Voici un résumé minuté de la transcription, basé sur les informations fournies :
- 0:00-2:25 : Introduction par Olivier Maulini, qui présente le thème de sa conférence : l'enseignement à l'épreuve, entre travail réel et imaginaire. Il mentionne ses travaux de recherche sur le métier d'enseignant dans les pays francophones. Il introduit également une caricature qui inverse l'échelle des valeurs entre professeur et élève, pour souligner des phénomènes qui peuvent nous interroger.
- 4:13-4:41 : L'idée d'épreuve est définie, en soulignant l'aspect négatif que cela peut avoir sur le vécu au travail, et le risque de décrochage enseignant.
- 6:18-6:43 : Introduction d'une scène de film "Un métier sérieux" pour illustrer une situation ordinaire du travail enseignant.
- 7:56-9:45 : Analyse d'une scène du film où un enseignant (Cluset) interagit avec un élève (Antoine) peu motivé. Cette scène sert de point de départ à la discussion.
- 10:24-12:34 : Suite de l'analyse de la scène. Les réactions des enseignants sont évoquées, certains prenant le parti de l'élève. L'attitude de Cluset est analysée, soulignant son ouverture à la discussion et sa volonté de comprendre l'élève.
- 12:42-14:19 : Introduction du concept de distance entre le travail réel et l'imaginaire comme source de mise à l'épreuve pour les enseignants. Les attentes des enseignants et les réalités du travail sont souvent en tension.
- 14:19-14:50 : L'hypothèse est que cette tension entre réalité et imaginaire est constitutive de l'expérience du travail enseignant. Il est nécessaire d'en prendre conscience et de travailler collectivement sur cette tension.
- 15:55-17:52 : Discussion sur le concept de "métier d'élève". On attend d'abord des élèves qu'ils se tiennent correctement et qu'ils donnent des signes extérieurs de leur présence. Les enseignants supportent de moins en moins les comportements qui indiquent un manque d'intérêt.
- 17:52-20:30 : Les enseignants évaluent la qualité de leur travail en fonction de la présence des élèves. Dans les classes les plus difficiles, la présence physique est déjà une réussite. Il y a un changement fondamental dans le contrat entre enseignant et élève.
- 20:30-24:51 : Analyse de la scène de dialogue entre Cluset et Antoine. Cluset tente de se justifier, mais c'est l'élève qui débloque la situation en disant qu'il aime lire. Cluset fait une transaction en validant l'attitude de l'élève.
- 25:40-27:41 : Deux façons de concevoir la contractualisation avec les élèves : contraindre ou chercher le dialogue. Les débats entre enseignants sur ce qu'il faut faire lire aux élèves sont aussi évoqués.
- 27:41-28:52 : Les enseignants composent entre une logique de rupture et une logique de continuité. Les enseignants suisses et français ont des approches différentes face aux compromis.
- 30:37-31:19 : L'interaction entre Cluset et Antoine est analysée sous l'angle de deux transactions : une sur le sens et une autre sur la reconnaissance.
- 32:11-32:37 : Antoine fait aussi un compromis, en montrant son désintérêt sans perturber la classe.
- 33:53-34:21 : Les élèves qui réussissent à l'école sont souvent éduqués dans une logique différente à la maison.
- 34:21-36:03 : Analyse de la transaction sur la reconnaissance. Cluset finit par valider l'intérêt de l'élève pour la lecture.
- 36:03-36:11 : Les transactions existent dans les pratiques, mais il faut questionner le rapport entre le réel et l'imaginaire.
- 36:52-37:51 : Question de l'auditoire sur la différence entre le réel et la réalité. L'intervenant remet cette question à plus tard.
- 37:51-42:10 : Présentation de deux modèles éducatifs : un modèle de socialisation (Durkheim) où les jeunes entrent dans un monde qui les précède, et un modèle de subjectivation (Touraine) où l'objectif est de former des sujets humains. La subjectivation n'est pas l'inverse de la socialisation, mais une autre forme de socialisation.
- 42:10-44:51 : Dans les familles populaires, l'accent est souvent mis sur l'affiliation et la socialisation. On attend des enfants qu'ils se comportent bien et qu'ils respectent les règles.
- 44:51-46:57 : Les enfants de profs entendent souvent une autre logique : ils sont encouragés à remettre en question et à développer leur propre jugement. La figure d'autorité, basée sur un principe d'évidence, est remise en question.
- 46:57-49:16 : Dans une logique de socialisation, l'accent est mis sur la transmission des connaissances. Dans une logique de reconnaissance, on valide ce que l'élève fait, y compris en dehors de l'école. Les didacticiens insistent sur les significations non négociables.
- 49:16-51:38 : Si l'élève ne trouve pas de sens à la signification, on lui enseigne quand même la signification. Il y a une tension entre le sens et la signification. Le conférencier prône un compromis.
- 51:38-53:49 : L'instruction civique et l'éducation à la citoyenneté sont mises en opposition. L'exigence d'attention est une attente forte pour les enseignants, mais l'expression des élèves est aussi importante. Les enseignants veulent que les élèves s'expriment, mais l'enseignement doit aussi être basé sur l'attention.
- 53:49-55:29 : Opposition entre une pédagogie du contrôle et une pédagogie de la confiance. Si on tire une logique à l'extrême, on se retrouve dans des impasses. Une pédagogie de la reproduction ou une dérive "act"..
- 55:29-57:32 : L'alternative serait une pédagogie de l'alternance, où les moments d'enseignement vertical sont compensés par des moments plus "détendus". Mais certaines pédagogies tentent d'intégrer les deux logiques.
- 57:32-59:31 : L'exemple de la dictée coopérative est donné comme exemple de pédagogie intégrant la signification et le sens. On fait entrer les élèves dans des significations, mais on leur permet aussi de s'exprimer. L'objectif est d'éviter les transactions marchandes au profit de transactions plus cognitives.
- 59:31-1:00:15 : Opposition entre la sélection scolaire classique (méritocratie) et une logique d'intégration. L'échec scolaire est plus handicapant aujourd'hui.
- 1:00:15-1:02:31 : L'intervenant souligne que l'ensemble des enjeux du métier d'enseignant sont abordés à partir de l'expérience des enseignants. Ce qui fait souffrir un enseignant, c'est ce qu'il n'arrive pas à faire. Certains enseignants trouvent génial cette remise en question permanente.
- 1:02:31-1:04:02 : Un bon professeur est à la fois compréhensible et compréhensif. Il doit être un expert de la parole, mais il doit aussi comprendre les élèves.
- 1:04:02-1:05:28 : Le débat politique sur la compréhension et l'excuse est évoqué. Les deux pôles semblent contraires mais sont inclus l'un dans l'autre (système dialogique).
- 1:05:28-1:06:08 : Certains pensent que pour s'intégrer dans un monde brutal, il faut être brutal. Certains enseignants justifient leur dureté en invoquant le réalisme.
- 1:07:31-1:09:45 : L'idéal éducatif est de former des citoyens capables de discernement. Une question est posée du point de vue d'une mère, sur la diversité des conceptions chez les enseignants, ce qui peut créer de la crispation.
- 1:09:45-1:13:56 : Il est difficile pour les élèves d'intégrer les différents éléments et de comprendre ce que l'école attend d'eux. Le projet de socialisation démocratique place la barre très haut pour les élèves. Les adultes ne sont pas d'accord entre eux sur ce qui est important. Un siècle avant, c'était les profs qui décidaient. Le rôle de l'école est devenu très complexe pour les enfants.
- 1:13:56-1:17:18 : L'importance du dialogue avec l'enfant pour qu'il devienne autonome dans son jugement sur les professeurs. Les familles qui encouragent l'autonomie ont plus de succès.
- 1:17:18-1:20:20 : Deux logiques qui peuvent être liées ou en rupture. Les pratiques sont souvent d'un côté, et les débats de l'autre. Ce tableau s'adapte à la relation école-famille.
- 1:20:20-1:22:52 : Les parents n'ont pas d'obligation d'être à l'école, contrairement aux élèves. La confiance et le contrôle ne sont pas opposés, la confiance inclut le contrôle.. Il faut se méfier de la dictature du consommateur d'école.
- 1:22:52-1:26:01 : Comment demander aux parents de faire confiance à l'école si les enseignants enseignent de manière différente ? Il y a une crise de confiance. La confiance est subordonnée au fait de rendre des comptes sur la manière de normaliser le travail. Les enseignants doivent renoncer à une partie de leur liberté pour échanger cela contre de la sécurité.
- 1:26:01-1:28:52 : La confiance est subordonnée à une forme de contrôle. La médecine rend des comptes sur sa manière de normaliser le travail. La formation des enseignants est moins claire à ce sujet, notamment par comparaison internationale.
- 1:28:52-1:33:31 : Introduction du concept d'empêchement éprouvé, développé par les ergonomes. Les travailleurs transforment le monde pour autrui. L'empêchement fait partie intégrante du travail réel. La compétence, c'est l'écart entre le prescrit et le réel.
- 1:33:31-1:37:36 : Le travail réel a deux faces : l'activité réalisée et le réel de l'activité (ce que ça fait). Ce courant de recherche s'intéresse aux pratiques ordinaires des enseignants. Les enseignants sont des torturés qui se remettent sans cesse en question.
- 1:37:36-1:40:59 : L'intervenant ajoute à ce modèle l'imaginaire du métier. Les ergonomes pensent que le travail réel est le même pour tous. Il est important d'aborder l'enseignement sous l'angle du travail. L'empêchement est constitutif du travail réel.
- 1:40:59-1:42:24 : L'empêchement n'est pas seulement conditionné par le travail réel, mais aussi par l'imaginaire du métier. Les réalités deviennent de plus en plus dures pour les enseignants, et le contrat qui leur permettait de professer est en crise.
- 1:42:24-1:45:10 : L'imaginaire du métier a deux faces : les idéaux exprimés (les discours idéalistes) et les attentes à l'œuvre (les idéaux inexprimés).
- 1:45:10-1:51:19 : Les attentes à l'œuvre sont des idéaux inexprimés, des normes implicites qui sont perçues par les acteurs. Les enseignants sont sans arrêt dans des arbitrages entre idéal et réalité. L'autonomie doit être revendiquée pour les enseignants.
- 1:51:19-1:53:55 : Le ministère est aussi concerné. La complexité du travail aujourd'hui est due à ces tensions entre idéal et réalité. L'intervenant ne donne pas de conseils, mais tente de montrer les choix qui sont devant les enseignants.
- 1:53:55-1:57:53 : Il faut se reconnaître collectivement dans cette situation complexe. La situation de la France est analysée : plus on affirme que les inégalités scolaires sont justes, plus on développe l'emprise scolaire. Les enseignants sont dans une dislocation entre le travail réel et l'imaginaire.
- 1:57:53-2:02:21 : Conclusion en sortant de la France. Il faut choisir entre le mug Greta (les jeunes ne veulent plus aller à l'école) et le mug Donald (les non-éduqués sont les meilleurs). Il faut rester fidèle à l'enquête collective pour résister à ce double procès fait à l'instruction publique.
- 2:02:21-2:15:16 : Questions et échanges avec le public. Références à des ressources supplémentaires sur l'orthographe. Reconnaissance de la complexité du métier d'enseignant.