Dossier d'information détaillé : Mieux dans ma tête - Parlons santé mentale
Introduction
Ce dossier vise à synthétiser les thèmes principaux et les informations cruciales abordées lors de l'émission "Mieux dans ma tête - Parlons santé mentale".
L'objectif central de cette émission est de libérer la parole autour de la santé mentale et de démystifier les troubles psychiques, souvent entourés de tabous et de stigmatisation en France.
Comme le souligne Eddie Riner, parrain de cette initiative, "La santé mentale, c'est une chose dont tout le monde devrait [se] soucier en France."
1. La Santé Mentale, un Sujet Universel et encore Tabou
Une préoccupation pour tous : L'émission insiste sur le fait que la santé mentale concerne chacun d'entre nous.
"Au cours de notre vie, nous allons tous connaître des moments où notre santé mentale sera altérée. Ça peut commencer avec un simple stress, mais aussi des tâches quotidiennes qui nous dépassent avec la fameuse charge mentale."
Les troubles psychiques : Au-delà du stress quotidien, des troubles plus complexes comme la dépression, la bipolarité et la schizophrénie sont évoqués, pour lesquels "on ose moins parler".
Le tabou persistant : Un sondage Ipsos révèle que "près d'un Français sur deux" trouve qu'il est difficile de parler de santé mentale, démontrant à quel point le sujet reste un tabou dans le pays.
2. Démystification et Lutte contre la Stigmatisation
L'émission met en lumière des témoignages poignants pour changer la perception des troubles psychiques.
- Schizophrénie : Une maladie qui ne rime pas avec "débilité mentale".Florent, atteint de schizophrénie, partage son expérience :
"Au début de la maladie, j'associais la schizophrénie avec une forme de débilité mentale. C'est-à-dire que je m'interdisais de vivre puisque je me dis... de toutes les façons c'était vrai l'échec puisque j'étais plus bête que la moyenne."
- Le Professeur Antoine Pellissolo, psychiatre, déconstruit cette idée reçue :
"Absolument. Ça n'a rien à voir avec l'intelligence en fait. Les troubles psychiques, ce sont des maladies qui perturbent les émotions, la perception du monde... mais pas l'intelligence."
-
L'exemple de "grands personnages" comme Einstein ou Léonard de Vinci, ayant connu des épisodes psychiques, a aidé Florent à déclencher une prise de conscience et à croire en une vie heureuse malgré la maladie.
-
Bruno Guillon témoigne de son changement de perception après avoir rencontré des personnes atteintes de schizophrénie :
"Pour moi, quelqu'un qui était atteint de de schizophrénie, c'était un fou. C'est-à-dire c'était l'iconographie de la chambre capitonnée avec la camisole de force et quelqu'un qui a aucun discernement."
Son reportage à la radio "Les Antoonoirs" a prouvé le contraire.
- La radio comme outil thérapeutique : Le reportage sur "Les Antoonoirs" à Roubaix montre comment des personnes atteintes de troubles psychiques, dont la schizophrénie, animent une émission de radio sous prescription médicale.
Ce projet leur permet de "ne pas être dans la solitude parce que la solitude elle tue plus qu'une maladie" et de "diminuer le traitement médicamenteux".
- Le désir d'être vu comme des "êtres humains à part entière": Un participant de l'émission des "Antoonoirs" exprime :
"Moi, j'espère qu'une chose, c'est qu'on nous voit vraiment comme ce qu'on est, des êtres humain à part entière. Euh sur un même plan d'égalité, ça c'est important."
-
Bipolarité : Un chemin de "rétablissement" continu.Noël, atteint de troubles bipolaires, insiste sur la distinction fondamentale : "on ne vous qualifie pas comme patient bipolaire mais quelqu'un qui souffre de trouble bipolaire car la distinction est très importante." Il préfère le terme "en rétablissement" car "c'est un chemin qui se poursuit et qui comporte ce long périple."
-
Les tatouages de Noël symbolisent son parcours et sa volonté de vivre, comme le montre l'inscription "No way you kill yourself".
-
Le rôle de la famille : La mère de Noël, Monique, exprime le soulagement d'avoir enfin un diagnostic : "D'avoir un mot, je pense que ça a aidé parce que jusqu'ici on est bon, on savait que Noël était pas bien...
Mais le fait qu'il y a un nom euh sur la maladie, c'est quand même quelque chose, c'est quand même positif parce que ça ça nous dit bah finalement depuis son enfance, depuis tout le temps, il était pas bien mais on sait pourquoi et c'était peut-être pas de notre faute, c'était comme ça quoi."
- L'hérédité : Astrid Chevance explique que les antécédents familiaux peuvent indiquer une vulnérabilité : "L'hérédité c'est pas seulement la génétique, c'est aussi le partage d'une vie commune, le milieu social et cetera."
3. Comprendre et Gérer la Dépression
La dépression est présentée comme la maladie psychiatrique la plus fréquente en France, touchant "12,5 % des Français âgés de 18 à 85 ans" chaque année.
-
Distinction déprime/dépression : La déprime est passagère, tandis que la dépression est "beaucoup plus intense" et "nous terrasse".
-
Symptômes de la dépression : Antoine Pellissolo décrit la dépression comme "une rupture avec sa vie habituelle", incluant désespoir, douleur et "dérèglements du corps" (perte d'appétit, troubles du sommeil, fatigue).
-
Ce qui se passe dans le cerveau : Une animation explique la baisse des neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine, noradrénaline) entraînant moins de plaisir et de motivation.
Le cortex préfrontal, responsable des décisions rationnelles, n'est plus en mesure de prendre du recul, et l'amygdale cérébrale "surinterprète des messages négatifs".
Une "tempête de molécules inflammatoires" (cytokines) aggrave les symptômes.
- Le rôle des aidants et la difficulté à parler : Marise, qui a vaincu la dépression, témoigne de "idées très sombres, noires".
Son mari, Michel, a été un aidant malgré lui, soulignant la difficulté de la famille à savoir comment aider et l'absence de soutien pour eux.
- Briser la culpabilité du patient : Marise a rencontré un psychologue avec lequel le courant ne passait pas et s'est dit "ils étaient tous pareils". Anne-Victoire Rousselet, psychologue, insiste sur le droit du patient de changer de thérapeute : "Bah, évidemment qu'on a le droit... c'est une histoire de rencontre."
4. Le Burnout : Une Maladie des "Forts"
Christophe partage son expérience du burnout, soulignant que "beaucoup de gens considèrent que c'est la [maladie] des faibles et au contraire, c'est plutôt la maladie des forts, des personnes qui se sont pas écoutées, qui se sont pas arrêtées à temps."
-
Les signaux faibles : Douleurs physiques inexpliquées ("le corps parlait"), arrêt des activités plaisantes ("j'ai pas le temps d'aller au sport en ce moment").
-
Le soutien de l'entourage : La femme de Christophe témoigne de son désarroi face à son mari "sur son canapé toute la journée à se morfondre", sans savoir comment agir. Il est souligné que les aidants souffrent aussi et ont besoin de soutien.
-
Prévention en entreprise : L'importance de poser des questions sur le bien-être au travail et à la maison est mise en avant.
-
La durée de l'arrêt de travail : Christophe n'a été arrêté que 3 mois, ce qui est considéré comme très court.
En Belgique, où l'épuisement professionnel est reconnu, la moyenne est de 14 mois. L'idée est qu'il faut "sortir du milieu hostile" et revenir "outillé et différent".
5. L'Anxiété Généralisée et les Crises d'Angoisse
Clara souffre de troubles anxieux généralisés, ayant connu de "terribles crises d'angoisse" et des difficultés à sortir de chez elle.
-
Symptômes : Cœur qui bat à fond, pertes d'équilibre, sentiment de déréalisation ("on est plus ancré dans la réalité").
-
Le cercle vicieux : La peur de refaire des crises d'angoisse alimente les crises elles-mêmes : "on a peur d'avoir peur et plus on a peur d'angoisser, plus on fait des crises d'angoisse."
-
Thérapie et soutien : Clara a suivi une "thérapie comportementale et cognitive" pendant deux ans. Son compagnon l'a soutenue en étant à l'écoute et en contactant sa psychologue pour obtenir des outils.
-
La reconquête de soi : Clara a réalisé son rêve de voyager seule pendant un mois, défi qu'elle ne pouvait pas relever auparavant, montrant ainsi son rétablissement.
6. Le Rôle des Professionnels de la Santé Mentale Une clarification est apportée sur les différents rôles :
-
Médecin généraliste : Premier recours pour un diagnostic initial et une orientation.
-
Psychiatre : Médecin spécialiste des troubles psychiques (8-9 ans d'études de médecine). Ils peuvent prescrire des médicaments et certains sont également formés aux psychothérapies. Leurs consultations sont remboursées.
-
Psychologue : Ont un master de psychologie clinique et des stages. Ils sont décrits comme des "rééducateurs de la psychée". Depuis peu, "12 séances chez un psychologue sont remboursé[e]s par l'assurance maladie" sans prescription médicale.
-
Psychothérapeute/Psychopraticien : Des distinctions sont nécessaires pour s'y retrouver.
-
L'importance du bon "feeling" : Il est crucial de trouver un professionnel avec qui le courant passe. "C'est une histoire de rencontre."
7. L'Impact de l'Hygiène de Vie sur la Santé Mentale
L'émission met en évidence trois piliers essentiels pour le bien-être mental :
- Le Sommeil : "Chouchouter son sommeil" est crucial. "Quand on dort pas, on est fatigué, on a du mal à se concentrer sur les choses, à gérer ses émotions." La quantité (environ 7h) et la régularité sont importantes.
L'Activité Physique : Le sport a un impact direct sur le cerveau.
- Mécanismes : Libération d'endorphines (hormones du bonheur) apaisant la douleur et procurant un sentiment de bien-être.
Production de dopamine (motivation, plaisir) et de sérotonine (humeur), "le même que celui visé par certains antidépresseurs."
Stimulation de la "neurogénèse" (création de nouveaux neurones) dans l'hippocampe, essentielle contre la dépression.
-
Témoignages : Marise a vaincu sa dépression grâce au football en rejoignant une équipe de femmes. Clara, Noël, Florent et Christophe témoignent tous des bienfaits de la danse, du vélo, de la musculation ou de la marche.
-
La "surf thérapie" : Des psychiatres utilisent le surf comme outil thérapeutique pour des patients atteints de troubles psychiques, permettant une "resocialisation" et une reconquête de la confiance en soi.
Virginie témoigne : "Ça m'a apporté ce côté-là. Ouais. de reprendre confiance en moi, de retrouver une certaine fierté de ce que je fais parce qu'au départ, je ne pensais pas y arriver."
L'Alimentation : Le régime méditerranéen est fortement recommandé.
-
Impact : Une étude montre qu'un régime de type méditerranéen a conduit à "une rémission pour un tiers des participants de la dépression en moins de 3 mois."
-
Composition : Principalement végétal, local, de saison, coloré, riche en antioxydants, polyphénols, oléagineux, céréales complètes, bonnes matières grasses (huile d'olive) et poissons gras (oméga-3).
-
Méfiance envers les aliments ultra-transformés : Ils "sont faits pour être irrésistibles" mais leur consommation excessive augmente le risque "d'anxiété, de dépression, de trouble du sommeil" en créant une inflammation "persistante" dans le corps.
-
L'équilibre : Les plaisirs occasionnels ("junk food") sont acceptables, mais ne doivent pas devenir la norme.
8. L'Importance de la Prévention et du Soutien
-
Le défi "Courir pour toi" : Louis, dont le frère Simon s'est suicidé après des années de lutte contre la dépression, a lancé un défi sportif (130 marathons en 150 jours) pour sensibiliser et lever des fonds pour la "Maison Perchée", une association qui aide les personnes confrontées à des troubles psychiques.
-
Détecter les signaux et agir : En cas d'idées noires ou suicidaires, il est crucial de "saisir la perche", d'être à l'écoute et d'engager le dialogue. Il ne faut jamais banaliser ces propos.
-
Appeler à l'aide : Si la situation est inquiétante, il faut contacter le médecin traitant ou, en urgence, le SAMU (15).
-
Différences hommes/femmes face à la dépression :
Les femmes sont plus souvent diagnostiquées (2 pour 1 homme), peut-être parce que la société leur laisse plus d'espace pour exprimer la tristesse, tandis que les hommes peuvent avoir plus de mal à parler de leur souffrance.
- La "Maison Perchée" : Un lieu "sans jugement" qui sert de "sas entre l'hospitalisation et la le retour à la vraie vie", offrant des ateliers et un soutien par les pairs ("pair-aidance"). Flavie, bipolaire, y a trouvé "une pluralité dans l'être humain" et a pu "renaître".
Conclusion
- L'émission "Mieux dans ma tête - Parlons santé mentale" est un appel vibrant à la prise de conscience et à l'action.
Elle démontre que les troubles psychiques sont des maladies réelles et complexes, qui ne doivent plus être stigmatisées.
Grâce aux témoignages et aux éclaircissements des professionnels, elle offre de l'espoir en montrant que des solutions existent, qu'il s'agisse de thérapies, de médicaments ou d'une meilleure hygiène de vie.
Le message clé est clair : oser en parler, demander de l'aide et reconnaître l'importance d'une approche globale pour la santé mentale.
Comme le dit un participant des "Antoonoirs", il s'agit de voir les personnes atteintes de troubles psychiques comme des "êtres humains à part entière" sur un pied d'égalité.