée et modification : Le protocole a une durée déterminée, renouvelable, et peut être modifié par avenant ou résilié en cas de non-respect des engagements.
- En somme, la circulaire met en place une politique ferme mais accompagnatrice, axée sur la prévention, une réponse rapide et proportionnée à la violence, la protection des personnels, et une prise en charge différenciée des élèves en difficulté, impliquant fortement les parents et une collaboration inter-institutions.